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La tuerie de la synagogue de Pittsburgh et les racines politiques des discours de haine aux Etats Unis

31 octobre 2018

Quelques jours nous séparent maintenant de la tuerie qui a été perpétré dans une synagogue de Pittsburgh aux Etats Unis. Robert Bowers, l’assaillant, tenant d’une idéologie d’extrême-droite, s’est rendu à la police après avoir été blessé mais non sans avoir auparavant assassiné 11 fidèles au simple motif qu’ils étaient juifs et que les Juifs, selon lui, sont une menace pour la survie de son propre peuple, c’est-à-dire les Américains blancs et chrétiens.

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Blessé, Robert D. Bowers a néanmoins pu être présenté à un juge

Les commentateurs, en France comme aux Etats Unis, n’ont pas tardé à mettre ce crime au compte de Donald Trump et de sa rhétorique xénophobe, voire antisémite (au sens d’anti-juive). Alors même que chacun sait que Donald Trump a un gendre de confession juive, que sa fille Ivanka s’est convertie au judaïsme et qu’elle-même et son mari jouent un rôle politique significatif notamment sur les questions relatives au Proche Orient.
Cet état de fait aurait dû amener les commentateurs à s’interroger sur la relation en quelque sorte « constructive » entre sionisme et antisémitisme.
Ce n’est cependant pas le cas car il est des couvercles qu’on se garde bien de soulever de peur qu’ils se referment sur ses doigts.

Le blogueur Moon of Alabama nous a proposé dès le lendemain des faits une lecture politique de ce  crime. Et Moon of Alabama nous montre que ce crime, tout abject qu’il soit, s’inscrit dans une logique profonde de la vie et du discours politiques aux Etats Unis, et pas seulement dans la mouvance dite Alt-Right (droite alternative) mais dans le discours des grands partis et de responsables politiques de premier plan. Hillary Clinton nous l’a rappelé à deux reprises, en 2016 et tout récemment.

A cet égard, Donald Trump ne déroge pas à la règle.

Ces exploitations de l’attentat de Pittsburgh se moquent des victimes

Moon of Alabama (USA) 28 octobre 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’attaque terroriste d’hier contre une synagogue de Pittsburgh a été commise par un homme aux opinions extrêmement anti-juives et anti-immigration. C’est la troisième attaque contre un lieu de culte en trois ans.

Comme les incidents précédents, c’est un crime odieux aux motivations ignominieuses.

Mais il y a peu de bonnes raisons de blâmer Trump pour cet incident. Il ne justifie pas non plus de prétendre faussement à un « antisémitisme accru ». L’exploiter pour une cause coloniale à caractère raciste revient à se moquer des victimes.

Le New York Times rapporte:

Armé d’un fusil d’assaut de type AR-15 et d’au moins trois armes de poing, un homme criant des insultes antisémites a ouvert le feu à l’intérieur d’une synagogue de Pittsburgh, tuant au moins 11 fidèles et en blessant deux autres ainsi que quatre policiers, ont annoncé les autorités.

L’assaillant, identifié par les responsables de la police comme répondant au nom de Robert D. Bowers, a tiré pendant plusieurs minutes et quittait la synagogue lorsque des agents, en tenue d’intervention et armés de fusils, l’ont rencontré à la porte. Selon la police, M. Bowers aurait échangé des coups de feu avec les policiers avant de se replier à l’intérieur et de se barricader dans une pièce au troisième étage. Il s’est finalement rendu.

En lisant entre les lignes, nous apprenons que le tueur n’est pas un musulman. Sinon, il aurait été qualifié de « terroriste ». Nous pouvons également conclure que le tueur était blanc. Sinon, la police l’aurait tué

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Fusil AR-15 est une déclinaison du M-16, fusil standard de l’armée américaine

Le meurtrier était extrêmement anti-juif. C’était un suprématiste blanc qui s’imaginait que les personnes de confession juive étaient à l’origine de tous les problèmes qu’il voyait :

Le suspect de la fusillade meurtrière dans une synagogue de Pittsburgh a déclaré aux policiers que les Juifs étaient en train de commettre un génocide et qu’il voulait qu’ils meurent tous, selon un document de l’accusation rendu public dans la matinée de dimanche.

Les fidèles « ont été brutalement assassinés par un homme armé qui les visait simplement en raison de leur confession « , a déclaré Bob Jones, responsable du bureau du FBI à Pittsburgh, qui a cependant averti que le mobile du tireur n’était pas encore entièrement connu.

Les publications de Robert Bowers sur les réseaux sociaux montrent que la raison immédiate de l’attaque contre la synagogue a été la cérémonie nationale de Shabbat organisée par la Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS – Société Hébraïque pour l’assistance aux immigrants) :

Quelques heures avant la fusillade du samedi matin, un nouveau message était publié à partir de son compte |sur les réseaux sociaux]: « HIAS aime faire venir des envahisseurs pour tuer notre peuple. Je ne peux pas rester assis et regarder mon peuple se faire massacrer. Fini de jouer [le tueur emploie l’expression « screw your optics » qu’on pourrait traduire par « bloquez vos FPS, le FPS étant le tireur virtuel qui est à la place du joueur dans un jeu vidéo, note de Djazaïri], j’y vais. »

HIAS est une organisation fondée il y a 137 ans par et pour les juifs qui fuyaient les pogroms en Russie. Elle assiste aujourd’hui tous les réfugiés. La haine de l’assassins pour HIAS, souligne la proximité idéologique des suprématistes blancs et des sionistes :

À l’extrême droite juive, la Zionist Organization of America a attaqué HIAS et d’autres organisations juives pour avoir fait pression pour l’admission de réfugiés syriens aux États-Unis et a accusé HIAS de le faire dans un but lucratif.

Le New York Times tente de relier l’incident à Trump :

 [L’agression] a également eu lieu à la suite de l’arrestation vendredi matin d’un homme qui, selon les autorités, aurait envoyé plus d’une douzaine de bombes artisanales à des détracteurs de M. Trump, dont plusieurs importantes personnalités démocrates.

Les bombes artisanales, qui n’auraient pu tuer personne, ont été envoyées de Floride par un paumé pro-Trump. Toutes  ce bombes ont été détectés avant d’atteindre leur cible.

Le tueur de Pittsburgh détestait Trump. Il mobilisait contre lui sur les réseaux sociaux en expliquant qu’il [Trump] était contrôlé par des Juifs. Il a écrit qu’il n’avait pas voté pour lui. Extrait de ses tweets archivés ( partie 1 , partie 2 ):

Trump est un mondialiste, pas un nationaliste. Il n’y a pas de #MAGA [Make America Great Again, rendre sa grandeur à l’Amérique, slogan de Trump] tant qu’il y a une infestation de kikes [péjoratif: Juifs, NdT].

Mais l’article du New York Times ignore la position anti-Trump du tueur. L’incident est ensuite imputé à la rhétorique de Trump:

L’émotion soulevée par le massacre de samedi a exacerbé le sentiment de malaise national face à une rhétorique politique de plus en plus hostile. Les détracteurs du président Trump ont fait valoir qu’il était en partie responsable des récents actes de violence parce qu’il avait excité la fibre nationaliste sur Twitter et lors de ses meetings, accusations que M. Trump a rejetées.

C’est ignorer que Trump recourt à la même rhétorique nationaliste qu’utilisent tous les présidents des Etats Unis :

Obama a déclaré sans équivoque à l’US Military Academy  l’année dernière: «Je crois en l’exceptionalisme américain avec toutes les fibres de mon être».

Pas plus que les positions anti-immigration ne sont particulières à Trump. C’est Obama qu’on appelait « l’expulseur en chef » :

Plus de 2,8 millions d’immigrants sans papiers ont été expulsés au cours des huit dernières années, [les deux mandats de M. Obama],…

Le nationalisme extrême et les positions anti-immigration sont aussi américains que la tarte aux pommes. La rhétorique hostile [à l’immigration aux Etats Unis n’est certainement pas le propre d’un seul camp. C’était Hillary Clinton qui parlait de citoyens comme de gens « minables » [elle avait décrit ainsi la moitié des électeurs de Trump caractérisés comme racistes, islamophobes, sexistes etc.] C’est seulement le style de Trump, pas ce qu’il dit, qui différencie sa manière « d’exciter » l’opinion de celle d’autres politiciens. Blâmer Trump pour cet incident est une tentative d’empêcher de prendre conscience de cela.

Le New York Times amalgame le mobile anti-immigration du tueur avec l’antisémitisme quand il cite les statistiques mensongères de l’ADL [Anti Defamation League, équivalent américain de la LICRA ] :

 [Le massacre] a eu lieu dans un climat d’inquiétude croissante à propos de l’immigration clandestine et dans une décennie qui a vu une augmentation des crimes de haine [hate crime: le hate crime va de la mauvaise blague raciste  à l’assassinat, NdT]. Selon le rapport annuel publié par l’Anti-Defamatiojn League plus tôt cette année, le nombre de signalements d’incidents antisémites aux Etats Unis a bondi de 57 % en 2017, la plus forte hausse en une seule année depuis que l’ADL a commencé à recenser ce genre de délits en 1979.

L’ADL ne recense pas « ce genre de délits », mais tout incident qu’elle perçoit comme étant du harcèlement, une menace ou « antisémite ». La forte augmentation dans les statistiques de 2017 de l’ADL n’a été constatée que parce que l’ADL a truqué les chiffres, comme l’ont relevé de manière critique d’autres organisations juives, en incluant les centaines de menace qu’un adolescent juif instable a faites contre des institutions juives :

L’augmentation présumée de l’antisémitisme selon l’ADL est une « histoire de requins« 

Un homme, américano-israélien, âgé de 19 ans a été reconnu coupable d’avoir proféré des centaines de menaces d’attentats à la bombe contre des centres communautaires juifs et des écoles juives aux États-Unis, ainsi que des compagnies aériennes.

Les fausses alertes visant les centres communautaires juifs et d’autres institutions juives au cours des trois premiers mois de 2017 ont provoqué de nombreuses évacuations et fait craindre une recrudescence de l’antisémitisme. Les parents et l’avocat de Kadar n’ont pas contesté son implication dans les menaces d’attentats à la bombe, mais ont affirmé pour sa défense qu’il souffrait d’une tumeur au cerveau et d’un faible QI.

Non seulement l’ADL truque ses chiffres , mais confond  ostensiblement la haine contre des personnes de confession juive et l’activisme antisioniste comme le Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) .

Kenneth Marcus du Centre Louis D. Brandeis pour les droits de l’homme a déclaré que certains signalements d’incidents antisémites « sont ce qu’on pourrait appeler des histoires de « requins », évoquant les les informations des médias sur des attaques de requins il y a quelques étés de cela. Beaucoup de gens, avait-il dit, craignaient que les attaques de requins se multiplient tandis que les experts cherchaient à en comprendre la raison. En fin de compte, il s’était avéré que ces attaques n’étaient pas du tout en augmentation – on en avait beaucoup plus parlé dans les médias parce que ces histoires de requins avaient attiré l’attention de rédacteurs en chef et de médias influents. »

Robert D. Bowers était actif sur les plateformes de réseaux sociaux Facebook et Gab , un service comparable à Twitter avec un minimum de censure. Il a posté et reposté beaucoup de calomnies anti-juives. Gab, qui est souvent utilisé par des personnes censurées ailleurs, a réagi immédiatement après l’incident. Il a archivé et fermé le compte et informé la police. Néanmoins, il a été immédiatement censuré. Paypal, qui servait à collecter les dons, a fermé son compte sans donner de raison particulière. Une telle réaction déraisonnable ne fera que renforcer le sentiment de persécution de l’extrême droite.

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Hommage aux victimes devant la synagogue de Pittsburgh

 

Le gouvernement israélien va envoyer son membre probablement le plus raciste, le ministre de l’Education, Naftali Bennet, exploiter cet incident pour sa colonisation de la Palestine. Bennet s’est vanté d’avoir tué des Arabes :

« J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie – et cela ne pose aucun problème. »

Il appelle les réfugiés qui sont venus en Israël « des infiltrés ». Il aurait applaudi le meurtrier si la cible avait été un autre groupe religieux :

Le ministre de l’Education, Naftali Bennett, a obtenu jeudi le soutien d’un important militant anti-immigration clandestine, après s’être engagé à bloquer le projet de régularisation de centaines d’infiltrés soudanais.

Jeudi, [..], le parti de du Foyer Juif, dirigé par le ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, a annoncé qu’il bloquerait l’application du plan du ministère de l’Intérieur visant à accorder des permis de séjour aux 300 Soudanais.

« Rien ne justifie d’absorber ces infiltrés en Israël. »

Israël s’est déclaré Etat d’apartheid . Son gouvernement a les mêmes opinions d’extrême droite contre les « autres » que l’assaillant de Pittsburgh. Comme lui, il confond les croyants juifs avec une race. Comme lui, il se mobilise contre l’immigration. Envoyer Bennet pour exploiter l’attaque terroriste, c’est se moquer de ses victimes.

Suite aux protestations, Starbucks renonce à confier à une officine sioniste le pilotage de sa formation contre le racisme

28 avril 2018

Vous avez sans doute entendu parler de cette histoire survenue dans un Starbucks de Philadelphie aux Etats Unis où deux clients afro-américains avaient été arrêtés alors qu’ils étaient attablés, sans consommation certes, mais depuis quelques minutes seulement, tout à fait tranquilles et sans donc causer de dérangement quelconque à personne.

Comme le remarquait une cliente qui a filmé la scène dans une vidéo qui a fait le buzz sur Internet:

« La police a été appelée parce que ces hommes n’avaient rien commandé. Ils attendaient un ami, qui est arrivé alors que ses amis étaient embarqués en menottes pour n’avoir rien fait. Tous les autres Blancs se demandent pourquoi ça ne nous est jamais arrivé quand on fait la même chose », écrit en commentaire son auteure, Melissa DePino.

Pour des raisons qui peuvent tenir à la mauvaise publicité que peut représenter ce genre d’incident, ou pour des raisons d’éthique pourquoi pas, la direction de Starbucks a non seulement présenté des excuses mais a aussi décidé de lancer un  plan de formation de son personnel sur le thème des préjugés racistes.

Une initiative largement saluée jusqu’à ce qu’on découvre que le pilotage de cette action avait été confié à l’Anti-Defamation League (ADL, équivalent de la LICRA aux Etats Unis], ce qui a fait grincer des dents toux*s ceux qui savent à quel point cette organisation, pour des raisons présentées dans l’article que je vous propose, est loin d’être qualifiée pour animer des sessions de formation contre le racisme.

Les associations antiracistes des Etats Unis ne sont pas restées les bras croisés et se sont mobilisées pour faire savoir leur mécontentement à la société Starbucks. La mobilisation a été suffisamment puissante pour amener Starbucks à rétrograder la place de l’ADL dans son action de formation et à en donner le pilotage à des organisations nettement plus qualifiées

 

Les protestations forcent Starbucks à écarter l’ADL de la formation contre le racisme

Après le tollé suscité par l’inclusion de l’Anti-Defamation League en tant que pilote de la formation anti-raciste de Starbucks, la chaîné de cafés a reculé, comme le rapporte Marjorie Cohn pour Consortium News.

par Marjorie Cohn  Special to Consortium News (USA) 28 avril 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

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Marjorie Cohn

Après qu’une vidéo de l’arrestation de deux hommes afro-américains assis dans un Starbucks sans avoir acheté de consommation soit devenue virale, Starbucks a programmé une formation anti-raciste. Mais leur inclusion de l’Anti-Defamation League dans la formation a provoqué un autre tollé et Starbucks a capitulé.

Le 12 avril, Rashon Nelson et Donte Robinson ont été arrêtés pour intrusion dans un Starbucks de Philadelphie. Un gérant avait appelé la police parce que les hommes, qui étaient au café depuis seulement quelques minutes, n’avaient rien acheté.

Melissa DePino, une cliente de Starbucks qui a enregistré la vidéo de l’arrestation qui est devenue virale sur les réseaux sociaux, a déclaré : « Ces gars-là n’ont jamais levé la voix. Ils n’ont rien fait d’agressif. . . J’étais assis près de là où ils se trouvaient. Tout près. Ils ne faisaient rien. Rien du tout. « 

Dans le but d’éviter un désastre en matière e relations publiques après que l’incident raciste soit devenu public, Starbucks a annoncé qu’il fermerait la plupart de ses 8 000 établissements le 29 mai pour une formation sur préjugés raciaux.

Mais, ajoutant l’insulte à l’injure, Starbucks avait fait appel à l’Anti-Defamation League (ADL), avec ses antécédents racistes notoires, en tant qu’intervenant principal dans la formation contre le racisme.

L’indignation de la communauté [afro-américaine] devant le rôle central de l’ADL dans la formation s’est manifestée rapidement et avec force. Starbucks a rétrogradé ADL à un rôle de consultant, et a nommé des représentants de trois importantes organisations de droits civiques dirigées par des afro-américains pour piloter la formation.

ADL: « Anti-Musulman, Anti-Palestinien, Anti-Noir et Anti-Activiste »

Après l’annonce initiale par Starbucks de la composition de ses formateurs à l’antiracisme, il y a eu une réaction négative très forte dans la communauté des droits civiques contre le rôle prédominant de l’ADL.

Tamika Mallory, co-présidente de la Marche des Femmes et de Black Lives Matter, a appelé au boycott de Starbucks. Mallory, une organisatrice de premier plan au niveau en faveur du contrôle des armes à feu, des droits des femmes, et contre les violences policières, est la lauréate 2018 du prix Coretta Scott King Legacy.

Tamika Mallory de la marche des Femmes

Mallory a tweeté que Starbucks « n’est pas sérieux quant à faire réaliser l’action par des personnes BLACK! ainsi qu’on le voit avec le rôle prédominant qu’il a donné à ADL, qui « s’attaque constamment aux personnes noires et basanées ».

Cat Brooks, cofondatrice de l’Anti Police-Terror Project, a déclaré qu’elle était d’accord avec Mallory. « Vous ne pouvez pas participer à une formation anti-préjugés quand vous soutenez ouvertement la colonisation raciste, oppressive et brutale de la Palestine. »

Linda Sarsour, également co-présidente de la Marche des Femmes, a écrit sur Facebook que l’ADL est «une organisation anti-arabe et anti-palestinienne qui colporte l’islamophobie et attaque les organisations et le militants musulmans en vue aux États-Unis et elle soutient/sponsorise les voyages de policiers qui vont suivre une entraînement avec l’armée israélienne. « 

Amer Zahr, comédien et activiste palestinien-américain, a grandi à Philadelphie. Zahr  nous a déclaré que l’ADL et l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) « étaient les architectes de l’industrie anti-arabe et anti-islamique en Amérique pendant les 50 à 60 dernières années. »

Zahr a affirmé que « accueillir des organisations comme ADL dans la famille des organisations de défense des droits civiques . . . est une vraie gifle pour les Palestiniens, les Arabes et les musulmans qui sont victimes de la rhétorique de l’ADL depuis des dizaines d’années. « 

Invité à réagir à la décision de Starbucks, un porte-parole de l’ADL que nous avons contacté a refusé de s’exprimer.

Espionner les gauchistes

ADL a été créé en 1913 « pour défendre les Juifs, et plus tard d’autres groupes minoritaires contre la discrimination », écrivait Robert I. Friedman en 1993. Elle mena la lutte contre le Ku Klux Klan et le parti nazi américain et soutint le mouvement des droits civiques dans les années 1960 Mais à la fin des années 1940, « l’ADL a espionné les gauchistes et les communistes, et a partagé des dossiers d’enquête avec le FBI et le comité de la Chambre des représentants sur les activités anti-américaines. L’ADL a basculé brusquement vers la droite sous l’administration Reagan, devenant un bastion du néoconservatisme. « 

En 1993, le procureur du district de San Francisco a publié 700 pages de documents qui impliquaient l’ADL dans une vaste opération d’espionnage contre des citoyens américains opposés à la politique israélienne en Cisjordanie occupée et à Gaza, et à l’apartheid en Afrique du Sud. L’ADL avait ensuite transmis ces informations au Mossad israélien et au renseignement sud-africain.

Les documents révélaient que l’ADL avait fourni des informations aux services secrets sud-africains peu avant l’assassinat de Chris Hani. Hani était un responsable de l’African National Congress, qui dirigeait la lutte contre l’apartheid, et était considéré comme le successeur de Nelson Mandela. Hani avait été tué peu de temps après son retour d’une tournée de conférences en Californie, où il avait été espionné par l’ADL.

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Chris Hani a été assassiné en 1993

Quinze associations de défense des droits civiques et sept individus avaient intenté un procès fédéral contre ADL en 1993 pour violation de leurs droits civiques et de leur vie privée en les espionnant. Six ans plus tard, le juge fédéral Richard Paez a émis une injonction interdisant de façon permanente à ADL d’espionner illégalement  des organisations  arabo-américaines et d’autres organisations de droits civiques.

Mais les activités haineuses de l’ADL continuent. La directrice exécutive de Jewish Voice for Peace (Voix Juive pour la Paix, JVP), Rebecca Vilkomerson, a déclaré dans un entretien avec Consortium News que l’ADL, qui se désigne elle-même comme organisation de défense des droits civiques, joue vraiment un rôle préjudiciable dans un certain nombre de communautés. Elle observe que l’ADL « promeut et est complice de campagnes anti-musulmans, anti-Noirs et anti-activistes. »

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Rebecca Vilkomerson de Jewish Voice for Peace

Vilkomerson a critiqué l’ADL pour avoir honoré le département de police de St. Louis un an après que ses agents eurent tué Michael Brown, un homme afro-américain non armé à Ferguson.

Arielle Klagsbrun du Jewish Voice for Peace de St. Louis explique : «Le camp de l’ADL est le camp de la police. En tant que personne dont les membres de la famille sont des survivants de l’holocauste, les leçons que je tiré de l’holocauste pour aujourd’hui sont que les vies noires comptent et que nous devons nous opposer au racisme systémique. « 

Soffiyah Elijah, directrice exécutive de l’Alliance of Families for Justice, a déclaré dans une interview que si l’on élaborait un programme de formation contre l’antisémitisme, « vous n’iriez pas à la NAACP, National Association for the Advancement of Colored People, [association nationale pour la promotion des gens de couleur] pour une formation de sensibilisation ». , J’ai trouvé que[l’inclusion de ADL] c’était une insulte de plus ».

Vilkomerson qualifie l’ADL « d’un des plus grands pourvoyeurs » d’échanges entre les forces de l’ordre israéliennes et américaines, avec la police américaine qui se rend en Israël pour apprendre les méthodes de « contre-terrorisme » à appliquer ici. Cela englobe «le profilage racial, l’espionnage, la surveillance de masse et les châtiments collectifs».

Mais « la police étatsunienne n’a pas vraiment besoin de leçons de racisme, » ajoute Wilkomerson.

Starbucks recule après une réaction anti-ADL

JVP a fait circuler une pétition contre l’inclusion de l’ADL, qui a recueilli 11 000 signatures en 72 heures. Selon Vilkomerson, « l’énorme déferlement » sur Twitter d’opposition au rôle central initialement prévu pour l’ADL dans la formation sur le racisme et la « semaine de mise sous pression » y compris la pétition de JVP, ont amené Starbucks à reculer.

Starbucks a publié une déclaration dans laquelle figurent les noms de ceux qui vont diriger la formation contre le racisme : Bryan Stevenson, fondateur et directeur exécutif de Equal Justice Initiative; Sherrilyn Ifill, présidente et directrice-conseil du Fonds de défense et d’éducation juridiques de la NAACP; et Heather McGhee, présidente de Demos, une organisation de défense des droits civiques.

Les trois dirigeants «donneront des aviss, des conseils, feront le lien avec d’autres experts et feront des recommandations à Starbucks pour la formation du 29 mai, qui lancera l’action en plusieurs phases de l’entreprise».

Starbucks a annonvé qu’il « consultera également un éventail d’organisations et d’experts des droits civiques – y compris l’Anti-Defamation League, le Leadership on Civil and Human Rights, UnidosUS, Muslim Advocates, et des représentants d’associations LGBTQ, d’organisations religieuses, de personnes handicapées , et autres. »

Le directeur adjoint de JVP, Ari Wohlfeiler, a déclaré dans un communiqué de presse :

Starbucks ne le dira jamais publiquement, mais à cause du tollé général suscité par la position résolument pro-israélienne de l’ADL, son refus de condamner la violence policière, son islamophobie persistante et la convergence de toutes ces positions rétrogrades pour faciliter activement les programmes d’échanges entre les polices américaine et israélienne, Starbucks n’avait pas d’autre choix que de la mettre en retrait.

C’était un « excellent résultat », a déclaré Vilkomerson

Marjorie Cohn est professeure émérite à la faculté de droit Thomas Jefferson, ancienne présidente de l’ordre national des avocats, secrétaire générale adjointe de l’Association internationale des juristes démocrates.

 

Les temps changent: une responsable démocrate californienne se permet d’exprimer son mépris pour feu Elie Wiesel

13 juillet 2016

Contrairement à ce qu’on pourrait croire à la lecture de la plupart des journaux, le concert de louanges pour saluer la mémoire d’Elie Wiesel n’a pas été unanime, et cette absence d’unanimité n’est pas propre au monde musulman.

Je vous en livre ici un exemple avec la réaction d’une dirigeante locale du Parti démocrate aux Etats unis.

L’attitude de cette personne est intéressante non seulement par les réactions de protestation qu’elle a suscité chez les représentants du lobby sioniste en Californie, mais surtout par le fait que les instances de son parti ont renoncé à toute mesure disciplinaire ou simple admonestation.

 Au motif qu’elle s’est exprimée à titre personnel. Une mansuétude qui est sans doute aussi signe de plus que les temps changent, lentement mais sûrement, pour le lobby sioniste ; et pas en sa faveur.

Une leader démocrate de Los Angeles sous le feu des critiques après ses propos sur le survivant de l’holocauste Elie Wiesel

par Dakota Smith, Los Angeles Daily News (USA) 6 juillet 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’Anti-Defamation League (ADL, équivalent de la LICRA) élève la voix au sujet d’un email envoyé par une responsable locale du Parti Démocrate dans lequel elle critique Elie Wiesel, le survivant de l’holocauste et lauréat du prix Nobel de la paix qui est mort le 2 juillet.

Dorothy Reik, présidente des Démocrates Progressistes de Santa Monica Mountains et déléguée élue pour le Los Angeles County Democratic party a mis en colère certaines organisations avec son email dans lequel elle tient des propos désobligeants sur Wiesel après son décès.

Dorothy Reik

Dorothy Reik

« J’ai rencontré des gens qui ont fait de l’holocauste leur source de revenus mais jamais au même niveau que l’a fait Wiesel, » a écrit Reik. Elle reprenait aussi dans son email un incident dans lequel une autre personne avait qualifié Wiesel de « p….n de l’holocauste »

Reik, qui est juive, a écrit dans l’email que son opinion ne reflétait pas le point de vue des Progressive Democrats de Santa Monica Mountains et elle a reconnu que la plupart de ses amis et partenaires sne seraient pas d’accord avec elle.

Amanda Susskind, la directrice de l’ADL pour la région Pacifique Sud-Ouest, a posté l’email de Reik sur le site web de l’ADL-Los Angeles. « Alors que le monde entier pleure la mort du lauréat du Nobel et survivant de l’holocauste Elie Wiesel – souvent surnommé la conscience du monde – il est particulièrement inquiétant de voir cette responsable démocrate partager ces mots perfides, même quand ils sont exprimés au titre d’opinion personnelle, » écrit Susskind.

Wiesel, auteur de « La Nuit » est décédé à New York à l’âge de 87 ans. Sa mort a été suivie de nombreuses manifestations d’émotion de la part de dirigeants du monde entier et de politiciens locaux dont Eric Garcetti, le maire de Los Angeles.

Le journaliste Max Blumenthal a écrit un article lundi dernier pour Alternet dans lequel il critique Wiesel pour avoir accepté de donner des conférences moyennant des cachets très élevés payés par des personnalités controversées [des antisémites notoires, NdT] et ne pas avoir pris position en faveur de populations opprimées. Reik avait inclus un lien vers cet article dans son email.

Contactée à son domicile mercredi, Reik a déclaré, « Je m’excuse si j’ai offensé quelqu’un. »

Eric Bauman, président du Parti Démocrate pour le Comté de Los Angeles et vice-président du Parti démocrate californien a déclaré que Reik avait cité un terme utilisé par quelqu’un d’autre et qu’elle exprimait une opinion personnelle.

« Je considère cependant qu’une telle déclaration reflète négativement l’image d’une dirigeante du Parti Démocrate, » a déclaré Bauman dans une interview mercredi. « Il ne semble pas que nous ayons l’autorité pour entreprendre une quelconque action dans la mesure où cela a été fait à titre personnel. »

Estee Chandler, présidente de la section de Los Angeles de Jewish Voice for Peace a qualifié Wiesel d’homme « compliqué ». Il était un « témoin à la morale prophétique qui implorait le monde de ne pas rester silencieux face à l’oppression, » a observé Chandler.

Mais il s’est aussi « abstenu de parler de la même façon des droits des Palestiniens et contre les discours anti-musulmans et l’islamophobie, » a-t-elle dit.

Chandler n’a pas souhaité commenter l’email de Reik.

Etats Unis: racisme, sionisme et militarisation de la police

4 décembre 2014

Les violences policières qui ont coûté la vie récemment à deux jeunes membre de la communauté noire des Etats Unis (dont un enfant de douze ans) ont été à l’origine de nombreuses manifestations de protestation aux Etats Unis, et même ailleurs, ainsi que de nombreux commentaires dans la presse.

L’affaire la plus significative reste pourtant celle de Ferguson, une petite ville du Missouri qui s’est retrouvée en état de siège avec l’intervention de la Garde Nationale, c’est-à-dire de l’armée.

Ces événements sont les plus médiatisés de toute une série de violences policières qui correspondent à de nouvelles formes d’action policière apparues depuis le 11 septembre 2001 et la militarisation croissante des forces police.

Les forces de police américaines tendent à acquérir de plus en plus d'équipements militaires comme ce véhicule blindé

Les forces de police américaines tendent à acquérir de plus en plus d’équipements militaires comme ce véhicule blindé

C’est que la lutte contre le terrorisme se fait aussi sur le front intérieur et entre naturellement en résonance avec les lignes de fracture propres aux Etats Unis, c’est-à-dire les questions de classe et celles de race, les deux étant évidemment liées.

Tous ces aspects du problème de l’action policière sont généralement bien notés par les observateurs, même s’ils manquent le plus souvent d’insister sur cette particularité de la guerre globale contre le terrorisme qu’est l’implication de l’existence d’un ennemi intérieur. Cet ennemi intérieur qui n’est pas clairement désigné est logiquement le Musulman, le problème étant cependant que le Musulman est bien souvent une abstraction aux Etats Unis. Ce qui n’est pas le cas des Afro-Américains autour desquels persistent les tensions que l’on sait.

L’Afro-Américain est donc un des visages de l’ennemi intérieur contre lequel les forces de police se sont préparées avec l’aide de spécialistes en la matière.

Des spécialistes qui ne sont autres que les services de sécurité, police et armée, de l’entité sioniste pour qui le Palestinien est l’ennemi sans droits et par définition hors-la-loi. Les pauvres et les Afro-Américains ont en quelque sorte vocation à être traités comme des Palestiniens, sinon on ne voit pas bien en quoi l’expérience de la police et de l’armée de l’entité sioniste pourrait être d’une quelconque utilité à un pays qui traite tous ses citoyens sur un pied d’égalité.

Il est somme toute logique que cette coopération policière à tonalité coloniale se fasse avec le parrainage actif de l’Anti-Defamation League, une importante association sioniste qui, comme son équivalent français (la LICRA) est supposée lutter contre l’intolérance et la xénophobie.

Il est par contre étonnant que des initiatives privées puissent être amenées à définir des contenus de formation des forces de l’ordre et, par contre coup, des aspects de la politique sécuritaire d’une nation.

L’Anti Defamation League crée une liste noire des organisations qui lient Ferguson à la Palestine

par Cecilie Surasky, MuzzleWatch (USA) 1er décembre 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Wow. L’ADL considère la photo ci-dessous comme étant un message de haine

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Abe Foxman, dont le salaire annuel de 688 000 dollars fait de lui le plus surpayé des lobbyistes pro-israéliens du pays, s’est récemment couvert de honte (une fois encore) en publiant un communiqué de presse pour faire la leçon à la vedette de la NFL (ligue de football américain) Reggie Bush sur son compte tweeter – Bush avait osé comparer Ferguson et Gaza.

Mais il y a pire.

L’Anti-Defamation League qui se sert de sa réputation dans la lutte contre l’intolérance pour faire taire ceux qui critiquent le gouvernement israélien en matière de droits de l’homme (perpétuant de la sorte l’intolérance et même pire), a publié une liste noire de facto des organisations qui ont osé lier Ferguson à la Palestine.

Je veux dire, qu’est-ce que la militarisation des forces de police américaines et les meurtres impunis de personnes de couleur non armées peuvent bien avoir à faire avec la Palestine ? Selon l’ADL, oser établir une relation est au mieux purement cynique, au pire une forme de haine [religieuse, raciale, NdT).

Mais voilà où l’ADL obtient la médaille de la chutzpah (culot en yiddish) : distingués pour être désignés particulièrement à l’opprobre sont ceux qui lient ce qui se passe à Ferguson avec l’entraînement de la police en Israël. L’ADLrappelle à l’ordre l’inimitable Trita Parsi, président du National Iranian American Council (NIAC), pour ce tweet :

« Vous demandez pourquoi la violence policière excessive ? Voilà une hypothèse : #le chef de la police de Ferguson a reçu un entraînement en Israël…#Gaza »

Capture d ‘écran du 1er décembre 2014 à 19h30 Ils rappellent aussi quelqu’un à l’ordre pour avoir brandi dans une manifestation une pancarte qui dit « Google it!!! Israël entraîne la police de la ville de New York. »

NYPD

Alors qui selon vous est responsable pour tous ces entraînements gratuits de policiers en Israël ? L’ADL, ça va de soi. Ce qui explique selon moi pourquoi elle condamne pour opportunisme et bigoterie [étroitesse d’esprit, intolérance] ceux qui disent, eh bien, une évidence.

police ferguso

Policiers déployés à Ferguson

Comme l’écrivait Kristian Davis Bailey dans Ebony Magazine en août:

Le service de police du Comté de St Louis qui a tué Michael Brown et placé initialement Feguson en état de siège a été entraîné par l’armée israélienne. L’ancien chef de la police du Comté, Timothy Fitch, a été un des quinze officiers [de police] américains à participer à une semaine d’entraînement en Israël il y a trois ans.

Le séminaire national sur le contre-terrorisme d’avril 2011 (National Counter-Terrorism Seminar NCTS) était sponsorisé par l’Anti-Defamation League (ADL). Il avait réuni les chefs des plus grands services de police américains, le FBI, la police de l’air et des frontières (Immigration and Customs Enforcement ICE) et des membres la police nationale et de l’armée israéliennes ainsi que d’autres services de renseignements.

Curieusement, l’ADL habituellement si prompte à produire des déclarations était trop occupée pour répondre aux demandes de commentaires de Bailey. Bailey poursuivait :

Plus de 9 000 agents américains se sont entraînés avec des unité de la police et de l’armée israéliennes à répondre au terrorisme et aux manifestations de civils. Ces sessions d’entraînement reflètent l’incapacité à distinguer entre le devoir apparent de la police qui consiste à protéger les civils et les réactions de l’armée en situation de guerre. Cette confusion a eu des conséquences en termes de vies humaines pour les Américains, tout particulièrement les Noirs, les Musulmans et les Arabes.

Sniper de la police fusil pointé vers des manifestants à Ferguson

Sniper de la police fusil pointé vers des manifestants à Ferguson

En temps normal, l’ADL se vante de cet entraînement de nombreux agents de police, qui comprend des voyages en Israël pour des agents de la police américaine qui vont s’entraîner aux techniques du contre-terrorisme (qui sont alors mises en œuvre contre des citoyens américains).

J’ai l’impression que sur ce point, ils ont conclu que la meilleure défense était une bonne attaque. Reggie Bush, qui tient le poste de running back, en sait probablement quelque chose.

Joe Biden, Shakespeare et les usuriers anciens et modernes

28 septembre 2014

Comme Abraham Foxman, le patron de l’Anti-Defamation League (ADL, équivalent américain e la LICRA) aime à le dire, le vice-président des Etats Unis Joe Biden est un ami du « peuple juif ».

Ce qui ne l’a pas empêché de comparer à Shylock certains usuriers qui ont fait du profit aux dépens de militaires partis combattre en Irak,

Shylock est juif en effet, mais ce n’est pas vraiment par amitié pour le peuple auquel il appartient que Biden lui a comparé les prêteurs voraces, C’est simplement parce que citer ce nom lui permettait d’éviter une description longue et fastidieuse de ces prêteurs qui exploitent les GI’s partis faire leur devoir de patriote au Moyen Orient. En citant le nom de Shylock, il s’assurait d’être compris immédiatement par son auditoire.

Comme il est rappelé dans l’article, Shylock est un personnage de Shakespeare qui, dans la pièce « Le marchand de Venise » exige d’un de ses débiteurs une livre de sa propre chair en cas de non remboursement.

Le personnage appartient donc à la culture commune occidentale, anglo-saxonne tout particulièrement.

Cette comparaison des prêteurs véreux de l’Amérique d’aujourd’hui à Shylock n’a pas laissé sans réaction Abraham Foxman qui a fait une remontrance à Joe Biden. Une admonestation très légère bien sûr car Joe Biden est comme on l’a dit un ami du « peuple juif » et qu’il considère Abraham Foxman comme un « conseiller ».

Heureusement que je suis un ami du peuple juif!

Heureusement que je suis un ami du peuple juif!

Un conseiller en quoi ? me direz-vous

C’est simple : un conseiller en affaires juives car Joe Biden sait comme d’autres, et sans doute mieux que beaucoup d’autres, qu’il vaut mieux avoir le soutien des institutions juives dont l’influence est, selon, lui, à l’origine de la plupart des grands changements sociétaux qu’ont connu les Etats Unis, Biden donnant comme exemple le mariage homosexuel.

Tout ça , c’est de l’antisémitisme évidemment. Mais outre le fait que Joe Biden s’est excusé auprès de Foxman, l’un comme l’autre sont conscients des avantages qu’ils retirent ou peuvent retirer d’un partenariat de pouvoir.

Biden: l’utilisation du terme «Shylocks» était un mauvais choix

Biden décrivait des gens qui profitent de ceux qui ont des problèmes financiers

par Ashley Killough, CNN (USA) 17 septembre 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le vice-président Joe Biden a déclaré mercredi que son utilisation du terme « Shylocks », que certains considèrent comme antisémite, était « un mauvais choix de vocabulaire. »

Sa déclaration intervient un jour après que le directeur national de l’Anti-Defamation League a publié une remontrance légère pour l’utilisation de ce terme par le vice-président, expliquant que Biden « aurait dû être plus prudent. »

Mardi, à une cérémonie marquant le 40e anniversaire de la Legal Services Corporation Biden a raconté des anecdotes tirées de l’expérience de son fils qui servait en Irak et avait rencontré des soldats qui avaient besoin d’une aide juridique en raison de problèmes chez eux.

« C’est une des choses dont il avait constaté le besoin le plus pressant quand il avait été là-bas en Irak pendant un an, » a déclaré Biden. « Les gens venaient le voir pour parler de ce qui leur arrivait au pays en termes de saisies, en termes de mauvais prêts qui étaient… Je veux dire ces Shylocks qui profitent sur le dos de, hum, ces femmes et ces hommes quand ils sont à l’étranger. »

Le Directeur national de l’Anti-Defamation League (ADL), Abraham Foxman a déclaré mercredi que le vice-président l’avait appelé.

« A l’évidence, il n’y a avait pas de mauvaise intention ici, mais Joe et moi sommes tombés d’accord pour qu’il avait besoin de potasser son Shakespeare. Il n’y a pas d’ami plus sincère pour le peuple juif que Joe Biden, » a affirmé Foxman dans une déclaration. Non seulement a-t-il été un pilier contre l’antisémitisme et la bigoterie, mais il a le courage et la franchise de reconnaître une erreur et de s’en servir comme opportunité pour apprendre et enseignes aux autres les effets néfastes des stéréotypes. Il a transformé une gaffe rhétorique en moment de pédagogie. »

Le terme « Shylock » dérive du nom du personnage de la pièce de Shakespeare « Le marchand de Venise ». Le juif Shylock était un prêteur sans scrupules dans la pièce, et un passage marquant de la pièce est son exigence d’une « livre de la chair » du marchand Antonio s’il manque à rembourser un prêt.

Diverses incarnations de Shylock

Diverses incarnations de Shylock

Mardi, Foxman a tancé Biden en disant qu’il « aurait dû être plus prudent » et en ajoutant que ce terme « représente le stéréotype médiéval sur les Juifs et reste à ce jour une caractérisation péjorative ».

Biden a déclaré que Foxman était un « ami et conseiller » de longue date et était correct dans son évaluation du terme qu’il avait choisi.

Biden qui envisage une candidature à la présidentielle de 2016 s’est rendu en Iowa mercredi pour prendre la parole à l’inauguration de la manifestation Nuns on the Bus, une association catholique libérale [de gauche dans le vocabulaire anglo-saxon] pour la justice sociale basée à Washington.

Qui contrôle Hollywood?

6 mars 2014

Cet article de Joel Stein n’a jamais été intégralement traduit en langue française, et on comprend pourquoi quand on le lit.

Avant de collaborer avec le Los Angeles Times, Joel Stein était une des plumes de Time Magazine.

Joel Stein a été invité à renouer avec ses racines juives

Joel Stein a été invité à renouer avec ses racines juives

Questionné en novembre 2008 par le Jewish Journal sur ce qu’il y a de juif en lui, Joel Stein répondait :

JS: Mon nom, mon visage… Je suis devenu beaucoup plus juif depuis que je suis installé à Los Angeles. C’est la ville la plus juive comparée à New York.

JJ: Allez-vous parfois à la synagogue?

JS : Non, je ne vais jamais à la synagogue. Ma vie est courte. Je ne veux pas perdre mon temps à me casser la tête à me sentir être quelqu’un de meilleur pour une chose à laquelle je ne crois pas. Je suis complètement athée. Je ne vais pas à la synagogue parce qu’on y parle de la Bible et je ne veux rien entendre de ce qu’il y a dedans.

JJ: Alors vous n’êtes pas fan de la Bible ?

JS: Je pense tout simplement qu’elle est du genre violent, égoïste et tribal.

Qui contrôle Hollywood? Allons, dites-le.

Par Joel Stein, Los Angeles Times (USA) 19 décembre 2008 traduit de l’anglais par Djazaïri

Je n’avais jamais été aussi bouleversé par un sondage dans ma vie . Seulement 22 % des Américains pensent que « les indstries du cinémé et de la télévision sont largement contrôlées par les Juifs, » contre près de 50 % en 1964. L’Anti Defamation League [ADL, équivalent américain de la LICRA], qui a publié les réssultats du sondage le mois dernier voit dans ces chiffres une victoire contre les stéréotypes. En fait, le sondage montre seulement à quel point l’Amérique est devenue stupide. Les Juifs contrôlent complètement Hollywood.

A quel point Hollywood est-il juif ? Quand les dirigeants des studios ont acheté une pleine page du Los Angeles Times il y a quelques semaines pour appeler la Screen Actors Guild [SAG, syndicat des acteurs] pour qu’elle signe la convention collective, la lettre ouverte était signée par le président de News Corp, Peter Chernin (juif), le PDG de Paramount Pictures, Brad Grey (juif), le directeur exécutif de Walt Disney, Robert Iger (juif), le PDG de Sony Pictures (surprise, juif hollandais), le PDG de Warner Bros, Barry Meyer (juif) et le directeur exécutif de NBC Universal, Jeff Zucker (méga-juif). Si l’un ou l’autre des frères Weinstein avait signé, ce groupe aurait eu non seulement le pouvoir d’arrêter toute production de films mais aussi de former un minyan [groupe de prière constitué d’au moins dix hommes] acec suffisamment d’eau FIJI dans les mains pour remplir un mikvé [bain rituel juif].

La personne qu’ils pourfendaient dans cette page était le président de la SAG, Alan Rosenberg (faisons une devinette). La réplique cinglante à la page achetée par les studios a été écrite par le super-agent des professions du divertissement, Ari Emanuel (Juif avec des parents israéliens) et publiée dans le Huffington Post qui est la propriété d’Arianna Huffington (qui n’est pas juive et n’a jamais travaillé à Hollywood).

Les Juifs sont si dominants que j’ai dû éplucher les annuaires professionnels pour dénicher six Gentils ayant des postes importants dans des entreprises du divertissement ? Quand je les ai contactés pour qu’ils parlent de de leur incroyable promotion, cinq d’entre eux ont refusé de parler avec moi, de peur apapremment d’insulter les Juifs. Le sixième, Charlie Collier, président d’AMC, s’est avéré être juif.

En tant que Juif et fier de l’être, je veux que l’Amérique connaisse nos réalisations. Oui, nous contrôlons Hollywood. Sans nous, vous seriez en train de zapper à longueur de temps à la télévision entre « The 700 Club » [une émission du Christian Broadcasting Network, un vecteur du sionisme chrétien] et « Davey and Goliath » [série animée pour enfants de la télévision luthérienne].

Alors j’ai pris sur mo de re-convaincre l’Amérique que les Juifs contrôlent Hollywood en lançant une campagne de relations publiques, parce que c’est ce que nous faisons le mieux. Je réflachis à plusieurs slogans dont : « Hollywood plus juif que jamais ! » ; « Hollywood par le peuple qui vous a apporté la Bible » ; et « Hollywood : si vous aimez la télévision et le cinéma, alors vous aimer probablement les Juifs après tout ».

J’ai appelé Abe Foxman, le président de l’ADL, qui se trouvait à Santiago du Chili où, m’a-t-il dit à ma grande consternation qu’il n’était pas en train de pourchasser des Nazis. Il rejeté l’ensemble de ma proposition en expliquant que le nomre de personnes qui pensent que les Juifs contrôlent Hollywood reste trop élevé. L’enquête de l’ADL, a-t-il relevé, montre que 59 % des Américains pensent que ceux qui dirigent Hollywood « ne partagent pas les vonvictions religieuses et les valeurs morales de la plupart des Américains », et 43 % pensent que l’industrie du divertissement mène une campagne organisée pour « affaiblir l’influence des valeurs religieuses dans ce pays. »

C’est un bobard sinistre, affirme Foxman. « Il signifie qu’ils [les Amméricains] pensent que les Juifs se réunissent au Canter’s Deli le vendredi matin pour décider ce qui est le mieux pour les Juifs . » L’argument de Foxman m’y a fait repenser : je devrais aller plus souvent manger au Canter’s Deli.

« C’est une phrase très dangereuse, ‘les Juifs contrôlent Hollywood’. Ce qui est vrai, c’est qu’il y a beaucoup de Juifs à Hollywood, » dit-il. Foxman préfèrerait que les gens disent que beaucoup de cadres dirigeants dans l’industrie [du divertissement] « se trouvent être juifs, » vu que «la totalité des huit grands studios sont dirigés par des hommes qui se trouvent être juifs. »

Mais Foxman dit être fier des réalisations des Juifs américains. « Je pense que les Juifs sont représentés de manière disproportionnée dans l’industrie de la création. Ils le sont aussi dans les professions d’avocats et sans doute médicales aussi, » dit-il. Il soutient que cela ne veut pas dire que les Juifs font des films pro-juifs pas plus qu’ils ne fnt de la chirurgie pro-juive. Quoique d’autre pays, ai-je observé, n’en font pas tant sur la circoncision.

Je comprends la préoccupation de Foxman. Et peut-être que la vie que j’ai passée dans le cocon philosémite du New Jersey, de New York et de la baie de Los Angeles a fait de moi un naïf. Mais je me fiche de savoir qi les Américainspensent que nous contrôlont la presse, Hollywood, Wall Street ou le gouvernement. Ce qui m’intéresse, c’est que nous continuions à les contrôler.

John Rankin Waddell, le boycott, Scarlett Johansson et les « zélotes extrémistes juifs » qui contrôlent Hollywood

22 février 2014

John Rankin Waddell est, si j’en crois la presse anglo-saxonne, un photographe très connu, notamment dans le milieu de la mode et des célébrités, qu’elles appartiennent au monde de la politique comme la Reine Elizabeth II, à celui de la musique comme les Rolling Stones ou encore du cinéma comme l’actrice Scarlett Johansson.

John Rankin Waddell

John Rankin Waddell

Scarlett Johansson qui vient de faire beaucoup parler d’elle récemment pour sa décision de démissionner de sa mission d’ambassadrice pour l’organisation humanitaire Oxfam. La comédienne s’est retrouvée en effet dans l’obligation de choisir entre sa mission d’ambassadrice de la fameuse ONG et un contrat publicitaire avec l’entreprise SodaStream qui possède une usine de fabrication de gazéificateurs pour boissons en Cisjordanie occupée par l’armée sioniste, Oxfam rejetant tout échange commercial avec les colonies sionistes.

Et c’est justement une question posée à ce sujet par le journal londonien The Independent qui a mis le photographe britannique au cœur d’une tempête médiatique qui reste pour l’instant essentiellement confinée aux médias communautaires juifs.

La question, qui venait après une réflexion générale de John Rankin Waddell sur son refus de travailler pour certaines marques pour des raisons morales était la suivante :

« Quelles sortes de marques ? Ne feriez-vous jamais une publicité pour SodaStream avec Scarlett Johansson  par exemple» ?

La réponse du photographe met à la fois en cause l’occupation sioniste de la Palestine et ce qu’il appelle le poids des « zélotes juifs extrémistes » à Hollywood, ce qui expliquerait selon lui le choix de Scarlett Johansson de ne pas renoncer à son contrat avec SodaStream par crainte pour sa carrière.

Scarlett Johansson vue par Rankin Waddell

Scarlett Johansson vue par John Rankin Waddell

La presse et les organisations communautaires juives exigent bien sûr des excuses que le photographe n’a pas tardé à présenter, sauf qu’elles portent plus sur la forme que sur le fond.

Du coup Rankin Waddell n’est pas tiré d’affaire et se voit exiger des excuses aussi sur le fond, attendu que parler de très forte influence des hommes d’affaires et producteurs juifs sur Hollywood n’est pas autre chose qu’un cliché antisémite.

Et ce n’est pas Joel Stein qui pourrait dire le contraire. Quoique

L’ADL appelle à des « excuses sincères » de la part du photographe Rankin pour ses propos antisémites ; et crtique le journal The Independent pour « manque de jugement éditorial »

par la Rédaction, The Algemeiner (USA), 19 février 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’organisation juive des droits de l’homme, l’Anti Defamation League (ADL) a déclaré que les escuses présentées par le photographe britannique Rankin pour ses propos antisémites n’allaient pas assez loin.

L’organisation a aussi fustigé le journal britannique The Independdent pour avoir publié les propos offensants.

« Rankin a essayé mollement de justifier ses propos alors que ce à quoi nous appelons ici est qu’il reconnaisse que les opinions qu’il a exprimées sont antisémites, » a déclaré récemment le directeur des affaires internationales de l’ADL Michael A. Saldberg dans un courriel à Algemeiner. « Il n’est pas trop tard pour que Rankin présente des excuses sincères. »

« Inclure les citations de Rankin dans l’article était un manque de jugement éditorial de la part de The Independent », a ajouté Sadberg. « Nous attendons maintenant plus de The Independent et nous considérons qu’il doit aussi des excuses à ses lecteurs. »

Les propos de Rankin, publiés la semaine dernière, venaient en réaction à une question sur la récente décision de l’actrice hollywoodienne Scarlett Johansson de rompre ses relations avec l’organisation humanitaire Oxfam pour « une divergence fondamentale d’opinions à l’égard du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions [BDS]. » Johansson avait d’abord été critiquée par l’organisation humanitaire parce qu’elle représente l’entreprise israélienne SodaStream qui gère une usine en Cisjordanie.

« Je lui ai consacré beaucoup de tems, » a déclaré au sujet de l’actrice, Rankin dont le nom complet est John Rankin Waddell, « mais j’ai une très mauvaise opinion de SodaStream. »

« Ce qu’il y a, je pense que la raison pour laquelle elle ne s’est pas retirée [de la campagne de communication pour SodaStream], c’est parce qu’en Amérique les zélotes juifs sont si puissants. Particulièrement dans l’industrie du divertissement, ce qu’ils pourraient faire à sa carrière. 

« Mais le plus important pour moi dans tout ça, c’est ce genre de judaïsme extrémiste. Cette croyance extrême que c’est leur patrie et que ces gens [les Palestiniens] ne sont rien pour eux. C’est quelque chose de très puissant aux Etats Unis. Ils vous mettront sur une liste noire ? C’est pire que le maccarthysme. Tu es pro-palestinien ? Laise tomber. »

L’ADL a déclaré que « les propos de Rankin ont des relents de stéréotypes antisémites classiques sur le contrôle des médias par les Juifs et leur pouvoir excessif. Ses références aux ‘zélotes juifs’ et au ‘judaïsme extrémiste’ conduisant à des représailles contre quiconque est en désaccord avec une supposée opinion ‘correcte’ concernant la politique d’Israël relèvent tout simplement de l’ignorance. »

Dans ses excuses subséquentes, Rankin a dit regretter le vocabulaire et l’émotion causés par ses déclarations, mais il n’a pas parlé du fond de ses assertions.

« Dans une interview sollicitée par The Independent au sujet du lancement [d’un magazine de mode], je regrette d’avoir répondu à la légère sur des questions portant sur un autre thème et sur un sujet si difficile et sensible, » a-t-il dit. « Bien sûr, ce n’est pas ma position officielle et je m’excuse de tout cœur pour le langage que j’ai utilisé et pour les offenses que j’ai pu causer. »

 S’exprimant dans le Daily Telegraph de Londres, un représentant du Britain’s Community Security Trust [organisation communautaire juive britannique] a également déclaré que Rankin devait aller plus loin et renier ses propos.

« Ce sont les allégations sur le pouvoir juif dans les médias qui distinguent l’antisémitisme des autres formes de racisme, » a-t-il dit. «Il se peut bien que Rankin ne soit pas antisémité, auquel cas il devrait apprendre à ne pas répandre les affirmations nauséabondes sur les Juifs qui contrôlent les médias et Hollywood. »

 Rankin est spécialisé dans le portrait et la photo de mode. Il a photographié ente autre Britney Spears, Madonna, les Roling Stones, Cate Blanchett, la Reine Elizabeth II et Tony Blair.

Quelques images tirées de la presse antisémite

21 janvier 2014

L’Anti Defamation League (ADL) est un importante organisation nord-américaine qui, comme la LICRA en France, en Suisse et en Belgique, a officiellement pour vocation de lutter contre le racisme (et surtout sa variante antisémite) mais consacre en réalité le plus clair de son temps à faire l’apologie de l’Etat prétendu juif et à le soutenir mordicus vaille que vaille.

Ce soutien passe par des publications et des prises de parole publiques à la radio ou à la télévision mais aussi par des canaux moins médiatisés que sont l’entrisme politique et les jeux d’influence auprès des élus et des administrations, ce qu’on appelle le lobbying.

L’ADL est en effet une pièce essentielle de ce qu’on appelle improprement le lobby juif aux USA alors que nous sommes devant un lobby sioniste.

Il n’est pas aisé de dénoncer ce lobby, même si ça reste un peu plus facile au Royaume Uni et aux Etats Unis qu’en France.

Peut-être parce que les deux puissances anglo-saxonnes n’ont pas eu pendant la seconde guerre mondiale le même rôle douteux que la France de Vichy ? Et que les élites y étaient moins perméables aux thèses nazies et n’avaient pas eu à se compromettre avec le Reich ? Que les citoyens britanniques et américains ressentent poins de culpabilité pour les malheurs subis par les Juifs ?

Il y a un peu de tout ça sans doute, à quoi il faut ajouter un goût pour la liberté d’expression mieux garanti juridiquement qu’en France.

Ce qui n’empêche pas les médias dans ces pays d’être attaqués par les organisations du lobby sioniste, moins dans le but d’obtenir une condamnation au tribunal que de les amener à licencier le journaliste ou dessinateur fautif, à retirer les photos, les écrits ou les dessins jugés tendancieux et de présenter des excuses à qui de droit.

Ces excuses qu’un certain Dieudonné a refusé de prononcer, refus qui lui a valu d’être évincé des grands médias audiovisuels ce qui aurait dû causer sa mort professionnelle.

En voyant les caricatures incriminées par l’ADL dans l’article ci-dessous, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’aucune d’entre elles, pas même la plus anodine publiée par The Economist n’aurait pu être publiée en France. Une caricature qui, soit dit en passant, aurait aussi pu être incriminée pour ses clichés sur les Iraniens ou encore pour rappeler la façon dont les esclaves noirs étaient entravés dans les plantations d’Amérique

 

L’ADL à The Economist : Excusez-vous pour le dessin antisémite

Abe Foxman exige des escuses après l’indignation provoquée par le magazine avec une caricature sous-entendant un contrôle juif sur le gouvernement des Etats Unis

Yediot Aharonot (Sionistan) 21 janvier 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’Anti-Defamation League a exigé des excuses sans ambiguïté de la part du magazine britannique The Economist pour avoir publié un dessin qui a suscité des plaintes pour évocation d’idées reçues classiques de l’antisémitisme.

Le dessin qui illustre un article sur le programme nucléaire iranien montre un président US Barack Obama enchaîné au Congrès, cette institution étant représentée par le sceau du Congrès, alors qu’il essaye de se rapprocher du président iranien Hassan Rohani, qui est lui-même retenu par des ayatollahs et des militants qui brûlent de drapeau américain.

Le sceau du Congrès est basé sur le grand sceau des Etats Unis et, comme on le voit dans le dessin, il comprend un aigle qui tient des flèches dans une serre et un rameau d’olivier dans l’autre. Le véritable sceau contient plusieurs étoiles sur le bord et elles sont aussi présentes dans le sceau du dessin. Ce qui n’existe cependant pas dans le sceau authentique – mais est présent sur le dessin – est l’étoile de David qui sous-entend que le Congrès est contrôlé par des Juifs avec des motivations pro-israéliennes.

Dessin de The Economist

Dessin de The Economist

« The Economist ne peut pas réparer les dégâts infligés par la publication d’une image antisémite en se contentant de demi-mesures, » affirme Abe Foxman le chef de l’ADL dans une déclaration. « Il doit à ses lecteurs des excuses sans ambiguïté, qui non seulement reconnaissent la nature offensante du dessin mais explique aussi aux lecteurs pourquoi cette image qui sous-entend u cotrôle du Congrès par les Juifs était si scandaleuse et blessante. »

Le directeur de l’ADL a accusé The Economist de donner une tribune à des stéréotypes anti-juifs vieux de plusieurs siècles.

« Ce n’était rien moins qu’une représentation visuelle du vieux poncif antisémite du contrôle par les Juifs. Et il évoque en plus un autre classique de la mythologie antisémite – l’accusation de la double ‘loyauté des Juifs’ qui agiraient seulement dans l’intérêt d’Israël au détriment de leur propre pays. » écrit-il.

Foxman affirme que le dessin reflétait ce à quoi il faisait allusion quand il parlait des informations peu fiables du magazine sur Israël.

« The Economist a déjà un problème de crédibilité quand il est question d’Israël. Le fait que ce dessin ait franchi la barre éditoriale sans déclencher des signaux d’alarme pose de graves questions sur le jugement de la rédaction et la possibilité de l’existence d’un biais plus enraciné contre l’Etat juif. »

Le magazine a retiré la caricature de l’article lui-même, la remplaçant par une image composite figurant Rohani et Obama. Elle a été cependant maintenue bien en vue sur la page Moyen Orient du site internet.

Ce n’est pas la première fois que des publications britanniques sont accusées de se servir d’imagerie antisémite dans leurs illustrations. En 2002, le magazine New Statesman avait été condamné avec force pour sa couverture avec une image d’une étoile de David fichée au milieu du drapeau britannique, Le titre qui l’accompagnait disait : « Une conspiration casher ? »

Couverture du New Statesman

Couverture du New Statesman

 Un an plus tard, au plus fort de l’intifada, le journal The Independent avait publié une caricature du premier ministre de l’époque, Ariel Sharon, dans laquelle feu le dirigeant israélien était dépeint en train de dévorer un bébé palestinien.

Caricature de The Independent

Caricature de The Independent

 La Press Complaints Commission britannique a innocenté le journal de l’accusation d’antisémitisme après de nombreuses protestations venues d’Israël et d’organisations juives qui avaient affirmé que l’image invoquait l’ancienne accusation antisémite de crime rituel. 

Le Juif antijuif qui représente les Musulmans aux Etats Unis

19 octobre 2013

Le Council on American Islamic Relations (CAIR) est une des plus importantes organisations de défense des droits des Musulmans aux Etats Unis.

Selon son site web,

La vision de CAIR est la défense ardente de la justice et de la compréhension mutuelle.

La mission de CAIR est d’améliorer la compréhension de l’Islam, d’encourager le dialogue, de protéger les libertés publiques et de promouvoir la justice et la compréhension mutuelle.

On reconnaîtra là les principes habituels qui guident l’action des associations qui entendent représenter les droits des minorités aux Etats Unis. L’action de CAIR s’exerce de manière tout à fait classique par la pratique du lobbying dans la capitale fédérale et dans les différents Etats qui composent les Etats Unis.
CAIR cherche aussi à encourager la participation des Musulmans à la vie publique et intervient dans la lutte contre les discriminations en offrant médiation et prestations juridiques.

Rien que de très banal, surtout pour un pays comme les Etats Unis.

Sauf que CAIR représente la communauté musulmane qui fait l’objet de la culture du soupçon aux Etats unis, au moins depuis les attentats du 11 septembre 2001, et d’une campagne islamophobe menée de manière méthodique,

Cette campagne islamophobe, si elle prend prétexte des attentats de 2001  trouve en réalité son fondement, comme on l’a déjà vu sur ce blog à propos notamment des lois anti-charia, dans la démarche d’activistes sionistes radicaux qui s’appuient sur un appareil financier et une organisation bien rodés.
Et CAIR, en tant qu’organisation représentant des Musulmans et plaidant pour la justice a ce défaut insigne de plaider pour une solution juste au conflit du proche Orient quoique ce conflit ne soit pas au coeur de ses préoccupations.

C’est cependant encore trop pour les ultrasionistes qui n’ont de cesse de dénoncer les liens de cette organisation avec ce qu’ils appellent des organisations terroristes.

Daniel Pipes

Daniel Pipes

Les (prétendus) arguments contre CAIR sont bien synthétisés par le néoconservateur  Daniel Pipes (Pipes est un nom qui fleure bon l’Angleterre mais la famille de Daniel Pipes est juive polonaise et a émigré aux USA dans les années 1940), et c’est en gros la même que celle présentée par les organisations qui constituent le lobby sioniste comme l’Anti Defamation league (ADL, équivalent de la LICRA aux Etats Unis).
Il va de soi que pour ces tenants du sionisme radical, CAIR flirte forcément avec l’antisémitisme compte tenu de ses prises de position sur la Palestine.

Un argument qui vient de prendre un petit coup dans l’aile avec la nomination d’un Juif au poste de directeur de la section de CAIR à Philadelphie (chaque section régionale est autonome).

Bon, ce n’est pas n’importe quel Juif puisqu’il s’agit de Jacob Bender, un documentariste connu pour ses positions de gauche, y compris sur la question palestinienne.

Jacob Bender

Jacob Bender

Un Juif antijuif présume déjà Abraham Foxman, le premier responsable de l’ADL.

Jacob Bender est le premier Juif à diriger une section de CAIR, l’organisation de défense des droits des Musulmans
L’activiste de Philadelphie fait face à l’hostilité dans l’establishment juif
par Nathan Guttman, The Jewish Forward (USA) 17 octobre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Jacob Bender va devenir le porte-voix des Musulmans de la région de Philadelphie dans la lutte contre la discrimination qu’ils subissent sur les lieux de travail et dans la sphère publique, et dans le combat contre les expressions de haine.

Bender est convaincu que son appartenance à la confession juive ne peut que l’aider à faire ce travail avec efficacité.

«La communauté musulmane est attaquée par des forces islamophobes, et il est de l’obligation et de le responsabilité de toutes les personnes de bonne volonté de se lever et de dire que cette agression est une manifestation d’intolérance,» affirme Bender. «C’est [cette mission] absolument cohérent avec les objectifs que je me suis fixés dans la vie.»

La section de Philadelphie du Council on American Islamic Relations a annoncé la nomination de Bender à son poste de directeur exécutif le 15 octobre. Bender est le premier Juif, et le premier non musulman, à exercer comme directeur d’une branche de CAIR.

«Les besoins de la communauté musulmane sont exactement les mêmes que ceux de toute communauté minoritaire aux Etats-Unis », déclare Iftekhar Hussein, président du conseil d’administration de CAIR-Philadelphie. «Jacob, en tant que juif, le comprend du fait des ses propres origines. »

Militant des questions liées au dialogue interreligieux entre Juifs et Musulmans qui a été impliqué par le passé dans la défense d’une vision progressiste de la paix au Moyen Orient, la nouvelle position de Bender va le placer devant deux types d’attentes de natures très différentes.

Il va rencontrer une communauté locale musulmane qui attend qu’un non musulman représente ses besoins aussi bien que l’aurait fait un coreligionnaire.

Il va aussi être confronté à un leadership juif national qui a décidé que CAIR n’était  absolument pas un partenaire avec qui on peut dialoguer.

Dans un long document publié en 2006, l’Anti-Defamation League (ADL) accusait CAIR d’avoir des positions extrémistes sur Israël et d’avoir des liens avec des individus et des organisations qui ont exprimé leur soutien à des organisations terroristes.

Les organisations juives avaient aussi souligné par le passé le fait que CAIR avait été initialement citée dans le dossier judiciaire de la Holy Land Foundation, une organisation caritative basée aux Etats Unis qui avait été accusée de rassembler des fonds pour le Hamas. Mais un tribunal avait ordonné en 2012 que la référence à CAIR soit retirée du dossier.

«CAIR ne fait pas partie des partenaires potentiels de la communauté juive,» déclare Ethan Felson, vice-président du Jewish Council for Public Affaires. «La communauté juive a examiné son dossier et a conclu que «Nous ne pouvons pas travailler avec cette organisation.»

Même si aucune position officielle n’a été adoptée, la communauté juive a exclu CAIR de toute action interreligieuse commune avec la communauté musulmane et s’est concentrée sur les relations avec l’Islamic Society oh North America et avec des mosquées et des imams locaux.

CAIR et Bender rejettent les assertions des organisations juives selon lesquelles l’organisation serait de quelque manière extrémiste. «Il y aura toujours ceux qui essaieront de diaboliser les autres organisations,» déclare Bender. «En tant que personne qui soutient depuis longtemps les droits des palestiniens et qui critique la politique d’occupation, je ne vois pas de contradiction entre mes opinions affirmées de longue date sur le Moyen orient et celles de CAIR.»

Israël n’est pas une question prioritaire pour CAIR, en particulier pour ses sections locales, qui tendent à s’intéresser plus à la lutte contre les discriminations contre les Musulmans dans la communauté locale [où ils vivent]. Pourtant, pour beaucoup dans la communauté juive, le problème arabo-israélien est perçu comme l’obstacle essentiel qui éloigne CAIR de l’establishment juif américain.

Le fait d’avoir un Juif à un poste de dirigeant pourrait-il contribuer à réduire la coupure entre les deux parties? La réponse consiste généralement en un mélange d’espoir et de scepticisme.

«Il y a toujours un potentiel de changement,» déclare Hussain, tout en observant que jeter un pont en direction des organisations juives n’était pas la motivation derrière le recrutement de Bender pour le poste. «Ceux qui n’ont pas de contact avec CAIR devraient s’asseoir autour d’une table et comprendre que nous sommes une organisation des droits civiques.»

Abraham Foxman, le responsable national de l’ADL, explique dans une déclaration à Forward que «on verra avec le temps.» L’appartenance de Bender à la confession juive, dit-il, n’a pas nécessairement une importance. «Malheureusement, il y a des Juifs qui sont antijuifs et anti-Israël,» ajoute Foxman, «mais nous allons attendre et on verra bien.»

L’intérêt de Bender pour la communauté musulmane a commencé après les attaques terroristes du 11 septembre. Producteur de documents vidé et télévisuels, il a commencé à organiser des rencontres inter-religieuses et à donner de la voix contre contre les expressions islamophobes devenues plus fréquentes après les attentats.

En 2009, son documentaire “Out of Cordoba: Averroes and Maimonides in Their Time and Ours a été présenté au public/ Le film traite «de Juifs, de Musulmans et de Chrétiens qui luttent contre le détournement de leurs religions par des extrémmistes,» écrivait Bender dans une brève description qui accompagnait le film.

Le film s’intéresse à deux contemporains historiques de l’Espagne médiévale: le philosophe Juif Maïmonide et le penseur Musulman Averroes. A travers ces deux personnages, Bender cherchait à remettre en cause «la thèse selon laquelle il y a un inévitable ‘choc des civilisations’ entre l’Occident et le monde musulman.»

Au cours de ces deux edernières années, Bender s’est déplacé dans tout le pays pour présenter son film aux communautés juives et musulmanes, pour parler du besoin d’une plus grande compréhension entre religions. Dans les années 1980, Bender activait dans plusieurs organisations juives progressistes qui plaidaient pour une solution à deux Etats [au Moyen Orient]. Il a ensuite été directeur exécutif d’ American Friends of Meretz [les amis américains de Meretz]; le parti politique israélien de gauche.

Sa mission à CAIR Philadelphie, une des 20 branches indépendantes à travers le pays, consistera principalement à lutter conte la discrimination anti-musulmane. Ces dernières années, la section de CAIR à Philadelphie a été parmi les organisations les plus en pointe dans le combat contre les lois anti-charia proposées en Pennsylvanie. Elle s’est publiquement exprimée contre les stéréotypes anti-musulmans après l’attenta qui a visé le marathon de Boston.

Le profil de Bender, en tant que réalisateur et orateur, observent les renponsables laïcs de l’organisation, le rend apte au rôle de porte-parole pour l’organisation et les droits civiques des Musulmans.
«Je n’ai jamais eu de doute ou de sentiment négatif à propos de CAIR depuis que je suis en contact avec cette organisation,» déclare Bender. «Je n’ai jamais rencontré de sentiment antijuif ou antisémite. Bien au contraire.»

Décès de Gil Noble, porte-voix de l’autre Amérique

8 avril 2012

Je vous propose une notice nécrologique parue dans le New York Times qui parle de quelqu’un que je ne connaissais pas et que vous ne connaissiez sans doute pas non plus.

Gil Noble qui vient de mourir à 80 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral était une figure de la télévision newyorkaise et une référence pour la communauté noire de la Big Apple.

Si nous ne le connaissions pas, les démêlés avec le lobby sioniste que lui et un de ses amis ont vécus sont pourtant familiers à ceux qui s’intéressent à l’actualité médiatique française.

En effet, comme Dieudonné en France, Gil Noble s’est trouvé confronté aux pressions du lobby sioniste et, comme Dieudonné, il n’a pas cédé grâce à son courage personnel mais aussi au soutien de son public.

Mais n’oublions pas que si certains réussissent à tenir tête au lobby sioniste (à quel prix !), d’autres voient par contre leurs carrières brisées et ce sont les plus nombreux.

On appréciera le sens de la répartie de Gil Noble qui expliquait, face à ceux qui lui reprochaient de ne pas présenter l’autre version de l’histoire, que son émission était précisément cette autre version de l’histoire qui, en dehors d’émissions comme la sienne, ne pouvait se faire entendre.

Gil Noble, animateur d’une émission télévisée pionnière centrée sur les questions noires, est mort à l’âge de 80 ans

par PAUL VITELLO, The New York Times (USA) le 5 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Gil Noble, un journaliste de télévision qui présentait “Like it is”, un programme d’actualités sociales et politiques diffusé le dimanche matin à New York, une émission primée parmi les plus anciennes du pays à s’intéresser au leadership noir et au vécu afro-américain, s’est éteint jeudi dans un hôpital de Wayne dans le Nex Jersey.

Il est décédé des complications d’une attaque cérébrale qu’il avait subie l’été dernier, a déclaré Dave Davis, PDG de WABC-TV qui diffusait « Like it is » depuis 1968.

Gil Noble

Quoique retransmise seulement dans l’agglomération newyorkaise, “Like it is” attirait des invités de stature nationale et internationale. Certains etaient controversés. Ses interviews de personnalités comme Louis Farrakhan de la Nation of Islam avaient attiré des protestations pour partialité. Mais c’était précisément ce que voulait M. Noble.

“Ma réponse à ceux qui se plaignaient que je n’expose pas l’autre version de l’histoire était que cette émission était précisément l’autre version de l’histoire,” avait-il dit en 1982.

Ses interviews constituent une veritable archive de l’histoire des noirs aux Etats Unis : des centaines d’heures de conversation avec des personnalités politiques et culturelles comme Lena Home, Fannie Lou Hamer, Bill Cosby, Sammy Davis Jr, Mohamed Ali, Andrew Young, Dizzy Gillespie et Stokely Carmichael.

M. Noble voyait “Like it is” comme une plateforme pour des idées et des perspectives – notamment celles des noirs – qui étaient absentes des organes d’information grand public. Il avait une fois appelé son émission «l’antidote aux informations de 6h et 11h »

Ses échanges en tête-à-tête avec des chefs d’Etats africains et caribéens, dont Kenneth Kaunda, de Zambie, Michael Manley de la Jamaïque et Robert Mugabe du Zimbabwé s’inscrivaient dans une autre mission consistant à informer sur des événements touchant des populations d’origine africaine à travers le monde.

On apprenait beaucoup en regardant l’émission de Gil,” a déclaré l’ancien maire de New York David N. Dinkins dans un éloge funèbre. «On n’avait pas à être d’accord avec tout ce qu’il disait, mais pour nombre d’entre nous, il fallait regarder son émission.»

Le soutien profondément ancré dont jouissait M. Noble auprès de son public, l’avait aidé à survivre à deux controverses qui avaient résulté d’interviews avec des personnalités considérées comme antisémites, ayant un parti pris contre Israël ou les deux. En 1982, l’ Anti-Defamation League [ADL] avait accusé M. Noble de montrer un parti pris contre Israël quand il avait programmé un panel de discussion sur l’invasion du Liban par Israël sans présenter le point de vue israélien.

La simple rumeur de sanctions disciplinaires avait suscité des manifestations devant le siège de WABC, avec à leur tête le révérend Calvin O. Butts, pasteur de l’ Abyssinian Baptist Church à Harlem et le révérend Al Sharpton Aucune mesure disciplinaire ne fut prise, mais on demanda à M. Noble de présenter une émission avec des invités pro-Israël.

Des tensions du même genre étaient apparues à l’été 1991, quand M. Noble avait préparé la diffusion d’un discours dans lequel  on dit que son ami, Leonard Jeffries, un professeur de « black studies » au City College, aurait tenu des propos intolérants. Des articles de presse à ce sujet avait conduit à la révocation de Jeffries du poste de chef du département d’études noires (black studies).

M. Noble avait soutenu que seule l’écoute du discours dans son intégralité aurait pu amener les responsables de la faculté (ou n’importe qui d’autre) à décider si les propos pouvaient motiver une mesure disciplinaire ou avaient été sortis de leur contexte (dans une partie des on exposé, M. Jeffries affirmait que les films hollywoodiens où les noirs étaient avilis étaient faits par des « gens qui s’appelaient Greenberg, Weisberg et Trigliani.” Dans une autre, il disait que « Chacun sait que de riches Juifs finançaient le commerce des esclaves »).

Les responsables de WABC-TV avaient retiré cette partie dont ils disaient qu’elle pouvait aggraver les tensions raciales dans la ville. Il se trouva que ces tensions longtemps latentes entre noirs et juifs dans le secteur Crown Heights de Brooklyn explosèrent violemment la semaine suivante.

Une fois encore, des manifestants se présentèrent devant les locaux de la chaîne de télévision. Cette fois, se trouvait parmi eux un sénateur de l’Etat, qui sra plus tard gouverneur de New York, David A. Paterson.

«Je me souviens que c’était une manifestation spontanée,»  a déclaré M. Paterson dans une interview. « Les gens sont venus tout simplement. Parce que «Like it is» était quelque chose de vraiment spécial et à protéger pour la communauté afro-américaine.» Une séquence sur l’affaire Jeffries sera finalement montrée par la suite.

«Certains Américains blancs sont rebutés par ‘Like it is’, mais c’est la nature de ce programme».avait expliqué M. Noble à The Village Voice à la fin de cette année là. «Nous assistons à une querelle entre les races en Amérique et certaines opinions dans la communauté noire doivent être entendues même si ce sont des voix de révolte.»

Après l’attaque cérébrale de M. Noble, WABC-TV a lancé l’émission «Here and Now», une émission sur les questions politiques et sociales qu’elle présente comme «poursuivant la voie tracée par Gil Noble.»

Gilbert Edward Noble est né à Harlem le 22 février 1932. Il est le fils de Rachel Noble, enseignante, et de Gilbert R. Noble, propriétaire d’un garage automobile. Ses deux parents étaient nés en Jamaïque. Il a fréquenté le City College et a fait son service militaire pendant la guerre de Corée.

M. Noble a été embauché comme journaliste pour la station de radio WLIB en 1962. En 1967, après des émeutes raciales d’ampleur nationale qui avaient incité les chaînes de télévision dans tout le pays à recruter certains de leurs premiers journalistes noirs, il a été embauché par WABC. Il a travaillé comme reporter, présentateur du weekend et parfois comme correspondant pour «’Like it is, » une émission qui a commencé en 1962 et dont il est devenu le responsable et présentateur en 1975. Il a reçu sept Emmy Awards.

M. Noble laisse derrière lui une épouse, Norma jean, avec leurs quatre filles Lynn, Lisa, Leslie et Jennifer; un fils, Chris; and huit petits enfants.

Milton Allimadi, rédacteur en chef du journal Black Star News d’ Harlem et invité occasionnel de l’émission de M. Noble, a expliqué la considération particulière dont faisait l’objet M. Noble dans la communauté qu’il servait.

Dans un éloge publié en ligne en août dernier, M. llimadi écrit qu’après avoir été invité dans l’émission, des inconnus l’avaient arrêté dans la rue pour lui serrer la main. « Quand je monte dans un bus M.T.            A., les chauffeurs refusent que je paye mon ticket, » écrit-il, « disant qu’ils sont heureux de transporter quelqu’un qui est pasé dans ‘Like it is.’»


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