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Guerre du Rif, guerre chimique et de la civilisation contre la barbarie

4 octobre 2013

Les investigations et les affirmations sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie ont amené As’ad AbuKhali, alias Angry Arab, à s’interroger sur l’emploi de telles armes pendant la guerre du Rif dans les années 1920. Angry Arab avait en effet entendu parler d’une telle utilisation d’armes chimiques, mais manquait d’éléments à ce sujet.

Un de ses lecteurs, sans doute Marocain, a bien voulu combler cette lacune et apporter des précisions très intéressantes ainsi qu’un renvoi à un travail universitaire sur cette question.

Comme beaucoup d’entre nous, Angry Arab était en effet perplexe voire outré par la posture moralisatrice de gouvernements occidentaux qui restent pour l’instant les plus grands utilisateurs d’armes chimiques comme on a pu le constater entre autres à Gaza en  2008 – 2009 et au Vietnam dans les années 1960-1970.

Ce post est en passant l’occasion de rappeler le rôle considérable dans l’histoire du nationalisme maghrébin et algérien de l’émir Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, dit Abdelkrim, le fondateur de la république du Rif en 1922. Ce même Abdelkrim qui animera bien des années plus tard le Comité de Libération du Maghreb Arabe au Caire qui sera le lieu de convergence des nationalistes Nord-Africains.

Sur la guerre chimique dans le Rif marocain
Angry Arab, 1er octobre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

De Mohamed: «J’ai lu avec intérêt votre post sur l’utilisation d’armes chimiques par l’Espagne dans le Rif marocain (région berbérophone marocaine bordée par la Méditerranée) pendant la guerre du Rif de 1921 à 1926. C’est quelque chose d’important parce que le bombardement aérien à l’arme chimique de populations civiles dans le Rif marcoain a été le premier dans l’histoire.

Comme vous le savez, les gaz toxiques avaient été utilisés auparavant à Ypres en Belgique pendant la première guerre mondiale et en Irak (1919) quand l’infâme Winston Churchill avait déclaré «Je ne comprends pas la sensiblerie par rapport à l’utilisation du gaz contre des tribus non civilisées» Mais dans ces utilisations précédentes, c’étaient des bombardements d’artillerie, pas d’aviation. L’Espagne n’a pas encore reconnu ce fait historique qui a été établi par l’historien Britannique Sebastian Balfour dans son livre ‘Etreinte mortelle: le Maroc et la route vers le guerre civile espagnole’ (chapitre V) et par l’historienne Espagnole Maria Rosa de Madariaga dans plusieurs ouvrages traitant de l’histoire du colonialisme espagnol dans la Maroc du nord (voir par exemple son long article ici). De fait, une pétition lancée par le parti catalan de la «Gauche Républicaine» pour soulever cette question au parlement avait été rejetée par la commission constitutionnelle du parlement en 2007.

Les premiers types de gaz employés dans le Rif furent le phosgène, le sisphogène et la chloropicrine qui avaient été fournis aux Espagnols par la France. Mais par la suite, la guerre chimique connut une escalade (en particulier à cause des défaites répétées contre le mouvement de résistance) avec l’utilisation de gaz moutarde fourni indirectement par l’Allemagne via le chimiste Hugo Stoltzenberg.

Les Allemands fournirent du gaz moutarde aux Espagnols tout en les aidant à établir des sites de production du gaz. La seule étude à ce jour sur cet épisode particulier reste le livre de Rudibert Kunz et Rolf-Dieter Muller (1990), ‘Giftgas gegen Abd el Krim: Deutschland, Spanien und der Gaskrieg in Spanisch-Marokko, 1922-1927’.
Des câbles diplomatiques montrent que la France comme la Grande Bretagne connaissaient et soutenaient l’utilisation de gaz moutarde par l’Espagne pendant la guerre (du Rif).

Quant à la position du régime marocain [par rapport à ces évènements], ses motivations ne sont pas aussi simples que ce qu’en dit votre lecteur de Berlin. La principale raison qui fait que ce sujet est tabou au Maroc est que l’ensemble de l’épisode historique de la résistance dans le nord du Maroc est tabou. Particulièrement sensible est l’appellation de «République du Rif» pour désigner l’entité politique qui est née de la guerre de libération du Rif, appellation qui reflétait la conception par le dirigeant du mouvement d’un Etat moderne inspiré essentiellement par l’idéologie réformiste islamique (Abduh, Kawakibi) et par l’Etat turc de style ataturkien ‘Abdelkrim était fasciné par l’expérience d’Ataturk).

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La république du Rif entre les protectorats espagnol et français au Maroc

Sans oublier que sous le protectorat protectorat, Français et Espagnols étaient supposés agir pour protéger le roi. En outre, certains soutiennent que le régime s’abstient de soulever cette question parce qu’il a lui-même employé du napalm dans sa brutale répression de la rébellion du Rif (désobéissance civile en réalité) pendant l’hiver 1958-1959.

Ces allégations restent cependant encore difficiles à prouver ou à étayer. La campagne (de l’hiver 1958-1959) avait été conduite par le prince héritier Hassan (qui deviendra Hassan II) et son bras droit, le général Oufkir (le même général qui avait pris la tête d’un coup d’état manqué en 1972).

Plus triste, le récent travestissement politique et journalistique de ce sujet le banalisent franchement au lieu de refléter une intention sérieuse d’affronter un chapitre important de l’histoire du Maroc. La question du gazage de la population civile rifaine est évoqué seulement à des fins politiques, particulièrement dans les moments de tension diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. Dans cette démarche, le régime marocain est épaulé par de nombreux acteurs dans la presse politique et du côté des ONG. Même les membres d’une ONG dont la conférence avait été annulée en 2001 (un groupe de poseurs pseudo-gauchistes) sont maintenant sur la ligne du régime. La plupart d’entre eux sont devenus membres du PAM (Parti de l’Authenticité et de la Modernité), un parti lancé il y a quelques années par un haut responsable du ministère de l’intérieur ami du roi. De fait, on appelle ce parti «le parti de l’ami du roi».» En fin de compte, beaucoup ici sont convaincus que le taux de prévalence du cancer incroyablement élevé dans le Rif (le plus élevé du Maroc) est dû à l’utilisation de gaz moutarde dans les années 1920. Il est certain que ce gaz cause le cancer chez des victimes qui y sont exposées directement à des doses suffisantes, mais aucune étude scientifique n’a encore établi de lien entre le gaz moutarde et les descendants des victimes.

Armes chimiques en Syrie, les premières inculpations.

13 septembre 2013

Le gouvernement turc est un des plus fermes soutiens à l’opposition syrienne armée à laquelle il fournit une aide multiforme.

Il n’empêche que la justice turque vient d’inculper un «rebelle» syrien dont une des activités consistait à acheter des substances chimiques dont certaines qui entrent dans la composition du gaz sarin.

Le sarin est ce gaz de combat que les forces gouvernementales syriennes sont accusées d’avoir utilisé en août dernier dans la périphérie de Damas.

Laurent Fabius devrait aller expliquer à la justice turque qu’elle fait fausse route et que c’est Bachar al-Assad quelle devrait inculper.

 

Des groupes de rebelles syriens ont essayé d’acheté des composants d’armes chimiques, affirment des procureurs

ADANA – Doğan News Agency, Hürriyet (Turquie) 12 septembre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un procureur a bouclé le 12 septembre son acte d’inculpation dans le cadre d’une enquête sur les substances chimiques saisies dans la province méridionale de Hatay. Il affirme que des groupes de rebelles djihadistes syriens avaient cherché à acquérir des matériaux qui pouvaient être utilisés dans la production de sarin, un gaz extrêmement toxique.

L’acte d’accusation qui comprend des transcriptions de plusieurs conversations téléphoniques entre les suspects impliqués indique qu’un citoyen syrien âgé de 35 ans, identifié sous le nom d’Hytham Qassap était entré en contact avec un réseau en Turquie afin de se procurer des substances chimiques pour le Front al-Nosra et les djihadistes des brigades Ahrar al-Sham.

L’acte d’accusation  a rejeté la validité des déclarations des suspects selon lesquelles ils ignoraient que les substances chimiques qu’ils essayaient d’obtenir pouvaient servir à produire du gaz sarin.

“Les suspects ont plaidé non coupable en affirmant qu’ils ne savaient pas que les substances qu’ils essayaient d’acquérir pouvaient servir à fabriquer du gaz sarin. Les suspects n’ont cessé d’énoncer des faits incohérents et contradictoires sur cette question,» indique l’acte d’accusation.

Les magistrats ont aussi signalé que les fournisseurs turcs des substances chimiques avaient dit au principal suspect, Qassap lors des conversations téléphoniques, que deux des huit produits chimiques qu’il essayait d’acquérir étaient soumis à approbation par l’Etat.

L’acte d’accusation contient aussi le témoignage de Qassap où il avoue ses liens avec les brigades Ahrar al-Sham et s’être rendu à Antakya sur ordre de leur chef, Abu Walid. «Après mon arrivée à Antakya, d’autres groupes rebelles sont entrés en contact avec moi. Tandis que certains le demandaient des médicaments et d’autres fournitures de nature humanitaire, d’autres voulaient obtenir de l’équipement militaire,» a-t-il dit aux procureurs.

Onze personnes en tout avaient été arrêtés au cours d’une enquête lancée en mai dernier après que la police avait reçu un tuyau suggérant que certains groupes de rebelles syriens cherchaient à se procurer des matériaux qui pouvaient servir à produire des armes chimiques.

Qassap et cinq suspects turcs ont été arrêtés tandis que cinq autres ont été relâchés. Ces derniers ont été libérés après que des tests en laboratoire ont démontré que les substances saisies durant l’opération n’étaient pas du gaz sarin.

 

A-t-on besoin de l’ONU pour traiter le dossier des armes chimiques syriennes?

11 septembre 2013

On entend certains commentateurs et le gouvernement français affirmer que c’est la menace crédible d’un recours à la force qui a amené la Russie à faire une proposition visant à détruire les stocks d’armes chimiques dont dispose ou disposerait l’armée syrienne.

Cette appréciation est fausse comme le montre le blogueur qui anime Moon of Alabama, un de ces sites indispensables pour comprendre le monde contemporain.

La vérité est que, comme au jeu d’échecs, les autorités russes ont exploité immédiatement une faille apparue dans le jeu de l’adversaire et ont avancé un pion dont le positionnement a désarçonné ce dernier.

L’analogie avec le jeu d’échecs s’arrête là, parce que le but de la diplomatie russe n’est pas de mettre en échec les Etats Unis et encore moins de les mettre mat (c’est-à-dire de les mettre à mort) mais de trouver un moyen pour sortir les Etats Unis de la logique de guerre dans laquelle ils se sont malencontreusement enferrés.

La France en est désormais réduite aux gesticulations oiseuses et belliqueuses du sieur Laurent Fabius qui est furieux de perdre l’occasion de faire sa guerre pour l’Etat prétendu juif. Après le report du vote au Congrès par le président Obama, c’est là le deuxième sévère camouflet subi par une diplomatie français prise en otage par les zélateurs de Tel Aviv.

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La paix, c’est pas la joie…

De fait, les possibilités offertes dorénavant à la diplomatie ne se limitent pas , tant s’en faut, à une résolution de l’ONU du genre « prête à être bafouée » par les prétendus garants du droit international que seraient la France et le Royaume Uni, deux régimes notoirement fauteurs de guerre.

Pas besoin de l’ONU pour régler la question de l’armement chimique syrien

Moon Of Alabama (USA) 10 septembre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Gregg Carlstrom résume le message confus d’Obama sur la Syrie:

Nous sommes  « sérieusement sceptiques  » devant l’offre, qu’à l’origine nous avions accidentellement proposé quelques heures plus tôt, pour résoudre pacifiquement un bras de fer sur une «ligne rouge» qui nous avions accidentellement fixée l’année dernière. À tout le moins, elle va retarder de plusieurs semaines, notre réponse à un massacre «déplorable», notre «moment munichois» qui, nous le promettons sera « incroyablement petit et très limité. »

Pour tous ceux qui ont suivi de près les évènements d’hier (et les questions à plus long terme), il est évident que l’administration Obama n’avait pas prévu un tel développement. Il n’a pas été le résultat d’une diplomatie intelligente mais celui d’une autre gaffe de Kerry dont la Russie s’est servie pour transformer une situation tendue en un schéma gagnant pour presque toutes les parties.

L’initiative russe qui utilisé des propos désinvoltes de Kerry a épargné à la Syrie une attaque imminente par les forces US qui aurait modifié l’équilibre sur le champ de bataille au profit des rebelles et des terroristes soutenus par l’étranger. Elle renforce la position d’Assad à l’international en tant que chef de l’Etat syrien. Elle sauve aussi l’administration Obama d’une sévère défaite au Congrès et de l’embarras d’une frappe unilatérale et illégale qui aurait été trop puissante pour être vue comme justifiée – aussi bien dans le monde qu’au niveau national – et trop peu importante pour calmer les bellicistes israéliens et les autres soutiens de l’insurrection.

Le Secrétaire Général de l’ONU, la Chine, la Grande Bretagne, la France et la Ligue Arabe ont salué l’initiative russe. La Syrie l’a acceptée. Comme on pouvait le prévoir, les insurgés syriens sont contre la proposition russe tout comme les Israéliens. Ils n’y pourront rien. L’élan de l’administration Obama vers la guerre est maintenant brisé et ne pourra être relancé. Aller vers la guerre nécessiterait maintenant une campagne de propagande complètement nouvelle basée sur une autre cause pseudo-rationnelle.

La France propose aujourd’hui une résolution au Conseil de Sécurité de l’ONU pour adopter une proposition qui reste encore à définir. La France et la Grande Bretagne vont essayer de placer cette résolution sous le chapitre VII de [la charte de] l’ONU qui autoriserait en fin de compte le recours à la force contre la Syrie.

Ni la Russie, ni la Chine ne l’accepteront. Il n’y a en réalité aucun besoin d’une résolution de l’ONU même si la Russie préférerait avoir une déclaration du Conseil de Sécurité sur cette question ne serait-ce que pour ramener les Etats Unis dans le champ du droit international.

Les stocks chimiques de la Syrie peuvent être placés sous contrôle international par une remise immédiate des clefs des dépôts à des officiers chinois et russes. La Syrie pourrait alors entrer en contact avec l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC) et demander à ses inspecteurs de travailler avec les officiers étrangers pour inventorier et vérifier les registres de stockage et concevoir des plans pour leur destruction finale. L’OIAC est une organisation légale internationale de plein exercice et non une agence de l’ONU. La Syrie adhérerait à l’OIAC en signant et en ratifiant la Convention sur les Armes Chimiques. La Syrie informerait le Secrétaire Général de l’ONU de ces démarches. Il n’y a aucune raison juridique pour impliquer les nations Unies ou le Conseil de Sécurité dans ces démarches.

La destruction des stocks syriens pourrait prendre du temps. On cherchera à éviter de transporter ces produits chimiques et on préférera construire une installation spécifique de traitement et d’incinération quelque part dans le désert syrien pour y détruire ces munitions et produits chimiques. Ce qui pourrait prendre, comme aux Etats Unis, une dizaine d’années voire plus.

Je ne vois pas par quel moyen les Etats Unis et leurs allies pourraient exercer une pression raisonnable pour une résolution sous le chapitre VII. La Syrie déclare, comme tant d’autres Etats avant elle, qu’elle va volontairement  faire la démarche de satisfaire à la convention sur les armes chimiques. Alors pourquoi donc devrait-elle, contrairement à d’autres pays avent elle, être menacée par la force de devoir le faire ? En cas de résolution sur les armes chimiques au Moyen Orient, la Russie et la Chine doivent insister pour qu’elle concerne tous les pays du Moyen Orient, dont bien sûr l’armement chimique israélien. C’est une demande raisonnable qui sera rejetée par les Etats Unis à qui on pourra à bon droit reprocher d’avoir fait échouer l’adoption de la résolution.

Si Obama est intelligent, il reconnaîtra que la Russie lui aura évité de ruiner son mandat présidentiel. Il devrait se servir de ce moment pour repenser sa stratégie syrienne, pour se dissocier de l’alliance saoudo-turco-israélienne qui veut détruire la Syrie et accepter finalement une solution diplomatique et politique pour le peuple syrien.

La guerre contre la Syrie ou le mensonge comme vertu

5 septembre 2013

Voilà maintenant un moment que j’ai commencé à traduire le texte que je vous propose, mais mon ordinateur n’a pas arrêté de me faire des misères, s’arrêtant souvent de manière impromptue et refusant obstinément de rédémarrer.

J’espère ne pas trop m’avancer en écrivant que j’arrive finalement au bout de cet article qui reste néanmoins intéressant parce que c’est un des rares articles de la presse grand public américaine qui met sérieusement en question les rapports des services secrets occidentaux supposés justifier une agression contre la Syrie.

Ce n’est donc pas pour rien si Vladimir Poutine a traité John Kerry de menteur, un menteur étant une personne qui assène une contre vérité en toute connaissance de cause.

Il aurait pu en dire autant du pitoyable Jean-Marc Ayrault qui cherche à embarquer la France dans une action criminelle et qui, dans ce but, se sert du chiffre proche de 1500 morts (1429) annoncé par le gouvernement des Etats Unis, mettant ainsi au placard les estimations de ses propres services.

Quitte à proférer un mensonge en effet, autant en proférer un très gros. 

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Alors, convaincus les enfants?

La décision par la France d’une action militaire (illégale) est donc soumise non seulement au bon vouloir des autorités américaines, mais aussi aux pseudo preuves produites par l’appareil de propagande de Washington. 

Aux yeux de certains, il y a trop de trous dans le dossier de l’attaque à l’arme chimique en Syrie

par Hannah Allam et Mark Seibel | McClatchy (USA) 3 septembre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le dossier rendu public par l’administration Obama pour [justifier] une attaque contre la Syrie est truffé d’incohérences et repose principalement sur des preuves indirectes, ce qui nuit aux efforts de cette semaine pour rallier le soutien de l’opinion publique aux Etats Unis et à l’étranger pour une frappe contre le régime de Bachar al-Assad.

Le dossier exposé par le Secrétaire d’Etat John Kerry vendredi contenait des assertions qui ont été contestées par les Nations Unies, incohérent dans certains de ses aspects avec les rapports des services de renseignements français et britannique, ou n’ayant pas la transparence suffisante pour être pris pour argent comptant par les spécialistes de l’armement chimique.

Après les affirmations mensongères sur les armes [de destruction massive] qui avaient précédé l’invasion de l’Irak sous le commandement des Etats Unis, on attend des preuves extrêmement solides pour tout soutien à une intervention militaire. Et si peu contestent l’utilisation d’un agent chimique pendant l’attaque du 21 août dans la périphérie de Damas – et sans doute à une plus petite échelle auparavant –de nombreux secteurs de l’opinion demandent des preuves scientifiques et indépendantes avant de soutenir la version des Etats Unis selon laquelle le régime d’Assad a utilisé du gaz sarin dans une opération qui a tué 1429 personnes, dont plus de 400 enfants.

Quelques un des arguments des Etats Unis qui posent question:

L’administration Obama a rejeté la validité d’une équipe d’inspection de l’ONU en soutenant que ces enquêteurs étaient arrivés trop tard pour que leurs conclusions soient crédibles et qu’ils n’apporteraient aucune information dont les Etats Unis ne disposaient pas déjà.

Le porte  parole de l’ONU Farhan Haq a rétorqué qu’il était  «rare» qu’une telle enquête débute dans un laps de temps aussi court et il a affirmé que «ce genre de  délai d’à peine quelques jours n’affecte pas la possibilité de collecter des échantillons exploitables» selon le site web de l’ONU. Par exemple, a ajouté Haq, le sarin peut être décelé dans des prélèvements biomédicaux plusieurs mois après son utilisation.

Les Etats Unis affirment que du sarin a été utilisé lors de l’attaque du 21 août, citant à l’appui des tests positifs sur le sang et les cheveux des premières personnes à porter secours – des échantillons «qui ont été fournis aux Etats Unis,» a déclaré Kerry dimanche à la télévision sans préciser les modalités de recueil des échantillons.

Les spécialistes dissent que les preuves se dégradent avec le temps, mais il est tout simplement faux de prétendre qu’une enquête conduite cinq jours après une attaque présumée serait sans valeur. Comme l’observait un article du New York Times, deux organisations de défense des droits de l’homme avaient dépêché une équipe de médecine légale dans le nord de l’Irak en 1992 et avaient trouvé des traces probantes de gaz sarin ainsi que de gaz moutarde – quatre ans après une attaque à l’arme chimique.

Les assertions américaines ont aussi été contestées dans une synthèse des services de renseignements que le gouvernement britannique a rendue publique la semaine dernière. «Il n’y a pas de délai connu au-delà duquel des échantillons environnementaux ou physiologiques seraient dégradés au point de ne plus être exploitables,» selon le rapport qui a été distribué au parlement avant le vote qui a refusé une participation de la Grande Bretagne à toute frappe [contre la Syrie].

Un autre point contesté est celui du bilan des victimes causes par les attaques présumés du 21 août. Ni les propos de Kerry, ni la version déclassifiée du rapport des services secrets sur lequel il s’appuie n’expliquent comment il est parvenu à un bilan de 1429 morts, dont 426 enfants. L’unique référence [pour ce bilan] était «une évaluation gouvernementale préliminaire.»

Anthony Cordesman, un ancien haut fonctionnaire de la défense qui collabore maintenant avec le Center for Strategic and International Studies de Washington, s’est intéressé à ces discordances dans un essai publié dimanche.

Il a critiqué Kerry pour s’être «fourvoyé en donnant le chiffre beaucoup trop précis» de 1429, et il a observé que ce chiffre ne correspondait pas avec l’estimation britannique de «au moins 350 tués» ou avec celles d’autres sources de l’opposition syrienne, plus exactement de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme qui a confirmé 502 morts dont près d’une centaine d’enfants et des «dizaines» de combattants rebelles, et il [Cordesman] a exigé que Kerry divulgue les noms des victimes prises en compte dans le bilan établi par les USA.

“Le président Obama a alors été obliqé d’arrondir le nombre à ‘bien plus de 1 000 personnes’ – créant ainsi un nœud de contradictions sur les faits les plus basiques,» écrit Cordesman. Il ajoute que cette bévue n’était pas sans rappeler «les erreurs que les Etats Unis avaient commises en préparant le discours sur l’Irak  du Secrétaire d’Etat ‘Colin° Powell à l’ONU en 2003.

Une version déclassifiée d’un rapport des services de renseignements français sur la Syrie qui a été rendu public lundi n’a pas vraiment clarifié les choses; la France a confirmé seulement 281 tués même si elle partage largement l’avis des Etats Unis sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime pour l’attaque du 21 août.

Une autre assertion de l’administration américaine qui fait sourciller est celle selon  laquelle les services de renseignements US ont «recueilli de nombreux renseignements humains, électroniques et spatiaux » qui montrent que le régime avait préparé son attaque trois jours à l’avance. Le rapport US affirme que des militaires gouvernementaux se trouvaient dans une zone connue pour servir à «mélanger des armes chimiques, dont le sarin» et que les forces du régime s’étaient préparées pour l’attaque du 21 août en mettant des masques à gaz.

Cette affirmation soulève deux questions: pourquoi les Etats Unis n’ont-ils pas prévenu les rebelles de l’attaque imminente et sauvé ainsi des centaines de vies? Et pourquoi l’administration [Obama] est-elle restée silencieuse sur cette activité suspecte quand au moins en une occasion précédente les officiels US avaient provoqué un remue ménage international après avoir observé des agissements semblables ?

Le 3 décembre 2012, après que des officiels américains eurent affirmé avoir décelé que la Syrie mélangeait des ingrédients pour des armes chimiques, le président Barack Obama avait à nouveau averti Assad que l’utilisation de telles armes serait l’inacceptable franchissement de la ligne rouge qu’il avait imposée l’été de cette année là. La secrétaire d’Etat de l’époque, Hillary Clinton avait renchéri, et l’ONU avait retiré de Syrie ses personnels non indispensables.

L’activité suspecte du mois dernier n’a cependant été évoquée publiquement qu’après l’attaque meurtrière. Et des personnalités de l’opposition affirment que les rebelles n’avaient pas été avertis à l’avance afin de pouvoir protéger les civils du secteur.

“Quand j’ai lu le memo de l’administration, c’était très convaincant, mais ils étaient au courant trois jour savant l’attaque et ils n’ont jamais prévenu personne dans le secteur,” déclare Radwan Ziadeh, un militant syrien d’opposition qui anime le Syrian Center for Political and Strategic Studies à Washington. «Tout le monde [à Washington] avait cette preuve mais ils n’ont rien fait ? »

Chez les spécialistes en armes chimiques et d’autres analystes qui ont étudié de près le champ de bataille syrien, la principale réserve quant aux affirmations des Etats Unis, tient au fait qu’ils ne comprennent pas la méthodologie derrière le recueil d’informations. Ils disent que les preuves présentées indiquent l’utilisation d’une substance chimique, mais ils considèrent que des questions demeurent sur la manière dont les renseignements ont été collectés, l’intégrité de la chaîne de transmission des échantillons ainsi que sur les laboratoires impliqués.

Eliot Higgins, un Britannique qui fait la chronique de la guerre civile en Syrie sur la blog Brown Moses, une ressource documentaire fréquemment citée sur les armes observées sur le champ de bataille syrien, a écrit lundi un poste où il énumère en détail les photographies et les vidéos qui semblent étayer la thèse des USA selon laquelle le régime d’Assad dispose de munitions qui peuvent servir de vecteurs pour des armes chimiques. Mais il n’est pas allé jusqu’à franchir le pas.

Sur le blog, Higgins demande: “Comment savons-nous que ce sont des armes chimiques? C’est ce que nous ne savons pas. Comme je l’ai dit tout le temps, ce sont des munitions qu’on a lié à de présumées attaques chimiques, pas des munitions chimiques utilisées dans des attaques chimiques. Il revient en définitive à l’ONU de confirmer l’utilisation d’armes chimiques.»

Les lacunes du dossier ont déjà permis à la Russie de rejeter les preuves américaines comme «non concluantes,» le ministre des affaires étrangères Serguei Lavrov déclarant dans un discours lundi qu’on avait montré à Moscou «quelques éléments mais qu’il n’y avait rien de concret, pas de coordonnées géographiques ou de détails.. et aucune preuve que les tests [en laboratoire] avaient été pratiqués pas des professionnels » selon l’agence officieuse de presse RT news.

“Quand nous demandons plus d’éclaircissements, nous recevons la réponse suivante: ‘vous savez que ce sont des informations classifies; alors nous ne pouvons pas vous les montrer,’” a déclaré Lavrov. « Il n’y a donc toujours pas de faits concrets.»

Les propos de Lavrov venaient rappeler que la Russie, un des derniers alliés d’Assad, était lin d’être suffisamment convaincue pour  mettre un terme à ses blocages répétés des résolutions onusiennes contre le régime syrien.

Mais le scepticisme existe aussi chez des pays armes des Etats Unis, comme la Jordanie qui a refusé d’approuver une action [militaire] tant qu’elle n’aura pas étudié les conclusions des inspecteurs en armement chimique de l’ONU, et le Royaume Uni où le parlement a voté contre une intervention avant même la divulgation par les Etats Unis d’un rapport des services de renseignements qui contredisaient celui rendu public la veille par les autorités britanniques.

On ne sait pas trop quel a été le poids des preuves fournies dans la décision du parlement ; on est aussi très préoccupé [en Grande Bretagne] par toute éventuelle intervention conduite par les Etats Unis après l’expérience irakienne.

Les Etats Unis ont reçu un coup de pouce lundi donné par le chef de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, qui a déclaré à une conférence de presse qu’il avait vu des « informations concrètes » qui l’ont convaincu de la responsabilité du régime d’Assad pour ce qui ressemble à une attaque chimique qui a tué des centaines de personnes en août.

Rasmussen a dit que si le monde ne réagissait pas, il enverrait un «signal dangereux aux dictateurs,» mais il a laissé aux Etats membres de l’OTAN le soin de décider de leurs propres réponses et il n’a pas plaidé pour une action autre que la protection de l’Etat membre qu’est la Turquie frontalière de la Syrie.

Les allies des Etats Unis dans le monde arabe et en Europe ont annoncé qu’ils préféraient repousser le moment d’une éventuelle frappe militaire après la publication de ses conclusions par l’équipe d’inspection de l’ONU. L’ONU a pour mandat de déterminer si des armes chimiques ont été utilisées, mais pas de désigner le coupable. Les officiels de l’ONU ont indiqué qu’ils essayaient d’accélérer l e travail de l’équipe d’inspection tout en assurant l’intégrité de la procédure.

Selon Youssef al Qaradawi, le Tomahawk sera l’instrument de la vengeance divine en Syrie

31 août 2013

La dernière trouvaille de ce tocard de Youssef al Qaradawi : les armées occidentales qui interviendront en Syrie seront l’instrument de la vengeance divine.

Que n’appelle-t-il point à l’exercice de cette vengeance divine contre ceux qui occupent la Palestine ?

Ah oui, ce sont ces mêmes vengeurs du peuple syrien qui soutiennent financièrement, politiquement et militairement ceux qui oppriment le peuple palestinien.

Franchement, je me demande si ce al Qaradawi n’est pas un adepte de Satan

Al Qaradawi soutient l’attaque de la Syrie par l’Occident dont il suggère qu’il est un « instrument de Dieu » pour la vengeance.

DOHA,  Reuters/Europa Press – 30 août 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Le célèbre dignitaire sunnite égyptien Youssef al Qaradawi, a apporté ce vendredi un soutien tacite à toute attaque par l’Occident contre la Syrie en réponse à l’agression à l’arme chimique qu’aurait perpétrée le président syrien Bachar al-Assad et il a suggéré que les puissances étrangères sont un instrument de la vengeance divine.

 «Nous voulons être en mesure de venger nos frères qui ont été assassinés par centaines »  a dit al Qaradawi dans son sermon hebdomadaire à Doha, où il a souligné que «Dieu prépare ceux qui peuvent exercer sa vengeance. »

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Al Qaradawi est une référence pour Obama (et Sarkozy) en matière d’exégèse coranique

 « Nous demandons à Dieu de les punir pour ce qu’ils ont fait. Ils méritent ce qui est en train de se passer » a déclaré le religieux en référence aux forces fidèles à Assad dans un discours qui a été diffusé sur la télévision d’Etat du Qatar.

L’Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent les rebelles syriens qui tentent de renverser Assad, ont préconisé une intervention militaire en Syrie, bien que plusieurs pays arabes s’opposent à cela.Le Royaume-Uni a annoncé qu’il ne participerait pas à une éventuelle attaque suite au refus du Parlement.

Les Etats Unis et la France envisagent de lancer une action militaire pour punir el président syrien pour la supposée attaque à l’arme chimique de la semaine dernière dans laquelle des centaines de personnes ont péri dans la périphérie de Damas. Mais le gouvernement syrien a nié avoir utilisé une telle arme.

Al Qaradawi, président de la Fédération internationale des savants musulmans, jouit d’une large audience dans le monde arabe et il a soutenu les soulèvements contre les autocrates arabes depuis 2011. En Juin, il a exhorté à la guerre contre les forces d’al-Assad, après que le Hezbollah, le parti chiite libanais a envoyé des combattants en  Syrie pour aider à combattre les rebelles.

Syrie et armes chimiques: la force de destruction du mensonge

26 août 2013

Jason Diltz d’Antiwar nous parle des armes chimiques en Syrie. Plus précisément, il fait le point sur la manipulation grotesque mise en place par les gouvernement occidentaux pour accuser les autorités syriennes d’avoir utilisé de telles armes contre la population civile.

A ceux qui veulent une preuve de l’étendue de la manipulation, celle-ci est apporté par Diltz qui signale que le gouvernement des Etats Unis a essayé d’obtenir du Secrétaire Général de l’ONU qu’il ordonne le retrait des inspecteurs spécialisés qui se trouvent en ce moment même en Syrie.

Apparemment, les régimes occidentaux seraient prêts à en découdre contre la Syrie et une attaque serait prévue dans les deux semaines à venir.

De fait, tout en stigmatisant une éventuelle agression occidentale contre la Syrie, la Russie a fait clairement savoir qu’ elle ne s’opposerait pas militairement à une telle entreprise.

On comprend bien que la Russie n’en a ni les moyens et encore moins la volonté. Mais qu’elle a sans doute reçu des garanties que les bombardements auraient une portée somme toute limitée sur le plan politique, c’est-à-dire qu’ils ne viseraient pas à détruire la direction politique syrienne mais à l’affaiblir significativement et à entretenir ainsi le chaos dans le pays.

Fait nouveau, le régime sioniste a également fait savoir nettement qu’il encourageait une telle démarche agressive contre le pouvoir syrien.

Pour prendre la mesure de l’émotion suscitée en effet par l’usage (certain d’après François Hollande) supposé d’armes chimiques par l’armée syrienne, il suffit de constater l’état de confusion mentale d’un Laurent Fabius qui est allé confier son affliction à son ami Shimon Peres, un utilisateur pourtant avéré de l’arme chimique contre le peuple palestinien.

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Le Journal du Dimanche « le président (sioniste) Shimon Peres, qui embrasse Laurent Fabius comme un membre de sa famille »

Ce qui déclenche ces poussées humanitaires (traduisez bellicistes) chez les dirigeants occidentaux, c’est tout simplement l’état de déconfiture politique et militaire de leurs protégés qui sont repoussés partout où l’armée gouvernementale a décidé de passer à l’offensive. Ce fut le cas à al Qussayr , aux alentours de Lattaquié et c’est maintenant le cas dans la périphérie de Damas.

Les offensives de l’armée syrienne se soldent à chaque fois par de lourdes pertes chez l’adversaire qui les compense en faisant de plus en plus appel à des gamins qu’on endoctrine  contre le gré des familles ou avec l’accord de celles qui ont un besoin désespéré de moyens de subsistance et qui acceptent donc de recevoir une indemnisation [le salaire de l’enfant soldat) et peuvent même passer en tête de liste pour l’accès à l’aide alimentaire.  

On signale même une tendance nouvelle, l’arrivée de jeunes mineurs venus de Tunisie, d’Algérie et d’Europe pour combattre en Syrie.

L’ONU rejette un appel des Etats Unis à retirer ses inspecteurs de Syrie tandis que la guerre menace

Les Etats Unis se préparent à attaquer, mais les inspecteurs contunuent ) enquêter sur les accusations

Par  Jason Ditz, Antiwar (USA) 26 août 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon a rejeté aujourd’hui les demandes américaines de retirer de Syrie les inspecteurs en armement chimique, les personnes informées de la teneur de la conversation affirmant qu’il est «resté ferme sur le principe.»

Les dirigeants des Etats Unis et d’autres pays occidentaux cherchent désespérément à préserver leur version sur l’usage d’armes chimiques par la Syrie et semblent craindre que cette dernière soit sérieusement mise à mal par l’enquête onusienne.

C’est pourquoi, après avoir d’abord exigé que les inspecteurs puissent se rendre sur site, les Etats Unis ont brusquement tourné  casaque quand la Syrie a accepté, insistant pour dire qu’il était «trop tard.» Depuis, les officiels [occidentaux] ont soutenu être déjà convaincus de la culpabilité [de l’armée] syrienne sur la base d’informations de presse et de déclarations des rebelles, et se préparent à lancer des attaques dans les quinze jours à venir.

Les dirigeants britanniques ont franchi un pas supplémentaire et ont essayé d’anticiper sur les conclusions de l’enquête en affirmant que les preuves ont probablement été détruites ou «trafiquées» et que ce que les enquêteurs diront au monde sur ce qui s’est passé à Jobar sera dépourvu de fiabilité.

A l’instar de ce qui avait conduit à l’invasion de l’Irak, les dirigeants occidentaux ont déjà pris leur décision et sont maintenant en train de faire tout leur possible pour éviter la production de preuves qui ruineraient leur projet.

La Syrie, le gaz sarin et la propagande neurotoxique

15 juin 2013

La Syrie est une nouvelle version de l’enfer sous la direction d’un Belzébuth nommé Bachar al-Assad.

«Bachar » comme l’appellent « François » (Hollande) et «Lolo» (Laurent Fabius) ne recule effectivement devant aucun moyen pour faire souffrir les pires tourments à la population de son pays.

Le bilan des victimes a en effet de quoi faire réfléchir et frémir : entre 80 000 et 93 000 morts depuis le commencement de la crise dans ce pays début 2011.

Ces 80 000 ou 93 000 morts annoncés par l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) seraient tous des civils, simples passants (sunnites) ou manifestants pacifiques (sunnites également).

Du moins si on en croit les titres de la presse écrite ou audiovisuelle.

Parce que même l’OSDH annonce que parmi les 80 000 ou 93 000 morts estimés, se trouveraient 25,040 policiers et soldats de l’armée syrienne et 17,107 miliciens favorables au régime, soit 42 147 hommes.

C’est-à-dire que les forces gouvernementales représentent entre 52,7 % et 46,83 % de ceux qui ont perdu la vie dans ce conflit.

On est donc loin d’une armée et de milices sauvages qui s’en prendraient à peu de frais à des civils désemparés !

D’autant que pour atteindre les 100 %, il faut compter les pertes parmi les forces « rebelles » que l’OSDH a semble-t-il quelque peine à évaluer clairement.

Si ces pertes sont sensiblement équivalentes à celles subies par les forces gouvernementales, la part des civils parmi les victimes se trouve donc réduite à la portion congrue. 

Tant mieux !

Surtout que, comme on le sait et comme nous l’a dit le journal Le Monde, le régime de «Bachar» n’a pas hésité à recourir à l’arme chimique, ce que vient de confirmer le gouvernement des Etats Unis pour la plus grande joie de «Lolo », de «François» et de « William » (Hague) qui se sentent désormais libres de soulager leur conscience en armant ouvertement les rebelles à des fins humanitaires.

Comme le reste, tout cela n’est que propagande qui s’inscrit dans une volonté de rééquilibrer les forces sur le terrain après les coups durs assénés aux «rebelles »  par l’armés syrienne à al Qusayr notamment.

L’article que je vous propose démonte incidemment la propagande sioniste qui nous montre périodiquement des exercices où on voit des civils s’entraîner à porter des masques à gaz parfaitement inutiles en cas d’attaque au gaz sarin.

Les experts en armement chimique restent sceptiques devant les affirmations des Etats Unis sur l’utilisation de gaz sarin par la Syrie

Par  Matthew Schofield | McClatchy Washington Bureau, 14 juin 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Des experts en armes chimiques ont exprimé leur scepticisme vendredi au sujet des affirmations des Etats Unis selon lesquelles  le régime du président syrien Bachar al-Assad avait utilisé du sarin, un gaz neurotoxique, contre les rebelles à au moins quatre reprises ce printemps. Ces spécialistes disent que si l’utilisation d’une telle arme n’est pas impossible, ils n’ont pour l’instant pas constaté de signes caractéristiques d’une attaque au gaz sarin, malgré des mois de surveillance.

“C’est un peu comme Sherlock Holmes et le chien qui n’aboyait pas,” explique Jean Pascal Zanders, un éminent expert en matière d’armes chimiques qui encore récemment était directeur de recherche à l’European Union’s Institute for Security Studies. «Ce n’est pas seulement que nous ne pouvons pas prouver une attaque au sarin, c’est que nous ne constatons pas ce qu’on pourrait s’attendre à voir après une attaque au sarin.»

Au premier rang de ces éléments manquants, Zanders parle de photos et des vidéo prises avec des téléphones portables pendant les attaques ou juste après.

«Dans un monde où même l’exécution secrète de Saddam Hussein a été filmée par quelqu’un, il est illogique que nous ne voyions pas de vidéos, que nous ne voyions pas de photos montrant les cadavres des victimes montrant, et les visages rougis et les extrémités bleuies des personnes touchées », dit-il.

D’autres experts observent que s’ils étaient disposés à accorder à la communauté américaine du renseignement le bénéfice du doute, l’administration Obama doit encore offrir des détails sur les preuves qu’elle possède et sur la manière dont elle les a obtenues.

Le conseiller de la Maison Blanche pour la politique étrangère Benjamin Rhodes a donné les dates et les lieux des attaques présumées – le 19 dans le faubourg alepin de Khan al-Assal ; le 13 avril dans le quartier du Cheikh Maqsoud à Alep ; le 14 mai à Qasr Abou Samrah dans la province de Homs, et le 23 mai à Adra, à l’est de Damas. Mais il n’a donné aucun détail sur les combats qui s’étaient déroulés ni sur le nombre de tués dans chaque incident. Il a dit que les Etats Unis estimaient entre 100 et 150 le nombre total de morts.

« En fin de compte, sans plus d’informations, nous nous retrouvons dans l’obligation de faire confiance à l’intégrité de la communauté du renseignement américain dans sa démarche qui a abouti à une estimation avec un degré «élevé de confiance», écrit dans un email Greg Thielmann, directeur de recherche à la Washington Arms Control Association. Tout en disant  « mon intuition est qu’ils ont raison », il a également noté que la déclaration de la Maison Blanche a été « soigneusement et prudemment formulée » et qu’elle reconnaissait  l’absence d’une « chaîne continue de conservation des échantillons physiologiques prélevés sur ceux qui ont été exposés au sarin. « 

”Tous les doutes ne sont pas éliminés de mon esprit,” dit-il.

Philip Coyle, maître de recherche au Center for Arms Control and Non-Proliferation à Washington, observe que sans preuves publiques et solides, il est difficile pour les experts d’évaluer la validité de la déclaration de l’administration Obama. Il ajoute que de pour ce qu’on en sait, ce qui s’est produit ne ressemble pas à une série d’attaques au sarin à ses yeux.

«Sans échantillons sanguins, il est difficile de savoir», dit-il. « Mais j’avoue espérer qu’il n’y aura pas d’échantillon de sang, parce que j’ai encore bon espoir que le sarin n’a pas été utilisé. »

Même un partisan d’une assistance militaire aux rebelles par mes États-Unis a émis des doutes sur la motivation possible derrière l’annonce sur  la conclusion relative à l’utilisation d’armes chimiques.

Dans un plaidoyer passionné pour une implication américaine en Syrie, Anthony Cordesman, un expert en sécurité au Center for Strategic and International Studies à Washington, a écrit vendredi que « la« découverte »que la Syrie a utilisé des armes chimiques pourrait être un stratagème politique. » La phrase se trouvait dans un article qui présente des raisons stratégiques et humanitaires fortes pour une implication dans la crise, en particulier la récente participation Hezbollah libanais Hezbollah aux côtés d’Assad.

Les armes chimiques ont été au centre des discussions sur la Syrie depuis ce jour d’avril 2012 quand le président Barack Obama avait annoncé que l’usage de telles armes était une «ligne rouge» qui pourrait déclencher une implication militaire des Etats Unis. Depuis lors, les rebelles ont signalé l’usage probable d’agents chimiques en des dizaines d’occasions avec des niveaux de crédibilité variables.

Cependant, un seul rapport détaillé et indépendant sur une attaque chimique a été rendu public à ce jour – un long article dans le journal français Le Monde le mois dernier qui a amené les gouvernements britannique et français à écrire des lettres à l’ONU.

Zanders considère néanmoins qu’il y a beaucoup à redire sur cet article. Les photos et la vidéo qui accompagnent le reportage montrent des combattants rebelles qui se préparent à faire face à des attaques chimiques en portant des masques à gaz. Le sarin est absorbé par voie cutanée, et même de petites quantités peuvent tuer en quelques minutes.

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Mon masque à gaz me protège des armes chimiques de Bachar

Il fait aussi part de son scepticisme sur la description de la longue route qu’ont dû faire les victimes d’attaques chimiques pour être soignées, en passant par des trous dans les immeubles, sous des tirs nourris dans les rues, avant d’arriver dans des immeubles éloignés abritant des hôpitaux.

Zanders, qui a aussi dirigé le projet sur la guerre biologique et chimique au Stockholm International Peace Research Institute et a été le directeur de BioWeapons à Genève, observe que si le sarin avait été la substance chimique utilisée, les victimes seraient mortes bien avant d’avoir leur arrivée auprès des médecins pour recevoir des soins.

Zanders dit aussi être sceptique quant à l’utilisation de sarin là-bas parce qu’on n’a eu aucune information sur des secouristes ou des personnels soignants qui seraient morts du fait d’avoir été en contact avec des victimes. Les résidus du gaz sarin sont supposés persister sur les victimes et devraient infecter les secouristes qu’on voit souvent sur les vidéos rebelles démunis de protections en dehors de masques en papier.

Le Monde a rapporté qu’un médecin avait soigné une victime avec de l’atropine, ce qui est indiqué en cas d’empoisonnement par le sarin. Mais ce médecin a dit avoir injecté dans un bref intervalle quinze doses d’atropine, ce qui aurait tué le patient presque aussi sûrement que le sarin.

Armes chimiques syriennes et puissance de la propagande américaine

5 décembre 2012

En rentrant chez moi, tard dans la soirée d’hier, j’écoutais distraitement le journal télévisé de France 3 que ma femme était en train de regarder.

Il était question d’armes chimiques que l’armée syrienne s’affairait à préparer en mélangeant les deux substances dont la combinaison produit un gaz neurotoxique, d’où l’appellation d’arme binaire.

On nous disait aussi que le président Barack Obama et sa meute de roquets avaient sévèrement mis en garde les autorités syriennes contre l’utilisation de cet armement chimique contre la population de leur pays.

Je n’étais déjà pas franchement de bonne humeur mais j’ai senti comme une vague désespérance m’envahir avec cette question lancinante : les journalistes de France 3 sont-ils tout simplement bêtes où sont-ils consciemment complices de l’entreprise américaine de désinformation ?

Je vous assure que ceci est un puissant hypnotique produit par l'armée de Saddam Hussein

Je vous assure que ceci est un puissant hypnotique produit par les savants fous de Saddam Hussein

Moon of Alabama nous propose un bon petit papier sur cette nouvelle manoeuvre propagandiste du régime de Washington et de ses caniches de l’OTAN.

Faudrait peut-être le signaler aux journalistes de France 3

Ce serait peut-être aussi le 8ème élément qu’on pourrait ajouter en tête des 7 prétendues choses à savoir sur la menace des armes chimiques syriennes d’après le magazine L’Express.

Les affirmations de Wired sur les armes de destruction massive syriennes sont mensongères

Par MoA (USA) 3 décembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Wired’s Danger Room propose un étrange article en exclusivité sur de supposées armes chimiques syriennes.

Les techniciens qui travaillent pour le régime d’Assad en Syrie ont commence à combiner les deux précurseurs chimiques nécessaires pour armer les charges militaires au gaz sarin, a déclaré à Danger Room un officiel américain au courant du dossier. Les observateurs internationaux sont aujourd’hui plus préoccupés que jamais par l’utilisation éventuelle par le gouvernement de Damas de son stock d’agents neurotoxiques pour massacrer sa propre population.

    …

Le gaz sarin comporte deux constituants chimiques principaux – l’isopropanol, ou alcool à brûler, et le methylphosphonyl difluoride. Le gouvernement syrien dispose de 500 tonnes de ces précurseurs qu’il stocke d’ordinaire séparément sous une forme dite «binaire» afin d’éviter une fuite accidentelle de gaz neurotoxique.

La semaine dernière, les choses ont changé. L’armée syrienne a commencé à combiner une partie de ces précurseurs binaires. «Ils ne l’ont pas fait sur l’ensemble de leur arsenal mais juste pour une petite quantité,» affirme l’officiel. «Nous n’avons pas de certitudes sur leurs intentions.»

Du fait apparemment de leur ignorance, les gens de Danger Room tombent dans le panneau de chaque stupide propagande du genre Un pays arabe va bientôt utiliser des armes de destruction massive.» Faut-il rappeler des affirmations semblables faites par des «officiels américains» il y a une dizaine d’années et qui se sont avérées mensongères ?

Dans ce cas précis, nous pouvons être certains que les affirmations sont mensongères. Personne en Syrie n’est en train de combiner des précurseurs binaires.

Il suffit de savoir comment les armes chimiques binaires fonctionnent réellement:

Les armes ou munitions chimiques binaires sont des armes chimiques dans lesquelles l’agent toxique n’est pas contenu à l’état actif dans l’arme, mais sous la forme de deux précurseurs chimiques physiquement séparés à l’intérieur de l’arme. Les précurseurs sont conçus pour être significativement moins toxiques que l’agent qui résulte de leur mélange, ce qui permet de stocker et transporter l’arme avec une plus grande sécurité. La sécurité apportée par les armes chimiques binaires est particulièrement importante pour les personnes qui résident  près des dépôts de munitions.

La réaction chimique a lieu quand l’arme est en vol. Le fait de tirer la munition provoque la rupture des capsules. Les rotations rapides de la munition pendant sa trajectoire mélangent entièrement les deux précurseurs qui entrent en interaction. Pour finir, une charge explosive vaporise et diffuse l’agent chimique.

L’armée syrienne n’a donc pas besoin de combiner les substances pour remplir les charges militaires parce que les précurseurs sont déjà stockés dans les munitions quand les obus ou les bombes pour l’aviation sont livrées aux unités qui sont supposées les utiliser. Les précurseurs sont stockés dans deux chambres séparées dans chaque munition qui peut ainsi être transportée et stockée en sécurité. Seul le tir de la munition ou le largage de la bombe provoquera la combinaison des précurseurs binaires.

Ce que l’officiel américain anonyme prétend n’est pas en train de se produire en Syrie. Si ceux qui écrivent dans Wired, Noah Shachtman et Spencer Ackerman (de fervents partisans d’Israël avant tout, fait-il constater), avaient un minimum de connaissances de la technologie de l’armement, ils ne seraient pas tombés dans le panneau de la déclaration stupide faite par un officiel américain anonyme.

L’affirmation selon laquelle “le régime Assad en Syrie a commencé à combiner les deux précurseurs chimiques” est complètement fausse. Que l’armée syrienne fasse ou pas quelque chose avec son armement stratégique, cette chose n’est pas ce que prétend «l’officiel américain» anonyme.

Armes chimiques syriennes et désinformation occidentale

23 juillet 2012

Je vais reprendre intégralement un post d’Angry Arab consacré à ce sujet. Je renverrai par contre à des titres de la presse française et non anglophone.

La camarade Laure m’envoie ceci: « Depuis une semaine maintenant, on entend parler de « préoccupations » de « menaces » et de « craintes » au sujet des armes chimiques de la Syrie. Ce que Jihad Makdissi (porte-parole du ministère syrien des affaires étrangères) a déclaré en anglais est ceci:

« Les armes de destruction massive ou les armes non conventionnelles que possède la République Arabe Syrienne ne seront jamais, ne seront jamais (ce n’est pas une erreur de frappe, il l’a dit deux fois) utilisées contre des civils ou contre le peuple syrien en aucune circonstance, peu importe la manière dont va évoluer la crise, peu importe. Ces armes sont destinées à être utilisées uniquement et strictement en cas d’agression extérieure.

Comment est-il possible que ces propos se traduisent dans les titres qui suivent?

Le Nouvel Observateur: SYRIE. Damas agite la menace des armes chimiques

Le Parisien Libéré: Syrie : les Occidentaux haussent le ton face à la menace d’armes chimiques

Euronews: Armes chimiques: la menace brandie par Damas est “intolérable”

Entendez-vous un ton menaçant?

Donc, ils (les journaux occidentaux) écrivent des articles sur le possible recours par la Syrie à l’utilisation d’armes chimiques contre des civils, des dirigeants dans le monde s’expriment à ce sujet et font part de leur préoccupation. La Syrie dément qu’elle utilisera des armes chimiques, ils écrivent [donc] que la Syrie menace de se servir de ces armes et les dirigeants des puissances mondiales expriment leur indignation devant la menace par la Syrie de les utiliser. »

Ceci est mon commentaire: les propos de Jihad Makdissi ne manquent pas de noblesse, chose qui a forcément échappé à nos journalistes apôtres de la guerre humanitaire (sauf pour le Liban en 2006 par exemple ou pour la Palestine d’une manière plus générale).


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