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La route de la Turquie reste ouverte pour ceux qui veulent combattre en Syrie

31 octobre 2013

L’article que je vous propose évoque le transit par la Turquie de combattants qu’on qualifie de «djihadistes» et qui veulent rejoindre les milices qui combattent le régime syrien.

Ce que montre l’article, c’est que ce transit est organisé avec des hommes qui assurent l’acheminement et le contrôle des futures recrues, pour détecter la présence d’espions éventuels, s’appuyant pour cela sur tout un réseau de planques en Turquie, notamment le long de la frontière syro-turque.

L’article n’affirme pas que le gouvernement turc participe à cet acheminement de combattants étrangers, mais suggère qu’il ferme au minimum les yeux.

On retiendra les pauvres arguments de la police turque pour justifier son incapacité à endiguer l’entrée en Syrie de voyageurs à qui on ne peut rien reprocher du fait que leurs papiers sont en règle!

Ce qui est certain par contre, c’est que les autorités turques ont perdu le contrôle d’un phénomène qu’elles ont tout fait au départ pour encourager.

Et que certaines agglomérations du sud-est du pays sont désormais sous le contrôles des milices djihadistes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Comme je l’écrivais tantôt, des lendemains douloureux attendent le gouvernement turc quand la crise syrienne sera terminée (et peut-être même avant) et ce, quelle que soit l’issue de cette crise, que Bachar al-Assad reste en place ou pas.

Les recrues d’al Qaïda pénètrent en Syrie à partir de leurs planques en Turquie

Des djihadistes étrangers – dont des Britanniques – affluent en Syrie pour rejoindre al Qaïda à partir de planques en Turquie

par Ruth Sherlock, The Daily Telegraph (UK) 31 octobre 2013

Des centaines de recrues d’Al-Qaïda sont accueillies dans des centres d’hébergement dans le sud de la Turquie, avant d’être transférées clandestinement vers la frontière pour mener le « djihad » en Syrie, a appris le Daily Telegraph.

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Le réseau de planques permet à un flux régulier de combattants étrangers – dont des britanniques et des Australiens – de participer à la guerre civile en Syrie, selon plusieurs personnes impliquées dans le dispositif.

Ces djihadistes étrangers ont largement éclipsé l’aile «modérée» des rebelles de l’Armée Syrienne Libre (ASL) qui a le soutien de l’Occident. La capacité d’al Qaïda à utiliser le territoire turc va soulever des interrogations sur le rôle que joue ce pays membre de l’OTAN dans la guerre civile en Syrie.

La Turquie soutient les rebelles depuis le début – et on supposait que son gouvernement partageait les préoccupations occidentales au sujet d’al Qaïda. Mais des spécialistes disent qu’on craint de plus en plus le risque que la Turquie puisse avoir perdu le contrôle des mouvements des nouvelles recrues d’al Qaïda – voire même qu’elle ferme les yeux.

«Chaque jour arrivent des moudjahidine de toutes nationalités,» déclare Abu Abdulrahma, un bénévole Jordanien qui supervise le flux de combattants étrangers. Il gère un réseau de centres d’accueil dans le sud de la Turquie pour les volontaires qui souhaitent rejoindre la branche d’al Qaïda en Syrie, connue sous l’appellation d’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Il s’exprimait depuis une planque d’al Qaïda, au moyen du compte Skype d’un intermédiaire tout en étant écouté par des volontaires de plusieurs pays, dont la Grande Bretagne.

Une fois que le volontaire est arrivé en Turquie, il y a des «procédures» avant qu’il puisse rejoindre al Qaïda, explique Abu Abdulrahman: «Si vous voulez entrer [dans al Qaïda], vous devez être un bon musulman. Nous devons enquêter pour être sûrs que vous n’êtes pas un espion. Si vous êtes étranger, quelqu’un de notre réseau doit vous recommander,» dit-il.

Ces planques sont en général des appartements loués sous de faux noms dans des villages proches de la frontière turque avec la Syrie. Les recrues doivent parfois attendre des semaines avant d’être autorisées à franchir la frontière. Les logements sont aussi utilisés comme lieux de repos pour les combattants d’al Qaïda qui reviennent du front syrien.

Il y peut-être 10 000 combattants étrangers en ce moment en Syrie, selon des experts. Certains sont des vétérans endurcis par la guerre en Irak, d’autres sont des jeunes «des bleus du djihad» et une part significative d’entre eux vient de pays occidentaux.

Abu Abdullah, un volontaire Australien, dit être parti pour aller combattre en Syrie parce qu’un «mode de vie occidental est contre l’Islam», Il a aussi été révulsé par les atrocités commises par le régime du président Bachar al-Assad.

« Quand vous voyez des femmes et des enfants – n’importe quel être humain – être abattus ou violés ou tués devant leurs pères et leurs familles, tout simplement parce qu’ils prient Dieu [Allah], vous devez être ému par leur humanité. Le prophète Muhammad a dit que si une partie du corps est blessée, alors le reste du le corps ne peut connaître le repos. Si une seule personne est blessée et si quelque chose va contre l’Islam, nous avons le devoir de réagir.»

Mais Abu Abdullah hésite quand il essaye de se rappeler un passage du Coran [justifiant ses dires, NdT]: «Je suis désolé, je ne suis pas le plus compétent des musulmans. Dieu, pardonne-moi pour cela « , dit-il.

Charles Lister, d’IHS Jane’s, un consultant défense, déclare: «Il existe de fortes présomptions sur le fait que le nombre de djihadistes en Syrie est en augmentation. Si on examine par exemple la nature de la présence de l’EIIL, l’aire géographique de présence des étrangers est en expansion. Ce qui a probablement un rapport avec la facilité avec laquelle les recrues peuvent traverser la frontière.»

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Un autre analyste dit que la Turquie «ferme les yeux» devant le nombre de combattants étrangers qui entrent en Syrie via son territoire, y compris en passant par Antakya, la capitale de la province limitrophe de Hatay. Le résultat, ajoute-t-il, est que les djihadistes sont devenus une épine dans le pied de la Turquie, ayant pris de facto le contrôle de villes et de villages proches de la frontière.

Les officiels Turcs contestent ces affirmations avec véhémence et mettent l’influx de combattants à l’échec de la communauté internationale à mettre fin à la guerre en Syrie. «Nous n’avons jamais été laxistes sur ce problème. Nous ne tolérons pas la présence d’extrémistes et d’éléments terroristes sur notre sol,» déclare un officiel Turc. «Si des djihadistes sont passés [par notre territoire], c’est à notre insu et hors de notre contrôle. La présence d’extrémistes en Syrie est un motif de préoccupation pour la Turquie et d’autres pays – et la raison pour laquelle le nombre de djihadistes en Syrie continue de croître en Syrie tient à l’échec de la communauté internationale à résoudre la crise actuelle.»

Cet officiel appelle les pays étrangers à ne pas «pointer seulement la responsabilité» de la Turquie et à oeuvrer à renforcer la surveillance de leurs citoyens qui pourraient vouloir aller en Syrie: «Sauf si on nous donne des informations sur l’appartenance de ces gens à al Qaïda, à une organisation terroriste, sur quelle base juridique pouvons nous les stopper s’ils voyagent avec un passeport valide?»

La police turque essaye de fermer les planques d’al Qaïda en faisant des descentes dans les appartements où des renseignements ont signalé une présence d’al Qaïda. Et les autorités turques ont commencé à améliorer la qualité des contrôles à la frontière. Mais avec plus de 800 kilomètres de frontières communes entre la Turquie et la Syrie, et avec le grand nombre de djihadistes étrangers qui arrivent dans le pays, les autorités ont été pour l’instant incapables de couper le robinet. Si la police arrête quelqu’un, elle ne peut pas l’incarcérer ni le renvoyer dans son pays d’origine parce qu’il est difficile de prouver qu’il est membre de l’EIIL, jubile un djihadiste.

Dans la ville frontalière de Kilis, à trois heures de route d’Antakya, les djihadistes se sentent suffisamment à l’aise pour siroter le café dans les halls d’hôtels en discutant tranquillement avec leurs collègues. Cette semaine, le Telegraph a discuté avec un membre de l’EIIL dans uns de ces hôtels, Que la Turquie le veuille ou pas, «elle a été très bonne avec nous,» dit en clignant de l’oeil le djihadiste qui souhaite rester anonyme.

Armes chimiques en Syrie, les premières inculpations.

13 septembre 2013

Le gouvernement turc est un des plus fermes soutiens à l’opposition syrienne armée à laquelle il fournit une aide multiforme.

Il n’empêche que la justice turque vient d’inculper un «rebelle» syrien dont une des activités consistait à acheter des substances chimiques dont certaines qui entrent dans la composition du gaz sarin.

Le sarin est ce gaz de combat que les forces gouvernementales syriennes sont accusées d’avoir utilisé en août dernier dans la périphérie de Damas.

Laurent Fabius devrait aller expliquer à la justice turque qu’elle fait fausse route et que c’est Bachar al-Assad quelle devrait inculper.

 

Des groupes de rebelles syriens ont essayé d’acheté des composants d’armes chimiques, affirment des procureurs

ADANA – Doğan News Agency, Hürriyet (Turquie) 12 septembre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un procureur a bouclé le 12 septembre son acte d’inculpation dans le cadre d’une enquête sur les substances chimiques saisies dans la province méridionale de Hatay. Il affirme que des groupes de rebelles djihadistes syriens avaient cherché à acquérir des matériaux qui pouvaient être utilisés dans la production de sarin, un gaz extrêmement toxique.

L’acte d’accusation qui comprend des transcriptions de plusieurs conversations téléphoniques entre les suspects impliqués indique qu’un citoyen syrien âgé de 35 ans, identifié sous le nom d’Hytham Qassap était entré en contact avec un réseau en Turquie afin de se procurer des substances chimiques pour le Front al-Nosra et les djihadistes des brigades Ahrar al-Sham.

L’acte d’accusation  a rejeté la validité des déclarations des suspects selon lesquelles ils ignoraient que les substances chimiques qu’ils essayaient d’obtenir pouvaient servir à produire du gaz sarin.

“Les suspects ont plaidé non coupable en affirmant qu’ils ne savaient pas que les substances qu’ils essayaient d’acquérir pouvaient servir à fabriquer du gaz sarin. Les suspects n’ont cessé d’énoncer des faits incohérents et contradictoires sur cette question,» indique l’acte d’accusation.

Les magistrats ont aussi signalé que les fournisseurs turcs des substances chimiques avaient dit au principal suspect, Qassap lors des conversations téléphoniques, que deux des huit produits chimiques qu’il essayait d’acquérir étaient soumis à approbation par l’Etat.

L’acte d’accusation contient aussi le témoignage de Qassap où il avoue ses liens avec les brigades Ahrar al-Sham et s’être rendu à Antakya sur ordre de leur chef, Abu Walid. «Après mon arrivée à Antakya, d’autres groupes rebelles sont entrés en contact avec moi. Tandis que certains le demandaient des médicaments et d’autres fournitures de nature humanitaire, d’autres voulaient obtenir de l’équipement militaire,» a-t-il dit aux procureurs.

Onze personnes en tout avaient été arrêtés au cours d’une enquête lancée en mai dernier après que la police avait reçu un tuyau suggérant que certains groupes de rebelles syriens cherchaient à se procurer des matériaux qui pouvaient servir à produire des armes chimiques.

Qassap et cinq suspects turcs ont été arrêtés tandis que cinq autres ont été relâchés. Ces derniers ont été libérés après que des tests en laboratoire ont démontré que les substances saisies durant l’opération n’étaient pas du gaz sarin.

 

Montauban, Toulouse, Boston, Reyhanli, Londres: terrorisme et affaires d’Etat

23 mai 2013

Je ne sais pas pourquoi, mais presque à chaque fois que des tueurs (ou présumés tels) commettent des crimes atroces, par exemple Mohamed Merah à Montauban et à Toulouse, les frères Tsarnaev à Boston, ou tout récemment Michael Adeboloja et un autre individu qui ont sauvagement assassiné (sans le décapiter cependant contrairement à ce qui avait été d’abord annoncé)un soldat à Londres, on constate qu’ils  avaient fait l’objet d’un suivi par les services de renseignements et la police.

Michael Adeboloja  et son complice étaient en effet connus du MI 5 (renseignements intérieurs britanniques) comme le signale la presse anglo-saxonne. Un des deux tueurs de Londres avait même appartenu à une organisation interdite, al-Muhajiroun.

Ce qui est curieux, c’est que pour l’instant, aucune campagne de presse n’a été lancée ni en France, ni aux Etats Unis, pays où dit-on la presse est libre, pour dénoncer ce qui s’apparente à des scandales d’Etat.

On verra si l’Angleterre fera exception. J’en doute.

En Turquie, on est un peu plus audacieux. En effet, quelques jours après le double attentat de Reyhanli, attribué par le gouvernement turc aux autorités syriennes , qui a tué plus de cinquante personnes, un groupe de hackers dans l’esprit de WikiLeaks a rendu publiques des communications internes de la gendarmerie qui tendent à plaider pour une responsabilité du Jabhat al-Nosra, une organisation qui est un des fers de lance de la lutte armée contre le régime de Damas…

Le journal tuc Hürriyet rapporte qu’un gendarme a été mis aux arrêts et accusé d’être à l’origine de la fuite qui ne serait pas due à un piratage informatique mais du fait d’un simple gendarme qui aurait photographié puis envoyé par mail certains documents à Redhack.

Ce que cette organisation réfute par un communiqué qui dit en substance :

“si ce gendarme est la personne qui nous a livré l’information, comment se fait-il que nous ayons su avant elles [les autorités] qu’une chasse aux sorcières avait été lancée dans l’armée et qu’on sacrifierait des fonctionnaires ‘innocents’ ? » a déclaré l’organisation via Twitter.

Redhack avait twitté plusieurs heures avant l’annonce [par le gouvernement] que les autorités allaient essayer de faire porter le chapeau à un «pauvre soldat. »

Redhack rend publics des câbles sur les explosions de Reyhanli

Redhack a rendu publics une série de communications internes aux services de sécurité qui révèlent les préparatifs du double attentat de Reyhanli  vus par des documents top secrets des services de renseignements de la gendarmerie.

İstanbul – BIA News (Turquie) 22 mai 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

 Redhack, un groupe de hackers Turcs, a publié une série de câbles qui révèlent ce qui était connu des préparatifs du double attentat de Reyhanlı d’après les fichiers top secrets des services de renseignements de la gendarmerie turque.

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Les fichiers top secrets rendus publics par le groupe sont dates du 20 mai – 9 jours après l’attentat meurtrier qui a tué 51 civils dans la ville méridionale de Reyhanli, province de Hatay.

Un câble donne des détails sur plusieurs véhicules charges de bombes et d’explosifs destines à être livrés à des organisations liées à al Qaïda en Syrie.

Les bombes et les explosifs doivent server à une attaque contre la Syrie, lit-on dans le câble.

Un autre câble rapportait que des militants du Jabhat al-Nosra avaient transféré les bombes et les explosifs dans trois autres véhicules devant être utilisés dans une attaque contre la Turquie – une information qui venait confirmer la première.

Un troisième câble affirmait que les responsables au quartier général de la police au Hatay avaient reçu un appel anonyme qui alertait sur l’attentat à venir et donnait des informations sur certaines des allégations parues dans les medias.

* Cliquez ici pour accéder aux câbles publiés par Redhack (en turc).

Dans la ville turque martyre, l’hostilité à l’égard des « réfugiés » Syriens est à son comble

12 mai 2013

Comme on l’a dit, les attentats à la voiture piégé qui ont endeuillé la Turquie ont eu lieu dans une ville et une région (le Hatay) favorables au gouvernement syrien et où l’exaspération à l’égard des réfugiés venus du pays voisin n’a cessé de croître.

Non pas que les gens de la province répugnent à aider des voisins en difficulté, mais plus vraisemblablement qu’ils ne supportent plus les agissements des réfugiés en question.

Ces derniers étant avant tout des miliciens et des hommes d’affaires se comportent comme tels : ils tiennent des commerces dans lesquels ils vendent à bas prix les marchandises pillées de l’autre côté de la frontière et ils se promènent en armes, comme s’ils étaient en terrain conquis ou à… conquérir.

C’est de fait un Etat dans l’Etat qui s’est constitué au Hatay sous les auspices d’un gouvernement turc qui aura sans doute bien du mal à faire rentrer dans sa boîte le «diable» qu’il a encouragé à combattre les autorités du pays voisin.

Ce «diable» ignore les frontières et pour lui, le Hatay fait partie de la Syrie, et c’est là un point où il est d’accord avec Bachar al-Assad.

Mais à la différence de Bachar al-Assad, les takfiristes et autres «djihadistes» vont faire, et font déjà, comme si la frontière n’existait plus.

Si cette situation n’est déjà pas reluisante telle quelle, elle risque de s’envenimer aussi bien en cas de victoire que de défaite des «rebelles.»

En effet, en cas de victoire les rebelles parvenus au pouvoir à Damas (ou à Alep) revendiqueront officiellement la province du Hatay. En cas de défaite, ils seront contraints de refluer en masse dans la province où ils animeront une guérilla cette fois hostile au gouvernement turc.

Bon, j’élucubre un peu mais la logique des événements va vers quelque chose d’approchant. 

Fortes tensions dans ce moment de funérailles au Hatay

HATAY – Hürriyet Daily News (Turquie) 12 mai 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri 

Le bilan des victimes des deux attentats à la voiture piégé à Reyhanli dans la province méridionale du Hatay a atteint 46 tués, a annoncé aujourd’hui le vice premier ministre Beşir Atalay tandis que les funérailles des victimes se tiennent dans une ambiance de vive tension.

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Obsèques d’une victime des attentats de Reyhanli

De nombreux habitants ont déjà quitté Reyhanli après le 11 mai et la plupart logent temporairement chez des proches dans d’autres villes, indiquent des habitants de la ville.

Seules les maisons où se tenaient des funérailles étaient pleines de membres des familles des victimes et de voisins.

La tension était très vive pendant les funérailles et les proches des victimes, maudissant la Syrie, accusaient les autorités «de ne pas avoir pris les mesures nécessaires autour de la frontière».

“Personne ne les aime”, déclare un habitant qui a survécu aux attentats, parlant ainsi des réfugiés Syriens qui se trouvent ici. Fatih Gül, dont le cousin âgé de 35 ans reste porté disparu, affirme que les réfugiés Syriens sont responsables des attentats. «Après les explosions, une voiture syrienne a été retournée ici, et les gens les ont frappés [ceux qui étaient dans la voiture], a-t-il dit au journal Hürriyet. Trois jours seulement avant les attentats, un affrontement s’était produit entre habitants de la ville et Syriens au même endroit où ont eu lieu les explosions, dit-il.

Des ressortissants Syriens ont aussi commence à quitter la ville car, selon eux, ils “ne peuvent pas vivre en sécurité en Turquie non plus.”

Mahmud Abdul et sa famille, arrives en Turquie il y a trois mois, ont quitté la ville ce matin, indiquant qu’ils allaient rentrer en Turquie par le poste frontière de Kilis.

 «La guerre continue en Syrie, mais nous ne sommes pas en sûreté ici non plus, et les gens du coin ne veulent pas de nous, nous avons été menacés,» a déclaré Abdul au journal Hürriyet tandis qu’il vidait son logement.

Attentats de Reyhanli: d’une manière ou d’une autre, la Turquie va payer le prix de ses basses manoeuvres contre la Syrie

11 mai 2013

Je publie un article que j’avais préparé mais oublié de poster. Je le fais maintenant car il est en plein dans l’actualité compte tenu des attentats meurtriers qui viennent d’être perpétrés à Reyhanli, une bourgade turque frontalière avec la Syrie.

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Une voiture piégée vient d’exploser à Reyhanli

Au milieu de sa cacophonie habituelle, le gouvernement turc a déjà pointé un doigt accusateur en direction des autorités syriennes.

Pourtant,  on peut s’en rendre compte dans l’article que je vous propose, Reyhanli est une ville qui  exprime ouvertement, comme le reste de la province de Hatay, son soutien au régime syrien et son hostilité aux milices rebelles stationnées dans la ville sous l’appellation de « réfugiés ».

De là à penser que les « rebelles » ont décidé de faire d’une pierre deux coups en punissant les habitants de la ville et en faisant monter la tension entre la Turquie et la Syrie, il n’y a qu’un pas que je n’hésite pas à franchir. Et ce n’est peut-être qu’un début car on ne manipule pas sans risque pour sa propre sécurité les takfiristes et autres « djihadistes » comme les Américains en ont fait l’amère expérience en Libye tout récemment. Il y a quelques jours seulement, un policier Turc était tué à un poste frontière par des miliciens qui voulaient entrer dans le territoire turc, une preuve parmi d’autres que les forces déchaînées par Ankara commencent à lui échapper.

Le gouvernement turc se trouve maintenant devant deux solutions: mettre un terme à son appui aux prétendus rebelles et cesser de leur donner protection afin qu’une solution négociée puisse rapidement être appliquée; la deuxième consiste à entrer en guerre ouverte contre la Syrie.

Dans les deux cas, la Turquie devra de toute façon payer un prix élevé.

Contrairement à ce que certains croient, la Turquie n’est pas le pays qui accueille le plus de réfugiés Syriens. Si au début, elle a effectivement largement ouvert ses portes à l’afflux de réfugiés, dont beaucoup faisaient l’aller-retour entre les deux pays, elle n’a pas tardé à fermer presque complètement ses portes organise l’accueil en fonction des ses intérêts.

Ce qui n’empêche pas le gouvernement turc de clamer haut et fort sa générosité, sans oublier de rappeler ce que lui coûte l’accueil des réfugiés.

Les autorités turques omettent cependant de dire que si l’essentiel des coûts leur échoit, c’est en raison du refus d’Ankara de laisser l’administration des camps au Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR).D’une manière générale, les modalités adoptées par la Turquie ne sont pas conformes au droit international dans ce domaine.

Pour la bonne raison que les camps de réfugiés de Syriens en Turquie sont aussi des centres de formation et de commandement militaires pour les prétendus rebelles qui veulent renverser le régime baathiste en Syrie.

Si le gouvernement tuc a été finalement assez réticent à accueillir ces réfugiés Syriens, les habitants Turcs des régions ou sont installés ces réfugiés sont carrément exaspérés.

Des rumeurs d’insulte au drapeau turc  génèrent de la tension au Hatay

Zaman (Turquie) 7 mai 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Cinq personnes ont été brièvement détenues dans une ville turque près de la frontière syrienne après une bagarre entre des habitats de la ville et des réfugiés syriens qui auraient insulté le drapeau turc, ont rapporté les médias mardi.

La cause des affrontements dans la ville de Reyhanlı, dans la province du Hatay, n’était pas claire. Il y a eu des rumeurs selon lesquelles des Syriens réfugiés dans la ville avaient fait des gestes obscènes en direction du drapeau turc, ce qui a mis en colère de jeunes habitants de la ville. Le maire de Reyhanlı, Hüseyin Şanverdi, a cependant démenti toute insulte faite au drapeau turc mardi, indiquant qu’en réalité la dispute était en fait liée à une note de restaurant.

Des informations publiées sur le site internet du journal Radikal affirmaient que des habitants en colère sont descendus dans la rue lundi soir suite à des rumeurs selon lesquelles des Syriens avaient frotté leurs parties intimes avec le drapeau turc avant de le brûler  après une dispute avec un propriétaire de restaurant. Une foule s’est rassemblée dans la rue Atatürk, où de nombreux agents de police ont été déployés. Les policiers ont utilisé des bâtons pour disperser la foule. Les cinq personnes interpellées, parmi lesquelles des Turcs et des Syriens ont été libérées mardi.

 « Je demande à nos concitoyens de ne pas croire tout ce qu’ils entendent. Il n’y a eu absolument aucun drapeau brûlé. C’est ce qu’indiquent les rapports de nos services de police,» a déclaré le maire Şanverdi.

L’agence de presse Anatolia a d’autre part rapport que l’incident a éclaté pour des raisons inconnues, observant que des parents d’habitants de la ville et de Syriens se sont aussi joints à la dispute qui a dégénéré en affrontement. Quand la police a emmené cinq d’entre eux en garde à vue, le groupe des Turcs a formé un convoi et  défilé dans le centre ville avec des drapeaux turcs pour protester contre la police.

Par la suite, les manifestants se sont disperses dans les rues afin d’échapper à la police, et c’est à ce moment que sont intervenues la police anti-émeute et les forces d’opérations spéciales. Anatolia a rapporté que le groupe s’en est pris à deux voitures immatriculées en Syrie, brisant leurs fenêtres.

En Septembre 2012, un incident similaire entre réfugiés et population locale avait provoqué des manifestations de rue à Hatay, où un tiers de la population est d’origine arabe alaouite, la même secte que Bachar al-Assad en Syrie. Il avait fallu un certain temps pour apaiser les tensions dans la province.

L’Armée Syrienne « Libre » affame le peuple syrien

20 décembre 2012

On connaît bien As’ad AbuKhalil, alias Angry Arab sur ce blog. Ce professeur d’université qui intervient souvent dans les médias occidentaux ou arabes est résolument hostile au pouvoir en place en Syrie. Et il est également hostile aux prétendus opposants démocrates qui ont pris les armes en Syrie avec l’appui de l’OTAN et des monarchies pétrolières.

Ce qui lui vaut d’être vilipendé des deux côtés.

Mais aussi d’avoir accès à des sources d’information de première main, tel ce journaliste turc qui évoque un aspect inédit du comportement des miliciens de l’Armée Syrienne Libre, à savoir des vols de machines, de voitures mais surtout de quantités de grain, ce qui a provoqué une grave crise de l’approvisionnement en nourriture dans Alep, cette ville qu’ils prétendent libérer.

Des activités de l’Armée Syrienne Libre qui ne sont pas rapportées par la presse occidentale

Par As’ad AbuKhalil, The Angry Arab, 20 décembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un journaliste turc qui travaille dans la région proche de la frontière avec la Syrie m’a envoyé des informations sur certaines activités de  l’Armée syrienne Libre (ASL) non rapportées dans la presse. Il écrit:

 «A peine deux jours avant la «crise de la nourriture» à Alep, j’ai entendu beaucoup de mes amis du Hatay dire qu’ils commençaient à voir certains Syriens vendre du  pain en  ville. Les pains turcs ne sont pas les mêmes que ceux de Syrie, même au Hatay.

 Et je dois vous donner un nom. Abdulqader As Salah, un commandant des brigades Tawhid [Unicité] qui a des liens très étroits avec les services secrets turc. Il vend en ce moment du « blé » à Gaziantep, une province de la Turquie. Je suis un journaliste turc qui suit cette crise depuis le début, j’ai entendu la même chose de la part de Kurdes à Ceylanpinar (une ville frontalière près de Ras Al Ayn) . Les Kurdes qui ont fui les affrontements entre l’ASL et les milices kurdes m’ont dit avoir vu certains membres de l’ASL piller les silos à blé.

Mais je n’y avais pas accordé d’attention jusqu’à ce que je voie ces informations. C’est peut-être pourquoi les gens à Alep protestent en ce moment contre l’ASL en la qualifiant «d’armée de Harami (voleurs).» J’essaye maintenant de comprendre ce qui se passe et pourquoi les habitants du Hatay ont commencé à voir des pains syriens dans la province. Quand j’aurai fait mon reportage, je vous l’enverrai aussi.  Au Hatay les gens ont une apparence très proche de celle des syriens et sont accoutumés à la culture syrienne…

Pillage du blé à Alep

Pillage du blé à Alep

J’ai vu quelques photos de Reuters qui montrent des membres de l’ASL sur les silos à grain à Alep.  Mais comme d’habitude, elles sont légendées « Des forces fidèles à Assad bombardent les silos et les membres de l’ASL », quelque chose comme ça. Je vais essayer de vous envoyer la photo. J’ai entendu pour la première fois des rumeurs à ce sujet à Ceylanpinar/Sanliurfa. Des kurdes m’avaient dit que… Mais je n’y avais malheureusement pas fait attention. Puis j’ai vu cette photo. Puis j’ai vu les informations sur la famine en Syrie. Maintenant je me renseigne. Et un de mes amis journalistes m’a informé sur ce « Abdulqader As Salah ». Je n’ai pas rassemblé toutes les infos sur lui mais on dit qu’il est le chef de la brigade Tawheed, qu’il habite à Gaziantep et qu’il vend actuellement du blé et des voitures d’occasion.

Tawheed est une des organisations les plus étroitement liées aux services secrets turcs. Tout le monde le sait. Je travaille là-dessus en ce moment, quand j’aurai fini, je vous enverrai un exemplaire de mon travail…

Ils volent même des engins de forage pétrolier en Syrie et ils les amènent en Turquie… C’est vrai… Les militants de l’ASL volent du blé en Syrie et ils l’amènent en Turquie pour le vendre.

J’ai contrôlé mes sources et j’ai parlé avec beaucoup de gens dans les provinces du Hatay et de Sanliurfa. Ils m’ont dit que certains membres de l’ASL (qui parlent l’arabe syrien) vendent maintenant des pièces détachées automobiles et qu’à Gaziantep ils ont un dépôt de grain.

Un de mes amis dignes de foi m’a dit que les choses ont commencé en septembre… Un journaliste pro Assad à Hatay m’a dit que tout se faisait en accord avec les autorités turques. Les rebelles ramènent du blé, des voitures et même du mobilier de Syrie par le poste frontière de Bab al Haya qui se trouve de l’autre côté de la porte du Hatay-Cilvegozu…  Les militants de l’ASL ont pris le contrôle de ce poste frontière en juin.

Ils pillent aussi les villages kurdes quand ils les attaquent à partir du côté turc ainsi qu’ils l’ont fait à Ras Al Ayn… C’est pourquoi les kurdes ne veulent pas qu’ils viennent dans leurs régions.»

L’armée turque va-t-elle bombarder les « rebelles » syriens?

23 octobre 2012

Quand un obus venu de Syrie s’abat en Turquie, la presse est prompte à le signaler, d’autant que le gouvernement turc a décidé de riposter à tout bombardement syrien sur son territoire.

Ce qui n’est pourtant pas le cas du dernier obus tiré depuis la Syrie qui vient de toucher un centre de soins médicaux.

Istanbul, Hürriyet (Turquie) 23 octobre 2012
Un obus anti-aérien tiré depuis le territoire syrien a touché aujourd’hui un dispensaire dans la province méridionale de Hatay, rapporte le journal Hürriyet.
On ignore toujours si l’obus a été tiré par l’armée syrienne ou par les forces d’opposition.
Il n’a été fait état d’aucune victime dans cet incident.

Comme l’Armée Syrienne Libre ou les autres composantes de l’opposition armée ne disposent pas encore d’avions ou d’hélicoptères, la logique voudrait que cet obus de DCA ait été tiré par ces forces d’opposition contre un aéronef de l’armée syrienne.

L’artillerie de l’armée gouvernementale syrienne a une dotation en matériel qui lui permet d’utiliser tous ses équipements de manière adéquate en fonction des contraintes du terrain, et on peut dire que, compte tenu de sa puissance de feu, elle en a fait en réalité un usage modéré.

Si le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan est logique, il devrait donc demander à son armée d’exercer des représailles contre les opposants Syriens qu’il s’obstine à héberger, à encourager et à armer.

 

Les bienfaiteurs Turcs et le démon de Damas

25 septembre 2012

Il était une fois un premier ministre et un ministre des affaires étrangères Turcs qui s’étaient épris du peuple syrien dont ils se firent les bienfaiteurs bénévoles..

Ce peuple arabe, abondamment massacré par un dictateur sanguinaire répondant au nom de Bachar al-Assad, n’avait pu trouver de salut qu’en franchissant la frontière pour se réfugier dans les bras de la nation turque accueillante.

Les hautes autorités de l’Etat turc s’étaient mises en quatre pour veiller aux besoins de cette masse de réfugiés venue demander asile.

Cet amour des gouvernants Turcs pour le peuple syrien était si fort que, ne pouvant se résoudre à se passer du moindre de leurs hôtes, ils faisaient tout leur possible pour les retenir dans leur giron bienveillant, les dissuadant par toutes sortes de moyens fraternels de retourner se jeter sous les griffes du démon de Damas.

Bon, ça c’est la légende (sauf pour la rétention plus ou moins amicale).

Parce qu’en réalité, le gouvernement turc qui pensait rapidement être débarrassé d’un voisin devenu brusquement infréquentable se retrouve maintenant face à un flot de réfugiés qu’il estime presque insupportable tandis que l’ophtalmologue diabolique refuse obstinément de céder à ceux qui lui enjoignent de partir (ou de mourir comme le lui suggère Laurent Fabius, travailleur humanitaire bien connu).

Le plus beau étant que, par son attitude, le gouvernement turc a contribué grandement à faire grossir le flux de réfugiés.

Les autorités d’Ankara souhaitent donc partager ce fardeau avec la «communauté internationale,» bien souvent la même qui les a encouragées à mettre de l’huile sur le feu dans le pays voisin.

Et surprise, la dite «communauté internationale» ne répond que mollement à ces appels à l’aide d’Ahmet Davutoğlu, le chef de la diplomatie turque.

Cette réticence a plusieurs raisons.

La première est que le gouvernement turc réclame avant tout de l’argent, ce qui n’est pas tout à fait dans les normes de l’assistance internationale qui passe par le truchement d’ONG reconnues et d’institutions de l’ONU.

Ensuite, donner de l’argent au gouvernement turc, revient d’une manière ou d’une autre à abonder son budget, ce qui n’est certes pas la mission de l’aide internationale.

Enfin, le gouvernement turc refuse de confier la gestion des camps de réfugiés présents sur son sol aux institutions de l’ONU pour des raisons de souveraineté nationale. Pour les mêmes raisons, la Turquie s’oppose à la simple présence des ONG et de l’ONU.

Il est cependant assez clair que, comme le soutient l’opposition turque, ces camps de réfugiés sont confiés à l’opposition syrienne, du moins celle qui est en cheville avec l’Etat turc, qui encadre politiquement les réfugiés et se livre à des entraînements militaires. 

C’est une raison de plus d’ailleurs des réticences des donateurs qui ne veulent pas que leur argent aille à des milices à la botte de la Turquie alors qu’eux-mêmes ont parfois leurs propres opposants Syriens à promouvoir.

L’Occident et la Turquie divisés sur l’aide aux Syriens

Par Barçın Yinanç- Hürriyet (Turquie) 25 septembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Malgré une charge croissante sur ses épaules à cause de l’afflux de réfugiés Syriens, le gouvernement a du mal à convaincre les puissances mondiales de donner de l’aide. Ankara a sollicité une aide financière, mais l’Occident semble réticent.

Ayant refusé l’assistance internationale quand les Syriens en fuite ont commencé à arriver en Turquie il y a un an et demi, le gouvernement turc a maintenant du mal à convaincre les membres de la communauté internationale d’aider avec ce problème toujours plus important, au moment où l’afflux de réfugiés est sur le point de dépasser la capacité d’accueil des réfugiés par la Turquie.

La demande de la Turquie pour une assistance financière et son degré de coopération avec le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR de l’ONU), que les tierces parties jugent insuffisant, sont perçus comme étant les principales raisons de la réticence de la communauté internationale à apporter son aide, selon des sources diplomatiques occidentales.

«On nous demande de faire un chèque pur le gouvernement turc. Mais les choses ne se passent pas comme ça. Nous préférons élargir l’aide par l’intermédiaire d’institutions de l’ONU,  a déclaré un officiel de l’Union Européenne à Hürriyet Daily News.

 «Nous coopérons avec le HCR, mais nous ne permettrons certainement pas que les camps passent sous le contrôle du HCR. Nous n’abandonnerons pas nos droits souverains. Et à notre connaissance, le HCR est complètement satisfait de notre coopération,» a affirmé un officiel Turc proche de ce dossier, ajoutant que ces tierces parties qui rechignent à mettre la main à la poche se cachent derrière des arguments «sans fondements.»

Le même officiel a relevé que l’appel du HCR à une aide pour les réfugiés Syriens a eu un écho limité. Le HCR a conçu deux programmes pour faire face au problème, l’un prévu pour être appliqué à l’intérieur de la Syrie et l’autre pour aider les pays voisins, et il a exhorté les pays membres à financer ces programmes. Seulement 104 millions de dollars sur les 193 millions demandés pour le programme régional, et 94 millions sur les 180 millions attendus pour le programme destiné aux populations à l’intérieur de la Syrie, ont pu être collectés. La Turquie à elle seule a dépensé presque le double de cette somme apportée par la communauté internationale pour les deux programmes combinés, le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu ayant évoqué récemment un chiffre de plus de 300 millions de dollars dépensés à ce jour.

Il semble que la Turquie pâtisse de son choix initial de ne pas faire appel à la solidarité internationale et de ne pas partager le fardeau de l’aide dès le début quand les premiers Syriens commencèrent à arriver en avril 2010 quand la vague du printemps arabe a atteint la Syrie.

La déception du ministre des affaires étrangères

A l’époque, les autorités turques avaient indiqué être capables de faire face à l’afflux et n’avoir pas besoin pour le moment d’un soutien international. Cependant, la déception de Davutoğlu devant la faiblesse de la réaction de la communauté internationale une fois que la Turquie a demandé l’assistance internationale est apparue clairement dans le discours qu’il a prononcé lors de la réunion de l’ONU sur la Syrie en août dernier. « On a de plus en plus le sentiment en Turquie qu’en faisant de tels sacrifices et en prenant en charge un problème énorme par nous-mêmes, nous incitaons la communauté internationale à la complaisance et à l’inaction,» avait-il dit.

En avril dernier, la Turquie a fait savoir au HCR qu’elle accepterait des propositions de la communauté internationale pour partager le fardeau. C’est d’abord et avant tout une aide financière qui est demandée, a déclaré un officiel Turc au HCR. Pour l’aide en nature, la Turquie a transmis une liste de produites qu’elle accepterait et a créé des centres de réception de l’aide internationale à l’aéroport d’Adana et au port de Mersin.

Coopération avec les ONG

Récemment, la Turquie a commencé à s’intéresser à des actions qu’il fallait entreprendre à l’intérieur du territoire syrien. Ce mois ci, la Turquie a commencé à fournir de l’aide humanitaire au kilomètre zéro de la frontière et a créé des centres de réception de l’aide humanitaire à Kilis, Gaziantep et Hatay à cette fin.

Dans le même temps, des sources occidentales affirment qu’une coopération accrue avec le HCR ainsi qu’avec des Organisations Non Gouvernementales (ONG) internationales contribuera à la recherche par la Turquie d’une aide internationale plus importante car elle donnera de la légitimité aux camps qui ont été une source de controverse entre le gouvernement et les partis d’opposition qui ont affirmé qu’ils servaient pour l’entraînement militaire des opposants Syriens. La Turquie a refusé d’accepter l’assistance d’une dizaine d’ONG, soutenant que cela provoquerait des problèmes de sécurité et de maintien de l’ordre. «Nous n’accepterons de faire exception pour aucune ONG parce que si nous ouvrons les portes à l’une, nous finirons par avoir plus de 100 ONG qui demanderont à venir,» a déclaré à Hürriyet un officiel Turc.

Syrie – Turquie, les affaires reprennent!

5 septembre 2012

Au moment où le premier ministre Turc déclare que «la Syrie est devenue un Etat terroriste,» on apprend qu’une société de transport maritime turque s’apprête à lancer une ligne maritime régulière entre le port turc d’Iskenderun et le port syrien de Tartous.

Le patron de la société explique en détail pourquoi il ouvre cette ligne et comment vont ensuite être transportées depuis Tartous les marchandises débarquées du bateau.

Et tenez-vous bien, ces marchandises, essentiellement des fruits et légumes, seront transbordées sur des camions qui traverseront la Syrie pour les livrer aux clients qui se trouvent en Jordanie, au Koweit, en Arabie Saoudite et au Qatar.

Les camions partis de Tartous doivent passer par la région de Homs, celle de Damas puis de Dar’a

Apparemment, ce transporteur et les autres, ceux qui possèdent les camions, ignorent que la Syrie est à feu et à sang, contrôlée pour sa plus grande partie par l’Armée Syrienne «Libre» et qu’on ne peut y circuler qu’en véhicule blindé ! Et encore.

Où alors nous aurait-on menti ?

J’apprends de source sûre que des Algériens continuent à se rendre normalement, comme avant, à Damas pour y faire des affaires. Ils ignorent aussi que le pays est à feu et à sang.

Un service roulier pour les exportations vers la Syrie

Par Ipek Yezdani, Hürriyet (Turquie) 5 septembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

La compagnie de navigation Sabay Shipping devrait commencer un service de transport roulier (Roll-on Roll-off, Ro-Ro)  entre le port d’iskenderun au sud du pays et le port syrien de Tartous pour transporter les exportations turques vers les pays arabes et du Golfe dans un effort pour ranimer les économies des villes frontalières.

«Les chefs d’entreprises Turcs de Hatay [province du sud-est] qui avaient l’habitude de commercer en Syrie et dans la région environnante en empruntant les routes syriennes ont beaucoup souffert à cause de l’actuelle crise en Syrie. L’économie de la province de Hatay est presque à l’arrêt. Nous essayons de faciliter les efforts de ces chefs d’entreprises Turcs pour relancer le commerce, notamment leurs relations commerciales avec les pays du Golfe, avec un service de transport en ferry,» a déclaré Bülent Aymen, le propriétaire de Sabay Shipping dans un récent entretien avec Hürriyet Daily News.

Bülent Aymen

Le service roulier commencera le 5 septembre avec un bateau immatriculé en Egypte qui fera quatre voyages par semaine.

Comparés à la même période en 2011, les huit derniers mois ont vu une baisse de 12 % des exportations de fruits et de légumes frais, affirme Aymen.

«Presque tout le trafic TIR de la Turquie passait par le Hatay pour rejoindre la Syrie et d’autres pays arabes avant le début de la crise syrienne. Cependant, particulièrement après la dégradationdes relations entre la Turquie et la Syrie et après l’embargo, les chefs d’entreprises turcs qui travaillent dans le sud-est méditerranéen de la Turquie se sont retrouvés dans une position très difficile quand tout le trafic commercial avec la Syrie a été stoppé» explique Aymen.

Aymen précise que les productions turques, notamment les fruits et légumes frais qui doivent être expédiés immédiatement pour être mis en vente, seront transportées par ce ferry vers le port de Tartous où elles seront chargées sur des camions TIR porteurs de plaques d’immatriculation arabes pour être acheminées vers des pays comme la Jordanie, le Koweit, Qatar ou l’Arabie Saoudite.

Le projet de mise en place d’un service de roulage a été établi suite à des demandes de chefs d’entreprises du sud de la Turquie, explique Aymen. Les demandes les plus pressantes viennent de Hatay et de Gaziantep, deux villes situées près de la frontière avec la Syrie dont les économies ont souffert à cause de la crise syrienne.

«Il y a déjà des services maritimes partant de Turquie via le port égyptien d’Alexandrie pour le transport de marchandises turques mais le délai d’acheminement des fruits et légumes frais vers leur destination est beaucoup trop long par cet itinéraire. Ce nouveau service de transport maritime permettra de transporter ce genre de marchandises plus rapidement et moins cher,» déclare Aymen.

Une manifestation pro-Assad qui crée le choc en Turquie

3 septembre 2012

Le gouvernement turc n’en peut mais.

Après avoir contribué à organiser la sédition en Syrie, il commence à réaliser qu’il a semé des germes qui sont potentiellement destructeurs pour l’Etat turc lui-même, germes qui sont loin de se limiter au problème kurde.

Un évènement s’est en effet produit samedi dernier en Turquie qui s’il n’a guère eu d’écho dans nos journaux n’en finit pas de susciter des remous là-bas.

Je veux parler d’une manifestation de soutien au président Syrien Bachar al-Assad qui s’est déroulée dans la province turque de Hatay limitrophe avec la Syrie.

Manifestation de soutien à Assad en Turquie

Cette manifestation a créé un choc en Turquie parce qu’elle rappelle aux élites de ce pays que la province de Hatay est historiquement syrienne et que la politique actuelle d’Ankara à l’égard de la Syrie est lourde de menaces pour l’intégrité territoriale turque.

Comme l’explique le journal turc Sabah,

Une manifestation tenue au Hatay ce samedi dans le cadre de la Journée Mondiale de la paix s’est rapidement transformée en manifestation de soutien à Bachar al-Assad.
Emmenées par des individus qui se présentaient eux-mêmes comme des membres de la «plateforme Anti-Impérialiste contre l’Intervention en Syrie ,» environ 2 000 personnes se sont rassemblées samedi dans une manifestation de soutien à Assad et contre la parti AKP (au pouvoir en Turquie). Les manifestants agitaient des portraits de Bachar al-Assad et scandaient des slogans en arabe comme «Nous sacrifierons notre sang et nos âmes pour Assad» et d’autres exaltant Bachar, Maher et Bassel Assad.

De fait, la popularité du président Syrien dans la province en question n’est un secret pour personne. Sauf apparemment pour le gouvernement turc et les pseudo-rebelles Syriens.

La manifestation était bien entendu organisée par la dite plateforme qui refuse les agissements délétères du gouvernement turc contre la Syrie. Ces gens qui manifestent rappellent aussi qu’à la base ils sont Syriens et que, si on veut bien se donner la peine de comprendre les minorités, ils pourraient bien un jour prochain signifier aux autorités turques qu’ils ne sont plus intéressés par l’appartenance à la Turquie.

Et si le gouvernement turc veut bien prêter attention à leur voix, il devrait aussi comprendre que la Syrie de demain, avec ou sans Assad, pourrait bien réactiver sa revendication sur cette province en arguant du désenchantement des habitants du Hatay.

Pour l’instant, les Turcs n’en sont pas à la phase d’élaboration de leur réflexion sur le désastre qui leur pend peut-être au nez. Ils ont illico presto trouvé des explications à cette manifestation en faveur du président Syrien :

Le Dr. Muhammed Rahhal, un miltant bien connu de l’opposition syrienne qui réside actuellement en Turquie affirme, «Cette manifestation a été complètement organisée par les moukhabarat (services secrets syriens) et les shabiha. ».

Oui, parce que, au cas où vous ne le sauriez pas, les shabiha font un peu comme chez eux en Turquie et ils tiennent réunion sur réunion dans les provinces de Adana, Mersin, Iskenderun et Hatay.

Et ces réunions sont co-organisées avec Mihraç Ural un militant Turc «néo-nationaliste» recherché par la police turque et qui vivrait en Syrie où il est pote avec le président (ça sent la théorie du complot).

Le Dr Rahhal nous explique :

La manifestation au Hatay a été organisée par des groupes venus de Syrie. Ces gens ont même amené les pancartes et les drapeaux utilisés dans la manifestation et les ont distribués aux Nusayris [Alaouites] pour essayer d’obtenir du soutien. Tout a été organisé par les moukhabarat et les shabiha,» affirme Rahhal.

Un peu sectaire le docteur…

Tout comme ces deux là :

S’exprimant au nom de l’opposition arabe [opposition arabe syrienne parce que le journal Sabah donne aussi la parole à un opposant syrien turkmène!], Şihab et Ebu Ahmed ont commenté en affirmant, «Les manifestations étaient le résultat de l’action des miliciens shabiha fidèles à Assad qui manipulent les Alevis et les Nusayris dans la région. Les militants shabiha sont envoyés ici per le régime Assad pour causer des problèmes entre les habitants d’Antakya et les réfugiés Syriens. »

Il est effectivement clair que beaucoup d’habitants d’Antakya sont excédés par une catégorie de Syriens présents en Turquie, ceux qui se présentent comme des opposants au régime.

J’ai quand même du mal  à imaginer les services syriens et les shabiha, qui sont des miliciens à action surtout locale, se lancer dans une telle entreprise non seulement risquée mais inutile puisque le soutien d’une bonne partie des habitants de la province au président Syrien est un fait avéré.


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