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La Syrie victime de l’amour wahhabite

20 mai 2013

Ce n’est pas un sujet vraiment abordé par la presse française. C’est sans doute pour cette raison qu’on n’entend pas ces féministes officielles, si promptes à plaider le droit des femmes en Afghanistan ou même en Russie (cas des ‘pussy riot’) pour justifier l’ingérence étrangère.

Or, dans les difficultés que subissent les Syriens, il y a ce drame particulier que vivent des jeunes filles poussées par la misère à épouser de riches ressortissants des pays du Golfe, toujours beaucoup plus âgés qu’elles, voire franchement vieux.

Il s’agit d’une forme d’exploitation qu’on peut assimiler à de la prostitution même si elle se fait en principe avec le consentement des jeunes filles et de leurs familles et avec l’imprimatur de « religieux » dûment stipendiés.

Et pourquoi n’en parle-t-on pas ?

Simplement parce que ces agissements ne sont pas du fait du gouvernement syrien, ni même des horribles shabiha, ces miliciens pro Assad à côté desquels les membres de la SS font figure de doux agneaux, mais de réseaux qui agissent parmi les réfugiés Syriens pour une clientèle qui vient de ces pays qui s’impatientent de voir la démocratie fleurir en Syrie.

En attendant, ces mécènes cueillent d’autres fleurs…

 

Adolescentes vendues, les oubliées de l’exil syrien

Dans la misère, des familles de réfugiés en Jordanie marient leurs filles pour de l’argent à de riches Saoudiens

Ces mariages qui impliquent des filles mineures se terminent généralement rapidement par un divorce

Par David Alandete à Ammán, El Pais (Espagne) 19 mai 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri 

Dégoûtée et sans le vouloir en réalité Rim s’est mariée à l’âge de 16 ans le 6 février avec un Saoudien de 70 ans qui avait versé un peu d’argent à sa famille pour le mariage. Entre les larmes, son seul soulagement était que son mari se lasserait bientôt d’elle, et la répudierait en demandant le divorce. C’est qui s’est passé, après deux mois de vie commune. L’annulation du mariage est tombée par téléphone, et elle n’a même pas eu besoin d’être présente. Elle est rentrée libre auprès de sa famille. Mais pas pour longtemps. Elle est maintenant demandée par un autre Saoudien,  de 47 ans celui là qui est prêt aussi  à payer. Elle espère répéter ce cycle, ne voulant pas être mariée à des hommes très âgés. Mais elle le fait, dit-elle, avec résignation, pour que sa famille puisse payer le loyer et acheter de la nourriture. Ce sont des réfugiés Syriens en Jordanie, après avoir fui une guerre qui dure depuis plus de deux ans et a déplacé 1,5 millions de personnes . Beaucoup d’entre eux sont dans la misère. 

La Jordanie est le pays qui accueille le plus de réfugiés Syriens, 532 000. Parmi eux, 382 400 vivent hors des camps de réfugiés, hôtes gênants dans un pays qui a ses propres problèmes économiques et est incapable de les absorber et de les intégrer dans sa société. La Jordanie ne peut pas leur donner de permis de travail parce que le chômage dans le pays atteint déjà les 12,8 %. En situation de nécessité, de nombreuses familles syriennes se sont retrouvées poussées à des pratiques qui seraient considérées dans les pays occidentaux comme proches de la traite des mineurs ou de la prostitution. Et même si dans des cas comme celui de Rim il existe un acte de mariage, délivré par un religieux, qui dans certains cas peut être valable du point de vue religieux, cet acte n’a aucune valeur juridique pour les autorités jordaniennes. 

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Les réfugiés Syriens se répartissent pour l’essentiel sur le territoire de la Grande Syrie

«Mon ex-mari ne me plaisait pas, je ne le nie pas,» dit Rim qui préfère ne pas faire connaître son nom de famille. Couverte du voile islamique, elle semble beaucoup plus jeune qu’elle ne le dit. Elle espère un jour retourner en Syrie et se marier avec son cousin, un jeune de 22 ans qui vit à Homs. «J’ai dû me sacrifier pour aider ma famille. Mon frère est petit, il a besoin de nourriture infantile et de couches.» Elle assure que son ex-mari l’a bien traitée pendant les six premières semaines de leur mariage. «Il disait qu’il m’aimait, que nous étions mariés pour toujours,» se souvient-elle sans cacher son dégoût. Puis elle a refusé d’obéir à certaines de ses demandes sexuelles. «Alors il s’est lassé. Il a commencé à me crier après. Il me frappait. Finalement, il a appelé ma famille pour qu’elle me reprenne et il est reparti en Arabie Saoudite, à Djeddah,» dit-elle. Pour le divorce, il a rencontré le religieux et tous deux ont informé Rim par téléphone qu’elle était libre. 

Le cas de Rim n’est pas exceptionnel à Amman. C’est par une de ses connaissances qui avait connu le sort qu’elle était allée trouver la marieuse qui a arrangé son mariage. Sa famiile avait besoin d’argent, et vite. En Syrie, son père avait rejoint l’Armée Syrienne Libre (ASL) pour lutter contre le régime de bachar al-Assad, mais il a été blessé. Il y a neuf mois, après la destruction de leur maison dans une attaque, il a décidé de quitter Homs où il habitait pour aller en Jordanie avec sa femme et ses quatre enfants de deux à seize ans. L’x mari de Rim avait promis à la famille 2 000 dinars (2 200 euros) pour se marier avec elle, mais il n’a finalement payé que la moitié.

 «C’est très triste. Je n’aurais jamais imaginé devoir faire ça. Ce n’est pas ce que je voulais pour ma fille,» dit la mère, Qamar, âgée de 36 ans. «Je veux toujours qu’elle épouse son cousin, qu’elle ait de véritables noces avec une robe blanche. Mais la vie ici est misérable. Nous devons de l’argent au propriétaire et au supermarché. Nous ne pouvons pas travailler. C’est douloureux. Chaque nuit, son père et moi, nous pleurons. Ça fait deux semaines maintenant que nous songeons à rentrer en Syrie, mais ça nous fait peur.» Qamar a essayé de gagner un peu d’argent en préparant et en vendant de la nourriture chez elle, mais elle dit que ce commerce ne marche pas parce qu’elle doit s’occuper de son mari et du plus petit de ses enfants. A ce jour, Rim est la seule source de revenus pour la maisonnée. 

Il y a déjà 1,5 million de personnes déplacées par le conflit syrien [sans compter les déplacés de l’intérieur, NdT]. La Jordanie est le pays qui a accueilli le plus de réfugiés mais la pression sociale de cette diaspora menace d’ébranler le pays. En Jordanie, l’âge légal du mariage est à 18 ans..

Dans le jargon des marieuses, les riches époux du Golfe Persique sont appelés des «donateurs .» C’est ainsi qu’en parle Hala Ali, 27 ans, elle aussi réfugiés Syrienne à Amman. Divorcée et mère de trois enfants, elle touche 50 dinars pour présenter les jeunes filles aux «donateurs.» Si finalement il y a mariage, elle empoche 400 dinars. Variable selon l’âge et le physique, le prix que touche une famille pour une épouse vierge peut aller jusqu’à 7 000 dinars. Les divorcées se dévaluent dans ce marché et atteignent au maximum 4 000 dinars.

«Les ‘donateurs’ disent qu’ils veulent aider la population syrienne et ils offrent de l’argent. Ce qu’ils exigent, c’est une fiancée, [‘novia’ qu’on peut aussi traduire par petite amie]» dit sarcastiquement cette marieuse.  Elle soutient qu’en Syrie, il est possible et même normal de marier des filles à partir de 13 ans avec l’accord de la famille ou du tribunal. «Ces filles se marient  avec un acte de mariage et ne deviennent  donc pas des prostituées. Elles obtiennent ainsi de l’argent et payent le loyer,» dit-elle. Mais ces mariages se font en Jordanie où l’âge légal est de 18 ans. Et les parties contractantes savent que le divorce est juste au tournant. « Qu’est-ce- que j’en sais ? Ce n’est pas de ma responsabilité. Je mets en contact l’épouse et l’époux. Et ce n’est pas légal ? Si les deux parties sont consentantes ! Et d’ailleurs, est-ce que c’est légal ce qui nous est arrivé en Syrie ?» 

Les autorités jordaniennes sont récemment allées devant le Conseil de Sécurité de l’ONU pour exposer le problème que posent ces réfugiés à sa population de 6,1 millions d’âmes. Ils apportent avec eux des problèmes de santé publique, comme de nouvelles poussées de tuberculose et, comme dans le cas présenté, les pratiques répréhensibles et gênantes. « Dans de telles situations en Jordanie, quelqu’un doit déposer plainte pour que l’Etat puisse agir,» explique Anmar Al Hmoud, coordonnateur du comité spécial du gouvernement jordanien pour les réfugiés Syriens. «Ce dont on a vraiment besoin ici, c’est d’une solution pacifique au conflit en Syrie pour que ces gens puissent finalement regagner leurs foyers,» ajoute-t-il.

Cette solution semble cependant s’éloigner de plus en plus chaque jour, avec des informations sur la violence et la mort qui arrivent chaque jour de Homs et du reste de la Syrie. En deux ans et deux mois de guerre, on compté déjà plus de 80 000 morts. Le pays est saigné par les affrontements et l’exode massif. «Cela ne se terminera que si Bachar tombe,» déclare Qamar, la mère de Rim. «Nous rentrerons alors dans notre pays même si c’est pour vivre dans les décombres» 

L’ambassade de Libye à Amman attaquée!

16 juillet 2012

Ces gens ne savent pas que leur pays a été ruiné par ceux-là mêmes qui, avec Bernard-Botul-Henri Lévy les ont fait passer pour des révolutionnaires.

AMBASSADE DE LIBYE À AMMAN
Attaquée par des Libyens
L’Expression (Algérie) Lundi 16 Juillet 2012 –
La police anti-émeutes jordanienne a fait usage de gaz lacrymogènes hier pour disperser quelque 200 Libyens en colère, qui avaient attaqué leur ambassade à Amman, en exigeant que leur gouvernement paie leurs dépenses médicales, selon un journaliste de l’AFP sur place. «Environ 200 Libyens se sont rassemblés dans la matinée devant l’ambassade libyenne à Amman pour exiger que leur gouvernement paie leurs dépenses médicales», a expliqué la police dans un communiqué. «Des responsables de l’ambassade ont refusé de les rencontrer. Ils ont alors commencé à jeter des pierres sur l’ambassade, sur d’autres bâtiments et sur des voitures dans le secteur», a-t-elle ajouté. «Quand la police a essayé de les convaincre de ne pas entrer de force dans l’ambassade, ils ont attaqué les policiers», a poursuivi le communiqué, en précisant que les forces de l’ordre avaient dû faire «un usage approprié de la force pour les arrêter». Après la chute du régime de Mouamar El Gueddafi, des dizaines de milliers de Libyens sont venus en Jordanie se faire soigner, dans le cadre d’une convention signée en novembre mais qui a parfois fait l’objet d’abus. Désormais, les hôpitaux et les hôtels jordaniens réclament plus de 200 millions de dollars à la Libye d’arriérés de factures. Mercredi, quelque 140 ex-rebelles libyens avaient été arrêtés après avoir mis le feu à un centre de sports de l’académie de police d’Amman où ils
recevaient une formation, «parce que leur vol retour sur Libyan Airlines avait été retardé», selon un responsable de la sécurité

Crise syrienne: la montée du mécontentement en Turquie

14 avril 2012

Apparemment le mécontentement monte en Turquie contre la politique syrienne menée par le gouvernement actuel. Ce mécontentement est exprimé publiquement par l’opposition au pouvoir actuel mais il est aussi le fait des milieux d’affaires qui s’inquiètent des conséquences directes et indirectes sur leurs activités commerciales qui résultent des sanctions contre la Syrie adoptées par leur gouvernement.

Le papier que je vous propose a été écrit par Güven Sak, un professeur de sciences économiques qui n’a rien d’un anti-occidental primaire puisqu’il contribue aux débats de l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique), institution phare du monde capitaliste et qu’il semble avoir joué un certain rôle dans le processus (inachevé) d’admission de son pays dans l’Union Européenne (UE)

L'économiste Güven Sak

Güven Sak relève un des éléments très importants pour comprendre l’ampleur des  problèmes posés par la politique de MM. Erdogan et Davutoglu.

Le premier est que la Turquie est le seul pays de lé région à avoir adopté les mesures de sanctions décidées par les Etats Unis et l’Union Européenne.

Le deuxième est que les sanctions contre la Syrie pénalisent l’activité économique turque notamment dans sa relation avec un espacé géopolitique qui était en train d’acquérir une importance considérable pour la Turquie.

Or, les choix du gouvernement se sont faits pour satisfaire un ensemble géopolitique, l’Union Européenne, dont la part dans les échanges commerciaux turcs tend à baisser et qui refuse toujours d’intégrer la Turquie. Ce que relève subtilement l’auteur de l’article qui évoque l’accord douanier unique en son genre qui lie la Turquie et l’UE.

Au nom de l’UE et de l’OTAN, l’attitude du gouvernement turc, aussi bien vis-à-vis de la Syrie que de l’Iran,  contribue par contre à fragmenter un espace qu’au contraire il aurait eu tout intérêt à unifier par le dynamisme économique de son pays.

Si la Syrie est durement touchée par les sanctions économiques, c’est aussi le cas des entreprises et les travailleurs Turcs qui s’en souviendront peut-être au moment des prochaines élections.

La crise syrienne est mauvaise pour les affaires

par Güven Sak, Hurriyet (Turquie) 14 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

La Turquie a été un des premiers pays à se conformer aux sanctions contre la Syrie, et a été le seul voisin de la Syrie à le faire. L’Irak, le Liban et la Jordanie ont choisi de rester neutres. Ces trois pays sont d’importants partenaires commerciaux de la Syrie, mais là encore, c’est aussi le cas de la Turquie.

C’est ce nouveau que réside le mécontentement devant la décision di gouvernement Erdogan d’appliquer les sanctions:  de nombreuses provinces qui exportent en Syrie se retrouvent en grave difficulté économique. Gaziantep et Hatay sont les deux plus affectées. Les sanctions contre la Syrie sont-elles un mauvais coup pour l’économie syrienne ? Oui, mais elles sont aussi mauvaises pour l’économie turque. Ce n’est dons pas seulement la résistance de l’économie syrienne qui est soumise à un test de résistance ici, mais également la patience et l’endurance de la communauté d’affaires turque.

Le plus important partenaire commercial de la Turquie est l’Union Européenne, et nous sommes le seul pays candidat à l’accession à avoir signé un accord douanier avant l’adhésion. Les exportations de la Turquie vers l’Union Européenne  ont reçu un coup sévère au début de la crise de 2008. La moindre recherche de qualité en Europe tend à avoir un impact négatif sur les performances de la Turquie à l’export. Ce qui a amené à une nouvelle augmentation de la part déjà croissante du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) comme débouchés des exportations turques. Alors que la région MENA absorbait seulement 9 % des exportations turques dans les années 1980, cette part est passée à 27 % aujourd’hui, avec une baisse en proportion de la part de l’UE comme débouché des exportations. Cette augmentation a commencé avec l’invasion de l’Irak par les Etats Unis qui a introduit de l’argent venu de l’étranger et provoqué un boom de la demande, ouvrant ainsi la porte aux marchandises turques. Maintenant, les troubles en Syrie menacent de refermer cette porte, pour un temps du moins.

Pourquoi un mécontentement en Turquie contre la décision prise au sujet de la Syrie ? Un regard sur le rythme de la création d’emplois dans les provinces turques après la crise mondiale peut apporter une réponse. La création d’emploi est positive en Anatolie Centrale et dans les provinces du sud-est, mais négative sur les côtes occidentales. Les provinces qui avaient une part plus importante d’exportations vers la région MENA avaient un bilan positif en termes de créations d’emplois. Le basculement de l’orientation de nos exportations vers la région MENA a été un impératif du processus de relance de la production en Turquie. Avec une crise en Europe qui attend toujours sa solution, le «Réveil Arabe» dans l’incertitude et une crise peut-être de longue durée en Syrie, l’économie turque navigue dans des eaux agitées.

Je ne parle pas seulement de l’impact direct de la crise syrienne sur l’économie de la Turquie, c’est-à-dire du déclin du commerce bilatéral et du nombre de touristes Syriens à Gaziantep et à Hatay. Un commerçant Jordanien a expliqué à lé télévision les effets indirects. Il faut avoir à l’esprit que la Jordanie est un pays sans débouchés maritimes [hormis sur la mer Rouge par le port d’Akaba] pour lequel les routes terrestres sont de la plus haute importance «J’importais auparavant des textiles turcs via la Syrie, » disait-il, « il me fallait seulement quelques jours pour recevoir la marchandise. Maintenant, je dois faire transiter la marchandise par Akaba. Ce qui prend environ un mois.» Amman est à environ quatre heures de route d’Antakya. Il faut maintenant près d’un mois pour transporter des marchandises à Amman. Si vous étiez un chef d’entreprise avec un réseau de distribution en Jordanie, comment vous sentiriez-vous ?

L'enclavement de la Jordanie est aggravé par la présence d'une entité sioniste

La politique du zéro problème nous avait dit que la Turquie allait devenir le carrefour commercial de la région. Dans un monde où l’économie de marché n’existe pas, il faut être en bons termes avec les capitales étrangères pour pénétrer sur leurs marchés. Ce qui a un coût en période de transformation politique. Un processus sanglant de transition politique est en cours, et ce n’est certainement pas bon pour les affaires.


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