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Echec des négociations avec l’Iran: le rôle de la diplomatie française dans la stratégie sioniste

10 novembre 2013

La position intransigeante de la France dans les toutes récentes négociations avec l’Iran n’a échappé à personne. Elle en a désarçonné plus d’un et a eu pour résultat l’échec au moins momentané des discussions alors qu’un compromis semblait à portée de main.

On peut se demander ce qui a motivé cette position dure de la France.

On peut d’emblée écarter un motif lié à l’orgueil national blessé par la reculade de Barack Obama sur le dossier syrien alors que François Hollande était fin prêt à envoyer l’aviation française bombarder la Syrie.

Il n’est effectivement nullement question d’orgueil national et cocardier dans la démarche française mais plutôt d’un alignement et d’une obéissance complète à l’Etat (prétendu) juif dont les intérêts se confondent plus que jamais avec ceux de la France.

Du moins dans la tête de Laurent Fabius et de tous ceux qui à Paris ont soit des affinités tribales avec l’Etat prétendu juif, soit ont une dette envers les représentants du lobby sioniste dans l’hexagone ou aux Etats Unis.

Que je sache, l’Iran n’a jamais menacé la France et a toujours, au contraire, fait savoir son souhait d’entretenir des relations normales avec ce pays.

Le blogueur américain Moon of Alabama nous livre son analyse de l’échec des négociations de Genève en situant le positionnement de la France dans son contexte politique et dans la duré historique.

Il nous explique que si, à son avis, la France ne peut pas empêcher durablement les Etats Unis de conclure un accord avec l’Iran parce qu’un tel accord est d’une nécessité vitale pour Washington, l’objectif de la diplomatie française est, en accord avec Tel Aviv et les néoconservateurs Américains, d’obtenir le délai qui permettra au Congrès des Etats Unis d’adopter une nouvelle vague de sanctions contre l’Iran.

Voilà comment Laurent Fabius et François Hollande agissent au nom de la France mais en réalité comme de simples exécutants de la volonté des sionistes et de leurs amis néocons.

Cette attitude française, notamment de la gauche non communiste, n’est en rien une nouveauté ou un secret, On peut ainsi lire sur Juif.org :

– C’est Shimon Pérès [membre de l’Internationale Socialiste] qui est le grand architecte de ce programme et sans sa volonté déterminée et son grand talent diplomatique, Israël n’aurait jamais eu la Bombe atomique !

Dès 53, ce jeune DG de 30 ans (!) du Ministère de la Défense, aidé par Joseph Nahmias, délégué de la défense israélienne, pilote la coopération franco-israélienne.

Son contact est le ‘Dir Cab’ de Bourgès-Maunoury, Ministre de l’Intérieur, Abel Thomas, sioniste militant (frère mort à Buchenwald). La séduction passe, la coopération est totale : Thomas fournit les contacts nécessaires et un bureau au Ministère de la Défense !!

En 56, coup de chance avec Bourgès-Maunoury, nommé Ministre de la Défense de Guy Mollet.

Une étroite coopération s’amorce.

Eh oui, vous avez bien lu : l’Etat sioniste disposait d’un bureau dans les locaux du ministère français de la défense !

Vive la France crie-t-on à Tel Aviv.

La France bloque la bascule des USA vers la Perse

Moon of Alabama (USA) 10 novembre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

La France a été un important agent de la prolifération nucléaire au Moyen Orient. Alors qu’elle a travaillé et continue à le faire pour permettre à certains pays de produire des armes atomiques, elle prétend s’opposer à toute capacité nucléaire civile dans d’autres. Les raisons premières de cette attitudes sont la rapacité et une certaine nostalgie de sa grandeur passée qui ne peut plus s’appuyer aujourd’hui sur les indispensables moyens économiques et militaires.

FAS: Nuclear Weapons – Israel

Le 3 octobre 1957, la France et Israël ont signé un accord révisé appelant la France à construire un réacteur de 24 MW (quoique les dispositifs de refroidissement et de traitement des déchets aient été conçus pour trois fois cette puissance) et, dans des protocoles non rendus publics, une installation de retraitement chimique. Ce complexe a été construit en secret, hors du régime d’inspection de l’AIEA, par des techniciens Français et Israéliens à Dimona dans le désert du Negev, sous la supervision du colonel Manes Pratt de l’armement israélien.

Saudi Gazette, Oct 3, 2013 La France prête à être le partenaire stratégique du royaume d’Arabie Saoudite dans les domaines du nucléaire et des énergies renouvelables

S’exprimant devant la Saoudi Gazette, l’ambassadeur de France auprès du royaume a déclaré «l’objectif de cette rencontre est très clair. La France a été le premier pays a signer un accord d’Etat à Etat sur le nucléaire et l’énergie parce que nous pensons qu’il faut prendre en compte le vaste programme que le gouvernement saoudien veut lancer dans le domaine nucléaire et que la France a beaucoup à apporter en terme d’excellence dans la technologie nucléaire au niveau mondial. 

France 24 : Hollande soutient Israël sur la menace nucléaire iranienne

Un jour après que Benjamin Netanyahou a exhorté la France a adopter une position de fermeté sur l’Iran, la président Français François Hollande a parlé au téléphone avec le premier ministre Israélien et a promis le soutien de la France.

The Guardian : Les discussions de Genève se terminent sans accord sur le programme nucléaire iranien

Trois jours éprouvants de diplomatie au plus haut niveau à Genève se sont achevés sans accord sur le programme nucléaire iranien, après le blocage par la France d’un accord intérimaire visant à réduire les tensions et à donner plus de temps aux négociations.

Les diplomates participant aux discussions étaient furieux du rôle joué par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius qu’ils ont accusé de briser l’unité des rangs en révélant des détails sur les négociations dès son arrivée à Genève samedi matin, puis d’avoir enfreint le protocole en présentant les résultats à la presse avant l’arrivée d’Ashton et de Zarif à la conférence de presse de clôture.

Un accord provisoire à Genève aurait été la première étape pour un accord plus global sur le nucléaire qui aurait ramené l’Iran dans le concert des nations. Cet accord aurait été le point de départ de la «bascule vers la Perse» par laquelle les Etats Unis auraient compensé leurs relations difficiles avec Israël et l’Arabie saoudite grâce à des relations amicales avec l’Iran. Sans un tel rééquilibrage au Moyen Orient, les Etats Unis seront financièrement et militairement incapables d’exécuter leur plan de recentrage vers l’Asie.

La France a fait capoter un accord historique et, malgré les signaux précédemment envoyés par la France, les autres pays «occidentaux» engagés dans les négociations n’étaient pas préparés et leurs ministres des affaires étrangères ont été incapables de gérer l’intransigeance française. Cette désunion à l’intérieur du groupe des P5+1 qui négocie avec l’Iran va entraver toute négociation ultérieure. Avec qui l’Iran peut-il négocier s’il n’y a pas d’opposition unie ?

A gauche: Laurent Fabius est le seul à sourire. A droite: ambiance détendue avec Catherine Ashton, John Kerry et Mohammad Javad Zarif,

A gauche: Laurent Fabius est le seul à sourire. A droite: ambiance détendue avec Catherine Ashton, John Kerry et Mohammad Javad Zarif,

L’impasse actuelle donne au Congrès des Etats Unis et aux laquais de Netanyahou en son sein une occasion d’infliger de nouvelles sanctions à l’Iran en les adjoignant au National Defense Authorization Act qui doit être voté d’ici quelques semaines. Mais la désunion des P5+1 est, au moins à court terme, positive pour l’Iran. Personne ne peut l’accuser de ne pas vouloir négocier et de ne pas chercher activement un compromis. Les sanctions que le Congrès va adopter seront des sanctions sur les parties tierces qui «puniront» les pays pour leur commerce avec l’Iran. Comme il est évident que ce n’est pas l’Iran qui fait obstacle à un accord, ces pays tiers seront peu disposés à se conformer à un tel diktat du Congrès US. Le régime des sanctions va donc se déliter. Lentement d’abord, puis de plus en plus vite.

Il est douteux que la France, l’Arabie Saoudite et Israël seront capables de bloquer un accord avec l’Iran pendant plus d’un an Il y a une logique historique dans un basculement des Etats Unis et de «l’Occident» en général vers la Perse car un tel repositionnement leur permettrait de se détacher des «alliés» capricieux qui sont actuellement les leurs au Moyen Orient. La réaction hostile de l’opinion américaine à la tentative de lancer une guerre ouverte contre la Syrie a été un signe que des changements historiques dans les alliances actuelles sont inévitables.

Le chef de la diplomatie brésilienne à l’Occident: ‘Quand respecterez-vous le droit international?’

6 février 2013

Je vous propose un article du genre plutôt rare dans la grande presse en Occident. En effet, en dépit de son nom, le quotidien espagnol (catalan) La Vanguardia n’est pas du tout l’organe d’un obscur parti d’extrême gauche (ou droite) ni un représentant le la presse alternative.

Diffusée nationalement, La Vanguardia est en fait le journal le plus vendu en Catalogne et se positionne politiquement au centre droit.

Quand je dis que cet article est rare, je veux dire par là qu’il s’attaque ouvertement à ce qu’on peut appeler la suffisance des puissances occidentales, une suffisance que le correspondant du journal catalan qui a couvert la conférence de Munich sur la sécurité résume dans ce qu’il qualifie de monologue.

Fait rare, l’article de Rafael Poch nous livre essentiellement l’analyse d’un diplomate Iranien sur le dossier de la «menace» que poserait le programme nucléaire de son pays sans lui opposer à aucun moment d’arguments qui émaneraient par exemple du gouvernement espagnol, de celui des Etats Unis sans bien entendu parler de l’entité sioniste.

Ce qui veut dire que le journaliste considère le point de vue iranien comme sensé, surtout si on veut bien se souvenir qu’il critique le fameux monologue de l’Occident.

Je dirai quand même que le clou de cet article, c’est débord la restitution d’une partie de la participation du ministre Brésilien des affaires étrangères aux débats qui se permet de demander à un «expert» Occidental quand les pays occidentaux se décideront à respecter le droit international.

Des propos qui, sauf erreur de ma part, n’ont été repris par aucun autre journal.

 La menace iranienne dans le monologue de Munich

Téhéran pourrait sortir du Traité de Non Prolifération nucléaire si ses installations sont attaquées

Par Rafael Poch, La Vanguardia (Espagne) 5 février 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri

La présence d’une poignée d’invités venus des pays en voie de développement parmi les 500 participants euratlantiques qui dominent l’évènement est ce qui sauve de l’inutilité complète ce monologue qu’est chaque année la conférence sur la sécurité qui s’est achevée dimanche à Munich.

 «L’Irak et l’Afghanistan démontrent les limites de l’action militaire occidentale et l’urgence de l’alternative représentée par la diplomatie et la coopération,» a expliqué samedi le ministre Brésilien des affaires étrangères, Antonio de Aguiar Patriota.

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Antonio de Aguiar Patriota

Cette observation élémentaire a été contestée par l’animateur du débat, un expert Australien, qui a demandé : «Les BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), c’est-à-dire les grandes puissances émergentes, se comporteront-ils conformément aux normes internationales ?»

Patriota a répondu : «je vous renvoie la question : quand respecterez-vous le droit international ?» Aucun sujet ne résume mieux ce malentendu que celui du danger nucléaire iranien..

L’opinion publique occidentale croit que l’Iran a un programme d’armement atomique, qu’elle n’autorise pas l’accès de son territoire aux inspecteurs de l’Agence Internatonale de l’Energie Atomique (AIEA) et qu’elle est la plus grande menace à la sécurité du Moyen orient et qu’elle mérite d’être sanctionnée, encerclée militairement et attaquée.

La vérité est qu’il n’existe pas le moindre indice d’un programme nucléaire militaire et que la doctrine nucléaire de l’Iran se résume à une fatwa de son leader religieux, Ali Khamenei, qui affirme que tout usage d’armes de destruction massive est «un péché énorme et impardonnable» et à la proposition depuis des dizaines d’années d’un Moyen Orient qui serait une «région dénucléarisée» à laquelle s’opposent Israël, seule puissance nucléaire dans la région, et ses parrains occidentaux.

Cent mille Iraniens ont péri du fait des armes chimiques utilisées par Saddam Hussein dans une guerre contre l’Iran qui avait le soutien des puissances occidentales dans les années 1980, a expliqué Ali Asghar Soltanieh l’ambassadeur d’Iran auprès de l’AIEA.

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Ali Asghar Soltanieh exhorte les sionistes à signer le TNP

Evidemment, tout pays qui maîtrise le cycle de l’uranium est techniquement proche d’une capacité nucléaire militaire, mais l’Iran n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres. Y a-t-il un danger particulier ?

Israël a attaqué l’Egypte en 1956 et en 1967. Et aussi le Liban en 1982 et en 2006. La liste des agressions militaires menées par l’autre adversaire de l’Iran, les Etats Unis, est impressionnante. Tous deux possèdent des armes nucléaires et l’Iran n’a agressé personne dans son histoire récente.

Dans la pire des hypothèses, absolument plausible, son ambition nucléaire se situerait à l’avenir dans le sillage des étapes franchies par s’autres pays, Israël une fois encore, mais aussi l’Inde et le Pakistan, sans conséquences, ni sanctions.

Ces dernières années, l’Iran a accepté de nombreuses inspections de l’AIEA dans ses établissements scientifiques et militaires, au total 7500 Jours/ personne, avec 16 sites contrôlés rien qu’en 2011 et près de cent visites impromptues (annoncées seulement deux heures à l’avance), sans que les appareils et les détecteurs employés aient pu déceler le moindre indice que ce qui se fait dans le domaine du nucléaire en Iran ait un caractère militaire, déclare Soltanieh.

L’AIEA est dominée par les puissances occidentales, notamment les Etats Unis qui veulent modifier son mandat pour la transformer en «une agence d’espionnage sans restriction aucune relativement à la sécurité nationale de certains Etats membres, en majorité des pays en voie de  développement,» explique l’ambassadeur.

La majorité des experts en sécurité de l’AIEA qui ont accès aux informations confidentielles et sont rémunérés par leurs pays d’origine sont Etatsuniens.

La direction de l’AIEA n’a pour l’instant pas condamné les menaces israéliennes continuelles d’attaquer des sites nucléaires en Iran. Quand Israël avait bombardé en Syrie, l’AIEA avait demandé à inspecter les endroits bombardés au lieu de demander des explications à l’agresseur, déclare l’ambassadeur.

Les pressions pour que l’Iran abandonne un programme nucléaire qu’il définit comme civil sont extraordinaires et comprennent des sanctions économiques, de menaces d’attaques militaires contre ses installations nucléaires et «l’assassinat barbare de savants atomistes,» explique Soltanieh.

Quelles seraient les conséquences d’une attaque militaire contre les sites nucléaires iraniens ?: «En plus d’une forte réaction contre l’agresseur, notre gouvernement subira d’énormes pressions internes pour installer les centrifugeuses dans des lieux plus sûrs, le parlement obligerait probablement à l’arrêt de toutes les inspections de l’AIEA et même, dans le pire des scénarios à sortir du TNP,» déclare l’ambassadeur.

En dialoguant avec l’Iran, l’Argentine fait enrager le régime sioniste

4 novembre 2012

Emilio Marin est un journaliste argentin qui publie depuis 1987 un édito hebdomadaire dans le journal La Arena qui parait dans la ville de Santa Rosa dans la Pampa. Emilio Marin collabore aussi avec un certain nombre d’organes de presse, le plus souvent de gauche mais aussi de type universitaire.

Emilio Marin

Il nous propose un article extrêmement intéressant dans lequel il offre un aperçu assez complet de l’évolution des relations entre l’Argentine et l’Iran à partir de l’attentat contre l’AMIA (l’association mutuelle israélite de Buenos Aires) à la  récente relance des discussions entre les deux pays.

Emilio Marin n’est ni chiite, ni crypto chiite (sa barbe renvoie plus sûrement à Fidel Castro et Che Guevara). Il n’empêche qu’il expédie rondement les accusations contre l’Iran dans l’affaire de l’AMIA qui reposent sur une enquête bâclée à dessein sur fond de corruption du pouvoir et de manœuvres américaines et sionistes.

Emilio Marin évoque une des raisons de cette reprise des relations : un Iran qui cherche à rompre son isolement et une Argentine en quête de débouchés pour ses productions, agricoles notamment.

Il y a bien sûr d’autres aspects qu’Emilio Marin ne fait en fin de compte que suggérer qui sont ceux de la réorientation de la diplomatie argentine vers une plus grande autonomie à l’égard de Washington dans un processus qui travaille une bonne partie de l’Amérique latine, et une volonté de rejeter les oukases imposés par la finance mondiale. Et qui dit finance mondiale, dit FMI, Banque Mondiale, dollar et donc Etats Unis et le reste du monde capitaliste.

Aussi bien sur le volet diplomatique qu’économique, l’Argentine joue une partie serrée dans laquelle les adversaires de sa politique utiliseront  tous les moyens qu’ils jugent bons pour la ramener dans ce qu’ils estiment être le droit chemin.

Un dialogue irano-argentin cordial à Genève

Les deux pays en avaient décidé ainsi aux Nations Unies et ils ont tenu leur première réunion à Genève. L’objectif est d’apurer les conflits et de trouver une solution au contentieux sur l’AMIA. Une décrispation des relations qui a deux ennemis puissants.

Par Emilio Marin, La Arena (Argentine) 3 novembre 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Les relations entre l’Argentine et l’Iran se sont améliorées petit à petit depuis 2010. Les deux parties ont cherché à surmonter les obstacles qui se dressent entre elles depuis que, en juillet 1994, s’était produit un attentat brutal à Buenos Aires contre l’AMIA, une association israélite. 85 personnes avaient trouvé la mort. Une enquête judiciaire avec une forte interférence des services secrets d’Israël et des Etats Unis avait accusé sans preuves l’Iran d’être le présumé responsable. C’est alors qu’avait commencé le déclin de cette relation et la méfiance entre les deux pays.

L’Argentine avait réclamé en 2006 auprès d’Interpol l’extradition de hauts responsables accusés d’être les commanditaires de l’attentat. Parmi eux, entre autres, l’ex président Ali Rafsandjani, l’actuel ministre de la défense Ahmad Vahidi, l’ambassadeur de l’époque à Buenos Aires, Hadi Soleimanpour, qui est maintenant vice ministre des relations extérieures, chargé des affaires africaines. Téhéran avait rejeté cette demande et les relations furent de fait réduites au minimum.

Les représentations diplomatiques des deux pays ont été ramenées au niveau de chargés d’affaires. A Buenos Aires, c’est Ali Pakdaman qui représente l’Iran.

Ces requêtes judiciaires infondées résultaient de l’instruction menée par le magistrat Juan José Galeano, en pleine époque menemiste (du président Carlos Menem) qui ne se distinguait pas précisément par la qualité ou par l’indépendance de la justice. Galeano avait fini par être destitué par le Conseil de la magistrature et ce qu’on lui reprochait avait en partie à voir avec sa gestion de ce dossier. Il avait payé 400 000 dollars, sur des fonds réservés à la SIDE (services secrets argentins) à Carlos Telleldín un des prisonniers [en relation avec l’attentat] afin qu’il charge certains accusés et qu’il en disculpe d’autres. A la fin, tous s’étaient retrouvés libres mais un des éléments de ce dossier scandaleux restait inchangé : l’accusation selon laquelle l’attentat avait été décidé par l’Iran et exécuté par ses agents du Hezbollah libanais. Les pièces de ce puzzle ne s’emboîtaient pas, mais la SIDE, la CIA et le Mossad firent en sorte qu’on les voie comme allant bien ensemble. Galeano limogé de ses fonctions à la justice le dossier sera repris tel quel par Rodolfo Canicoba Corral et le procureur de la république Alberto Nisman, qui maintiendront la pression judiciaire contre Téhéran.

On avait atteint le fond en matière de relations entre les deux pays. Le commerce bilatéral était tombé moins de 50 millions de dollars, presque rien. Le président Néstor Kirchner, puis Cristina Fernández étaient allés à l’Assemblée générale de l’ONU avec des dirigeants de la communauté israélite dans leurs délégations officielles. Et dans leurs discours, ils avaient réclamé les extraditions à Téhéran. En l’absence de réponse positive, à l’instar des Etats Unis et d’Israël, la représentation argentine avait quitté l’Assemblée Générale au moment où le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad avait commencé son discours. L’Argentine participait au boycott et aux sanctions de l’ONU sur l’accusation contre l’Iran pour un autre fait non démontré : que son programme nucléaire pacifique aurait des visées militaires.

Parlons un peu

Après ce tableau peu reluisant, a commencé à poindre un vent contraire dans les relations bilatérales à partir de 2010. Comme tout est lié, les choses avaient commencé par le commerce et les nécessités économiques. Les exportations argentines étaient en augmentation, passant à 84 millions de dollars en 2008, 371 millions en 2009, 1 455 millions en 2010 et 1 189 millions en 2011. Le chiffre sera supérieur en 2012.

La république achète surtout des denrées alimentaires, de la farine et de l’huile de soja, du blé, du maïs et d’autres produits. Et le gouvernement argentin, heureux d’un fort excédent dans les échanges, a en vue un dispositif semblable à celui qui le lie au Venezuela. L’Iran est un grand producteur de pétrole dont le client principal était jusqu’alors l’Union Européenne. Les multiples sanctions imposées par ce bloc impérialiste, aligné sur les Etats Unis, laisse une partie de la production iranienne disponible pour d’autres marchés comme la Chine ou ceux d’autres pays membres du Mouvement des Non Alignés.

Ce ne sont pas seulement les échanges avec l’Iran qui se sont améliorés mais aussi les relations politiques. A la 66ème Assemblée Générale de l’ONU, en 2011, Cristina Fernández avait proposé à son homologue de tenir le procès des responsables de l’attentat contre l’AMIA dans un pays tiers. Même si l’Iran n’a pas donné de suite favorable, insistant sur le fait qu’il n’avait rien à voir avec cet acte, cela revenait dans les faits à un assouplissement de l’exigence par Buenos Aires d’obtenir l’extradition d’un ancien président et d’un ministre en exercice, entre autres accusés.

Cristina Fernandéz et Hector Timerman

A la veille de la 67ème Assemblée, en septembre dernier, Ahmadinejad avait demandé à l’Argentine une réunion au niveau ministériel pour essayer de trouver une solution à ce différend. Il trouva un écho chez la présidente Argentine qui dans son discours à l’Assemblée répondit favorablement à cette demande. Et le 27 septembre, dans le palais de cristal newyorkais, les deux chefs de la diplomatie, Héctor Timerman et Alí Akbar Salehi, ainsi que le vice ministre des affaires étrangères Eduardo Zuain et un autre fonctionnaire Iranien.

Revenir en arrière du chemin vers la mésentente n’est jamais facile. A cette occasion, les diplomates ont dialogué et consigné leur accord de principe dans un document qui disait deux choses. Qu’ils chercheraient une solution légale compatible avec la législation de chaque pays. Et qu’ils poursuivraient le dialogue par l’intermédiaire dé délégués au siège genevois de l’ONU, jusqu’à aboutir à un accord sur le dossier de l’AMIA.

Le premier dialogue en territoire suisse a eu lieu le 29 octobre. La délégation venue de Buenos Aires comprenait le vice ministre des affaires étrangères Zuain, la responsable du Trésor [avec rang de ministre] Angelina Abbona et la directrice du service juridique du ministère des affaires étrangères, Susana Ruiz Cerutti.

Il n’y a pas eu de grandes nouveautés, ni d’informations précises de ce qui a été discuté. Ce n’est pas de l’excès de zèle mais plutôt un signe de responsabilité de la part des deux parties, pour avancer pas à pas et éviter de faire capoter un processus très compliqué, avec des ennemis puissants à l’affût. Ce qui est positif, c’est qu’ils se sont parlé à nouveau, sans que personne ne quitte la partie.

Oiseaux de mauvais augure.

Un certain nombre d’oiseaux de mauvais augure machinent et manœuvrent pour que rien de positif ne sorte de Genève.

L’un d’entre eux est le gouvernement des Etats Unis, qui a intérêt à isoler, à sanctionner et éventuellement à agresser l’Iran sous le prétexte jamais démontré d’un programme nucléaire à visées militaires. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), dirigée par le japonais Yukiya Amano, n’a pas été en mesure de dissiper tous les doutes en dépit de l’autorisation par Téhéran d’une inspection de tous les sites nucléaires.

On peut comparer avec Israël, l’autre grand ennemi de la réconciliation irano-argentine, qui ne montre pas ses installations nucléaires à Dimona et dans d’autres centrales, alors qu’on sait avec une quasi certitude qu’elle dispose de 200 armes nucléaires.

Le Département d’Etat a été un peu plus discret dans son travail de sape contre le dialogue de Genève et celui qui l’a précédé à New York. Mais il n’y a pas eu de changement de politique. Il y a plutôt une division du travail avec son allié sioniste qui a endossé le rôle du «méchant» qui lui va si bien.

Quand Timerman a rencontré à New York son collègue Israélien Avigdor Lieberman le 28 septembre, à peine 24 heures après en avoir fait de même avec son homologue Iranien, il fut surpris parce que l’ambassade d’Israël à Buenos Aires avait diffusé un document déplorant la rencontre entre officiels Argentins et Iraniens. Le communiqué parlait de «la grande désillusion» israélienne du fait de cette rencontre, ce qui revenait à une ingérence dans les affaires intérieures de notre pays et ç une attitude déloyale à l’égard de Timerman qui représentait habituellement le point de vue le plus pro-israélien au palais San Martin.

A l’approche de la date de la réunion des délégués Argentins et Iraniens à Genève, le 29 octobre, Israël a recommencé à tirer à l’artillerie lourde contre cette démarche. Le même calibre, ou à peu près, que celui qu’elle utilise pour bombarder les Palestiniens à Gaza.

C’est l’ambassadrice de Tel Aviv à Buenos Aires, Dorit Shavit, qui avait parlé en premier pour chicaner les autorités argentines : «nous attendons que vous ne soyez pas naïfs avec l’Iran» (La Nacion, 14/10).

Puis était arrivé au siège du ministère des affaires étrangères le directeur général du Département Amérique latine du ministère israélien, Itzhak Shoham, qui avait fait pression contre le dialogue avec la république islamique. Il avait été reçu par le sous-secrétaire à la politique latino-américaine au ministère, Diego Tettamanti et par le directeur du Département Afrique du Nord et Moyen Orient, Hernán Plorutti.

Finalement, le jour même où les délégations se sont rencontrées au Palais des Nations de Genève, on a pu entendre «La Nacion» (29/10) tirer à boulets rouges avec un éditorial. Les deux premières lignes disaient : «la décision du gouvernement de négocier avec le régime de Téhéran viole la constitution, affecte notre souveraineté et profite aux auteurs de l’attentat.»

Il aurait aussi bien pu être écrit par Benjamin Netanyahou et publié dans une gazette de l’armée israélienne. Cet éditorial se résumait à une défense inconditionnelle de l’Etat sioniste et à une critique féroce de Cristina [Fernandéz, la présidente]. Résultat : objectivité zéro, comme chez les dirigeants de l’AMIA et de la DAIA [équivalent du CRIF en Argentine].

Bonne idée: retransmettre en direct les négociations sur le programme nucléaire iranien

3 novembre 2012

J’avais entendu parler de Press TV, la chaîne de télévision iranienne anglophone, interdite de retransmission maintenant en Europe (la liberté d’interdire fait partie de la liberté, n’est-ce-pas ?) mais pas d’Hispan TV, son pendant en langue castillane.

Justement, Hispan TV nous gratifie d’une information intéressante et d’une proposition qui devrait faire jubiler François Hollande qui est plus que d’accord avec Benjamin Netanyahou sur la nécessité de faire plier l’Iran sur le dossier nucléaire. François Hollande ne sait peut-être pas (je suis sans doute naïf) que pour les sionistes, faire plier l’Iran signifie détruire ce pays.

En tout cas, la proposition iranienne présentée par Hispan TV aurait le mérite de permettre à chacun de décider qui est de mauvaise foi sur le dossier nucléaire iranien.

L’Iran veut retransmettre en direct le dialogue entre l’Iran et le G5+1

Hispan TV (Iran) 3 novembre 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

La République islamique d’Iran a agi en toute transparence dans les négociations avec le groupe 5 +1 (comprenant les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine, la Russie, plus l’Allemagne) et c’est pourquoi il demande une retransmission en direct des négociations, a a déclaré samedi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères,

Ramin Mehmanparast

Lors d’un entretien accordé à l’agence de presse iranienne Fars, en marge de la 19ème Exposition internationale « Presse et agences de presse » qui s’est tenue à Téhéran, la capitale iranienne, M. Mehmanparast a évoqué les négociations entre l’Iran et le groupe 5 +1 sur le programme nucléaire iranien. « Dans ces négociations, l’Iran a agi en toute transparence, outre des propositions concrètes, plaide pour une diffusion en direct des négociations», a-t-il observé. Mehmanparast a souligné que les pourparlers entre l’Iran et le G5 +1 ne sont ni techniques ni juridiques, et que les accusations contre le programme nucléaire de Téhéran sont motivées politiquement.

« Ils ont décidé que l’Iran ne devait pas accéder aux technologies nucléaires de pointe et devait limiter ses capacités, car eux seuls ont droit à ces avancées techniques « , a déclaré le diplomate iranien.

« Actuellement, l’expérience des scientifiques de notre pays a atteint un tel niveau qu’il [l’Occident] ne pourra extirper ces connaissances acquises par le peuple iranien,» a-t-il ajouté.

Sur certaines déclarations sur l’abandon par l’Iran de son programme nucléaire en échange d’une levée des sanctions, il a assuré que les mesures anti-iraniennes de ces trente dernières années démontrent clairement que le dossier nucléaire iranien n’est rien d’autre qu’un prétexte.

Enfin, il a signalé que du moment que l’Iran se trouve dans le collimateur des pays occidentaux, sous la forme de sanctions injustes, on se demande ce qui motive de tels embargos et pressions puisque si ils sont en vigueur en ce moment l’ont été dès la victoire de la révolution islamique, à une époque où l’Iran n’avait en fait aucun type d’activité nucléaire.

Les Etats Unis et le régime israélien, ainsi que leurs alliés, accusent l’Iran de poursuivre des objectifs belliqueux avec son programme d’énergie nucléaire.

L’Iran rejette pour sa part de telles accusations et soutient avoir le droit d’utilise la technologie nucléaire à des fins pacifiques puisqu’il est signataire du Traité de Non Prolifération (TNP) et est membre de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).

La radio iranienne francophone traite aussi de ce sujet, mais de manière trop succincte à mon goût.

Un regard optimiste sur les discussions sur le nucléaire iranien

20 avril 2012

Patrcik Seale est un spécialiste reconnu des affaires du Moyen Orient. Ce Britannique qui collabore avec divers organes de presse nous propose sa lecture des récentes discussions sur le nucléaire iranien qui se sont tenues à Istanbul.

Selon lui, ces discussions ont marqué, peut-être définitivement, l’ échec du clan belliciste occidental et de son mentor, le sieur Benjamin Netanyahou, chef du gang de Tel Aviv.

Il en veut pour indice probant le fait que Catherine Ashton qui est à la tête de la diplomatie européenne a admis que les négociations devaient se faire sur la base du Traité de Non Prolifération Nucléaire dont l’Iran est partie prenante et qui reconnaît le droit à l’exploitation et à l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles.

Un regard optimiste dont on saura bientôt si la suite des discussions lui donnera raison.

Ce qu’on ne peut qu’espérer.

Surprises dans le duel israélo-iranien

En dehors de l’ oppression et de la dépossession ininterrompues des Palestiniens, Israël a un long palmarès d’assassinat de ses opposants politiques, et on pense généralement que ce pays est responsable de l’assassinat de cinq scientifiques nucléaires Iraniens ces deux dernières années, ainsi que de l’introduction du virus Stuxnet dans les réseaux informatiques iraniens – des actes  qui sont clairement du terrorisme d’Etat, observe Patrick Seale.

Middle East Online (UK), 17 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Même s’il est trop tôt pour en juger, on dirait que la politique israélienne vis-à-vis de l’Iran connaît des ratées et pourrait aboutir à une issue bien différente de celle que le premier ministre Benjamin Netanyahou recherchait depuis longtemps.

Ces trois dernières années, Israël considérait que des sanctions punitives, la guerre cybernétique et l’assassinat de savants atomistes Iraniens devaient finir par obliger une république islamique paralysée à accepter le «zéro enrichissement» de l’uranium – ce qui signifierait le démantèlement complet du programme nucléaire. Ce qui, espérait-on [à Tel Aviv] ouvrirait la voie à un ‘changement de régime’ à Téhéran.

Pour parvenir à une pression suffisamment forte sur l’Iran, la stratégie israélienne a été de menacer de passer à l’attaque. Le calcul israélien était – à raison comme il s’est avéré – que les Etats Unis et leurs alliés n’oseraient pas prétendre qualifier leur attitude de bluff. Au contraire – pour parer à une attaque israélienne dont ils craignaient qu’elle déclenche une guerre  régionale aux conséquences imprévisibles et potentiellement catastrophiques – ils ont travaillé à mettre l’économie iranienne à genoux.

La stratégie israélienne fonctionnait. Tout semblait marcher comme sur des roulettes. Les sanctions punitives contre l’Iran commençaient à faire mal. Dans leur impatience pour un changement de régime, les propagandistes pro-Israël aux Etats Unis avaient même commencé à appeler à des actions secrètes en soutien à l’opposition iranienne.

Catherine Ashton,la chef de la diplomatie européenne, est alors entrée dans la mêlée.

Au grand dam des faucons, elle a fait une offre de reprise des négociations à l’Iran, en recourant à un ton conciliant assez différent du ton menaçant qui était celui de Londres, Washington et Paris, et en complète discordance avec les incessantes rodomontades d’Israël.  L’Iran a répondu positivement à l’invitation d’Ashton. Sa première réunion avec les P5 + 1 (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne) a eu lieu le 14 avril à Istanbul et, selon tous les observateurs, ce fut un succès surprenant.

Saeed Jalili, le chef négociateur Iranien – qui a rencontré Catherine Ashton pour un dîner informel au consulat iranien la veille au soir – a parlé d’une «approche positive.» Mme Ashton a, à son tour, qualifié les discussions de « constructives et utiles.» Pour cadrer les discussions, elle a énuméré un certain nombre de principes qui ont dû rassurer les Iraniens et provoquer des grincements de dents chez les faucons Israéliens.

Le Traité de Non Prolifération nucléaire TNP), a-t-elle déclaré, doit être le fondement absolu des discussions. Mais le TNP permet aux signataires d’enrichir l’uranium sur leur territoire à hauteur de 3,5 % pour la production d’électricité et d’autres fins pacifiques. Il semble donc qu’Ashton a ainsi envoyé le message selon lequel le droit de l’Iran à le faire serait reconnu. C’était comme si les P5 + 1 avaient abandonné l’exigence israélienne de zéro enrichissement. On a eu au contraire l’impression que l’intérêt allait se porter sur l’arrêt par l’Iran de l’enrichissement de l’uranium à 20 % dès lors qu’on lui en aura garanti la fourniture pour le réacteur de recherche de Téhéran qui a besoin d’uranium enrichi à ce niveau pour produire des isotopes nécessaires au traitement des patients Iraniens atteints d’un cancer. Le président Ahmadinejad ayant dit à plusieurs reprises que l’Iran cesserait de produire de l’uranium à 20 % si on l’assurait de lui en fournir de l’étranger, l’esquisse d’un accord semblait en vue.

En outre, Catherine Ashton a aussi déclaré que las négociateurs seraient “guidés par le principe d’une démarche pas à pas et la réciprocité. » Cette référence à une approche progressive et à des concessions mutuelles est une forte indication d’une levée probable des sanctions par étapes quand l’Iran aura présenté des preuves convaincantes qu’il ne cherche pas à obtenir l’arme nucléaire et qu’il acceptera des inspections intrusives de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Elle a à l’évidence décidé d’accorder un certain crédit à la fatwa de 2005 promulguée par le guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, par laquelle il interdisait la production, le stockage et l’utilisation d’armes atomiques.

A la clôture des dix heures de réunion à Istanbul, l’Iran et les P5 + 1 ont convenu de tenir leur prochaine réunion le 23 mai à Bagdad, pour ce qui promet d’être une série prolongée  de discussions.

La réaction de colère de Netanyahou a été absolument typique du personnage. « L’Iran a reçu un ‘billet de faveur’ a-t-il déclaré avec amertume, «pour continuer l’enrichissement sans aucune limitation, aucune inhibition. L’Iran devrait prendre des mesures immédiates,»  a-t-il tempêté pour « arrêter tout enrichissement, retirer tout le matériel d’enrichissement et démanteler l’installation nucléaire de Qom. Je crois que le plus grand adepte mondial du terrorisme ne doit pas avoir la possibilité de développer des bombes atomiques.»

Ces cris d’orfraie font penser à l’hôpital qui se fout de la charité. En dehors de l’ oppression et de la dépossession ininterrompues des Palestiniens, Israël a un long palmarès d’assassinat de ses opposants politiques, et on pense généralement que ce pays est responsable de l’assassinat de cinq scientifiques nucléaires Iraniens ces deux dernières années, ainsi que de l’introduction du virus Stuxnet dans les réseaux informatiques iraniens – des actes qui sont clairement du terrorisme d’Etat

Avec l’aide décisive de la France, Israël a fabriqué ses premières bombes atomiques dans les années 1960, il y a près d’un demi-siècle. Si les choses avaient mal tourné, les israéliens étaient prêts à s’en servir pendant la guerre de 1967 qu’ils avaient déclenchée contre les Arabes cette année là. La plupart des spécialistes estiment aujourd’hui que l’arsenal israélien comporte entre 75 et 150 têtes nucléaire. Israël dispose aussi d’une possibilité de deuxième frappe [en cas de neutralisation ou de destruction de son potentiel militaire] sous la forme de missiles à tête nucléaire qui arment ses sous-marins de construction allemande.

Netanyahou soutient que la République Islamique pose une ‘menace existentielle’ pour Israël. Il n’y a pas la moindre preuve pour étayer cette affirmation. Le président Iranien a dit quelque chose du genre qu’Israël serait un jours « effacé des pages du temps» – une phrase dont Israël a fait une traduction tendancieuse, sans doute à des fins propagandistes, en parlant d’un plan pour « rayer Israël de la carte.» C’est plutôt le contraire et l’Iran qui risquerait l’annihilation si elle essayait d’attaquer Israël. En plus de son important arsenal nucléaire et de vecteurs sophistiqués (missiles, sous-marins), Israël a un potentiel militaire conventionnel beaucoup plus puissant que l’Iran, en grande partie fourni par les Etats Unis. Les Etats Unis se sont en fait engagés à maintenir la supériorité militaire d’Israël sur tous les Etats de la région – ce qu’ils appellent l’avantage militaire qualitatif – un engagement qui force de loi aux Etats Unis.

Quelle est donc alors la raison de l’anxiété d’Israël ? Israël craint que si l’Iran était en mesure de fabriquer une arme nucléaire – ou acquérait simplement la capacité d’en fabriquer – la liberté d’action d’Israël en serait restreinte. Israël ne serait plus capable de frapper ses voisins à volonté sans risquer des représailles. La simple vérité est qu’Israël veut nier à ses voisins la capacité à se défendre. Personne n’a le droit de se doter d’une capacité de dissuasion ! Israël déteste le Hezbollah ai Liban et le Hamas à  Gaza parce que ces mouvements de résistance ont acquis une capacité limitée de riposter aux agressions israéliennes. C’est pour cette raison qu’Israël les qualifie d’organisations terroristes et accuse l’Iran de les armer.

Netanyahou s’oppose depuis longtemps à des pourparlers entre l’Iran et la communauté internationale, et il doit certainement prier pour qu’ils échouent. Le lobby pro-israélien aux Etats Unis va très probablement se mobiliser dans ce but. Mais si Catherine Ashton fait valoir ses vues, si les négociations avec l’Iran réussissent et que le spectre de la guerre est écarté, Israël pourrait devoir vivre avec une suprématie régionale légèrement écornée.

Le Britannique Patrick Seale est un spécialiste de premier plan du Moyen Orient. Son dernier livre est « The Struggle for Arab Independence : Riad el-Solh and the Makers of the Modern Middle East (Cambridge University Press).

La France ira-t-elle en guerre pour aider un « menteur » que Nicolas Sarkozy ne peut plus voir?

11 novembre 2011

Le Christian Science Monitor est un journal américain représentatif de la vieille élite anglo-saxonne qui a perdu la haute main sur les affaires de son pays au profit de nouveaux venus qui l’ont soit exclue des responsabilités importantes, soit domestiquée.

Et cette élite qu’incarne ce journal semble refuser l’éventualité d’une guerre avec l’Iran que les nouvelles élites néoconservatrices et fanatiques appellent de leurs vœux.

Le dernier rapport de l’AIEA était supposé satisfaire les ardeurs bellicistes de ces néoconservateurs et vous avez certainement lu dans vos journaux que ce rapport est accablant pour l’Iran ou des choses du même genre.

Or, il n’en est rien et le Christian Science Monitor qui nous a tout récemment rappelé l’ancienneté de l’imminence de l’acquisition d’une bombe atomique par l’Iran, se livre à un démontage soigneux de ce rapport de l’AIEA dont l’administration Obama a d’ailleurs reconnu, assez discrètement il faut bien le dire, qu’il ne comportait rien de neuf.

Rien de neuf, ce n’est pas ce que disent Benjamin Netanyahou et Shimon Peres, les chefs du gang sioniste, qui ne cessent de menacer d’attaquer l’Iran.

Eh oui, le gouvernement sioniste menace ouvertement de bombarder l’Iran, mais chacun parle de « menace iranienne ». Nous sommes bien dans un monde orwellien où le sens des mots est trop souvent inversé !

En attendant, le président Nicolas Sarkozy a assuré au gouvernement sionistevia le CRIF et le Congrès Juif Mondial (!!!) que la France se tiendrait à ses côtés au cas où l’Iran mettrait ses menaces à exécution en… ripostant à une attaque sioniste.

 Voilà, le chef de l’Etat français est prêt à engager son pays dans une guerre forcément dévastatrice et aux conséquences imprévisibles pour défendre un pays agresseur dirigé par quelqu’un que M. Sarkozy a lui-même qualifié de «menteur» qu’il ne peut «plus voir.»

Il y a là un mystère qu’il faudra bien éclaircir un jour.

 Rapport sur le nucléaire iranien: pourquoi il ne changera finalement pas la donne

Le rapport sur le nucléaire iranien rendu public hier par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique veut corroborer des détails fournis par un rapport des services de renseignements US de 2005. Mais certains spécialistes du nucléaire ne sont pas convaincus.

 par Scott Peterson, The Christian Science Monitor (USA) 9 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le dernier rapport de l’ONU sur le programme nucléaire iranien pourrait ne pas “changer la donne”  contrairement à ce qui était attendu, car certains spécialistes du nucléaire émettent des doutes sur la qualité de ses informations – et soulignent l’absence de preuve d’une réelle activité nucléaire de type militaire.

 Dans 14 pages annexes à son rapport trimestriel sur l’Iran rendu public hier, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) affirme que de nouvelles informations et d’autres données sont pour elle un « grave motif de préoccupation » sur  na nature prétendument pacifique du programme nucléaire iranien.

Mais le casus-belli justifiant une frappe militaire que les faucons en Israël et aux Etats Unis espéraient trouver dans ce rapport de l’AIEA  est loin d’être évident.

Le rapport est base sur plus de 1000 pages d’informations transmises à l’AIEA par les services secrets US en 2005, un an après qu’elles aient  été, semble-t-il, ramenées d’Iran dans un ordinateur portable. Mais un grand scepticisme entoure encore la crédibilité de ces documents – l’Iran affirme depuis longtemps que ce sont des faux en provenance de services secrets hostiles – malgré les démarches concertées de l’AIEA pour vérifier les données et écarter ces doutes.

“C’est très mince. Je pensais qu’il y aurait plus de choses là dedans,” déclare Robert Kelley, un ingénieur atomiste Américain et ancien inspecteur de l’AIEA qui avait été parmi les premiers à étudier les données originales en 2005. «C’est du réchauffé, c’est  vraiment étonnant de voir si peu d’informations nouvelles là dedans.»

L’AIEA a complété les informations de l’ordinateur portable avec des données provenant de dix Etats membres, des entretiens menés sur trois continents et ses propres investigations en Libye, au Pakistan et en Russie.

Le résultat “renforce et tend à corroborer” les données de 2005 de l’ordinateur portable, affirme l’AIEA et «les approfondit substantiellement.»  Elle juge l’information « crédible dans l’ensemble. » mais les spécialistes n’en sont pas si sûrs.

L’Iran taxe l’AIEA de pion de Washington 

Avant la divulgation du rapport, la spéculation a monté en Israël et à Washington sur de nouvelles révélations qui pourraient précipiter des frappes militaires pour empêcher l’Iran d’acquérir une arme. Pourtant, disent les spécialistes, une bonne partie de ces informations est connue depuis des années, n’est pas concluante – et peut-être pas complètement authentique.

L’essentiel de l’activité nucléaire militaire présentée a été stoppée il y a près d’une dizaine d’années – en 2003 – déclare l’AIEA, et des activités moins formelles qui « pourraient » se poursuivre ne peuvent pas étayer la thèse selon laquelle l’Iran est une nation engagée dans la course pour avoir la bombe.

L’Iran “ne semble pas avoir la même obsession que la Corée du Nord à  développer des armes nucléaires. On n’en trouve nulle trace [d’un programme militaire] dans les preuves de l’AIEA, » affirme Shannon Kile, directeur du Nuclear Weapons Project au Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).

“Oui, l’Iran progresse, ils maîtrisent maintenant les principaux domaines techniques nécessaires au développement d’une arme nucléaire,” explique M. Kile. « Mais il n’y a aucune preuve qu’ils ont un programme en cours dans ce but. Ce n’est pas comme s’ils se dirigeaient vers la production d’armes atomiques, c’est comme s’ils allaient à petits pas vers l’acquisition de la capacité technique. »

Les responsables iraniens ont rejeté le rapport comme étant une fabrication des ennemis de l’Iran aux USA, en Israël et en Occident – colportée par Yukiya Amano, le directeur Japonais de l’AIEA – avant même sa publication.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a assuré aujourd’hui que l’Iran ne reculerait pas “d’un iota” dans son programme d’anergie nucléaire que la République Islamique a toujours présenté comme pacifique et a tancé l’AIEA pour son rôle de marionnette de l’Occident.

«Pourquoi détruisez-vous le prestige de l’agence [l’AIEA] avec des assertions américaines absurdes ? a demandé M. Ahmadinejad qui s’exprimait devant une foule brandissant des drapeaux à Shahr e Kord, une ville du centre de l’Iran. «La nation iranienne est sage. Elle ne construira pas deux bombes contre les 20 000 bombes [nucléaires] que vous possédez. Mais elle construit quelque chose contre quoi vous ne pouvez rien : une éthique, l’honnêteté, le monothéisme et la justice.»

Trois sites nucléaires clefs mis en avant dans les documents de 2005

Les documents de 2005 tirés de l’ordinateur portable se concentrent sur trois sites: un soi-disant « projet sel vert » visant à un approvisionnement clandestin en uranium, à tester des explosifs de forte puissance et à adapter le missile Shahab-3 à l’emport d’une charge militaire atomique.

Les informations dans la presse de l’époque étaient empreintes d’un grand scepticisme lorsqu’une partie du contenu de l’ordinateur portable avait été d’abord montré à des diplomates accrédités auprès de l’AIEA. Le doute reste encore très persistant. Prenant en compte un tel scepticisme,  une partie du rapport de l’AIEA a été consacrée à répondre sur la crédibilité des informations. Mais M. Kelley, l’ancien inspecteur de l’AIEA qui a aussi travaillé comme chef de département à l’agence, n’est toujours pas convaincu.

« “Il y a d’abord le problème des falsifications. Il n’y a rien qui nous dise que ces documents sont authentiques, » explique Kelley, dont l’expérience comprend des inspections dans des pays aussi éloignés que l’Irak et la Libye, jusqu’à l’Afrique su Sud en 1993.

 «Mon sentiment en parcourant les documents il y a des années était qu’il était possible que beaucoup de son contenu soit authentique, quoique ça ressemblait à une sorte de bric-à-brac,» explique Kelley. Et il y avait des petites choses  plutôt que des informations de qualité » comme le document sur le sel vert. «C’était deux ou trois pages qui n’étaient reliées à rien d’autre dans le paquet de documents. C’était sur un sujet différent, et on ne pouvait que se demander s’il n’avait pas été mis là pour que quelqu’un le trouve ?»

Ce genre d’intox ne serait pas une première. Il rappelle les années 1993 et 1994, quand l’AIEA avait reçu des « faux très élaborés » sur l’Irak qui avaient entravé pendant deux ans les investigations nucléaires sur place.

“Ces documents avaient des en-têtes, et ils avaient été faits pour ressembler à des documents irakiens officiels, mais quand nous les avons examiné de manière approfondie, c’étaient des faux évidents, » ajoute Kelley. « Ils avaient été fabriqués par deux Etats de cette région membres de l’AIEA et transmis  à l’agence dans l’intention de nuire et de ralentir le travail.»

En 2002, observe Kelley, l’AIEA avait dû aussi gérer des faux « plutôt bâclés » fabriqués par les Italiens sur les supposés liens de l’Irak avec le Niger dans le domaine nucléaire, dont la CIA s’était emparés pour l’ajouter au dossier de l’administration Bush pour justifier une guerre contre l’Irak.

La science politisée?

Ali Asghar Soltanieh, ambassadeur de l’Iran auprès de l’AIEA, a qualifié le nouveau rapport “d’erreur historique” de M. Amano, le directeur de l’AIEA. L’Iran a «d’ores et déjà levé toute quelconque ambiguïté,», a affirmé M. Soltanieh, démontrant le caractère «obsolète et répétitif [d’erreurs anciennes]» des points soulevés en annexe.

Amano a orienté l’AIEA sur une ligne plus dure à l’égard de l’Iran, après avoir pris la succession il y a deux ans de son prédécesseur Egyptien, Mohammad ElBaradei. Une communication diplomatique d’octobre 2009, révélée par Wikileaks, reprenait mot pour mot les propos tenus par Amano devant l’ambassadeur des Etats Unis selon lesquels il était «solidement  dans le camp des Etats Unis sut toutes les décisions stratégiques », y compris l’Iran.

Selon les observateurs, les Etats Unis ont fait pression depuis l’été sur Amano pour qu’il sorte un rapport plus percutant sur l’Iran, qui détaillerait le dossier de l’AIEA – et présenterait l’Iran comme étant engagé activement dans l’acquisition d’armes nucléaires.

« II renvoie encore au soi-disant ‘ordinateur portable de la mort’ et aux prétendues études, » explique Kile du SIPRI. L’AIEA s’est « clairement écartée de sa démarche habituelle » en montrant qu’elle a essayé «de traçabiliser une bonne partie de tout ça, y compris en vérifiant et en confirmant de manière indépendante cette information.»

 «Personnellement, je n’ai jamais vu des informations sur les présumées activités militaires, notamment les circuits administratifs du programme d’arme nucléaire, présentés avec autant de détails,” déclare Kile. « je n’ai aucun moyen de juger l’information sur laquelle c’est basé, mais le simple fait de les voir présentées si clairement a été réellement assez utile.»

Pour Kelley, un ancien de l’AIEA, l’actuel rapport sur l’Iran est un vrai méli-mélo » qui contient des «analyses d’amateurs.»

Entre autres points d’ordre technique, Kelley signale la discussion dans le rapport  des « détonateurs amorces à pont-fil » (exploding bridge-wire detonators) ou EBWs. Le rapport de l’AIEA admet « qu’ils ont des applications non-nucléaires, quoique peu nombreuses, » et pointe vers une probable finalité militaire pour l’Iran.

 « L’AIEA a tort. Les EBWs ont de nombreuses applications, » explique Kelley. « Etre dans l’erreur  sur un tel sujet, et ensuite essayer de tromper l’opinion publique montre un biais en faveur de ce qu’on souhaite démontrer… Ce n’est pas professionnel. »

Le rapport de l’AIEA sur l’Iran auquel même Washington ne croit pas

9 novembre 2011

Je vous avais déjà proposé un article de ce genre sur l’imminence toujours plus proche d’un danger nucléaire iranien qui, si on en croit les cassandre, aurait dû se concrétiser il y a plus de vingt ans.

Le récent rapport de l’AIEA vient redonner du grain à moudre ç ceux qui veulent l’apocalypse pour le Moyen orient et peut-être pour le monde entier. Au nom de la protection du peuple juif contre la pire menace d’annihilation depuis Hitler.

Oui, c’est toujours la même rengaine ; tuer les Irakiens pour neutraliser le nouvel Hitler Saddam, tuer des Libanais pour neutraliser la nouvelle Waffen SS qu’est le Hezbollah, vider la Palestine de ses habitants parce que ces derniers veulent une Palestine Judenrein, bombarder l’Iran qui se prépare à « rayer » l’entité sioniste de la carte.

Le paradoxe étant qu’on parle de menace iranienne alors que ce sont les sionistes et leurs amis, dont celui qui ne peut plus supporter benjamin Netanyahou (élu par le suffrage populaire) qui menacent régulièrement et depuis des années de bombarder l’Iran.

Rappelez-moi la dernière fois que l’Iran a lancé une guerre d’agression ? Ah oui, vous avez du mal à trouver et c’est normal parce que l’Iran moderne n’a jamais été un pays très agressif. Au contraire de cette saloperie d’entité sioniste et de ses amis civilisés qui sèment la mort au moindre prétexte.

Bon, le rapport de l’AIEA est truqué et les Etats Unis le savent. Il sert avant tout à entretenir une stratégie de tension et à détourner l’attention des problèmes économiques qui sont beaucoup plus susceptibles de précipiter le monde dans la guerre que l’obsession holocaustique de l’Etat prétendu juif.

A moins que ces cinglés ne commettent l’irréparable tant ils sont sûrs que les pays occidentaux les suivront dans la guerre et qu’ils pourraient ainsi échapper à la riposte de l’Iran.

En tout cas, les Etats Unis ne croient pas à la véracité du rapport de l’AIEA et ne veulent pas risquer la guerre sur des mensonges aussi éhontés que ceux qui avaient justifié la guerre contre l’Irak

Vos media n’en parlent pas, bien entendu car ils sont trop occupés à participer à la propagande sioniste (comme Nadine Epstein sur France Culture ce matin, Ca ressemble à du journalisme, ça sonne comme quelque chose d’objectif, mais ce n’est que de la propagande, subtile il est vrai car nous sommes en démocratie).

Voilà pourtant ce qu’on peut lire en titre du National Journal, un organe de presse spécialisé dans les activités politiques de la beltway, c’est-à-dire là où se trouvent les centres de pouvoir US :

 Maison Blanche: le rapport de l’AIEA ne modifie pas notre évaluation des ambitions nucléaires de l’Iran

La Maison Blanche a déclaré que le dernier rapport sur le programme nucléaire iranien par les inspecteurs en armement de l’ONU n’indique pas que l’Iran a avancé dans ses efforts pour fabriquer ou obtenir de l’explosif nucléaire.

« L’AIEA n’affirme pas que l’Iran a repris un programme d’armes nucléaires d’envergure, ni qu’elle a un tel programme ou sur son réel état d’avancement, » a déclaré aux journalistes un haut responsable de l’administration lors d’une téléconférence.   

Voilà, il n’y a donc rien de nouveau, en dehors d’une nouvelle escalade propagandiste pour exciter les ardeurs belliqueuses à Washington qui résiste encore, mais pour combien de temps ?

Une menace nucléaire iranienne imminente? Une chronologie des alertes depuis 1979

Les prédictions alarmistes selon lesquelles la république islamique sera bientôt en capacité nucléaire ou –pire – de réaliser une vraie bombe atomique, ne sont pas une nouveauté.

Pendant plus d’un quart de siècle, des officiels occidentaux ont affirmé de manière répétée que l’Iran était tout près de rejoindre le club nucléaire. Une telle situation est toujours déclarée « inacceptable » et susceptible de motiver une action militaire avec « toutes les options sur la table » pour empêcher  une remise en cause de l’équilibre stratégique du Moyen Orient dominé par les Etats Unis et Israël.

Et pourtant, toutes ces prédictions n’ont fait qu’aller et venir au fil des années. Cette chronique des prédictions passées situe dans une perspective historique la rhétorique actuelle sur l’Iran.

par Scott Peterson, The Christian Science Monitor (USA) 8 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

1. Premiers avertissements: 1979-1984

La crainte d’une arme nucléaire iranienne est antérieure à la révolution islamique de 1979, quand le Shah pro-occidental Mohammad Reza Pahlavi était en négociations approfondies avec la France, les Etats Unis et l’Allemagne pour un énorme investissement dans l’énergie nucléaire avec un programme de construction de 20 réacteurs.

Fin 1970, les Etats Unis reçoivent des informations selon lesquelles le Shah “avait mis en place un programme clandestin de développement d’armes nucléaires.”

1979: le Shah est renversé par la révolution iranienne qui institue la république islamique. Après l’éviction du Shah, les Etats Unis ont cessé de fournir de l’uranium hautement enrichi à l’Iran. Le gouvernement révolutionnaire guidé par l’ayatollah Ruhollah Khomeiny condamnait les armes et l’énergie nucléaires et, pendant un temps, stoppait tout les projets.

1984: Peu de temps après la visite par des ingénieurs d’Allemagne de l’Ouest du chantier inachevé du réacteur nucléaire de Bushehr. Jane’s Defence cite des sources des services secrets d’Allemagne de l’Ouest qui affirment que  la production par l’Iran d’une bombe « entre dans sa phase finale. » Le sénateur US Alan Cranston prétend que l’Iran est à sept années d’être en mesure de fabriquer une arme.

2. Israël fait le portrait de l’Iran comme l’Ennemi No. 1: 1992

Quoiqu’Israël ait commercé secrètement avec la république islamique après la révolution de 1979, cherchant ainsi à entretenir un coin perse contre ses ennemis arabes dans la région, le début des années 1990 a vu un effort cohérent de Tel Aviv pour décrire l’Iran comme étant une nouvelle menace existentielle.

1992: Le député Israélien Benjamin Netanyahou dit à ses collègues que l’Iran est à 3 ou 5 ans d’être en capacité de produire une arme nucléaire – et que cette menace devait être « extirpée par un front international dirigé par les Etats Unis.»

Le premier ministre Israélien Shimon Peres déclaré à la télévision française que l’Iran va avoir des têtes nucléaires en 1999. «L’Iran est la plus grande menace et plus grand problème au Moyen Orient » avait averti Peres, parce qu’elle vise l’option nucléaire tout en conservant une dangereuse  position de militantisme religieux extrémiste.»

1992: Joseph Alper, in ancien cadre du Mossad, les services secrets israéliens, dit:  “L’Iran doit être identifiée comme Ennemi N°1. » L’embryon de programme nucléaire iranien disait-il au New York Times, « donne vraiment la frousse à Israël. »

3. Les Etats Unis s’associent aux avertissements: 1992-97

La même sonnette d’alarmé avait déjà été tirée à Washington où, début 1992, un groupe de travail du Republican Research Committee de la Chambre des Représentants avait soutenu avoir la « certitude à 98 % que l’Iran disposait déjà de tous (ou presque) les composants nécessaires pour deux ou trois bombes nucléaires opérationnelles. »

Des prédictions du même genre avaient eu droit aux antennes, dont une faite par le chef de la CIA à l’époque, Robert Gates, selon qui le programme nucléaire iranien pourrait être un « problème grave » dans cinq ans voire moins.  La bureaucratie avait cependant mis un certain temps à s’adapter au discours sur la menace iranienne.

1992: La divulgation d’un document confidentiel du Pentagone sur la « Stratégie de défense pour les années 1990 » ne fait guère référence à l’Iran alors qu’il brosse plusieurs scénario de conflits futurs potentiels qui vont de l’Irak à la Corée du Nord.

1995: Le New York Times répercute les craintes de hauts responsables US et Israéliens pour qui “l’Iran est beaucoup plus près de produire des armes atomiques qu’on ne le pensait auparavant.’ –  environ cinq ans – et que la bombe nucléaire iranienne est « en haut de la liste » des dangers de la décennie à venir. L’article parle d’une « accélération du programme nucléaire iranien » et soutient que l’Iran « a commencé un programme intensif pour développer et acquérir des armes nucléaires » en 1987 et explique qu’in « croit » que l’Iran a recruté des conseillers scientifiques de l’ex Union Soviétique et du Pakistan.

Le Christian Science Monitor rapporte que les pressions des Etats Unis sur les fournisseurs de l’Iran dans le domaine nucléaire ont «forcé l’Iran à adapter ce qu’on soupçonne être son calendrier pour une bombe. Les spécialistes disent maintenant que l’Iran ne sera sans doute pas en mesure d’acquérir des armes nucléaires avant huit ou dix ans.»

4. Escalade rhétorique contre ‘l’axe du mal’: 1998-2002

Mais l’Iran rassemblait les pièces de son puzzle stratégique. Un satellite espion US détectait le lancement d’un missile iranien de moyenne portée, alimentant les spéculations sur le danger posé à Israël.

1998: Le New York Times expliquait qu’Israël était moins en sécurité suite à ce lancement même si Israël restait le seul Etat à posséder aussi bien des armes nucléaires que des missiles à longue portée pour les larguer n’importe où. « La principale réaction à ce fait viendra d’Israël, et nous devons nous inquiéter de l’action que les Israéliens entreprendront, » déclarait un ancien officiel du renseignement cité par le New York Times. Un expert non identifié déclarait : « Ce test [de missile] montre que l’Iran est déterminé à acquérir des armes nucléaires, parce que personne ne construit un missile de 1000 kilomètres de portée pour envoyer des charges militaires conventionnelles.»

1998: La même semaine, l’ancien Secrétaire d’Etat à la défense Donald Rumsfeld déclare au Congrès que l’Iran pourrait construire un missile balistique intercontinental – qui pourrait atteindre les Etats Unis – dans les cinq ans. La CIA donnait une échéance à douze ans.

2002: La CIA avertit que le danger de missiles à ogive nucléaire, notamment d’Iran et de Corée du Nord, est plus élevé que celui encouru pendant la guerre froide. Robert Walpole, le plus haut responsable de la CIA pour le dossier des programmes nucléaires et stratégiques, déclare à une commission sénatoriale que les capacités de l’Iran en matière de missiles se sont accrues plus vite que prévu les deux années précédentes – et se trouvent à parité avec celles de la Corée du Nord. La menace « continuera à s’accroître avec la maturation des capacités des adversaires potentiels, » dit-il.

2002: George W. Bush qualifie l’Iran de membre de “l’axe du mal,” avec l’Irak et la Corée du Nord.

5. Révélations venues de l’intérieur de l’Iran: 2002-2005

En août 2002, le mouvement d’opposition iranien Moudjahidine Khalk (MEK ou MKO) annonce que l’Iran est en train de construire une installation souterraine d’enrichissement de l’uranium à Natanz et un réacteur à eau lourde à Arak. On considère généralement que les informations ont été transmises au MEK par les services secrets israéliens.

Les réacteurs nucléaires et l’enrichissement de l’uranium ne sont pas interdits à l’Iran qui est signataire du Traité de Non prolifération nucléaire (TNP), mais le fait de ne pas révéler les travaux provoque alors l’envoi d’une mission d’enquête de l’AIEA et une surveillance plus rapprochée.  L’Iran insiste sur le caractère pacifique de ses activités mais se trouve mise en défaut par rapport à ses engagements envers l’AIEA qui l’accuse de « procédures de dissimulation.»

2004: Colin Powell, alors Secrétaire d’Etat, dit à des journalistes que l’Iran a travaillé sur la technologie pour placer une ogive nucléaire sur un missile. « Nous parlons d’une information qui non seulement dit qu’ils ont des missiles mais qui suggère qu’ils travaillent d’arrache-pied pour associer les deux, {le missile et la charge atomique] » affirmait-il.

2005: Les Etats Unis présentent un millier de pages de schémas et d’autres documents dont ils prétendent qu’ils ont été extraits d’un ordinateur portable en Iran l’année précédente et dont on dit qu’ils traitent en détail de tests d’explosifs super puissants et de têtes de missiles aptes à recevoir une charge nucléaire. Ces « supposées études », comme on les a appelées depuis, sont rejetées par l’Iran comme fabriquées par des services secrets hostiles.

6. On calme le jeu avec l’évaluation [estimate]: 2006-2009

2006: Les tambours de la guerre accélèrent leur rythme après la citation par Seymour Hersh du New Yorker de sources US qui disent qu’une frappe contre l’Iran est tout sauf inévitable et qu’il existe des plans pour utiliser des armes nucléaires tactiques contre les sites iraniens souterrains.

2007: Le président Bush avertit qu’un Iran dote de l’arme nucléaire pourrait déboucher sur une “troisième guerre mondiale.” Le vice président Dick Cheney avait prévenu auparavant de «conséquences graves»  sir l’Iran ne renonce pas à son programme nucléaire.

2007: Un mois plus tard, une évaluation non classifiée des services de renseignements nationaux (National Intelligence Estimate, NIE) prête à controverse parce qu’elle juge avec un « niveau de confiance élevé » que l’Iran a abandonné son programme d’armement nucléaire à l’automne 2003.

Le rapport, qui visait à synthétiser les informations provenant des 16 services d’espionnage des Etats Unis met sens dessus dessous des dizaines d’années de postulats posés par Washington. Le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad qualifie le rapport de « victoire pour la nation iranienne.» Le rédacteur en chef d’un journal iranien dit au Christian Science Monitor, « Les conservateurs … sentent que le risque de guerre contre eux a disparu. »

Juin 2008: John Bolton, alors ambassadeur US aux Nations Unies, prédit qu’Israël attaquera l’Iran avant janvier 2009, pour profiter de l’espace laissé avant la prise de fonctions du prochain président des Etats Unis.

Mai 2009: Le rapport de la commission sénatoriale des affaires étrangères déclare : « Il n’y a aucun indice que les dirigeants Iraniens ont ordonné la conception d’une bombe. »

7. L’échéance à un an établie par Israël démentie par les faits: 2010-2011

Malgré les rapports et les évaluations qui disent le contraire, Israël et de nombreux responsables US continuent à poser que l’Iran est décidé à avoir des armes nucléaires le plus vite possible.

Août 2010. Un article de Jefffey Goldberg dans le numéro de septembre de The Atlantic est publié sur le web et présente le scenario qu’Israël choisirait pour lancer une attaque unilatérale contre l’Iran avec une centaine d’avions, « parce qu’un Iran nucléaire pose la plus grande menace depuis Hitler pour la survie physique du peuple juif.»

S’appuyant sur des entretiens avec “environ quarante décideurs Israéliens passés et présents, à propos d’une frappe militaire’ ainsi qu’avec des responsables Américains et Arabes, M. Goldberg prédit le lancement d’une frappe vers juillet 2011. L’article rappelle des frappes précédentes sur des sites nucléaires en Irak et en Syrie et cite le premier ministre Israélien qui déclare : « On ne veut pas d’un culte messianique et apocalyptique doté de bombes atomiques. Quand un croyant inconditionnel a la main sur  les rênes du pouvoir et des armes de destruction massive, alors le monde devrait commencer à se faire du souci et c’est ce qui se passe en Iran. »

2010: Des officiels US constatent que le programme nucléaire de l’Iran a été ralenti par quatre jeux de sanctions du Conseil de Sécurité de l’ONU et par une série de mesures adoptées par les Etats unis et l’Union Européenne. Le virus informatique Stuxnet a aussi fait des dégâts en 2011 sur les milliers de centrifugeuses qui enrichissent l’uranium.

Janvier 2011:  Quand Meir Dagan démissionne du poste de directeur du Mossad, les services secrets israéliens, il dit que les Iraniens ne seront pas capables de produire une arme nucléaire avant 2015. « Israël ne devrait pas se précipiter pour attaquer l’Iran, et ne le faire que quant elle aura le couteau sous la gorge, » avertissait M. Dagan. Il a dit ensuite qu’une attaque contre l’Iran serait une « idée stupide.  Israël se trouverait devant une situation régionale impossible.»

Janvier 2011: Un rapport de la Federation of American Scientists sur l’enrichissement de l’uranium en Iran affirme qu’il est « hors de question » que Téhéran dispose déjà de la capacité technique à fabriquer un engin nucléaire « rudimentaire.’

Février 2011: Le directeur national du renseignement James Clapper affirme en témoignant devant le Congrès que « l’Iran maintient l’option du développement d’armes nucléaires en partie par le développement de diverses capacités nucléaires et en se mettant en meilleure position de produire de telles armes si elle en décidait ainsi. » M. Clapper déclare, « Nous ne savons cependant pas su l’Iran décidera finalement de produire des armes nucléaires. »

Novembre 2011: L’AIEA affirme pour la première fois que l’Iran travaille depuis des années  sur des activités en relation avec le militaire, publiant des informations détaillées basées sur plus de 1000 pages de documentation technique dont elle dit qu’elle est corroborée par les données de dix Etats membres et ses propres entretiens et investigations.


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