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Le sionisme et l’apartheid

31 décembre 2022

Comme moi, vous avez lu ou entendu les réactions suite au retour de Benjamin Netanyahou aux manettes du gang sioniste flanqué de complices au racisme décomplexé. Et vous avez eu l’impression que ce qui se tramait dans l’entité sioniste, c’était un changement radical.

L’ambassadrice sioniste Yael German en compagnie de Ted Deutchn président de l’American Jewish Committee

Les responsables politiques des grandes puissances ne s’y sont eux pas trompés en ne voyant pas de rupture par rapport à l’histoire de l’entité sioniste et ils ont félicité Netanyahou, annonçant qu’ils travailleraient avec lui comme ils l’ont fait avec les autres.

Les réactions les plus négatives viennent des Juifs libéraux ou, sionistes modérés (si tant est que ce soit possible). Par exemple de Yael German, l’ambassadrice sioniste à Paris qui a annoncé sa démission car la politique annoncée par Netanyahou est « contraire à sa conscience ». Ces sionistes « modérés » ont le sentiment que leur idéal sioniste est en train de disparaître pour laisser place à un régime franchement raciste et aux tendances fascistes.

Or, comme l’explique Lawrence Davidson dans l’article que je vous propose, cette évolution correspond à la nature fondamentale du projet sioniste, nature dont l’expression publique se faisait avec retenue pour éviter d’effaroucher les opinions publiques de par le monde.

Ce temps du refoulement est manifestement révolu.

Thomas Friedman et le mythe de l’Israël libéral
Par Lawrence Davidson, Counter Punch (USA) 23 décembre 2022 traduit de l’anglais par Djazaïri

Israël est en train de constituer un gouvernement de droite agressif et raciste sous la direction de Benjamin Netanyahu, un homme sans principes. Ce n’est pas la première fois que les Israéliens élisent un gouvernement aussi répugnant. En effet, au moins trois fois dans sa courte histoire, l’électorat juif israélien a choisi des fanatiques idéologiquement engagés (dans ces cas, ayant en plus un passé terroriste) comme dirigeants : Yitzhak Shamir, Ariel Sharon et Menahem Begin. Ces choix de l’électorat n’étaient pas non plus des exceptions qui auraient été en quelque sorte contraires au caractère national d’Israël. Ils étaient tous, comme c’est également le cas aujourd’hui, les résultats logiques d’une opinion nationale – représenté par l’idéologie de l’État sioniste d’Israël – qui a toujours été fondamentalement raciste et qui, à de fréquentes occasions, se déchaîne en des sommets de haine devant la résistance légitime de ses victimes palestiniennes.

Lawrence Davidson

Cependant, les partisans d’Israël dans la diaspora ignorent souvent ces faits historiques. Qu’ils le fassent témoigne de la puissance du mythe généré par la propagande d’un Israël libéral et démocratique – l’Israël idéalisé que tant de gens connaissent dans leur cœur, qui pourrait et devrait être le véritable Israël. L’un de ceux qui semblent confondre l’idéal avec le réel est Thomas Friedman, chroniqueur au New York Times, qui écrit souvent sur Israël.

Dans une chronique récente intitulée The Israel We Knew is Gone, [l’Israël que nous connaissions n’est plus] Friedman écrit comme si le prochain gouvernement de Netanyahou avait un caractère unique : «une alliance tapageuse de dirigeants ultra-orthodoxes et de politiciens ultranationalistes, y compris certains extrémistes juifs anti-arabes carrément racistes autrefois considérés comme complètement en dehors des normes et des frontières de la politique israélienne. Friedman mentionne « Itamar Ben-Gvir, qui a été condamné par un tribunal israélien en 2007 pour incitation au racisme et soutien à une organisation terroriste juive » ainsi que «Bezalel Smotrich, le chef du parti Sionisme religieux, qui a longtemps prôné l’annexion pure et simple de la Cisjordanie par Israël » et a défendu la violence des colons contre les Palestiniens.

Friedman ne croit pas que ces personnages, ou les partis qu’ils dirigent, soient représentatifs de l’Israël qu’il connaît. Cependant, leurs perspectives et leurs objectifs diffèrent peu de ceux d’un Shamir, d’un Sharon ou d’un Begin. Ce qui est différent, ou comme le dit Friedman, «en dehors des normes et des limites de la politique israélienne », c’est le manque de retenue en public diplomatiquement embarrassant d’hommes tels que Ben-Gvir et Smotrich, combiné à la volonté de Netanyahou de sacrifier le mythe de l’Israël libéral pour conserver le pouvoir. Tout cela est un choc pour Friedman et la vision qu’il préfère de l’État juif. Il constitue une «réalité auparavant impensable». Netanyahou conduit Israël là où aucun politicien israélien « n’est allé auparavant », etc. Friedman conclut donc que « l’Israël que nous connaissions n’est plus ».

La réalité, c’est l’apartheid

Pour démontrer à quel point l’analyse de Friedman est superficielle, considérez ce qui suit. En 2021, trois organisations de défense des droits de l’homme établies et réputées pour leurs conclusions fiables, ont produit des rapports publics factuels démontrant qu’Israël, tant dans la culture que dans les politiques gouvernementales, est un État qui pratique l’apartheid. (L’apartheid, « un système institutionnalisé de ségrégation et de discrimination fondée sur la race », a été déclaré crime contre l’humanité en vertu du droit international.) B’tselem, l’organisation israélienne de défense des droits humains, a publié son rapport en janvier 2021. Amnesty International a suivi en février et Human Rights Watch en avril. En octobre 2022, les Nations Unies ont publié un rapport décrivant le comportement d’Israël dans ses territoires occupés comme du « colonialisme de peuplement ».

L’apartheid n’est pas quelque chose que les Juifs israéliens ont découvert en se levant le matin. C’est leur choix historique, auquel Thomas Friedman semble avoir peu prêté attention. Ainsi, lorsqu’il décrit la situation actuelle, il ne mentionne pas que le but du sionisme a toujours été l’appropriation de toute la Palestine avec le moins de Palestiniens en résidence possible. Il [Friedman] désigne plutôt un groupe distinct d’Israéliens « qui ont toujours détesté les Arabes », et la croissance de ce groupe due à « une recrudescence dramatique de la violence – coups de couteau, fusillades, guerre des gangs et crime organisé – par les Arabes israéliens … contre les Juifs israéliens, en particulier dans les communautés mixtes.

Pour les partisans du parti de droite Likoud de droite, les partis religieux et le mouvement des colons, cette violence ne se produit pas parce qu’Israël est un État d’apartheid, mais parce qu’Israël a été, à leurs yeux, trop libéral envers les Palestiniens. Et maintenant il est temps de mettre fin à cette prétendue orientation tolérante. L’un des slogans les plus réussis de la campagne politique de Netanyahu était : « Ça y est. Nous en avons assez ».

Le racisme brise toutes les pulsions humanistes

Le succès de Netanyahu dans la mobilisation d’une droite aux multiples facettes, toujours active, sinon politiquement unie, fait finalement peur à Thomas Friedman. Il s’alarme qu’Israël soit en proie à une ferveur « ultranationaliste générale ». Citant Moshe Halbertal, le philosophe juif de l’Université hébraïque, « Ce que nous voyons est une évolution de la droite belliciste vers une identité politique construite sur la focalisation sur « l’ennemi extérieur » – les Palestiniens – vers une focalisation sur « l’ennemi intérieur » – l’Arabe israélien. » Le problème avec l’analyse d’Halbertal est qu’elle est basée sur une fausse dichotomie. Le sionisme n’a jamais fait de distinction sérieuse entre les Palestiniens de l’intérieur et ceux de l’extérieur. Pour de nombreux sionistes, ce sont tous des Arabes qui devraient être poussés à émigrer vers les terres arabes voisines. Le sionisme a rendu cette attitude inévitable en créant, dès le début, une société expansionniste et discriminatoire définie par la religion qui dérive vers la race. La recherche de compromis basés sur le « processus de paix » ou une « solution à deux États » apparaissent maintenant comme de vieilles ruses qui ont servi à détourner l’attention de l’opinion mondiale du véritable objectif d’Israël. En ce qui concerne « l’Israël historique » [c’est-à-dire l’entité sioniste réelle, NdT], un programme maximaliste d’occupation et de colonisation a toujours été le seul résultat acceptable pour les sionistes au pouvoir.

Les circonstances politiques actuelles effraient Friedman aussi d’une autre manière. Il nous dit que « la coalition de Netanyahu a également attaqué les institutions indépendantes vitales qui sous-tendent la démocratie israélienne et sont responsables, entre autres, de la protection des droits des minorités ». Des institutions telles que le système des juridictions ordinaires, les médias et la Cour suprême doivent être disciplinées en étant « placées sous le contrôle politique de la droite ». Cependant, cette volonté de contrôler les institutions ne concerne pas principalement les Palestiniens. Elle reflète la haine de la droite (et tout comme aux États-Unis, la haine semble être le mot adéquat) à l’égard des attitudes des sionistes de gauche et du centre sur les questions qui affectent les juifs israéliens : Qui est juif ? les «droits des minorités» , des couples de même sexe, des personnes LGBTQ, les problèmes des femmes, les juifs réformés, etc. Friedman semble incapable d’appréhender le fait que le racisme au coeur de la culture et de la politique en Israël ne peut que briser les élans humanistes à l’intérieur de cette société, même pour des problèmes qui touchent des Juifs.

En fin de compte, Friedman est préoccupé « par l’avenir du judaïsme en Israël » et il pourrait bien avoir raison de l’être. Revenant à Halbertal, il note que « la Torah représente l’égalité de tous les peuples et la notion que nous sommes tous créés à l’image de Dieu. Les Israéliens de tous les peuples doivent respecter les droits des minorités parce que nous, en tant que Juifs, savons ce que c’est que d’être une minorité. C’est une philosophie juive profonde. Alors, pourquoi cette essence de l’enseignement juif est-elle si faible au sein de l’Israël sioniste ? Ni Friedman ni Halbertal ne saisissent la cause profonde – la nature historiquement raciste, voire d’apartheid, de l’Israël sioniste. Ils ne comprennent pas parce qu’ils sont aveuglés par le mythe de l’Israël libéral, qui est maintenant en danger soi-disant à cause de la résistance des Palestiniens. Il cite Halbertal qui se plaint : « Quand vous avez ces menaces de sécurité viscérales dans la rue tous les jours, il devient plus facile pour ces immondes idéologues de se mettre en avant.»

L’affirmation de Thomas Friedman selon laquelle « l’Israël que nous connaissions n’est plus » relève en grande partie de l’illusion. En bonne partie, son Israël n’a jamais existé. Certes, il y avait, et il y a encore pour le moment, une façade pseudo-démocratique – quelque chose comme la «démocratie» en Alabama, aux États-Unis, dans les années 1950. Les choses évoluent maintenant davantage dans le sens fasciste. Bezalel Smotrich, l’une des bêtes noires de Friedman, a proclamé que les droits de l’homme et les institutions qui soutiennent ces droits sont des «menaces existentielles » pour Israël. La plupart des sionistes accepteront cette affirmation, du moins en ce qui concerne les Palestiniens, car elle correspond historiquement aux sensibilités israéliennes. Après tout, l’occupation se poursuit dans toute sa gloire immorale depuis un demi-siècle sans objection significative de la plupart des Juifs israéliens et de leurs partisans de la diaspora.

Ce que vous voyez maintenant si publiquement étalé est, et a toujours été, la véritable culture et le caractère de l’Israël sioniste – un État conçu pour un seul groupe et construit sur la conquête et la dépossession des autres. Nier cela, c’est nier l’histoire et la logique de l’idéologie sioniste. Et le coût ? Cela doit être compris non seulement en termes de droits des Palestiniens, mais aussi en termes d’essence même du judaïsme, qui sont tous deux détruits simultanément. Tout cela devrait maintenir Thomas Friedman, et d’autres adeptes du mythe de l’Israël libéral, éveillés toute les nuits avec des cauchemars à n’en plus finir

Lawrence Davidson est professeur d’histoire à la retraite à l’Université West Chester à West Chester, Pennsylvanie.

Les progressistes du Parti Démocrate préparent l’après Joe Biden

24 mai 2021

Certains mettent beaucoup d’espoir dans la présidence de Joe Biden pour une inflexion de la politique des États Unis vers une position moins favorable à l’entité sioniste et donc plus propice à favoriser un règlement de la question de Palestine.

A la vérité, si on s’en tient à Joe Biden et à son équipe gouvernementale, il ne faut pas trop espérer. Joe Biden a toujours fait savoir son attachement à l’entité sioniste, c’est-à-dire qu’il a bien compris d’où vient l’argent des campagnes électorales et qui exerce un contrôle significatif sur les médias, presse écrite ou audiovisuelle.

Sa colistière et désormais vice-présidente Kamala Harris est faite du même bois. Elle sait parfaitement qui est à l’origine du miracle qui a fait qu’une candidate à la primaire démocrate créditée d’un peu plus de 3 % des voix  a pu se retrouver dans le ticket démocrate à l’élection présidentielle.

De fait, lors de la dernière offensive sioniste contre Gaza, Joe Biden n’a pas dérogé, pas plus que d’autres dirigeants occidentaux, à la sempiternelle affirmation du droit de l’entité sioniste à se «défendre». Propos que le président des États Unis a accompagné d’une réaffirmation du principe d’une solution à deux États, ce qui est un retour à la posture traditionnelle de Washington, celle d’avant Donald Trump.

Peu d’observateurs mesurent l’hypocrisie de cette affirmation d’une solution à deux États. En effet, si les USA et les autres puissances occidentales, dont la France, voulaient vraiment de cette solution, ils  poseraient l’exigence d’un calendrier d’un calendrier de retrait ordonné des colonies juives en Cisjordanie et le respect de l’intégrité de Jérusalem-Est.

Or, à aucun moment ni Washington, ni Paris, ni Londres n’ont jamais levé le petit doigt pour donner à penser qu’ils croient à cette possibilité.

Si on ne peut pas attendre grand chose dans l’immédiat de Washington, les développements sur le terrain, avec la crise interne au régime sioniste, pour un ensemble de raisons dont la colonisation de la Cisjordanie, et l’efficacité grandissante de la résistance palestinienne sous toutes ses formes, rencontrent un écho certain dans la mouvance progressiste du Parti Démocrate.

Pour l’instant les Caciques du Parti Démocrate peuvent faire encore semblant d’ignorer cette mouvance qui correspond à une part croissante, peut-être même majoritaire, de l’électorat du parti. Mais les animateurs de cette mouvance sont optimistes quant à l’avenir de la prise en compte de ses idées qui restent encore minoritaires dans les deux chambres parlementaires du Congrès des États Unis.

Il faudra du temps, peut-être pas très longtemps mais un certain temps.

Les progressistes voient une opportunité «  historique  » pour un changement dans les relations des États-Unis avec Israël

Par Laura Kelly, The Hill (USA) 21 mai 2021 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les démocrates progressistes accentuent leurs efforts pour un changement radical de la relation des États-Unis avec Israël, alors que le calme revient suite à un cessez-le-feu qui a mis fin à 11 jours de guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

Enhardis par des parlementaires flamboyants et un programme centré sur la justice sociale pour les Palestiniens, les appels au conditionnement de l’aide militaire à Israël et les critiques de ses actions sont passés des marges du Parti démocrate au parquet de la Chambre des Représentants et du Sénat.

Mais les organisations de soutien à Israël aux États-Unis mobilisent leurs partisans pour repousser les tentatives des progressistes pour empêcher 735 millions de dollars de ventes d’armes à Israël et d’autres démarches visant à conditionner l’assistance militaire.

Pendant ce temps, les Républicains attaquent la diplomatie «calme et intensive» du président Biden pour n’avoir pris publiquement le parti d’Israël au moment où il était assiégé par les roquettes du Hamas, et a enhardi l’Iran, soutien par les discussions en cours sur l’accord nucléaire.

«La politique intérieure a toujours été présente en ce qui concerne les relations américano-israéliennes et le soutien américain à Israël», déclare Aaron David Miller, qui a été négociateur dans le processus de paix entre israéliens et palestiniens dans les administrations républicaines et démocrates.

« Je le pense maintenant plus que jamais depuis que je vois ce film –  l’insistance sur la relation américano-israélienne et les critiques des actions d’Israël sont probablement plus forts que jamais », a-t-il ajouté.

Les organisations progressistes estiment que la dynamique est de leur côté, soutenue par l’évolution des priorités chez les démocrates qui ont poussé pour des évolutions des politiques sur le changement climatique, le système de santé,  la réforme de la justice pénale et l’équité raciale.

«Le conditionnement de l’aide au gouvernement israélien est une politique qui est soutenue par l’écrasante majorité des démocrates mais qui n’est pas soutenue par l’écrasante majorité des démocrates à Washington», déclare Waleed Sahid, directeur de la communication pour Justice Democrats, le comité d’action politique derrière l’émergence de  la députée à la Chambre des Représentants. Alexandria Ocasio-Cortez (DN.Y.) et d’autres parlementaires progressistes de premier plan au Congrès.

«Mais c’est vrai pour de nombreux sujets sur lesquels les progressistes font campagne. Avec le temps, à notre avis, le parti changera avec plus de pressions venues de l’intérieur et de l’extérieur sur cette question. »

Ocasio-Cortez, avec le Sénateur. Bernie Sanders (I-VT), anime les démarches pour arrêter les ventes militaires en instance pour Israël, avec une résolution présentée à la fois à la Chambre et au Sénat la semaine dernière.

«Pendant des dizaines d’années, les États-Unis ont vendu pour des milliards de dollars d’armes à Israël sans jamais lui demander de respecter les droits fondamentaux des Palestiniens. Ce faisant, nous avons directement contribué à la mort, au déplacement et à la privation du droit de vote de millions de personnes », a déclaré Ocasio-Cortez dans un communiqué.

Ses propos sont intervenues au moment où parvenaient des informations faisant état de l’augmentation du nombre de morts palestiniens dans la bande de Gaza tués par les frappes aériennes israéliennes visant les combattants du Hamas et ses infrastructures.

Un cessez-le-feu entré en vigueur vendredi matin a pour l’instant mis un terme aux combats. Mais le ministère de la Santé de Gaza a déclaré jeudi que 232 Palestiniens avaient été tués au cours des 11 jours de conflit, dont 65 enfants, 39 femmes et 17 personnes âgées. Environ 1 900 ont été blessés. Israël affirme qu’il a tué plus de 130 terroristes du Hamas.

Le parrainage par Sanders de la résolution s’opposant aux ventes d’armes à Israël obligera à un vote sur la question au Sénat. S’il est peu probable qu’elle obtienne une majorité, les militants progressistes  saluent néanmoins ce moment comme «historique».

«Le mouvement progressiste s’est renforcé ces dernières années et a élu plus de champions des droits de l’homme», déclare Yasmine Taeb, une avocate spécialisée dans les droits de l’homme qui est à l’avant-garde de l’organisation de mouvements progressistes appelant à plus de responsabilité d’Israël dans sa politique envers les Palestiniens.

«Je pense que ce sont les avancées que nous avons réalisées et le renforcement de notre stratégie intérieure et extérieure, qui nous ont amenés à ce moment.»

Taeb était l’une des initiatrices d’une lettre ouverte à l’administration Biden la semaine dernière, signée par plus de 140 organisations progressistes, qui appelait à dénoncer comme «crimes de guerre» les politiques israéliennes envers les Palestiniens à Jérusalem et en Cisjordanie.

La lettre a été publiée après des semaines de tensions croissantes et de violents affrontements dans la ville sainte, que le Hamas a utilisés comme catalyseur pour commencer à tirer des roquettes sur Israël.

Les tirs indiscriminés de roquettes  du Hamas – plus de 4 400 missiles au total pendant 11 jours – ont largement éloigné l’attention de Capitol Hill (là où se trouvent les deux chambres parlementaires) des frustrations croissantes à l’encontre des politiques israéliennes à l’égard de s Palestiniens pour l’orienter vers le droit d’Israël à se défendre.

Les républicains ont critiqué la diplomatie en coulisses de Biden comme manquant à plus défendre publiquement Israël face aux critiques des progressistes et de la communauté internationale.

Le président a réussi à pousser Israël vers un cessez-le-feu et a évité de l’exiger publiquement, ce qui selon les experts, aurait été un fait sans précédent dans la relation américano-israélienne.

« Si Biden a de la chance, il pourra continuer à naviguer de cette manière », déclare Miller, qui est maître de recherche au Carnegie Endowment for International Peace.

Il ajoute que les relations entre les États-Unis et Israël ne sont pas à un stade de crise, mais que l’accord bi-partisan [Républicains – Démocrates, NdT] qui sous-tend généralement cette relation est « soumis à un stress plus grand que jamais auparavant ».

Israël dit qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter les victimes civiles palestiniennes lors des frappes aériennes à Gaza et condamne le Hamas pour avoir mis en place ses opérations militaires dans des centres de population.

Alors que le système de défense antimissile Dôme de Fer, conçu avec l’aide des États-Unis, a intercepté environ 90% des tirs de roquettes du Hamas, 13 personnes ont été tuées en Israël et des millions ont dû se réfugier dans des abris anti-bombardements.

Les organisations de soutien à Israël qui s’opposent aux exigences des progressistes de conditionnement de l’aide militaire à Israël affirment que de telles restrictions seraient une menace pour la sécurité du peuple israélien parce que cette aide est essentielle pour la stratégie israélienne de dissuasion et de dégradation des capacités militaires du Hamas et permet de renforcer Israël contre les menaces d’autres organisations terroristes et contre un conflit avec la Syrie et l’Iran.

«Nous ne soutenons pas les démarches visant à bloquer les ventes d’armes à Israël,» a déclaré Halie Soifer, présidente de l’organisation pro-israélienne Jewish Democratic Council of America (JDCA).

Dans des déclarations publiques et des séances d’information avec les parlementaires et les équipes sur la Capitol Hill, la JDCA souligne que la vente d’armes proposée d’un montant de 735 millions de dollars n’est pas liée aux hostilités actuelles et fait partie des engagements américains dans le protocole d’accord entre les États-Unis et Israël de 2016, promettant 38 milliards de dollars en faveur d’Israël sur 10 années dans le cadre du financement militaire étranger, dont 500 millions de dollars par an pour le Dôme de fer.  

«Ces ventes sont conformes au protocole d’accord, et nous soutenons donc la poursuite de ces ventes,» a déclaré Soifer. «Nous ne croyons pas non plus à l’utilisation de l’aide militaire à Israël, qui sauve des vies, comme levier pour influer sue le conflit israélo-palestinien.»

Les organisations qui promeuvent n soutien bi-partisan à Israël, comme l’influent American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) et Christians United For Israel (CUFI), fort de dix millions d’adhérents, ont lancé un appel à leurs membres pour qu’ils agissent afin de «rejeter les tentatives extrémistes» des progressistes pour conditionner l’aide à Israël.

Ces messages d’alerte sont accompagnés de portraits d’Ocasio-Cortez, Sanders et de ceux des élues à la Chambre des Représentants Rashida Tlaib (Démocrate – Michigan) et Ilhan Omar (Démocrate-Minnesota), les deux premières demmes de confession musulmane élues au Congrès.

Omar, qui a été accusée d’avoir tenus des propos antisémites dans sa critique d’Israël, est une cible fréquente de l’AIPAC qui , fait rare, s’est excusée en février 2020 après la publication d’une série d’annonces sur Facebook et dans la presse dépeignant Omar et d’autres parlementaires progressistes comme «plus sinistres que l’État Islamique dans leur démarche pour conditionner l’aide militaire à Israël.»

Annonces de l’AIPAC dépeignant I. Omar et R. Tlaib comme des antisémites

Mais l’AIPAC a affiné son message et a refusé de se dédire d’une série d’annonces payantes plus récentes portant sur Omar, bien que le bureau de cette dernière dise qu’elles incitent à la violence contre elle et les autres musulmans.

Les organisations de soutien à Israël et les groupes progressistes conviennent tous deux que la majorité du Parti démocrate, ainsi que Biden et ses officiels, sont fermement contre le conditionnement de l’aide militaire à Israël.

Mais les groupes progressistes se concentrent sur la poursuite de changements progressifs qui feront évoluer le parti.

«Tout ce qu’il faudra, c’est un faux pas du gouvernement israélien qui suscitera une toute nouvelle vague de soutien démocrate à la cause palestinienne  qui est de mettre fin à l’apartheid en Israël», déclare Robert McCaw, directeur des affaires gouvernementales du Council on American-Islamic Relations (CAIR).. .

L’administration Biden et le gouvernement israélien rejettent les accusations d’apartheid, définies comme des politiques ou des systèmes de ségrégation et de discrimination fondés sur la race, qui sont formulées par des organisations de défense des droits de l’homme – le plus récemment dans un rapport publié le mois dernier par Human Rights Watch.

Mais l’accusation d’apartheid a une grande place dans discussions des progressistes autour d’Israël et elle a été réitérée par Omar la semaine dernière à la Chambre des représentants.

McCaw a qualifié les propos d’Omar ainsi que des prises de parole semblables par dix autres membres progressistes du Congrès de «grand événement».

«Ces deux dernières semaines ont amené un certain nombres de membres du Congrès à réévaluer ces accusations justifiées d’apartheid en Israël,» dit-il.

«La question est combien de temps encore le gouvernement des États Unis ignorera t-il les violations par Israël des droits civiques du peuple palestinien. Je ne pense pas que ce sera pendant longtemps.»

Selon Henry Siegman, la politique des dirigeants sionistes condamne l’Etat juif à la disparition

28 janvier 2018

L’article qui suit a été écrit par Henry Siegman qui n’est pas seulement un universitaire connu et un rabbin orthodoxe mais aussi un des anciens dirigeants de la communauté juive américaine puisqu’il a été à la tête de l‘American Jewish Congress de 1978 à 1994.

Sa notice biographique sur Wikipédia indique qu’il a été aumônier militaire pendant la guerre de Corée, ce qui lui a valu de hautes distinctions.

Nous avons là à peu près le CV classique d’un patriote américain et d’un militant sioniste. Ce qui, sauf à être un néoconservateur ou un évangéliste, est contradictoire.

Henry Siegman a évidemment cherché à résoudre cette contradiction et il l’a fait progressivement d’abord en plaidant pour des discussions sincères de paix entre le régime sioniste et les représentants du peuple palestiniens, puis en critiquant l’hypocrisie des gouvernants sionistes et en dénonçant avec Jimmy Carter la politique d’apartheid de ces mêmes gouvernants.

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Henry Siegman et Yasser Arafat

Aujourd’hui, il considère que la boucle est bouclée et que la solution à deux Etats à laquelle il a cru auparavant n’est plus possible en raison de la politique d’apartheid et de dépossession menée par les autorités sionistes.

Il affirme nettement qu’il n’y a plus d’autre solution que celle à un seul Etat et qu’elle se réalisera d’une manière ou d’une autre, se traduisant au passage par un exode de nombreux Juifs qui ne pourront pas accepter de vivre à égalité avec le peuple autochtone de Palestine. On note que Siegman exclut que les Palestiniens puissent obtenir d’être rétablis dans leurs droits en usant de la force.

On notera que le texte de Siegman est publié dans The American Conservative, une revue de droite opposée au néo-conservatisme à qui il est reproché de précipiter l’Amérique dans des guerres coûteuses en hommes et en argent qui ne correspondent en rien aux intérêts fondamentaux du peuple américain.

Les implications de la décision du Président Trump pour Jérusalem

La décision de Trump pour Jérusalem a réussi à faire ce que des années de colonisation israélienne n’avaient pas réussi à faire – briser l’illusion d’une solution à deux Etats

Par Henry Siegman, The National Interest (USA) 23 janvier 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

La décision de Trump sur Jérusalem a permis à ce que les années de colonies israéliennes n’ont pas réussi à faire – briser l’illusion d’un résultat à deux états.

Nonobstant ce qui précède, l’initiative mal conçue de Trump sur Jérusalem peut encore avoir une conséquence positive, même si elle est involontaire. Rien n’a été aussi nuisible à la lutte palestinienne pour mettre fin à l’occupation israélienne et au vol incessant de territoires destinés à son [futur] état que l’insistance d’Abbas pour préserver l’Autorité palestinienne et le mythe selon lequel elle joue le rôle d' »Etat en formation » alors qu’elle a clairement permis à Israël de consolider son occupation. La décision de Trump sur Jérusalem a réussi ce que des années de colonies israéliennes ont échoué à faire : briser l’illusion d’un résultat à deux états et permettre au mouvement national palestinien de se transformer en une lutte pour les droits, c’est-à-dire lutter pour mettre fin à un régime d’apartheid, une démarche que j’ai préconisée pendant plus d’une décennie, et qui est maintenant de plus en plus celle qu’adoptent les jeunes palestiniens. Ce qui est particulièrement significatif, c’est que cette jeune génération fait le choix d’une lutte pour des droits égaux dans un Etat unique  non par désespoir d’obtenir leur propre Etat, mais parce que c’est la solution qui a leur préférence. C’est le bon choix parce que leur lutte pour leur propre Etat est de celles que les Palestiniens ne peuvent gagner, tandis que la lutte d’Israël pour maintenir un régime d’apartheid est de celles qu’Israël ne peut pas gagner.

Si après ce qui sera très certainement une lutte longue et difficile contre l’apartheid, les Palestiniens l’emportent, ils seront nettement majoritaires. Ayant institué le principe selon lequel la majorité peut imposer à la minorité l’identité religieuse et culturelle de l’Etat; Israël ne sera pas en position favorable pour contester ce même droit aux Palestiniens. Ce qui conduira à un exode significatif de Juifs israéliens.

Si les Palestiniens n’ont pas gain de cause, alors le caractère incontestable d’apartheid de l’Etat d’Israël et le coût de la lutte en cours aboutiront au même résultat – un exode des Juifs israéliens avec le temps, créant un déséquilibre démographique encore plus grand entre les Juifs du pays et les populations arabes. Les Palestiniens ne partiront pas parce qu’ils n’auront nulle part où aller.

Le résultat est donc susceptible d’être la fin d’Israël en tant qu’État juif. Si tel est le cas, ce ne sera pas le fait des mouvements BDS mais des Israéliens eux-mêmes, non seulement parce qu’ils refusent la solution des deux États, mais aussi parce qu’ils insistent pour définir l’identité nationale et les prétentions territoriales d’Israël en termes religieux. Un Etat qui accorde de manière accélérée la citoyenneté par la conversion religieuse au judaïsme parrainée par le gouvernement, comme le fait maintenant le gouvernement israélien, ne peut pas longtemps cacher qu’il privilégie ses citoyens juifs – tout comme les Etats-Unis ne pourraient pas prétendre être une démocratie si la conversion au christianisme était une modalité d’accès à la citoyenneté américaine. La nouvelle législation approuvée par Netanyahou et le parti du Likoud au pouvoir qui permet explicitement aux principes démocratiques d’être contournés par la législature d’Israël s’ils contredisent certains principes religieux juifs démontre que l’idée d’un Etat juif et démocratique était sans doute un oxymore dès le début.

Henry Siegman est Président Emerite de l’U.S./Middle East Project et un ancien membre du Council on Foreign Relations. Il a par le passé dirigé l’American Jewish Congress et le Synagogue Council of America.

Appelons un chat un chat: l’Etat juif est un Etat d’apartheid

27 octobre 2017

Je n’ai pas le temps de commenter. Je dirai simplement que l’article que je vous propose est intéressant, non par ce qu’il nous apprend ou par la thèse qu’il développe mais par le fait que celui qui veut appeler un chat un chat est Neil Macdonald, un journaliste canadien reconnu qui s’exprime dans un important média, où il assume la fonction d’éditorialiste [ce qui n’est pas rien dans la presse anglo-saxonne). Ce média, c’est la Canadian Broadcasting Corporation, l’équivalent de feu l’ORTF en France.

Photo of Neil Macdonald

Neil Macdonald

Il va sans dire que seul un professionnel dont la carrière est déjà faite peut se permettre ce genre d’article.

Ne parlons plus de ‘terrain glissant’ – Israël est déjà un Etat d’apartheid : Neil Mcdonald

Depuis l’élection de Donald Trump, la colonisation se poursuit avec un enthousiasme renouvelé

par Neil Macdonald, CBC News (Canada) 24 octobre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le moment est venu d’appeler un chat un chat. Il est temps d’être d’accord avec une longue liste de leaders politiques, universitaires et personnages publics israéliens de droite comme de gauche, dont trois anciens premiers ministres, un lauréat du prix Israël, deux anciens chefs du service de sécurité intérieure israélien, le Shin Bet, et un des principaux journaux du pays qui ont tous prévenu que l’Etats juif était en train de devenir, ou est déjà, un Etat d’apartheid.

Je choisirais cette dernière caractérisation.

Il est intéressant de constater que, dans le discours israélien, cette affirmation semble être devenue routinière, alors qu’elle reste sulfureuse en Occident, où des activistes pro-israéliens consacrent beaucoup d’anergie à scruter les médias, le monde universitaire et le discours politique, prêts à accuser d’antisémitisme ou d’incitation [à l’antisémitisme] dès que ce mot est utilisé.

Songez à l’indignation et au venin dont a été accablé l’ancien Président Jimmy Carter, sous les auspices duquel l’accord de paix entre l’Egypte et Israël avait été signé, quand il a intitulé son livre de 2006 « Palestine: la Paix, pas l’apartheid. »

Soudainement, Carter était passé du statut de lauréat du prix Nobel de la paix et d’homme d’État à celui de vieil homme sous l’emprise des terroristes, du moins aux yeux des partisans d’Israël, dont une fraction importante de ses propres troupes, les Chrétiens évangéliques américains.

Un chat est un chat

Mais la réalité est la réalité, et un chat un chat. Comme l’avait dit feu Yossi Sarid, longtemps dirigeant du parti israélien Meretz et ancien ministre de l’éducation : « Ce qui agit comme un apartheid, est gouverné comme un apartheid et harcèle comme un apartheid, n’est pas un chat – c’est l’apartheid. »

En juin dernier, l’ancien premier ministre israélien Ehud Barak a réaffirmé la position qui est la sienne depuis des années : « si nous continuons à contrôler l’ensemble du territoire de la Méditerranée au fleuve Jourdain où vivent quelque 13 millions de personnes – huit millions d’Israéliens et cinq millions de Palestiniens… si une seule entité gouvernait toute cette région, nommée Israël, elle deviendrait inévitablement – c’est le mot clef, inévitablement – soit non juive, soit non démocratique. » Le pays est, répétait-il, « sur une pente glissante » qui se terminera en apartheid.

La ligne de séparation entre les personnalités israéliennes qui utilisent le terme ici et maintenant, plutôt que comme un avertissement pour ce qui pourrait arriver, semble porter sur la persistance d’un « processus de paix », avec sa promesse d’un Etat palestinien et son autogouvernement.

Et à l’époque où j’étais en poste à Jérusalem pour CBC News à la fin des années 1990, cela semblait vraiment de l’ordre du possible, même si c’était peu probable.

Depuis lors, le processus de paix – jamais enthousiaste – s’était complètement effondré. L’expansion des colonies juives en Cisjordanie s’est poursuivie et, depuis l’élection de Donald Trump, la colonisation s’est accélérée connaissant un regain d’enthousiasme.

Leur existence est en fait saluée à chacun de ses déplacements par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

« Nous sommes ici pour rester, pour toujours, » a-t-il déclaré il y a deux mois dans la colonie de Barkan où il commémorait le 50ème anniversaire de l’occupation de la Cisjordanie par Israël.

« Il n’y aura plus de démantèlement de colonies sur la terre d’Israël. » (La « Terre d’Israël » par opposition à l’Etat d’Israël est un terme utilisé par la droite israélienne pour parler du territoire situé entre le Jourdain et la méditerranée, et parfois même au-delà).

Ayelet Shaked et Naftali Bennett, respectivement ministres israéliens de la justice et de l’éducation, ont dit que les Palestiniens devaient comprendre qu’ils n’auront jamais un Etat. Le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, lui-même colon, a dit qu’il n’y avait « aucun espoir » d’un Etat palestinien sur lequel il y aurait accord mutuel, mais il a mis en garde Naftali Bennett contre la promotion d’une annexion pure et simple :

« Ce que Bennett et son parti Foyer Juif proposent est un état binational classique », a déclaré Liberman il y a deux ans. « Ils doivent décider s’ils parlent d’un Etat binational entre le Jourdain et la Méditerranée … ou s’ils parlent d’un Etat d’apartheid ».

Sous-classe palestinienne

La logique de Lieberman semble être que tant que les Palestiniens sont simplement occupés et gouvernés par un ensemble de lois différent, avec beaucoup moins de droits que les Israéliens (par opposition au fait de leur refuser un Etat mais de leur donner le droit de vote dans une version élargie d’Israël, ce que la droite israélienne considère comme un suicide national), alors ce n’est pas vraiment l’apartheid.

Mais à ce stade l’annexion consisterait simplement à officialiser un fait accompli.

Ces dix dernières années, la doctrine du « Mur d’acier » de Ze’ev Jabotinsky a donné naissance à un véritable mur, parfois en acier, qui court à peu près le long des frontières de 1967 de Gaza et de la Cisjordanie. Les principales routes depuis Jérusalem vers Ramallah et Naplouse au nord, et vers Bethléem et Hébron au sud sont désormais coupées par des barrières fortifiées gigantesques. Les colons juifs, environ 750 000 personnes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ont une liberté complète de mouvement sur des routes qui leur sont réservées et sont effectivement interdites à la sous-classe palestinienne privée de ses droits.

Les colons soupçonnés de crimes jouissent de tous leurs droits devant les tribunaux israéliens ; les Palestiniens subissent les tribunaux militaires, l’emprisonnement pour une durée indéfinie sans inculpation (« détention administrative ») et les punitions collectives. Les colons ont le droit de porter des armes et de s’en servir en auto-défense; pas les Palestiniens. Les colons jouissent du droit de propriété. Les palestiniens revendiquent leurs propriétés. Et cetera.

Netanyahou présente tout cela comme une question de survie nationale, avertissant que toute terre concédée sera immédiatement occupée par des terroristes fondamentalistes déterminés à détruire l’État d’Israël, avec ses armes nucléaires, ses chars, ses avions de combat, ses systèmes de défense antimissile et ses plus 600 000 soldats d’active et troupes de réserve.

Sa définition du terrorisme est nuancée; lors d’une manifestation commémorant il y a quelques années le 60ème anniversaire de l’attentat à la bombe de l’hôtel King David par des combattants de l’Irgoun, considéré comme un acte terroriste par le gouvernement britannique, Netanyahou a qualifié les auteurs de combattants militaires légitimes et a prévenu le gouvernement britannique indigné de surveiller son langage.

Mais dès lors, une vision du monde élastique est apparemment nécessaire pour maintenir le statu-quo; quand le Fatah de Mahmoud Abbas a signé récemment un accord de réconciliation officielle avec les « terroristes » du Hamas qui gouvernent Gaza, Israël et les Etats-Unis s’y sont opposés, affirmant qu’une telle entente met en danger, mais oui, le processus de paix. Le fait que les terroristes actuels tendent à devenir les hommes d’État de demain (les poseurs de bombes de l’Irgoun rejoignirent le gouvernement israélien naissant et l’ancien chef de l’Irgoun, Menahem Begin, devint Premier ministre) n’est apparemment pas pertinent dans ce contexte.

En tout cas, la pente glissante dont parlait Ehud Barak est maintenant dans le rétroviseur. Le chat de Yossi Sarid est arrivé. Reconnaissons ce fait, laissons tomber les faux-semblants et avançons.

Au regard du droit, le régime sioniste est un régime d’apartheid et son boycott est légitime

25 février 2016

J’ai eu vraiment plaisir à traduire cet article de Ben White, un militant pro-palestinien très connu en Grande Bretagne.

La traduction est perfectible, j’en suis bien conscient, mais je suis heureux de proposer ce texte à tous ceux qui s’intéressent à la cause palestinienne et à la question de la liberté des peuples en général.

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Ben White

Ben White a écrit ce texte dans un contexte marqué en Grande Bretagne comme en France mais aussi au Canada par une offensive de ceux qui sont opposés aux campagnes BDS, c’est-à-dire Boycott Désinvestissement et Sanctions à appliquer à l’entité sioniste.

Une offensive concertée et sans douté décidée à Tel Aviv avant d’être relayé jusque dans nos mairies.

boycott total

Ben White

Qualifier d’apartheid l’occupation israélienne de la Palestine n’est ni de la simplification, ni de la provocation – c’est un constat de fait.

Non seulement ce constat a le soutien des Sud-Africains qui ont lutté contre l’apartheid mais la situation correspond à la définition [de l’apartheid] selon le droit international.

Par Ben White, The Independent (UK) 24 février 2016 traduit de l’anglais par Djazairi

Cette semaine, j’ai participé à des événements organisés dans le cadre de la Semaine de l’Apartheid Israélien qui chaque année « vise à éveiller les consciences sur le projet colonial israélien en cours et les politiques d’apartheid appliquées à la population palestinienne. »

Aux yeux de certains, parler d’un « apartheid » israélien peut leur sembler être juste un autre effet de manche utilisé par des militants. D’autres considèrent cela comme inutile, simplificateur, provocateur ou même antisémite.

Mais que disons-nous vraiment quand nous parlons d’un apartheid israélien ?

Tout d’abord, et surtout, il ne s’agit pas d’une analogie trait pour trait avec ce qu’était le régime sud-africain. Même s’il est vrai que de fortes personnalités de l’époque de la lutte anti-apartheid ont invoqué la comparaison. En 2002, par exemple, Desmond Tutu avait dit qu’un séjour en Palestine lui avait rappelé « beaucoup de choses qui nous étaient arrivées, à nous population noire d’Afrique du Sud. » Et en 2009, Tutu avait aussi approuvé un livre que j’avais écrit intitulé « Israeli Apartheid : A Beginner’s Guide » (l’apartheid israélien, un guide pour les débutants).

Il y a énormément de choses à dire sur ce qui s’est passé en Afrique du Sud et ce qui se passe en Israël et en Palestine. Mais cette comparaison n’a pas de rapport avec la recherche de savoir si parler d’apartheid israélien est juste ou adapté.

La raison en est que l’apartheid est un crime en droit international, indépendamment de ce qu’a connu l’Afrique du Sud. Le protocole additionnel de 1977 aux Conventions de Genève de 1949, cite l’apartheid comme une « grave violation » qui n’a « aucune limitation géographique« .

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Le boycott a été et reste un moyen de lutte légitime

L’apartheid est aussi qualifié de « crime contre l’humanité » dans le statut de Rome de la Cour Pénale Internationale adopté en 1998 – quatre ans après la fin officielle de l’apartheid en Afrique du Sud.

Le statut de Rome définit l’apartheid comme des actes inhumains « commis dans le cadre d’un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime »

Les lois et les pratiques israéliennes répondent-elles à cette définition ? Selon les termes mêmes du Département d’Etat des Etats Unis, les Palestiniens font face à « une discrimination institutionnelle et sociétale. » Elle touche des domaines comme l’immigration et la vie de famille, le logement et le foncier.

Il n’existe aucune garantie d’égalité, et les défenseurs des droits de l’homme ont identifié plus de cinquante lois discriminatoires.

En Cisjordanie, l’Etat juif a créé et établi un réseau de colonies illégales dont les habitants – des citoyens d’Israël – vivent parmi des Palestiniens qui sont soumis à la loi martiale. Pendant que les colonies s’étendent, les maisons palestiniennes sont démolies.

Récemment, selon les termes de l’ONG israélienne pour les droits de l’homme B’Tselem, les autorités israéliennes ont « accentué leurs efforts pour expulser des villages palestiniens de vastes zones de la Cisjordanie » – c’est du nettoyage ethnique.

Entre le 1er janvier et le 15 février de cette année, selon les chiffres des Nations Unies, les forces israéliennes ont détruit ou confisqué 283 maisons et autres structures palestiniennes, déplaçant 404 personnes.

Un haut fonctionnaire de l’ONU a expliqué que si la plupart de ces démolitions « ont été pratiquées sur la base de l’argument juridique spécieux que ces Palestiniens n’avaient pas de permis de construite, » les chiffres israéliens eux-mêmes montrent que « seulement 1,5 % des demandes de permis déposées par des Palestiniens sont acceptées. »

Amnesty International a décrit le « déni officiel de participation à la planification [d’occupation du sol] pour toute une population, couplé avec l’établissement d’un système parallèle de planification pour les colonies israéliennes qui est une discrimination explicite en faveur d’une autre population dont la fait même de vivre dans le territoire en question enfreint le droit international » comme  » unique au monde ».

Dans la bande de Gaza, les Palestiniens continuent à souffrir sous un blocus israélien qui constitue un châtiment collectif illégal. Quant d’Israël ne conduit pas ses horribles attaques à grande échelle sur ce territoire entièrement clôturé, il y a des attaques de routine contre des pêcheurs et des paysans palestiniens.

En fait, les Palestiniens de Gaza sont en majorité des réfugiés dont les terres se trouvent à seulement quelques kilomètres plus loin dans le territoire israélien d’avant 1967. Ce qui nous rappelle le fait que la « majorité juive » d’Israël a été obtenue au prix de l’expulsion des Palestiniens et n’est maintenue que la perpétuation de leur exclusion.

Ce n’est là qu’un échantillon – mais le point essentiel ici est que les crimes d’Israël ne sont pas des « aberrations ». Ce ne sont pas les agissements de quelques généraux excités ou d’un gouvernement d’une droite particulièrement extrême. Nous parlons ici d’une législation qui fixe un cadre et de politiques poursuivies par l’Etat depuis des dizaines d’années.

Nous parlons donc, ainsi que le statut de Rome l’énonce, « d’actes inhumains…commis dans le cadre d’un régime institutionnalisé ». C’est pourquoi le Comité des Nations Unies pour l’Elimination de la Discrimination Raciale a exhorté Israël à « éradiquer » toutes les pratiques qui enfreignent la prohibition de la « ségrégation raciale et de l’apartheid. »

Rejeter tous ces éléments au motif qu’Israël « ce n’est pas la même chose que l’Afrique du Sud » revient à passer à côté du sujet, de la même manière que blanchir la discrimination systématique simplement parce qu’il y a un « Arabe » à la Cour Suprême israélienne (un seul sur 66 juges aujourd’hui comme hier) n’est que de la symbolique à bon marché.

Les faits sont clairs. C’est l’apartheid israélien qui devrait susciter l’indignation – pas les campagnes (ou les boycotts) en faveur des droits élémentaires des Palestiniens.

Le socialisme français sous la lumière crue de l’apartheid et du sionisme

9 décembre 2013

Les évolutions politiques en cours depuis la chute du mur de Berlin devraient nous inciter à réfléchir sur ce que nous appelons gauche, droite, fascisme, antifascisme, laïcité etc.

Parce qu’on tend à employer ces mots comme des totems, sans jamais s’interroger sur ce qu’ils recouvrent vraiment.

Certains événements particuliers sont pourtant des occasions de réflexion en ce qu’ils projettent une lumière crue sur une réalité habituellement voilée.

C’est le cas par exemple avec l’annonce du décès et des obsèques de Nelson Mandela, le grand leader Sud-Africain.

Au milieu du concert quasi universel de louanges on a en effet pu observer deux faits significatifs.

Le premier est que François Hollande a décidé d’inviter Nicolas Sarkozy à le rejoindre dans la délégation française qui assistera aux funérailles de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Quand on se souvient de la teneur du discours de Nicolas Sarkozy sur l’homme Africain insuffisamment entré dans l’histoire, on peut se demander si cette invitation ne signale pas une affinité supplémentaire entre François Hollande et un Sarkozy avec la politique économique et étrangère duquel le gouvernement socialiste n’a pas vraiment rompu.

L’autre fait significatif est l’annulation du déplacement pour les mêmes funérailles de Benjamin Netanyahou et de Shimon Peres au motif du coût élevé du transport et du séjour ! (Ce qui revient en fait à insulter ouvertement le défunt).

Vous me direz que quand on aime on ne compte pas. Justement la presse ne se gêne pas pour rappeler que les dirigeants sionistes n’aimaient pas Mandela et que celui-ci le leur rendait bien en affichant son soutien à la cause palestinienne.

Maintenant, il faut juste se souvenir des dernières rencontres entre François Hollande et Benjamin Netanyahou et des déclarations d’amitié (presque d’amour) du président Français à l’égard du premier ministre sioniste, où des bisous entre Laurent Fabius et Shimon Peres pour comprendre le caractère incongru de la présence même de François Hollande aux obsèques de Nelson Mandela. Parce que le soutien à l’apartheid par l’entité sioniste n’était pas l’affaire de la droite ou de la gauche sioniste mais de tout le mouvement sioniste.

Laurent Fabius et Shimon Peres, plus qu'une amitié

Laurent Fabius et Shimon Peres, plus qu’une amitié

Shimon Peres, que les socialistes Français ont régulièrement côtoyé dans les rangs de l’Internationale Socialiste était ministre de la défense en 1974 et il fut un des principaux artisans du resserrement des relations avec l’Afrique du Sud ségrégationniste sur la base, selon ses propres termes, «de notre haine commune de l’injustice et de notre refus  de se soumettre à elle» et d’une «identité d’aspirations et d’intérêts».

Angry Arab reproduit une lettre adressée par Shimon Peres en 1974 à Eschel Rhoodie, alors  ministre de l’information Sud-Africain.

Lettre de Shimon Peres à Eschel Rhoodie

Lettre de Shimon Peres à Eschel Rhoodie

Cette lettre est mentionnée par The Guardian, journal selon lequel Eschel Rhoodie avait même rapporté de Tel Aviv, en bagage à main, ce qu’il présentait comme un détonateur pour bombe atomique, c’est-à-dire probablement une substance radioactive de nature à provoquer la réaction en chaîne, l’explosion de la matière fissile.

Ci-dessous la traduction de la lettre de l’ami de Laurent Fabius qui lui aussi a une longue histoire de soutien à Nelson Mandela.

Ministère de la défense

Tel Aviv, le 22 novembre 1974

Top secret

Cher Dr Rhoodie,

Permettez moi de vous remercier très sincèrement pour les gros efforts que vous avez déployés pour assurer le succès des réunions qui se sont tenues à Pretoria les 13 et 14 de ce mois.

C’est en très grande partie grâce à votre perspicacité, votre clairvoyance et à votre imagination politique qu’une coopération d’une importance vitale entre nos deux pays a été initiée. Cette coopération est basée non seulement  sur des intérêts communs et sur la détermination à résister également à nos ennemis, mais aussi sur les fondations inébranlables de notre haine commune de l’injustice et de notre refus  de se soumettre à elle.

Tout comme je suis conscient du rôle personnel significatif que vous avez joué dès les étapes préliminaires de nos discussions, je suis aussi convaincu  que les nouveaux liens que vous avez contribué à forger entre nos deux pays vont se développer dans une proche identité d’aspirations et d’intérêts qui s’avèreront durablement bénéfiques pour nos deux pays.

Je me réjouis de vous rencontrer à nouveau lors de votre prochaine visite en Israël.

Avec mes chaleureuses et sincères salutations,

Shimon Peres, ministre de la défense

Le fondement de l’idéologie sioniste: colonialisme et racisme

25 novembre 2012

Ce blog va être en repos pendant une durée indéterminée pour un ensemble de raisons personnelles et professionnelles. Je reprendrai les mises à jour dès que possible

Le site Lenin’s Tomb nous propose un petit aperçu de ce qu’est la situation idéologique en ce moment dans l’entité sioniste.

Cette situation est caractéristique des systèmes coloniaux avec une prégnance de la définition du conflit en termes ethniques et le caractère inopérant des approches en termes de classes sociales.

Ce n’est pas que l’approche en termes de classes sociales, marxiste autrement dit, ne soit pas pertinente pour l’analyse, mais que ce n’est pas en ces termes que les protagonistes comprennent la situation.

Pour ces derniers, les choses se résument fondamentalement à la dichotomie «nous/eux,» en gardant bien en tête que le « nous » sioniste englobe un ersatz de nation constitué essentiellement d’assassins, de voleurs et d’indus occupants. Ce qui explique le caractère sauvage de leur pensée et de leurs actions.

Eliminationnisme

par lenin, Lenin’s Tomb (USA) 19 novembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Selon Emily Hauser du Daily Beast, ces étudiants Israéliens ont spontanément scandé «Mort aux Arabes » après avoir chanté l’hymne national [de l’entité sioniste]. Elle observe que ça se passe à l’université d’Haïfa qui accueille un nombre assez important d’étudiants Palestiniens. Oh, il faudra bien qu’ils fassent avec.

Cela se produit dans un pays où il est normal de parler de Gaza comme étant en cours de ‘reformatage’ (dont une des significations est l’effacement de contenu); où un journal d’audience nationale peut publier des propos de type nazi qui appellent à un bombardement du genre Hiroshima sur Gaza ; où des politiciens peuvent menacer Gaza d’un ‘holocauste’ où de la bombarder de sorte à la renvoyer à l’ère médiévale ; où la majorité des habitants est favorable à l’apartheid (quels que soient les euphémismes polis que choisit de lui donner Haaretz) voire pire; où le gouvernement peut adopter un projet de loi exigeant des habitants non juifs qu’ils fassent serment d’allégeance à Israël en tant qu’Etat juif (ce qui veut dire que les Arabes Israéliens doivent renoncer à leur droit de s’opposer à la colonisation raciste).

Les quelques gauchistes et pacifistes Israéliens qui essayent de résister à ce déluge sont courageux, mais on se demande quelles sont leurs chances. Même la promesse du mouvement Occupy [sur le modèle d’Occupy Wall Street] semble s’effacer devant l’extraordinaire recrudescence de barbarie hystérique  qui gagne les Israéliens chaque fois qu’ils goûtent au sang palestinien.

« Plomb durci » ou « Pilier de défense » contre Gaza: une stratégie sioniste vouée à l’échec

22 novembre 2012

La campagne militaire sioniste contre Gaza vient de s’achever. Je ne vais pas vous parler des faux prétextes avancés par les terroristes sionistes pour justifier leur énième agression contre le peuple palestinien, mais plutôt des enseignements stratégiques qui peuvent être tirés en ce premier jour de cessez-le-feu.

Il faut d’abord constater que le régime sioniste qui voulait encore jouer à bon compte les gros bras en a été pour ses frais. Il a certes infligé, comme à son habitude, force pertes humaines et destructions aux habitants de la bande de Gaza, mais la riposte de la résistance palestinienne a été plus déterminée que jamais et, pour la première fois, des roquettes sont tombées dans la région de Tel Aviv.

Sans faire de dégâts certes, mais ce qui compte c’est la portée symbolique de ces roquettes et la peur et l’angoisse qui commencent à s’insinuer chez les colons sionistes.

Les autres enseignements sont que le régime sioniste et les Etats Unis ont été obligés de reconnaître la qualité d’interlocuteur du Hamas et que l’entité sioniste est en quelque sorte passée sous tutelle égyptienne puisque c’est le gouvernement égyptien qui a encadré des négociations dans lesquelles le Hamas n’a rien cédé.

Et le Hamas ne doit rien céder sur le fond car, comme l’écrit John Mearsheimer, les dirigeants sionistes n’ont nullement l’intention de reconnaître un jour l’existence d’un Etat palestinien s’étendant sur la bande de Gaza et la Cisjordanie.

Ce refus sioniste n’est un secret pour personne, ni pour Mahmoud Abbas, ni pour François Hollande.

Après « Plomb durci » et «Pilier de défense », on peut s’attendre à une nouvelle action militaire sioniste contre Gaza dont le moment dépendra d’échéances politiques internes et du contexte international.

Parce que la stratégie sioniste consiste à réaliser un Etat sur l’ensemble de la Palestine en y incluant des réserves indigènes ou Bantoustans qui seront sommés de se tenir tranquille sous peine de recevoir une raclée comme celle qu’était censée administrer l’opération «Pilier de défense.»

Comme l’explique Mearsheimer, cette stratégie et ses modalités inspirées de Zeev Jabotinsky et de son mur de fer (pensez aussi au nom du système sioniste antimissile baptisé ‘dôme de fer’) est vouée à l’échec parce que 1) le peuple palestinien ne renoncera jamais à ses droits nationaux et 2) parce que l’opinion publique internationale n’acceptera pas de soutenir un régime d’apartheid.

ici, c’est Le Parisien Libéré qui s’y colle pour distiller la propagande des terroristes sionistes

De fait, en dépit des tentatives des médias pour dissimuler la réalité et les responsabilités, les sionistes ne peuvent que constater l’indignation voire l’exaspération croissantes des opinions publiques devant leurs agissements et leurs exactions.

Un pilier construit sur du sable

Par John Mearsheimer, London Review of Books 16 Novembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

En réaction à la recrudescence récente d’échanges de tirs entre Israël et les palestiniens de Gaza, Israël a décidé de jouer l’escalade de la violence en assassinant le chef militaire du Hamas, Ahmad Jabari. Le Hamas, qui n’avait joué qu’un rôle mineur dans ces échanges de tirs, et qui semblait même intéressé à travailler à un cessez-le-feu de longue durée, a réagi comme on pouvait s’y attendre en tirant des centaines de roquettes sur Israël, quelques unes tombant même près de Tel Aviv. Sans surprise, les israéliens ont menacé d’élargir le conflit et d’envahir éventuellement la bande de Gaza pour renverser le Hamas et éliminer la menace des roquettes.

Il existe une possibilité que l’opération “Pilier de defense”, ainsi que les israéliens désignent leur campagne actuelle, se transforme en conflit à grande échelle. Mais même dans ce cas, elle ne mettra pas un terme aux problèmes d’Israël avec Gaza. Après tout, Israël avait lancé une guerre dévastatrice contre le Hamas pendant l’hiver 2008-2009 (l’opération «Plomb durci») et le Hamas est toujours au pouvoir et continue à tirer des roquettes sur Israël. Pendant l’été 2006, Israël était parti en guerre contre le Hezbollah afin d’éliminer ses missiles et d’affaiblir sa situation politique au Liban. Cette offensive a échoué elle aussi : le Hezbollah a beaucoup plus de missiles aujourd’hui qu’il n’en avait en 2006 et son influence au Liban est probablement supérieure à ce qu’elle était en 2006. Pilier de défense aura sans doute le même résultat.

Israël peut recourir à la force contre le Hamas de trois manières différentes. Tout d’abord, il peut essayer de paralyser l’organisation en tuant ses dirigeants, comme il l’a fait quand il a assassiné Jabari il ya deux jours. La décapitation de l’organisation ne fonctionnera pas, cependant, car il ne manque pas de subalternes pour remplacer les chefs morts, et les nouveaux chefs sont parfois plus capables et plus dangereux que leurs prédécesseurs. Les Israéliens s’en sont aperçus au Liban en 1992, quand ils avaient assassiné chef du Hezbollah, Abbas Moussaoui, seulement pour découvrir que son successeur, Hassan Nasrallah, était un adversaire encore plus redoutable.

Deuxièmement, les Israéliens peuvent entrer dans Gaza et en prendre le contrôle. L’armée israélienne pourrait le faire assez facilement, renverser le Hamas et mettre fin aux tirs de roquettes à partir de Gaza. Mais elle devrait alors occuper Gaza pendant les années à venir, car s’ils repartaient, le Hamas reviendrait au pouvoir, les attaques à la roquette reprendraient, et Israël se retrouverait à la case départ.

Une occupation de Gaza rencontrerait une résistance farouche et sanglante, ainsi que les Israéliens ont pu l’apprendre dans le sud du Liban entre 1982 et 2000. Après 18 ans d’occupation, ils avaient reconnu leur défaite et retiré toutes leurs troupes. Cette expérience est la raison pour laquelle l’armée israélienne n’a pas essayé d’envahir et de conquérir le sud du Liban en 2006 et Gaza en 2008-9. Rien n’a changé depuis lors qui pourrait faire d’une invasion à grande échelle de Gaza aujourd’hui une alternative viable. Occuper la bande de Gaza reviendrait également à placer 1,5 millions de Palestiniens de plus sous contrôle officiel d’Israël, ce qui a aggraverait la fameuse «menace démographique». Ariel Sharon avait retiré les colons israéliens de la bande de Gaza en 2005 pour réduire le nombre de Palestiniens qui vivent sous drapeau israélien ; revenir en arrière maintenant serait un revirement stratégique énorme.

La dernière option, celle qui a été préférée, est le bombardement avec des avions, de l’artillerie, des missiles, des mortiers et des roquettes. Le problème, cependant, est que cette stratégie ne fonctionne pas comme annoncé. Israël l’a utilisée contre le Hezbollah et le Hamas en 2006 et en 2008-9, mais les deux organisations sont toujours bien présentes et armées jusqu’aux dents avec des roquettes et des missiles. Il est difficile de croire qu’un seul spécialiste de défense sérieux en Israël pense qu’une nouvelle campagne soutenue de bombardement contre Gaza permettra de renverser le Hamas et de mettre définitivement fin aux tirs de roquettes.

Alors de quoi s’agit-il? Au niveau le plus élémentaire, les actions d’Israël à Gaza sont inextricablement liées à ses efforts pour créer un Grand Israël qui s’étend du Jourdain à la mer Méditerranée. Malgré les palabres sans fin sur une solution à deux Etats, les Palestiniens n’obtiendront pas leur propre État, notamment parce que le gouvernement Netanyahou y est fermement opposé. Le premier ministre et ses alliés politiques sont foncièrement déterminés à transformer les territoires occupés en partie intégrante d’Israël. Pour y parvenir, les Palestiniens de la Cisjordanie et de Gaza seront forcés de vivre dans des enclaves pauvres similaires aux Bantoustans de l’Afrique du Sud gouvernée par les blancs. C’est quelque chose que les Juifs israéliens ont bien compris: une enquête récente a révélé que 58 pour cent d’entre eux pensent qu’Israël pratique déjà l’apartheid contre les Palestiniens.

La création d’un Grand Israël va cependant générer des problèmes encore plus importants. En plus de nuire énormément à l’image d’Israël dans le monde, la quête d’un Grand Israël ne brisera pas la volonté des Palestiniens. Ils demeurent farouchement opposés non seulement à l’occupation, mais aussi à l’idée de vivre dans un Etat d’apartheid. Ils continueront à résister aux efforts d’Israël pour leur refuser l’autodétermination. Ce qui se passe à Gaza est l’une des dimensions de cette résistance. Un autre est le projet de Mahmoud Abbas de demander à l’Assemblée générale des Nations Unies le 29 Novembre de reconnaître la Palestine en qualité d’Etat non membre. Une telle reconnaissance inquiète les dirigeants d’Israël, parce qu’elle pourrait éventuellement permettre aux Palestiniens de porter plainte contre Israël devant la Cour pénale internationale. Ainsi, le rêve d’un Grand Israël force Tel Aviv à trouver des façons de tenir les Palestiniens en respect.

Les dirigeants israéliens ont une stratégie en deux volets pour régler leur problème palestinien. Tout d’abord, ils comptent sur ​​les Etats-Unis pour fournir une couverture diplomatique, en particulier au sein des Nations Unies. La clé du maintien du soutien de Washington est le lobby pro-israélien qui fait pression sur les dirigeants américains pour qu’ils se rangent du côté israélien contre les Palestiniens et qu’ils en fassent le moins possible pour stopper la colonisation des territoires occupés.

Le deuxième volet est le concept du «mur de fer» de Zeev Jabotinsky :une approche qui dans son essence appelle à réduire les Palestiniens à se soumettre. Jabotinsky avait compris que les Palestiniens résisteraient aux efforts sionistes pour coloniser leurs terres et les soumettre dans le même temps. Il soutenait néanmoins que les sionistes, puis Israël, pourraient punir les Palestiniens si sévèrement que ces derniers reconnaîtraient que toute résistance serait vaine.

Benjamin Netanyahou est resté fidèle aux idées de Jabotinsky

Israël a recours à cette stratégie depuis sa fondation en 1948, et Plomb durci comme Pilier de défense sont des exemples de sa mise en pratique. En d’autres termes, l’objectif d’Israël dans les bombardements de Gaza n’est pas de renverser le Hamas ou d’éliminer ses roquettes, deux objectifs irréalisables. Les attaques en cours dans la bande de Gaza font en réalité partie d’une stratégie à long terme visant à contraindre les Palestiniens à renoncer à leur demande d’autodétermination et à se soumettre à la domination israélienne dans un Etat d’apartheid.

L’engagement d’Israël dans la stratégie du Mur de Fer se reflète dans le fait que ses dirigeants ont dit à maintes reprises depuis que Plomb Durci a pris fin en Janvier 2009 que l’armée israélienne aurait éventuellement à retourner à Gaza et à infliger une autre raclée aux Palestiniens. Les Israéliens ne vivaient pas dans l’illusion que le conflit de 2008-9 avait mis le Hamas hors de combat. La seule question pour eux était de savoir quand commencerait la prochaine expédition punitive.

Le moment choisi pour la présente opération est facile à expliquer. Pour commencer, le président Obama vient de remporter un second mandat malgré la tentative transparente de Netanyahu pour aider Mitt Romney à remporter les élections. L’erreur commise par le Premier ministre est susceptible d’avoir affecté ses relations personnelles avec le président Obama et pourrait même menacer la «relation spéciale» des Etats Unis avec Israël. Une guerre dans la bande de Gaza, cependant, est un bon antidote à ce problème, parce que Obama, qui va faire face à d’énormes défis économiques et politiques dans les mois à venir, n’a guère d’autre choix que de soutenir sans réserve Israël à la garde et à mettre les torts sur les Palestiniens.

Le premier ministre israélien a sa propre échéance électorale en janvier et, comme l’écrit Mitchell Plitnick, «Le gambit de Netanyahou consistant à nouer une alliance électorale avec le parti fasciste Yisrael Beiteinu est loin d’avoir donné les résultats espérés dans les sondages.’ Une guerre contre Gaza permet non seulement à Netanyahou de montrer sa fermeté quand il est question de la sécurité d’Israël, mais elle a probablement un effet de ‘ralliement autour du drapeau’ qui améliore ses chances de réélection.

Néanmoins, Pilier de défense n’atteindra pas son but ultime d’obtenir des Palestiniens qu’ils renoncent à leur quête d’autodétermination et qu’ils acceptent de vivre sous la botte des Israéliens. Ce n’est tout simplement pas réalisable, les Palestiniens ne vont jamais accepter d’être assignés à une poignée d’enclaves dans un Etat d’apartheid. Malheureusement, cela signifie que Pilier de défense ne sera probablement pas la dernière fois qu’Israël bombarde la bande de Gaza.

A longue échéance cependant, les campagnes de bombardements pourraient cesser, parce qu’il n’est pas certain qu’Israël réussira à subsister en tant qu’Etat d’apartheid. En même temps qu’à la résistance palestinienne, Israël est confronté au fait qu’il est peu probable que l’opinion internationale soutienne un Etat d’apartheid.

Ehud Olmert avait dit en novembre 2007, alors qu’il était premier ministre, que si ‘la solution à deux Etats échoue’, Israël se retrouvera devant une « lutte à la sud-africaine’, et dès que cela se produira, ce sera la fin de l’Etat d’Israël.’ On pourrait penser que les dirigeants israéliens comprennent dans quelle direction ils avancent et en viennent à permettre aux palestiniens d’avoir leur propre Etat. Mais il n’y aucun signe en ce sens ; au contraire Israël persiste stupidement à s’appuyer sur des opérations militaires comme Pilier de défense pour briser les Palestiniens.

Pour John Dugard, le régime d’apartheid était plus honnête que l’occupation sioniste

1 novembre 2011

John Dugard est un spécialiste de l’apartheid. Cet éminent juriste s’est longtemps servi des armes à sa disposition pour contester le régime d’apartheid dans son pays, l’Afrique du Sud et il a été un des rédacteurs de la charte des droits de l’Afrique du Sud nouvelle.

On ne s’étonnera donc pas découvrir, du moins pour certains comme moi, le parallèle qu’il fait entre le système d’apartheid et ce que les sionistes font subir aux palestiniens.

John Dugard trouve même que le système imposé par les sionistes est pire par certains aspect, plus hypocrite, car moins transparent, et moins «altruiste» que celui qui était en vigueur avec les Bantoustans en Afrique du Sud.

C’est peut-être là que Dugard pèche un peu mais après tout, il n’est ni économiste ni politique, c’est un juriste jusqu’au bout des ongles .La composante « altruiste » existait certes dans le système d’apartheid d’Afrique su Sud car le pouvoir en place avait accepté l’idée que les blancs ne seraient jamais majoritaires dans ce morceau d’Afrique et qu’i ; n’était pas possible, ne serait-ce que pour des raisons économiques, d’expulser tous les noirs. Essayer d’assurer un minimum de développement dans les bantoustans dans le cadre d’une politique de développement séparé était donc un impératif pour la survie du régime.

En Palestine occupée, il en va autrement car les sionistes font tout pour que les palestiniens s’en aillent où deviennent une minorité gérable dans un Etat juif qui aura annexé de facto puis de jure la Palestine.

Le sionisme peut donc parfaitement se dispenser de tout altruisme, même intéressé, et poursuivre ses efforts pour s’emparer de toute la Cisjordanie.

Ce n’est pas pour rien que les sionistes et le gouvernement US aux ordres des de fanatique partisans de l’Etat juif s’opposent fermement à toute reconnaissance internationale d’un Etat palestinien.

Les Etats Unis qui viennent de se ridiculiser à l’UNESCO en votant contre une admission de la Palestine dans cette organisation. Une admission qui obtenu l’assentiment de 107 nations malgré les pressions énormes exercées par le lobby sioniste et par les Etats Unis qui viennent d’ailleurs de suspendre leur contribution financière à cette institution.

Ce qui nous donne une idée de ce que les Etats Unis ont à faire du droit quand il ne les arrange pas.

John Dugard

La loi et la pratique de l’apartheid en Afrique du Sud et en Palestine

Par John Dugard, badil.org (Palestine) octobre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

J’ai passé l’essentiel de ma vie d’adulte en Afrique du Sud, à m’opposer à l’apartheid, en tant que avocat, professeur de droit et, de 1978 à 1990, directeur du Centre for Applied Legal Studies (un centre de recherche engagé pour la cause des droits de l’homme et l’action juridique). Dans mon travail, j’ai comparé et différencié l’apartheid par rapport aux normes internationales relatives aux droits de l’homme et plaidé pour une constitution avec une charte des droits dans une Afrique du Sud démocratique. Je n’ai jamais été emprisonné mais j’ai été poursuivi en justice, arrêté, et menacé par la police. Mon livre le plus important, Human Rights and the South African Legal Order (les droits de l’homme et l’ordre juridique de l’Afrique du Sud, 1978) est la présentation la plus complète de la législation et de la pratique de l’apartheid avait été initialement interdit.

J’ai une vaste expérience et connaissance des trois piliers de l’Etat d’apartheid – la discrimination raciale, la répression et la fragmentation territoriale. J’ai animé des campagnes d’avocats contre l’expulsion, en vertu du Group Areas Act, de noirs de quartiers situés à côté de secteurs exclusivement blancs et contre les fameuses « loi sur le passage » qui transformaient en infraction le fait pour des noirs de se trouver dans les soi-disant «quartiers blancs » sans avoir des papiers les y autorisant. Ces campagnes avaient pris la forme de l’assistance juridique pour tous ceux qui étaient arrêtés, ce qui avait rendu le système ingérable. A travers le Centre for Applied legal Studies, je m’étais lancé dans des recours juridiques contre l’application des lois sécuritaires et les lois d’urgence qui permettaient la détention sans jugement et l’assignation à domicile – et, dans la pratique – la torture. J’avais aussi contesté en justice la création des Bantoustans.

Quand l’Afrique du Sud est devenue démocratique, j’ai été nommé dans une petite commission d’experts chargés de rédiger un projet de charte des droits pour la constitution sud-africaine de 1996.

J’ai visité Israël et les territoires palestiniens occupés en 1982, 1984, 1988 et 1998 pour participer à des conférences sur des problèmes affectant la région. En 2001, j’ai été nommé président de la commission d’enquête institué par la Commission des Droits de l’Homme pour s’informer sur les violations des droits de l’homme pendant la deuxième intifada. J’ai été nommé en 2001 rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’Homme (par la suite Conseil des Droits de l’Homme) sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. A ce titre, je me suis rendu deux fois par an dans les territoires occupés et ai rendu compte à la Commission et au troisième comité de l’Assemblée Générale de l’ONU. Mon mandat a expiré en 2008. En février 2009, j’ai conduit une mission instituée par la Ligue Arabe pour enquêter et faire un rapport sur  les violations des droits de l’homme et du droit humanitaire pendant l’opération «plomb durci.»

Dès ma première visite dans les territoires palestiniens occupés/Israêl, j’ai été frappé par les similitudes entre l’apartheid d’Afrique du Sud et les politiques et les pratiques d’Israël dans les territoires occupés. Ces similitudes sont devenues plus évidentes quand j’ai été mieux informé de la situation. En tant que rapporteur spécial, je m’étais délibérément abstenu de faire de telles comparaisons qui auraient empêché de nombreux gouvernements occidentaux de prendre mes rapports au sérieux. Après 2005 cependant, j’ai décidé que je ne pouvais en toute conscience m’abstenir de faire ces comparaisons.

Les deux régimes sont évidemment très différents. L’Afrique du Sud de l’apartheid était un Etat qui pratiquait la discrimination et la répression contre son propre peuple. Israël est une puissance occupante qui contrôle un territoire étranger et sa population dans un cadre reconnu par le droit international humanitaire. Mia sn pratique, il n’y a guère de différence. Les deux systèmes sont caractérisés par la discrimination, la répression et la fragmentation territoriale. La principale différence est que le système d’apartheid était plus honnête. La législation d’apartheid était ouvertement discutée et adoptée au parlement et elle était clairement visible par tous, tandis que les règles qui régissent les Palestiniens des territoires occupés se trouvent largement dans d’obscurs décrets militaires et de règlementations d’urgence accumulées qui sont pratiquement inaccessibles.

Dans le cadre de mon travail en tant que commissaire et rapporteur spécial, j’ai vu tous les aspects de l’occupation des territoires palestiniens. J’ai vu le fonctionnement humiliant des checkpoints, qui me rappelaient l’application des lois sud-africaines sur le passage (en pire), des routes séparées (inconnues dans l’Afrique du Sud de l’apartheid) et la démolition de maisons sur décision administrative, ce qui me rappelait la destruction de maisons dans les «zones noires» situées à proximité des secteurs réservés aux blancs. J’ai visité Jenine en 2003, peu de temps après sa dévastation par l’armée israélienne. J’ai parlé avec des familles dont les maisons avaient été investies et saccagées par l’armée israélienne, j’ai parlé avec des jeunes et des vieux qui avaient été torturés par l’armée israélienne et j’ai visité des hôpitaux pour rencontrer ceux qui avaient été blessés par l’armée israélienne. J’ai vu, et parfois visité, des implantations coloniales ; j’ai vu une bonne partie du mur [de séparation] et, en me déplaçant dans la vallée du Jourdain, j’ai vu des campements de bédouins détruits et des checkpoints ms en place dans l’intérêt des colons.

Un dernier mot basé sur mon expérience personnelle. Il y avait une composante altruiste dans le système d’apartheid, quoique motivée par l’idéologie du développement séparé, qui voulait faire des bantoustans des Etats viables. La loi ne l’y obligeait pas, mais il a construit des écoles, des hôpitaux et des routes pour les noirs d’Afrique du Sud. Il avait créé des industries dans les bantoustans pour donner du travail aux noirs. Israël n’est même pas capable de faire ça pour les Palestiniens. Alors que le droit international l’oblige à subvenir aux besoins matériels des populations sous occupation, Tout repose sur des organismes internationaux et des donateurs étrangers. Israël pratique la pire forme de colonialisme dans les territoires palestiniens occupés. L’eau et la terre sont exploités par des colons agressifs qui n’ont aucun intérêt au bien-être de la population palestinienne – et ont la bénédiction de l’Etat d’Israël.

John Dugard siège au Tribunal Russell pour la Palestine qui compte  aussi parmi ses membres des personnalités comme Me Gisèle Halimi, Cynthia McKinney ou Mairead Corrigan Maguire


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