On se souvient qu’en avril 2018, 250 personnalités dont l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, le chanteur Charles Aznavour, les comédiens Zabou Breitman et Gérard Depardieu et les inévitables Yann Moix ou Frédéric Haziza avaient signé un manifeste « contre le nouvel antisémitisme » proposé par Philippe Val pour dénoncer une « épuration ethnique à bas bruit » qui serait le fait d’un antisémitisme musulman qui se fonderait sur le texte coranique lui-même. Les victimes de cette épuration ethnique seraient les Français de confession juive, on l’aura compris.
D’où la demande formulée dans le texte publié par le journal « Aujourd’hui en France » (Le Parisien Libéré) :
En conséquence, nous demandons que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémite catholique aboli par Vatican II, afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime
Il est vrai que par endroits, on a trouvé des autorités chrétiennes pour réécrire des passages du Nouveau Testament.
Le texte exprimait une attente particulière vis-à-vis de « l’Islam de France » :
Nous attendons de l’islam de France qu’il ouvre la voie.
Qu’il ouvre la voie par rapport à quoi et à qui ?
Comme on l’a vu et comme on le sait, les Chrétiens ont soit expurgé leurs textes, soit les ont réinterprétés, notamment pour laver les Juifs de l’accusation de déicide, accusation qui a valu bien des désagréments aux Juifs en Europe Sur ce point précis, on peut lire dans un article intéressant de la revue juive américaine Forward:
le Talmud ne fuit pas la responsabilité de la mort de Jésus. Au contraire, il dit qu’il l’avait méritée et qu’elle est l’œuvre des juifs eux-mêmes
Donc la voie a déjà été ouverte par les autorités chrétiennes , l’église catholique américaine étant même allée jusqu’à retirer le mot « holocauste » de sa traduction anglaise de la Bible pour complaire à une organisation de survivants et descendants de « l’holocauste », celui auquel on doit mettre un H majuscule.
Un article qui vient de paraître dans un journal anglais nous éclaire peut-être à ce sujet. On apprend en effet qu’une conférence organisée tout récemment en Autriche par le Congrès Juif Européen a arrêté un certain nombre de mesures à proposer aux politiques pour enrayer, voire faire disparaître l’antisémitisme.
Parmi ces mesures, l’exigence de faire accompagner toute nouvelle édition de la Bible (entendue comme Nouveau Testament) et du Coran d’un avertissement et de notes relatives au caractère antisémite de tel ou tel passage. Et l’affirmation par les autorités religieuses du rejet de ces passages.
Nous sommes donc exactement dans la même logique que le texte publié en France en avril. Un texte qui voulait que la France, et ses Musulmans, donnent l’exemple aux autres pays, un exemple qui aurait été bien utile en guise de preuve pour les conférenciers de Vienne.
La seule question qu’on peut se poser est de savoir si c’est Philippe Val qui a inspiré le Congrès Juif Européen ou si c’est l’inverse.
On notera que l’article donne très brièvement la parole à Muhammad Abdul Haleem , un universitaire spécialiste du Coran, pour lui faire dire que « le Coran est entièrement négatif à l’égard des Juifs. » Ce n’est pourtant pas ce qu’il dit dans cette longue interview…
Les leaders juifs appellent à de nouvelles éditions de la Bible et du Coran avec un texte d’avertissement mettant en évidence les passages antisémites
Un catalogue de politiques de lutte contre l’antisémitisme présente de nombreuses propositions
Il a été élaboré suite à une conférence organisée par le Congrès Juif Européen
La conférence a discuté de l’antisémitisme sur Internet et dans divers textes religieux
Les dirigeants se sont rencontrés en début de semaine à Vienne pour discuter des nouvelles propositions de politiques
Par James Woods, The Daily Mail (UK) 23 novembre 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri
Les dirigeants juifs appellent à ce que les nouvelles éditions de la Bible et du Coran contiennent des messages d’avertissement pour mettre en évidence les passages antisémites des textes sacrés.
Les recommandations ont été formulées dans un nouveau document intitulé « La fin de l’antisémitisme ! Un catalogue de politiques de lutte contre l’antisémitisme ».
Il a été élaboré au terme d’une conférence internationale organisée par le Congrès Juif Européen, qui a vu des universitaires se réunir pour discuter de la manière dont peuvent être combattus les préjugés et la discrimination.

Ariel Muzicant, vice-président du Congrès Juif Européen présente le rapport dont il est un co-auteur
Parmi les actions mentionnées dans le document figurait l’idée de messages d’avertissement dans les éditions des textes sacrés, thème qui est abordé dans un chapitre intitulé «Recommandations concernant les groupes et institutions religieux».
On peut lire ce qui suit dans le document : ‘Les traductions du Nouveau Testament, du Coran et d’autres textes de la littérature chrétienne ou musulmane ont besoin de mentions marginales et d’introductions soulignant la continuité du christianisme et de l’islam avec l’héritage juif et mettant en garde les lecteurs contre leurs passages antisémites.
« Bien que certains efforts aient été faits en ce sens dans le cas du christianisme, ils doivent être étendus de la même façon dans les deux religions ».
Plusieurs passages du Nouveau Testament ont été critiqués parce qu’ils ont servi à justifier des attitudes antisémites.
Parmi ces passages, ceux qui blâment les Juifs pour la mort de Jésus, pour leur nature apparemment têtue et la déloyauté du peuple juif envers Dieu.
Et il y a quelques propos négatifs sur les Juifs dans le Coran et des représentations négatives du peuple juif.
L’Archevêque de Canterbury, Justin Welby, s’est exprimé il y a quelques temps sur la manière dont des textes religieux peuvent être exploités ou mal interprétés pour promouvoir des attitudes discriminatoires.
S’exprimant dans une collection d’essais publiée en 2016, il écrivait : « C’est une vérité honteuse, par ses enseignements théologiques, l’église qui aurait dû offrir un antidote, a aggravé la propagation de ce virus.
« Le fait que l’antisémitisme a infecté le corps de l’Eglise est quelque chose dont nous, Chrétiens, devons profondément nous repentir. Nous vivons avec les conséquences de notre histoire de déni et de complicité. »
Le document, qui a été rédigé par des universitaires, dont Dana Porat et Lawrence H. Schiffman, appelle aussi à ce que tous les textes et passages antisémites qui figurent dans le corpus du Christianisme et de l’Islam « soient identifiés et rejetés. »
Une autre recommandation demande que les penseurs et dirigeants religieux « dénoncent publiquement comme impies » des écrits canoniques ou quasi-canoniques de religieux antisémites..
Ce qui justifie ces changements, explique le document, est que ces messages sont toujours communiqués par le truchement d’êtres humains et donc sujets à erreur.
On lit dans le document : «La révélation de Dieu est ainsi entachée par la faillibilité humaine. À partir du Nouveau Testament, la révélation divine s’exprime dans des textes sacrés chrétiens qui expriment également une forme de haine.
« Les manifestations de cette haine se sont traduites par une tradition d’antisémitisme qui a légitimé moralement les crimes contre le peuple juif, dont la quintessence est la Shoah ».

Au centre, Moshe Kantor, président du Congrès Juif Européen et le premier ministre autrichien Sebastian Kurz (de profil) et Manfred Weber, membre de la CSU (Allemagne) et président du groupe Parti Populaire Européen au Parlement Européen
Dès lors que « les contenus antisémites d’un patrimoine religieux sont identifiés, » les dirigeants et les adeptes de cette religion doivent en être informés, conclut le document.
D’autres aspects ont été mis en évidence suite à la conférence, dont la réponse à l’antisémitisme en ligne et à l’intérieur des institutions universitaires et des organismes de recherche.
Ce qui inclut de veiller à ce que que les moteurs de recherche sur Internet privilégient les représentations positives du judaïsme et des descriptions exactes de l’histoire de l’antisémitisme.
Des universitaires ont réagi aux recommandations exposées dans le document.
Le Dr Christine Joynes, professeure de théologie à Oxford, a déclaré au Times qu’elle avait une « certaine sympathie » pour la suggestion d’une Bible annotée.
Mais, dit-elle, « C’est toute la Bible qui a besoin d’un avertissement salutaire pour qu’elle soit lue à travers un regard critique et en contexte historique. »
Pour sa part, Muhammad Abdel Haleem, professeur d’études islamiques à l’Université de Londres, s’exprimant lui aussi devant le Times, déclare que le Coran est entièrement négatif à l’égard des Juifs.

Le professseur Muhammad Abdel Haleem
Selon lui, « Si quelqu’un veut se comporter de manière antisémite ou anti-islamique, il le fera que vous mettiez ou des avertissements et des notes de bas de page. »