« Je ne suis pas une musulmane modérée. Et je n’ai nul désir de l’être »

Aux Etats Unis, il existe une presse étudiante très vivante dont le niveau éditorial n’a souvent rien à envier aux médias professionnels (ce serait même parfois l’inverse).

Cette presse étudiante à l’intérêt particulier de mettre en évidence ce que pensent les jeunes dont beaucoup feront partie de l’élite américaine et auront donc un poids particulier dans la vie publique de leur pays.

C’est le cas du Harvard Crimson, journal d’une université parmi les plus prestigieuses des Etats Unis, membre de l’Ivy League qui rassemble huit universités de renom dont certaines au nom évocateur comme Princeton ou Yale.

Shireen Yunus est une jeune éditorialiste qui collabore au Harvard Crimson où elle nous propose un article dans lequel elle dénonce avec talent la quête perpétuelle dans les médias dominants et dans le discours des politiques du « Musulman modéré », cet individu marginal voire introuvable face à la horde des Musulmans extrémistes assoiffés de violence.

Shireen

Shireen Younus

A cette demande des médias dominants, Shireen Younus a finalement choisi de répondre par une fin de non-recevoir.

Un propos qu’on peut et doit évidemment considérer comme valable pour la situation en France.

Je ne suis pas une Musulmane modéré

Par Shirenn Younus, Rédaction de The Harvard Crimson (USA) 9 février 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

A l’âge de quatre ans, ma mère m’apprit à lire le Coran. Nous commençâmes avec l’alphabet arabe. Je me souviens avoir appris comment prononcer la lettre « alif », la première lettre du mot « Allah » (Dieu), et « sheen », le première lettre de mon propre nom. Comme je grandissais, ma mère m’apprit comment placer mes mais pour la prière, mon père me parla du courage et de la piété des premiers Musulmans, mes parents m’emmenèrent dans une petite mosquée qui devait devenir comme une deuxième maison pour moi.

Je sais que mes expériences sont différentes. Je couvre mes cheveux avec un foulard. Mon livre sacré se lit de droite à gauche. Et je vais à la mosquée, pas à l’église. Mais je sais aussi qu’il n’y a là rien d’extrémiste. Ma foi m’a enseigné aussi les mêmes règles morales de base : la bonté, l’honnêteté et le respect.

C’est seulement à l’âge adulte que j’ai réalisé que, pour certains, mon enfance et mon identité n’étaient pas seulement différents mais dangereuses. Dans le monde post 11 septembre, la langue que j’ai apprise à côté de l’Anglais est associée au terrorisme, mon foulard est un autre symbole de mon altérité et la mosquée où j’avais noué des amitiés et joué à la balançoire est le signe d’une atteinte malvenue à la société américaine. C’est aussi à ce moment que j’avais réalisé qu’être Musulman ne suffisait pas – je devais me définir comme une « Musulmane modérée. »

Je dus commencer à endurer les blagues sur les terroristes et rester calme devant des accusations insultantes. Je commençais à faire ouvertement acte de contrition et à m’interroger sur comment mes erreurs avaient pu aboutir à la généralisation de stéréotypes négatifs sur les Musulmans. A l’époque, ça paraissait logique. J’entendais partout l’Amérique en appeler à des voix « musulmanes modérées. » C’était ce qui apparaissait comme la voie la plus évidente pour distinguer les convictions pacifiques de l’idéologie pervertie de ceux que je voyais à la télévision.

Même ma connaissance de l’Islam avait été affectée par mes tentatives pour être modérée. Au lieu d’aller dans le sens de ma curiosité naturelle pour la religion, j’appris comment être sur la défensive. Aujourd’hui, je suis capable de parler de l’histoire islamique des droits des femmes et de la signification du mot « djihad ». Je peux expliquer comment l’Islam valorise la modération dans la pratique religieuse. Je peux vous dire que le Coran ne prescrit pas la peine de lapidation, que la première université dans le monde fut fondée par une femme musulmane et que le mot « infidèle » n’appartient pas à la tradition musulmane.

Cependant, dans mes vaines tentatives pour être modérée, j’ai appris qu’un Musulman modéré est bien plus qu' »un Musulman qui n’est pas un terroriste. » Un Musulman modéré est plus « laïque » [secular] – moins ouvertement religieux. Un Musulman modéré doit se montrer aveuglément patriote et reconnaissant à l’égard des Etats Unis en dépit de politiques intérieures et extérieures bi-partisanes qui font quotidiennement du mal aux Musulmans partout dans le monde. Un Musulman modéré doit constamment coller au stéréotype du « Musulman libéral [au sens américain] et laïque [secular] qui est tout aussi peu nuancé que le stéréotype du « Musulman terroriste dangereux ». Un Musulman modéré ne se voir accorder qu’un minimum d’espace par les médias et par l’Amérique. Un Musulman modéré est une personne diminuée.

Je ne suis pas une Musulmane modérée. Et je n’ai nul désir de l’être.

Le qualificatif « modéré » suggère qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement violent dans l’Islam. Il pousse à conclure à tort qu’un petit groupe de « modérés » se situe en opposition à de grandes bandes d’extrémistes violents qui soutiennent Daesh. Ce n’est tout simplement pas vrai parce que la réalité est complètement à l’opposé. Quand les médias parlent de « Musulmans modérés », ils propagent un discours dangereux selon lequel l’Islam est une religion violente qui n’est pas compatible avec la société américaine.

L’expression « Musulman modéré » présume qu’être musulman n’est pas suffisant. Qu’être musulman est une menace. Elle enjoint aux Musulmans de s’abstenir de lutter pour les droits de l’Homme et un respect élémentaire. Elle nous enseigne à associer notre propre foi et nos propres mois à la violence, bien que nous sachions à quel point ce mythe est faux. Elle fait que nous nous retrouvons sans cesse à condamner le terrorisme et à nous attribuer la charge de la preuve en réaffirmant que nous sommes des gens bons, pacifiques et libéraux.

C’est épuisant, et contraignant, et j’en ai assez. Je ne pense pas qu’il soit de ma responsabilité individuelle de réaffirmer constamment mon humanité. Je ne crois pas que réaffirmer l’humanité de milliards de Musulmans dans le monde entier relève de ma responsabilité.

Mon identité, comme l’identité de tout individu musulman est diverse. Oui, je prie cinq fois par jour et le mois de Ramadan est ma période de l’année préférée. Mais je suis une inconditionnelle de Beyoncé et j’ai une propension à zapper sur Netflix. Je ne devrais pas avoir à sacrifier une quelconque partie de moi-même pour mériter votre respect.

Shireen Younus,’20 ans, est une éditorialiste du Crimson qui vit à Greenough

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6 Réponses to “« Je ne suis pas une musulmane modérée. Et je n’ai nul désir de l’être »”

  1. “Je ne suis pas une musulmane modérée. Et je n’ai nul désir de l’être” | systemophobe Says:

    […] via “Je ne suis pas une musulmane modérée. Et je n’ai nul désir de l’être” — Mounadil al D… […]

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  2. Fifi Says:

    Vous dites être une inconditionnelle de Beyoncé. Je crois que là, c’est vraiment incompatible avec votre foi de musulmane.Cette chanteuse est la représentante des actes diaboliques et satanisme. Attention! Le jour de la résurrection vous serez jugée pour vos paroles d’autant plus que celles-ci sont lues par des millions de jeunes qui pourraient être encouragés par vous en minimisant le fait d’être fan de cette personne et cautionner ce qu’elle est et ce qu’elle fait.

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  3. Awthem Says:

    Première mosquée arabe c’est pas la maison, c’est plutôt la tente (guitoune ou khayma selon les degré de piété). la première maison que les musulmans ont connu, c’est les maison des pieds noirs où travaillaient les fatma.
    La deuxième maison c’est la mosquée que les turcs ont laissé au bédouins qui s’habillaient comme des femmes car ne connaissaient pas le pantalon (djellaba oblige).
    Moi j’ai nullement l’intention de devenir arabe (musulman) ni de le devenir pour éviter d’être un arabe attardé de 14 siècles.
    Je suis né africain (ou Amazigh millénaire) bien avant l’islam qui n’existe que depuis le 7 ème siècle en Arabie et non en Ethiopie.
    C’est le judaïsme qui est né à Habacha et non l’islam religion des menteurs et fourbes arabes.
    L’alphabet arabe n’ existe pas et alif est une voyelle et non une lettre (encore un mensonge).
    L’ islam et les arabes fourbes et voleurs ont une durée de péremption comme le pétrole.
    Ethiopie n’est pas un pays musulman seul l’Arabie est un pays musulman le reste mensonge.
    Afrique du nord est entrain de se désarabiser, se desislamiser, en fin se décoloniser.

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    • Dziri Says:

      Je devrais vous donner l’adresse d’un bon psychiatre

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    • Zohra MAHI Says:

      Dans tes rêves!! Tu te venges de ce que les Berbères, peuple brave au demeurant auquel j’appartiens pour moitié n’avait pas d’alphabet ni bibliothèque, ni penseurs, ni philosophes ! Ils ont été colonisés par les Romains qui les ont écrasés et les ont laissés analphabètes comme ils les ont trouvé. C’est la générosité des Arabes qui leur a donné des dynasties, des philosophes, des palais , des mosquées sinon, ils vivaient comme des troglodytes ou des villages et terre. L’Afrique du Nord est plus que jamais musulmane , plus que jamais arabe parce que tu n’as rien d’autre à lui proposer sinon ton mak et ton sionisme de seconde catégorie.

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