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La diplomatie turque et la Syrie: un jeu à haut risque pour l’unité de la Turquie

10 décembre 2011

La lecture de la presse turque est intéressante en ce moment et elle nous renseigne sur le niveau de désorientation de la diplomatie d’Ankara. A force en effet de vouloir gagner sur tous les tableaux, le Turquie va se retrouver dans la situation qui était la sienne avant l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, c’est-à-dire strictement inféodée aux Etats Unis. La différence notable étant sans doute que la Turquie se sera aussi fait des ennemis auprès de pays qui ne demandaient qu’à se rapprocher d’elle.

Et pour couronner le tout, la Turquie n’aura sans doute même pas la satisfaction d’obtenir de simples excuses officielles de la part de l’entité sioniste pour l’assaut meurtrier contre le Mavi Marmara. Le régime sioniste attend patiemment que la Turquie rentre sagement au bercail. En attendant, le gouvernement turc, si en pointe contre les autorités de Damas en est réduit à ses sempiternelles gesticulations à l’égard de Tel Aviv. 

Ainsi, le très viril Abdullah Gül, président de la république de Turquie, en est réduit à éviter un déjeuner officiel en Autriche afin de ne pas avoir à passer le sel à Ehud Barak, ministre sioniste de la défense dont il a découvert qu’il faisait partie des invités de la présidence autrichienne. C’est que le protocole turc n’avait même pas pu obtenir plusieurs jours à l’avance, ainsi qu’il l’avait demandée, la liste officielle des hôtes du président Heinz Fischer.

Alors, si le gouvernement turc n’est pas capable d’obtenir en temps voulu une simple liste, on peut imaginer ce qu’il en sera des excuses sionistes.

Privé de déjeuner, Abdullah Gül s’est alors consolé en visitant un quartier peuplé majoritairement d’émigrés Turcs. Une visite qui devait certainement s’apparenter à une cure de modestie, une sorte de rappel que si la Turquie est en plein développement économique, les temps difficiles sont encore récents et que la prospérité est encore loin d’avoir diffusé dans toute la population.

Une population qui, ne l’oublions pas, comporte une minorité arabe non négligeable (des Syriens bien souvent) avec une forte composante alaouite.

Et ces Alaouites là sont mécontents de la politique menée par leur gouvernement dont l’attitude à l’égard de la situation syrienne, pourrait déclencher une force centrifuge de plus dans une Turquie qui n’a toujours pas réglé une question kurde qui pourrait s’aggraver en cas de chute brutale du régime syrien.

 Les Alaouites d’une ville frontalière turque redoutent la chute d’Assad

A Antakya (Antioche), une cité cosmopolite à la frontière avec la Syrie, la minorité Alaouite a pris position contre         Ankara en défendant avec acharnement Bachar al-Assad – craignant pour leur sort s’il est renversé.

AFP, Cumhuriyet (Turquie) 10 décembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

ANTAKYA- Rejetant la position ferme de leur gouvernement et les sanctions contre Damas, l’organisation conteste la réalité de la repression meurtrière qui a cause la mort de plus de 4 000 personnes en Syrie depuis mars, selon des chiffres de l’ONU.

“Nous savons fort bien qu’il n’y a pas d’oppression en Syrie,” affirme Ali Yeral, president de l’association Ehli Beyt Alawite d’Antakya – résumant ainsi l’attitude prédominante.
«Il y a certes quelques petits problèmes… mais il faut laisser du temps au régime du president Bachar al-Assad pour mettre en place des réformes démocratiques.»
Les Alaouites sont une branche chiite minoritaire qui compte la famille Assad au pouvoir en Syrie parmi ses adhérents.
Elle a environ deux millions d’adeptes en Syrie, fortement représentés dans la haute hiérarchie de l’armée et du parti Baath au pouvoir – et des centaines de milliers en Turquie, surtout autour d’Antakya où ils gardent des liens étroits avec leurs drères de l’autre côté de la frontière.
Les Alaouites expatriés sont en majorité restés fidèles au régime assiégé de Damas.
«Tout est calme dans les villes (syriennes). Il n’y a rien à Lattaquié (au nord-ouest du pays) ; les gens qui arrivent ici disent que la vie est normale,» affirme Suheyla Kocak, une actrice du théâtre municipal d’Antakya qui a mis en scène de nombreuses rpièces en Syrie.
«Où les incidents se produisent-ils? Dans des zones reculées, où les gens sont ignorants et à qui on peut facilement tourner la tête. C’est dans ce genre d’endroits qu’ils se battent entre eux et s’entretuent. »
«Des millions de personne sont dans les rues pour soutenir les réformes (d’Assad)», ajoute Ali Yeral.
«Mais certaines chaînes de télévision, en particulier al Jazeera, font tout pour l’ignorer et nous montrent à la place 200 ou 300 membres d’une organisation terroriste sanguinaire qui manifestent, » explique Yeral.
Ce qui sous-tend ce négationnisme est peut-être la crainte de représailles contre les Alaouites, en Syrie et ailleurs, si le régime d’Assad devait disparaître.
« Si Assad est renversé, il est evident qu’il y aura un massacre d’Alaouites,” affirme Yeral.
«Après ça, le Hezbollah libanais sera dans la ligne de mire, puis l’Irak, l’Iran, et cela touchera au passage la Turquie et l’Arabie Saoudite.»
Yusuf Mutlu, un restaurateur, impute la violence en Syrie aux Frères Musulmans. Ce mouvement est interdit en Syrie et tous ses responsables vivent en exil.
“Ce sont les Frères Musulmans qui créent tous ces incidents,” soutient-il.
Mutlu dit avoir peu de sympathie pour les 7 500 réfugiés Syriens dans la region d’Antakye avec leurs récits terrifiants sur les dévastations perpétrées par l’armée syrienne.
Il n’est pas convaincu par les appels d’Ankara à Assad pour qu’il démissionne, ni par la sagesse des sanctions contre Damas alors que les relations entre la Syrie et la Turquie étaient chaleureuses il y a seulement un an.
«En tant qu’Alaouite, je suis profondément blessé … qu’un dirigeant politique de la république turque fasse de la discrimination religieuse, » ajoute-t-il, faisant référence à une déclaration d’Husseyin Celik,un haut responsable du parti AKP au pouvoir, dans laquelle il avait souligné le rôle des Alaouites dans la structure du pouvoir syrien.

Les mêmes infos en vidéo ici

Les sionistes doivent regarder la réalité en face

6 décembre 2011

Le président Turc, Abdullah Gül parlait récemment du fardeau sioniste qui pèse sur les épaules de son pays. Et il est vrai que, dans le contexte des évolutions politiques au Proche Orient, c’est la place de l’entité sioniste dans la région que le gouvernement turc aimerait redéfinir.

Pour l’heure, les Turcs, après l’épreuve de force diplomatique autour du Mavi Marmara, souhaitent plutôt faire appel à la raison des dingos qui gouvernent à Tel Aviv.

Pourtant, faire appel à la raison des fous, est un pari perdant à tous les coups et c’est peut-être bien l’avis raisonné de Semih İDİZ (cf sa conclusion) qui nous donne un article assez éclairant sur la vision stratégique de la Turquie.

Cette vision est celle d’un Moyen Orient où la Turquie joue un rôle décisif si ce n’est dominant et dans lequel elle peut se déployer économiquement et politiquement.

Du point de vue turc, l’entité sioniste peut avoir sa place dans ce schéma, mais à certaines conditions. La première est de régler par la voie des négociations les différends qui l’opposent à ses voisins. Parce que l’analyse d’Ankara est qu’à terme la position de tous les pays de la région se raidira à l’égard du régime sioniste si ce dernier refuse le processus de règlement pacifique. Le corollaire est que l’entité sioniste doit devenir un Etat ordinaire qui ne sera plus un obstacle au rayonnement de la Turquie qui veut un Proche Orient apaisé.

Enfin, la Turquie n’a certainement pas envie d’une guerre avec l’Iran dont elle subirait nécessairement des conséquences sur les plans économique et politique. Or, le déclenchement d’une telle guerre semble dépendre en bonne partie du bon vouloir des dirigeants de l’entité sioniste et certainement pas de la Turquie dont les efforts de règlement du dossier nucléaire iranien avaient été méticuleusement torpillés par ses alliés de l’OTAN (une humiliation dont elle ne leur tient pas rigueur, semble-t-il).

Les Israéliens doivent regarder la réalité en face

Par Semih İDİZ, Hurriyet (Turquie) 6 décembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

La Turquie et Israël auraient dû voir les choses avec hauteur et agir en conséquence, au lieu de voir leurs liens se distendre en cette période de turbulences au Moyen Orient. Mais des deux côtés, on a fait de l’incident du Mavi Marmara une affaire de dignité nationale, chacun s’arc-boutant sur ses positions.

Si on regarde les choses dans leur ensemble, cependant, les développements dans la région compliquent plus la vie à Israël qu’à la Turquie (les choses dépendront en fait du sort que connaîtra la Syrie, NdT). A la différence d’Israël, après tout, le monde parle aujourd’hui de la Turquie pour son influence positive dans la région.

Dans le même temps, Israël a commencé à montrer qu’elle n’était pas indemne des tendances négatives qu’elle attribue généralement aux Arabes. Ce n’est pas seulement un Turc qui le dit. Abraham Foxman, le président de l’Anti-Defamation League aux Etats Unis, s’inquiète aussi de “l’érosion” de la démocratie israélienne. Dans un article d’opinion pour le Huffington Post du 1er décembre, Foxman a reconnu la légitimité des préoccupations israéliennes, mais a formulé l’avertissement suivant :

“Quand, cependant, sont votées des lois qui étouffent la liberté d’expression, cherchent à affaiblir l’indépendance de la justice, visent à saper les droits des Arabes et d’autres minorités, c’est alors le caractère démocratique même de l’Etat qui est érodé,» a-t-il dit.

Mais il semble que ce n’est pas seulement la démocratie qui est «érodée» en Israël. Selon un media israélien, la Secrétaire d’Etat US Hillary Clinton a déclaré récemment pendant un forum à Washington qu’elle était consternée par la montée d’un fondamentalisme intrusif et envahissant en Israël.

Le quotidien Yediot Aharonot par exemple, écrit que Clinton a “parlé de son choc d’apprendre que certains autobus de Jérusalem faisaient une ségrégation selon le sexe et que certains soldats israéliens refusaient de participer à des événements où des femmes devaient chanter. » D’autres journaux ont cité Clinton comme disant qu’on pouvait s’attendre à ce genre de choses de l’Iran, pas d’Israël.

La vérité est qu’on a de plus en plus conscience à Washington et dans d’autres capitales occidentales de ce qu’est Israël et de ce qu’elle n’est pas.  On entend ainsi, par inadvertance en raison d’un micro resté accidentellement branché, le président Français Nicolas Sarkozy dire au président Barack Obama que le premier ministre Israélien benjamin Netanyahou «est un menteur.»

Obama à son tout, est entendu à cause du même accident de micro en train d’exprimer sa propre frustration dans ses discussions avec Netanyahou. Nous avons maintenant le Secrétaire d’Etat US à la défense, Leon  Panetta qui exprime sa propre profonde frustration devant l’intransigeance israélienne.

S’exprimant devant un forum à Washington, Panetta qui doit bientôt venir à Ankara, a exhorté Israêl à « simplement revenir à cette foutue table, » [de négociations] affirmant que « Le problème en ce moment est que nous ne pouvons pas les amener à cette foutue table, ne serait-ce que pour s’asseoir et commencer à discuter de leurs divergences.» Soulignant l’isolement croissant d’Israël, Panetta a exhorté les responsables Israéliens à faire un geste en direction de la Jordanie, de l’Egypte et de la Turquie.

Panetta a aussi rejeté l’idée d’une opération militaire contre l’Iran, au grand dam sans doute des tenants Israéliens d’une ligne dure. « Une frappe pourrait perturber les économies déjà fragiles de l’Europe et des Etats Unis, entraîner une riposte iranienne contre les forces US et finalement déclencher une réaction populaire en Iran qui renforcerait ses dirigeants,» a-t-il dit.

Ce sont des vérités évidentes depuis un bout de temps, même si certains refusent de les admettre en raison de leurs œillères pro-israéliennes. Ce sont aussi des vérités que la plupart des israéliens refusent d’accepter. Le point essentiel, cependant, est que les développements régionaux et intérieurs ne présagent rien de bon pour Israël, et les Israéliens modérés devraient s’inquiéter.

Que le gouvernement israélien s’en rende compte et change de tactique pour être en phase avec la situation en gestation dans la région reste une question ouverte. Ce qui est clair est que peu de gens se hasarderaient à miser de l’argent sur ce pari.

Syrie: le vice premier ministre Turc met les points sur les i

25 novembre 2011

Si on en croit la presse, la Syrie a tellement mis à bout le gouvernement turc que ce dernier serait prêt à prendre des mesures importantes contre le régime syrien, comme de participer à la mise en place de corridors humanitaires, d’une zone d’exclusion aérienne, de zones tampons qui serviraient de sanctuaires aux opposants armés voire même à une intervention militaire en bonne et due forme.

Et il est vrai que la rhétorique particulièrement dure des diplomates ou même du chef du gouvernement Turcs est de nature à confirmer ces impressions.

Les choses doivent cependant être plus nuancées. Je vous propose ici un article qui donne la parole à Bülent Arinç qui est à la fois vice premier ministre et porte parole du gouvernement.

C’est-à-dire qu’il est doublement autorisé à donner la position officielle des autorités d’Ankara vis-à-vis de la situation en Syrie.

Et sa position est on ne peut plus claire : pas d’intervention militaire, ni même participation à des dispositifs qui pourraient déboucher sur une action militaire. C’est-à-dire pas de zones tampons par exemple.

Les seules choses qui pourraient faire changer d’avis son gouvernement seraient un afflux massif de réfugiés ou des tueries de masse. Aucune de ces conditions n’est réunie si je suis son raisonnement.

Le ministre conclut sur la proximité des relations entre Damas/Assad et le gouvernement d’Ankara. Cette proximité ne semble pas être remise en cause et, si je puis me permettre d’extrapoler les propos sibyllins de M. Arinç, ce dernier semble nous dire que la Syrie est passée d’un régime Assad/ami à un gouvernement despotique et que les deux ne se confondent pas.

Et notez bien que ce ministre s’exprimait sur une télévision locale et donc à l’intention de l’opinion de son pays à qui il a dit clairement : nous n’allons pas entrer en guerre.

Certains de vos journaux parlent des propos tenus par M. Arinç, mais n’en sélectionnent que ce qui les arrange.

Il y a là de quoi méditer.

La Turquie considère que l’agitation en Syrie est une affaire interne et le permettra aucune intervention

Zaman (Turquie) 24 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

La Turquie a déclaré que le soulèvement en Syrie est une affaire intérieure de son voisin et qu’elle ne permettra à aucun pays d’intervenir militairement contre la brutale répression per le régime d’une insurrection qui dure depuis huit mois, et a écarté toute possibilité  de voir la Turquie militairement impliquée.

« Nous n’enverrons pas de soldats [en Syrie], nous n’interviendrons pas et nous ne permettrons pas et ne créerons pas les conditions pour que d’autres interviennent, » a déclaré le vice premier ministre et porte parole du gouvernement  Bülent Arinç à une station de télévision locale, affirmant que toute intervention étrangère créera des divisions non seulement en Syrie mais dans toute la région. Il a ajouté que les incidents en Syrie se développaient suivant des lignes ethniques et que le sectarisme joue également un rôle.

Les propos d’Arinç interviennent au moment où les groupes armés de l’opposition demandent à la Turquie de créer une zone tampon où les combattants hostiles au régime seraient à l’abri.  Le lieutenant Salem Odeh, un déserteur de Lattaquié, a déclaré à Reuters cette semaine que les liens historiques et religieux avec la Turquie qui remontent à l’Empire ottoman font que les opposants au président Syrien Bachar el-Assad, généralement méfiants à l’égard des ingérences étrangères – accepteraient un rôle militaire de la Turquie.

“J’espère seulement qu’il y aura une intervention militaire turque. C’est mieux et ils ont avec nous des liens de sang qui remontent à l’ancien temps, et ils sont plus proches de l’Orient que de l’occident, » a-t-il ajouté.

Se référant à des officiels des services de sécurité; le journal israélien Haaretz a rapporté jeudi que ces derniers pensaient que la Turquie allait vers une intervention militaire en Syrie afin de créer une zone tampon pour les militants de l’opposition. En conséquence, le Turquie devrait mettre en place des zones tampon sur sa frontière qui permettraient aux groupes armés de l’opposition de s’organiser contre le régime syrien depuis des bases sous protection de l’armée turque, selon Haaretz.

Arinç a démenti catégoriquement toute discussion au niveau des cercles du gouvernement sur l’hypothèse d’une intervention militaire turque. « Il n’y a absolument rien de ce genre, » a-t-il souligné.

Certains politiciens Turcs et certains pays disent que la Turquie interviendra en Syrie. C’est complètement faux. C’est impossible, nous ne l’envisageons pas, » a déclaré Arinç.

Le président Turc Abdullah Gül, en visite officielle en Grande Bretagne, a déclaré cette semaine que le changement est inévitable en Syrie, mais a affirmé qu’il devait venir de l’intérieur de la Syrie, pas à travers une intervention extérieure. Auparavant, le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, avait parlé du destin des dictateurs vaincus depuis Adolf Hitler à Benito Mussolini et Mouammar Kadhafi pour demander sans ambages à Assad de s’en aller.

 Arinç a aussi écarté la possibilité que la Turquie prenne la direction des événements en Turquie et a ajouté que les développements dans ce pays son tune affaire intérieure syrienne. Il a exhorté le gouvernement syrien de s’abstenir d’utiliser les armes contre ceux qui revendiquent des droits et a exigé que les autorités procèdent à des réformes immédiatement, aillent à des élections, renforcent la démocratie et accroissent la participation politique pour que touts les forces d’opposition soient représentées au parlement.

Arinç a déclaré que la Turquie exhorte seulement les autorités syriennes à ne pas recourir aux tanks pour répondre à ces exigences parce que cela signifie que vous combattez votre propre people.” Le rejet du ministre Truc de toute intervention contraste nettement avec des propos antérieurs de diplomates Turcs selon lesquels le Turquie pourrait intervenir s’il y avait un énorme afflux de réfugiés Syriens fuyant les violences ou un massacre à grande échelle.

Il a ajouté que la Turquie surveille de près ce qui se passé en Syrie et que les relations étroites entre le gouvernement turc et la famille et le gouvernement d’Assad sont bien connues, ajoutant qu’il y a maintenant un gouvernement despotique.

La Turquie et son fardeau sioniste

23 novembre 2011

Le président Turc Abdullah Gül vient d’effectuer une visite officielle à Londres où il a bien entendu évoqué la crise syrienne dans laquelle son pays joue un rôle important et qui s’avérera encore plus déterminant si une action militaire se met en place contre la Syrie.

Hypothèse qui n’est pas complètement exclus car si le président Turc a dit que sont pays était opposé à une intervention militaire en Syrie, il a aussi indiqué que son pays pourrait changer d’avis «si la situation empire.» (la Turquie fait cependant tout pour que les choses empirent…).

Ses propos dans l’ensemble très durs à l’égard du gouvernement syrien, ont été largement répercutépar la presse.

Ils s’inscrivent de fait dans la continuité de ceux tenus par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui est allé jusqu’à comparer le président Assad à Hitler ou Mussolini.

Je ne me permettrai pas d’expliquer à M. Erdogan que même si on admettra ici que Hitler et Mussolini n’étaient pas vraiment de braves types, on dira aussi que ce n’est pas du tout la même chose. S’il révisait son histoire de l’Europe, il s’apercevrait que ce sont les circonstances et non vraiment des principes qui ont amené le Duce à faire alliance avec le Führer.

Bon, je divague.

Donc, disais-je, la presse reprend volontiers les prises de position turques hostiles aux autorités de Damas, et c’est tout à fait normal.

Cette même presse est cependant par trop sélective, omettant de reprendre une partie des propos tenus par M. Gül lors de son séjour londonien. Alors c’est à bibi de s’en charger :

Israël est un fardeau pour ses alliés, déclare le president Turc Gül
Zaman (Turquie) 23 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

Ce mercredi, le président Abdullah Gül a critiqué israël, affirmant que «l’insincérité» de son engagement pour la paix au Moyen Orient lui a aliéné même des alliés de l’Etat juif.

Gül, qui s’adressait à un think-tank britannique pendant sa visite officielle en Grande Bretagne, a déclaré qu’Israël est devenu un fardeau pour ses alliés par la faute de sa politique actuelle, et a déploré qu’il construise des logements à Jérusalem Est malgré ses promesses de s’engager pour la paix avec les Palestiniens. « Il se peut que tout le monde ne dise pas ouvertement le fond de sa pensée, mais vous pouvez l’entendre quand des microphones restent accidentellement branchés, » a-t-il dit, faisant apparemment allusion à une récente conversation entre le président US Barack Obama et le président Français Nicolas Sarkozy au cours de laquelle le dirigeant Français a traité le premier ministre Benjamin Netanyahou de «menteur.»
“Je ne peux plus le supporter, c’est un menteur,” avait dit Sarkozy. « Tu en as peut être marre de lui, mais moi, je dois traiter avec lui tous les jours, » avait répliqué Obama. L’échange, entendu par des journalistes, avait eu lieu pendant le sommet du G-20 à Paris au début de ce mois.

Gül a expliqué qu’Israël devait analyser la nouvelle situation au Moyen orient au lendemain des révolutions du printemps arabe et il a appelé l’Etat juif à éviter des politiques qui lui vaudraient l’hostilité des pays arabes voisins. « Une colère refoulée monte à la surface. Israël devrait donc adopter une vision stratégique et accepter un retour aux frontières de 1967, » a-t-il dit, parlant des frontières qui existaient avant une guerre de 1967 qui avait opposé Israêl à plusieurs pays arabes.
Gul a aussi taxé le système politique d’Israël de « bizarre », affirmant qu’un seuil électoral de 3 % permet à de trop nombreux partis d’entrer au parlement, ce qui rend le pays « ingouvernable..

Je vais m’autoriser deux petits commentaires.

1 – Quand Gul suggère que l’entité sioniste est « ingouvernable », il raisonne comme si l’entité était un pays comme les autres. Or, même en dehors du fait que c’est l’Etat du «peuple élu , l’entité sioniste n’est pas un pays comme les autres. C’est en réalité une annexe d’officines qui réunissent des milliardaires et des têtes pensantes, ces dernières n’étant rien sans les premiers. Ce sont ces officines qui ont en réalité la main sur le système politique et ce sont elles qui garantissent que ce pays «ingouvernable» puisse néanmoins fonctionner. Elles ne ménagent à cet effet aucune pression politique, sous la forme d’un chantage à l’antisémitisme, de dossiers sur les décideurs ou, mieux encore, en coachant ces derniers. Elles ne ménagent pas non plus les subsides obtenus par un double racket, auprès des communautés juives et auprès des contribuables Allemands et Américains.


2 – Si le gouvernement turc fait feu de tout bois contre les autorités de Damas, il est aussi également clair que l’entité sioniste qui reste son allié (dixit Gül) apparait de plus en plus comme un obstacle pour une Turquie qui se verrait bien dominer un Proche Orient apaisé, dans le cadre de son alliance avec les Etats Unis mais aussi, et à mon avis surtout, pour ses intérêts stratégiques aussi bien sur les plans politique (Kurdes, minorité arabe de Turquie, minorité Turkmène en Irak…) et économique (pétrole, gaz mais de plus en plus, débouchés pour l’industrie et le négoce turcs). 

Quelle que soit l’issue des évènements en Syrie, l’entité sioniste a bien du mouron à se faire.

 



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