Le revers peu connu d’un cheminement sionisto-nazi

Charlie Pottins est un historien Britannique de gauche engagé dans le mouvement syndical mais aussi auprès de la cause palestinienne. En tant qu’historien, il tente d’avoir une approche objective de l’histoire, c’est à dire de s’intéresser aux faits et à leurs relations entre eux plutôt qu’à la prise en compte des mythologies telles qu’elles se donnent à voir. Tiens en tapant son nom sur Yahoo, j’apprends qu’il est Juif. Comme quoi il ne suffit pas d’être Juif pour être sioniste.
 
C’est de cette démarche d’historien que découle l’article qui suit dans lequel il aborde l’histoire largement ignorée sans doute d’une médaille commémorative nazie portant sur une face l’étoile de David et sur l’autre une croix gammée (le symbole du judaïsme mais aussi du sionisme et le symbole du National Socialisme). Et en lisant l’article, on peut justement se dire que notre ignorance ne vient qu’en partie de notre paresse mais qu’elle est surtout dûe à une démarche d’occultation active de certains aspects de l’histoire. D’aillleurs, quand on tape sur Google les noms de certains protagonistes de cette affaire, on constate que le fameux moteur de recherche a retiré certains liens. Google fait ça sur demande et nous renvoie au site « chilling effects » ou on apprend qu’un contenu est « alleged » illegal ici ou là : alleged = allégué, c’est à dire que n’importe quel groupe de pression assez puissant peut pousser google à censurer.

Une pièce à deux faces
par Charlie Pottins (UK), traduit de l’anglais par Djazaïri

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Fin 1979, une polémique avait éclaté en Grande Bretagne à propos de l’innocent et respectable magazine History Today qui met des articles d’historiens à disposition des enseignants, des étudiants et du lectorat en général. Des protestations avaient été adressées aux éditeurs, des lettres envoyées aux journaux et il y avait même eu des tentatives de retirer ce magazine des rayonnages de certains distributeurs. 

Une telle publicité avait du choquer quelque peu les éditeurs et la rédaction du magazine même si j’imagine qu’elle avait dû peu affecter le volume de la diffusion. J’avais moi-même investi 60 pence dans un exemplaire du numéro de janvier 1980 (je pense qu’aujourd’hui le magazine coûte plus de 3 £). 

La cause de cette fureur était un article intitulé « Un Nazi voyage en Palestine, » rédigé par Jacob Boas. Ou plutôt, c’était la publicité faite à cet article car les gens avaient commencé à s’agiter avant même d’avoir pu lire ce que Boas y racontait.

L’article de Boas décrivait comment, au printemps 1933, le Baron Leopold Itz von Mildenstein, un membre du parti Nazi et de la SS d’Hitler, accompagné de son épouse et de Kurt Tuchler, un responsable de la Fédération Sioniste d’Allemagne, lui-même en compagnie de son épouse, s’était rendu en Palestine. Hitler venait juste d’être désigné chancelier et avait engagé ses politiques anti-juives. Julius Streicher voulait expulser les Juifs d’Allemagne. Mais les Nazis hésitaient sur la manière de réaliser cette expulsion sans aggraver l’état d’une économie allemande déjà en dépression, et ils ignoraient aussi quels en auraient été les effets sur les relations de l’Allemagne avec le reste du monde.
De leur côté, les sionistes savouraient le raffermissement du soutien apporté par les Juifs Allemands après sa prise de fonctions par Hitler en janvier 1933. Pour la plupart, ils ne voyaient pas l’intérêt de quitter un pays où ils étaient bien établis pour aller tenter leur chance dans une Palestine pauvre et en proie à l’agitation. Ils se percevaient eux-mêmes comme de bons Allemands dont l’avenir, comme une grande partie de leur passé, était dans la mère patrie. Mais désormais, Hitler les amenait à penser autrement. Le Juedische Rundschaue, bimensuel de la Fédération Sioniste, avait vu sa diffusion passer de moins de 10 000 exemplaires à près de 38 500 fin 1933. Il affirmait que seuls ceux dont l’engagement aux côtés du peuple Juif était irréprochable pouvaient défendre les droits des Juifs. Il expliquait aussi que seuls les Sionistes étaient capables d’entrer en relation avec les Nazis en confiance et comme « partenaires honnêtes. »Les Sionistes proposaient que le statut des Juifs soit régi sur une base collective et demandaient au gouvernement d’aider à l’émigration [vers la Palestine, NDT].
Contacté pour écrire quelque chose favorable au sionisme et à son projet en Palestine, Von Mildenstein avait accepté à condition de pouvoir se rendre là bas, en compagnie de Kurt Tuchler. Favorablement impressionné, il y voyait des avantages pour l’Allemagne comme pour la SS dans la proposition d’une politique.Sous le titre « Un Nazi en Palestine, » une série de douze articles fut publiée à partir de septembre 1934 dans Der Angriff, le journal de Goebbels. Von Mildenstein voyait dans la colonisation juive une forme de renaissance s’inscrivant dans les notions nazies de terre et de sang [race] ainsi qu’une façon de se débarrasser des Juifs. Mais la vie était difficile en Palestine et des problèmes surgissaient, causés par la résistance arabe palestinienne à la colonisation sioniste et les autorités britanniques.
 
Quoique la SS avait accordé des privilèges aux Sionistes par rapport aux autres organisations juives, en aidant leurs mouvements de jeunesse et les autorisant à porter l’uniforme et à arborer le drapeau bleu et blanc le drapeau de l’entité sioniste], l’étoile propre de Von Mildenstein avait pâli sous l’effet des jeux de pouvoir et de ses échecs politiques, tandis qu’un homme qu’il avait introduit aux affaires juives arrivait au premier plan, un certain Adolf Eichmann.Lui-même rescapé des camps et né au camp de concentration de Westerbork, Boas est un éducateur et un historien réputé de l’holocauste, et il s’est gardé du sensationnalisme ou de la diabolisation de ceux qui ont pris part à cette phase de l’histoire. Il n’a pas pris en considération les responsabilités ultérieures, le rôle de la conférence d’Evian, des accords passés par l’Agence Juive ou encore si plus de Juifs auraient pu être sauvés s’ils avaient pu aller ailleurs. La partie de l’histoire qu’il étudie s’arrête là, en 1936.
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Mais à l’époque où Von Mildenstein était un politique influent, Der Angriff avait fait frapper une médaille pour commémorer son voyage en palestine, une médaille avec la croix gammée nazie sur une face et l’étoile de David sur l’autre. History Today avait utilisé ce motif dans la publicité pour son numéro de janvier 1980 qui contenait l’article de Jacob Boas.
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Ce qui avait déclenché des protestations scandalisées de la part de porte parole étudiants sionistes et d’autres, convaincus que leur devoir était de protéger le sionisme contre toute suggestion que ses leaders aient jamais collaboré avec les Nazis, et de dénoncer les motivations supposées de History Today ainsi qu’un article qu’ils n’avaient pas encore lu. Pour certains, ce sujet reste tabou, même quand il est abordé par un historien objectif et même relativement favorable au sionisme comme l’était Boas.
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Quand Lenni Brenner, l’auteur de « Le sionisme à l’ère des dictateurs, » vint s’exprimer en Grande Bretagne quelques années après cette polémique, ce fut infernal et je peux en témoigner, ayant reçu quelques coups de poings de la part de loubards sionistes faisant interrompre un meeting et renversant de mobilier un peu partout. Qu’on apprécie ou pas Brenner, qu’on admette ou pas son approche, ses opposants étaient incapables de débattre des faits rapportés dans ses livres, et devaient se convaincre eux-mêmes qu’ils ne se trompaient pas d’ennemi.
Aujourd’hui je suis reconnaissant à Brenner de m’avoir envoyé une photo qui rappelle avec force le passé. Il écrit que John Sigler, un Juif antisioniste, a retrouvé une des médailles de Goebbels, frappées pour commémorer le voyage de Von Mildenstein.
John Sigler
« John a acheté cette médaille chez un numismate honorablement connu. D’un peu mois de quatre centimètres de diamètre, elle était à l’origine en bronze. Elle est plus épaisse qu’une pièce de monnaie. La photo montre une médaille en bronze argenté (les médailles argentées sont très courantes.
« L’inscription sur la face à l’étoile de David est : EIN NAZI FÄHRT NACH PALÄSTINA – Un Nazi voyage en Palestine. Côté Swatiska, l’inscription est UND ERZÄHLT DAVON IM Angriff – Et en parle dans le Angriff. »
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Nazis et Sionistes n’ont pas joué un rôle équivalent dans la cauchemar des années 30 et leurs motifs n’avaient pas non plus le même degré de nocivité. Mais le révisionnisme et le déni actuels de l’holocauste, aussi bien les néo-nazis que leurs dupes, considèrent le revers de la médaille, la manière dont la machine de propagande sioniste cherche à monopoliser et à distordre ce moment de l’histoire pour leurs propres fins, écartant et niant tout ce qui ne correspond pas à ses mythes. L’Histoire doit être protégée de l’un comme l’autre des adversaires.

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9 Réponses to “Le revers peu connu d’un cheminement sionisto-nazi”

  1. Truth Seeker Says:

    « ens en tapant son nom sur Yahoo, j’apprends qu’il est Juif. Comme quoi il ne suffit pas d’être Juif pour être sioniste. »

    Stp pas d’amalgamme. De nombreux sionistes ne sont pas juifs, de nombreux sionistes sont la majorité des politiciens occidentaux manipulés en coulisse par les juifs sionistes – et quand je dis juifs, je pense à juif ashkénase, descendants des khazars de Russie et convertis au VIIe siècle. Je ne parle par des descendants des Israélites, les séfarades, qui sont les véritables sémites, avec les Arabes.

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  2. Anonymous Says:

    Quand Hannah Arendt écrit « Eichmann à Jérusalem », c’est du successeur de Mildenstein qu’elle parle. Et celui-ci a aussi visité la Palestine avec une délégation sioniste.

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  3. Anonymous Says:

    il existe un lobby un peu douteux
    qui essaye de trouver un lien quelconque entre le nazisme mouvement
    de liberation national allemande et
    le sionisme mouvement fachiste juive.
    il n’existe aucun lien .pretendre
    que le ss ont aide le mouvement
    sioniste ca frise le ridicule .
    d’ailleurs si le nazisme a vaincu
    il n’y aura point de juifs et
    tant mieux peut etre la palestine
    est libre independante .l’irak ne
    sera jamais agresse par les fachos
    judeo sionistes americains .nos
    ennemies essayent de nous mettre
    de leur camps le camp anti nazi .
    jamais les nazi ne sont et ne seront nos ennemies parce qu’ils
    n’ont jamais colonise une terre
    arabe et non jamais assasine un seul arabe .tout le contraire d’ailleurs ces honnorables nazi
    nous ont aide pendant la guerre de
    liberation de l’algerie .nos ennemies sont toujours les memes ce
    sont qui occupent l’irak ce sont qui ont aide l’etat parasitaire
    sectaire fachiste minable sioniste
    faisons attention a la manipulation
    on est contre le fachisme judeo
    sioniste on est contre le fachsime
    anglo saxon mais on est pas contre
    le nazisme .

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  4. Anonymous Says:

    Lisez « Le septième million » de Tom Segev, édition Liana Levy, il y parle de cette médaille et aussi des accords économiques passés entre le régime nazi et les sionistes du Yichouv.

    Selon ses accords, les juifs allemands pouvaient émigrer en Palestine avec leur fortune à condition qu’ils convertissent leurs économies en produits industriels allemand.

    Cette transaction porte un nom que j’ai oublié.

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  5. Le leader travailliste britannique Jeremy Corbyn affronte la cabale des néonconservateurs de droite et de gauche et du lobby sioniste | Mounadil al Djazaïri Says:

    […] Londres Ken Livingstone qui a eu le tort d’évoquer les accointances bien établies par les historiens [pas des cinéastes, des historiens !] entre le mouvement sioniste et les autorités […]

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  6. SUITE DU PETIT JOURNAL DE KARIM – La Voix De La Libye Says:

    […] Londres Ken Livingstone qui a eu le tort d’évoquer les accointances bien établies par les historiens [pas des cinéastes, des historiens !] entre le mouvement sioniste et les autorités nazies. Il est […]

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  7. SUITE DU PETIT JOURNAL DE KARIM … – La Voix De La Libye Says:

    […] Londres Ken Livingstone qui a eu le tort d’évoquer les accointances bien établies par les historiens [pas des cinéastes, des historiens !] entre le mouvement sioniste et les autorités nazies. Il est […]

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  8. Le lobby sioniste obtient le licenciement d’un universitaire australien | Mounadil al Djazaïri Says:

    […] Les liens entre l’histoire et l’idéologie de cette dernière et le nazisme sont pourtant aujourd’hui bien établis. […]

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  9. L’alliance inavouable entre le sionisme et le nazisme | Mounadil al Djazaïri Says:

    […] J’avais déjà proposé des articles sur cette thématique en présentant deux textes de Klaus Polkehn, des extraits d’un texte de Lenni Brenner et un texte de Charlie Pottins. […]

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