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L’Afrique à la veille de l’émergence économique?

20 janvier 2015

Tandis que les puissances néocoloniales et les Etats Unis s’affairent à semer le désordre et la mort en Afrique, une puissance pose un autre regard et a une autre démarche.

Cette puissance est la Chine qui, patiemment étend son influence au gré de partenariats bilatéraux qui se traduisent par des investissements substantiels, là où l’Europe se contente de prodiguer des conseils lénifiants de bonne gouvernance et d’apporter son expérience dans l’art de la guerre.

Le partenariat est aussi multilatéral ainsi qu’on peut le constater avec le projet de Route Maritime de la Soie qui reliera des ports africains, existants ou nouveaux, à l’Asie orientale, la Thaïlande et la Chine principalement.

Le projet de Route Maritime de la Soie, complété par des infrastructures terrestres, routières et ferroviaires, aura nécessairement un impact considérable sur l’évolution économique de l’Afrique , et contribuera à favoriser l’émergence d’un certain nombre de pays et à en sortir d’autres de la grande pauvreté.

A condition que l’effort chinois ne soit pas contrecarré par ces mêmes puissances occidentales qui voient d’un mauvais œil la place de plus en plus grande prise sur un continent qui est encore leur terrain de jeu favori.

La guerre contre le régime libyen s’inscrivait déjà dans cette lutte d’influence.

La Chine accélère le mouvement d’intégration de l’Afrique dans la Route Maritime de la Soie

par Atul Aneja, The Hindu (Inde) 19 janvier 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

La Chine a accéléré sir effort d’inclusion de l’Afrique dans la Route Maritime de la Soie – l’ambitieuse initiative transcontinentale de Pékin – suite à la visité dans le continent de son chef de la diplomatie Wang Yi.

Parmi les thèses qui ont été abordés pendant la visite de M. Wang dans cinq pays, la volonté d’aller de l’avant rapidement pour la construction d’une liaison ferroviaire à écartement standard entre Nairobi et Mombasa a été un des sujets phares.

Le projet de liaison entre la capitale du Kenya et le grand port du pays a de plus vastes implications. Une fois achevé , le corridor ferroviaire contribuera à connecter le vaste hinterland de l’Afrique orientale avec l’Océan Indien, ce qui en fait un projet d’un grand intérêt stratégique qui sera une pièce de plus dans la réalisation du projet du président Xi Jinping d’établissement de la Route Maritime de la Soie du 21ème siècle.

Si les projets se concrétisent, Mombasa serait finalement reliée à Malaba dans la région ouest du Kenya puis à Kampala, Kigali et Juba, les capitales de l’Ouganda, du Rwanda et du Sud-Soudan.

Les Chinois se sont lancés dans ce projet en ayant une conscience claire des opportunités plus larges qu’il présente à l’échelle régionale. Sur le plan du symbole, c’était évident à voir les dirigeants de l’Ouganda, du Rwanda et du Sud -Soudan assis aux côtés dy premier ministre chinois Li Keqian lors de sa visite à Nairobi, de même que des représentants venus du Burundi, de Tanzanie et de la Banque Africaine de Développement pour signer un accord sur le projet.

Avec des démarches concrètes effectuées sur le terrain, il semble bien que l’Afrique soit en train de devenir un des piliers du projet de Route Maritime de la Soie. En plus de construire des routes, des aéroports et des voies ferrées, les Chinois développent douze ports en eau profonde, dont sept se trouvent sur les côtes africaines.

Ce sont Djibouti, Dar es-Salam, Maputo, Libreville, Tema (Ghana), Dakar et Bizerte.

La Route Maritime de la Soie

La Route Maritime de la Soie

En échange, ces ports se connectent à la Route Maritime de la Soie étant donné qu’ils sont prévus pour traiter des cargos de fort tonnage en provenance d’Asie, chargés de nourriture et de produits manufacturés et qui repartiront en emportant des matières premières d’Afrique.

L’Afrique se connecte bien avec les grands pointes avancées de la Route Maritime de la Soie – la province chinoise de Yunnan qui partage des frontières avec le Myanmar, le Vietnam et le Laos ainsi que la Thaïlande plus au sud.

Espérant éviter le vulnérable détroit de Malacca, les Chinois construisent des corridors ferroviaires depuis Kunming, la capitale du Yunnan, vers le Myanmar et la Thaïlande via le Laos enclavé. La Chine a signé un accord pour construire un corridor ferroviaire qui reliera le Yunnan avec la cité portuaire thaïlandaise de Kyaukphyu sur le Golfe du Bengale, contournant ainsi le détroit de Malacca.  Kyaukphyu est aussi le point de départ de l’oléoduc et du gazoduc Chine – Myanmar qui entrent en Chine par la ville de Ruili.

Au Laos, le projet de voie ferrée Chine – Vientiane doit être achevé en 2018. La Chine a récemment approuvé un projet de 23 milliards de dollars qui comprend une liaison à grande vitesse entre Chaing Khong, juste au sud de la capitale laotienne, Vientiane, et Ban Phachi en Thaïlande.

Certains observateurs considèrent que la Chine et la Thaïlande sont à l’initiative dans la construction la connexion de la Route Maritime de la Soie avec l’Afrique. Le site web East by Southeast a rapporté qu’en 2014, des officiels thaïs et chinois ont défini les instruments d’investissement pour la construction de sept ports stratégiques sur le littoral africain.

Les exportateurs thaïlandais de riz seront probablement les principaux bénéficiaires de la liaison Asie-Afrique du projet de Route Maritime de la Soie. Déjà 60 % des exportations thaïlandaises de riz en 2013 allaient vers l’Afrique et la tendance de la consommation était encore plus élevée en 2014.

Retour sur l’assassinat de Patrice Lumumba (ou de l’actualité de l’impérialisme)

31 mars 2013

Avec le temps, il arrive que certaines vérités se fassent jour et que des énigmes soient progressivement résolues. Hasan Suroor de The Hindu évoque pour nous une récente révélation sur l’assassinat de Patrice Lumumba, ce personnage charismatique dont le nom évoque aujourd’hui encore des espoirs d’indépendance et de démocratie en Afrique et au -delà.

On comprend que le destin de Lumumba a une signification particulière pour l’Inde puisque c’est auprès d’un diplomate de ce pays en poste à Léopoldville (désormais Kinshasa) qu’il avait dans un premier temps trouvé refuge.

L’histoire de Lumumba nous rappelle que, comme la Syrie aujourd’hui, le Congo ex belge avait aussi des amis.

Tiens, ce sont à peu près les mêmes que ceux de la Syrie aujourd’hui !

Un pair du royaume révèle le rôle du MI6 dans l’assassinat de Lumumba

Par Hasan Suroor, The Hindu (Inde) 1er avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un des secrets les mieux gardés des services de renseignements britanniques vient peut-être d’être éventé : leur rôle dans l’enlèvement et l’assassinat de Patrice Lumumba, le premier chef de gouvernement démocratiquement élu du Congo dont le panafricanisme et l’inclination vers Moscou avaient alarmé l’Occident.

Pendant plus de cinquante ans, des rumeurs ont circulé par rapport à des allégations sur le rôle de la Grande Bretagne dans le meurtre brutal de Lumumba en 1961, mais rien n’avait été prouvé – laissant la CIA et son homologue belge porter seules le chapeau pour ce qu’un écrivain Belge avait qualifié de «plus important assassinat du 20ème siècle.» Aujourd’hui, dans des révélations spectaculaires, un vétéran de la politique britannique affirme avoir entendu de la bouche même des concernés que c’est le MI6 qui l’avait «fait.»

Dans une lettre à la rédaction passée Presque inaperçue dans le dernier numéro de la London Review of Books (LRB), David Edward Lea réagissait à «Empire of Secrets, British intelligence, the Cold War and the Twilight of Empire,» un nouveau livre sur les services secrets britanniques dans lequel Calder Walton affirme qu’on ne sait toujours presque rien sur le rôle de la Grande Bretagne dans la mort de Lumumba. «La question reste de savoir si les projets britanniques d’assassinat de Lumumba… avaient une quelconque réalité. Pour l’heure, nous n’en savons rien,»  écrit Walton.

Lord Lea a répliqué: «En fait, dans ce cas particulier, je peux dire que nous avons joué un rôle. Il se trouve que je prenais une tasse de thé avec Daphne Park… Elle avait été consul et première secrétaire [d’ambassade] à Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa, de 1959 à 1961, ce qui en pratique (et qui a été par la suite reconnu) signifiait chef du MI6 sur place. J’avais évoqué avec elle l’indignation suscitée par l’enlèvement et l’assassinat de Lumumba, et je lui avais rappelé la théorie selon laquelle le MI6 avait quelque chose à voir avec ça. ‘Nous l’avons fait’, avait-elle répondu, ‘je l’ai organisé.’»

Selon Lord Lea, elle avait soutenu que si l’Occident n’était pas intervenu, Lumumba aurait livré aux Russes les richesses minières du Congo – appelé aujourd’hui République Démocratique du Congo. Contacté par The Hindu, Lord Lea a confirmé la teneur de sa lettre à la LRB et que la conversation autour d’un thé avait eu lieu quelques mois avant le décès de Mlle Park en 2010. «C’est la discussion que j’ai eue avec elle et c’est ce qu’elle m’a dit. Je n’ai rien de plus à ajouter,» a-t-il dit quand nous lui avons demandé s’il disposait éventuellement d’une autre confirmation indépendante de la déclaration de Mlle Park.

Mlle Park qui a fait sa carrière dans  les services de renseignements a servi à Kinshasa (ex Léopoldville) entre 1959 et 1961. A sa retraite, elle a été faite pairesse à vie avec le titre de baronne Park of Monmouth. Ses collègues de la Chambre des Lords parlaient d’elles comme de la porte parole des services secrets. Elle a aussi brièvement doyenne du Somerville College à l’université d’Oxford.

Le MI6 n’a fait aucun commentaire sur les révélations de Lord Lea. «Nous ne nous exprimons pas sur les questions relatives aux renseignements,» a déclaré un officiel.

Lumumba, salué comme étant “le héros de l’indépendance du Congo” de la Belgique en 1960, avait été tué par balles le 17 janvier 1961 après avoir été renversé par un coup d’Etat soutenu par la Belgique et les USA à peine quelques mois après avoir pris ses fonctions. 

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Lumumba prisonnier peu de temps avant son assassinat

Lumumba avait trouvé refuge auprès de Rajeshwar Dayal – le diplomate Indien qui représentait le Secrétaire Général de l’ONU au Congo – pendant plusieurs jours mais avait été capturé et tué peu de temps après qu’il avait fait le choix de quitter les locaux de l’ONU. «Ce crime odieux avait été le point culminant de deux complots d’assassinat liés entre eux par les gouvernements belge et américain qui avaient utilisé des complices Congolais et une peloton d’exécution belge pour faire le coup,» écrit Georges Nzongola-Ntalaja, un spécialiste d’études africaines et afro-américaines qui a écrit The Congo from Leopold to Kabila: A People’s History [le Congo de Léopold à Kabila : histoire d’un peuple].

Des documents américains de l’époque déclassifiés ont établi le rôle de Washington dans des tentatives secrètes d’assassinat – la plus connue étant le plan de la CIA pour empoisonner la brosse à dents de Lumumba en introduisant de la pâte dentifrice empoisonné dans sa salle de bains. 

 «La pâte dentifrice n’est jamais arrive dans la sale de bains de Lumumba. Je l’ai jetée dans le fleuve Congo, » dira plus tard Larry Devlin, chef de la station de la CIA à Léopoldville. 

Le public sait peu de choses sur le rôle de la Grande Bretagne. Mais en 2000, la BBC avait rapporté qu’à l’automne 1960 – trois mois avant l’assassinat de Lumumba – un agent du MI5 à l’ambassade britannique à Léopoldville avait proposé «l’élimination de Lumumba de la scène en le tuant.»

Chose promise, chose due: les années de guerre à venir au Sahel

21 janvier 2013

Pour ceux qui croient que l’armée française, dont sa fameuse Légion Etrangère qu’il serait malséant de qualifier de bande de mercenaires, va faire un petit tour au Mali, restaurer l’Etat malien, puis s’en aller en laissant le chantier bien en ordre, j’ai bien peur d’avoir une mauvaise nouvelle à leur annoncer.

Non pas que le corps expéditionnaire dépêché par François Hollande ne parviendra pas à repousser les groupes armés qui se sont emparés du nord du  territoire malien.

La chose devrait aller sans véritable difficulté.

Non, ce que je veux dire, c’est que l’affaire malienne n’est que la continuation d’un processus de déstabilisation de l’ensemble de l’espace saharo-sahélien qui a déjà fait la preuve de son efficacité au Soudan.

Un pays qu’on a contraint à la partition, chose que peu ont suffisamment médité. Certes le Soudan était en crise depuis son indépendance, mais les puissances n’ont voulu, soutenu et obtenu la sécession du sud du pays qu’une fois connu le potentiel pétrolier de cette région. Un pétrole dont le circuit d’évacuation est l’objet d’âpres disputes politiques ou d’affrontements armés.

Ce démantèlement des Etats de la région et peut-être au-delà, en est à ses débuts et rien ne pourra l’empêcher semble-t-il car la destruction du régime libyen a brisé tout le système d’interdépendances économiques qui permettait aux populations locales de survivre. L’instabilité qui s’est emparée du Sahel ainsi que de la région du nord du Nigeria ne sera d’ailleurs pas sans conséquence pour important projet de gazoduc qui devait relier les champs gaziers de ce pays au réseau algérien de gazoducs puis le marché européen et dont on a du mal à comprendre s’il est déjà abandonné ou pas. (une splendide occasion en tout cas de renforcer une interdépendance économique entre deux régions africaines).

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Projet de gazoduc transsaharien

A ceux qui pensent que je suis pessimiste, je demanderai de prêter attention aux propos tenus le 20 janvier 2013 par le N°1 Britannique David Cameron, des propos que je n’ai pas retrouvés dans la presse de langue française:

“L’occident est devant une bataille qui va durer des dizaines d’années pour vaincre al Qaïda en Afrique du Nord,’’ a averti David Cameron hier pour marquer une évolution radicale de la lutte du Royaume Uni contre le terrorisme.

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David Cameron: la Grande Bretagne tient ses promesses

Et déjà:

Les forces spéciales sont censées se préparer à pourchasser le chef djihadiste derrière le siège et l’assassinat d’otages en Algérie, Mokhtar Belmokhtar.

On voit là se mettre en place la même belle mécanique qui est à l’œuvre en Afghanistan, en Somalie et au Yémen.

Avec probablement les mêmes effets.

Et comme le dit le premier ministre lui-même, c’est une guerre de l’Occident.

 

Quels lendemains de guerre au nord du Mali?

16 janvier 2013

Vous pouvez lire ici ou que le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA), par la voix de son porte parole, non seulement approuve l’intervention militaire française au Mali mais est disposé à prêter main forte au corps expéditionnaire français pour les combats au sol.

Ce n’est pourtant pas exactement ce que dit Moussa Ag Assarid, le porte parole de ce mouvement ainsi qu’on peut le constater en lisant une retranscription intégrale d’un entretien qu’il a accordé tout récemment à un journal espagnol.

Moussa Ag Assarid pose en effet un préalable non négligeable avant cette coopération : que le gouvernement malien engage des discussions sérieuses avec son mouvement sous l’égide de ce qu’il appelle la «communauté internationale.»

J’espère quand même qu’il sait que dans le cas du Mali, la communauté internationale se résume à  la France qui n’en fait qu’à sa tête.

Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA

Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA

Et en parlant de négociations avec le MNLA en relation avec la situation actuelle au nord du pays, c’est une éventualité qu’a explicitement écartée M. Tieman Hubert Coulibaly, le ministre Malien des affaires étrangères qui rejette ces «conditions posées à l’armée malienne.» Une formulation qui montre que la Mali n’a de gouvernement en ce moment que militaire.

On comprend donc que ce qui tient lieu de gouvernement en ce moment au Mali compte bien reprendre le contrôle des régions du nord du pays grâce à l’armée française, sans doute pour répéter une politique qui a entretenu une instabilité qui a débouché sur la situation actuelle à la faveur de l’intervention occidentale contre le régime de Mouammar Kadhafi.

François Hollande, porte parole du Mali, de l'Afrique en général et de la Syrie

François Hollande, porte parole du Mali, de l’Afrique en général et de la Syrie

Le pompier pyromane français qui ne semble pas satisfait du désastre qu’il a provoqué à la frontière orientale de l’Algérie s’attelle maintenant avec passion à continuer son sale boulot à la frontière sud du polygone étoilé.

Le porte-parole du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) admet qu’il faut négocier

Par Xavier Aldekoa, La Vanguardia (Espagne) 16 janvier 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), héritier de plusieurs mouvements de rébellion targuie dans le nord du Mali veut avoir un rôle clef dans la guerre. Son porte parole, Moussa Ag Assarid dit que la révolution indépendantiste a été détournée par des terroristes et il tend la main à la France. Mais avec des conditions.

Le MNLA est-il prêt à combattre au côté de la France contre les fondamentalistes ?

Notre position est claire. Nous voulons des droits pour le peuple de l’Azawad. Et nous luttons déjà contre les terroristes. Avant même que la France ait commencé à le faire nous les affrontions déjà. Nous connaissons ce territoire et ses gens. Nous avons des combattants expérimentés qui savent se battre. Qu’on nous laisse faire le travail. Ce n’est pas au mali de régler ça, ni à la Communauté Economique d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il faut négocier pour déterminer les conditions, et tout ce qui se passe sur le terrain, nous nous chargerons de le résoudre.

Mais pour Bamako, le MNLA est aussi l’ennemi.

Il ne faut pas faire l’amalgame entre de MNL   A et d’autres groupes armés. Nous ne sommes pas des terroristes ; nous voulons des droits sur nos territoires et nous demandons l’indépendance. Aujourd’hui, nous devons négocier avec Bamako pour déterminer notre rôle et les statut [du territoire) de l’Azawad.

Le MNLA a-t-il le sentiment que sa révolution targuie a été détournée ?

Tout à fait. Notre peuple vit dans la soumission depuis 50 ans. Depuis 1960, nous avons été massacrés, nous avons subi un génocide, et comme il n’y avait aucune volonté de trouver une solution politique, nous avons fait la guerre à Bamako pour la dignité de notre sang versé, de nos enfants et des milliers de réfugiés. La communauté internationale ne doit pas l’oublier. Il est inutile que le gouvernement malien ttente de récupérer le territoire de l’Azawad s’il ne s’assoit pas à la table de négociations. Les choses ne peuvent plus être comme avant, avec l’armée stationnée au nord tandis que les villes s développent au sud. Il y a un problème politique, il faut le résoudre et ensuite, nous nous impliquerons dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Et si le gouvernement malien ne cède pas à vos revendications ?

Sans solution politique, le Mali ne retrouvera pas la paix.

Quelle est cette solution : l’indépendance, une certaine autonomie ?

Il doit d’abord y avoir une négociation franche entre la communauté internationale, le MNLA et Bamako. Une fois la solution politique trouvée, nous verrons ce qui se passera. Cet accord sera déterminant pour la lutte contre le terrorisme.

Le MNLA peut-il vaincre les extrémistes ?

Nous disposons de plusieurs milliers d’hommes et de matériel qui nous permettent de nous adapter au terrain et de combattre dans un territoire que nous connaissons comme notre poche. En outre, la population est de notre côté et elle nous renseigne chaque jour sur leurs positions. Nous savons où sont les terroristes.

Après Sarkozy en Libye, Hollande victime d’un mirage au Mali

14 janvier 2013

Je ne sais pas quel jeu joue le gouvernement algérien qui a autorisé la France à faire transiter par son espace aérien ses avions se rendant au Mali.

Peut-être était-ce le prix à payer pour les déclarations alambiquées de François Hollande lors de son dernier déplacement à Alger, ou encore pour le remercier d’avoir écouté sans broncher la chorale féminine qui chantait ses louanges à Tlemcen.

En tout cas, même si l’engagement algérien ne va pas plus loin, c’est déjà une faute et un reniement des principes qui ont animé la lutte anticoloniale.

Quant à savoir ce qui a amené la France à intervenir sans mandat de l’ONU et prétendument à l’appel d’un gouvernement qui n’a d’autre légitimité que celle que lui a donné un coup d’Etat…

La France va essayer maintenant de régulariser sa situation à l’ONU, ce qui laisse sous-entendre qu’à paris on est quelque peu conscient de la faiblesse de l’habillage légal donné à son intervention.

Paris a aussi argué de la nécessité d’assurer la sécurité de ses ressortissants, ils sont quelques milliers, au Mali.

Un argument étrange qui sera peut-être utilisé par un des multiples pays d’origine des migrants qui résident en France en cas d’accession à l’Elysée d’un candidat extrémiste !

La vérité est que la France est partie en guerre pour défendre ses intérêts miniers et stratégiques et que si elle était disposée à laisser agir, sous son contrôle, une force africaine dominée par des représentants de la Françafrique, elle ne pouvait pas permettre à une autre puissance extra-africaine de prendre l’initiative militaire. Cette vérité est d’ailleurs affirmée clairement par le gouvernement français même si les journalistes la noient dans tout un fatras de considérations, notamment techniques et tactiques.

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François Hollande intervient militairement en Afrique au nom des intérêts de la France de de l’Europe

La France ne pouvait pas même laisser la première place aux Etats Unis qui s’échinent patiemment depuis des années à rogner la place de la France dans la région même si sa stratégie a été quelque peu perturbée par l’arrivée de ce nouvel acteur de premier plan qu’est la Chine. 

Et cette intervention française tombe finalement plutôt bien pour les Etats Unis et, si on en croit cet article du New York Times, les Américains ne sont tout de même pas fâchés de voir la France s’y coller parce qu’ils n’avaient pas vraiment envie d’y aller eux-mêmes : trop compliqué pour des résultats aléatoires.

Bien sûr, la France, avec le renfort éventuel de ses ‘’alliés’’ africains, a parfaitement les moyens de contenir, de repousser et d’infliger de lourdes pertes aux miliciens qui tiennent actuellement le nord du Mali (et aux populations civiles aussi soit dit en passant).

Et les choses peuvent même aller très vite.

Le problème étant justement celui de la durée. Sauf à occuper durablement le Sahara et la région sahélienne, en y installant des postes militaires, en y faisant circuler des unités motorisées et en patrouillant régulièrement l’espace aérien, les combattants qui se seront égayés dans la nature et au-delà du «limes» reviendront dès qu’ils auront reconstitué leurs forces.

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Le limes romain en Afrique

Et compte tenu de l’instabilité (à laquelle l’Etat algérien a malheureusement contribué), et de la pauvreté, qui règnent dans une région à l’économie de laquelle l’intervention en Libye (avec la France en pointe déjà) a porté un coup très dur, il n’y a aucune raison pour que ces forces ne se reconstituent pas dans des délais assez brefs.

Pour conclure, on dira qu’il est quand même piquant de voir François Hollande aller guerroyer contre des clones ce ceux qu’il soutient mordicus en Syrie.

NB : j’ai hésité dans la traduction du titre. Au lieu de «supplantent (ou remplacent) la prudence», j’ai préféré «contre la prudence.» Il me semble que dans le verbe supplanter il y une notion d’antagonisme ou d’opposition.

Les frappes françaises au Mali contre la prudence des Etats Unis

par ADAM NOSSITER, ERIC SCHMITT and MARK MAZZETTI.

The New York Times (USA) 13 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Bamako, Mali – Des avions de combat français ont frappé en profondeur au cœur des bastions rebelles du nord du Mali ce dimanche, mettant fin à des mois d’hésitation internationale au sujet d’une action militaire dans la région et après l’échec de toutes les autres tentatives des Etats Unis et de leurs alliés pour contrer les extrémistes.

Pendant des années, les États-Unis ont essayé d’enrayer la propagation du militantisme islamique dans la région en mettant en œuvre le plus ambitieux de ses programmes de lutte contre le terrorisme à travers ces vastes étendues turbulentes du Sahara.

Mais quand les insurgés se sont répandus dans tout le désert l’an dernier, les commandants des unités d’élite des armées de ce pays, entraînées minutieusement pendant des années par les Etats Unis  ont fait défection au moment où on avait le plus besoin d’eux – pour passer à l’ennemi en pleine bataille, avec leurs hommes, leurs fusils et leurs nouvelles compétences, selon des officiers supérieurs Maliens.

« Ce fut un désastre,” déclare un des officiers Maliens qui confirme les défections.

Puis, un officier formé par les Etats Unis a renversé le gouvernement élu du Mali, préparant le terrain pour que plus de la moitié du pays tombe entre les mains des extrémistes islamistes. Les avions espions et les drones de surveillance américains ont essayé de mettre de l’ordre dans cette pagaille, mais les officiels Américains et leurs alliés en sont encore à se triturer les méninges pour se faire une idée précise de ce qu’ils affrontent.

Maintenant, malgré les avertissements américains de longue date sur le risque qu’une attaque occidentale sur le bastion islamiste fasse affluer des djihadistes de partout dans le monde et encourage des attentats terroristes aussi loin qu’en Europe, les Français sont entrés d’eux-mêmes en guerre.

Ils ont d’abord freiné la progression islamiste, affirmant que le reste du Mali serait tombé entre les mains des militants en quelques jours. Puis, le dimanche, les avions de combat français sont passés à l’offensive, attaquant des camps d’entraînement, des dépôts et d’autres positions des militants loin à l’intérieur du territoire contrôlé par les islamistes, dans le but de déloger les militants qui ont créé là un des plus importants repaires au monde pour les djihadistes.

Certains officiels du Départment de la Défense, en particulier des officiers du Joint Special Operations Command au pentagone ont plaidé en faveur d’une campagne d’assassinats [lethal campaign] pour tuer les hauts responsables de deux des organisations extrémistes qui tiennent le nord du Mali, Ansar Dine et Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Tuer les chefs, soutenaient-ils, pourrait provoquer un effondrement interne.

 Mais son attention et ses ressources étant concentrées sur d’autres conflits comme le Pakistan, le Yémen, la Somalie et la Libye, l’administration Obama a rejeté ces frappes en faveur d’une stratégie plus prudente et une action indirecte : aider les nations africaines à repousser et à contenir la menace par elles-mêmes.

Ces quatre dernières années, les Etats Unis ont dépensé entre 520 et 600 millions de dollars dans un vaste effort pour combattre le militantisme islamiste dans la région sans faire des guerres comme celles qu’ils ont menées au Moyen Orient. Ce programme s’est étendu du Maroc au Nigeria et les officiels Américains présentaient l’armée malienne comme une partenaire exemplaire. Les forces spéciales américaines avaient formé les soldats Maliens au tir de précision, à la patrouille de frontière, à l’embuscade et à d’autres techniques du contreterrorisme.

Mais toute cette planification délibérée a rapidement volé en éclats quand des combattants islamistes aguerris et lourdement armés sont rentrés des combats en Libye. Ils se sont alliés avec des djihadistes comme Ansar Dine, ont mis en déroute des forces maliennes mal équipées et les ont démoralisées à tel point qu’il s’en est suivi une mutinerie contre le gouvernement dans la capitale, Bamako.

Une évaluation confidentielle à l’interne effectuée en juillet dernier par l’Africa Command (Africom) au Pentagone avait conclu que le coup d’Etat était allé trop vite pour que le commandement américain où les analystes du renseignement puissent en détecter de véritables signes avant coureurs.

Le coup d’Etat au mali est allé si vite et il y avait si peu de signaux d’alerte,» explique le colonel Tom Davis, un porte parole du commandement. «L’étincelle qui l’a déclenché s’est produite chez les officiers de niveau intermédiaire qui ont fini ar renverser le gouvernement, pas aux échelons supérieurs où on aurait pu plus aisément remarquer des signaux d’alerte »

Mais un officier des Forces d’Opérations Spéciales n’est pas d’accord, qui affirme, “Les choses fermentaient depuis cinq ans. Les analystes étaient trop complaisants dans leurs hypothèses et ils n’avaient pas vu les gros changements et leur impact, comme l’armement lourd en provenance de Libye et la nature différente, plus ‘’islamique’’ des combattants qui revenaient.

Les mêmes unités de l’armée entraînées par les Etats Unis et qu’on voyait comme la meilleure chance de repousser cette avance se sont avérées en fin de compte être à la base de la défaite militaire du pays. Les chefs de ces unités d’élite étaient des Touareg – de la même ethnique nomade qui envahissait le nord du Mali.

Selon un officier supérieur, les commandants Touareg des quatre unités maliennes combattant dans le nord à l’époque avaient fait défection en faveur de l’insurrection ‘’au moment crucial», emportant avec eux les combattants, les armes et un peu d’équipement. Il affirme qu’ils ont été rejoints par environ 1 600 autres transfuges de l’armée malienne, portant un coup sévère aux espoirs du régime de résister à l’offensive.

“L’aide des Américains s’est révélée sans utilité,” déclare un autre officier supérieur Malien, engagé en ce moment dans les combats. ‘’Ils ont fait les mauvais choix,’’ dit-il en s’appuyant sur des chefs d’un groupe [ethnique] qui est en rébellion contre l’Etat malien depuis cinquante ans.

Le quasi effondrement de l’armée malienne, y compris des unités entraînées par les forces spéciales américaines, suivi par un coup d’Etat avec à sa tête un officier formé par les Etats Unis, le capitaine Amadou Sanogo, a surpris et embarrassé le haut commandement militaire américain.

 ‘’J’ai été très déçu de voir un militaire avec qui nous étions en relation pour le former participer au renversement par l’armée d’un gouvernement élu,’’  a déclaré le général Carter F. Ham, commandant de l’Africom, dans un discours prononcé à la Brown University le mois dernier. ‘’On ne peut pas qualifier ça autrement que complètement inacceptable.’’

Les officiels Américains défendent leur entraînement de l’armée malienne, expliquant qu’il n’avait jamais eu pour but d’être aussi complet que ce que les Etats Unis ont fait en Irak et en Afghanistan. ‘’Nous avons entraîné cinq unités pendant cinq ans, mais est-ce que ça suffit à faire une véritable armée solide comme le roc ?’’ demande un officier de l’armée américaine bien au courant du dossier.

Après le coup d’Etat, les extrémistes ont rapidement écarté les Touareg dans le nord malien et appliqué une version dure de l’Islam à la population, coupant des mains, flagellant les habitants et poussant à la fuite des dizaines de milliers de personnes. Les pays occidentaux ont alors adopté une stratégie d’endiguement, exhortant les pays africains à boucler le nord du pays en attendant d’être en mesure de mobiliser une force armée pour chasser les islamistes à l’automne, au plus tôt. A cette fin, le Pentagone fournit à la Mauritanie des camions neufs et au Niger deux avions de reconnaissance Cessna, en plus de la formation militaire dispensée dans les deux pays.

Mais même ce plan de sauvetage a échoué car les islamistes ont progressé dans le sud en direction de la capital. Avec des milliers de citoyens Français au Mali, son ancienne colonie, la France a décidé qu’elle ne pouvait pas attendre plus longtemps et a bombardé les militants sur la ligne de front et en profondeur dans leur repaire.

Certains experts dissent que des troupes étrangères pourraient facilement reprendre les grandes villes du nord du Mali, mais que les combattants islamistes ont obligé des enfants à se battre pour eux, ce qui est dissuasif pour toute force d’invasion, et pourraient recourir à des tactiques insurrectionnelles meurtrières.

 ‘’Ils ont préparé ces villes pour en faire un piège mortel,’’ déclare Rudy Atallah, l’ancien directeur de la politique du contreterrorisme pour le Pentagone. ‘’Si une force d’intervention va là-bas, les militants en feront une guerre insurrectionnelle.’’

Adam Nossiter reported from Bamako, Eric Schmitt from Niamey, Niger, and from Washington, and Mark Mazzetti from Washington. Steven Erlanger contributed reporting from Paris.

Hillary Clinton et l’abeille africaine

6 août 2012

Le Figaro s’étale longuement sur la visite d’Hillary Clinton au Malawi, ce pays enclavé d’Afrique australe.

Pour un peu, on croirait d’ailleurs que l’objet de la visite de Mme Clinton était de s’enquérir de la situation des droits des femmes dans ce pays qui est précisément dirigé par une femme, Mme Joyce Banda.

Peut-être, mais son périple africain montre surtout une volonté de porter un coup diplomatique à l’Iran dans cette région et de réaffirmer, face aux Chinois, la présence de l’Oncle Sam sur ce continent. Ce n’est pas moi qui le dit, mais l’intéressée elle-même :

« Les investissements chinois en Afrique ne visent qu’à profiter des ressources naturelles et les entreprises chinoises négligent la protection de l’environnement et de développement local », a-t-elle déclaré.

Des propos peu diplomatiques qui ont bien sûr fortement irrité le gouvernement chinois.

Il est vrai que les Etats Unis ont particulièrement pris soin de l’environnement en Libye, en Irak ou en Afghanistan. On peut pas leur enlever ça. Comme les Chinois d’ailleurs, Ils n’ont pas signé le protocole de Kyoto. Pourquoi faire ?

Il n’est cependant pas sûr que Mme Clinton va encourager la protection des abeilles si on en croit cet incident rapporté par la presse locale au moment du départ de la Secrétaire d’Etat à l’aéroport de la capitale, Lilongwe où des mesures de sécurité extraordinaires avaient été prises.

Le Nyasa Times rapporte ce qui suit :

A son départ, il y a eu une mini-panique à l’aéroport international quand une nuée d’abeille s’est abattue sur le secteur.

Selon un témoin oculaire, Malawiens comme Américains, dont des membres des services de sécurité, ont détalé dans toutes les directions pour se mettre à l’abri.

 «Il y a eu une petite panique quand les abeilles ont traversé l’aéroport. On pouvait voir les gens courir pour aller s’abriter tandis que la Secrétaire d’Etat a vite embarqué dans l’avion pour éviter de risquer d’être piquée,» a déclaré un témoin oculaire au Nyasa Times.

Particulièrement agressive, l’abeille africaine Apis Mellifera Scutellata préfère les cheveux blonds

Comme quoi, la nature dans sa grande sagesse a peut-être failli nous débarrasser de cette grande protectrice de l’environnement.

Libye, l’heure de vérité a sonné

30 avril 2012

La guerre menée contre la Libye de Kadhafi aura débouché sur une victoire militaire incontestable pour les pays alliés dans l’OTAN.

Un résultat inéluctable, compte tenu de l’inégalité des forces, quelques unes des plus importantes puissances militaires du monde contre une armée somme toute modeste et équipée de matériels largement obsolètes. La maîtrise totale de l’espace aérien par les forces occidentales a été l’illustration parfaite de ce fait.

 On l’a vu, l’élimination de Kadhafi et de son régime n’est pas sans conséquences très négatives pour l’Afrique et elle signe peut-être le début de la désintégration d’un certain nombre d’Etats de la région saharo-sahélienne, c’est-à-dire un territoire immense qui s’étend du Soudan à l’est au Nigéria à l’ouest en passant par le mali et l’Algérie.

Les gouvernants en Europe et en Amérique qui ont commandité l’assassinat du colonel Kadhafi sont de ceux qui se prévalent d’un prétendu héritage humaniste et se croient obligés de prétendre qu’ils ont vocation à répandre la démocratie dans le monde.

Or, chacun de ces gouvernants européens ou américains a plus de sang sur les mains que n’en a jamais eu Mouammar Kadhafi. On peut seulement espérer qu’ils répondront un jour de leurs crimes devant une Cour Pénale Internationale qui ne doit pas être réservée aux responsables politiques du Tiers-mode.

En attendant, l’histoire les jugera et elle commence à le faire à travers certains articles de presse qui posent ouvertement des questions auxquelles tout le monde connaît pourtant les réponses. Parce que le paradoxe de la démocratie libérale avancée est qu’elle interdit plus ou moins longuement de dire dans l’espace public (c’est-à-dire dans les grands media) ces vérités que tous connaissent.

Mais quand vient l’heure des comptes, questions et réponses tentent de surgir comme dans cet article du journal canadien The Gazette qui explique ce que tout le monde sait : que le gouvernement canadien (comme les autres gouvernement occidentaux) n’a non seulement pas protégé les civils Libyens des violences perpétrées par les prétendus rebelles Libyens mais que tout a été fait pour interdire une issue négociée et pacifique à la crise, en contravention avec la résolution censée justifier l’action occidentale.

C’est pourtant ce schéma que le canada comme la France ou le Royaume Uni voudraient bien reproduire en Syrie. Sauf que, comme le donne à comprendre l’article, le précédent libyen en a échaudé plus d’un à Pékin ou à Moscou.

Si Pékin et Moscou ont semble-t-il tiré la leçon de l’affaire libyenne, certains Etats seraient avisés d’en faire de même.

La leçon doit partir du constat que les Occidentaux, dès lors qu’ils peuvent faire croire même momentanément que le droit est avec eux, ne connaissent aucune limite dans la brutalité et sont prêts à bombarder toutes les infrastructures qui permettent à un Etat de fonctionner. 

Avant la Libye, des pays comme l’Irak ou la Serbie en ont fait la douloureuse expérience.

Le message aux rebelles Libyens jette un doute sur le rôle du Canada

Les encouragements de Baird ont peut-être violé la résolution de l’ONU sur l’action en Libye.

 Par Lee Berthiaume, The Gazette (Canada) 28 avril2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Lors d’un séjour en Libye en juin dernier, à un moment où les forces rebelles étaient tenues en échec par les troupes loyales au dictateur Mouammar Kadhafi et où de nombreux pays appelaient à un cessez-le-feu, le ministre des affaires étrangères John Baird avait activement encouragé les rebelles à continuer le combat.

Ces révélations montrent sous un jour nouveau le rôle joué par le Canada dans la guerre civile – tout en soulevant la question de savoir si notre pays à violé l’esprit de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU qui avait autorisé une action  internationale dans le conflit.

Baird s’était rendu à Benghazi, la capital du mouvement anti-Kadhafi le 27 juin, et il y avait rencontré des hauts responsables du Conseil national de Transition (CNT) pour leur livrer des kits de premiers secours.

Malgré l’appui maritime et aérien de l’OTAN, les rebelles avaient été incapables d’obtenir des victoires significatives contre les forces de Kadhafi et des informations circulaient sur des tractations de cessez-le-feu.

Après sa rencontre avec Abdeljalil, le président du CNT, et le chargé des relations extérieures, Ali Isawi. Baird avait déclaré aux journalistes : « Il est évident que cette affaire – les tués et les perturbations de la vie quotidienne -ne peut pas s’arrêter très bientôt. Je pense qu’ils sont vraiment enthousiastes et décidés à laisser tout ça derrière eux et commencer à établir la liberté et la démocratie en Libye. »

Ce que Baird n’avait pas révélé – et qu’on apprend seulement maintenant dans des notes de préparation pour une discussion avec son homologue Norvégien qui aura lieu quelques semaines plus tard et que nous avons obtenues grâce à la loi sur l’accès à l’information – c’est qu’il avait exhorté les rebelles à poursuivre leurs attaques.

“Quand j’étais à Benghazi, j’ai bien fait comprendre au Conseil National de Transition l’importance de persévérer dans l’action militaire, » avait-il été conseillé ) Baird de dire ai ministre Norvégien des affaires étrangères Jonas Store.

La Canada a été une des nations les plus bellicistes parmi celles qui ont été impliquées dans le conflit libyen, en accomplissant un nombre disproportionné de missions de frappes aériennes et en apportant un soutien diplomatique et humanitaire important à des rebelles aux abois.

Mais, alors que la mission a depuis été déclaré comme une victoire par le gouvernement conservateur et d’autres allies, beaucoup se demandent su l’OTAN et ses membres n’ont pas outrepassé les termes de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU autorisant une intervention internationale pour protéger les civils.

De telles préoccupations ont précisément été citées comme une des raisons pour laquelle le Conseil de Sécurité a eu du mal à approuver une quelconque action internationale en Syrie.

Beaucoup ont soutenu que seue l’élimination de Kadhafi pourrait mettre les civils Libyens à l’abri des menaces. Le porte parole de Baird, Joseph Lavoie, avait déclaré dans un courriel que le CNT était un partenaire essentiel dans les efforts de protection des civils, et que «les évènements témoignent du bien fondé de notre position. »

Walter Dorn, directeur des affaires internationales et de sécurité au Canadian Forces College, considère qu’avec le recul, encourager les rebelles ) continuer à combattre apparaît comme ayant été la bonne décision.

Mais il observe que les rebelles ont été également responsables d’attaques contre des cibles civiles. Les organisations humanitaires ont publié un certain nombre de rapports qui dénoncent les forces rebelles pour leurs actions contre des civils Libyens pendant la guerre et après.

Le problème est de savoir si l’OTAN a exécuté son mandat onusien avec impartialité, explique Dorn. «L’OTAN a-t-elle entrepris une quelconque action contre eux, alors même que le Conseil de Sécurité donnait mandat de protéger les civils indépendamment de la source de la violence ?»

Une savoureuse satire africaine sur les Européens

20 avril 2012

Hayibo est un magazine satirique d’Afrique du Sud. Il s’est emparé de deux affaires qui ont quelque peu défrayé la chronique ces derniers jours, celle du monarque espagnol victime d’un accident lors d’une chasse à l’éléphant (un loisir dispendieux aux dépends d’une espèce fragile au moment où ses sujets sont appelés à se serrer la ceinture) et celle de cette ministre Suédoise qui coupe un gâteau à l’effigie de ce qui ressemble à une caricature de femme africaine. L’idée n’était certes pas bonne mais peut-être a-t-on fait hâtivement le procès de la ministre

Mais peu importe car autant j’ignore si le gâteau était savoureux, autant je suis en mesure de vous dire que l’article l’est incontestablement.

Les Africains choqués par les singeries barbares des Européens

Hayibo (Afrique du Sud) avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les Africains disent avoir peu d’espoir de voir l’Europe jamais devenir civilisée, après une semaine qui a vu le roi d’Espagne Juan Carlos lancé dans une chasse frénétique pour tuer des éléphants et la ministre Suédoise de la culture s’amuser d’un gâteau aux relents racistes. « Vous pouvez retirer le blanc de la jungle, mais vous ne pouvez par retirer la jungle qui est dans les Européens, » soupire un habitant de Kinshasa.

August Mwanasa, de Libreville au gabon, dit ne pas avoir été surpris par ces récentes atrocités parce que les Européens restent des «sauvages.»

“Je ne veux pas avoir l’air raciste, et certains de mes meilleurs amis sont blancs, mais soyons honnêtes : la violence est au plus profond de leur ADN, » affirme Mwansa. « Je m’explique, les Européens ont tué 20 millions d’autres Européens dans les années 1930 et 1940.  C’est une barbarie à une échelle sans précédent dans l’histoire.»

Jenkins Odumbe, un styliste de Nairobi, déplore un sentiment d’assistanat bien ancré en Europe.

“S’ils ne vont pas pointer au chômage, ils demandent à être renfloués, » dit-il. « Pourquoi est-ce qu’ils ne peuvent pas simplement se lever plus tôt et travailler plus dur, c’est ce que je voudrais savoir ?»

Liberte Aidoo, une voyagiste Ghanéenne, dit avoir été “choquée et dégoûtée » par ce qu’elle a découvert lors de son premier voyage en Espagne.

“Les brochures promettaient la mer et le soleil, mais ils sont encore incroyablement arriérés en Espagne,” se souvient-elle. «A la base, ils vivent tous dans des huttes en boue qu’ils appellent haciendas, et ils dorment pendant deux heures au milieu de la journée. En Europe, ils appellent ça la ‘siesta’. Au Ghana, on appelle ça « être un putain de paresseux.»

Mais, ajoute-t-elle, il fallait s’attendre à ce genre « d’inertie de déprime » dans un pays plus endetté que toute l’Afrique réunie.

Entre temps, la plupart des Africains ont rejeté les appels à une d&mission de la ministre Suédoise de la culture Lena Adelsohn Liljeroth suite à la débâcle après qu’elle ait été photographiée en train de manger un gâteau conçu pour ressembler à la caricature raciste d’une femme africaine.

« Les seules personnes qui appellent à sa démission sont des libéraux Européens qui se cachent derrière un mince vernis de civilisation, » explique le sociologue Burundais Descarte Tugiramahoro. « Nous Africains, ne sommes pas choqués le moins du monde.

“Elle ne fait que se livrer à de vieux rituels européens : se moquer des gens qui ont une apparence différente, et le cannibalisme symbolique tel qu’il a été introduit par l’église catholique. Tout est absolument normal.»

Le Mali et la sécurité nationale de l’Algérie

8 avril 2012

On l’a déjà dit ici, les événements en cours au Mali sont une menace pour la sécurité nationale de l’Algérie et sont une conséquence directe de l’intervention occidentale en Libye.

Cette menace est clairement perçue par le gouvernement algérien si on en juge par le déplacement en urgence d’Ahmed Ouyahia à Tamanrasset :

Le discours qu’il a prononcé lors d’une réunion avec les militants de son parti dans cette wilaya a été axé sur l’unité nationale. «Personne n’a fait don à Algérie de la moindre parcelle de son territoire (…) et ce qui se passe dans les pays voisins renforce l’attachement du peuple algérien à son unité nationale à travers l’ensemble du territoire national», a indiqué le secrétaire général du RND, précisant que «les frontières de l’Algérie remontent à la période pré-coloniale».

Ahmed Ouyahia

Il y a longtemps qu’un dirigeant Algérien n’avait pas été obligé d’en appeler à l’histoire pour justifier la configuration territoriale actuelle de l’Algérie. Ouyahia se sent en effet en devoir de soutenir que  les frontières de l’Algérie remontent à l’ére précoloniale», ce qu’on peut admettre pour la partie septentrionale du pays mais est sujet à caution pour la partie sud (le rapport avec le Sahara dans l’ère précoloniale ressemblait plutôt à celui qu’on entretient avec une façade maritime).

Ca sent un peu la panique…

Curieusement, c’est en qualité de secrétaire général du Rassemblement National Démocratique, un des partis au pouvoir, qu’Ahmed Ouyahia a pris la parole. Et non en tant que premier ministre, ce qui signifie probablement que ce dossier d’une importance extrême échappe au moins en partie au gouvernement et est géré directement par la présidence et la hiérarchie militaire.

La sécession targuie au Mali peut en effet donner l’idée à d’autres d’en faire de même, que ce soient les Toubous ou les Touareg et, pourquoi pas, la Kabylie en Algérie.

Et comme je l’ai écrit précédemment, l’Algérie pourrait payer cher son inaction en Libye même si le véritable précédent n’est pas la Libye mais le Soudan dont le processus de démembrement n’est d’ailleurs sans doute pas terminé.

Sur le Soudan, pays membre de l’Union Africaine et de la Ligue Arabe, l’Algérie était restée également absolument passive.

L’enlèvement des membres du corps consulaire algérien à Gao (qui viennent d’être libérés) est un spectaculaire avertissement adressé à l’Etat algérien.

Ce qui répond à la question que pose le journal L’Expression :

Comment explique-t-on qu’Al Jazeera soit sur les lieux de l’enlèvement du consul d’Algérie à Gao?

Et si le même journal algérien titre :

Etats sahéliens nés de la décolonisation, la menace d’implosion

Il suffit de lire l’article pour comprendre qu’il est surtout question du risque de dislocation de l’Algérie elle-même .et que le gouvernement algérien a sa part de responsabilité, en sus de celle liée à sa passivité sur la Libye..

Le Sahel en ébullition

Certes, il ne manquera pas d’Algériens fiers et ombrageux pour dire qu’une telle chose est impossible en Algérie. A mon avis, il ne manquait pas non plus de Yougoslaves fiers et ombrageux pour dire la même chose jusqu’au démembrement méticuleux de leur pays dans un processus qui a mis face à face des gens qui se parlaient, se rendaient de menus services, étaient amis ou même parents.

L’Algérie, l’Afrique et la facture de l’expédition de l’OTAN contre la Libye

28 mars 2012

La sécession du sud Soudan en a été en réalité le coup d’envoi, et la guerre en Libye la transformera peut-être en phénomène inéluctable ou contre lequel il faudra résister avec force : la fragmentation de l’Afrique et/ou la recomposition de ses frontières avec les risques subséquents de guerres interétatiques ou civiles..

Or l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation est un principe très important auquel l’Algérie notamment est très attachée.

Or, dans ses démêlés avec les puissances et les stars occidentales de la chanson et du cinéma, le Soudan s’est finalement retrouvé bien seul et a fini par connaître un début de démembrement. C’est maintenant au tour du Mali et de la Libye.

Dans ce dernier pays où le régime en place a été éliminé par les bombardements de l’OTAN  (au nom de la démocratie, de la protection des civils etc.) les idées séparatistes s’expriment de plus en plus fort. Après la province de Cyrénaïque qui a proclamé son autonomie, ce sont maintenant les Toubous du sud du pays qui, face à ce qu’ils qualifient  de plan de nettoyage ethnique, menacent de « demander une intervention internationale et oeuvrer pour un Etat comme le Sud-Soudan ».

Comme quoi, je ne fais pas qu’élucubrer !

Tous ces événements au Mali ou en Libye concernent directement la sécurité nationale de l’Algérie qui risque bientôt d’avoir à payer le prix fort de son inaction devant les agissements de l’Occident dans la région. Parce que, à la différence de la Tunisie ou même de l’Egypte, l’Algérie est un pays où, un peu comme en Libye, des forces centrifuges peuvent à tout moment s’exprimer, que ce soit au nord ou au sud du pays.

La boîte de Pandore est désormais grande ouverte alors que, les autorités algériennes auraient sans doute pu, avec d’autres pays africains, faire en sorte qu’elle se referme en Libye. Il  aurait certes fallu un courage dont le gouvernement algérien semble dépourvu, mais il en faudra peut-être encore plus pour faire face aux tourments qui risquent de s’emparer de la zone saharo-sahélienne dont l’Algérie est partie prenante.

Le chef des Toubous libyens brandit la menace séparatiste

L’Expression (Algérie) Mercredi 28 Mars 2012

Le chef des Toubous en Libye, Issa Abdelmajid Mansour, a dénoncé hier à l’AFP un plan de «nettoyage ethnique» visant sa tribu, brandissant pour la première fois la menace séparatiste, au lendemain de violences tribales impliquant des Toubous, au sud du pays. «Nous annonçons la réactivation du Front Toubou pour le Salut de la Libye (FTSL, mouvement d’opposition sous l’ancien régime) pour protéger les Toubous d’un nettoyage ethnique, et s’il le faut, nous allons demander une intervention internationale et oeuvrer pour un Etat comme le Sud-Soudan», a-t-il déclaré. Issa Abdelmajid Mansour, un ex-opposant au régime de Mouamar El Gueddafi, avait annoncé la dissolution de son mouvement après la chute de l’ancien régime en août. «Il s’est avéré que le Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) et le régime d’El Gueddafi ne sont pas différents. Le CNT a un programme pour nous exterminer», a accusé M.Mansour, dont la tribu avait joué un rôle clé dans la rébellion contre Mouamar El Gueddafi depuis le sud du pays.


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