Rassurez-vous, l’agent interprété par Mélanie Griffith ne réussira pas à faire chavirer le charmant Hassidim et ce dernier n’a pas de sang sur les mains.
Et c’est là qu’intervient l’autre lieu commun raciste de ce film : les responsables du crime ne sont autres que des maffieux Italiens, correspondant à ce que
Marlon Brando appelait le personnage du Rital fabriqué par Hollywood.
Conclusion : la communauté hassidique peut sembler étrange au premier abord, mais c’est une communauté que rien ne saurait détourner de la voie droite, que le malin soit incarné par une jolie [et Gentille] femme ou par l’appât du gain.
C’est ce tableau d’austérité impeccable que met à mal cet article du New York Times qui relate la mise au jour de ce qui semblerait être la commission assez fréquente d’abus sexuels sur de jeunes élèves d’écoles talmudiques par des membres du corps enseignant.
En elles-mêmes, ces informations ne présentent ni plus ni moins d’intérêt que celles qui portent sur des abus commis dans d’autres institutions, religieuses ou non.
Elles sont cependant intéressantes car elles ont tout l’air d’une première s’agissant d’une communauté qui se veut extrêmement fermée à ceux qui lui sont « étrangers » comme la femme flic du film.
Surtout, il faut noter la résistance qu’oppose celui par qui le scandale est arrivé à fournir les informations que la justice lui demande au prétexte de la confidentialité qu’il doit aux victimes qui lui ont rapporté ce qu’elles ont subi.
Cet individu n’est pourtant ni médecin, ni avocat, ni prêtre. C’est un élu local [du parti Démocrate] qui devrait savoir que dissimuler un crime est un délit passible de poursuites. Or, il se dit prêt à aller en prison plutôt que de dire ce qu’il sait à la police.
Etrange comportement qu’on ne peut comprendre à mon avis que par le fait qu’il appartienne lui-même à la communauté juive orthodoxe. Et que peut-être préfère-t-il passer dix années de sa vie derrière les barreaux plutôt qu’encourir les foudres de clercs qui semblent avoir un pouvoir démesuré car, nous dit l’article, les victimes craignent d’être exclues « d’une communauté où les personnes perçues comme fauteurs de troubles risquent d’y laisser leur emploi, leur logement et même leurs perspectives de mariage ».
Si M. Hikind s’avérait être considéré comme un « fauteur de troubles,» il faut donc comprendre que lui aussi, ainsi que sa famille pourraient bien y laisser des plumes et qu’à côté de ça, dix années de prison ne seraient qu’une sinécure.
Enfin, il faut constater que le New York Times a publié cet article dans ses pages locales et qu’il n’a donné lieu à pratiquement aucune reprise par d’autres journaux ou agences dans le reste du pays [tenez moi au courant si vous en trouvez plus d’une].
– Je vous assure mon cher cousin, que vous avez dit bizarre, bizarre.
– Moi, j’ai dit bizarre, comme c’est bizarre ! »
Citation à comparaître pour plaintes d’abus sexuels
Par Paul Vitello, New York Times (USA) 13 novembre 2008 traduit de l’anglais par Djazaïri