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Qui est au service de qui ?

26 octobre 2010
Le rabbin Ovadia Yosef a déjà répondu à la question. Mais comme ici ou là, on nous dit qu’il s’agit d’un vieillard sénile, en dépit du fait qu’il est toujours actif et reste le chef spirituel du Shass, un parti qui siège au gouvernement qui préside en ce moment aux destinées du gang sioniste, il importe d’y revenir.
Notons que les réactions au post sur le rabbin Ovadia Yosef se sont focalisées, outre sur sa présumée sénilité, sur le titre qui ferait référence aux « protocoles des sages de Sion. » Pourtant, force est de constater que le rabbin considéré est au sens propre du terme un Sage de Sion. Aucune réaction n’a porté sur les assertions du rabbin Ovadia Yosef, ni même sur le questionnement qui a animé ses cogitations. Ce questionnement est-il le propre de ce rabbin, où s’agit-il d’une question qui taraude plus profondément le judaïsme. Avant que Robert Redeker et Pierre André Taguieff daignent se pencher sur ce problème, voyons donc comment est traîtée la même question par des gens qu’on ne pourra pas qualifier de séniles. 

Donc rendons-nous sur le site yechiva.com qui pose précisément cette question: Juifs / non–Juifs, qui est au service de qui ? Yechiva.com est le site web d’une école talmudique qui compte parmi ses enseignants le grand rabbin ou un polytechnicien auteur de l’article évoqué ci-après. Disons tout de suite que la réponse apportée diffère de celle donnée par le rabbin Ovadia Yosef.
Je note quand même que si la question est posée, c’est qu’elle a quelque pertinence dans le contexte des études talmudiques et qu’elle ne correspond pas à une quelconque lubie d’un étudiant qui n’a pas bien digéré les études bibliques.

Pour rester dans le style modeste qui sied  à un site consacré aux études religieuses, la question est reformulée de la sorte:

« l’idéal du Juif est-il d’étudier à plein temps dans un Kollel, ou d’aspirer à obtenir le prix Nobel ? » 

puis:

doit-il rester concentré sur l’étude de la Thora, se considérer comme le gardien de celle-ci, rester fondamentalement séparé du reste de l’humanité, comme le veut la définition du peuple juif : « Mamlekhet cohanim vegoy kadoch » (Ex. XIX, 6) (un royaume de prêtres et un peuple saint/séparé) et laisser les non–Juifs pourvoir aux besoins matériels du monde ? 

ou bien doit-il se mettre au service de l’humanité pour lui apporter ses lumières, comme ont pu le faire Moïse, Jésus, Freud, Marx ou Einstein ?

Notons au passage qu’au moins trois de ces prétendus Juifs ne l’étaient pas: Jésus n’était certes pas Juif, Freud était athée, Marx était non seulement athée mais issu de parents convertis au christianisme.
Notons aussi que le « peuple juif » se définit en tant que tel comme « séparé du reste de l’humanité ».Ce qui explique en passant que nous avons l’antisémitisme d’une part (qui ne saurait être « nouvel » comme le prétend M. Taguieff car sa définition est contenue dans cette définition du « peuple juif » comme séparé) et le racisme (pour les autres).

Revenons en à la question qui se précise cependant et devient cette fois tout à fait terre à terre:

les Juifs doivent-ils se concentrer sur l’étude de la Thora et « laisser les non–Juifs pourvoir aux besoins matériels du monde ? » 

Si un représentant d’une autre doctrine religieuse s’aventurait à poser ce genre de questions, essayons un peu d’imaginer le tollé qui en résulterait.

Mais bon, la question est posée et il faut y répondre.

Pour Yechiva.com, il existe une opposition Kollel (centre d’études religieuses)/ Nobel (savoir au service de l’humanité) qui correspond dans la tradition juive à la dialectique entre Juda et Joseph:

Dans la Sidra Vayigach, un dialogue s’engage entre Juda et Joseph. Juda, le chef de famille, celui qui porte l’étendard du particularisme juif, s’oppose à Joseph, le vice-roi d’Egypte, qui grâce à sa politique économique efficace nourrit l’humanité.

Bref Joseph, c’est Nobel et l’universel, Juda c’est kollel et le particularisme juif.
Benjamin incarne le point d’achoppement entre ces deux visions parce que la tribu de Benjamin est celle qui accueillera le Temple sur son territoire.

Suit une discussion sur l’origine des 39 travaux interdits pendant le sabbat. Ces 39 travaux seraient ceux qui ont été réalisés pour la construction du Tabernacle.
On nous précise cependant que le terme qu’on trouve dans la Torah est « melakha » qui signifie plus « oeuvre » que « travail » au sens de besogne:

La Melakha, c’est l’œuvre qui participe à la création de la demeure de D.ieu sur terre (le Michkan, c’est-à-dire le Tabernacle portatif des Hébreux dans le désert), c’est donc cette œuvre qui doit être arrêtée le jour du Chabbat. 

On apprend ensuite que le chiffre 39 correspond aux 39 occurrences du mot melakha dans la Torah. Or, semble-t-il, un compte plus précis aboutit à 40 occurrences du mot. Une des occurrences est donc de trop, mais laquelle? Celle qui implique Joseph? Ou celle concernant l’apport des ustensiles au Tabernacle?

Mine de rien, c’est important:

L’enjeu de la signification de ces deux phrases est fondamental pour notre sujet. 

Et pourquoi donc?

La réponse de yechiva.com a de quoi laisser perplexe:
On l’a dit, l’œuvre de Joseph dans le monde est de nourrir l’humanité et de mettre à disposition du monde le « génie juif ». C’est une première interprétation de la phrase incriminée « Vayavo habayta laasot melachto ».

Mais celle-ci peut également se comprendre autrement, et c’est un débat fameux dans la Guemara : la Melakha de Joseph peut aussi signifier la satisfaction de ses instincts sexuels avec la femme de Potifar, son maître. Si cette interprétation est exacte, cela signifie que la Melakha de Joseph ne peut être intégrée dans le compte des trente-neuf. Plus spécifiquement, cela veut également dire que la tentative du Juif de s’ouvrir à l’humanité est vouée à l’échec…

Je vous laisse poursuivre sur le site en question. Retenez simplement qu’il se garde, à la différence du rabbin Ovadia Yosef, de trancher la question  et souligne le caractère inévitable chez tout Juif d’une tension kollel/Nobel qui ne sera apaisée qu’avec l’avènement du Messie. Ce qui revient à dire que les Juifs doivent prendre leur part au travail ici bas (ouf!).  Et on ne peut pas trancher parce qu’on ne peut pas savoir si Joseph bossait au sens propre du terme ou s’il besognait la femme de son patron.

A aucun moment, la pertinence même de la question n’est cependant discutée.

Observons enfin que l’article ne répond pas vraiment à la question qu’il a posée puisque  logiquement quand des Juifs oeuvrent pour le monde, ils oeuvrent pour eux-mêmes également (ce qui est vrai de n’importe quelle communauté) et pas spécialement pour les non Juifs. Par contre, la question de l’éventualité que les non juifs soient ou pas au service des juifs n’est pas traitée du tout, sauf par allusion dans la reprise du questionnement initial déjà signalée: « laisser les non–Juifs pourvoir aux besoins matériels du monde ? »

Le mariage de Chelsea Clinton cadre d’une drôle de supercherie

3 août 2010
La presse « people », mais pas seulement a largement évoqué le mariage de Chelsea Clinton, la fille unique de Bill et Hillary Clinton, avec Marc Mezvinsky, fils d’un banquier et ancien élu démocrate, dont on sait qu’il a été accessoirement condamné et a purgé une peine de prison pour escroquerie.
Enfin, ça ce sont les turpitudes du père.

Un aspect souvent évoqué relativement à ce mariage est la confession des deux époux, Mlle Clinton, devenue Mme Mezvinsky est chrétienne méthodiste tandis que son mari est de confession juive.
C’est pourquoi, nous dit-on, le mariage a été célébré dans le respect des deux religions, le révérend William Shilady officiant pour le rite chrétien tandis que le rabbin James Ponet officiait dans le cadre de la religion juive.

L’œcuménisme dans toute sa splendeur. 
Tout comme la propagande qui est venue se nicher au cœur même de ce mariage. Il est en effet impossible qu’un rabbin célèbre un mariage même non œcuménique un jour de sabbat. Or le mariage a eu lieu un samedi, donc un jour de sabbat (deux heures avant la fin du sabbat semble-t-il). Le judaïsme, même dans sa version libérale prohibe formellement la célébration d’un mariage le samedi !

Ce qui amène un lecteur du National Post (Canada) non à s’interroger sur, mais à contester la qualité de rabbin de James Ponet :
Pour l’information de vos lecteurs, le rabbin (rabbin James Ponet) qui a célébré le mariage Clinton Mezvinsky n’était pas un authentique rabbin juif. La raison en est qu’un véritable rabbin le peut pas célébrer et ne célèbre pas des mariages quand un des mariés, ou les deux, ne sont pas juifs.
Les rabbins ne célèbrent pas non plus des mariages le jour du sabbat (samedi).
En l’absence de la qualification de rabbin, la kippa, le châle de prière et le dais ne sont que des accessoires sans aucune signification religieuse. Malheureusement, la contrefaçon est si banale de nos jours. J’espère que les Clinton n’ont pas payé plein tarif.
Chaim Leib Medjuck
 
James Ponet semble pourtant bien être un rabbin ; il dirige d’ailleurs le centre d’études juives de l’université de Yale. Pourquoi s’est-il prêté à ce qu’il faut bien appeler une supercherie ? Et pourquoi les familles Clinton et Mezvinsky ont-elles tenu à ce que cette supercherie ait lieu ?
Mystère et boule de gomme. Peut-être Aliza Lavi, qui avait déjà traité de ce mariage aura-t-elle une explication plausible à nous fournir.

Souhaitons tout de même un authentique bonheur aux jeunes mariés!

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