Posts Tagged ‘chiites’

Dissolution de l’Etat national: la Turquie après la Syrie et l’Irak?

9 mai 2016

Verda Özer est une spécialiste des relations internationales chercheur à l’Istanbul Policy Center (IPC) et qui collabore avec plusieurs publications dont le journal turc Hürriyet.

Verda Ozer-Hurriyet(1).PNG

Verda Özer

Son article que je vous propose en traduction veut contredire le vice-président des Etats Unis Joe Biden, et donc la ligne officielle de Washington, selon qui les Etats où son pays intervient pour « maintenir la paix » sont des structures artificielles et qu’il faut se préparer à leur éclatement en entités plus petites mais plus homogènes.

Ce serait par exemple en Syrie, une entité alaouite, une entité kurde et une entité sunnite, ces deux dernières étant réparties sur des portions de territoires de la Syrie et de l’Irak actuels.

Mme Özer a parfaitement compris que cette argumentation s’appliquait aussi à son pays, la Turquie.

C’est pour cette raison qu’elle a souhaité contredire Joe Biden en arguant du fait que nulle part il n’existe de frontières naturelles. Et en effet, contrairement à ce que certains ont pu apprendre à l’école, les Pyrénées ne sont pas une frontière naturelle de la France. Une frontière est uniquement un fait accompli de main d’homme et un fait de droit.

Cette précision de Verda özer peut être assimilée à un coup pour rien mais ce n’est pas le cas. Elle lui permet en réalité de formuler de manière diplomatique deux conseils à un gouvernement qui n’aime pas trop en recevoir.

Le premier est celui de se tenir à l’écart des conflits en cours en Syrie et en Irak, de crainte d’un effet déstabilisateur sur la Turquie elle-même.

Le deuxième est celui de ne pas tracer des frontières (forcément artificielles) à l’intérieur du territoire national. Mme Özer pense évidemment aux Kurdes de Turquie mais pas seulement car il existe en Turquie d’autres minorités qui pourraient trouver un intérêt à la défaisance de l’Etat turc tel qu’il est actuellement établi. Je parle ici de la  minorité syrienne de l’ancien wilayet d’Antioche (Antakya) et des Alévis, une importante minorité confessionnelle.

On verra bien ce que pèsent les avertissements distillés par des spécialistes comme Verda Özer face aux plans des Etats Unis qui consistent à favoriser et accompagner la fragmentation de la région pour peu qu’elle demeure dans un niveau d’instabilité à la fois gérable, non menaçant pour leurs intérêts et favorables à ceux de l’entité sioniste. Une politique étrangement conforme au fameux plan Yinon

Vous avez peut-être tort, M. Biden

Par Verda Özer, Hürriyet (Turquie) 7 mai 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les mots du vice-président des Etats Unis Joe Biden ont fait l’effet d’une bombe cette semaine. « Pensez à tous ces endroits où nous essayons de maintenir la paix. Ce sont des endroits où nous avons tracé des lignes artificielles, créé des Etats artificiels, constitués de groupes culturels, ethniques et religieux distincts et nous avons dit, ‘C’est pour vous ! Vivez ensemble ! », a-t-il dit.

L’endroit auquel il se référait principalement comme « artificiel » était l’Irak, étant donné qu’il a tenu ces propos dans l’ambassade américaine à Bagdad au cours de sa première visite en Irak depuis cinq ans.

Le même jour, le New York Times rapportait que les « officiels des Nations Unies à Bagdad ont discrètement commencé à étudier comment la communauté internationale pourrait gérer un éclatement du pays. »

Le moment de la visite de Biden et ces déclarations sont loin d’être des coïncidences. L’Irak a été littéralement mis en lambeaux. Et en premier lieu, le gouvernement central à Bagdad est complètement dysfonctionnel depuis février dernier. Aucun des ministères n’est en situation de pouvoir travailler.

La principale raison en est que l’opposition au premier ministre chiite Haider al-Abadi et à son gouvernement est devenue hors de contrôle à cause de sa politique sectaire et d’allégations de corruption. C’est pour cette raison que al-Abadi avait promis de formé un nouveau gouvernement constitué uniquement de technocrates le 9 février. Il a cependant été incapable d’y parvenir pour l’instant. Par conséquent, l’équilibre des pouvoirs dans le pays qui est façonné par les tendances sectaires s’est retrouvé complètement sens dessus dessous.

Ce qui indique fortement que le sectarisme va sonner le glas pour [le gouvernement d’] al-Abadi exactement comme ce fut le cas pour le premier ministre chiite Nouri al-Maliki en 2014. En d’autres termes, l’Irak ne va nulle part.

La tension ancienne entre Bagdad et Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, s’étale au grand jour. Les deux parties s’accusent mutuellement de ne pas respecter l’accord qu’elles avaient conclu le 2 décembre 2014 sur le partage des revenus du pétrole.

Ce qui à son tour, s’est transformé généralement en conflit entre Kurdes et Chiites à travers le pays. Il y a eu tout récemment une escalade dans les affrontements, particulièrement du côté de Kirkouk que Bagdad et Erbil se disputent depuis longtemps. En outre, les Turkmènes chiites combattent aussi aux côtés des milices chiites contre les Kurdes dans les zones de conflit. Dit autrement, les conflits ethniques et religieux sont devenus intriqués.

Par ailleurs, le fait que l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant, Daesh) soit leur ennemi commun ne change en rien la situation. Au contraire, la lutte contre l’EIIL a changé l’équation sur le terrain en faveur des Kurdes en étendant leur territoire d’environ 40 % depuis 2014, ce qui n’a fait qu’attiser la confrontation.

La tension Chiites – Sunnites, d’autre part, est omniprésente dans le pays depuis des dizaines d’années. Elle s’est pourtant encore aggravée à un tel point récemment que « l’opération de grande ampleur pour reprendre Mossoul » qui doit être lancée en septembre ou en octobre devrait, dit-on, interdire aux milices chiites d’accéder au centre-ville afin d’éviter tout affrontement éventuel avec les Sunnites qui sont majoritaires dans la ville.

Avec tout ça, les Chiites sont aussi divisés entre eux. Le leader religieux chiite Moqtada al-Sadr  a appelé avec de plus en plus de force à la démission d’al-Abadi. La même chose s’observe du côté du parti politique chiite d’al-Maliki, Dawa.

Compte tenu de tous ces éléments, l’Irak sera-t-il capable de combattre d’EIIL dans ces conditions ? En outre, l’EIIL lui-même n’est-il pas issu de la confrontation sectaire ? Il ne semble par conséquent guère possible de sauver à brève échéance l’Irak de Daesh et d’empêcher la dissolution de l’Etat à long terme.

La Syrie est pour sa part dans une situation de morte-vivante depuis un certain temps. La communauté internationale considère même sa dissolution comme plus probable et imminente que celle de l’Irak.

En novembre 2014, j’ai eu la chance d’avoir un tête-à-tête [en français dans le texte] avec Richard Haas, le président du Council on Foreign Relations (CFR), le think tank américain le mieux établi. Haas est un des plus éminents penseurs et concepteurs de politiques aux Etats Unis, ayant coordonné les politiques de Washington en Irak et en Afghanistan en des moments critiques.

Haas m’avait que « pour le moment, les Etats Unis préfèrent un Irak unifié, avec les Kurdes ayant une autonomie plutôt que l’indépendance. » Il considère cependant que ce n’est pas une perspective réaliste dans le futur parce que nous avons déjà franchi le point de non-retour aussi bien en Irak qu’en Syrie.

« L’avenir de la Syrie ne se situe plus dans le cadre de paramètres nationaux. Le pays est déjà partitionné. Al-Assad, ou quelqu’un comme lui, gouvernera la région alaouite, pas l’ensemble du pays. Les Kurdes auront une autonomie significative. El les Sunnites se débattront entre l’EIIL et différentes tribus, » avait-il expliqué.

Dans un tel scénario, les zones sunnites en Irak et en Syrie seraient à cheval des deux côtés de la frontière. La même chose pourrait se passer pour les zones kurdes. Et un tel changement fondamental de la carte de la région affectera certainement aussi la Turquie.

En réponse à ces vagues de désintégration, la Turquie doit se tenir hors de ces conflits dans toute la mesure de ses capacités et se préparer à tous les scénarios possibles. Plus important, elle doit faire valoir la paix et l’unité à l’intérieur de ses propres frontières.

Enfin et surtout, je voudrais en finit avec des histoires de « nature artificielle ». Existe-t-il quelque part une « frontière naturelle » ? Les frontières e tous les Etats nations du monde ont été tracées un jour d’une manière ou d’une autre. Ce qui importe vraiment c’est de ne pas en créer de nouvelles ; et au contraire d’effacer les frontières internes à nos territoires que nous tendons à créer nous-mêmes. Après tout, ce sont des frontières artificielles.

Le pouvoir syrien repose sur une base majoritairement musulmane sunnite

4 novembre 2014

Un article intéressant sur la situation en Syrie qui relève en passant ce fait important (et évident) que les Musulmans sunnites sont la principale assise du pouvoir de Bachar al-Assad.

La Syrie d’Assad, amputée, malmenée – mais intraitable.

Par Diaa Hadid, The Big Story (Associated Press) 2 novembre 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Tartous, Syrie – Les hommes d’affaires syriens repartent de zéro après la destruction de leurs magasins et de leurs usines. Des familles qui ont perdu leurs maisons peinent à louer de nouveaux logements et à joindre les deux bouts. Le long des autoroutes qui s’étirent à travers les zones contrôlées par le gouvernement se trouvent les ruines de villes auparavant contrôlées par la rébellion et aujourd’hui parsemées de points de contrôle.

La Syrie sous contrôle gouvernemental est tronquée dans ses dimensions, malmenée et appauvrie. Mais elle fait face, soulignant la manière dont le président syrien Bachar al-Assad s’est accroché au pouvoir malgré une rébellion armée qui essaye de le déboulonner depuis près de quatre ans.

Des visites la semaine dernière dans la capitale Damas et dans la région côtière de Tartous, un bastion du soutien au gouvernement, montrent à quel point les Syriens se sont adaptés à la vie dans ce pays tronqué. Les immeubles administratifs sont entourés d’épaisses barrières peintes en rouge, noir et blanc, les couleurs du drapeau syrien. Les portraits d’Assad sont partout :en soldat, en homme d’affaires et en père de famille.

Après des années de reculs et d’avancées, le régime gouverne Damas et une bande de territoire à l’ouest de la région de la côté méditerranéenne dans laquelle se trouvent les plus grandes villes de Syrie ainsi que certaines zones au sud de la Capitale. Les rebelles tiennent quelques banlieues dans la campagne qui entoure Damas et des parties du nord-ouest. L’État Islamique extrémiste a imposé son pouvoir sur un territoire qui recouvre un tiers de la Syrie et de l’Irak voisin.

La guerre est toujours présente. Le bruit persistant des bombardements dans les zones proches tenues par les rebelles est le fond sonore de Damas.

Les checkpoints sont omniprésents sur les routes, souvent des abris en béton ornés de posters d’Assad découpés en forme de cœur. Les soldats se reposent sur une literie usée.

« Auriez-vous une cigarette, monsieur ? » demande optimiste un soldat à un chauffeur.

Les milices locales pro-gouvernementales veillent aussi sur les villes et les quartiers, apportant leur aide à une armée d’Assad dont les forces sont tendues.

Des hommes moustachus armés de fusils d’assaut sautent dans des voitures à l’entrée qu quartier historique de Bab Touma à Damas. Ce quartier majoritairement chrétien est une des cibles favorites des tirs de mortiers en provenance du quartier voisin de Khobar tenu par les rebelles. Les militants anti-Assad accusent certaines milices pro-Assad d’être plus brutales que les soldats et affirment qu’elles exigent des pots de vin et qu’elles volent des voitures.

Quand on quitte Damas, le revêtement de l’autoroute est bon, comme cette partie de la route fraîchement goudronnée. Non loin, se trouvent les ruines de la ville de Nabak dont les habitants s’étaient révoltés contre Assad au début du soulèvement. Le jaune de la grande roue du parc de loisirs de Nabak est délavé.

On lit sur un graffiti non loin, « Assad pour l’éternité. » Un autre proclame : « Je t’aime Lulu ».

Carte politique de l'Irak et de la Syrie aujourd'hui (attention, de vastes zones désertiques sont attribuées à une des parties, ce qui n'a guère de sens)

Carte politique de l’Irak et de la Syrie aujourd’hui (attention, de vastes zones désertiques sont attribuées à une des parties, ce qui n’a guère de sens)

On ne sait pas avec précision combien de Syriens vivent dans les zones respectivement contrôlées par le gouvernement et par les rebelles, étant donné le bouleversement démographique dans un pays où près de la moitié de la population a fui son domicile. Des zones auparavant dominées par des minorités fidèles à Assad, comme la région littorale de Tartous, majoritairement alaouite, ont vu la typologie de leur population changer avec l’accueil de quelque 350 000 personnes déplacées, en majorité des Musulmans sunnites.

Cela aura en définitive un effet à long terme : il sera difficile au régime d’Assad de se tailler un bastion alaouite comme certains de ses détracteurs l’accusent de le faire – ce que les responsables du gouvernement contestent.

Cela met aussi en lumière le fait que les Sunnites, qui sont le groupe confessionnel majoritaire dans le pays, forment la principale assise du pouvoir d’Assad, alors même que la rébellion est dominée par des Sunnites. Les minorités, comme les Alaouites, les Chiites et les Chrétiens soutiennent généralement le gouvernement ou sont restées neutres.

Parmi les déplacés, se trouvent un prédicateur musulman, Mustafa Shihi et sa femme, Faten Shaar qui ont fuit vers une ville de la province de Tartous après que des rebelles ont incendié leur usine pharmaceutique. Sobhi explique que les rebelles de sa ville d’origine, Alep au nord du pays, l’ont puni parce que son fils Majed était dans l’armée. Majed a été tué en mars de l’année dernière.

L’autre fils de Sobhi vent maintenant des sandwiches devant une université locale. Les biens de cette famille de la classe moyenne-supérieure ont été détruits dans la guerre, mais ils sont sains et saufs à Tartous, déclare Sobhi.

« Nous devons être comme une seule main, » dit-il assis à côté de son épouse sur un mince matelas posé sur le sol,l’unique mobilier de l’appartement. Un grand portrait de son fils tué en uniforme de l’armée et un autre faisant l’éloge d’Assad sont fixés au mur.

Parmi les déplacés, figurent des commerçants sunnites d’Alep, qui était le poumon économique du pays. Certains ont ré-ouvert leurs entreprises à Tartous mais à une échelle réduite.

Tartous: manifestation de soutien au président Assad (2011)

Tartous: manifestation de soutien au président Assad (2011)

Mohammed Jallad, un fabricant de fours, a fui quand les combats se sont intensifiés dans son quartier à Alep. Sa maison et son entreprise ont été détruites dans les bombardements.

Un prêt lui a permis de rouvrir une affaire à Tartous, partageant un espace d’activité industrielle avec quatre autres Alépins. Il dort dans un coin au dessus de ses fours pour économiser de l’argent.

Le prix de location de son local commercial a triplé en deux ans avec l’augmentation de la demande par des personnes déplacées. Alors qu’il faisait travailler 15 ouvriers à Alep, il n’en emploie plus que deux.

Jallad dit qu’il ne veut pas fuir à l’étranger, par crainte de subir le sort des quelque 3 millions de réfugiés syriens qui vivent en majorité dans des conditions misérables.

« Je voulais travailler, alors où aurais-je pu aller ? La situation à l’étranger est humiliante, » dit-il.

En luttant pour s’en sortir, les Syriens se sont adaptés à la réalité.

Taghrid, brodeuse à Damas, dit avoir envoyé son fils en âge d’être incorporé dans l’armée en Égypte pour éviter la conscription, ce que beaucoup de familles ont fait.

« Puisse Dieu le protéger, » dit-elle devant la grande mosquée des Omeyyades à Damas. Elle n’a donné que son prénom par crainte de mettre son fils en danger.

Les services de l’État existent toujours, quoique de manière décousue. Les travailleurs touchent leurs salaires même si la monnaie locale se déprécie. Il y a toujours de l’électricité même si les coupures de courant sont la routine. Les soins restent gratuits quoique les habitants disent que l’attente est longue car des médecins abandonnent leur poste.

« Le gouvernement syrien tient et se cramponne à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie. Et c’est pour nous une affaire sacrée, » affirme la conseillère d’Assad Bouthaina Shaaban.

La vie suit son cours pour les Syriens riches. Cafés et restaurants sont à moitié remplis, leurs propriétaires arguant du fait que la reprise des études par les jeunes a réduit leur affluence. Des hommes d’affaires ont ouvert un centre de loisirs et un centre commercial à Damas et un centre commercial sur sept étages à Tartous.

Au centre commercial Malki à Damas, une pancarte annonce une compétition de selfies. Dans le centre commercial presque vide de Tartous, l’investisseur Ali Naddeh fume une pipe à eau et dit que les boutiques vont bientôt ouvrir.

« C’est une époque d’opportunités, » dit-il.

De la viande de Chiite pour chiens.

7 juin 2013

Angry Arab nous gratifie d’un extrait d’une page Facebook de la soi-disant opposition qui prétend lutter pour la démocratie en Syrie.

Image

On lit sur la boîte de conserve:

1ère ligne à partir du haut: viande de chiite premier choix

2ème ligne: nourriture pour chiens

tout en bas: fabriqué à al Qusayr

C’est de la viande de chiite, n’est-ce pas, pas de la viande de baathiste.

 

Réfugiés Syriens au Liban, l’exemplarité du Hezbollah

16 janvier 2013

Je ne ferai pas de commentaires

 

Image

Nord Liban: un réfugié Syrien construit une maison avec des palettes de manutention

Les actions du Hezbollah libanais pour aider les Syriens qui fuient la violence dans leur pays

par David Enders, McClatchy Newspapers (USA) 14 janvier 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Malgré son soutien sans faille au régime syrien ces deux dernières années, l’organisation militante chiite Hezbollah aide dans la discrétion les Syriens qui sont au Liban – même ceux qui ne soutiennent pas sa ligne politique.

“Nous aidons les réfugiés depuis le début des évènements en Syrie,’’ déclare Imad al Wahda, un représentant du Hezbollah dans cette ville du sud Liban qu’on considère comme étant un bastion du parti. 

“Nous avons donné l’accès à plus de 2 000 maisons et appartements à Nabatiyeh et les villages alentours,’’ explique al Wahda. ‘’Certaines maisons accueillent deux ou trois familles.’’

L’organisation apporte une aide semblable à des réfugiés dans d’autres régions du pays, alors même que, selon des informations, ses combattants se battraient du côté du gouvernement syrien [une accusation de l’opposition syrienne et des pro Hariri jamais étayée par aucune preuve, NdT].

Fondé au début des années 1980, le Hezbollah est aujourd’hui la première force politique libanaise, un statut qu’il doit en partie à son action sociale en faveur de la communauté chiite longtemps déshéritée, qui forme la principale communauté religieuse du pays. En Syrie et dans le monde arabe, la popularité du Hezbollah a atteint des sommets en 2006 quand la milice de l’organisation avait tenu en échec une invasion du pays par les troupes israéliennes. 

Six ans plus tard, certaines des personnes qui adulaient l’organisation auparavant la dénoncent maintenant à cause de son soutien au président Syrien Bachar al-Assad qui appartient à la secte alaouite, une branche du chiisme. Les rebelles hostiles à Assad sont presque tous issus de la majorité musulmane sunnite du pays, dont beaucoup accusent les Alaouites de pratiquer une discrimination contre les Sunnites tout au long des quarante années d’exercice du pouvoir par la famille Assad.

Le Hezbollah a certainement tiré avantage du pouvoir de Assad en Syrie, et la chute de ce dernier rendrait probablement plus difficile sa domination au Liban. Une bonne partie de l’armement lourd du Hezbollah est venu d’Iran via la Syrie, et la défaite d’Assad par les militants sunnites pourrait encourager les Sunnites du Liban à relever la tête.

Mais alors que les quelques déclarations publiques du mouvement ainsi que sa presse et sa propagande ont largement collé aux positions du gouvernement syrien pendant les 22 mois du soulèvement, l’action d’assistance humanitaire de l’organisation ne semble pas s’inscrire dans cette ligne devant les centaines de milliers de Syriens qui arrivent ici avec les quelques effets qu’ils ont pu emporter.

Le Hezbollah affirme même avoir aidé des immigrés Syriens qui travaillent au Liban dans la construction et dans d’autres secteurs des services à faire venir leurs familles. 

“Nous payons parfois la course de leur taxi pour qu’ils rentrent en Syrie pour ramenet leurs familles ici,’’ affirme al Wahda. 

Le mois dernier, dans une de ses rares déclarations sur la situation en Syrie, le chef du Hezbollah,Hassan Nasrallah a demandé au gouvernement libanais d’avoir une approche politique cohérente de la crise.

“Nous devrions nous intéresser aux réfugiés Syriens sur la base d’une responsabilité purement humanitaire, sans politiser cette question,” avait déclaré Nasrallah. ‘’Nous devrions accorder notre attention aux familles déplacées, quelles que soient leurs opinions politiques.’’

Tandis que la majorité des Syriens au Liban se sont réfugiés dans des régions dominées par la même secte que celle à laquelle ils appartiennent, le Hezbollah assiste en fait les déplacés qu’ils soient sunnites ou chiites.

“Mon mari cherche du travail,’’ explique Oum Ibrahim, une Sunnite de 22 ans, mère de trois enfants, qui se fait appeler de ce surnom qui signifie ‘’Mère d’Ibrahim’’ lorsqu’elle parle avec la presse parce qu’elle craint pour la sécurité de ses proches restés en Syrie. ‘’Il n’y a plus de travail en Syrie.’’

Oum Ibrahim partage les quatre pièces d’un appartement avec 20 personnes. Elle a récemment emmené son fils se faire vacciner dans un hôpital géré par le Hezbollah.Elle dit que quand sa famille est venue à Nabatiyeh il y a quatre mois de ça, le Hezbolah leur a aussi donné des draps et des poêles de chauffage.

‘’Nous pensions que nous n’étions ici que pour un mois,’’ dit-elle.

C’était avant que son quartile d’Alep, la plus grande ville de Syrie, se transforme en ligne de front.

 ‘’Je ne sais pas ce qui est arrivé à notre maison,’’ dit-elle. ‘’La maison de mes parents a été pillée et détruite. La maison de ma sœur a été détruite par un bombardement.’’

Oum Ibrahim n’a exprimé de soutien pour aucun des camps qui s’opposent en Syrie, mais elle a utilisé la désignation ‘’Armée Syrienne Libre’’ pour parler des rebelles. Elle n’a pas hésité non plus à le faire en présence d’un officiel du Hezbollah, alors même que les partisans du régime syrien tendent à utiliser l’expression ‘’groupes armés’’ ou ‘’terroristes’’ quand ils parlent des rebelles, reprenant ainsi la terminologie du gouvernement syrien.

Jérusalem est arabe, la preuve par Grenade

17 octobre 2012

Une fondation culturelle espagnole vient faire la nique aux autorités sionistes à Jérusalem même en venant rappeler que cette ville est arabe : musulmane, chrétienne et juive, mais arabe.

Et la démonstration en est faite in situ avec une exposition sur le royaume de Grenade sous le règne des dynasties ziride et nasride. 

Pour ceux que ça intéresse, les Zirides étaient une famille originaire d’Achir dans l’Algérie actuelle et ils tiraient leur nom du fondateur de la dynastie, Ziri Ibn Menad. L’émir Bologhin, le fils de Ziri est le (re)fondateur de la ville qui porte toujours le nom qu’il lui a donné : al Djazaïr (les îles dans une forme de pluriel archaïque).

Ce sont les vicissitudes de l’histoire et des luttes intestines qui ont amené une branche de la famille ziride à établir son pouvoir à Grenade tandis que deux autres rameaux demeuraient au Maghreb, l’un d’entre eux gouvernant sur ce qui correspond à peu près à la Tunisie actuelle, l’autre sur une partie du Maghreb central, établissant sa capitale dans une ville nouvelle, la Qalaa (Qalaa beni Hammad). 

Les Zirides étaient des Berbères, appartenant à la branche chiite de l’Islam au départ.

La dynastie nasride était par contre d’origine arabe semble-t-il et n’a de toute façon gouverné qu’en Espagne, jusqu’à la disparition de l’Etat musulman de Grenade.

Le royaume de Grenade atterrit à Jérusalem

Une exposition présente à la vieille ville la vie sous les dynasties ziride et nasride

Par Ana Carbajosa, El Pais (Espagne) le 17 oct 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

C’est dans un magnifique bain arabe de l’époque mamelouk, en plein cœur de la vieille ville de Jérusalem qu’a atterri le royaume de Grenade. Une exposition espagnole, dédiée à recréée la vie des dynasties ziride et nasride, a été inaugurée la semaine dernière à Jérusalem Est, la partie palestinienne de la ville, asphyxiée par le conflit avec les Israéliens et où la vie culturelle est presque anecdotique.

Juan Carlos González-Santiago et José Manuel Vera Borja signent les photos de l’exposition

Sur les 30 photographies accrochées aux murs blanchis à la chaux du hammam, on peut voir des édifices représentatifs de ce que fut le royaume de Grenade entre le 9ème et le 15ème siècle. Devant eux, défilent quelques uns des 350 figurants volontaires de villes et villages andalous qui, vêtus de costumes d’époque, ont participé au consortium du millénaire du royaume de Grenade qui travaille depuis deux ans à la commémoration de la fondation en 1013 de cet Etat islamique dans la péninsule ibérique.

Les scènes que peut découvrir celui qui visite Jérusalem, de l’entrée de la vieille ville à la porte de Damas et celles qu’il peut voir ensuite dans l’exposition ne sont pas si différentes. La casbah de Malaga, la madrasa de Grenade, le palais de Mondragon à Ronda… les tours, les décorations, les arches et jusque aux personnages qui apparaissent dans les photographies de l’exposition sur le royaume de Grenade, détonnent à peine avec les abords immédiats du quartier musulman de la ville fortifiée de Jérusalem, annexée par Israël en 1967.

Ronda: fontaine du palais Mondragon

C’est la première fois que le royaume de Grenade débarque dans le monde arabe. Un Palestinien entre deux âges, chargé d’accrocher les photos avant l’inauguration officielle, s’étonne devant la calligraphie arabe et les extraits du Coran qu’on peut voir dans une des salles de l’Alhambra.

«Ce qui nous intéresse, c’est de voir les choses que nous avons en commun, les parallélismes,» explique Carmen Pozuelo de la Fondation Legado Andalusi (héritage andalou) et commissaire de l’évènement tout en travaillant au montage d’une exposition qui se confond avec l’environnement.

Les rais de lumière qui filtrent par les ouvertures des voûtes du hammam Al Ayn sont très semblables à ceux des bains de Fiñana. La fontaine qui trône dans la salle principale de l’édifice qui accueille l’exposition, rappelle beaucoup celle du palais de Mondragon. Ce sont des parallélismes qui tiennent à leur fonction mais surtout à un héritage commun que l’exposition « Alma Desgranada: viaje a la memoria del reino de Granada » (égrenage de l’âme: voyage dans la mémoire du royaume de Grenade) essaye de mettre en évidence.

Juan Carlos González-Santiago et José Manuel Vera Borja signent les photos de l’exposition qui se posera bientôt au Caire et ensuite au Qatar.

Hidjab et niqab à l’université Al-Azhar du Caire

18 septembre 2012

Angry Arab publie cette photo très intéressante:

Il s’agit d’un cours de théologie à l’université Al-Azhar au Caire.  Si l’auditoire est exclusivement féminin, vous noterez que l’enseignant est un homme et qu’apparemment aucune des jeunes femmes ne porte ce qui ressemblerait à un hidjab ou à un niqab.
La photo a été prise dans les années 1960, à l’époque où le colonel Nasser dirigeait le pays.
Pour mémoire, la mosquée Al-Azhar a été fondée au Xème siècle par Jawhar ben Abdallah as-Siqili (le Sicilien) qui s’était emparé de l’Egypte au nom du souverain Fatimide qui gouvernait à l’époque le Maghreb.
Pour mémoire aussi, les Fatimides étaient des chiites.

Les opprimés et les chômeurs d’Arabie Saoudite n’ont pas le droit de se révolter

8 octobre 2011

L’Arabie Saoudite connaît une certaine agitation politique. Il est ce bon ton cependant, comme dans le cas des troubles au Bahreïn de ramener les problèmes à une dimension religieuse, en l’occurrence à une fracture chiites- sunnites.

La parisien Libéré titre ainsi, Arabie : poussée de violence chiite , l’Iran montré du doigt.

En quelques mots, le problème et son analyse. Quand on pense que le gouvernement syrien se fait tancer quand il pointe la main de l’étranger derrière les troubles qui secouent ce pays !

On évacue ainsi le politique et le social. Alors que, quand on considère la situation en Arabie Saoudite, si la minorité chiite est effectivement particulièrement mal lotie, il convient de ne pas oublier que l’Arabie est un pays où il n’existe aucune liberté publique, pas même celle, peut-être superflue mais hautement symbolique, d’avoir un téléphone capable de prendre des photos/vidéos, que les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture et que le taux de chômage des personnes âgées entre 18 et 40 ans tourne autour de 50 %.

Le royaume a donc lui aussi ses «hittistes» (teneurs de murs forcés à l’oisiveté), un échec d’autant plus criant que le pays croule sous les pétrodollars et qui aide à comprendre le mécontentement d’une partie de la population qui déborde la composante chiite.

Mais l’Arabie est la clef pas seulement des approvisionnements en pétrole des Etats Unis et d’autres pays, mais surtout de la régulation des prix de cette matière première.

C’est pourquoi, vous ne verrez pas un ambassadeur des Etats Unis (ou de France) s’embarquer dans une démarche de prise de contact et d’encouragement des opposants à la monarchie saoudienne. Angry Arab fait un lien vers un article d’opinion de David Ignatius publié par le Washington Post où ce dernier fait l’éloge de Robert Ford,  l’ambassadeur US à Damas, pour son rôle de conseil auprès de l’opposition syrienne.

Angry Arab se pose à bon droit la question de savoir si l’ambassadeur des Etats Unis à Ryad va lui aussi avoir l’ordre de ses supérieurs d’aller conseiller ceux qui manifestent contre la monarchie absolue qui gouverne l’Arabie Saoudite ?

Au risque, comme Robert Ford de se fairebombarder de tomates et d’œufs par des terroristes stipendiés par le gouvernement ?

Il ne le fera pas car, comme le Parisien Libéré l’é écrit, c’est une agitation chiite manipulée par l’Iran.


Une question qu’Angry Arab ne pose pas est celle de savoir pourquoi le gouvernement syrien n’a pas demandé le rappel de l’ambassadeur par Washington ou ne l’a pas simplement expulsé?

Or, c’est peut-être la seule question qui vaille.


%d blogueurs aiment cette page :