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Les bulletins de vote du référendum catalan imprimés à Tel Aviv?

24 septembre 2017

Le site d’informations espagnol El Conficencial Digital nous avait déjà gratifiés d’un article sur les liaisons dangereuses entre le gouvernement régional catalan et l’entité sioniste, cette dernière encourageant de manière fort peu discrète les aspirations indépendantistes de Carles Puigdemont, le président de la Généralité de Catalogne.

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Carles Puigdemont à Yad Vashem

El Confidencial revient sur ces relations en avançant la thèse que les bulletins de vote nécessaires au prochain référendum qui doit, selon l’exécutif catalan, décider de l’indépendance de la région seraient imprimés dans l’entité sioniste.

Une hypothèse qui en vaut bien une autre, même si personnellement j’ai un peu de mal à y croire (voir ma note un peu plus bas). Elle traduit au minimum l’irritation croissante de certains secteurs d’opinion à l’égard d’une entité qui joue le jeu de la désagrégation d’un Etat espagnol qui est pourtant un de ses alliés, au même titre que les autres pays européens.

NB: à la différence de l’article précédent, celui-ci n’est pas signé.

Les services de renseignements cherchent les bulletins de vote du référendum en Israël

El Confidencial Digital (Espagne) 22 septembre 2017 traduit de l’espagnol par Djazaïri

   Ils examinent l’hypothèse qu’ils auraient été imprimés hors de l’Union Européenne. La police locale catalane [Mossos] suspecte que les urnes ont été acquises en Serbie ou en Russie.

Mardi dernier, la Guardia Civil [gendarmerie espagnole] a saisi dix millions de bulletins imprimés pour le référendum d’indépendance. Une opération qui porte un coup déterminant à la logistique du 1-O [1er octobre, date prévue du référendum en Catalogne]. Toutefois, le gouvernement suspecte la Généralité [gouvernement catalan] d’avoir un ‘plan B’. Les bulletins pourraient être imprimés dans un pays hors Union Européenne et devraient être expédiés en Catalogne par bateau quelques jours avant la consultation.

Depuis que le Parquet espagnol [Fiscalia General del Estado] a donné l’ordre aux forces de sécurité de saisir les bulletins, les urnes et le matériel destiné au référendum, la surveillance policière des imprimeries soupçonnées de collaborer avec la Généralité est constante.

L’action policière n’avait rien donné jusqu’à mardi dernier quand la Guardia Civil a arrêté deux hommes d’affaires après avoir inspecté un local industriel dans la commune de Bigues i Riells, dans la province de Barcelone. Sur place, ont été découverts 10 millions de bulletins de vote avec la question soumise au référendum et les cases pour répondre oui ou non.

Les scrutins référendaires saisis par la Garde civile.

Un coup dévastateur pour le 1-O

Des sources de la sécurité d’Etat estiment que la saisie porte un coup décisif à la logistique du référendum car le nombre de bulletins couvrait amplement l’effectif total du corps électoral convoqué à la consultation.

La Guardia Civil continue ses contrôles et ses inspections surprise dans les entreprises soupçonnées de collaborer à l’organisation du 1-O. Cependant, dans le gouvernement espagnol, on soupçonne le govern [gouvernement] de la Généralité de déployer une stratégie de « leurre ».

Enquête du CNI [Centro Nacional de Inteligencia, renseignements et contre-espionnage] à l’étranger

Les soupçons ne sont pas sans fondement. Ils se basent, comme l’ont indiqué des sources fiables à El Confidencial, sur une piste d’enquête ouverte ces dernières semaines par les services de renseignements. Les bulletins de vote sont imprimés dans un autre pays. Un pays non membre de l’Union Européenne ? avec la complicité présumée des autorités L’Etat en question.

L’origine de cette piste est inconnue, mais des sources proches de l’enquête confirment l’existence d’une « recherche » à l’étranger en quête d’imprimeries travaillant pour le compte de la Généralité.

Selon ces sources, les pistes suivies par l’enquête mènent vers différents pays, tous extracommunautaires. L’un d’eux est Israël.

Les liens d’Israël avec la Catalogne

Selon des rapports des services de renseignements espagnols, Israël n’a jamais caché sa sympathie pour la cause catalane. Jordi Pujol [Pujol a présidé la Généralité de Catalogne pendant 23 ans] en était arrivé au point de se déclarer sioniste et avait été invité à faire un discours devant le parlement israélien.

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Jordi Pujol et les Juifs. Construire la terre promise

L’an dernier, Artur Mas assurait, pendant le gala de remise d’un prix de l’amitié entre Israël et la catalogne que, « Comme en Israël, il y a aussi en Catalogne un peuple déterminé à être libre » . Pendant sa présidence, Mas se rendit plusieurs fois en Israël.

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Artur Mas glisse son bulletin ans l’urne

Les marques d’affection vont dans les deux sens. Ce fut du moins reconnu par Santiago Vidal quand il affirma que, parmi les pays qui s’étaient montrés disposés à aider une Catalogne naissante [nouvellement indépendante], il y avait Israël. L’aide parviendrait sous forme de prêts pour l’économie selon l’ex-député catalan.

Puigdemont lui-même s’est occupé personnellement de plusieurs actions diplomatiques en direction d’Israël. L’ambassadeur d’Israël en Espagne a été reçu pour un dîner « en privé » au palais de Sant Jaume [siège de la Généralité] avec le président de la Généralité. Les sujets abordés pendant cette rencontre n’ont fait l’objet d’aucune communication officielle.

Une ‘opération de leurre’

Ce que soupçonnent les services de renseignements, c’est que la Généralité a conçu une opération ‘leurres’. La manœuvre consiste à charger une des imprimeries locales de la fabrication des bulletins.

Parallèlement, une entreprise étrangère serait chargée de la confection de tout le matériel imprimé pour la réalisation de la consultation. Pendant que les services de sécurité se concentrent sur la recherche et la saisie des bulletins en territoire espagnol, les bulletins authentiques resteraient cachés dans un pays tiers jusqu’aux quelques jours qui précèdent le référendum.

On soupçonne que ces bulletins pourraient arriver en Catalogne par bateau à travers un des ports de la région. Une autre hypothèse envisagée par les services de renseignements est qu’ils sont déjà arrivés sur le territoire catalan et sont cachés.

Dans l’un ou l’autre des deux scénarios, l’étape suivante consistera à les distribuer discrètement dans les centres de vote du 1-O. L’opération, en termes logistiques, n’est pas très complexe. La Guardia Civil a transporté les dix millions de bulletins de vote confisqués mardi dans sept fourgonnettes.

Autre mystère, les urnes : une piste les situe en Russie ou en Serbie

Une autre des inconnues qui entourent le 1-O et que les services de sécurité essayent de résoudre est l’endroit où se trouvent les plus de 6 000 urnes nécessaires à la réalisation du référendum. Ces dernières semaines, a été envisagée la possibilité que les urnes soient stockées dans un pays étranger. Ou même dans une ambassade étrangère en territoire catalan.

El Confidencial Digital a eu accès à des sources dans la direction des Mossos d’Escuadra [police catalane] qui révèlent que les soupçons sur les pays d’origine des urnes portent sur la Russie et la Serbie où elles auraient été fabriquées sur commande de la Généralité.

Le transfert des urnes vers les bureaux de vote est, au moins en termes logistiques, beaucoup plus complexe que celui des bulletins. Principalement en raison de l’infrastructure nécessaire pour transporter plus de 6 000 urnes à travers une Catalogne où de nombreux contrôles de police sont en recherche d’urnes, de bulletins et de matériels en relation avec le 1-0.

 

Le régime sioniste et l’indépendance de la Catalogne

23 octobre 2016

Je vous propose un long article du journal espagnol en ligne El Confidencial qui est un organe de presse politiquement situé au centre droit.

Cet article où on sent bien l’attachement à l’unité de l’Espagne mise à mal par divers séparatismes dont le plus puissant s’exprime en Catalogne, nous parle de l’importance particulière qu’accordent certains secteurs indépendantistes catalans à la relation avec l’entité sioniste.

Cette dernière serait en effet appelée, dans l’éventualité d’une accession de la Catalogne à l’indépendance complète, à participer au financement de l’économie du nouvel Etat dans la phase délicate qui suivra la coupure du lien avec Madrid.

Cette attente à l’égard de l’entité sioniste se fonde évidemment sur un raisonnement digne de l’antisémitisme de base qui associe Juifs, ici l’Etat juif et argent.  Et qui tient pour un fait la grande influence de cet Etat juif auprès de Washington par l’intermédiaire du fameux lobby dont personne nulle part, antisémite ou pas, ne nie réellement l’existence, la classe politique française faisant exception.

Il est touchant de voir le gouvernement espagnol, dont le soutien à l’entité sioniste s’est rarement démenti en particulier quand la droite est aux affaires, manœuvrer de manière pitoyable pour essayer de contrer le rapprochement Tel Aviv – Barcelone au lieu de taper du poing sur la table comme il devrait le faire devant un processus qui contribue à saper son autorité et renforce le séparatisme.

Mais rien ne saurait surprendre de la part de ceux que le régime sioniste et ses lobbies ont acheté et qui ont eux-mêmes introduit le ver dans le fruit qu’ils prétendent défendre en appelant paradoxalement à l’aide celui qui précisément participe quand il n’est pas à l’origine de la destruction du fruit. Ce fait évident en Espagne l’est aussi en France avec ces polticards qui font appel à des soi-disant experts de la sécurité basés à Tel Aviv qui se retrouvent aux premières loges pour mener tranquillement leurs agissements terroristes.

On remarquera toutefois que la volonté de rapprochement avec l’entité sioniste caractérise surtout la droite nationaliste tandis que d’autres tendances la considèrent d’un oeil défavorable voire même franchement hostile.

Carles Puigdemont mise sur Israël et Margallo bloque la nomination du consul honoraire en Catalogne

Puigdemont a invité secrètement à dîner l’ambassadeur d’Israël et un secteur dynamique de la communauté juive de Barcelone se mobilise en faveur de l’indépendance.

Par Ignacio Cembrero, El Confidencial (Espagne) 10 octobre 2016 traduit de l’espagnol par Djazaïri

José Antonio Sanchez Molina, un avocat barcelonais, éloigné du nationalisme catalan, et connu pour ses liens avec le judaïsme a été désigné au début de cette année consul honoraire à Barcelone par l’ambassade d’Israël en Espagne. Neuf mois après cette désignation, il attend toujours l’approbation du ministre des affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo pour ouvrir le consulat et accomplir sa nouvelle mission.

Un porte-parole de l’ambassade d’Israël a confirmé la « demande d’ouverture d’un consulat honoraire » avec Sanchez Molina à sa tête et le ministère des affaires étrangères a assuré que, malgré le retard pour l’accréditation, « il n’y avait aucun problème. » Le résultat favorable « est sur le point d’être communiqué » à Israël, ont affirmé des sources autorisées au ministère des affaires étrangères.

L’Eta hébreu disposait déjà d’un consulat honoraire à Barcelone, approuvé par un ordre signé par le roi Juan Carlos le 8 juin 1994 et inauguré en grande pompe par Jordi Pujol, alors président de la Généralité. Il avait été dirigé par le Juif de Mellila David Melul Benarroch jusqu’à sa démission en 1997 pour raisons personnelles. A l’époque, Israël n’avait eu à attendre que quelques semaines pour son ouverture. A ce jour, il dispose de deux consulats honoraires en Andalousie et en Estrémadure.

« L’épisode consulaire n’est qu’un point de friction de plus entre une Généralité aux mains des nationalistes qui aspirent à se concilier des sympathies et plus tard la reconnaissance d’une hypothétique république catalane, et les affaires étrangères qui tentent, avec un certain succès, de neutraliser les initiatives des indépendantistes, » observent des sources diplomatiques espagnoles.

Les nationalistes espèrent que l’Etat d’Israël leur accordera des crédits quand ils auront perdu le soutien de la Banque Centrale Européenne.

De tous les scénarios dans lesquels se déroule ce bras de fer, le plus houleux est peut-être la relation israélo-catalane. A en croire les déclarations de l’ancien parti Convergence Démocratique de Catalogne (CDC), rebaptisé depuis juillet dernier Parti Démocrate Catalan (PDC), Israël est la principale puissance de laquelle est attendu qu’elle donne un coup de main si arrive la période incertaine de transition vers l’indépendance. Ils espèrent que d’autres pays, comme les républiques baltes, les traitent avec bienveillance mais elles n’ont pas le même poids.

Said Alami, journaliste palestinien qui réside à Madrid, se souvient que lors d’un point de presse à la veille des Jeux Olympiques de 1992, Jordi Pujol avait déclaré se sentir « sioniste ». Près d’un quart de siècle plus tard, en mai de cette année, Artur Mas, son successeur à la tête de Convergence, affirmait la même position. « Comme en Israël, il y a aussi en Catalogne un peuple déterminé à être libre, » a-t-il dit lors de sa réception du prix de l’Association Catalane des Amis d’Israël (ACAI) et de la Communauté Israélite de Barcelone à l’occasion de Yom Ha’atzmaut (fête de l’indépendance d’Israël).

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Artur Mas à Yad Vashem

Trois amis du nationalisme

Le 23 septembre, à l’université de Barcelone, Mas fit l’ouverture de la conférence de Victor Terradellas, président de la fondation CATMon qui a pour objet de promouvoir la reconnaissance internationale de la Catalogne. Terradellas donna une conférence sur les « alliés naturels » de la Catalogne nationaliste. Il cita en premier lieu Israël, en second lieu les Etats Unis où cinq membres du Congrès de droite se sont prononcés pour l’indépendance de la Catalogne, et enfin l’Allemagne.

Les municipalités indépendantistes catalanes ne participent plus à la Red de Juderias [une association qui s’intéresse à la préservation et à la valorisation du patrimoine séfarade dans les villes et les villages où exista une communauté juive avant l’expulsion des Juifs] mais pas Barcelone.

« On espère séduire les Etats Unis avec l’aide d’Israël et de son ‘lobby’ juif », explique un ancien collaborateur de CATMon qui demande à rester anonyme. « Quant à l’Allemagne, les gens de Convergence ont à l’esprit l’idée de la répétition du rôle qu’avait joué le Chancelier Helmut Kohl, » ajoute-t-il. En décembre 1991, le Démocrate-Chrétien Helmut Kohl avait poussé l’Union Européenne à reconnaître l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie, début du démembrement de la Yougoslavie et de la guerre dans les Balkans.

L’Etat hébreu figure en bonne place dans bon nombre de documents élaborés par les nationalistes pour préparer la transition [vers l’indépendance]. Entrer en relation avec les services de renseignements d’Israël pour connaître leur organisation et leurs services de sécurité » est un des objectifs des futurs services secrets de Catalogne, l’Agence Nationale de Sécurité, comme l’a révélé El Confidencial et comme l’a dénoncé le mouvement Ciudadanos au Parlement.

Le ministre des affaires étrangères a bloqué l’ouverture d’un consulat honoraire à Barcelone. Margallo a demandé à l’ambassadeur [de l’entité sioniste, NdT] de ne pas cligner de l’œil en direction des nationalistes catalans.

Dans une autre information, révélée par El Confidencial en 2015, on signale que les membres de la future force aérienne catalane devraient se former en Israël qui est le pays « qui assure la meilleure formation possible. » La Généralité a signé il y a longtemps un accord de coopération scientifique avec l’Agence Industrielle Israélienne pour la Recherche et le Développement (Matimop).

Israël remplacerait la BCE?

Les nationalistes espèrent aussi obtenir une aide d’Israël pour qu’une Catalogne nouvellement indépendante ne soit pas asphyxiée. Le juge Santiago Vida, sanctionné par le Consejo General del Poder Judicial [équivalent du conseil supérieur de la magistrature] pour avoir collaboré à la rédaction d’une constitution catalane a reconnu par exemple dans un entretien accordé au « Periodic Delta »: Nous ne pourrons pas aller vers la Banque Centrale Européenne pour financer la dette parce que nous ne serons pas encore membres de l’Union Européenne. » La solution « est qu’un autre Etat solvable, et nous parlons d’Israël et de l’Allemagne, nous fournissent des financements pendant un certain temps, » ajoutait-il. Dans les cercles nationalistes on spécule, sans véritable fondement, sur un crédit-relais israélien d’environ vingt milliards d’euros.

Israël n’est pas resté tout à fait insensible, du moins dans un premier temps, au champ de sirènes qui émanait du palais de la Généralité et de Convergencia. Une hypothétique république catalane serait un de ses plus fidèles alliés en Europe. Mas l’a prouvé pendant le voyage qui l’amena en Israël en novembre 2013 quand il était encore ‘président.’ Il visita Jérusalem Est une ville occupée aux yeux de la communauté internationale, où les dirigeants étrangers ont pour règle de ne pas aller. En outre, il n’avait entretenu aucun contact avec des représentants palestiniens.

« De façon consciente ou inconsciente, Mas a contribué à légitimer l’occupation, » avait alors déploré Xavier Abu Eid, porte-parole de l’Autorité Palestinienne. Huit mois après cette visite, Convergencia obtint, avec le soutien du Parti Populaire, que le Parlement repousse une motion qui appelait à la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. « J’aimerais bien que les Palestiniens jouissent des mêmes droits que les Espagnols qui vivent en catalogne ou au Pays basque, » avait alors déclaré à ce journaliste [l’auteur de l’article, NdT] Musa Amer Odeh, ambassadeur de Palestine à Madrid.

Un ambassadeur au Parlement

Alon Bar, qui était alors ambassadeur d’Israël en Espagne, proclama sa neutralité dans le conflit entre gouvernement et nationalistes catalans, ce qui déplut au ministère des affaires étrangères. « Je préfère ne pas m’exprimer sur le débat sur l’indépendance, » avait-il déclaré avec prudence en 2013 à une chaîne de journaux. « Je sais qu’il y a beaucoup de Catalans qui pensent qu’Israël est un modèle, » avait-il ajouté. L’ambassadeur avait accepté de comparaître en deux occasions, en mai 2012 et en juin 2013, devant la commission de l’Action Extérieure du Parlement de Catalogne comme s’il s’agissait du parlement d’un Etat [indépendant].

Une frange dynamique de la communauté juive de Catalogne a joué un rôle important dans ce rapprochement du nationalisme avec Israël. Dans l’Assemblée Nationale Catalane, une organisation civile qui promeut l’indépendance, il y a une section juive mais pas de section musulmane alors que le poids démographique de cette communauté en Catalogne représente 50 fois celui de la communauté juive. L’Association Catalane des Amis d’Israël participe aussi aux manifestations nationalistes, à commencer par la Diada [fête nationale catalane]. Son président, Toni Florido, répète fréquemment : « Je sais qu’Israël ne sera pas hostile à ce que décidera le peuple de Catalogne. »

Cette visite en Israël sonna comme un premier avertissement pour le gouvernement espagnol sur les intentions de Convergence. Il se mobilisa donc pour en limiter la portée : pour empêcher que le premier ministre Benjamin Netanyahou reçoive Mas, Garcia-Margallo appela Alon Bar [l’ambassadeur sioniste à Madrid], l’ex-président [chef du gouvernement] José maria Aznar contacta personnellement Netanyahou – avec qui il entretient des liens étroits – et il y eut même à l’époque une intervention du directeur des services de renseignements, le Général Félix Sanz Roldan; auprès de son homologue du Mossad (services secrets israéliens), selon certaines sources diplomatiques et proches de l’ancien chef du gouvernement espagnol. On fit même appel au magnat juif américain Sheldon Adelson, qui alors projetait la création d’un Eurovegas à Madrid, pour qu’il intercède auprès de Netanyahou avec qui il est lié par une grande amitié.

Netanyahou avait accepté au dernier moment, mais pas le Président de l’époque, Shimon Peres, qui était resté sur ses positions. Devant ses interlocuteurs espagnols, il expliqua qu’il avait reçu d’autres présidents de régions autonomes et qu’il n’y avait aucune raison de fermer la porte à Mas. Il évita par contre la présence d’emblèmes officiels dans le lieu où il fut photographié avec son hôte. « Israël est clairement un compagnon de voyage choisi par la Catalogne, » avait dit Mas à Peres, un chef d’Etat doté de peu de pouvoirs.

Daniel Kutner, né à Buenos Aires en 1955, a succédé à Alon Bar en qualité d’ambassadeur israélien en Espagne en août 2015. Avant de présenter ses lettres de créances au Roi, il avait été reçu au début de l’automne par Garcia-Margallo. La Catalogne avait monopolisé leur conversation. Le ministre avait souligné la « déloyauté » à l’Etat des nationalistes et il lui avait demandé de ne pas faire comme son prédécesseur qui avait donné des signaux d’encouragement [aux nationalistes] .

Au cas où les choses n’auraient pas été claires, Kutner reçut plusieurs appels téléphoniques quand, à la veille de la campagne électorale de décembre 2015, il avait effectué son premier déplacement à Barcelone. Les membres du gouvernement espagnol lui avaient fait part de leur préoccupation. Ils craignaient que les dirigeants nationalistes avec lesquels l’ambassadeur avait prévu de s’entretenir puissent profiter de sa présence pour essayer de démontrer, juste avant les élections, la sympathie d’Israël pour leur cause. En fin de compte, Kutner annula tous ses rendez-vous avec les responsables politiques catalans, y compris avec les non nationalistes, et il ne rencontra que la déléguée du gouvernement, maria de Llanos de Luna Tobarra. Il avait alors également écarté l’idée de proposer une quelconque personnalité au profil nationaliste à la fonction de consul honoraire – les noms de Lluis Bassat, Carlos Villarrubi ou David Madi furent évoqués – et il opta pour l’avocat Sanchez Molina.

Dîner secret avec Puigdemont

Pendant les 14 mois que dura sa mission en Espagne, Kutner ne commit qu’une ‘infidélité’ à l’égard de Garcia-Margallo. Il accepta, à la mi-avril dernière, l’invitation du ‘président’ Carles Puigdemont pour un dîner secret – « en privé », selon des sources à la Généralité – en son siège sur la place Sant Jaume. En raison de son caractère privé, les sources officielles de la Généralité ont refusé de s’exprimer sur ce qui a été abordé pendant ce ‘souper.’

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Palais de la Généralité à Barcelone

Ce dîner discret – la venue de Kutner ne figurait pas dans l’agenda des visiteurs du Palais de la Généralité – est révélateur des dissensions que suscitent dans le nationalisme les efforts pour resserrer les liens avec Israël. L’ambassadeur israélien était venu en compagnie de son adjoint, le conseiller Yinan Cohen, mais ce n’était pas Raul Romeva, le ‘conseiller’ pour les affaires extérieures qui était assis à côté de Puigdemont. La place était occupée par son numéro deux, Aleix Villaforo i Oliver, de Esquerra Republicana de Catalunya, secrétaire général du département qui chapeaute Romeva.

Romeva a refusé d’expliquer à notre journal les raisons de son absence, mais un de ses anciens collaborateurs nous a expliqué que l’ex-eurodéputé de Iniciativa per Catalunya, qui s’était montré très critique au Parlement Européen contre l’occupation israélienne de la Cisjordanie et le blocus de gaza, avait refusé de s’asseoir en face d’un représentant d’Israël. Trois mois plus tôt, son amie, la religieuse et militante nationaliste Teresa Forcades avait été expulsée d’Israël juste après avoir atterri à l’aéroport de Tel Aviv. Un porte-parole de Romeva a cependant souligné à notre journal que la relation entre la Généralité et l’Etat hébreu est « très cordiale. »

Les autorités israéliennes sont préoccupées par l’animosité de la gauche catalane, qu’elle soit ou pas nationaliste. Le quotidien ‘Maariv’ de Tel Aviv a publié en février dernier des câbles envoyés par les ambassades israéliennes sur le mouvement citoyen Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) qui veut qu’Israël soit sanctionné pour l’occupation. « Le phénomène (…) en Espagne est gênant et inquiétant, mais pour le moment il reste circonscrit à de petites villes, » dont beaucoup sont catalanes, signalait un câble diplomatique. « Quand il atteindra Barcelone et qu’il diffusera parmi les élus, l’affaire atteindra un niveau très différent, » avertissait-il.

Kutner a mis entre parenthèses le rapprochement entre Israël et le nationalisme catalan mais ce dernier continue sa déconnexion d’avec le reste de l’Espagne, également dans le domaine du tourisme culturel. Quatre municipalités catalanes à majorité indépendantiste, Gérone, Tortosa, Besalu et Castello d’Empuries ont annoncé en juillet dernier leur sortie de la Red de Juderias (réseau des quartiers juifs) de España, dont le siège se trouvait dans la capitale de la province de Gérone. Elles ont essayé d’entraîner Barcelone, la seule municipalité catalane qui reste membre de cette association mais la mairesse Ada Colau a refusé.

Pour Pedro Santisteve, maire de Saragosse, les attentats de Bruxelles sont une conséquence de la violence exercée par l’Europe dans d’autres parties du monde

23 mars 2016

Bon, je voulais faire juste une petite intro et je me suis laissé aller…

Quand on évoque les terribles attentats qui ont frappé Bruxelles tout récemment, ou Paris en novembre 2015, l’émotion et la tristesse sont de rigueur et c’est bien normal. Cependant, s’agissant d’événements qui ne résultent pas de phénomènes naturels mais d’actions humaines concertées dont l’objectif n’est pas celui de la rapine, on serait en droit d’attendre des réponses politiques.

Vous me direz que les hommes politiques s’expriment à ce sujet. Et en effet, on peut même trouver que Manuel Valls s’exprime plutôt trop que pas assez. Et surtout qu’il, comme les autres dirigeants européens, propose uniquement des réponses sécuritaires, dont la nature n’a souvent qu’un lien distant avec la problématique soulevée par les attentats, et qui ne donnent en guise d’explication aux agissements des terroristes que leur détestation de l’Europe, de ses valeurs, de la démocratie etc.

S’il est évident que des mesures doivent être prises pour protéger la population (et il est douteux que celles proposées y suffisent), il importe quand même de cerner correctement les causes de la mobilisation terroriste.

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Parce que, si je suis la logique de Manuel Valls ou de François Hollande, il suffira de transformer la France et l’Europe en dictature pour enfin avoir la paix puisque les terroristes n’auront plus de raisons de détester les « valeurs » et la « démocratie » européennes.

Et c’est apparemment ce chemin qu’a choisi une clique néoconservatrice qui est représentée dans à peu près tous les gouvernements européens et qui est aux manettes en France.

C’est un peu ce que dit Pedro Santisteve, le maire de Saragosse qui considère que la violence terroriste est un retour de bâton de la violence qu’exercent les pays européens ailleurs dans le monde (on pense immédiatement à la Libye, à l’Irak et à l’Afghanistan) et que le rêve d’une Europe démocratique et ouverte à tous est en train de s’effondrer.

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Pedro Santisteve, maire de Saragosse

Et ce rêve ne s’effondre pas du fait de la menace terroriste parce qu’il faut être stupide pour supposer que des attentats, même aussi meurtriers que ceux qu’ont connu la Belgique, la France et, plus loin dans le temps, l’Espagne et le Royaume Uni représentent une menace sérieuse pour les Etats européens qui pourraient finir par sortir vaincus d’une épreuve de force qui les opposerait à quelques dizaines ou même centaines de repris de justice qui ne posaient pas vraiment problème quand ils étaient supposés participer à la mise au pas, voire à l’élimination physique, du président syrien Bachar al Assad.

Le maire de Saragosse tient des propos qu’aucun élu de ce statut ne pourrait tenir en France. Saragosse est en effet une grande ville et son maire n’est pas n’importe qui: avocat pénaliste réputé, professeur de droit, il est entré en politique avec le mouvement des Indignés et il s’inscrit dans un mouvement qui fédère plusieurs partis de gauche.

Le maire de Saragosse à propos des attentats : »La violence que nous avons contribué à semer revient chez nous »

Publico (Espagne) 23 mars 2016 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Pedro Santisteve a exprimé sa « condamnation » et sa « répulsion » devant les attentats d’hier à Bruxelles et il plaide pour la construction d’une « Europe accueillante, qui défend le droit à la vie, l’inclusion de toutes les catégories de personnes, toutes les identités, croyances et convictions. »

Madrid – Le maire de Saragosse, Pedro Santisteve (du parti Zaragoza en Comun) a exprimé aujourd’hui sa « condamnation » et sa « répulsion » devant les » attentats irrationnels et injustifiables » d’hier à Bruxelles et il a affirmé que « aujourd’hui, nous revient en quelque sorte cette violence que nous avons contribué à semer dans le monde. »

Le maire a participé, avec le conseil municipal au complet et les employés de la mairie à un rassemblement pour observer une minute de silence après laquelle il a fait lecture intégrale d’une déclaration officielle de condamnation.

Le maire a condamné l’attentat et a affirmé que, à son avis, « L’Europe que nous voulions construire sur la base des valeurs et de la défense des droits humains est en ruines,…par suite des agressions que nous, pays occidentaux, avons fait subir à des pays tiers. »

Et il a ajouté : « Maintenant, en quelque sorte, nous revient la violence que nous avons contribué à semer dans le monde. »

Santisteve a estimé que « nous devons y réfléchir parce que nous ne voulons pas de cette Europe de la fuite en avant, mais une Europe accueillante, qui défend le droit à la vie, l’inclusion de toutes les catégories de personnes, toutes les identités, croyances et convictions. »

« C’est là notre Europe pour laquelle nous allons continuer à lutter, » a-t-il affirmé.

Une candidate aux élections sénatoriales en Espagne bloquée pendant quatre mois dans la bande de Gaza

18 décembre 2015

Izquierda Unida (IU, Gauche Unie) est à peu près l’équivalent espagnol du Front de Gauche français qui est cependant de constitution plus récente. Formation politique à géométrie variable, IU est structurée essentiellement autour du Parti Communiste Espagnol (PCE) qui y joue un rôle prédominant.

Aux dernières élections générales tenues en 211 , IU avait rassemblé 6,9 ¨des voix et 11 députés. Aux élections européennes de 2014 , IU a obtenu 9,9 % des voix. C’est donc une force politique non négligeable même si elle ne peut prétendre jouer les premiers rôles.

Il se trouve que Jaldia Abubakra, une membre d’IU, candidate qui plus est aux prochaines élections sénatoriales en Espagne, a été retenue contre son gré quatre mois dans la bande de Gaza, Cette militante d’origine palestinienne vient tout juste d’être autorisée par les terroristes sionistes à quitter ce territoire palestinien sous blocus et elle a pu regagner Madrid aujourd’hui.

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Jaldia Abubakra

On notera que le gouvernement égyptien, pourtant sollicité par l’Espagne, n’a pas daigné ouvrir sa frontière pour laisser sortir la militante hispano-palestinienne.

On notera aussi le silence de la classe politique européenne sur cette situation qui aurait provoqué l’indignation générale si elle avait été le fait de n’importe quel autre pays.

La candidate de Izquierda Unida (IU, Gauche Unie) peut sortir de Gaza où elle était bloquée depuis août

Jaldia Abubakra, retenue à Gaza par les autorités israéliennes arrive vendredi en Espagne

Agences Madrid, El Pais (Espagne) 17 décembre 2015 traduit de l’espagnol par Djzaïri

La candidate de IU à l’élection sénatoriale Jaldia Abubakra, retenue à Gaza par les autorités israélienne, est en chemin pour Jérusalem, et elle prévoit d’arriver en Espagne vendredi, a annoncé l’agence Efe. Après quatre mois passés dans la bande de Gaza, Abubakra en est sortie jeudi accompagnée d’agents de la Guardia Civil. L’ambassade d’Espagne en Israël lui cherche un avion pour qu’elle puisse arriver vendredi à Madrid.

La candidate était entrée le 18 août dernier dans le territoire palestinien pour rendre visite à sa sœur qui venait de perdre son mari et, depuis lors, elle essayait de quitter la bande de Gaza. Abubakra est née à Gaza mais vit en Espagne depuis trente ans et travaille à la mairie de Madrid où ses collègues de travail lui ont obtenu une exemption d’obligation de présence en raison des circonstances particulières.

Le 11 décembre dernier, les eurodéputés de IU, Marina Albiol y Javier Couso, ont demandé à la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini ainsi qu’au Service Européen d’Action Extérieure (SEAE) de faire pression sur Israël pour qu’il laisse sortir de Gaza la candidate qui vient en seconde position sur la liste de IU – Unidad Popular por Madrid pour l’élection sénatoriale.

En troisième position sur la liste d’IU pour l’élection au Congrès, Enrique Santiago avait de son côté transmis au ministère des affaires étrangères à Madrid une autre lettre signée également par Albiol et Couso dans laquelle ils exigeaient du ministre José Manuel Garcia – Margallo qu’il intervienne auprès des autorités israéliennes et égyptiennes pour débloquer la situation.

Guerre du Rif, guerre chimique et de la civilisation contre la barbarie

4 octobre 2013

Les investigations et les affirmations sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie ont amené As’ad AbuKhali, alias Angry Arab, à s’interroger sur l’emploi de telles armes pendant la guerre du Rif dans les années 1920. Angry Arab avait en effet entendu parler d’une telle utilisation d’armes chimiques, mais manquait d’éléments à ce sujet.

Un de ses lecteurs, sans doute Marocain, a bien voulu combler cette lacune et apporter des précisions très intéressantes ainsi qu’un renvoi à un travail universitaire sur cette question.

Comme beaucoup d’entre nous, Angry Arab était en effet perplexe voire outré par la posture moralisatrice de gouvernements occidentaux qui restent pour l’instant les plus grands utilisateurs d’armes chimiques comme on a pu le constater entre autres à Gaza en  2008 – 2009 et au Vietnam dans les années 1960-1970.

Ce post est en passant l’occasion de rappeler le rôle considérable dans l’histoire du nationalisme maghrébin et algérien de l’émir Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, dit Abdelkrim, le fondateur de la république du Rif en 1922. Ce même Abdelkrim qui animera bien des années plus tard le Comité de Libération du Maghreb Arabe au Caire qui sera le lieu de convergence des nationalistes Nord-Africains.

Sur la guerre chimique dans le Rif marocain
Angry Arab, 1er octobre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

De Mohamed: «J’ai lu avec intérêt votre post sur l’utilisation d’armes chimiques par l’Espagne dans le Rif marocain (région berbérophone marocaine bordée par la Méditerranée) pendant la guerre du Rif de 1921 à 1926. C’est quelque chose d’important parce que le bombardement aérien à l’arme chimique de populations civiles dans le Rif marcoain a été le premier dans l’histoire.

Comme vous le savez, les gaz toxiques avaient été utilisés auparavant à Ypres en Belgique pendant la première guerre mondiale et en Irak (1919) quand l’infâme Winston Churchill avait déclaré «Je ne comprends pas la sensiblerie par rapport à l’utilisation du gaz contre des tribus non civilisées» Mais dans ces utilisations précédentes, c’étaient des bombardements d’artillerie, pas d’aviation. L’Espagne n’a pas encore reconnu ce fait historique qui a été établi par l’historien Britannique Sebastian Balfour dans son livre ‘Etreinte mortelle: le Maroc et la route vers le guerre civile espagnole’ (chapitre V) et par l’historienne Espagnole Maria Rosa de Madariaga dans plusieurs ouvrages traitant de l’histoire du colonialisme espagnol dans la Maroc du nord (voir par exemple son long article ici). De fait, une pétition lancée par le parti catalan de la «Gauche Républicaine» pour soulever cette question au parlement avait été rejetée par la commission constitutionnelle du parlement en 2007.

Les premiers types de gaz employés dans le Rif furent le phosgène, le sisphogène et la chloropicrine qui avaient été fournis aux Espagnols par la France. Mais par la suite, la guerre chimique connut une escalade (en particulier à cause des défaites répétées contre le mouvement de résistance) avec l’utilisation de gaz moutarde fourni indirectement par l’Allemagne via le chimiste Hugo Stoltzenberg.

Les Allemands fournirent du gaz moutarde aux Espagnols tout en les aidant à établir des sites de production du gaz. La seule étude à ce jour sur cet épisode particulier reste le livre de Rudibert Kunz et Rolf-Dieter Muller (1990), ‘Giftgas gegen Abd el Krim: Deutschland, Spanien und der Gaskrieg in Spanisch-Marokko, 1922-1927’.
Des câbles diplomatiques montrent que la France comme la Grande Bretagne connaissaient et soutenaient l’utilisation de gaz moutarde par l’Espagne pendant la guerre (du Rif).

Quant à la position du régime marocain [par rapport à ces évènements], ses motivations ne sont pas aussi simples que ce qu’en dit votre lecteur de Berlin. La principale raison qui fait que ce sujet est tabou au Maroc est que l’ensemble de l’épisode historique de la résistance dans le nord du Maroc est tabou. Particulièrement sensible est l’appellation de «République du Rif» pour désigner l’entité politique qui est née de la guerre de libération du Rif, appellation qui reflétait la conception par le dirigeant du mouvement d’un Etat moderne inspiré essentiellement par l’idéologie réformiste islamique (Abduh, Kawakibi) et par l’Etat turc de style ataturkien ‘Abdelkrim était fasciné par l’expérience d’Ataturk).

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La république du Rif entre les protectorats espagnol et français au Maroc

Sans oublier que sous le protectorat protectorat, Français et Espagnols étaient supposés agir pour protéger le roi. En outre, certains soutiennent que le régime s’abstient de soulever cette question parce qu’il a lui-même employé du napalm dans sa brutale répression de la rébellion du Rif (désobéissance civile en réalité) pendant l’hiver 1958-1959.

Ces allégations restent cependant encore difficiles à prouver ou à étayer. La campagne (de l’hiver 1958-1959) avait été conduite par le prince héritier Hassan (qui deviendra Hassan II) et son bras droit, le général Oufkir (le même général qui avait pris la tête d’un coup d’état manqué en 1972).

Plus triste, le récent travestissement politique et journalistique de ce sujet le banalisent franchement au lieu de refléter une intention sérieuse d’affronter un chapitre important de l’histoire du Maroc. La question du gazage de la population civile rifaine est évoqué seulement à des fins politiques, particulièrement dans les moments de tension diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. Dans cette démarche, le régime marocain est épaulé par de nombreux acteurs dans la presse politique et du côté des ONG. Même les membres d’une ONG dont la conférence avait été annulée en 2001 (un groupe de poseurs pseudo-gauchistes) sont maintenant sur la ligne du régime. La plupart d’entre eux sont devenus membres du PAM (Parti de l’Authenticité et de la Modernité), un parti lancé il y a quelques années par un haut responsable du ministère de l’intérieur ami du roi. De fait, on appelle ce parti «le parti de l’ami du roi».» En fin de compte, beaucoup ici sont convaincus que le taux de prévalence du cancer incroyablement élevé dans le Rif (le plus élevé du Maroc) est dû à l’utilisation de gaz moutarde dans les années 1920. Il est certain que ce gaz cause le cancer chez des victimes qui y sont exposées directement à des doses suffisantes, mais aucune étude scientifique n’a encore établi de lien entre le gaz moutarde et les descendants des victimes.

Enfants soldats recrutés à l’étranger pour combattre en Syrie

3 avril 2013

On a pu voir dernièrement la photo d’un enfant soldat syrien posant cigarette au bec entre deux barbus en treillis engagés dans la lutte armée contre le régime en place et pour qui sa présence semble normale.

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Ce gamin s’appelle Ahmed, il a huit ans et ses parents auraient été tués dans un bombardement de l’armée syrienne sur Alep. Son père était lui-même engagé dans la guérilla contre le gouvernement. Ahmed est bien sûr incapable de se servir réellement du fusil de guerre dont on l’a doté mais ce ne sont certainement pas les occasions de risquer sa vie que lui refuseront ses deux camarades de combat.

On trouve d’autres images d’enfants soldats enrôlés par les forces hostiles au gouvernement, en général un peu plus âgés.

Par exemple celle-ci

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Ou celle-là

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Et on apprend que, non contents de recruter des enfants soldats en Syrie, on en recrute maintenant à l’étranger, comme cet adolescent parti de Ceuta pour lutter sur le «sentier de Dieu» contre le régime syrien.

Comme si c’était le régime syrien qui avait incarcéré son père !

 

Un jeune de Ceuta part en Syrie pour «combattre pour Dieu»

Les parents de Nourdine ont déposé plainte ce dimanche

Lundi, ils ont reçu un appel de leur fils leur confirmant qu’il était en Turquie

Par Ignacio Cembrero & Rocio Abad Madrid / Ceuta, El Pais (Espagne) 3 avril 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri 

Jusqu’à présent, seuls des adultes espagnols et musulmans s’étaient rendus en Syrie pour participer à la lutte armée contre le régime dictatorial de Bachar al-Assad, mais depuis la fin de la semaine dernière est venu s’ajouter un mineur, Nourdine âgé de 16 ans, selon des sources des services de sécurité espagnols. 

Nourdine a franchi, sans doute dans la soirée de samedi, la frontière avec le Maroc et c’est le lendemain matin que ses parents, Ahmed et Toria, ont découvert qu’il n’avait pas dormi dans leur maison du quartier du prince Alonso. Dans la soirée de ce même dimanche, ils ont déposé plainte au commissariat de police.   

Lundi dernier, les parents on reçu un appel de leur fils qui leur a expliqué les raisons de son départ. «Il nous a demandé pardon plusieurs fois, dit qu’il était en Turquie et qu’il allait en Syrie et qu’il n’allait pas rentrer,» a raconté le père au journal El Faro de Ceuta. Le jeune avait ajouté au téléphone qu’il «… allait combattre sur le sentier de Dieu.»

La surprise a été énorme parce que, selon ses parents, Nourdine était un adolescent tranquille qui n’avait jamais parlé du conflit syrien à la maison. Ahmed, son père, avait été lui-même arrêté et emprisonné en 2006 au cours de l’Opération Dune ordonnée par Baltasar Garzón qui était à l’époque juge de l’Audience nationale dans le cadre de la lutte antiterroriste. Nourdine était le plus petit des quatre enfants de la famille. 

Le délégué du gouvernement à Ceuta, Francisco Antonio González, a reconnu aujourd’hui devant la presse que des réseaux salafistes sont présents dans la ville, mais que l’adolescent a été pris en charge à Castillejos, la localité marocaine frontalière. Il a affirmé ne pas savoir combien d’habitants de Ceuta ont demandé à aller en Syrie pour se sacrifier et il a attribué son ignorance aux négligences du passé de la part de l’administration de l’Etat dans la traque des réseaux de recrutement. 

En juillet 2013, trois autres musulmans de Ceuta, dont Rachid Wahbi, 32 ans, père de famille et chauffeur de taxi, s’étaient eux aussi rendus en Syrie en passant par le Maroc où ils avaient été recrutés puis par la Turquie. Ils avaient fait le trajet en compagnie d’au moins une demi-douzaine de Marocains, selon des sources sécuritaires. Tous trois sont morts si on en croit des appels téléphoniques de condoléances en provenance de Syrie reçus par leurs proches à Ceuta. La police marocaine a démantelé plusieurs réseaux de recrutement de djihadistes, le plus récent l’ayant été le 19 janvier dernier selon un communiqué. 

Coïncidant avec l’annonce du départ pour la Syrie d’un adolescent de Ceuta, le Centre International d’Etudes de la Radicalisation, qui dépend du King’s College à Londres a rendu public un rapport dans lequel il assure que depuis début 2011, entre 135 et 590 – la fourchette est très large – musulmans européens ont rejoint l’insurrection en Syrie. Ils représentent de 7 à 11 % du total des combattants étrangers parce que la majorité de ces derniers vient de pays musulmans.

La majorité d’entre de ceux [des combattants venus d’Europe]  qui sont allés en Syrie sont partis du Royaume Uni, des Pays Bas, de France, de Belgique et d’Allemagne. L’Espagne figure en queue de peloton avec seulement six djihadistes, un chiffre qui a doublé depuis le départ des trois hommes partis de Ceuta pour la Syrie à l’été 2012. 

Le chef de la diplomatie brésilienne à l’Occident: ‘Quand respecterez-vous le droit international?’

6 février 2013

Je vous propose un article du genre plutôt rare dans la grande presse en Occident. En effet, en dépit de son nom, le quotidien espagnol (catalan) La Vanguardia n’est pas du tout l’organe d’un obscur parti d’extrême gauche (ou droite) ni un représentant le la presse alternative.

Diffusée nationalement, La Vanguardia est en fait le journal le plus vendu en Catalogne et se positionne politiquement au centre droit.

Quand je dis que cet article est rare, je veux dire par là qu’il s’attaque ouvertement à ce qu’on peut appeler la suffisance des puissances occidentales, une suffisance que le correspondant du journal catalan qui a couvert la conférence de Munich sur la sécurité résume dans ce qu’il qualifie de monologue.

Fait rare, l’article de Rafael Poch nous livre essentiellement l’analyse d’un diplomate Iranien sur le dossier de la «menace» que poserait le programme nucléaire de son pays sans lui opposer à aucun moment d’arguments qui émaneraient par exemple du gouvernement espagnol, de celui des Etats Unis sans bien entendu parler de l’entité sioniste.

Ce qui veut dire que le journaliste considère le point de vue iranien comme sensé, surtout si on veut bien se souvenir qu’il critique le fameux monologue de l’Occident.

Je dirai quand même que le clou de cet article, c’est débord la restitution d’une partie de la participation du ministre Brésilien des affaires étrangères aux débats qui se permet de demander à un «expert» Occidental quand les pays occidentaux se décideront à respecter le droit international.

Des propos qui, sauf erreur de ma part, n’ont été repris par aucun autre journal.

 La menace iranienne dans le monologue de Munich

Téhéran pourrait sortir du Traité de Non Prolifération nucléaire si ses installations sont attaquées

Par Rafael Poch, La Vanguardia (Espagne) 5 février 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri

La présence d’une poignée d’invités venus des pays en voie de développement parmi les 500 participants euratlantiques qui dominent l’évènement est ce qui sauve de l’inutilité complète ce monologue qu’est chaque année la conférence sur la sécurité qui s’est achevée dimanche à Munich.

 «L’Irak et l’Afghanistan démontrent les limites de l’action militaire occidentale et l’urgence de l’alternative représentée par la diplomatie et la coopération,» a expliqué samedi le ministre Brésilien des affaires étrangères, Antonio de Aguiar Patriota.

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Antonio de Aguiar Patriota

Cette observation élémentaire a été contestée par l’animateur du débat, un expert Australien, qui a demandé : «Les BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), c’est-à-dire les grandes puissances émergentes, se comporteront-ils conformément aux normes internationales ?»

Patriota a répondu : «je vous renvoie la question : quand respecterez-vous le droit international ?» Aucun sujet ne résume mieux ce malentendu que celui du danger nucléaire iranien..

L’opinion publique occidentale croit que l’Iran a un programme d’armement atomique, qu’elle n’autorise pas l’accès de son territoire aux inspecteurs de l’Agence Internatonale de l’Energie Atomique (AIEA) et qu’elle est la plus grande menace à la sécurité du Moyen orient et qu’elle mérite d’être sanctionnée, encerclée militairement et attaquée.

La vérité est qu’il n’existe pas le moindre indice d’un programme nucléaire militaire et que la doctrine nucléaire de l’Iran se résume à une fatwa de son leader religieux, Ali Khamenei, qui affirme que tout usage d’armes de destruction massive est «un péché énorme et impardonnable» et à la proposition depuis des dizaines d’années d’un Moyen Orient qui serait une «région dénucléarisée» à laquelle s’opposent Israël, seule puissance nucléaire dans la région, et ses parrains occidentaux.

Cent mille Iraniens ont péri du fait des armes chimiques utilisées par Saddam Hussein dans une guerre contre l’Iran qui avait le soutien des puissances occidentales dans les années 1980, a expliqué Ali Asghar Soltanieh l’ambassadeur d’Iran auprès de l’AIEA.

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Ali Asghar Soltanieh exhorte les sionistes à signer le TNP

Evidemment, tout pays qui maîtrise le cycle de l’uranium est techniquement proche d’une capacité nucléaire militaire, mais l’Iran n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres. Y a-t-il un danger particulier ?

Israël a attaqué l’Egypte en 1956 et en 1967. Et aussi le Liban en 1982 et en 2006. La liste des agressions militaires menées par l’autre adversaire de l’Iran, les Etats Unis, est impressionnante. Tous deux possèdent des armes nucléaires et l’Iran n’a agressé personne dans son histoire récente.

Dans la pire des hypothèses, absolument plausible, son ambition nucléaire se situerait à l’avenir dans le sillage des étapes franchies par s’autres pays, Israël une fois encore, mais aussi l’Inde et le Pakistan, sans conséquences, ni sanctions.

Ces dernières années, l’Iran a accepté de nombreuses inspections de l’AIEA dans ses établissements scientifiques et militaires, au total 7500 Jours/ personne, avec 16 sites contrôlés rien qu’en 2011 et près de cent visites impromptues (annoncées seulement deux heures à l’avance), sans que les appareils et les détecteurs employés aient pu déceler le moindre indice que ce qui se fait dans le domaine du nucléaire en Iran ait un caractère militaire, déclare Soltanieh.

L’AIEA est dominée par les puissances occidentales, notamment les Etats Unis qui veulent modifier son mandat pour la transformer en «une agence d’espionnage sans restriction aucune relativement à la sécurité nationale de certains Etats membres, en majorité des pays en voie de  développement,» explique l’ambassadeur.

La majorité des experts en sécurité de l’AIEA qui ont accès aux informations confidentielles et sont rémunérés par leurs pays d’origine sont Etatsuniens.

La direction de l’AIEA n’a pour l’instant pas condamné les menaces israéliennes continuelles d’attaquer des sites nucléaires en Iran. Quand Israël avait bombardé en Syrie, l’AIEA avait demandé à inspecter les endroits bombardés au lieu de demander des explications à l’agresseur, déclare l’ambassadeur.

Les pressions pour que l’Iran abandonne un programme nucléaire qu’il définit comme civil sont extraordinaires et comprennent des sanctions économiques, de menaces d’attaques militaires contre ses installations nucléaires et «l’assassinat barbare de savants atomistes,» explique Soltanieh.

Quelles seraient les conséquences d’une attaque militaire contre les sites nucléaires iraniens ?: «En plus d’une forte réaction contre l’agresseur, notre gouvernement subira d’énormes pressions internes pour installer les centrifugeuses dans des lieux plus sûrs, le parlement obligerait probablement à l’arrêt de toutes les inspections de l’AIEA et même, dans le pire des scénarios à sortir du TNP,» déclare l’ambassadeur.

Jérusalem est arabe, la preuve par Grenade

17 octobre 2012

Une fondation culturelle espagnole vient faire la nique aux autorités sionistes à Jérusalem même en venant rappeler que cette ville est arabe : musulmane, chrétienne et juive, mais arabe.

Et la démonstration en est faite in situ avec une exposition sur le royaume de Grenade sous le règne des dynasties ziride et nasride. 

Pour ceux que ça intéresse, les Zirides étaient une famille originaire d’Achir dans l’Algérie actuelle et ils tiraient leur nom du fondateur de la dynastie, Ziri Ibn Menad. L’émir Bologhin, le fils de Ziri est le (re)fondateur de la ville qui porte toujours le nom qu’il lui a donné : al Djazaïr (les îles dans une forme de pluriel archaïque).

Ce sont les vicissitudes de l’histoire et des luttes intestines qui ont amené une branche de la famille ziride à établir son pouvoir à Grenade tandis que deux autres rameaux demeuraient au Maghreb, l’un d’entre eux gouvernant sur ce qui correspond à peu près à la Tunisie actuelle, l’autre sur une partie du Maghreb central, établissant sa capitale dans une ville nouvelle, la Qalaa (Qalaa beni Hammad). 

Les Zirides étaient des Berbères, appartenant à la branche chiite de l’Islam au départ.

La dynastie nasride était par contre d’origine arabe semble-t-il et n’a de toute façon gouverné qu’en Espagne, jusqu’à la disparition de l’Etat musulman de Grenade.

Le royaume de Grenade atterrit à Jérusalem

Une exposition présente à la vieille ville la vie sous les dynasties ziride et nasride

Par Ana Carbajosa, El Pais (Espagne) le 17 oct 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

C’est dans un magnifique bain arabe de l’époque mamelouk, en plein cœur de la vieille ville de Jérusalem qu’a atterri le royaume de Grenade. Une exposition espagnole, dédiée à recréée la vie des dynasties ziride et nasride, a été inaugurée la semaine dernière à Jérusalem Est, la partie palestinienne de la ville, asphyxiée par le conflit avec les Israéliens et où la vie culturelle est presque anecdotique.

Juan Carlos González-Santiago et José Manuel Vera Borja signent les photos de l’exposition

Sur les 30 photographies accrochées aux murs blanchis à la chaux du hammam, on peut voir des édifices représentatifs de ce que fut le royaume de Grenade entre le 9ème et le 15ème siècle. Devant eux, défilent quelques uns des 350 figurants volontaires de villes et villages andalous qui, vêtus de costumes d’époque, ont participé au consortium du millénaire du royaume de Grenade qui travaille depuis deux ans à la commémoration de la fondation en 1013 de cet Etat islamique dans la péninsule ibérique.

Les scènes que peut découvrir celui qui visite Jérusalem, de l’entrée de la vieille ville à la porte de Damas et celles qu’il peut voir ensuite dans l’exposition ne sont pas si différentes. La casbah de Malaga, la madrasa de Grenade, le palais de Mondragon à Ronda… les tours, les décorations, les arches et jusque aux personnages qui apparaissent dans les photographies de l’exposition sur le royaume de Grenade, détonnent à peine avec les abords immédiats du quartier musulman de la ville fortifiée de Jérusalem, annexée par Israël en 1967.

Ronda: fontaine du palais Mondragon

C’est la première fois que le royaume de Grenade débarque dans le monde arabe. Un Palestinien entre deux âges, chargé d’accrocher les photos avant l’inauguration officielle, s’étonne devant la calligraphie arabe et les extraits du Coran qu’on peut voir dans une des salles de l’Alhambra.

«Ce qui nous intéresse, c’est de voir les choses que nous avons en commun, les parallélismes,» explique Carmen Pozuelo de la Fondation Legado Andalusi (héritage andalou) et commissaire de l’évènement tout en travaillant au montage d’une exposition qui se confond avec l’environnement.

Les rais de lumière qui filtrent par les ouvertures des voûtes du hammam Al Ayn sont très semblables à ceux des bains de Fiñana. La fontaine qui trône dans la salle principale de l’édifice qui accueille l’exposition, rappelle beaucoup celle du palais de Mondragon. Ce sont des parallélismes qui tiennent à leur fonction mais surtout à un héritage commun que l’exposition « Alma Desgranada: viaje a la memoria del reino de Granada » (égrenage de l’âme: voyage dans la mémoire du royaume de Grenade) essaye de mettre en évidence.

Juan Carlos González-Santiago et José Manuel Vera Borja signent les photos de l’exposition qui se posera bientôt au Caire et ensuite au Qatar.

Mort d’un pseudo djihadiste Espagnol dans un attentat suicide en Syrie

9 septembre 2012

Les preuves de l’importance de la présence de combattants étrangers en Syrie s’accumulent ainsi que celles du caractère peu démocratique de la mission qu’ils exécutent et qu’on leur a assigné.

Le tout dans un silence assourdissant de Laurent Fabius ou de François Hollande qui se sont d’ailleurs trouvés une autre mission de bienfaisance, celle qui consiste à prendre la tête d’une campagne pour de nouvelles sanctions contre l’Iran.

Ces politiciens français prônent, dit-on, la laïcité et même une morale laïque dans leur pays. Pourtant leurs actes de politique étrangère, pour s’en tenir à ce domaine, nous disent que leurs mobiles sont immoraux et s’inscrivent aussi dans des agendas communautaristes.

A leur manière, ce sont des fanatiques toujours prêts à faire couler le sang. A ce propos je vous renvoie au papier de John Pilger qui suivra celui-ci.

 Je vous avais déjà parlé d’un habitant de Ceuta, enclave espagnole au Maroc, qui avait trouvé la mort en allant lutter au nom de la démocratie contre le ‘‘tyran’’ Bachar al-Assad. Un type qui avait fait des milliers de kilomètres pour son « djihad » alors qu’il aurait pu sans se déplacer lutter pour ramener Ceuta dans le Dar al Islam. Je dirai donc: puisse-t-il rôtir en enfer.

En fait, ce sont (au moins) trois habitants de Ceuta qui étaient partis pour libérer Jérusalem Alep. La police espagnole vient juste de retrouver la trace de l’un d’entre eux dans une vidéo où il explique comment il va se faire exploser dans un camion précipité contre un casernement de l’armée syrienne (et pas l’armée de Bachar al-Assad comme l’écrit le journal espagnol, parce que la propagande se niche aussi dans ces petits détails de vocabulaire).

Identification du chauffeur de taxi de Ceuta mort dans un attentat suicide en Syrie

Par Ángeles Escrivá | Joaquín Manso, El Mundo (Espagne) 7 septembre 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Les forces de sécurité ont identifié avec un niveau élevé de certitude le chauffeur de taxi de Ceuta, Rachid Hassein Mohamed dans une vidéo où on le voit raconter devant la caméra comment il a préparé un attentat qu’il réalisera par la suite en étant copilote d’un camion chargé d’explosifs qui ira s’encastrer contre une caserne de l’armée de Bachar al-Assad à Idlib, «causant de nombreuses pertes,» selon le commentaire de l’enregistrement.

Les enquêteurs sont convaincus qu’il s’agit de lui, en attendant une confirmation irréfutable qu’ils attendent dans les prochains jours.

Des sources proches du dossier ont expliqué à notre journal que, en dépit du fait que son visage apparaisse flouté sur les images, l’identification de l’islamiste espagnol a été rendue possible grâce à une cicatrice très caractéristique qu’on peut voir sur son bras, et parce qu’on a procédé à une reconnaissance vocale et que les premiers examens acoustiques de la police scientifique suggèrent que c’est bien la voix de Rachid Hassein.

En outre, dans la vidéo, l’auteur de l’attentat suicide se présente sous le pseudonyme Abou Moussab, le même que celui sous lequel Rachid était connu dans le quartier de Prince Philippe à Ceuta.

Par ailleurs, la date indiquée pour l’attentat, début juin, coïncide approximativement avec celle du jour où sa famille a été informée de sa mort.

Le quartier Prince Philippe à Ceuta

Rachid Hassein est le premier des trois habitants de Ceuta proches du courant salafiste qui ont participé au cours des derniers mois à des attentats suicide en Syrie.

Rachid Wahbi, 32 ans, premier espagnol mort au combat en Syrie

12 juin 2012

Intéressant, ces habitants de Ceuta, un résidu de la colonisation espagnole, qui vont guerroyer en Syrie pour le compte de l’Oncle Sam au lieu de s’employer à parachever la décolonisation du Maghreb.

Le journaliste a raison de s’interroger sur les filières de recrutement et de financement du voyage en Syrie. Il pourrait aussi se poser des questions sur la façon dont les familles subsistent en l’absence de celui qui est parti combattre. Dans le cas qui nous est présenté en effet, nous sommes devant un chauffeur de taxi marié et père de famille.

Rachid Wahbi, 32 ans, premier Espagnol mort au combat en Syrie

Quatre jeunes de Ceuta se sont rendus en avril au proche Orient pour lutter contre le régime de Assad.

Par ignacio Cembrero, El Pais (Espagne) 12 juin 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Il s’appelait Rachid Wahbi, il avait 32 ans et travaillait comme chauffeur de taxi à Ceuta. Il était marié et avait deux enfants. La semaine dernière, il a été le premier Espagnol à mourir au combat en Syrie dans un lieu non précisé. Il se peut qu’il y ait d’autres morts parce que Rachid n’est pas le seul à être allé dans ce pays du Proche Orient où la rébellion conte le régime a éclaté il y a quinze mois s’est transformée en guerre civil avec un bilan provisoire de 14 000 morts selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH).

Des dizaines de personnes se pressaient samedi soir dans la modeste maison du quartier Prince Philippe à Ceuta. Entre pleurs et lamentations, des condoléances étaient présentées à la veuve et aux parents. La famille avait reçu la veille un appel téléphonique de  Syrie l’informant que Rachid était un « martyr » de la révolution epuis le 1er juin.

Trois autres Musulmans Espagnols de Ceuta  ont fait route vers la Syrie en avril, dissimulant leur destination à leur entourage en lui disant qu’ils avaient l’intention d’étudier le Coran dans les écoles coraniques de Damas., selon les indications fournies par des sources des services de sécurité espagnols. Tous fréquentaient la mosquée Las Caracolas, selon le journal El Faro de Ceuta qui a été le premier à révéler cette information. Un des trois [Espagnols] a été chargé d’annoncer le décès à la veuve par téléphone.

La police enquête sur la façon dont ils ont été recrutés, sur qui a payé leur voyage, sur l’itinéraire qu’ils ont emprunté et s’ils se sont coordonnés avec des jeunes marocains de Castillejos et Tétouan d’où sont également partis une dizaine d’aspirants djihadistes. Tous sont apparemment passés par la Turquie, où l’Armée Syrienne Libre (ASL) qui lutte contre le régime de Bachar al-Assad dispose d’une grande marge de manœuvre dans les provinces orientales.

Le colonel Ryad al-Assad qui commande l’ASL depuis la Turquie, a démenti lundi pour la énième fois la présence de combattants non Syriens dans les rangs de son armée constituée de déserteurs des forces armées syriennes et de civils entraînés. «Oui, il y a des djihadistes et des membres d’al Qaïda actifs en Syrie qui font du tort à la révolution, » a-t-il reconnu.

Le régime syrien soutient cependant qu’il fait face à des djihadistes et des terroristes embarqués au sein de l’ASL.  En mars, l’ambassadeur Syrien à l’ONU, Bachar Jaafouri, avait présenté au Conseil de Sécurité la liste de 26 djihadistes capturés par son armée et peu de temps après, le gouvernement tunisien avait reconnu que 19 d’entre eux étaient Tunisiens.

La lutte contre le régime d’Assad a attiré en Syrie plusieurs centaines de jeunes musulmans, mais beaucoup moins que ceux qui s’étaient engagés pour combattre en Irak à partir de 2003 parce qu’il ne s’agit pas maintenant de faire la guerre conte une invasion étrangère  comme les Etats Unis, mais contre un régime arabe, reconnaissent des sources de l’opposition syrienne à paris qui préfèrent rester anonymes.

Le profil de ces combattants est en outre différent de celui de ceux qui ont combattu en Irak. Même s’ils sont de fervents Musulmans, ils n’ont pas de liens avec al Qaïda et ils ne voient pas les Occidentaux comme des ennemis mais bien comme des alliés un peu timorés dans leur guerre pour renverser Assad. Certains opposants Syriens croient dur comme fer qu’on devrait plus les comparer à ce que furent les Brigades Internationales pendant la guerre civile espagnole quoique leur nombre et leur niveau d’organisation soient très inférieurs.

Ce n’est pas la première fois que ce jeunes habitants de Ceuta se rendent dans des pays en conflit pour y prendre les armes. Le plus célèbre d’entre eux a été Ahmed Abderrahman, surnommé le Taliban de Ceuta, fait prisonnier au Pakistan par les forces spéciales des Etats Unis, emprisonné deux ans à Guantanamo, condamné à six ans de prison par la justice espagnole pour appartenance à al Qaïda et finalement acquitté en 2006 par la Cour Suprême.


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