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Une manifestation pour la Palestine interdite à Paris ou le retour de la SFIO

18 juillet 2014

La SFIO, c’est la version ancienne et longue du Parti Socialiste, celle qui avait voté les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, celle qui ne voulait pas clore le chapitre colonial de l’histoire de France, celle qui avait lancé la France dans l’expédition de Suez en 1956 pour essayer de détruire le pouvoir nassérien avec l’aide  du Royaume Uni et du régime sioniste . La SFIO que le général de Gaulle avait écartée sans ménagement du pouvoir.

Apparemment le Daily Mail a un souci avec la façon dont les médias et la classe politique en France ont traité la manifestation de soutien à Gaza qui s’était tenue à Paris dimanche dernier et avait été marquée par des incidents violents causés par une milice juive qu s’est livrée également au saccage sans que la police présente sur les lieux lève le petit doigt (sauf pour arrêter six personnes parmi les manifestants agressés)

Maintenant ce même journal fait un gros titre sur l’interdiction, sur requête du ministre de l’intérieur, d’une autre manifestation pro-palestinienne prévue à Paris demain.

Le Mail expose les arguments des uns et de autres mais nous laisse juges même si on comprend vite quel est le point de vue du journaliste qui partage l’indignation des organisateurs de la manifestation interdite. Simplement parce qu’il sait la vérité sur l’agression commise par la milice juive à Paris dimanche dernier que les médias français veulent nous vendre comme une agression antisémite.

Peut-être un petit accès de fièvre anti-socialiste est-il venu aussi stimuler Peter Allen ?

En tout cas, après la mise en bouche Dieudonné, le Parti Socialiste nous montre l’ampleur de ce dont il est capable pour satisfaire ses maîtres.

Indignation après que la France devient le premier pays au monde à interdire des manifestations pro-palestiniennes

– La décision fait suite aux violences lors de la manifestation à Paris la semaine dernière

– Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve affirma qu’il y avait une ‘menace à l’ordre public’

– Des milliers de personnes devaient défiler encore ce weekend dans toute la France

– Des manifestants avaient été accusés mensongèrement d’avoir visé des synagogues

par Peter Allen, The Daily Mail (UK) 18 juillet 2014 traduit d el’anglais par Djazaïri

Le gouvernement socialiste français a provoqué l’indignation aujourd’hui en devenant le premier au monde à interdire des manifestations contre l’action d’Israël en Palestine.

Dans ce qui est perçu comme une attaque scandaleuse contre la démocratie, le ministre socialiste de l’intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré que la manifestation massive prévue pour le weekend devait être empêchée.

M. Cazeneuve a expliqué qu’il y avait une ‘menace à l’ordre public’, tandis que ceux qui s’opposent à sa décision affirment qu’il « criminalise’ le soutien populaire au peuple palestinien.

Des milliers de personnes s’apprêtaient à marcher contre le massacre en cours à Gaza et pour appeler à une cessation immédiate des hostilités dans lesquelles des civils, dont beaucoup d’enfants, ont été tués.

Mais M. Cazeneuve craint une répétition possible des affrontements entre des miliciens juifs ‘ultra’ et des pro-palestiniens comme cela s’est passé à la fin de la manifestation de dimanche dernier.

Parlant de la principale marche à Paris, M. Cazeneuve a dit : ‘Je considère que les conditions ne sont pas réunies pour garantir la sécurité.’

Il a salué une procédure administrative initiée par la Préfecture de police de Paris pour interdire la manifestation malgré le fait que celle-ci a été largement annoncée.

M. Cazeneuve a aussi conseillé à d’autres préfets ailleurs en France d’examiner les manifestations prévues sur la base du ‘sas par cas’ et de les interdire s ‘si nécessaire’.

Mais Michèle Sibony de l’Union Juive Française pour la Paix a déclaré : « En interdisant la libre expression des manifestants pro-palestiniens, la France se place dans une situation unique dans le monde et en Europe.’

Et Youssef Boussoumah, du Parti des Indigènes de la République (PIR) a déclaré : ‘La France criminalise toute démonstration de solidarité avec le peuple palestinien.

‘C’est absolument scandaleux, c’est dans la continuité des tentatives de museler le peuple palestinien et de l’amener ainsi que ses soutiens en France à la reddition complète devant l’oppression israélienne.’

Sylvie Perrot, une autre militante pro-palestinienne de Paris, déclare : « Les Etats fascistes empêchent les gens de manifester contre les guerres – il est au delà du concevable que les socialistes français suivent cet exemple.’

La semaine dernière, des manifestants pro-palestiniens ont été accusés mensongèrement d’avoir visé des synagogues parisiennes.

En fait, des vidéos montraient des miliciens armés membres d’une organisation nommé Ligue de Défense Juive (LDJ) provoquer des manifestants  pour les pousser au combat.

Pour Bernard Cazeneuve, vous êtres plus dangereux si faites le signe de la quenelle en tenant une fusée de carton-pâte que si cous êtes armé de bâtons, de barres de fer et de bombes lacrymogènes

Pour Bernard Cazeneuve, vous êtes plus dangereux si faites le signe de la quenelle en tenant une fusée de carton-pâte que si vous êtes armé de bâtons, de barres de fer et de bombes lacrymogènes

Aucune arrestation n’a été effectuée parmi les membres de la LDJ malgré le fait qu’ils se sont battus et ont détruit des biens sous es yeux de la police.

Six manifestants pro-palestiniens ont été arrêtés pour des motifs de trouble à l’ordre public, mais aucun d’entre eux ne se trouvait près des synagogues parisiennes qui n’ont subi aucun dommage.

Une enquête judiciaire doit être engagée sur les allégations mensongères au sujet des attaques contre les synagogues – des allégations dont certaines personnes affirment qu’elles ont été fabriquées pour diaboliser ceux qui soutiennent la Palestine en les associant à l’antisémitisme.

 

Diana Johnstone revient sur la campagne contre Dieudonné pour le magazine américain Counter Punch

26 janvier 2014

Après son premier article très remarqué sur la campagne contre Dieudonné, Diana Johnstone récidive en complétant l’analyse du contexte idéologique et religieux dans lequel a pris place cette campagne.

Elle attire particulièrement notre attention sur le caractère quasi-religieux attribué à ce qu’on appelle la shoah ou l’holocauste. Je dirai simplement que cette religion n’est pas la nouvelle religion juive comme le pense Yeshayahu Leibowitz, mais la nouvelle religion pour les non Juifs avec le « peuple juif » comme divinité et une hiérarchie cléricale et doctrinaire dominée par des Juifs.

De fait, il n’y a pas eu de shoah ou d’holocauste. Ces deux termes n’ont pas été introduits par des historiens qui auraient jugé utile de qualifier ainsi les persécutions subies par les Juifs sous le nazisme, mais correspondent à des titres de productions « artistiques », à savoir le « documentaire » de Claude Lanzmann pour le mot « shoah » et un feuilleton télévisé américain pour le mot « holocauste ».

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Quand on parle d’enseigner la mémoire de l’holocauste ou de la shoah, on parle donc en réalité d’autre chose que d’histoire.

Je ne commenterai pas plus avant ce texte de Diana Johnstone, sauf pour dire qu’il invite à réfléchir sur la place du religieux dans la société. Le religieux correspond en effet à un besoin, non seulement des individus et des divers groupes qui constituent la société, mais c’est aussi un besoin de l’Etat lui-même.

Chassé par la porte, il revient par la fenêtre sous des formes parfois surprenantes à première vue mais qui correspondent toujours en réalité aux structures connues du fait religieux.

La Shoah comme religion d’Etat ?

 Blasphème dans la France laïque

par DIANA JOHNSTONE, Counter Punch (USA) 24 janvier 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Paris – La campagne menée par le gouvernement français, les médias et des organisations influentes pour faire taire l’humoriste franco-camerounais Dieudonné M’Bala M’Bala continue à mettre en lumière une coupure radicale dans l’opinion publique française. La «mobilisation» officielle contre l’artiste comique, appelée d’abord par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls lors d’un rassemblement du parti socialiste au pouvoir l’été dernier, dépeint l’artiste dépeint comme un dangereux agitateur antisémite, dont le geste de la « quenelle » * est interprété comme un  » salut nazi inversé « .

Pour ses fans et ses supporteurs, ces accusations sont fausses et absurdes.

 Le résultat le plus significatif du tapage autour der Dieudonné est sans doute pour l’instant le début d’une prise de conscience chez de plus en plus de gens, que la «Shoah», ou l’Holocauste, fonctionne comme la religion d’État semi-officielle de la France.

Sur RTL télévision le 10 janvier dernier, le commentateur non conformiste bien connu Eric Zemmour (qui se trouve être juif) observait qu’il était « ridicule et grotesque » d’associer Dieudonné au IIIème Reich. Zemmour décrivait Dieudonné comme un produit du multiculturalisme français de gauche. « C’est la gauche qui nous a appris depuis mai 68 qu’il est interdit d’interdire, c’est la gauche artistique qui nous a enseigné qu’il fallait choquer le bourgeois. C’est la gauche anti-raciste qui a fait de la Shoah la religion suprême de la République… »

Zemmour suggérait que Dieudonné provoquait « la bourgeoisie bien pensante de gauche » et qu’il « reproche aux Juifs de vouloir conserver le monopole de la souffrance et de voler aux descendants d’esclaves la primauté du malheur. »

L’enjeu est plus large. Les rappels de la Shoah servent indirectement à justifier une politique étrangère de la France au Moyen Orient de plus en plus pro-israélienne. Dieudonné était opposé à la guerre contre la Libye, au point de se rendre sur place pour montrer sa solidarité avec ce pays qui était bombardé par l’OTAN.

Dieudonné a commencé sa carrière comme militant antiraciste. Au lieu de s’excuser pour son sketch de 2003 où il moquait un « colon sioniste extrémiste », Dieudonné a répliqué en étendant le domaine de son humour pour inclure la Shoah. La campagne conte lui peut être vue comme une volonté de rétablir le caractère sacré de la Shoah par une action de répression d’une forme contemporaine de blasphème.

Confirmant cette impression, une convention « historique » a été conclue le 9 janvier entre le Parquet de Paris et le Mémorial de la Shoah pour permettre à tout adolescent reconnu coupable d’antisémitisme d’être condamné à suivre un cours de « sensibilisation à l’histoire de l’extermination des Juifs. » L’étude du génocide est supposée leur apprendre les « valeurs républicaines de tolérance et de respect d’autrui. »

C’est peut-être précisément ce dont ils n’ont pas besoin. Le Parquet n’a peut-être pas conscience de tous ces jeunes gens qui disent qu’ils ont reçu plutôt trop que pas assez d’éducation à la Shoah.

Un article atypique dans Le Monde du 8 janvier citait des opinions qu’on peut facilement entendre auprès de la jeunesse française mais qui sont habituellement ignorées. Après avoir interviewé des spectateurs de la classe moyenne et ayant des sympathies de gauche et qui réfutent out antisémitisme, Soren Seelow citait Nico, un étudiant en droit à la Sorbonne qui vote à gauche et adoré Dieudonné parce qu’il « libère le rire dans ce qu’il considère comme étant une société conformiste, compassée et « bien-pensante.» Quant à la Shoah, Nico se plaint que « On nous en parle depuis la primaire, soupire Nico. A 12 ans, j’ai vu un film où des tractopelles poussaient des cadavres dans des fosses. Nous subissons une morale culpabilisatrice dès le plus jeune âge. ». »

En plus des cours d’histoire, les enseignants organisent des commémorations de la Shoah et des voyages à Auschwitz. Les rappels de la Shoah dans les médias sont presque quotidiens. Cas unique dans l »histoire de France, la loi dite Gayssot dispose que toute déclaration niant ou minimisant la Shoah est passible de poursuites voire de prison.

Les nombreux messages que j’ai reçus de la part de citoyens français en réaction à mon précédent article (Counter Punch, 1er janvier 2014) ainsi que des conversations privées ont rendu clair pour moi que les rappels à la Shoah sont très souvent vécus par des personnes nées des dizaines d’années après la défaite du nazisme comme des invitations à ressentir de la culpabilité ou au moins mal à l’aise pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Comme beaucoup d’événements qui exigent de la solennité, la Shoah peur être ressentie comme un sujet qui impose un silence gêné. Le rire est alors vécu comme une libération.

 Mais pour d’autres, ce genre de rire ne peut être qu’abomination.

Dieudonné a été condamné à 8 000 euros d’amende pour sa chanson « Shoananas » et d’autres condamnations semblables pointent à l’horizon. Ces poursuites devant les tribunaux, à l’instigation surtout de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) ont aussi pour but de le ruiner financièrement.

 “Haine”

Un des refrains du choeur anti-Dieudonné affirme qu’il « n’est plus un comédien » mais a transformé ses spectacles en « réunions politiques antisémites » qui répandent la « haine ». Même le lointain magazine New Yorker a accusé l’humoriste de faire carrière en propageant la « haine ». Ce qui évoque des images de choses terribles qui sont très éloignées de ce qu’est un spectacle de Dieudonné ou de ses conséquences.

Il n’y avait pas d’atmosphère de haine chez les milliers de fans qui n’avaient pas pu assister le 9 janvier au spectacle de Dieudonné à Nantes, interdit à la dernière minute par le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative. Personne ne se plaignait d’avoir été privé d’un « rassemblement nazi ». Personne ne songeait à faire du mal à qui que ce soit. Tous disaient être venus pour profiter du spectacle. Ils représentaient un échantillon normal de jeunes Français de la classe moyenne avec souvent un bon niveau d’éducation. Le spectacle avait été interdit sur la base « de trouble public éventuel ». La foule déçue s’est dispersée pacifiquement. Les spectacles de Dieudonné n’ont jamais donné lieu à un quelconque trouble à l’ordre public.

Mais on ne se trompera pas en parlant d’une haine virulente contre Dieudonné

 Philippe Tesson, un commentateur écouté, a annoncé lors d’une récente interview radio, qu’il se « réjouirait profondément » de voir Dieudonné exécuté par un peloton d’exécution. «C’est, pour moi, une bête immonde. Donc qu’on le supprime ! » s’était-il exclamé.

Rav Haim Dynovisz, le rabbin qui professe sur internet, a admis dans un de ses cours de théologie que la théorie darwinienne de l’évolution qu’il rejette avait été prouvée par Dieudonné comme vérifiée pour « certaines » personnes qui doivent descendre du gorille.

Deux adolescents âgés de 17 ans ont été renvoyés définitivement de leur lycée pour avoir fait le geste de le quenelle considérée comme [apologie de] « crimes contre l’humanité ». Le webzine franco-israélien JSSNews a activement enquêté sur les identités des personnes qui ont fait le geste de la quenelle pour qu’elles soient licenciées de leurs emplois, se vantant qu’il allait « faire monter le chômage en France. »

Les propriétaires du petit théâtre parisien de « La main d’Or », loué par Dieudonné avec un bail qui expire en 2019 ; sont récemment rentrés précipitamment d’Israël en exprimant leur intention de trouver un point de droit permettant de rompre le bail et de lui faire quitter les lieux.

Pour ce que j’en sais, la pire chose jamais dite par Dieudonné pendant ses spectacles était une insulte personnelle contre le présentateur radio Patrick Cohen. Cohen avait plaidé avec insistance pour que des personnes qu’il qualifie de « cerveaux malades » comme Dieudonné ou Tariq Ramadan soient exclus des studios de télévision. En décembre dernier, la télévision française (qui le reste du temps tient Dieudonné à l’écart de ses émissions) avait filmé Dieudonné disant « quand j’entends parler Patrick Cohen, je me dis, vous savez, les chambres à gaz… Dommage… »

Avec l’offensive anti-Dieudonné déjà en bonne voie, on s’était emparé de ces propos insultants comme s’ils étaient caractéristiques des spectacles de Dieudonné. C’était une réaction excessivement brutale de Dieudonné face à des attaques très virulentes contre sa personne.

Que ça plaise ou pas, l’irrévérence est un ingrédient du comique. Et les références de Dieudonné à l’Holocauste ou à la Shoah sont toutes à ranger dans la catégorie de l’irrévérence.

Sur des sujets autres que la Shoah, ce n’est pas l’irrévérence qui manque en France.

Les religions traditionnelles, ainsi que des personnalités importantes, sont régulièrement caricaturées d’une manière caricaturale que la quenelle apparaît prude. En octobre 2011 , la police parisienne était intervenue contre des Catholiques traditionalistes qui essayaient d’interrompre une pièce de théâtre dans laquelle on mettait (apparemment) des excréments sur le visage de Jésus. La classe politico-médiatique avait défendu avec vigueur la pièce, sans se préoccuper du fait que certaines personnes la percevaient comme « insultante ».

La France a récemment fait très bon accueil à une organisation ukrainienne qui se fait appeler « Femen », des jeunes femmes qui semblent avoir étudié les doctrines de provocation de Gene Sharp et se servent de leurs poitrines dénudées en guise d’affirmations (ambiguës). Ces femmes ont obtenu rapidement des titres de séjour(si difficiles à obtenir pour nombre de travailleurs immigrés) et ont eu la permission de s’installer au cœur du principal quartier musulman de Paris où elles ont immédiatement essayé (sans succès) de provoquer les habitants incrédules. La leader blonde des Femen a même été choisie pour incarner le symbole de la république, Marianne, sur les timbres poste français alors qu’elle ne parle pas français.

Le 20 décembre dernier, ces « nouvelles féministes » ont pénétré dans l’église de la Madeleine près du palais de l’Elysée à Paris, mimé « l’avortement de Jésus » avant d’uriner devant l’autel. Il n’y a eu aucune expression d’indignation de la part du gouvernement français. L’Eglise Catholique a protesté, mais ce genre de protestations n’a qu’un faible écho aujourd’hui en France.

 Pourquoi la Shoah doit être sacrée

Quand Dieudonné chante la Shoah avec légèreté, il est considéré par certains comme quelqu’un qui nie l’Holocauste et appelle à sa répétition (une proposition contradictoire si on y réfléchit). Le caractère sacré de la Shoah est défendu avec l’argument selon lequel maintenir vivant le souvenir de l’Holocauste est essentiel pour empêcher qu’il « se produise une nouvelle fois. » En évoquant la possibilité d’une répétition, on entretient la peur.

Cette thèse est le plus souvent acceptée comme une loi de la nature. Nous devons continuer à commémorer le génocide pour empêcher qu’il se reproduise. Mais existe-t-il quelque preuve pour étayer cette thèse ?

.Rien ne prouve que des rappels répétés d’un événement historique très important qui s’est produit dans le passé puissent l’empêcher de survenir à nouveau. Ce n’est pas ainsi que marche l’histoire. Dans le cas de la Shoah, des chambres à gaz et tout le reste, il est assez absurde d’imaginer que cela puisse se reproduire si on considère tous les facteurs qui ont permis que ça se produise une première fois. Hitler avait le projet d’asseoir le rôle des Allemands en tant que race « aryenne » dominante en Europe et il haïssait les Juifs en tant que dangereuse élite rivale. Qui aujourd’hui entretient un tel projet ? Certainement pas un humoriste franco-africain ! Hitler n’est pas de retour, pas plus que Napoléon Bonaparte ou le Hun Attila.

Le rappel constant de la Shoah dans des articles, des films, l’actualité ainsi qu’à l’école, loin de prévenir quoi que ce soit, peut créer une fascination morbide pour les « identités ». Il induit la « concurrence victimaire. » Cette fascination peut amener à des résultats inattendus. Quelques 300 écoles parisiennes arborent des plaques en mémoire d’enfants juifs déportés dans les camps de concentration nazis. Comment les enfants juifs réagissent-ils à ça aujourd’hui ? Trouvent-ils que c’est rassurant ?

C’est peut-être utile à l’Etat d’Israël qui a lancé un programme triennal pour encourager plus de Juifs parmi les 600 000 que compte la France à quitter ce pays pour aller en Israël. En 2013, le nombre d’aliyah [prétendu retour à Sion] a augmenté pour atteindre plus de 3 000, une tendance attribuée par l’European Jewish Press « à une mentalité sioniste de plus en plus présente dans la communauté juive française, particulièrement chez les jeunes et aux actions de l’Agence Juive, du gouvernement israélien et d’autres organisations non gouvernementales pour cultiver l’identité juive en France. »

« Si nous avons vu cette année l’aliyah en provenance de France passer de moins de 2 000 à plus de 3 000, je vois ce chiffre passer dans un proche avenir à 6 000 et plus parce que nous connectons toujours plus de jeunes gens à la vie juive et à Israël, » déclarait Nathan Sharansky, président de l’Agence Juive pour Israël. Il est vrai qu’une des manières d’encourager l’aliyah est d’effrayer les Juifs avec la menace de l’antisémitisme, et prétendre que des nombreux fans de Dieudonné sont des nazis déguisés est une bonne manière d’y parvenir.

Mais pour les Juifs qui veulent rester vivre en France, est-il vraiment sain de continuer à rappeler aux enfants juifs que, s’ils ne se tiennent pas sur leurs gardes, leurs compatriotes pourraient un jour vouloir les entasser dans des wagons de marchandises et les expédier à Auschwitz ? J’ai entendu des gens dire en privé que ce rappel permanent s’apparentait à de la maltraitance d’enfants.

Une personne qui voit les choses ainsi est Jonathan Moadab, un journaliste indépendant àgé de 25 ans qui a été interviewé par Soren Seelow. Moadab est à la fois juif pratiquant et antisioniste. Enfant, on l’a emmené visiter Auschwitz . Il a expliqué à Seelow que vivre avec dette « endoctrination victimaire » a engendré une sorte de « syndrome de stress pré-traumatique. »

 « Les plaisanteries de Dieudonné sue la Shoah, comme sa chanson Shoananans, ne visent pas la Shoah en tant que telle, » dit-il, « mais l’exploitation de l’Holocauste décrite par le sociologue américain Norman Finkelstein »

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Le 22 janvier, Jonathan Moadab a appelé ouvertement sur son site web Agence Info Libre à « séparer l’Etat de la religion de l’Holocauste ». Moadab cite le professeur Yeshayahu Leibowitz comme étant le premier à relever les nombreux aspects par lesquels l’Holocauste est devenue la nouvelle religion juive. Si tel est le cas, tout le monde a le droit de pratiquer la religion de la Shoah. Mais doit-elle être la religion officielle de la France ?

Les politiciens français ne cessent de vanter la “laïcité”, la sécularité, de la république française. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui proclame sa dévotion personnelle pour Israël a récemment qualifié la Shoah de « sanctuaire qu’on ne peut pas profaner ». Moadab conclut que si la Shoah est un sanctuaire, alors l’Holocauste est une religion et la République n’est pas laïque.

Des changements se font dans l’attitude des jeunes gens en France. Ce changement n’est pas dû à Dieudonné. Il est dû au temps qui passe. L’Holocauste est devenu la religion de l’Occident à une époque où la génération de l’après seconde guerre mondiale était encline à blâmer ses parents. Aujourd’hui, ce sont les petits enfants ou arrières petits enfants de ceux qui ont traversé cette période et ils veulent regarder devant eux. Aucune loi ne peut l’empêcher.

« Comme je l’ai dit dans mon article précédent, la « quenelle » est un geste vulgaire signifiant à peu près « dans ton c.., » avec une main placée en haut de l’autre bras en extension vers le bas pour préciser sa longueur. Reprenant le nom d’un mets français, Dieudonné avait commencé à utiliser ce geste dans un contexte complètement différent il y a des années de ça, pour exprimer la méfiance, le scepticisme ou l’indifférence.

Quelques images tirées de la presse antisémite

21 janvier 2014

L’Anti Defamation League (ADL) est un importante organisation nord-américaine qui, comme la LICRA en France, en Suisse et en Belgique, a officiellement pour vocation de lutter contre le racisme (et surtout sa variante antisémite) mais consacre en réalité le plus clair de son temps à faire l’apologie de l’Etat prétendu juif et à le soutenir mordicus vaille que vaille.

Ce soutien passe par des publications et des prises de parole publiques à la radio ou à la télévision mais aussi par des canaux moins médiatisés que sont l’entrisme politique et les jeux d’influence auprès des élus et des administrations, ce qu’on appelle le lobbying.

L’ADL est en effet une pièce essentielle de ce qu’on appelle improprement le lobby juif aux USA alors que nous sommes devant un lobby sioniste.

Il n’est pas aisé de dénoncer ce lobby, même si ça reste un peu plus facile au Royaume Uni et aux Etats Unis qu’en France.

Peut-être parce que les deux puissances anglo-saxonnes n’ont pas eu pendant la seconde guerre mondiale le même rôle douteux que la France de Vichy ? Et que les élites y étaient moins perméables aux thèses nazies et n’avaient pas eu à se compromettre avec le Reich ? Que les citoyens britanniques et américains ressentent poins de culpabilité pour les malheurs subis par les Juifs ?

Il y a un peu de tout ça sans doute, à quoi il faut ajouter un goût pour la liberté d’expression mieux garanti juridiquement qu’en France.

Ce qui n’empêche pas les médias dans ces pays d’être attaqués par les organisations du lobby sioniste, moins dans le but d’obtenir une condamnation au tribunal que de les amener à licencier le journaliste ou dessinateur fautif, à retirer les photos, les écrits ou les dessins jugés tendancieux et de présenter des excuses à qui de droit.

Ces excuses qu’un certain Dieudonné a refusé de prononcer, refus qui lui a valu d’être évincé des grands médias audiovisuels ce qui aurait dû causer sa mort professionnelle.

En voyant les caricatures incriminées par l’ADL dans l’article ci-dessous, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’aucune d’entre elles, pas même la plus anodine publiée par The Economist n’aurait pu être publiée en France. Une caricature qui, soit dit en passant, aurait aussi pu être incriminée pour ses clichés sur les Iraniens ou encore pour rappeler la façon dont les esclaves noirs étaient entravés dans les plantations d’Amérique

 

L’ADL à The Economist : Excusez-vous pour le dessin antisémite

Abe Foxman exige des escuses après l’indignation provoquée par le magazine avec une caricature sous-entendant un contrôle juif sur le gouvernement des Etats Unis

Yediot Aharonot (Sionistan) 21 janvier 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’Anti-Defamation League a exigé des excuses sans ambiguïté de la part du magazine britannique The Economist pour avoir publié un dessin qui a suscité des plaintes pour évocation d’idées reçues classiques de l’antisémitisme.

Le dessin qui illustre un article sur le programme nucléaire iranien montre un président US Barack Obama enchaîné au Congrès, cette institution étant représentée par le sceau du Congrès, alors qu’il essaye de se rapprocher du président iranien Hassan Rohani, qui est lui-même retenu par des ayatollahs et des militants qui brûlent de drapeau américain.

Le sceau du Congrès est basé sur le grand sceau des Etats Unis et, comme on le voit dans le dessin, il comprend un aigle qui tient des flèches dans une serre et un rameau d’olivier dans l’autre. Le véritable sceau contient plusieurs étoiles sur le bord et elles sont aussi présentes dans le sceau du dessin. Ce qui n’existe cependant pas dans le sceau authentique – mais est présent sur le dessin – est l’étoile de David qui sous-entend que le Congrès est contrôlé par des Juifs avec des motivations pro-israéliennes.

Dessin de The Economist

Dessin de The Economist

« The Economist ne peut pas réparer les dégâts infligés par la publication d’une image antisémite en se contentant de demi-mesures, » affirme Abe Foxman le chef de l’ADL dans une déclaration. « Il doit à ses lecteurs des excuses sans ambiguïté, qui non seulement reconnaissent la nature offensante du dessin mais explique aussi aux lecteurs pourquoi cette image qui sous-entend u cotrôle du Congrès par les Juifs était si scandaleuse et blessante. »

Le directeur de l’ADL a accusé The Economist de donner une tribune à des stéréotypes anti-juifs vieux de plusieurs siècles.

« Ce n’était rien moins qu’une représentation visuelle du vieux poncif antisémite du contrôle par les Juifs. Et il évoque en plus un autre classique de la mythologie antisémite – l’accusation de la double ‘loyauté des Juifs’ qui agiraient seulement dans l’intérêt d’Israël au détriment de leur propre pays. » écrit-il.

Foxman affirme que le dessin reflétait ce à quoi il faisait allusion quand il parlait des informations peu fiables du magazine sur Israël.

« The Economist a déjà un problème de crédibilité quand il est question d’Israël. Le fait que ce dessin ait franchi la barre éditoriale sans déclencher des signaux d’alarme pose de graves questions sur le jugement de la rédaction et la possibilité de l’existence d’un biais plus enraciné contre l’Etat juif. »

Le magazine a retiré la caricature de l’article lui-même, la remplaçant par une image composite figurant Rohani et Obama. Elle a été cependant maintenue bien en vue sur la page Moyen Orient du site internet.

Ce n’est pas la première fois que des publications britanniques sont accusées de se servir d’imagerie antisémite dans leurs illustrations. En 2002, le magazine New Statesman avait été condamné avec force pour sa couverture avec une image d’une étoile de David fichée au milieu du drapeau britannique, Le titre qui l’accompagnait disait : « Une conspiration casher ? »

Couverture du New Statesman

Couverture du New Statesman

 Un an plus tard, au plus fort de l’intifada, le journal The Independent avait publié une caricature du premier ministre de l’époque, Ariel Sharon, dans laquelle feu le dirigeant israélien était dépeint en train de dévorer un bébé palestinien.

Caricature de The Independent

Caricature de The Independent

 La Press Complaints Commission britannique a innocenté le journal de l’accusation d’antisémitisme après de nombreuses protestations venues d’Israël et d’organisations juives qui avaient affirmé que l’image invoquait l’ancienne accusation antisémite de crime rituel. 

Robert Faurisson a-t-il raison (bis)?

10 janvier 2014

Franchement je n’en sais rien, mais réfléchissons ensemble.

Les récents événements avec la circulaire Valls et les arrêts du Conseil d’Etat qui ont interdit des représentations du dernier spectacle de l’humoriste Dieudonné nous invitent à revisiter l’histoire et à l’écrire vraiment plutôt que de visiter et revisiter jusqu’à la nausée une prétendue mémoire façonnée au forceps..

« Le coup d’Œil sur l’Histoire, le recul vers une période passée ou, comme aurait dit Racine, vers un pays éloigné, vous donne des perspectives sur votre époque et vous permet d’y penser davantage, d’y voir davantage les problèmes qui sont les mêmes ou les problèmes qui diffèrent ou les solutions à y apporter ». (Marguerite Yourcenar).

 Il y a maintenant quelques années qu’on sait à peu près la vérité sur le massacre de Katyn, des milliers d’officiers de l’armée polonaise sommairement exécutés en 1940 dans une forêt près de Smolensk en Russie, Dès la fin des années 1950, l’opinion commune des historiens était que ces militaires avaient été tués par les Soviétiques, ce que ces derniers ont toujours contesté, persistant à attribuer le crime à l’Allemagne nazie.

La vérité a été officiellement reconnue par les autorités russes en 1990 et en principe tous les documents russes officiels sur cet événement sont désormais accessibles aux chercheurs.

Charnier à Katyn

Charnier à Katyn

Ce qui s’est passé à Katyn ainsi que le travestissement de la vérité par les Soviétiques et leurs alliés de l’époque, Royaume Uni et Etats Unis, est tout à fait emblématique des problèmes qui entourent l’historiographie de cette époque et de la guerre de 1939 -1945. Il y a là de quoi méditer sur la vulgate que les politiques comme la presse et l’industrie du spectacle nous présentent comme l’Histoire, Je persiste à croire, malgré la légende et surtout malgré Hollywood et Errol Flynn, que si Robin des Bois a existé, il n’avait pas grand chose à voir avec le héros d’une toute récente comédie musicale actuellement en tournée en France.

 Si la vérité sur Katyn a assez rapidement filtré dans les pays occidentaux, c’était pour la simple raison que l’URSS était passée du statut d’alliée dans la lutte contre l’Allemagne et le Japon à celui d’ennemi idéologique et d’ennemi tout court à l’échelle planétaire.

Pourtant les Britanniques comme les Américains disposaient de témoignages dignes de foi sur la tuerie de Katyn, témoignages soigneusement occultés parce qu’en contradiction avec le message selon lequel le Reich était le mal absolu.

Ce dont les Allemands étaient conscients si on en croit l’article que je vous propose.

Un témoignage confirme que les alliés avaient caché la vérité sur Katyn, affirme un ministre

The News (Pologne) 9 janvier 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le ministre de la Culture Bogdan Zdrojewski affirme qu’un témoignage inédit sur le crime de Katyn commis pendant la Seconde Guerre mondiale confirme que les alliés occidentaux de Staline avaient aidé à dissimuler la vérité sur le massacre.

«Pour nous, l’aspect le plus douloureux est que de 1944 à 1952, la dissimulation de la vérité sur Katyn était une décision politique – elle n’était pas fortuite,» a déclaré Zdrojewski tout en dévoilant le document lors d’une conférence de presse mercredi.

«A cette époque, cette affaire avait été prise en main avec tant de détermination – avec entre autres des menaces contre certaines personnes – que la vérité sur Katyn n’avait pas pu éclater au grand jour.»

En avril 1943, l’Allemagne nazie avait publié des informations sur sa découverte des corps de près de 4 000 officiers de l’armée polonaise dans un charnier dans la forêt de Katyn (près de la ville russe de Smolensk).

Plus de 20 000 officiers et membres de l’élite polonaise avaient été portés disparus en 1940, alors qu’ils étaient apparemment détenus par les Soviétiques.

Le document récemment découvert est un témoignage fait le 10 mai 1945 par le lieutenant John H. Van Vliet, un Américain qui se trouvait parmi les quelques prisonniers de guerre alliés que les Allemands avaient emmenés à Katyn en 1943.

 Les Allemands espéraient que les prisonniers alliés confirmeraient que les Soviétiques avaient commis le crime.

John Van Vliet et le fac simile de son témoignage

John H. Van Vliet et le fac simile de son témoignage

Cependant, pendant plusieurs années, Londres et Washington firent en sorte d’éliminer les informations qui allaient dans le sens de la culpabilité des Soviétiques afin de ne pas nuire à l’alliance avec Moscou. 

Moscou avait rompu les relations avec le gouvernement polonais en exil à Londres après que ce dernier avait appelé à une enquête de la Croix Rouge, et Staline assurait que le crime était l’oeuvre de l’Allemagne.

Après la guerre, Van Vliet avait lui-même reçu des autorités américaines l’ordre de garder le silence pendant plusieurs années. Le témoignage qu’il avait fait sous serment en 1945 était inconnu des historiens jusqu’à aujourd’hui. (un autre témoignage recueilli le même mois fut classifié par les Etats Unis et disparut par la suite).

Son témoignage révèle des détails sur des prisonniers de guerre britanniques qui avaient été emmenés pour témoigner des exhumations à Katyn et dont les noms ont apparemment été dissimulés par les alliés.

Van Vliet précise que certains des cadavres de Katyn avaient été découverts avec des mémentos ou des documents qui indiquent qu’ils avaient été tués en février, mars et avril 1940, c’est-à-dire avant l’occupation de la région de Smolensk par les Allemands.

Il affirme que les restes avaient l’air de se trouver là depuis trois ou quatre ans.

L’historienne Krystyna Piorkowska a découvert le document en novembre 2013 dans les archives US à Washington.

«Pendant un moment, j’ai pensé que c’était un mirage, que j’avais une hallucination,» dit-elle en parlant de sa découverte.

«J’avais un peu peur que personne ne puisse croire qu’une telle chose existe.»

 Moscou a finalement reconnu sa culpabilité pour le crime de Katyn en 1990. Les exécutions de masse et les enterrements avaient eu lieu en divers endroits de l’Union Soviétique.

Même si les alliés, particulièrement entre 1943 et 1952, avaient occulté les preuves que les Soviétiques avaient perpétré le crime, Churchill montrait plus de franchise en privé.

L’ambassadeur de Pologne en Grande Bretagne, le Comte Edward Raczynski avait noté dans on journal à la date du15 avril 1943 – juste après l’annonce par les Allemands de la découverte des corps – que le premier ministre britannique lui avait dit que la culpabilité des Soviétiques était probable.

«Hélas, les révélations des Allemands sont probablement vraies,» avait dit Churchill.

«Les Bolchéviques peuvent être très cruels»

Source: PAP

Un des meilleurs articles sur la campagne contre l’humoriste Dieudonné

5 janvier 2014

Selon moi, un des meilleurs articles avec celui de Diana Johnstone, sur un registre il est vrai différent, sur la campagne politique et communautariste lancée contre l’humoriste Dieudonné. Pour aller sur l’article original de Moez Lahmédi, clic sur l’hyperlien qui est inséré dans le titre .

L’humour incolore (à propos de la quenelle de Dieudo)

L’humour incolore

 « Fais dodo, Colas mon p’tit frère,

Maman est en haut,

coupée en morceaux

 Papa est en bas,

il lui manque un bras.

Fais dodo,

car les autres sont morts… ! »

         L’affaire de la quenelle de Dieudonné qui a suscité l’indignation de la classe politique en France, Manuel Valls entre autres, a ressuscité l’ancien débat sur les limites et les lignes rouges à respecter dans l’humour. On se souvient de la vague de contestation qui avait ravagé le monde musulman suite à la publication des caricatures satiriques de Mahomet dans Charlie Hebdo. En Europe comme aux Etats-Unis, c’est la liberté d’expression elle-même qui constitue la ligne rouge à ne pas enfreindre : dura lex, sed lex !

       La maxime faussement attribuée à Voltaire :  » Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » est d’ailleurs maintes fois invoquée dans les débats médiatiques pour illustrer la sacralité de ce droit qui relève des libertés fondamentales intouchables.

      Tout est donc permis ! Rire de tout et avec tout le monde ! Jouer aussi avec le feu, et même en cas d’incendie et d’embrasement des esprits et des relations inter-humaines et internationales, on peut rire de cet incident et des dommages collatéraux qu’il a engendrés. On peut parfois éviter le désastre tragi-comique en fermant par exemple certaines ambassades à l’étranger et en avertissant les expatriés de prendre les mesures nécessaires en prévision de possibles attaques vindicatives ; leur liberté sera menacée et  restreinte mais ça reste un prix anodin devant celui de la liberté d’expression). (http://www.bladi.net/charlie-hebdo-france-ambassade.html)

           Et la quenelle alors !? – Non ! – Ce n’est pas de l’humour ça ! C’est de l’antisémitisme ! – Pourquoi ? – C’est le salut nazi à l’envers ! – Qui vous a dit ça !? – C’est clair ! On ne peut pas l’interpréter autrement ! – Et comment interprétez-vous donc la caricature montrant Mahomet avec un corps de chien ou coiffé d’un turban en forme de bombe avec une mèche allumée ou encore comme un pervers obsédé (dans l’une des caricatures de Charlie Hebdo, il est couché sur le ventre,  s’écriant au cinéaste venu le filmer : « Et mes fesses ? Tu les aimes, mes fesses ? ». Sur un autre dessin, il est accroupi et montre son derrière affublé d’une étoile avec cette légende : « Mahomet : une étoile est née ».) ????? – C’est la vérité, la religion prônée par cet homme est fondée sur la débauche et le terrorisme ! d’ailleurs vous avez oublié de mentionner la caricature le représentant comme un pédophile impénitent ! Pour les juifs, c’est pas pareil ! On ne plaisante pas avec l’Holocauste !

    En fait, mon interlocuteur virtuel avait raison ! Pas de plaisanteries au sujet de l’Holocauste ! ça devient un crime contre l’humanité ! Un crime contre Arte ! N’oubliez jamais ! comme dit Joe Cocker dans sa célèbre chanson ! C’est le génocide le plus atroce de l’histoire humaine ! Un génocide inhumain perpétré dans des chambres à gaz ! Mais attention ! tant que ce n’est pas dans une chambre à gaz, ce n’est point un génocide ! Les massacres barbares de Dir Yassine (1948), de Sabra et Chatila (1982), de Jénine (2002) et les tueries injustifiées lors de la première (1987-1993) et de la seconde Intifada (2000-2003) n’étaient pas des génocides mais … des tests d’insecticides. Après de longues années d’essai, il s’est avéré que l’anti-cafards le plus réussi était le phosphore blanc (c’est pas un gaz) ! Ces recherches en matière d’écosphère et de protection de la couche d’ozone ont valu à Péres de recevoir le Prix Nobel de la Paix en 1994. Ariel Sharon, lui, s’est contenté du titre de « L’homme de paix » (2006).

Je le répète donc : pas de plaisanteries au sujet de l’Holocauste ! Aborder un tel sujet c’est comme toucher les quelques cheveux résistants sur la tête d’un chauve ! (de là vient l’expression « chauvinisme »). En fait, même chauve, la tête d’un juif demeure intouchable (il porte toujours une kippa) ! Tous les Français savent cette vérité et exercent sur eux-mêmes une sorte d’autocensure ! Il y a d’ailleurs islamisme mais pas de « juivisme » ! On appelle le musulman intégriste un « islamiste » mais le juif intégriste qui tue les enfants palestiniens : « un sioniste » ! un « hébreu » ! un « colon » ! un « fou » (comme Baruch Goldstein qui a tué 29 Palestiniens dont 7 enfants, tous en train de prier à Al aqsa!), un Israélien. Mais jamais un « juif » ! Si c’est le kamikaze palestinien qui attaque cette fois-ci, les victimes (re)deviennent comme par enchantement des juifs ! des familles juives ! la communauté juive ! Et l’agresseur :  un islamiste terroriste !

Dans le journal Tv de France 2 ou de TF 1, on emploie l’expression « les colons juifs » mais c’est pour parler des extraterrestres qui ont fui l’Holocauste martien et qui cherchent à s’installer sur la Terre de leurs aïeux, la Terre sur laquelle ces derniers ont attéri il y a des années-lumière.

Sionistes donc s’il vous plaît ! Et ne parlez jamais de l’Holocauste ! Humour interdit sur ce point ! sinon vous tombez dans l’antisémitisme ! le négationnisme ! le révisionnisme ! le nazisme ! Et tous les crimismes. Demandez maintenant à tous les pro-israéliens si Isra-Hell a commis un seul crime ou un seul génocide  ! eux, ils sont les enfoiristes !

Oui je sais ce que vous allez dire ! les Arabes sont sémites aussi ! mais l’antisémitisme c’est uniquement pour les juifs ! droits d’auteur Messieurs !

Oui Oui ! je sais aussi ce que vous allez dire à propos de la deuxième guerre mondiale ! L’Union soviétique a perdu 21 millions d’individus, la Chine 20 millions et l’Allemagne 9 millions ! Et on n’en parle pas comme on parle des victimes juives ! combien d’ailleurs ! – On dit que c’est à peu près le même nombre des réfugiés palestiniens aujourd’hui !

Mais revenons à nos moutons et à l’humour vert (permis) et l’humour rouge (interdit) ! Il est indéniable que la liberté d’expression est sacrée mais a-t-on le droit, au nom de cette liberté, de représenter un africain noir comme un singe et dire que c’est de l’humour (noir, blanc, jaune ou tout ce qu’on veut !) Ou crier comme un singe pour démoraliser un joueur noir et dire que c’était pour plaisanter et que c’était un geste humoristique !

En outre, peut-on saluer un travail humoristique (provocateur) dont l’objectif est d’ancrer dans les esprits certains stéréotypes dévalorisants sur les Arabes et les Musulmans (des terroristes, des ignares, des obsédés sexuels, des voleurs !!!) ??? Au cours de la seconde guerre mondiale, Les médias dans les Etats Unis, l’Union soviétique et l’Allemagne ont malignement exploité toutes les stratégies humoristiques pour animaliser et diaboliser l’ennemi (bien évidemment pour le rapetisser aux yeux de l’opinion publique et justifier son anéantissement), mais aujourd’hui, pourquoi les Arabes et les Musulmans sont désignés à travers certains supports médiatiques comme l’Ennemi mondial n°1 ! Les tenants de la théorie du choc des civilisations connaissent bien la réponse.

Dans des centaines de films américains des années 60 et 70, l’Arabe ou le Musulman n’apparaît souvent pour ne pas dire toujours que comme un pervers idiot à la mentalité préhistorique, riche mais plus sale et plus bête que son chameau (un barbare quoi). Au cours des années 80 et 90, il a évolué un tout petit peu : il a manié  les armes et il est devenu un terroriste professionnel qui menace la civilisation occidentale. Dans le documentaire canadien « zone doc : Hollywood et les arabes », Jack Shaheen a judicieusement montré comment Hollywood  a réussi à « avilir un peuple » ! (en revanche, combien de films dévalorisants sur les juifs trouve-t-on dans les archives cinématographiques mondiales!) Et il faut préciser : Hollywood avilit un peuple au nom de la liberté d’expression ! Et dans un style humoristique authentique ! (www.youtube.com/watch?v=TJ7nwbbIpkc)

C’est ce que continuent à faire aujourd’hui certains médias européens sous couvert de cette prétendue liberté illimitée ! Ils continuent d’une façon trop bête et trop primaire à animaliser et déshumaniser toute une communauté en prétendant tourner en dérision certains faits ou certaines vérités. Je dis trop bête et trop primaire parce que l’humour (le vrai) sollicite avant tout l’intelligence et non le regard ! C’est en effet l’idée ou le message implicite que recèle l’image ou le discours humoristique (et qui exige une certaine compétence interprétative, ce que les uns appellent tout bonnement l’intelligence) qui importe le plus. C’est en ce sens qu’il est considéré par les uns comme le signe de supériorité intellectuelle ou de génie. On est impressionné par ces humoristes qui manient les mots comme des magiciens et qui parviennent à nous faire rire et réfléchir en même temps. L’humour est un don ! Point à la ligne !

Dessiner un prophète avec une bombe sur la tête ne fera pas rire même la vache qui rit. Ai-je besoin même d’une seule cellule grise pour comprendre le message transmis ? Et où réside la part d’inventivité dans ces bêtises ! (La quenelle de Dieudo est mille fois plus subtile et intelligente ! Pour Valls, c’est un salut nazi ! Pour moi, c’est un geste de résistance, « un bras d’honneur » (double) adressé au système et aux politicards de son acabit !)

Désormais, si vous faites la moindre allusion négative aux juifs, vous êtes taxé immédiatement d’antisémitisme ! Rappelons à ce propos que de tous les stéréotypes attribués aux juifs et qui remontent en réalité au Moyen âge, deux seulement sont tolérés aujourd’hui : le gros nez  et l’amour de l’argent. Les autres ont été légués aux arabes et aux musulmans ! (www.youtube.com/watch?v=k9czNkb9J2I) Et quand vous parlez aujourd’hui de justice à géométrie variable ou de la logique des deux poids deux mesures, on vous accuse immédiatement d’être raciste et antisémite ! Mais qui a commencé à jeter les pierres sur le toit d’autrui !?? Les alternatives sont claires : ou bien vous acceptez et vous respectez les règles du jeu que vous avez vous-mêmes inventées et imposées aux autres (Patere legem quam ipse fecistiou) ou bien vous les modifiez et vous précisez les lignes rouges infranchissables ou  vous arrêtez carrément le jeu ! 

Je n’ai jamais été un fan de Dieudo, mais c’est la réaction inattendue et même choquante de Valls qui m’a inspiré cette réflexion !

Pour conclure, je dirai en pastichant Pierre Desproges qu’on peut rire de tout et avec tout le monde à condition de ne pas tomber dans l’infra-humain !

 

  Moez Lahmédi

La campagne contre Dieudonné vue par Diana Johnstone pour le magazine américain Counter Punch

2 janvier 2014

Un bon article très remarqué de Diana Johnstone sur les développements autour du geste de la quenelle popularisé par l’humoriste Dieudonné.

Diana Johnstone

Diana Johnstone

L’article est publié par Counter Punch, un magazine américain de gauche, c’est-à-dire extrémiste dans la terminologie politique en vigueur aux Etats Unis, pays où dominent traditionnellement un centre gauche et un centre droit.

Je en ferai pas de commentaires même si ce n’est pas l’envie de le faire qui manque.

La tentative de museler Dieudonné M’Bala M’Bala

la Bête Noire [en français dans le texte, NdT] de l’establishment français

par DIANA JOHNSTONE à Paris, Counter Punch (USA) 1er janvier 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les médias traditionnels et les politiques commencent la nouvelle année avec une résolution partagée pour 2014 : museler définitivement un comédien franco-africain qui devient trop populaire auprès des jeunes gens.

Entre Noël et la Saint-Sylvestre, ce n’est personne d’autre que le Président de la République, François Hollande qui, lors d’une visite en Arabie Saoudite pour de (très grosses) affaires commerciales, a déclaré que son gouvernement devait trouver un moyen d’interdire des spectacles de l’humoriste Dieudonné M’Bala M ‘ Bala, ainsi qu’a appelé à le faire le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls.

Le leader du parti conservateur d’opposition, l’UMP Jean-François Copé, a fait immédiatement chorus en apportant un «soutien total» à la réduction au silence de l’incontrôlable comédien.

Au milieu de ce choeur médiatique unanime, l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur a écrit en éditorial que Dieudonné est «déjà mort,» lessivé, fini. La rédaction débattait ouvertement de la meilleure tactique entre essayer de le faire emprisonner pour «incitation à la haine raciale», l’annulation de ses spectacles sur la base de potentielles «menaces de trouble à l’ordre public,» ou l’exercice de pressions en menaçant les communes de diminuer le montant des subventions pour la culture si elles l’autorisent à se produire.

 L’objectif de Manuel Valls, le patron de la police nationale, est clair, mais le pouvoir tâtonne quant à la méthode.

La quenelle a un effet dévastateur sur Manuel Valls

Le cliché méprisant qui est constamment répété est que «Dieudonné ne fait plus rire personne.»

En réalité, c’est le contraire qui est vrai. Et c’est là le problème. Dans sa récente tournée dans les villes françaises, des vidéos montrent de grandes salles archi combles pliées de rire devant leur humoriste préféré. Il a popularisé un geste simple qu’il appelle la «quenelle.» Ce geste est imité par des jeunes gens dans toute la France. Elle veut dire tout simplement et à l’évidence : on en a marre.

 Pour inventer un prétexte pour détruire Dieudonné, la principale organisation juive, le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, équivalent français de l’AIPAC) et la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), qui jouit de privilèges particuliers dans le droit français (la journaliste parle du droit de se porter partie civile, NdT) ont sorti une histoire extravagante pour qualifier Dieudonné et ceux qui le suivent de «nazis.» La quenelle n’est selon toute évidence qu’un geste grossier signifiant à peu près «dans ton cul» avec une main placée en haut de l’autre bras pointé vers le bas pour préciser la longueur de la quenelle.

Mais pour le CRIF et la LICRA, la quenelle est «un salut nazi à l’envers». (On n’est jamais assez «vigilant» quand on cherche un Hitler caché)

Comme quelqu’un l’a remarqué, un «salut nazi à l’envers» peut tout aussi bien être considéré anti-nazi. Si encore le geste a quelque chose à voir avec Heil Hitler. Ce qui n’est manifestement pas le cas.

 Mais le monde des médias reprend cette affirmation, en signalant tout du moins que «certains considèrent la quenelle comme un salut nazi à l’envers. » Peu importe si ceux qui pratiquent ce geste n’ont aucun doute sur ce qu’il veut dire : N…e le système !

 Mais jusqu’à quel point le CRIF et la LICRA sont-ils «le système» ?

La France a un grand besoin de rire 

L’industrie française est en train de disparaître, avec des usines qui ferment les une s après les autres. L’imposition des citoyens à faibles revenus est à la hausse, pour sauver les banques et l’euro. La désillusion vis-à-vis de l’Union européenne est de plus en plus forte. Les règles de l’UE empêchent toute action sérieuse pour améliorer l’état de l’économie française. Pendant ce temps, les politiciens de gauche et de droite continuent leurs discours creux, émaillés de clichés sur les «droits de l’homme» – en grande partie comme prétexte pour aller à la guerre au Moyen-Orient ou pour des diatribes contre la Chine et la Russie. Le pourcentage d’opinions positives sur le président Hollande a dégringolé à 15%. Pourtant les gens votent, avec pour résultat les mêmes politiques, décidées par l’UE.

Pourquoi alors la classe dirigeante concentre-t-elle sa vindicte sur «l’humoriste le plus talentueux de sa génération » (ainsi que le reconnaissent ses confrères, même quand ils le dénoncent)?

La réponse en bref est probablement que la popularité montante de Dieudonné auprès de la jeunesse illustre un accroissement de l’écart entre générations. Dieudonné fait rire aux dépends de l’ensemble de l’establishment politique. Ce qui a eu pour conséquences un torrent d’injures et de démarches pour interdire ses spectacles, le ruiner financièrement et même le faire aller en prison. Les attaques verbales fournissent le contexte propice à des agressions physiques contre lui. Il y a quelques jours, son assistant Jacky Sigaux a été agressé physiquement en pleine journée par plusieurs hommes masqués devant la mairie du 19ème arrondissement – juste en face du parc des Buttes Chaumont. Il a déposé plainte.

Mais quelle protection peut-on espérer de la part d’un gouvernement dont le ministre de l’intérieur, Manuel Valls – en charge de la police – a promis de trouver les moyens de faire taire Dieudonné ?

Cette affaire est importante mais il est pratiquement certain qu’elle ne sera pas traitée correctement dans les médias hors de France – exactement comme elle n’est pas traitée correctement dans la presse française qui est la source de presque tout ce qui est rapporté à l’étranger. Les problèmes liés à la traduction, une part de malentendus et de contrevérités ajoutent à la confusion.

 Pourquoi le haïssent-ils ?

Dieudonné M’Bala M’Bala est né dans la banlieue parisienne il y a 48 ans Sa mère était une blanche originaire de Bretagne, son père était un Africain originaire du Cameroun. Ce qui devrait faire de lui l’enfant-modèle du «multiculturalisme» que l’idéologie dominante de la gauche affirme promouvoir. Et durant la première partie de sa carrière, en duo avec son ami juif Elie Semoun, il était exactement ça : il faisait campagne contre le racisme, concentrant ses attaques sur le Front National allant même jusqu’à se présenter aux élections municipales contre une candidate du Front National à Dreux, une cité dortoir à environ 90 kilomètres à l’ouest de Paris où il réside. Comme les meilleurs humoristes, Dieudonné a toujours ciblé les événements de l’actualité, avec un engagement et une dignité peu courants dans la profession. Sa carrière était florissante, il jouait dans des films, était invité à la télévision et travaillait désormais en solo. Très bon observateur, il excelle dans des imitations assez subtiles de divers types de personnalités et groupes ethniques, des Africains aux Chinois.

Il y a dix ans, le 1er décembre 2003, en tant qu’invité dans une émission de télévision traitant d’actualité intitulée «On ne peut pas plaire à tout le monde,» un nom tout à fait approprié, Dieudonné était arrivé sur le plateau sommairement déguisé en «converti au sionisme extrémiste», suggérant aux autres de «rejoindre l’axe du bien israélo-américain. ». Cette mise en cause relativement modérée de « l’axe du mal » de George W. Bush semblait complètement dans l’air du temps. Ce sketch se terminait par un bref salut «Isra-heil». On était loin du Dieudonné des débuts mais l’humoriste populaire avait été néanmoins salué avec enthousiasme par les autres comédiens tandis que le public présent sur le plateau lui avait fait une standing ovation.

C’était dans la première année de l’attaque américaine contre l’Irak à laquelle la France avait refusé de s’associer, ce qui avait amené Washington à rebaptiser ce qu’on appelle là-bas « french fries » (belges en réalité) en «freedom fries» .

Puis les protestations ont commencé à arriver, concernant particulièrement le geste final vu comme posant une équivalence entre Israël et l’Allemagne nazie.

« Antisémitisme ! » criait-on même si la cible du sketch était Israël (et les Etats Unis et leurs alliés au Moyen Orient). Les appels se multipliaient pour interdire ses spectacles, le poursuivre en justice, détruire sa carrière. Dieudonné a essayé d’expliquer que son sketch ne visait pas les Juifs en tant que tels mais, à la différence d’autres avant lui, il n’a pas présenté d’excuses pour une offense qu’il considère ne pas avoir commise.Pourquoi n’y-a-t-il pas eu de protestations de la part des Africains dont il s’est moqué ? Ou des Musulmans, Ou des Chinois ? Pourquoi une seule communauté a-t-elle réagi avec autant de rage ?

A commencé alors une décennie d’escalade. La LICRA entama une longue série d’actions en justice contre lui (« incitation à la haine raciale »), les perdant au début mais ne relâchant pas la pression. Au lieu de céder, après chaque attaque Dieudonné a poussé plus avant sa critique du « sionisme », Dans le même temps, Dieudonné était graduellement exclu des studios de télévision et traité comme un paria par les médias grand public. C’est seulement la profusion récente sur internet d’images montrant de jeunes gens en train de faire le geste de la quenelle qui a poussé l’establishment à conclure qu’une attaque frontale serait plus efficace que d’essayer de l’ignorer.

L’arrière-plan idéologique

 Pour essayer de comprendre la signification de l’affaire Dieudonné, il est nécessaire d’appréhender le contexte idéologique. Pour des raisons trop complexes pour qu’on les présente ici, la gauche française – la gauche dont la préoccupation principale était autrefois le bien-être des travailleurs, l’égalité sociale, l’opposition aux guerres d’agression, la liberté d’expression – n’existe pratiquement plus. La droite a gagné la bataille décisive de l’économie avec le triomphe de politiques qui favorisent la stabilité monétaire et les intérêts du capital dfinancier international (le « néolibéralisme »). Comme prix de consolation, la gauche jouit d’une certaine prééminence idéologique basée sur l’anti-racisme, l’anti-nationalisme et l’engagement en faveur de l’Union Européenne – et même de l’hypothétique « Europe sociale » qui s’éloigne à grands pas pour rejoindre le cimetière des rêves disparus. En fait, cette idéologie coïncide parfaitement avec une mondialisation fondée sur les exigences du capitalisme financier international.

En l’absence de toute véritable gauche sociale et économique, la France a sombré dans une sorte de «politique de l’identité » qui fait à la fois l’éloge du multiculturalisme et réagit avec véhémence contre le «communautarisme », c’est-à-dire l’affirmation de n’importe quel particularisme jugé indésirable. Mais certains particularismes ethniques sont encore moins les bienvenus que d’autres. Le voile islamique a été d’abord interdit dans les écoles, et les demandes pour le faire interdire dans l’espace public se font de plus en plus pressantes. Le niqab et la burqa, quoique rares, ont été interdits par une loi. Des controverses éclatent sur la nourriture halal dans les cantines, les prières sur la voie publique, tandis que des caricatures raillent régulièrement l’Islam. Quoi qu’on puisse penser de tout ça, la lutte contre le communautarisme peut être vue par certains comme dirigée contre une communauté en particulier. Dans le même temps, les dirigeants politiques français ont pris la tête de ceux qui appellent à la guerre dans des pays musulmans comme la Libye et la Syrie tout en affichant leur dévotion pour Israël.

En même temps, une autre communauté fait l’objet d’une sollicitude de tous les instants. Ces vingt dernières années, alors que la pratique religieuse et l’engagement politique ont considérablement décliné, l’holocauste, appelé Shoah en France, est devenu progressivement une sorte de religion d’Etat. Les écoles commémorent la Shoah chaque année, elle domine de plus en plus dans une conscience historique en recul sous les autres aspects tout comme nombre d’approches en sciences humaines. En particulier, de tous les événements de la longue histoire de France, le seul protégé par une loi est la Shoah.. La loi dite Gayssot prohibe tout questionnement sur l’histoire de la Shoah, une interférence absolument sans précédent avec la liberté d’expression. En outre, certaines associations comme la LICRA, se sont vues accorder le privilège de pouvoir poursuivre des individus en justice sur la base de « l’incitation à la haine raciale » (interprétée de manière très large et inégale) avec la possibilité d’encaisser des dommages et intérêts au nom de la « communauté insultée ». En pratique, ces lois servent surtout à poursuivre «l’antisémitisme» présumé et le «révisionnisme» par rapport à la Shoah. Même si elles sont souvent rejetées par les tribunaux, de telles actions en justice participent du harcèlement et de l’intimidation. La France est un des rares pays où le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre la colonisation israélienne peut aussi être attaqué devant les tribunaux pour «incitation à la haine raciale.»

Organisation violente, la Ligue de Défense Juive (LDJ), illégale aux Etats Unis et même en Israël, est connue pour avoir saccagé des librairies ou frappé des individus isolés, parfois âgés. Quand les agresseurs sont identifiés, la fuite en Israël est une bonne porte de sortie. Les victimes de la LDJ n’inspirent jamais dans l’opinion publique quoi que ce soit de comparable à l’indignation publique massive quand un citoyen juif est victime d’une agression gratuite. Par ailleurs, les politiciens se rendent au dîner annuel du CRIF avec le même zèle que ceux des Etats Unis pour aller au dîner de l’AIPAC -pas pour financer leurs campagnes électorales mais pour prouver la bienveillance de leurs sentiments.

La France possède la plus importante communauté juive d’Europe occidentale, une population qui a en grande majorité échappé à la déportation pendant l’occupation allemande au cours de laquelle les immigrés juifs avaient été expulsés vers les camps de concentration. En plus d’une communauté juive établie depuis très longtemps, il y a beaucoup de nouveaux venus originaires d’Afrique du Nord. Tout cela contribue à une population aux succès très dynamiques, très présente dans les professions les plus visibles et les plus populaires (le journalisme, le show business ainsi que la science et la médecine entre autres)

De tous les partis politiques français, le Parti Socialiste (en particulier via le Parti Travailliste de Shimon Peres qui est membre de l’Internationale Socialiste) est celui qui a les liens historiques les plus étroits avec Israël. Dans les années 1950, quand la France combattait le mouvement de libération nationale algérien, le gouvernement français (via Peres) avait contribué au projet israélien de production d’armes atomiques. Aujourd’hui, ce n’est pas le Parti Travailliste qui gouverne Israël mais l’extrême droite. La récente visite amicale faite par Hollande à Benjamin Netanyahou a montré que la dérive droitière de la vie politique en Israël n’a absolument pas tendu les relations – qui semblent plus étroites que jamais.

Il n’empêche que la communauté juive est très petite en comparaison du grand nombre d’immigrés arabes venus d’Afrique du Nord ou des immigrés noirs originaires des anciennes colonies françaises en Afrique. Il y a quelques années, Pascal Boniface, un intellectuel de renom membre du PS, avait prudemment averti les dirigeants du parti que leur biais en faveur de la communauté juive pourrait finir par causer des problèmes électoraux. Cet avertissement qui figurait dans un document d’analyse politique avait provoqué un tollé qui lui avait presque coûté sa carrière.

Mais le fait demeure : il n’est guère difficile pour les français d’origine arabe ou africaine d’avoir le sentiment que le «communautarisme » qui a vraiment de l’influence est le communautarisme juif.

Les usages politiques de l’holocauste

Norman Finkelstein a montré il y a quelques temps que l’holocauste peut être exploité à des fins pour le moins dénuées de noblesse : comme extorquer des fonds à des banques suisses. La situation en France est cependant très différente. Il ne fait guère de doute que les rappels constants de la Shoah fonctionnent comme une sorte de protection pour Israël contre l’hostilité que génère le traitement infligé aux palestiniens. Mais la religion de l’holocauste a un autre impact politique plus profond qui n’a pas de relation directe avec le destin des Juifs.

Plus que toute autre chose, Auschwitz a été interprété en tant que symbole de ce à quoi mène le nationalisme. La référence à Auschwitz a servi à donner mauvaise conscience à l’Europe, et notamment aux Français si on tient compte du fait que leur rôle relativement marginal dans cette affaire [Auschwitz] avait été une conséquence de la défaite militaire et de l’occupation du pays par l’Allemagne nazie. Bernard-Henri Lévy, l’écrivain dont l’influence s’est accrue dans des proportions grotesques ces dernières années (il a poussé la président Sarkozy à la guerre contre la Libye), avait commencé sa carrière en soutenant que le «fascisme» est l’authentique «idéologie française». Culpabilité, culpabilité, culpabilité. En faisant d’Auschwitz l’événement le plus significatif de l’histoire contemporaine, un certain nombre d’écrivains et de personnages publics justifient par défaut le pouvoir croissant de l’Union Européenne en tant que remplacement indispensable des nations européennes intrinsèquement «mauvaises.» Plus jamais Auschwitz ! Dissoudre les Etats nations dans une bureaucratie technocratique libérée de l’influence émotionnelle de citoyens qui pourraient ne pas voter correctement. Vous vous sentez français ? Ou allemand ? Vous devirez en éprouver de la culpabilité – à cause d’Auschwitz.

Les Européens sont de moins en moins enthousiastes devant l’UE car elle ruine leurs économies et leur retire tout contrôle démocratique sur elles. Ils peuvent voter pour le mariage gay, mais pas pour la moindre mesure keynésienne et encore moins socialiste. La culpabilité pour le passé est néanmoins supposée maintenir leur fidélité à l’égard du rêve européen.

Les fans de Dieudonné, si on en juge par les photos, semblent être en majorité des hommes jeunes, âgés entre 20 et 30 ans. Ils sont nés deux bonnes générations après la seconde guerre mondiale. Ils ont passé leurs vies à entendre parler de la Shoah. Plus de 300 écoles parisiennes arborent une plaque commémorant le sort funeste d’enfants juifs déportés dans les camps de concentration nazis. Quel peut bien être l’effet de tout ça ? Pour beaucoup de ceux qui sont nés longtemps après ces terribles événements, il semble que tout le monde est supposé se sentir coupable – si ce n’est pas pour ce qu’ils n’ont pas fait, alors c’est pour ce qu’ils auraient été supposés avoir fait s’ils en avaient eu la possibilité [s’ils avaient vécu à l’époque, NdT].

Quand Dieudonné a transformé Chaud Cacao, une vielle chanson «tropicale» un peu raciste, en Shoah Ananas, le refrain a été repris en masse par les fans de Dieudonné. J’ose croire qu’ils ne se moquent pas de la véritable Shoah mais plutôt de ceux qui leur rappellent tout le temps des événements qui sont supposés les faire se sentir coupables, insignifiants et impuissants. Une bonne partie de cette génération en a assez d’entendre parler de la période 1939 – 1945 alors que son propre avenir est sombre.

 Personne ne sait quand s’arrêter 

Dimanche dernier, Nicolas Anelka, un footballeur très connu d’origine afro-belge [la famille d’Anelka est en fait originaire des Antilles, NdT] qui évolue en Angleterre a fait une quenelle après avoir marqué un but – en signe de solidarité avec son ami Dieudonné M’Bala M’Bala. Suite à ce geste simple et à la base insignifiant, le tumulte a atteint de nouveaux sommets.

A l’Assemblée Nationale française, Meyer Habib représente les «Français de l’étranger» – dont 4 000 Israéliens d’origine française [plus de 78 000 inscrits sur les registres électoraux en réalité, NdT]. Lundi dernier, il a twitté «La quenelle d’Anelka est intolérable ! Je vais déposer une proposition de loi pour punir ce nouveau salut nazi pratiqué par les antisémites.»

Meyer Habib

Meyer Habib

La France a adopté des lois pour « punir l’antisémitisme » [aucune de ces lois ne concerne exclusivement l’antisémitisme, NdT]. Le résultat est à l’opposé. De telles dispositions tendent simplement à confirmer la vieille idée selon laquelle «les juifs dirigent le pays» et participent à la montée de l’antisémitisme. Quand de jeunes français voient un Franco-israélien essayer de transformer en délit un simple geste, quand la communauté juive se mobilise pour interdire leur humoriste préféré, cela ne peut que faire monter l’antisémitisme et même encore plus rapidement.

Il reste que dans cette escalade le rapport de forces est très inégal. Un humoriste n’a pour armes que des mots et des fans qui pourraient bien se disperser quand la situation va se corser. De l’autre côté se trouvent l’idéologie dominante et le pouvoir de l’Etat.

Dans ce genre de conflit, la paix civile dépend de la sagesse et de la capacité de ceux qui ont le plus de pouvoir à faire montre de retenue. S’ils n’agissent pas en ce sens, alors cela pourrait être un jeu sans vainqueurs.

Un quenellier lyonnais agressé parle

29 décembre 2013

Manuel Valls trop affairé à essayer d’empêcher les spectacles de Dieudonné n’a eu aucun mot sur les agissements criminels de ceux qui ont violemment agressé de paisibles quenelliers. Le journal Le Progrès interviewe longuement Erwan B. une des victimes.Un drôle d’antisémite cet Erwan B.! Un professeur d’université est aussi invité à s’exprimer sur le geste de la quenelle, ce qu’il fait assez correctement tout en prenant soin de ménager sa carrière.

 

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Dov Hikind, le clown raciste de Brooklyn fête Pourim

26 février 2013

On a déjà croisé Dov Hikind sur ce blog. Ce politicien de l’Etat et de la ville de New York est un ardent sioniste et, comme tout sioniste conséquent, un tenant de la suprématie raciale.

Ce monsieur fait encore parler de lui suite aux festivités de Pourim qui commémorent chez les Juifs l’échec d’un plan qui visait à les massacrer dans la Perse antique (et l’extermination subséquente de la famille de celui qui complotait contre les Juifs).

La fête de Pourim est l’occasion (j’ignore pourquoi) de canulars de type poisson d’avril dans la presse et de moments récréatifs où les convives se déguisent.

Une pratique observée bien sûr par M. Dov Hikind qui a choisi de se déguiser en basketteur noir, en se peignant le visage en noir et en portant une perruque imitant une chevelure « afro ».

Le blackface de Dov Hikind

Le blackface de Dov Hikind

Le problème étant que ce genre de déguisement (en noir pas en basketteur) renvoie aux Etats Unis à quelque chose de très précis, une forme particulière des minstrels shows dans laquelle les comédiens se grimaient pour incarner des noirs, désignée dans la culture américaine sous l’appellation «blackface.» Cette variante des minstrels shows était un des véhicules de l’idéologie et de l’imagerie racistes aux Etats Unis. La disparition de ce type de spectacle dans les années 1960 sera une des conséquences de la montée en puissance du mouvement pour les droits civiques.

C’est pourquoi le déguisement de Dov Hikind, qui est un personnage public et un élu, n’est pas passé inaperçu aux Etats Unis et a suscité l’indignation de commentateurs qui ne comprennent pas comment la signification de ce genre de grimage a pu échapper au politicien.

Ou plutôt si, puisqu’ils nous proposent, comme Gawker, un certain nombre d’exemples qui montrent que ce monsieur n’est pas vraiment convaincu par l’idée d’une égalité fondamentale de tous les êtres humains.

Je vous propose une traduction de l’article que Gawker a consacré à cette affaire. Le blog Whiskey Fire lui apporte cependant un éclairage particulier en nous précisant que Dov Hikind n’avait pas vu de mal dans son choix. 

Hikind a répété à Alex Silverman, journaliste pour WCBS, qu’il “n’avait jamais pensé une seconde” que la blackface était hors limites [de l’acceptable]. «Si j’étais noir,» a declaré Hikind, «pour Pourim j’aurais grimé mon visage en blanc.»

Et en fait, c’est exactement ce qui s’est passé pour pratiquement chaque fête de Pourim chez les Afro-Américains à travers l’histoire. 

D’où on déduira soit que M. Hikind est stupide, soit qu’il n’est pas suffisamment enraciné dans l’histoire de son pays pour comprendre ce qui cloche avec son comportement.

Pour conclure en faisant allusion à la situation française, on remarquera que ce qui a été reproché à l’humoriste Dieudonné, c’est précisément de s’être déguisé en Juif du type colon extrémiste. Peut-être aurait-il du le faire pour Pourim…

Lequel de ces rabbins est le vrai Dieudonné?

Lequel de ces rabbins est le vrai Dieudonné?

L’élu Newyorkais Dov Hikind, roi de la sensibilité à sens unique, a fait la fête hier en se grimant en blackface

Par Cord Jefferson, Gawker (USA) 26 février 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Dov Hikind est le trou du cul de l’Assemblée de l’Etat de New York qui représente le Dictrict 48, une zone bétonnée de Brooklyn qui comprend Midwood et Borough Park, une enclave juive orhodoxe ben connue dans le quart sud-ouest de l’arrondissement. Hikind est lui-même un Juif orthodoxe. Pour fêter Purim cette année, et commémorer l’échec de l’extermination du peuple Juif dans la Perse antique, Hikind a choisi un costume très élaboré pour faire la fête. La femme de Hikind s’est déguisée en diable au visage rouge et son fils s’est peint le visage avec le symbole du yin et du yang, pour dit-on, ressembler à un «ange.» Et Hikind lui-même, le représentant sexagénaire élu d’une des villes du monde les plus diverses ? Eh bien, il a choisi de se déguiser en joueur de basketball, Afro et blackface bien sûr.

Selon Hunter Walker de l’Observer, Hikind s’est “beaucoup amusé” à transformer ce qui aurait pu être une fête complètement innocente en minstrel show :

«Je voulais simplement, je pense, j’ai essayé d’imiter, vous savez, peut-être un de ces joueurs de basketball. Quelqu’un m’a donné une tenue, quelqu’un m’a donné la chevelure d’un vrai, vous savez, d’un genre de joueur de basketball noir,» a expliqué M. Hikind. «C’était juste très drôle. Tout le monde a simplement passé un très très bon moment, et chaque année je fais quelque chose de différent… Ce qui m’amuse, c’est quand les gens arrivent et ne me reconnaissent pas.»

Hikind a poursuivi en disant que son costume, qui s’inscrit dans la lignée de siècles de blackface shows conçus pour signifier la suprématie blanche, avait été fait « seulement pour s’amuser dans le respect.»

Malgré les efforts de blancs qui devraient être mieux informés, il y a un bon moment maintenant que blackface est incapable de véhiculer la drôlerie ou le respect. Et sur ce plan, la carrière d’Hikind n’a pas été un modèle à imiter quant à la manière de vivre ensemble avec nos différences. Les habitants de Brooklyn se rappellent peut-être certains de ses morceaux de bravoure :

En 2005, puis en 2009, Hikind avait déposé sans succès à l’assemblée de l’Etat une proposition de loi “antiterroriste” alarmiste qui aurait autorisé les agents de police à contrôler et à fouiller les citoyens sur la base de leur ethnicité, une loi du genre dont on aurait pu penser qu’un Juif l’aurait trouvée un peu gênante une fois placée dans un contexte historique, mais hélas.

D’ailleurs, la police de la ville de New York pratique déjà les contrôles sur la base de la race, ce qui fait que la codification de ce genre de comportement semble une idée franchement mauvaise.

En 2006, quand un groupe d’adolescents Juifs orthodoxes était tombé sur un pakistanais de confession musulmane, le traitant “d’enculé de sa mère de terroriste” et en le frappant à coups de pieds et de poings américains, Hikind avait publiquement condamné le Pakistanais en disant que c’était lui qui avait provoqué les garçons Juifs. Quelques semaines plus tard, quatre des cinq adolescents accusés pour l’agression avaient plaidé coupable.

En 2007, Hikind avait dit ce qui suit à propos du mariage gay:

“Si nous autorisons le mariage gay dans l’Etat de New York, ceux qui veulent vivre et avoir une relation incestueuse se seront rapprochés eux aussi de cinq pas de l’atteinte de leurs objectifs.»

En 2009, Hikind s’était démené pour exclure du mémorial de l’holocauste de Brooklyn les cinq millions de personnes tuées avec les Juifs par le régime nazi. «Ces gens ne sont pas dans la même catégorie que le peuple juif eu égard à l’holocauste,» avait déclaré Hikind au New York Post à l’époque. «C’est extrêmement différent. On ne peut pas comparer des prisonniers politiques avec des victimes juives.»

En 2010, Hikind s’était exprimé à l’un des trois memorials de New York pour commémorer le 20ème anniversaire de l’assassinat de Meir Kahane, le militant Israélo-Américain qui avait fondé la Ligue de Défense Juive. Kahane plaidait pour l’expulsion par la force de tous les non Juifs d’Israël ainsi que pour l’interdiction des mariages et des relations sexuelles avec les Gentils. A une de ces manifestations commémoratives, on avait cité le participant Josh Davis comme ayant dit, « Si nous avions prêté attention au message du rabbin Kahane relatif à l’expulsion dans les années 1980 de la malveillante population arabe, nous ne serions pas au bord de l’extinction.» Le Southern Poverty Law Center (genre de LICRA non ultrasioniste) a désormais placé la Ligue de Défense Juive sur sa liste des organisations racistes.

Mais Hikind n’est pas totalement insensible aux affronts à l’ethnicité. Au début de ce mois, quand le New York Post a décidé de faire monter l’indignation sur la supposée ressemblance entre les habits du styliste de mode John Galliano et la tenue hassidique [Dov Hikind a lui-même été élevé dans le hassidisme, note de Djazaïri], l’élu à l’assemblée de l’Etat s’est senti obligé d’intervenir :

“De qui se moque-t-il?” a ajouté le représentant de Brooklyn à l’assemblée, Dov Hikind. «L’apparence des chaussettes, la veste, les payot… Ma question est, de qui se moque-t-il?»

John Gallano, shmuck! (connard)

John Gallano, shmuck! (connard)

Voilà une question qu’elle est bonne Dov. Maintenant, de la part des centaines de milliers de noirs qui résident à Brooklyn, voici la même question : l’apparence de ce  visage peint en noir et la perruque afro, ma question est, de qui vous moquez-vous crénom de nom ?

Et pourquoi n’avez-vous pas déjà démissionné de votre poste?

Mise à jour: Hikind a présenté des excuses sur le modèle de défense classique du « désolé que vous ayez été offensé» selon le New York Daily News :

«Ma femme était déguisée en diable. Et elle n’est pas un démon. C’était avoir une apparence différente pendant Pourim sans arrières pensées. Je voulais juste avoir une apparence différente et être méconnaissable, » a déclaré Hikind .

«Je comprends la sensibilité des gens. Personne n’avait d’arrière pensée. Ce n’était pas fait pour vous offenser ou vous blesser en aucune façon. Je suis désolé si les gens ont été choqués. Ce n’était absolument pas le but ».

Décès de Gil Noble, porte-voix de l’autre Amérique

8 avril 2012

Je vous propose une notice nécrologique parue dans le New York Times qui parle de quelqu’un que je ne connaissais pas et que vous ne connaissiez sans doute pas non plus.

Gil Noble qui vient de mourir à 80 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral était une figure de la télévision newyorkaise et une référence pour la communauté noire de la Big Apple.

Si nous ne le connaissions pas, les démêlés avec le lobby sioniste que lui et un de ses amis ont vécus sont pourtant familiers à ceux qui s’intéressent à l’actualité médiatique française.

En effet, comme Dieudonné en France, Gil Noble s’est trouvé confronté aux pressions du lobby sioniste et, comme Dieudonné, il n’a pas cédé grâce à son courage personnel mais aussi au soutien de son public.

Mais n’oublions pas que si certains réussissent à tenir tête au lobby sioniste (à quel prix !), d’autres voient par contre leurs carrières brisées et ce sont les plus nombreux.

On appréciera le sens de la répartie de Gil Noble qui expliquait, face à ceux qui lui reprochaient de ne pas présenter l’autre version de l’histoire, que son émission était précisément cette autre version de l’histoire qui, en dehors d’émissions comme la sienne, ne pouvait se faire entendre.

Gil Noble, animateur d’une émission télévisée pionnière centrée sur les questions noires, est mort à l’âge de 80 ans

par PAUL VITELLO, The New York Times (USA) le 5 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Gil Noble, un journaliste de télévision qui présentait “Like it is”, un programme d’actualités sociales et politiques diffusé le dimanche matin à New York, une émission primée parmi les plus anciennes du pays à s’intéresser au leadership noir et au vécu afro-américain, s’est éteint jeudi dans un hôpital de Wayne dans le Nex Jersey.

Il est décédé des complications d’une attaque cérébrale qu’il avait subie l’été dernier, a déclaré Dave Davis, PDG de WABC-TV qui diffusait « Like it is » depuis 1968.

Gil Noble

Quoique retransmise seulement dans l’agglomération newyorkaise, “Like it is” attirait des invités de stature nationale et internationale. Certains etaient controversés. Ses interviews de personnalités comme Louis Farrakhan de la Nation of Islam avaient attiré des protestations pour partialité. Mais c’était précisément ce que voulait M. Noble.

“Ma réponse à ceux qui se plaignaient que je n’expose pas l’autre version de l’histoire était que cette émission était précisément l’autre version de l’histoire,” avait-il dit en 1982.

Ses interviews constituent une veritable archive de l’histoire des noirs aux Etats Unis : des centaines d’heures de conversation avec des personnalités politiques et culturelles comme Lena Home, Fannie Lou Hamer, Bill Cosby, Sammy Davis Jr, Mohamed Ali, Andrew Young, Dizzy Gillespie et Stokely Carmichael.

M. Noble voyait “Like it is” comme une plateforme pour des idées et des perspectives – notamment celles des noirs – qui étaient absentes des organes d’information grand public. Il avait une fois appelé son émission «l’antidote aux informations de 6h et 11h »

Ses échanges en tête-à-tête avec des chefs d’Etats africains et caribéens, dont Kenneth Kaunda, de Zambie, Michael Manley de la Jamaïque et Robert Mugabe du Zimbabwé s’inscrivaient dans une autre mission consistant à informer sur des événements touchant des populations d’origine africaine à travers le monde.

On apprenait beaucoup en regardant l’émission de Gil,” a déclaré l’ancien maire de New York David N. Dinkins dans un éloge funèbre. «On n’avait pas à être d’accord avec tout ce qu’il disait, mais pour nombre d’entre nous, il fallait regarder son émission.»

Le soutien profondément ancré dont jouissait M. Noble auprès de son public, l’avait aidé à survivre à deux controverses qui avaient résulté d’interviews avec des personnalités considérées comme antisémites, ayant un parti pris contre Israël ou les deux. En 1982, l’ Anti-Defamation League [ADL] avait accusé M. Noble de montrer un parti pris contre Israël quand il avait programmé un panel de discussion sur l’invasion du Liban par Israël sans présenter le point de vue israélien.

La simple rumeur de sanctions disciplinaires avait suscité des manifestations devant le siège de WABC, avec à leur tête le révérend Calvin O. Butts, pasteur de l’ Abyssinian Baptist Church à Harlem et le révérend Al Sharpton Aucune mesure disciplinaire ne fut prise, mais on demanda à M. Noble de présenter une émission avec des invités pro-Israël.

Des tensions du même genre étaient apparues à l’été 1991, quand M. Noble avait préparé la diffusion d’un discours dans lequel  on dit que son ami, Leonard Jeffries, un professeur de « black studies » au City College, aurait tenu des propos intolérants. Des articles de presse à ce sujet avait conduit à la révocation de Jeffries du poste de chef du département d’études noires (black studies).

M. Noble avait soutenu que seule l’écoute du discours dans son intégralité aurait pu amener les responsables de la faculté (ou n’importe qui d’autre) à décider si les propos pouvaient motiver une mesure disciplinaire ou avaient été sortis de leur contexte (dans une partie des on exposé, M. Jeffries affirmait que les films hollywoodiens où les noirs étaient avilis étaient faits par des « gens qui s’appelaient Greenberg, Weisberg et Trigliani.” Dans une autre, il disait que « Chacun sait que de riches Juifs finançaient le commerce des esclaves »).

Les responsables de WABC-TV avaient retiré cette partie dont ils disaient qu’elle pouvait aggraver les tensions raciales dans la ville. Il se trouva que ces tensions longtemps latentes entre noirs et juifs dans le secteur Crown Heights de Brooklyn explosèrent violemment la semaine suivante.

Une fois encore, des manifestants se présentèrent devant les locaux de la chaîne de télévision. Cette fois, se trouvait parmi eux un sénateur de l’Etat, qui sra plus tard gouverneur de New York, David A. Paterson.

«Je me souviens que c’était une manifestation spontanée,»  a déclaré M. Paterson dans une interview. « Les gens sont venus tout simplement. Parce que «Like it is» était quelque chose de vraiment spécial et à protéger pour la communauté afro-américaine.» Une séquence sur l’affaire Jeffries sera finalement montrée par la suite.

«Certains Américains blancs sont rebutés par ‘Like it is’, mais c’est la nature de ce programme».avait expliqué M. Noble à The Village Voice à la fin de cette année là. «Nous assistons à une querelle entre les races en Amérique et certaines opinions dans la communauté noire doivent être entendues même si ce sont des voix de révolte.»

Après l’attaque cérébrale de M. Noble, WABC-TV a lancé l’émission «Here and Now», une émission sur les questions politiques et sociales qu’elle présente comme «poursuivant la voie tracée par Gil Noble.»

Gilbert Edward Noble est né à Harlem le 22 février 1932. Il est le fils de Rachel Noble, enseignante, et de Gilbert R. Noble, propriétaire d’un garage automobile. Ses deux parents étaient nés en Jamaïque. Il a fréquenté le City College et a fait son service militaire pendant la guerre de Corée.

M. Noble a été embauché comme journaliste pour la station de radio WLIB en 1962. En 1967, après des émeutes raciales d’ampleur nationale qui avaient incité les chaînes de télévision dans tout le pays à recruter certains de leurs premiers journalistes noirs, il a été embauché par WABC. Il a travaillé comme reporter, présentateur du weekend et parfois comme correspondant pour «’Like it is, » une émission qui a commencé en 1962 et dont il est devenu le responsable et présentateur en 1975. Il a reçu sept Emmy Awards.

M. Noble laisse derrière lui une épouse, Norma jean, avec leurs quatre filles Lynn, Lisa, Leslie et Jennifer; un fils, Chris; and huit petits enfants.

Milton Allimadi, rédacteur en chef du journal Black Star News d’ Harlem et invité occasionnel de l’émission de M. Noble, a expliqué la considération particulière dont faisait l’objet M. Noble dans la communauté qu’il servait.

Dans un éloge publié en ligne en août dernier, M. llimadi écrit qu’après avoir été invité dans l’émission, des inconnus l’avaient arrêté dans la rue pour lui serrer la main. « Quand je monte dans un bus M.T.            A., les chauffeurs refusent que je paye mon ticket, » écrit-il, « disant qu’ils sont heureux de transporter quelqu’un qui est pasé dans ‘Like it is.’»


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