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Le soutien de Juan Goytisolo à Günter Grass

17 avril 2012

Günter Grass est âgé et n’a plus grand-chose à attendre de la vie. C’est pour cette raison qu’il s’est permis d’écrire ce poème qui lui a valu les foudres de toute la valetaille au service du sionisme.

Pourtant son poème se voulait simplement une mise en garde sur les conséquences d’une attaque «préventive» de l’entité sioniste contre l’Iran en même temps qu’une réaction à la vente à l’armée sioniste par son pays d’un sixième sous-marin capable de transporter des charges nucléaires. Le risque d’attaque préventive n’est pas une invention de M. Grass puisque les responsables sionistes ne cessent de crier sur les toits qu’ils ont le droit d’attaquer l’Iran pour, disent-ils, empêcher ce pays de se procurer l’arme atomique (l’Iran étant signataire du Traité de Non Prolifération, ce qui n’est pas le cas de l’Etat juif).

Les conséquences évoquées par le poème sont d’abord celles en termes de victimes et de destructions pour le peuple iranien dont Günter Grass semble être un des rares occidentaux à se préoccuper.

Et les conséquences ensuite pour la paix mondiale.

A aucun moment l’écrivain Allemand ne met en question le droit à l’existence ou à la sécurité de l’Etat prétendu juif.

Son délit, ce qui fait de lui aux yeux de certains un antisémite, c’est qu’il ose demander qu’on applique aux installations nucléaires de l’Etat juif, les mêmes contrôles que ceux mis en place ou qu’on prétend mettre en place pour celles de l’Iran.

Oui, il a osé le faire : mettre sur le même plan que les Nations ce qu’il aurait dû considérer comme une « Lumière parmi les Nations ».

Poutant si on se limite aux « Nations », force est de constater que la « Lumière » est particulièrement agressive et belliqueuse, jugez-en : elle a rayé de la carte la nation palestinienne après avoir entre autres fait sauter l’hôtel King David à Jérusalem et assassiné le Comte Bernadotte, représentant de l’ONU en Palestine, participé en 1956 à une opération de grand banditisme contre l’Egypte aux côtés de la Grande Bretagne et de la France, occupé militairement en 1967 la Cisjordanie, le Golan et le Sinaï, abattu un avion civil libyen, envahi le Liban en 1982, bombardé le siège de l’OLP à Tunis, bombardé un site nucléaire irakien, agressé le Liban à nouveau en 2006, Gaza fin 2008, début 2009… La liste n’est ni exhaustive ni close.

A moins d’être miro ou domestiqué par le sionisme, on voit bien où est la menace !

Le grand écrivain Français Bernard-Botul-Henri Lévy vient d’écrire quelque chose sur la «première mort» de Günter Grass. Un tel titre n’est pas anodin, il signifie bien entendu que celui qui est désigné par le lobby sioniste comme un ennemi (nécessairement antisémite) est «mort» symboliquement, c’est-à-dire qu’il n’a plus droit de cité et que, s’il est écrivain, il aura du mal à se faire publier et, si par hasard il était quand même publié, il aurait aussi du mal à faire diffuser ou promouvoir son livre.

Günter Grass ne risque rien de ce côté-là : trop vieux. Tout ce qu’il ratera peut-être ce sont des obsèques  avec un hommage unanime de tout le Gotha politique et intellectuel de son pays.

En attendant, Günter Grass vient de recevoir un soutien de grande qualité (autre chose que le Botul Henri-Lévy) de la part de l’écrivain Espagnol Juan Goytisolo, excusez du peu !

Juan Goytisolo

Juan Goytisolo défend Günter Grass et lui dédie le prix Spiros Vergos

Agence EFE, La Informacion (Espagne) 17 avril 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

L’écrivain Espagnol Juan Goytisolo a défendu aujourd’hui son collègue  Allemand Günter Grass à qui il a dédié son prix Spiros Vergos  de la liberté d’expression qui lui a été décerné par le « Festival des Ecrivains de Prague ».

« Il a absolument le droit au respect de ses opinions. Il m’a semblé juste de le lui dédier, bien qu’il aille à contre-courant, » a déclaré l’écrivain Barcelonais qui s’était exilé volontairement au Maroc dans les années 1960 à cause de des divergences avec le régime franquiste.

Le célèbre auteur de «Pièces d’identité,» qui a reçu récemment le prix Formentor (2012), le Prix International Don quichotte de la Manche (2010) et le prix National des Lettres (2008) a fait cette déclaration lors d’une réunion informelle à l’Institut Cervantes de Prague.

Il faisait ainsi allusion au prix Vergos qu’il a reçu dimanche dans la capitale tchèque.

Goytisolo, dont l’œuvre a été interdite en Espagne de 1962 à 1976, s’est répandu en éloges sur le poème polémique intitulé « Was gesagt werden muss » («Ce qui doit être dit») que l’auteur Allemand a publié début avril ; et qui a suscité une avalanche de controverses et de critiques.

 « Je suis toujours allé à contre-courant, » a-t-il ajouté dans son apologie de Grass, prix Nobel de littérature 1999 qui, dans le poème en question paru le 4 avril, il s’en est pris à une possible «attaque préventive» contre l’Iran par Israël, pays qui a réagi en interdisant l’entrée sur son territoire de l’auteur du roman «Le tambour».

Pour Goytisolo, c’est une « persécution » qui s’exerce contre l’octogénaire Grass et c’est pour cette raison que l’Espagnol a souhaité se solidariser avec son collègue écrivain.

Goytisolo a reçu le prix tchèque créé en l’honneur du poète Grec Spiros Vergos au moment de l’inauguration du Festival des Ecrivains de Prague, une rencontre internationale de romanciers, poètes et éditeurs qui se tient chaque année  dans la capitale tchèque.

(Agencia EFE)

Le sionisme, l’Iran, l’antisémitisme au regard de l’humanisme réel de Günter Grass

11 avril 2012

J’aime bien Jerry Haber: c’est un sioniste qui s’efforce d’être humain. Une véritable gageure ! Signe qui ne trompe pas, il est un des rares commentateurs à s’intéresser aux victimes civiles et au désastre écologique que causeraient des bombardements sionistes contre des sites nucléaires iraniens (tous vos journalistes s’en tamponnent et ne s’intéressent qu’à l’ampleur des dégâts occasionnés par une riposte éventuelle de l’Iran).

Mais il faut dire que Jerry Haber arrive si bien à être humain qu’à mon avis il n’est pas réellement sioniste. Sa référence politique et morale est Judah Magnes, c’est tout dire.

Après le papier de Tariq Ali, celui de Jerry Haber me donne à nouveau l’occasion de faire le point sur les réactions insensées qui ont accueilli le poème de Günter Grass dans la communauté sioniste internationale et leurs nombreuses groupies chez les politiciens Occidentaux.

Jerry Haber aborde le cas de Jeffrey Goldberg, commentateur sioniste très en vue aux Etats Unis, et accessoirement ancien gardien de prison pour le compte de l’Etat juif.

Une lecture serrée du texte de l’écrivain Allemand et un démontage rigoureux d’une argumentation qui, si elle est portée par un des sionistes les plus médiatiques des USA, n’en reste pas moins un acte de propagande correspondant aux canons habituels de la propagande sioniste : partiel, mensonger et bourré de présupposés et de préjugés.

Goldberg glisse sur Grass  [jeu de mot avec le patronyme Grass qui signifie herbe]

Par Jerry Haber, The Magnes Zionist (Sionistan) 10 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le poème de Gunter Grass, Ce qui doit être dit, a été défendu et attaqué à travers le monde. Le poème proteste contre la vente par l’Allemagne à Israël d’un sous-marin apte à l’emport de charges atomiques ; il appelle à un contrôle international des programmes nucléaires iranien et israélien par une autorité acceptée par les deux gouvernements ; et, quoique rédigé par un écrivain Allemand, il refuse de rester silencieux sur la puissance nucléaire israélienne, en dépit des crimes commis dans le passé par l’Allemagne contre le peuple juif (et l’humanité). Grass s’exprime en tant qu’Allemand qui ne veut pas être indirectement responsable d’une catastrophe horrible mais veut au contraire, ainsi qu’il le dit, apporter une aide aux Israéliens, aux palestiniens et à d’autres populations de la région – « et en définitive également à nous-mêmes. Cette partie du poème de Grass, la principale, est éminemment raisonnable. Seul un esprit tordu pourrait la considérer comme antisémite ou même antisioniste.

Le poème emploie cependant un vocabulaire qui est choquant aussi bien pour les Iraniens que pour les Israéliens. Il qualifie le président Iranien de grande gueule qui tient son peuple sous sa coupe et l’oblige à faire ses louanges. Il impute aux dirigeants israéliens la prétention d’avoir le droit de réaliser la première frappe qui pourrait éliminer» ou «annihiler» le peuple iranien en se servant des sous-marins vendus par l’Allemagne. Ces deux affirmations relèvent plus de l’exagération et de la grandiloquence des salons (et des blogs) que d’un cri du cœur  [en français dans le texte] sérieux. Elles rabaissent le poète et permettent au poème d’être facilement rejeté par les esprits partisans.

Mais supposons que Grass ait été plus précis dans sa description des conséquences d’une attaque israélienne? Supposons que, au lieu d’écrire « une frappe pour éliminer le peuple iranien » il eut écrit «une frappe qui pourrait tuer ou mutiler des centaines de milliers de personnes ?»

Selon le Center for the Strategic and International Studies, , un bombardement du réacteur de la central nucléaire de Bushehr “causerait  à lui seul la mort instantanée de milliers de personnes qui vivent dans ou a proximité du site, et aurait pour conséquence des milliers de morts par cancer voire même de centaines de milliers de personnes en fonction de la densité de population des zones situées sur l’axe de contamination.»

La critique d’Israël sur ce point ne serait non seulement pas antisémite; elle pourrait même  être avancée par des qui sont «sensibles au  dilemme israélien. » Ou comme le dit Jeffrey Goldberg pour Bloomberg :

La moralité d’une frappe [préventive par Israël], qui pourrait provoquer des pertes iraniennes substantielles, serait mise en question même par ceux qui ont de la sympathie pour le dilemme d’Israël.

Goldberg est stupéfait par la ligne fixée au poème par Grass et considère que le texte est antisémite. Mais si le poème de Grass avait parlé de l’évaluation plus « modeste » des pertes à la possibilité de centaines de milliers de victimes, plutôt que de l’annihilation possible du peuple iranien, Goldberg aurait-il abandonné l’accusation d’antisémitisme ? Dans un post où il accuse Grass d’antisémitisme, Goldberg explique qu’Israël « envisage de cibler entre six et huit sites nucléaires iraniens » pour effectuer des bombardements conventionnels,», ce qui est peut être exact, quoique un général Américain en retraite pense autrement. Il y a, c’est certain, une différence claire entre le bombardement nucléaire de sites conventionnels, et le bombardement conventionnel de sites nucléaires. Mais ce qu’ils ont en commun, c’est de pouvoir infliger des « pertes iraniennes substantielles, » pour reprendre la phrase de Goldberg. Alors pourquoi Grass est-il antisémite quand il critique en termes moraux les conséquences d’une attaque israélienne, tandis que Goldberg ne l’est pas ?

Si je comprends Goldberg correctement, il y a deux différences entre la position de Grass vis-à-vis de la critique morale d’Israël et la sienne. Premièrement, Grass est un Allemand et un ancien membre de la SS. Alors il doit la fermer – sauf peut-être s’il démontre qu’il est un de ces allemands «sensibles au dilemme d’Israël.»

Deuxièmement, Goldberg interprète mal Grass en lui faisant dire qu’Israël veut annihiler les Iraniens. Ce n’est nulle part écrit ou sous-entendu fans le poème de Grass. Il dit en fait qu’Israël veut avoir droit à une frappe le premier à titre préventif qui pourrait anéantir le peuple iranien. Quelle est la différence entre les deux ? Eh bien, c’est la différence entre dire qu’Israël a attaqué Gaza avec l’opération « Plomb Durci » d’une manière qui pouvait (et a réellement tué) tuer 1400 Palestiniens et dire qu’Israël voulait tuer 1400 habitants de Gaza.

Pourquoi Goldberg lit-il Grass de la sorte? Il écrit :

Pour vous laisser aller à croire qu’Israël veut massacrer 74 millions d’Iraniens, il faut vous auto-suggérer que les dirigeants de l’Etat juif surpassent Hitler en intentions génocidaires.

Goldberg lit Grass comme si ce dernier accusait Israël de dépasser les criminelles «intentions génocidaires » d’Hitler – une lecture qui est intéressante par ce qu’elle nous dit de la propre tournure d’esprit de Goldberg, mais est encore plus intéressante par ce qu’elle nous dit ce que certains partisans d’Israël pensent au sujet des critiques qui portent sur la puissance militaire israélienne, pour reprendre un des propos heureux de Goldberg. Qu’est-ce qui pourrait être plus antisémite que d’accuser Israël d’être plus génocidaire qu’Hitler ? Après tout, appeler à un embargo sur Israël revient à sous-entendre qu’on ne peut pas avoir confiance dans les Israéliens pour agir de façon responsable dans l’usage de l’arme atomique, ou dans le bombardement d’installations nucléaires iraniennes. Cela revient à rabaisser les Israéliens pour les amener au même niveau, voire plus bas, que le régime islamiste iranien. C’est affirmer qu’en matière d’armes nucléaires, on ne peut pas faire plus confiance aux Israéliens qu’aux Iraniens parce que nous les soupçonnons d’intentions génocidaires.

Goldberg écrit:

Sur les menaces par l’Iran de détruire l’Etat juif – qui a été bâti sur les cendres de l’holocauste allemand – le silence de Grass est révélateur.

 Si par “bâti sur les ruines de l’holocauste allemand,” Goldberg se réfère au passage de Benny Morris selon lequel certains soldats Juifs en Palestine, récemment sortis des camps de concentration, considéraient les Arabes qu’ils avaient en face d’eux comme si c’étaient des soldats Nazis, c’est effectivement bien vu.

Mais qu’on me permette de relever qu’un seul pays, Israël, en a menacé un autre de le frapper en premier.

Le président d’un seul pays, Shimon Peres, a implicitement menacé d’une frappe militaire qui pourrait rayer l’autre pays de la face de l’histoire.

Le président Ahmadinejad, comme Khroutchev et Reagan, peut être critiqué pour sa rhétorique incendiaire. Mais pas pour des menaces d’attaquer le premier.

Et n’oublions pas qu’Israël avait menacé l’Iran d’une attaque préventive en 2003, avant l’élection à la présidence d’Ahmadinejad.

Peut-être M. Goldberg nous donnera-t-il un lien [internet] cers les menaces iraniennes d’action militaire iranienne pour détruire l’Etat juif en l’attaquant le premier. Sur ce point, son silence est éloquent.

 (Coups de chapeau à Marsha B. Cohen dont le post indispensable sur le coût humain d’une attaque israélienne sur les sites nucléaires iraniens devrait être lu par quiconque s’intéresse à l’Iran, à Israël – ou à l’humanité).

Günter Grass, l’Iran et l’exceptionnalisme du génocide nazi

11 avril 2012

Je vais vous proposer deux articles sur le récent poème publié par Günter Grass et qui continue à susciter beaucoup d’émotion dans la planète sioniste et chez ses partisans indécrottables. 

Voilà-t-y pas que l’écrivain se voit taxé d’antisémite et qu’on a suggéré à l’académie suédoise de retirer à Günter Grass son prix Nobel de littérature (par contre le criminel Shimon Peres peut garder celui de la paix !).

Je vous livre ici le premier article qui est dû à Tariq Ali et qui se veut une charge sans appel contre ceux qui posent le dogme du caractère unique de ce qu’ont subi les Juifs pendant la seconde guerre mondiale.

En effet, Tariq Ali ne conteste absolument rien sur l’ampleur des crimes commis contre les Juifs, puisqu’il se réfère même à Raul Hilberg, c’est dire !

Il pose simplement deux choses.

La première, c’est que non, tous les Allemands ne sont pas coupables des crimes du nazisme et que non, ils ne doivent pas endosser une culpabilité pour l’éternité.

La deuxième, exemples à l’appui, c’est que le crime commis par l’Allemagne nazie n’est unique que par ses méthodes, mais ni dans son idéologie, ni dans son ampleur 

Les attaques ignobles contre Günter Grass

par Tariq Ali, Counterpunch (USA) 10 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’écrivain Allemand Günter Grass Le Tambour] avait déjà prévu la réaction à son poème publié dans SüdDeutsche Zeitung. On n’a aucune raison d’être surpris, mais on a toute raison d’être dégoûté. En Allemagne, aussi bien les élites qu’une partie de la population semble avoir accepté la thèse honteuse de Goldhagen selon laquelle tous les Allemands ont été coupables des crimes du IIIème Reich. Cette thèse va aujourd’hui encore plus loin : tous les Allemands sont coupables pour l’éternité des crimes du IIIème Reich. 

Derrière cette façon de penser, on trouve l’argument sioniste et prosioniste selon lequel le crime contre les Juifs Européens était unique dans les annales de l’histoire. C’était vrai en ce qui concerne les méthodes d’extermination, mais pas sous les autres aspects. Les Belges ont massacré les Congolais en plus grand nombre : plus de dix millions selon l’historien Adam Hochschild. Le massacre des Arméniens pendant la première guerre mondiale avait été systématique et on pourrait poursuivre en évoquant l’atomisation d’Hiroshima et de Nagasaki, mais comparer un massacre ou un génocide à un autre est un exercice futile. Raul Hilberg, le plus grande autorité historique sur le judéocide était irrité par les usages qui étaient fait de ce crime à l’époque actuelle.

Certains membres du gouvernement d’extrême droite, Lieberman [Joe Lieberman, politicien américain démocrate ou républicain au gré des intérêts de Sion] en particulier, qui dirigent israël aujourd’hui ont utilisé une rhétorique proto-fasciste contre les Arabes Palestiniens. N’avons-nous pas le droit de le souligner ?

Que le gouvernement israélien ait poussé l’administration Bush à entrer en guerre contre l’Irak est un secret de Polichinelle. Tout comme la déclaration de l’ambassadeur Israélien aux Etats Unis le lendemain de la chute de Bagdad : ‘Ne vous arrêtez pas. Allez jusqu’à Damas et Téhéran.’ N’avons-nous pas le droit de le critiquer ? prendre pour cibles et tuer de jeuns palestiniens à Gaza et ailleurs, c’est très bien, pas vrai ?

Günter Grass a été très modéré dans ses critiques. Il s’est concentré sur le bellicisme israélien par rapport à l’Iran. Il aurait pu en dire beaucoup plus. Le fait qu’il faille, en France ou en Allemagne, du courage politique pour dire  seulement ce qu’il a dit  donne une triste image de la culture politique dans ces deux pays. En ce qui concerne les attaques contre Grass pour ses activités à l’époque de la guerre Grass portait l’uniforme de la Waffen SS], elles sont en dessous de tout. Les Israéliens avaient été enchantés quand l’ancien premier ministre Italien Gianfranco Fini, dont le parti est l’héritier direct de Mussolini, était venu en Israël et avait fait l’éloge du mur de séparation]. Le passé de son parti lui avait été pardonné. Parce que le passé n’importe que quand la personne critique Israël. Les anciens nazis qui occupèrent diverses responsabilités dans le république Fédérale d’après-guerre et qui avaient plaidé pour des réparations et soutenu Israël, on ne les a jamais critiqués non plus.

Les citoyens Allemands devraient m éditer ce qui suit : ce ne sont pas les palestiniens qui furent responsables de la mort de millions de Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Les Palestiniens sont pourtant devenus les victimes indirectes du judéocide. Ceux à qui on a fait du mal, font à leur tour du mal à d’autres.

Alors pourquoi aucune sympathie pour les Palestiniens ?

Objectif atteint pour le poème de Günter Grass

8 avril 2012

L’écrivain Allemand Günter Grass vient de publier sous forme de poème un texte qui veut alerter l’opinion de son pays sur la menace que fait peser l’arsenal nucléaire sioniste sur la paix mondiale.

Bien sûr, les partisans du régime sioniste n’ont pas tardé à pourfendre aussi bien le texte que l’homme en rappelant que le prix Nobel de littérature avait un sombre passé nazi.

Effectivement, comme beaucoup d’Allemands de sa génération, le Pape Benoît XVI par exemple, il a servi dans l’armée nazie, la Waffen-SS plus précisément.

Il convient cependant de rappeler que Günter Grass avait 17 ans en 1944…

Les autorités sionistes viennent de le déclarer persona non grata dans l’Etat voyou où on s’est empressé de le taxer d’antisémite.

M. Grass, nous dit-on aurait été unanimement cloué au pilori dans son propre pays.

Certes, il a été cloué au pilori par cette classe politique qui prétend lier indissolublement le destin de l’Allemagne à l’entité sioniste pour prix des crimes commis dans la première moitié du 20ème siècle.

Au point de prétendre dissuader le gouvernement sioniste de lancer une agression en lui offrant à prix réduit un 6ème sous-marin Dolphin capable d’emporter des missiles balistiques (plus intelligent, plus bête disait mon père).

Pourtant Günter Grass n’a fait qu’interpeller l’opinion de son pays sur la menace que fait peser l’entité sioniste sur la paix mondiale. Une menace qui est d’ailleurs claironnée par les responsables sionistes eux-mêmes qui n’ont de cesse d’annoncer leur volonté de bombarder l’Iran, si possible avec l’accord des Etats Unis, ou mieux leur participation.

"Ce qui doit être dit", le poème de Günter Grass qui lui a valu la réaction haineuse du lobby sioniste

« Ce qui doit être dit », le poème de Günter Grass qui lui a valu la réaction haineuse du lobby sioniste

Et les commentateurs Occidentaux ne se préoccupent que de la riposte éventuelle de l’Iran contre le régime sioniste, sans se préoccuper des victimes et des destructions infligées à l’Iran, sans parler de la catastrophe écologique entraînée par le bombardement d’installations atomiques.

Reste que contrairement à ce qui a été dit, Gunter Grass n’a pas été cloué au pilori dans son pays puisque nous pouvons lire que

Plusieurs manifestations pour la paix se rangent derrière Gunter Grass

ou

Nombreux soutiens à Günter Grass

Günter Grass voulait simplement lancer un débat sur la menace sur la paix que pose le gouvernement sioniste et son objectif a semble-t-il été atteint si on en juge par les soutiens qu’il a recueillis ou encore par cet édito paru dans le Spiegel, sous la plume de Jakob Augstein.

On notera bien que l’auteur de l’édito ne se départit pas d’une attitude prosioniste et hostile à l’Iran puisqu’il met dos à dos les deux pays dans le chantage à la guerre dans le contexte d’une course à l’armement atomique. Ce faisant il s’expose d’ailleurs à une charge pour antisémitisme car comment oser mettre dos à dos l’Etat juif et l’Iran ?

Or, c’est bel et bien le régime sioniste qui menace l’Iran d’une agression, et non l’inverse. C’est le régime sioniste qui dispose déjà de l’arme atomique et des vecteurs pour l’utiliser. Enfin, c’est l’Iran et non le régime sioniste qui fait l’objet de sanctions unilatérales destinées à asphyxier son économie.

Mais quand on en vient à l’Iran et au régime sioniste, comme dans l’inconscient freudien la contradiction n’existe pas.

Par exemple, Jakob Augstein écrit que

Israël, un pays qui a été entouré d’ennemis depuis des dizaines d’années, beaucoup d’entre eux considérant qu’Israël n’a pas le droit d’exister – quelles que soient ses options politiques.

Pourtant, si on examine les pays qui sont à proximité de l’Etat sioniste, nous en voyons deux (l’Egypte et la Jordanie) qui sont liés par traité avec lui ; Chypre qui fait partie de l’Union Européenne et est de ce fait tout sauf ennemie de l’Etat sioniste, et la Turquie qui a longtemps été le seul pays musulman à reconnaître l’Etat juif. Restent deux pays en état de conflictualité armée avec Tel Aviv : le Liban et la Syrie, aucun des deux ne représentant une menace réelle. On peut ajouter l’Arabie Saoudite qui est plutôt une alliée objective du gouvernement sioniste.

Alors où Jakon Augstein trouve-t-il ce « beaucoup » ? Mystère !

Un point de vue sur Günter Grass

Pourquoi nous avons besoin d’un débat ouvert sur Israël

Un commentaire de Jakob Augstein, Der Spiegel (Allemagne) 6 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Israël est-elle une menace pour la paix mondiale? L’écrivain Allemand Günter Grass a été taxé d’antisémite cette semaine pour l’avoir affirmé dans un nouveau poème. Mais si ces vers n’auront peut-être pas de prix littéraire, Grass a donné le coup d’envoi d’un débat important –  et attendu depuis longtemps. Et il a raison.

Ce n’est pas un grand poème. Ce n’est pas non plus une brillante analyse politique. Mais les quelques lignes que Grass a publiées sous le titre « Ce qui doit être dit » seront vues un jour comme ses mots qui auront eu la plus forte influence. Ils marquent une rupture. C’est cette simple phrase que nous ne pourrons pas ignorer à l’avenir : «La puissance nucléaire d’Israël met en danger une paix mondiale déjà fragile.»

C’est cette phrase qui a déclenché un tollé. Parce qu’elle est vraie. Parce que c’est un Allemand, un prix Nobel qui l’a dite. Parce que c’est Günter Grass qui l’a dite. Et c’est là que réside la rupture du tabou. Et c’est pour cela qu’il faudrait remercier Grass. Il a pris sur lui de dire ces mots pour nous tous. Un dialogue très tardif a commencé.

C’est une discussion sur Israël et sur l’éventualité de préparatifs d’Israël pour une guerre contre l’Iran, un pays dont le président Mahmoud Ahmadinejad a menacé Israël dont il parle comme d’un «cancer» qui doit être «rayé de la carte.» Israël, un pays qui a été entouré d’ennemis depuis des dizaines d’années, beaucoup d’entre eux considérant qu’Israël n’a pas le droit d’exister – quelles que soient ses options politiques.

C’est une guerre qui pourrait précipiter le monde dans l’abîme. Quand un Allemand parle de ce genre de choses, l’Allemagne doit participer à la discussion avec sa responsabilité historique.

Ce genre de débat suit un modèle préétabli. Grass savait qu’il serait taxé d’antisémite – un risque pris par n’importe quel Allemand qui critique Israël. De fait, Mathias Döpfner – le responsable de la maison d’adition Axel Springer, la société mère de Bild, le plus grand journal quotidien du pays – a accusé Grass « d’antisémitisme politiquement correct » dans un éditorial paru jeudi. Döpfner, un homme qui se targue d’être le gardien des relations israélo-allemandes, suggérait aussi que Grass devrait être envoyé dans un centre de réhabilitation historique tout en lançant quelques piques sur la participation longtemps tenue secrète de Grass à la Waffen-SS. Oui, Grass dait faire face également à ce genre d’accusation.

Grass est un réaliste

Mais Grass n’est ni un antisémite, ni un zombie de l’histoire allemande. Grass est un réaliste. Il dénonce le fait que les installations nucléaires israéliennes « ne soient pas accessibles à des inspections.» Il objecte à la politique allemande en matière d’exportations d’armes avec la livraison à Israël d’un autre sous-marin capable de lancer des missiles nucléaires. » Et il rejette d’un ton las « l’hypocrisie de l’Occident,» qui – il ne le dit pas explicitement – a été le principe directeur de nos politiques au Moyen Orient, de l’Algérie à l’Afghanistan.

Grass écrit aussi des absurdités. Il poursuit en expliquant pourquoi il s’est tu si longtemps et pourquoi il ne gardera plus le silence maintenant – « âgé et avec mes dernières gouttes d’encre » – et qu’il veut libérer les autres du sentiment de devoir rester silencieux. Cette partie n’est pas très bien formulée. Il avertit aussi du risque d’annihilation du peuple iranien, ce qui n’est certainement pas prévu dans l’agenda politique israélien. Le teste aurai pu être mieux protégé contre la critique. Mais il atteint néanmoins son objectif.

Après tout, quelqu’un nous a enfin tirés de derrière l’ombre des paroles prononcées par la chancelière Angela Merkel lors d’une visite à Jérusalem en 2008. A l’époque, elle avait dit que la sécurité d’Israël relevait de la raison d’Etat pour l’Allemagne. Pour éviter tout malentendu, avait-elle ajouté, « C’est une réalité, et non des paroles qui resteraient vaines si venaient des temps difficiles.»

Helmut Schmidt, chancelier Allemand de 1974 à 1982, avait dit qu’avoir un sentiment de responsabilité pour la sécurité d’Israël est « compréhensible émotionnellement » mais est une conception  téméraire qui pourrait avoir des conséquences graves.». Si une guerre éclatait entre Israël et l’Iran, poursuivait-il, « alors, selon cette conception, les soldats Allemands devraient combattre également.» Depuis cette époque, Israël a considéré l’Allemagne comme étant le seul pays, avec les Etats Unis, sur lequel elle peut compter.

Le monde retient son souffle

Actuellement, avec le soutien des Etats Unis dont les présidents doivent s’assurer du soutien des organisations du lobby juif en période électorale ainsi qu’avec celui d’une Allemagne où la repentance historique a pris une dimension militaire, le gouvernement Netanyahou tient en haleine le monde entier. « L’Israël de Netanyahou a dicté l’ordre du jour au reste du monde comme aucun petit Etat n’a jamais pu le faire auparavant, » écrit le journal israélien Haaretz. Des cours du pétrole au terrorisme, le monde a de nombreuses raisons de craindre une guerre entre Israël et l’Iran.

Personne ne prétend que l’Iran dispose déjà d’une bombe atomique. Personne ne sait si l’Iran travaille vraiment à une telle bombe. Au contraire, les responsables des services secrets américains pensent que l’Iran a stoppé son programme de développement d’armes atomiques en 2003.

Ces éléments n’intéressent cependant pas les Israéliens. Pour eux, la question n’est plus d’empêcher les Iraniens d’obtenir la bombe atomique. Il s’agit maintenant d’empêcher – et plus d’être en mesure d’empêcher – les Iraniens d’être en capacité de produire une telle bombe. Ils ne veulent pas s’embarrasser du problème qu’ont eu les USA avec l’Irak. Les Américains continuaient à penser qu’ils devaient donner la preuve que leur adversaire disposait d’armes de destruction massive. Mais ces preuves n’avaient pas pu être trouvées en Irak – pas plus que de telles armes. Alors, les Américains avaient simplement fabriqué les preuves dont ils avaient besoin.

Israël a lancé un ultimatum au monde. Elle ne veut pas fournir de preuves que l’Iran possède une bombe. Elle ne veut pas non plus apporter de preuves que l’Iran serait en train de construire une bombe. La position d’Israël est simple : elle ne veut pas que l’Iran atteigne la «zone d’immunité.»

En conséquence, Israël menace de lancer une attaque avant que les Iraniens soient en mesure d’enterrer leurs installations atomiques si profondément sous la roche que même les bombes anti-bunkers les plus puissantes ne pourraient plus les atteindre.

Il est temps de faire pression sur Israël

Israël et l’Iran jouent une partie de poker que tous les deux peuvent gagner tant qu’il n’y a pas de guerre. La presse tabloïd qualifie Ahmadinejad de «cinglé de Téhéran.» Mais il n’est pas fou. Il veut rester au pouvoir et a réprimé l’opposition dans son pays dans ce but. Le sang avait coulé il y a trois ans quand il avait écrasé des manifestations contre son pouvoir, mettant en prison de nombreux opposants dans la foulée.

Ahmadinejad laisse intentionnellement le monde dans le flou sur ses intentions pour le nucléaire. Il profite de son ambigüité stratégique tout comme les Israéliens profitent de leurs menaces de guerre. Les deux pays s’aident l’un l’autre à étendre leur influence bien au-delà de ce que leurs dimensions méritent réellement.

De façon perverse, ils se retrouvent en état de dépendance mutuelle. Et les choses auraient pu rester leur problème propre s’ils n’avaient pas pris le monde entier en otage. Comme l’écrit Grass, le temps est venu d’exiger « un contrôle permanent et sans entraves du potentiel nucléaire d’Israël et des installations nucléaires de l’Iran par une entité internationale qui aurait l’approbation des gouvernements des deux pays » .

En ce moment, l’Iran éprouve la pression des sanctions. Mais le temps est venu d’exercer certaines pressions sur Israël aussi. Remarquez que celui qui dit ce genre de chose n’est pas en train d’essayer « de relativiser la culpabilité des Allemands en transformant les Juifs en fautifs» comme l’affirme Mathias Döpfner. Nous ne parlons pas ici d’histoire de l’Allemagne. Nous parlons du monde. Et nous parlons du temps présent.


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