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De l’eau dans le gaz entre la Syrie et la Turquie

29 mars 2013

Les partis d’opposition turcs n’apprécient pas beaucoup le rôle du gouvernement Erdogan dans la crise syrienne. Ils l’ont fait savoir à plusieurs reprises, par des déclarations au parlement ou dans la presse, par l’envoi de délégations à Damas ou encore par la divulgation d’informations sur certains aspects de l’implication de leur pays chez le voisin du sud-est.

Cette fois ci, le Parti Populaire Républicain (CHP),  la principale force d’opposition évoque des accords secrets conclus entre le gouvernement turc et l’opposition syrienne, accords visant notamment à faire transiter le gaz du Qatar destiné au marché européen par les territoires syrien et turc et à approvisionner l’entité sioniste en eau de l’Euphrate à partir d’un barrage turc. Cette eau devrait alors être acheminée via… la Syrie !

 Le ministère des affaires étrangères dément les allégations sur des accords secrets avec l’opposition syrienne

Anatolia News Agency, Hürriyet (Turquie) traduit de l’anglais par Djazaïri

Le ministère turc des affaires étrangères a démenti les déclarations faites le 28 mars par l’opposition affirmant que le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu a signé des accords secrets avec l’opposition syrienne en marge des discussions qui ont eu lieu au Qatar du 8 au 11 novembre 2012. 

«Les allégations formulées par le porte parole du principal parti d’opposition ne reflètent pas la réalité. L’existence d’une réunion tenue à Doha dans le but d’unifier l’opposition sous une seule bannière était signalée dans une déclaration publiée le 12 novembre 2012 par le ministère des affaires étrangères. La réunion [de Doha] n’avait aucune dimension secrète,» lit-on dans la déclaration du ministère. 

Les accords comprenaient des clauses comme la livraison de gaz naturel Qatari à l’Europe par un gazoduc traversant la Syrie et la Turquie, a affirmé le 27 mars le porte parole du Parti Populaire Républicain Haluk Koç. Il a aussi soutenu qu’il avait été prévu de transférer de l’eau du barrage Atatürk en Israël via la Syrie. 

«Ce genre de diffamation de la part du porte parole du principal parti d’opposition, affirmée sans aucune recherche d’informations et visant à nuire à la réputation de la Turquie, est inexcusable. On attend des preuves de la part des personnes et des organisations qui avancent ces affirmations qui n’ont pas de fondement,» lit-on dans la déclaration.

Le ministère des affaires étrangères a aussi démenti des informations rapportées par la presse turque selon lesquelles Davutoğlu s’est rendu en Israël plusieurs mois avant les excuses de Netanyahou pour négocier sur cette question [de l’adduction d’eau].

Le gouvernement turc dément bien entendu, arguant du caractère public de ses rencontres avec l’opposition syrienne.

Et peut-être est-il sincère. 

Il n’a cependant pas convaincu Cezer Skonore, un lecteur de Hürriyet qui écrit ce qui suit en commentaire :

Tout ce qu’a fait le gouvernement turc par rapport à la Syrie est secret. Il n’y a pas une seule chose que le gouvernement a faite, pas une seule décision faite par le gouvernement sur la Syrie qui ait été expliquée à l’opinion. En ce sens, il n’y a pas d’accord secret plus spécialement secret que les autres.

On peut par exemple retrouver dans la presse la trace d’une rencontre secrète entre Ahmet Davutoğlu et Benyamin Ben Eliezer, ministre sioniste du commerce, en juin 2010, un mois seulement après l’assaut sanglant contre le Mavi Marmara. Cette réunion demandée par le gouvernement turc avait été rendue publique par les autorités sionistes.

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Entre Davutoglu et Ben Eliezer, le courant est toujours passé

Cette rencontre montre surtout que le chef de la diplomatie turque a gardé de bonnes relations avec les ministres travaillistes du gouvernement Nétanyahou, Benyamin Ben Eliezer et le ministre de la défense, Ehoud Barak, avec qui s’est préparée cette réunion. Les deux pays ont besoin l’un de l’autre.

 

 

Chose promise, chose due: les années de guerre à venir au Sahel

21 janvier 2013

Pour ceux qui croient que l’armée française, dont sa fameuse Légion Etrangère qu’il serait malséant de qualifier de bande de mercenaires, va faire un petit tour au Mali, restaurer l’Etat malien, puis s’en aller en laissant le chantier bien en ordre, j’ai bien peur d’avoir une mauvaise nouvelle à leur annoncer.

Non pas que le corps expéditionnaire dépêché par François Hollande ne parviendra pas à repousser les groupes armés qui se sont emparés du nord du  territoire malien.

La chose devrait aller sans véritable difficulté.

Non, ce que je veux dire, c’est que l’affaire malienne n’est que la continuation d’un processus de déstabilisation de l’ensemble de l’espace saharo-sahélien qui a déjà fait la preuve de son efficacité au Soudan.

Un pays qu’on a contraint à la partition, chose que peu ont suffisamment médité. Certes le Soudan était en crise depuis son indépendance, mais les puissances n’ont voulu, soutenu et obtenu la sécession du sud du pays qu’une fois connu le potentiel pétrolier de cette région. Un pétrole dont le circuit d’évacuation est l’objet d’âpres disputes politiques ou d’affrontements armés.

Ce démantèlement des Etats de la région et peut-être au-delà, en est à ses débuts et rien ne pourra l’empêcher semble-t-il car la destruction du régime libyen a brisé tout le système d’interdépendances économiques qui permettait aux populations locales de survivre. L’instabilité qui s’est emparée du Sahel ainsi que de la région du nord du Nigeria ne sera d’ailleurs pas sans conséquence pour important projet de gazoduc qui devait relier les champs gaziers de ce pays au réseau algérien de gazoducs puis le marché européen et dont on a du mal à comprendre s’il est déjà abandonné ou pas. (une splendide occasion en tout cas de renforcer une interdépendance économique entre deux régions africaines).

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Projet de gazoduc transsaharien

A ceux qui pensent que je suis pessimiste, je demanderai de prêter attention aux propos tenus le 20 janvier 2013 par le N°1 Britannique David Cameron, des propos que je n’ai pas retrouvés dans la presse de langue française:

“L’occident est devant une bataille qui va durer des dizaines d’années pour vaincre al Qaïda en Afrique du Nord,’’ a averti David Cameron hier pour marquer une évolution radicale de la lutte du Royaume Uni contre le terrorisme.

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David Cameron: la Grande Bretagne tient ses promesses

Et déjà:

Les forces spéciales sont censées se préparer à pourchasser le chef djihadiste derrière le siège et l’assassinat d’otages en Algérie, Mokhtar Belmokhtar.

On voit là se mettre en place la même belle mécanique qui est à l’œuvre en Afghanistan, en Somalie et au Yémen.

Avec probablement les mêmes effets.

Et comme le dit le premier ministre lui-même, c’est une guerre de l’Occident.

 


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