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Syrie: information de terrain et terrain de propagande

1 juillet 2013

Je vous livre ce papier de Patrick Cockburn à peu près tel quel. Cockburn attire notre attention sur l’information propagande en Syrie d’où qu’elle vienne, même s’il observe qu’à ce jeu les « rebelles » sont bien plus compétents que le pouvoir en place et bénéficient d’oreilles pour le moins complaisantes dans les médias occidentaux.

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Patrick Cockburn est un journaliste irlandais

Ce n’est pas que je n’aimerais pas commenter un peu plus cet article, mais je suis crevé du fait de mes activités professionnelles très denses en ce moment. J’ai d’ailleurs renoncé à traduire les quelques vers de Milton en fin d’article (traduire de la poésie est un exercice d’une difficulté redoutable).

La représentation du conflit par les medias internationaux est dangereusement imprécise

Regard sur le monde: Il est naïf de ne pas admettre que les deux parties sont capables de manipuler les faits pour servir leurs propres intérêts

Par Patrick Cockburn, The Independent (UK) 30 juin 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Chaque fois que je viens en Syrie, je suis frappé par la façon dont la situation sur le terrain diffère de la façon dont elle est dépeinte à l’étranger.  Les informations sur le conflit syrien  données par les médias étrangers sont certainement aussi inexactes et trompeuses que tout ce que nous avons vu depuis le début de la Première Guerre mondiale. Je suis incapable de penser à une autre guerre ou  une autre crise parmi celles que j’ai couvertes  dans laquelle des sources propagandistes, tendancieuses ou de seconde main ont été aussi facilement acceptées par les journalistes comme attestant de faits objectifs.

Une conséquence de ces distorsions est que les politiciens comme le consommateur ordinaire de journaux  et d’informations télévisées  n’ont jamais eu  ces deux dernières années une idée claire de ce qui se passe à l’intérieur de la Syrie. Pire encore, des plans à long terme sont basés sur ces idées fausses. Un rapport sur la Syrie publié la semaine dernière par l’International Crisis Group basé à Bruxelles, affirme que «une fois confiant en une victoire rapide, les alliés étrangers de l’opposition sont allés vers un paradigme dangereusement déconnecté de la réalité ».

Les slogans remplacent la politique: les rebelles sont représentés comme les gentils et les partisans du gouvernement comme les méchants ; si on lui donne plus d’armes, l’opposition peut soi-disant remporter une victoire décisive; soumis à une pression suffisante militaire, le président Bachar al-Assad acceptera  des négociations pour lesquelles une  des conditions préalables est la capitulationdu régime. Un des nombreux inconvénients de la rhétorique diabolisatrice à laquelle se sont adonnés  Susan Rice, nouvellement nommée conseillère à la sécurité nationale des USA, et William Hague, c’est qu’elle interdit des négociations sérieuses et un compromis avec le pouvoir en place à Damas. Et comme Assad contrôle la plus grande partie de la Syrie, Rice et Hague ont mis au point la recette pour une guerre sans fin tout en arguant de leur souci humanitaire pour la population syrienne.

Il est difficile de prouver la véracité ou la fausseté de toute généralisation sur la Syrie. Mais m’appuyant sur mon expérience de ce mois-ci , à voyager dans le centre de la Syrie entre Damas, Homs et la côte méditerranéenne, il est possible de montrer à quel point les informations dans les médias s’écartent nettement de la réalité sur le terrain. Ce n’est que par la compréhension et la prise en compte de l’équilibre réel des forces sur le terrain qu’on pourra arriver à un progrès quelconque vers une cessation de la violence.

Le mardi je suis allé à Tal Kalakh, une ville de 55.000 âmes, juste au nord de la frontière avec le Liban, qui était un bastion de l’opposition. Trois jours auparavant, les troupes gouvernementales ont repris la ville et 39 chefs de  l’Armée Syrienne Libre (ASL) avaient déposé les armes. Après avoir parlé avec des officiers de  armée syrienne, avec un transfuge de l’ASL et avec des habitants de la ville, il semblait évident qu’il n’y avait pas eu de passage instantané de la guerre à la paix [dans la ville]. C’était plutôt qu’il y avait eu une série de trêves et de cessez le feu arrangés par des notables de Tal Kalakh tout au long de l’année précédente.

Mais au moment même où je me trouvais dans la ville, Al Jazeera arabophone relatait des combats sur place entre l’armée syrienne et l’opposition. De la fumée était supposée s’élever au-dessus de Tal Kalakh comme les rebelles combattaient pour défendre leur place forte. Heureusement, cela apparaissait comme l’œuvre de l’imagination et, pendant les quelques heures que j’ai passées dans la ville, il n’y a pas eu de tirs, aucun signe que des combats avaient eu lieu et pas de fumée.

Bien sûr, toutes les parties dans une guerre prétendent qu’aucune position n’est perdue sans une défense héroïque contre un ennemi à la supériorité numérique écrasante. Mais un fait important a été occulté dans les comptes rendus dans les médias de ce qui s’est passé à Tal Kalakh: l’opposition en Syrie est fluide dans ses allégeances. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les 11 membres des soi-disant «Amis de la Syrie », qui se sont réunis à Doha la semaine dernière, veulent armer les rebelles qui ne sont pas des fondamentalistes islamiques, mais l’écart n’est pas si grand entre ces derniers et ceux qui ne sont pas liés à al-Qaïda. Un combattant du Front al-Nosra affilié a al Qaïda a expliqué avoir fait défection pour un groupe plus modéré parce qu’il ne pouvait pas combattre sans cigarettes. Les fondamentalistes paient plus et, compte tenu de l’extrême paupérisation de nombreuses familles syriennes, les rebelles seront toujours en mesure faire de nouvelles recrues. « L’argent a une part plus importante que l’idéologie», m’a dit un diplomate en poste à Damas.

Alors que j’étais à Homs, j’ai eu un exemple de la raison pour laquelle la version des événements par les rebelles est si souvent acceptée par les médias étrangers de préférence à celle du gouvernement syrien. Elle est peut-être biaisée en faveur des rebelles ; mais souvent il n’y a aucune version gouvernementale des événements, ce qui laisse un vide comblé par les rebelles. Par exemple, j’ai demandé à aller dans un hôpital militaire dans le quartier al-Waar de Homs et j’en ai obtenu la permission, sauf que quand je me suis rendu sur place, on m’a refusé l’entrée. Pourtant, des soldats blessés au combat contre les rebelles seraient probablement  des défenseurs éloquents et convaincants du camp gouvernemental (j’avais visité un hôpital militaire à Damas où j’avais pu parler avec des soldats blessés). Mais l’obsession du gouvernement pour le secret signifie que l’opposition aura toujours une longueur d’avance quand il s’agit de faire un plaidoyer convaincant.

Retour dans le quartier chrétien de la vieille ville de Damas, où je suis installé, il y a eu une explosion près de mon hôtel jeudi. Je suis allé sur les lieux et ce qui s’est passé ensuite montre que rien ne peut remplacer la déclaration d’un témoin oculaire impartial. La télévision d’Etat prétendait que c’était un attentat-suicide, visant peut-être  l’Eglise orthodoxe grecque ou un hôpital chiite qui est encore plus proche. Quatre personnes avaient été tuées.

Je pouvais voir une petite indentation dans le trottoir qui m’avait paru très semblable à l’impact d’un obus de mortier. Il y a avait un peu de sang à proximité immédiate, quoique à environ une dizaine de mètres de l’impact. Alors que j’étais en train de regarder dans les parages, un second obus de mortier s’est abattu sur le toit d’une maison, tuant une femme.

L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), si souvent cité comme source par les journalistes étrangers, dira par la suite que ses propres investigations montraient que l’explosion avait été causée par une bombe laissée dans la rue.  En fait, pour une fois, il était possible de savoir avec certitude ce qui s’était passé, parce que l’hôpital chiite a une caméra de surveillance qui montre l’obus de mortier quelques fractions de secondes dans les airs juste avant de toucher le sol, puis la chemise blanche d’un passant qui a été tué par l’explosion. Ce qui venait de se produire était probablement un de ces habituels  bombardements  de mortier faits au hasard par les rebelles dans le quartier proche de Jobar.

Au milieu d’une guerre civile féroce, l’idée des journalistes selon laquelle l’une ou l’autre des parties au conflit, gouvernement ou rebelles, ne va pas  concocter ou manipuler des faites relève d’une crédulité intéressée. Pourtant, une bonne partie de la couverture de presse étrangère se fonde sur une telle hypothèse.

Le plan de la CIA et des Amis de la Syrie pour chercher en quelque sorte la fin de la guerre en augmentant la fourniture d’armes est également absurde. La guerre n’amènera que plus de guerre encore. Le sonner de John Milton, écrit pendant la guerre civile anglaise de 1648 en hommage au général parlementariste Sir Thomas Fairfax qui venait juste de s’emparer de Colchester, montre une plus profonde compréhension de ce à quoi ressemblent les guerres civiles que n’importe quoi qui a pu être dit par David Cameron ou William Hague. Il écrivait :

For what can war but endless war still breed?

Till truth and right from violence be freed,

And public faith clear’d from the shameful brand

Of public fraud. In vain doth valour bleed

While avarice and rapine share the land.

La Syrie victime de l’amour wahhabite

20 mai 2013

Ce n’est pas un sujet vraiment abordé par la presse française. C’est sans doute pour cette raison qu’on n’entend pas ces féministes officielles, si promptes à plaider le droit des femmes en Afghanistan ou même en Russie (cas des ‘pussy riot’) pour justifier l’ingérence étrangère.

Or, dans les difficultés que subissent les Syriens, il y a ce drame particulier que vivent des jeunes filles poussées par la misère à épouser de riches ressortissants des pays du Golfe, toujours beaucoup plus âgés qu’elles, voire franchement vieux.

Il s’agit d’une forme d’exploitation qu’on peut assimiler à de la prostitution même si elle se fait en principe avec le consentement des jeunes filles et de leurs familles et avec l’imprimatur de « religieux » dûment stipendiés.

Et pourquoi n’en parle-t-on pas ?

Simplement parce que ces agissements ne sont pas du fait du gouvernement syrien, ni même des horribles shabiha, ces miliciens pro Assad à côté desquels les membres de la SS font figure de doux agneaux, mais de réseaux qui agissent parmi les réfugiés Syriens pour une clientèle qui vient de ces pays qui s’impatientent de voir la démocratie fleurir en Syrie.

En attendant, ces mécènes cueillent d’autres fleurs…

 

Adolescentes vendues, les oubliées de l’exil syrien

Dans la misère, des familles de réfugiés en Jordanie marient leurs filles pour de l’argent à de riches Saoudiens

Ces mariages qui impliquent des filles mineures se terminent généralement rapidement par un divorce

Par David Alandete à Ammán, El Pais (Espagne) 19 mai 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri 

Dégoûtée et sans le vouloir en réalité Rim s’est mariée à l’âge de 16 ans le 6 février avec un Saoudien de 70 ans qui avait versé un peu d’argent à sa famille pour le mariage. Entre les larmes, son seul soulagement était que son mari se lasserait bientôt d’elle, et la répudierait en demandant le divorce. C’est qui s’est passé, après deux mois de vie commune. L’annulation du mariage est tombée par téléphone, et elle n’a même pas eu besoin d’être présente. Elle est rentrée libre auprès de sa famille. Mais pas pour longtemps. Elle est maintenant demandée par un autre Saoudien,  de 47 ans celui là qui est prêt aussi  à payer. Elle espère répéter ce cycle, ne voulant pas être mariée à des hommes très âgés. Mais elle le fait, dit-elle, avec résignation, pour que sa famille puisse payer le loyer et acheter de la nourriture. Ce sont des réfugiés Syriens en Jordanie, après avoir fui une guerre qui dure depuis plus de deux ans et a déplacé 1,5 millions de personnes . Beaucoup d’entre eux sont dans la misère. 

La Jordanie est le pays qui accueille le plus de réfugiés Syriens, 532 000. Parmi eux, 382 400 vivent hors des camps de réfugiés, hôtes gênants dans un pays qui a ses propres problèmes économiques et est incapable de les absorber et de les intégrer dans sa société. La Jordanie ne peut pas leur donner de permis de travail parce que le chômage dans le pays atteint déjà les 12,8 %. En situation de nécessité, de nombreuses familles syriennes se sont retrouvées poussées à des pratiques qui seraient considérées dans les pays occidentaux comme proches de la traite des mineurs ou de la prostitution. Et même si dans des cas comme celui de Rim il existe un acte de mariage, délivré par un religieux, qui dans certains cas peut être valable du point de vue religieux, cet acte n’a aucune valeur juridique pour les autorités jordaniennes. 

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Les réfugiés Syriens se répartissent pour l’essentiel sur le territoire de la Grande Syrie

«Mon ex-mari ne me plaisait pas, je ne le nie pas,» dit Rim qui préfère ne pas faire connaître son nom de famille. Couverte du voile islamique, elle semble beaucoup plus jeune qu’elle ne le dit. Elle espère un jour retourner en Syrie et se marier avec son cousin, un jeune de 22 ans qui vit à Homs. «J’ai dû me sacrifier pour aider ma famille. Mon frère est petit, il a besoin de nourriture infantile et de couches.» Elle assure que son ex-mari l’a bien traitée pendant les six premières semaines de leur mariage. «Il disait qu’il m’aimait, que nous étions mariés pour toujours,» se souvient-elle sans cacher son dégoût. Puis elle a refusé d’obéir à certaines de ses demandes sexuelles. «Alors il s’est lassé. Il a commencé à me crier après. Il me frappait. Finalement, il a appelé ma famille pour qu’elle me reprenne et il est reparti en Arabie Saoudite, à Djeddah,» dit-elle. Pour le divorce, il a rencontré le religieux et tous deux ont informé Rim par téléphone qu’elle était libre. 

Le cas de Rim n’est pas exceptionnel à Amman. C’est par une de ses connaissances qui avait connu le sort qu’elle était allée trouver la marieuse qui a arrangé son mariage. Sa famiile avait besoin d’argent, et vite. En Syrie, son père avait rejoint l’Armée Syrienne Libre (ASL) pour lutter contre le régime de bachar al-Assad, mais il a été blessé. Il y a neuf mois, après la destruction de leur maison dans une attaque, il a décidé de quitter Homs où il habitait pour aller en Jordanie avec sa femme et ses quatre enfants de deux à seize ans. L’x mari de Rim avait promis à la famille 2 000 dinars (2 200 euros) pour se marier avec elle, mais il n’a finalement payé que la moitié.

 «C’est très triste. Je n’aurais jamais imaginé devoir faire ça. Ce n’est pas ce que je voulais pour ma fille,» dit la mère, Qamar, âgée de 36 ans. «Je veux toujours qu’elle épouse son cousin, qu’elle ait de véritables noces avec une robe blanche. Mais la vie ici est misérable. Nous devons de l’argent au propriétaire et au supermarché. Nous ne pouvons pas travailler. C’est douloureux. Chaque nuit, son père et moi, nous pleurons. Ça fait deux semaines maintenant que nous songeons à rentrer en Syrie, mais ça nous fait peur.» Qamar a essayé de gagner un peu d’argent en préparant et en vendant de la nourriture chez elle, mais elle dit que ce commerce ne marche pas parce qu’elle doit s’occuper de son mari et du plus petit de ses enfants. A ce jour, Rim est la seule source de revenus pour la maisonnée. 

Il y a déjà 1,5 million de personnes déplacées par le conflit syrien [sans compter les déplacés de l’intérieur, NdT]. La Jordanie est le pays qui a accueilli le plus de réfugiés mais la pression sociale de cette diaspora menace d’ébranler le pays. En Jordanie, l’âge légal du mariage est à 18 ans..

Dans le jargon des marieuses, les riches époux du Golfe Persique sont appelés des «donateurs .» C’est ainsi qu’en parle Hala Ali, 27 ans, elle aussi réfugiés Syrienne à Amman. Divorcée et mère de trois enfants, elle touche 50 dinars pour présenter les jeunes filles aux «donateurs.» Si finalement il y a mariage, elle empoche 400 dinars. Variable selon l’âge et le physique, le prix que touche une famille pour une épouse vierge peut aller jusqu’à 7 000 dinars. Les divorcées se dévaluent dans ce marché et atteignent au maximum 4 000 dinars.

«Les ‘donateurs’ disent qu’ils veulent aider la population syrienne et ils offrent de l’argent. Ce qu’ils exigent, c’est une fiancée, [‘novia’ qu’on peut aussi traduire par petite amie]» dit sarcastiquement cette marieuse.  Elle soutient qu’en Syrie, il est possible et même normal de marier des filles à partir de 13 ans avec l’accord de la famille ou du tribunal. «Ces filles se marient  avec un acte de mariage et ne deviennent  donc pas des prostituées. Elles obtiennent ainsi de l’argent et payent le loyer,» dit-elle. Mais ces mariages se font en Jordanie où l’âge légal est de 18 ans. Et les parties contractantes savent que le divorce est juste au tournant. « Qu’est-ce- que j’en sais ? Ce n’est pas de ma responsabilité. Je mets en contact l’épouse et l’époux. Et ce n’est pas légal ? Si les deux parties sont consentantes ! Et d’ailleurs, est-ce que c’est légal ce qui nous est arrivé en Syrie ?» 

Les autorités jordaniennes sont récemment allées devant le Conseil de Sécurité de l’ONU pour exposer le problème que posent ces réfugiés à sa population de 6,1 millions d’âmes. Ils apportent avec eux des problèmes de santé publique, comme de nouvelles poussées de tuberculose et, comme dans le cas présenté, les pratiques répréhensibles et gênantes. « Dans de telles situations en Jordanie, quelqu’un doit déposer plainte pour que l’Etat puisse agir,» explique Anmar Al Hmoud, coordonnateur du comité spécial du gouvernement jordanien pour les réfugiés Syriens. «Ce dont on a vraiment besoin ici, c’est d’une solution pacifique au conflit en Syrie pour que ces gens puissent finalement regagner leurs foyers,» ajoute-t-il.

Cette solution semble cependant s’éloigner de plus en plus chaque jour, avec des informations sur la violence et la mort qui arrivent chaque jour de Homs et du reste de la Syrie. En deux ans et deux mois de guerre, on compté déjà plus de 80 000 morts. Le pays est saigné par les affrontements et l’exode massif. «Cela ne se terminera que si Bachar tombe,» déclare Qamar, la mère de Rim. «Nous rentrerons alors dans notre pays même si c’est pour vivre dans les décombres» 

Le Hezbollah et les enjeux libanais et régionaux de la guerre contre la Syrie

23 mars 2013

La crise syrienne a sans doute connu un tournant avec l’élection du premier ministre d’un gouvernement provisoire d’opposition.

Cette élection a été le moment d’un bras de fer entre l’Arabie Saoudite et le Qatar, ce dernier émirat l’ayant emporté, obtenant l’élection de son candidat, le syro-américain Ghassan Hitto (plus Texan que Frère Musulman selon l’ex ambassadeur US en Syrie, Robert Ford).

Cette victoire du Qatar est aussi celle de la Turquie, proche de cette pétromonarchie et  elle sonne peut-être la fin de tout espoir d’une issue négociée au conflit, et même de tout espoir de sortie du conflit à bref ou moyen terme.

Comme vous l’aurez compris, il ne faut pas se laisser abuser par le mot élection : les [grands] électeurs qui ont choisi le premier ministre n’ont eux-mêmes aucune légitimité élective et le résultat du scrutin est avant tout celui des pressions exercées par des puissances étrangères, la «mieux disante» étant la monarchie du Qatar.

Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie n’a rien à voir avec une lutte pour la démocratie : dans leurs paroles, comme dans leurs actes les mouvements réunis dans le Conseil National Syrien et la Coalition sont en réalité encore moins démocratiques que le régime en place. Ce qui les distingue vraiment du régime est la tonalité sectaire de leur discours et leur agressivité vis-à-vis de ceux qu’ils considèrent comme des hérétiques.

Il y a eu certes une vraie exigence de démocratisation du système politique en Syrie, mais les porteurs de cette revendication ont été contraints au quasi mutisme, pas par la répression des autorités mais par la situation de guerre étrangère imposée au pays.

Alors, si l’objet des affrontements n’est pas la démocratie, de quoi s’agit-il ? 

L’objet du conflit est en réalité d’en finir avec non seulement le régime syrien, mais surtout avec une Syrie qui reste le dernier obstacle avec le Hezbollah libanais à une normalisation avec l’entité sioniste.Ne vient-on pas en effet de voir que, après bien des rodomontades, le gouvernement turc est rentré dans le rang suite aux excuses de Benjamin Netanyahou pour les victimes  turques du Mavi Marmara. Mieux, Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre Turc a

souligné son attachement à « l’amitié solide et à la coopération vieilles de plusieurs siècles entre les peuples turc et juif ».

N’a-t-on a pas vu qu’un autre «islamiste» fort en paroles, l’Egyptien Mohamed Morsi, membres des Fréres Musulmans de son état, a choisi d’appliquer scrupuleusement ce qui est exigé de lui par Barack Obama et continuer donc à participer au blocus de la bande de Gaza?

Liquider le régime syrien, c’est aussi préparer l’élimination du Hezbollah, une élimination que d’aucuns voudraient précipiter en étendant le conflit syrien au Liban au prétexte de l’implication des miliciens du Hezbollah aux côtés des forces régulières syriennes. 

C’est cet aspect de la crise en Syrie qu’examine Ibrahim al-Amin dans les colonnes d’al Akhbar, un organe de presse libanais.

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Ibrahim al Amin, rédacteur en chef d’Al-Akhbar

Al Akhbar se situe politiquement à gauche et ne peut en aucun cas être considéré comme proche idéologiquement du Hezbollah.

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Ernest Khoury dans son bureau d’Al Akhbar, sous le regard vigilant de Lénine et Karl Marx

 

 Le rôle du Hezbollah en Syrie

Par Ibrahim al-Amin, Al Akhbar (Liban) 22 mars 2013, traduit de l’anglais par Djazaïri

On parle et on spécule beaucoup depuis un certain temps au Liban, en Syrie et dans le monde arabe et en Occident sur le véritable rôle du Hezbollah dans la crise syrienne. La machine de propagande anti-Hezbollah est, comme d’habitude, particulièrement active, offrant au quotidien un flot d’informations et d’articles sur l’implication supposée de ce parti dans le conflit.

Cette machine de propagande – avec ses opérateurs Libanais, Syriens et autres – a annoncé la mort de centaines de miliciens du Hezbollah en Syrie et la capture de dizaines d’entre eux par les rebelles Syriens. Un service de sécurité officiel de Beyrouth joue un rôle central sur ce front en assurant la fuite d’informations factuelles sur lesquelles on brode ensuite. Ces gens croient qu’un tel déluge est un moyen efficace de susciter autant de rancœur que possible contre le Hezbollah dans l’opinion publique.

Le Hezbollah n’a, pour sa part, pas propose plus de précisions que ce qu’a déclaré son secrétaire général Nasrallah sur l’assistance apportée par le parti à ses sympathisants Libanais qui résident dans des villages à l’intérieur de la Syrie, mais a cependant répété que le Hezbollah n’avait pas pour l’instant participé aux combats en Syrie.

Une stratégie délibérée de provocation et d’exagération est employée contre le Hezbollah par des services de renseignements de la région et de l’étranger, y compris ceux d’Israël. Maisl a question centrale était, et demeure, est de comprendre la place du Hezbollah dans une crise syrienne qui entre dans sa troisième année. Ces services savent beaucoup de choses sur ce qui se passe sur le terrain en ce qui concerne les combats entre les forces du régime et celles de l’opposition. Ils connaissent les capacités des deux camps et exercent une surveillance continue de toutes les actions de soutien au régime, y compris par le Hezbollah.

Mais pour les autres, il est sans doute nécessaire de clarifier la perspective à partir de laquelle le Hezbollah fonde son attitude par rapport à la crise syrienne. Ce qui pourrait en aider beaucoup à comprendre les soubassements idéologiques, politiques et opérationnels de sa position.

Le Hezbollah continue à voir les choses à partir de la perspective de son rôle central dans la confrontation avec Israël. Il ne donne sans doute pas souvent de détails sur l‘objectif ultime de cette lutte, mais le parti se comporte comme s’il était partie prenante d’une campagne au long cours pour se débarrasser d’Israël, une bataille qui nécessite beaucoup de préparation. Si l’idée d’être débarrassé d’Israël ne dérangerait pas une majorité des peuples arabes et islamiques, seule une minorité est prête à mener ce combat jusqu’au bout.

Une minorité parmi les réticents pense qu’un tel discours est fou ou illusoire et ne peut en aucun cas influer sur le cours de l’histoire. Cette minorité influente ne voit aucune nécessité pour une lutte de ce genre. Elle perçoit en conséquence le Hezbollah comme une bande de cinglés qui non seulement mettent en danger leur peuple et eux-mêmes mais aussi les intérêts des peuples de la région. Cette minorité se retrouve donc dans une alliance, formalisée ou non, avec les véritables ennemis du Hezbollah, à savoir Israël, les Etats Unis et certaines capitales arabes et occidentales.

L’engagement du Hezbollah dans la résistance contre l’occupation l’oblige à faire beaucoup de choses comme éviter de se faire d’autres ennemis. Sa position sur la Syrie est cohérente avec son attitude à l’égard des mouvements de contestation dans l’ensemble du monde arabe.

Dès le début, personne n’aurait pu imaginer voir le Hezbollah prendre position contre le régime syrien. Si le parti n’ignore pas les causes internes de la crise, il n’admet pas les affrontements en cours. Son regard sur la situation d’ensemble l’empêche d’adopter une position de neutralité, tout comme le fait qu’il a un suivi plus clair et fiable de ce qui se passe en Syrie comparativement à beaucoup des organisations impliquées dans les combats.

Le Hezbollah a averti très tôt sur les liens avec l’étranger et les agendas des organisations à la tête de la contestation. Il avait des preuves claires sur les tendances idéologiques de certaines des plus influentes de ces organisations. Il avait observé comment, dès le début de la contestation, des manifestants à Deraa et à Homs avaient brûlé des portraits de Nasrallah et des drapeaux du Hezbollah, et comment la campagne d’incitation à la haine religieuse contre le parti avait été lancée à fond.

C’était avant que le parti ait dit quoi que ce soit sur les développements en Syrie – en fait, alors même qu’il était en train d’œuvrer avec divers mouvements islamistes arabes, dont le Hamas, à essayer de nouer des contacts dans le but d’éviter d’arriver à la catastrophe actuelle.

Le point de vue du Hezbollah, pour dire les choses simplement, est que la guerre en Syrie a pour but de faire évoluer politiquement et stratégiquement ce pays vers une position d’opposition à l’existence du Hezbollah. Ce qui lui fait voir le régime actuel dirigé par Bachar al-Assad comme une ligne avancée de défense du mouvement de résistance au Liban et en Palestine. Ce qui, à soi seul, place le parti au cœur de la crise.

On s’est pose beaucoup de questions et on a dit beaucoup de choses sur le rôle que joue le Hezbollah en Syrie. Ses détracteurs disent qu’il est fortement engagé dans les opérations militaires en cours. Les données du problème n’ont pas besoin de longues explications :

– le Hezbollah entraîne, arme et apporte un soutien logistique conséquent aux Libanais qui vivent dans les villages frontaliers.

– Le Hezbollah est chargé de la protection du mausolée de Sayida Zeinab dans le secteur sud de Damas depuis le départ de ses gardiens Irakiens. Sur place, les membres du parti sont déployés selon un plan qui limite leur responsabilité aux abords immédiats du sanctuaire.

– le Hezbollah a reçu des délégations de nombreuses organisations druzes, chrétiennes, chiites et ismaéliennes qui avaient le sentiment que leurs communautés minoritaires étaient gravement menacées. Il n’a pas satisfait à leurs demandes d’armement et de formation militaire, mais leur a donné les moyens d’éviter d’être déplacés.

– Le Hezbollah, qui a des liens sécuritaires et militaires avec le régime, aide les forces syriennes en protégeant les institutions scientifiques et les usines de missiles qui ont été construites ces dix dernières années en grande partie avec l’aide de l’Iran.

– Le Hezbollah a un important programme, peut-être le plus important, d’aide aux réfugiés Syriens au Liban et même à l’intérieur de la Syrie. Ce programme n’a pas pour but de remercier les Syriens pour avoir accueilli des réfugiés du Liban en 2006. Ce programme est exécuté dans la discrétion sur la base de la conviction que les réfugiés et les personnes déplacées ont droit à toute l’aide humanitaire possible quelles que soient leurs opinions politiques.

Les attitudes à l’égard du Hezbollah sont liées à toutes sortes de calculs. Certains font cependant tout ce qu’ils peuvent non seulement pour entraîner le parti dans la crise syrienne mais aussi dans un affrontement semblable au Liban. Le parti en est conscient. Il semble être en train de discuter des modalités d’une action visant à apaiser les tensions sectaires, même si ses dirigeants craignent de nouvelles effusions de sang avant l’aboutissement de ces discussions.

Des armes pour la guerre civile en Syrie… et au Liban?

14 mars 2013

 L’armée syrienne a dû évacuer le Liban il y a quelques années, cédant à la pression des mêmes que ceux qui se présentent aujourd’hui comme des «amis» de la Syrie.

J’ignore si cette pression était résistible, mais elle n’a finalement été qu’une étape dans la tentative de réduire à merci ce pays.

Il reste que les destins du Liban et de la Syrie sont inextricablement liés d’autant que ces deux nations n’en forment en réalité qu’une.

Je vous avais proposé il y a quelques jours un article sur la montée des tensions au Liban avec la volonté des partisans de l’ex premier ministre Saad Hariri de tenter l’épreuve de force avec le Hezbollah. Ces gens là pensent en effet que la situation qui prévaut en Syrie a modifié de telle sorte le rapport des forces en présence que l’heur de la revanche pourrait bien être sur le point de sonner.

D’autant que la crise en Syrie a ramené au Liban des forces syriennes armées. Sauf que  cette fois-ci, ce n’est pas l’armée régulière syrienne mais la fameuse Armée Syrienne Libre qui tend à se renforcer dans certaines portions du territoire libanais au point de commencer à constituer un Etat dans l’Etat qui ne va peut-être pas tarder à se lancer dans une action militaire d’ampleur au Liban en collusion avec le clan Hariri.

Il faut bien garder en mémoire que ces miliciens, s’ils sont pour l’instant quelques centaines présents sur le sol libanais pourraient rapidement voir leurs effectifs gonfler en puisant dans la population réfugiée et profiter des armes fournies par les pétromonarchies sans parler de celles que le molletiste Laurent Fabius s’impatiente de livrer aux prétendus révolutionnaires syriens.

Il est vrai que Shimon Peres vient d’en donner l’ordre en plaidant devant le parlement européen pour une intervention arabe en Syrie. Il va sans dire que son propos s’adressait en réalité à ses auditeurs immédiats, les pays représentés dans cette assemblée.

On constatera que Laurent Fabius en bon roquet qu’il est (dixit Jacques Chirac) s’est empressé de lever la patte et de faire le beau.

Dessiner une nouvelle carte du Nord Liban, combattants Syriens inclus

par Radwan Mortada, Al-Akhbar (Liban) 13 mars 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Des réseaux de combattants Syriens au Nord Liban redessinent la physionomie du territoire. Depuis les cellules logistiques syriennes aux routes clandestines pour les armes, de nouvelles réalités politiques changent la manière dont les Libanais circulent dans leur pays.

Au Liban, dire que vous êtes stoppé par un Palestinien armé signifierait que vous êtes entré dans un camp de réfugiés contrôlé par une faction palestinienne. Mais dire que vous avez été stoppé par un combattant Syrien armé – ce mois-ci à Tripoli, plusieurs années après le retrait de l’armée syrienne – est tout à fait autre chose.

C’est même encore plus problématique quand ce combattant armé vous demande de changer votre destination, qui se trouve en plein Liban, après avoir remarqué votre appareil photo.

Ces nouveaux arrangements suggèrent que la région se dirige vers une nouvelle phase que les officiels des services de sécurité tendent à comparer avec l’époque où les opérations de la résistance palestinienne au Liban avaient valu au pays le sobriquet de Fatah Land.

Un haut responsable des services de sécurité base son évaluation sur le simple fait que le Nord Liban accueille environ 100 000 réfugiés Syriens dont il affirme qu’un tiers est prêt à prendre les armes. Il n’y a pas que ça, le même responsable indique que les informations recueillies par les forces de sécurité confirment la présence de centaines  de combattants Syriens qui se déplacent librement à l’intérieur du territoire libanais.

En parallèle, ces informations indiquent que le frère d’un député influent du district d’Akkar (près de la frontière avec la Syrie) continue à organiser des cellules syriennes. Elles sont réparties selon un plan conçu par des officiers de l’armée à la retraite qui soutiennent l’opposition syrienne.

Les informations des services de sécurité révèlent que l’officier Syrien dissident Annad A. est arrivé à Halba (chef lieu du district d’Akkar) en compagnie d’un militant d’Akkar après avoir fui  la Syrie pour une zone du Liban favorable au député Walid Joumblatt où il a reçu protection.

Ces informations dissent aussi qu’il a tenu une réunion au domicile de Mahmoud Z. Ils ont discuté de la livraison d’armes et de fournitures à distribuer sur la place [publique] d’Halba.

Halba (sous le chiffre 9 sur la carte) est proche à la fois de la frontière syrienne et de la mer Méditerranée

Halba (sous le chiffre 9 sur la carte) est proche à la fois de la frontière syrienne et de la mer Méditerranée

Il y a aussi des rumeurs sur un genre de conseil militaire syrien dans le Nord, avec différentes activités conduits par les militants, dont la collecte de fonds, la coordination et l’approvisionnement en armes. Ils constituent ce qui s’apparente à un gouvernement militaire fantôme. Il existe aussi des indications crédibles sur leur relation avec des personnalités libanaises des milieux politiques et sécuritaires

En plus de financements étrangers, le ressortissant Syrien Anwar S. B., alias Abu-Hassan al-Souri, s’occupe des fournitures et de l’armement en coordination avec des militaires en retraite et un parlementaire du Mouvement pour le Futur [le parti de Hariri] originaire du Nord Liban. Il convient d’observer que Souri avait été blessé dans l’explosion du dépôt d’armes d’Abi Samra à Tripoli.

En outre, le nom de Mohamed A., alias Abou Afif est cité. Sa mission est de fournir les salaires mensuels qui doivent être transportés à al Qusayr via Arsal (où deux soldats Libanais avaient été tués dans des affrontements avec le Jabhat al-Nosra). L’argent vient de donations effectuées en Europe et dans les pays arabes du Golfe et est déposé au domicile du député susmentionné.

Arsal fait face à la ville syrienne d'al Qusayr et est donc très proche d'Homs

Arsal fait face à la ville syrienne d’al Qusayr 

 

En matière d’achat d’armement, le rôle le plus important revient à Ismail R. C’est un homme riche présenté par les membres de l’opposition syrienne comme étant en charge de la fourniture d’armes achetées à des officiers pro régime de l’armée syrienne. Il est aussi chargé de recevoir les soldats blessés de l’Armée Syrienne Libre et de les répartir dans les hôpitaux libanais.

Tous coordonnent leur action avec le siège local de l’opposition syrienne établi dans la rue de l’Ordre des médecins à Tripoli, devant le réservoir central, derrière la maison du général Ashraf Rifi, directeur des Forces de Sécurité Intérieure du Liban.

Les informations indiquent que des réunions nocturnes se tiennent régulièrement entre des officiers Syriens dissidents, des personnalités religieuses et d ‘autres personnes. Récemment, la zone résidentielle d’Abrar a été le lieu d’une fusillade en raison des désaccords entre un des blessés et ses médecins.

Des réfugiés se font passer pour des civils en journée, puis font leur devoir “djihadiste” à la faveur de la nuit. A Akkar, il y a certains endroits de la frontière qu’il est impossible d’approcher ou de franchir sans être stoppé par des hommes armés, dont des Syriens, qui vous demandent ce que vous faites, d’où vous venez et ce que vous voulez.

Réalité politique de l’opposition armée au régime syrien

30 janvier 2013

Comme on l’a vu dans mon post précédent, le chef de l’Etat syrien Bachar al-Assad soutient que l’armée gouvernementale a repris l’initiative et qu’elle a porté des coups sévères à l’opposition armée, créant ainsi une nouvelle réalité sur le terrain qui deviendra bientôt claire aux yeux de tous.

On saura donc assez rapidement si le dirigeant Syrien pèche par excès d’optimisme ou si l’opposition armée va prendre ou reprendre l’initiative.

Si cette opposition est peut-être en reflux sur le terrain militaire, elle l’est assurément sur le plan politique et la dernière réunion des «amis» de la Syrie qui s’est tenue en France tend à le confirmer tant elle semble se résumer à un aveu d’impuissance et à une quête d’argent.

Notre amitié pour la Syrie est scellée par le sang.

Trois amis sincères de la Syrie

 M. Laurent Fabius n’a cependant toujours pas renoncé à faire couler le sang en Syrie tant que l’actuel président n’aura pas été éliminé par un moyen quelconque puisqu’il ne «mériterait pas d’être sur la Terre» selon ses propres termes. Un appel au meurtre, ni plus, ni moins. 

Quant au terrain militaire, il est surtout occupé par des milices qui ne sont jamais invités aux réunions des «amis » de la Syrie, au grand dam de Cheikh Mouaz Khatib, le leader de la Coalition Nationale Syrienne des Forces Révolutionnaires et d’Opposition. 

L’article que je vous propose montre tous simplement que cette  Coalition Nationale Syrienne des Forces Révolutionnaires et d’Opposition portée à bout de bras par Laurent Fabius et William Hague n’est qu’une coquille vide supposée envelopper cette autre coquille vide qu’est l’Armée Syrienne Libre. 

Ce constat avait déjà été fait par le gouvernement britannique qui se proposait justement, après avoir favorisé l’afflux en Syrie de ceux qui forment maintenant l’armature de la rébellion armée, de remplir cette coquille et de la rendre populaire auprès de la population syrienne.

 

Les efforts des Etats Unis pour affaiblir les rebelles islamistes en Syrie semblent avoir échoué

par David Enders, McClatchy Newspapers (USA) 28 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Beyrouth – Soutenu par les Etats Unis, un effort pour mettre en place des conseils militaires dans toute la Syrie pour unifier les centaines de groups qui combattent pour renverser le président Bachar al-Assad et coordonner la fourniture d’aide aux groupes rebelles laïques semble avoir largement échoué.

Les rebelles expliquent que les officiels US ont poussé à la création de ces conseils dans chacune des 14 provinces syriennes en réponse aux demandes des rebelles de fourniture d’armes et d’autres soutiens. En décembre, les représentants de plusieurs organisations rebelles se sont réunis en Turquie et ont élu un Conseil Militaire Suprême de 30 membres qui a ensuite désigné à sa tête le général Syrien déserteur Salim Idriss

Mais des militants Syriens affirment que les conseils sont devenus un sujet de dérision et de moquerie en Syrie dans les semaines qui ont suivi et que d’autres organisations, dont le Front al-Nusra lié à al Qaïda ont assumé le rôle de coordination centrale que les officiels US espéraient voir revenir aux conseils militaires.

“Je n’ai pas beaucoup entendu parler des conseils militaires,” déclare Jeff White, un analyste militaire du Washington Institute for Near East Policy.  «Je n’ai pour l’instant vu aucun signe que le Conseil Militaire Suprême ou les commandements régionaux aient entrepris une action quelconque.»

Des membres des conseils militaires ont accusé les Etats Unis et d’autres pays pour leur absence d’assistance, affirmant que sans aide, les conseils étaient incapables d’acquérir une influence sur les combats à l’intérieur de la Syrie.

“Ils avaient ce plan, mais personne n’a reçu aucun soutien,” affirme Mahmoud, un Syro-américain qui a mis en place un petit camp d’entraînement rebelle en Syrie de nord et dit recevoir de l’aide de donateurs individuels. Il a demandé que sont identité complète ne soit pas divulguée pour des raisons de sécurité.

Ce lundi, des responsables américains à Washington continuaient à exprimer leur appui à l’opposition anti-Assad.

“Je pense que nous avons vu l’opposition en Syrie faire des progrès continus,” a déclaré à la presse Jay Carney, le porte parole de la Maison Blanche. «Je pense que nous avons vu l’emprise d’Assad sur le pouvoir en Syrie continuer à diminuer. Nous continuons à faire des démarches avec nos partenaires pour fournir à la fois de l’aide humanitaire et de l’assistance non létale [terme de la novlangue américaine supposé désigner des armes qui ne tuent pas, NdT] à l’opposition et à travailler avec nos partenaires pour contribuer à parvenir à une Syrie post-Assas qui reflète la volonté du peuple syrien, parce que le bon résultat ici sera que les Syriens décident de leur propre avenir.»

L’échec des conseils militaires à s’organiser rapidement et à gagner en influence a court-circuité ce que les officiels US espéraient être un système qui aurait permis aux Etats Unis et à leurs alliés de diriger l’aide vers les organisations rebelles qui prônent une Syrie post-Assad démocratique, où les droits des minorités ethniques et religieuses seraient respectés, et non vers des groupes comme Nusra qui veulent un régime basé sur la loi islamique.

Mais les organisations islamistes restent en pointe dans les récents combats, alors que les conseils militaires fonctionnent à peine. Ce constat se vérifie dans tout le pays, y compris le sud où plus de 20 000 personnes ont fui les combats vers la Jordanie rien que la semaine dernière.

Le présumé gouvernement syrien en exil, la Coalition Nationale Syrienne des Forces Révolutionnaires et d’Opposition, a également échoué à s’imposer – un autre important revers pour la politique américaine. La Secrétaire d’Etat US Hillary Clinton était le principal promoteur de la coalition qui s’était constituée après que Mme Clinton avait annoncé publiquement que les Etats Unis ne pouvaient plus soutenir la structure qui l’avait précédée, le Conseil National Syrien.

Mais après que des dizaines de pays eurent reconnu cette nouvelle structure comme étant le successeur du régime Assad, elle a également échoué à avoir de l’influence. Elle n’a pas respecté la date butoir qu’elle s’était elle-même fixée pour désigner un premier ministre par intérim et l’engagement des Etats Unis auprès de cette organisation, qui avait atteint son apogée avant l’élection présidentielle américaine de novembre, a décliné après que le leader de la coalition, Cheikh Mouaz Khatib, a critiqué la désignation par les Etats Unis du Front al Nosra comme organisation terroriste qui se confond avec al Qaïda en Irak.

Les militants Syriens dissent que le plan américain pour réduire le rôle des groupes islamistes dans la lutte anti-Assad a au contraire abouti à un renforcement de la puissance des islamistes.

“Les bataillons islamistes sont les seuls bataillons qui agissent sur le terrain,” déclare Omar Shakir, un militant antigouvernemental d’Homs, la troisième plus grande ville du pays.

Il explique que les efforts des Etats Unis pour aider le conseil militaire à Homs ont cessé quand les commandants de cette ville ont refusé de couper les ponts avec les groupes islamistes, ainsi que les Etats Unis l’avaient exigé.

“Les bataillons islamistes ont leurs propres sources pour les armes et l’argent, ils se battent vraiment bien contre le régime,” déclare Shakir. «Donc, après que les Etats Unis ont interrompu leur aide, le conseil militaire est devenu impuissant et la plupart des combattants rejoignent les bataillons islamistes.»

Ces bataillons, qui comprennent Nosra et une autre brigade islamiste, Ahrar al Sham, ont été à la pointe du combat dans toute la Syrie. Des groupes islamistes plus modérés comme les Brigades Farouq et Liwa Tawhid, qu’on considère toutes eux comme affiliées aux Frères Musulmans syriens, opèrent également dans tout le pays.

On considère que Nosra dispose d’environ 5 000 hommes en armes, et on pense que Sham est encore plus importante, ce qui fait des groupes d’obédiences islamiste les plus importantes organisations combattantes d’une opposition syrienne aux multiples facettes.

Selon les Nations Unies, plus de 60 000 personnes ont péri dans les violences depuis que le soulèvement anti-Assad a commence en mars 2011.

Assad, un président Syrien lucide et confiant

29 janvier 2013

Le président Syrien Bachar al-Assad a récemment reçu une délégation de personnalités arabes. Ces dernières on pu prendre connaissance en direct du sentiment du chef de l’Etat sur la situation politique et militaire dans son pays et la manière dont il envisage l’évolution de cette situation.

Ces visiteurs renvoient l’image d’un président maître de lui-même et confiant dans la capacité de l’armée de son pays à créer sur le terrain les conditions d’une solution politique.

Une solution qui serait bien sûr très différente de celle que souhaitent les prétendus « amis » de la Syrie.

Sa vision du contexte international n’est pas dénuée de lucidité. Il considère en effet que les Etats Unis ne sont pas (encore) prêts pour une solution de la crise syrienne, ce qui sous-entend que Bachar al-Assad pense qu’ils le seront dans un avenir assez proche. Quant à la Russie, dont le soutien ne lui a jamais vraiment fait défaut, il estime que c’est sa propre sécurité qu’elle défend en Syrie. 

Et ça ne fera peut-être plaisir ni à Laurent Fabius, ni à William Hague, mais il n’y a aucune place pour la France et la Grande Bretagne dans la réflexion de Bachar al-Assad.

 Assad: Nous avons repris le dessus

Al-Akhbar (Liban) 28 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Damas – Le président Syrien Bachar al-Assad a déclaré à des visiteurs que l’armée syrienne «a largement repris l’initiative sur le terrain et a obtenu d’importants résultats, qui seront bientôt mis en lumière.»

 « Les groupes armés financés par l’étranger ont reçu des coups sévères récemment, » a ajouté Assad.

« Les Etats-Unis ne sont pas prêts pour une solution à l’heure actuelle. » Il a estimé que la Russie restera son alliée. « C’est elle-même qu’elle défend, et non pas le régime syrien, a-t-il poursuivi, soulignant que «nous ne nous écarterons pas des articles de l’accord de Genève ».

Ces positions ont été relayées à Al-Akhbar par des Arabes qui ont effectué une visite au palais présidentiel et qui étaient intéressés à avoir un témoignage de première main sur les rouages décisionnels en Syrie, et en particulier sur le président lui-même.

Un de ces visiteurs est resté assis près d’Assad pendant plus de trois heures. Il a déclaré à Al-Akhbar que même s’il n’est pas trop influencé par la propagande anti-Assad, il a quand même été étonné de ce qu’il a vu et entendu. Le président tient des réunions régulières au palais al-Rawda à Damas. Son équipe gère ses activités comme à l’habitude. Au plan personnel, l’homme semble calme et avoir le contrôle. Il est à l’évidence confiant. Il y a aussi la nouvelle de la grossesse da son épouse Asma, qui n’a pas pu être abordée comme si c’était une simple affaire personnelle dans un couple.

Sur le plan personnel comme politique, Assad surprend ses hôtes «par sa lecture complexe de la situation à ce stade.» Cette observation a été répétée par plusieurs personnes qui l’ont vu récemment. Il parle «des provinces syriennes dans leurs moindres détails. Ses informations portent sur une rue ici et sur les nouvelles d’un petit quartier là. Les rapports qu’il reçoit sont complets, même quand ils ne sont pas à son goût.»

Selon ses visiteurs, “Assad est tout à fait conscient des efforts internationaux pour résoudre la crise en Syrie.” Certains le signalent en disant que «s’il n’en était pas ainsi, l’Etat n’aurait pas pu survivre aussi longtemps, l’armée arabe syrienne n’aurait pas maintenu sa cohésion. “

Assad, ainsi que ses visiteurs l’ont dit à Al-Akhbar, affirme que “l’armée a largement repris l’initiative sur le terrain, obtenant d’importants résultats en plus de ceux qu’elle avait obtenus ces 22 derniers mois. Elle a mis fin au contrôle par les combattants [de l’opposition] de gouvernorats entiers, restreignant leur champ d’action à des zones frontalières avec la Turquie principalement, et avec le Liban et la Jordanie dans une certaine mesure. Il y a aussi quelques poches dans la campagne près de la capitale qui sont en cours de traitement par l’armée. La capitale Damas est dans une meilleure situation. Ses points stratégiques – malgré les tentatives des militants – sont restés sûrs, la route de l’aéroport tout particulièrement. “

S’arrêtant sur ce qui s’est passé au camp de réfugiés Palestiniens de Yarmouk, près de Damas, Assad explique que le camp a valeur de symbole, ce qui a incité le gouvernement syrien à ne pas prendre la décision d’affronter les militants qui en avaient occupé une partie. Le règlement de la situation à Yarmouk avait été laissé aux factions palestiniennes, à charge pour elles de prendre des initiatives pour une solution acceptable par les autorités syriennes.

Le président Syrien a été interrogé par ses visiteurs sur les propos qu’il avait tenus au meeting tenu à l’Opéra sur son “refus de laisser la Syrie se transformer en hôtel“. Il a répondu en disant qu’il ne voulait pas s’attarder sur ce débat  mais qu’il avait “été blessé par ceux qui auraient dû témoigner que nos relations avec les factions palestiniennes n’ont jamais été basées sur la religion ou l‘appartenance confessionnelle.“

Ils sont au contraire devenus des témoins mensongers, soutenant que l’Etat syrien agit de manière sectaire. La logique veut que nous nous attendions à ce qu’ils disent la vérité. Nous comprenons les contraintes de certains d’entre eux et nous aurions accepté qu’ils gardent le silence s’ils étaient dans l’incapacité d’être des témoins sincères. “

Le président Syrien a déclaré qu’en dépit des positions adoptées par les dirigeants de certaines factions palestiniennes, “La Syrie qui a payé le prix fort avec l’argent et les maigres ressources de son peuple pour soutenir la résistance palestinienne, ne réduira pas ce soutien. “

Assad affirme que “ce que l’armée syrienne a réalisé ces dernières semaines apparaîtra bientôt à la lumière. “Il donne quelques détails qui peuvent être pris comme indicateurs d’un “réel changement de la situation sur le terrain. Par exemple, il y a 15 000 habitants qui sont rentrés volontairement à Homs. Le peuple syrien en a déjà assez de ces déviants qui ont détruit ses rues, ses maisons et ses commerces. “

Assad pense que la “fermeture des frontières aux armes et aux trafiquants pourrait résoudre le problème en deux semaines, parce qu’alors, les sources pour les armes et l’argent seraient éliminées.“

Il a dit à ses visiteurs que “les groupes armés financés par l’étranger ont reçu des coups sévères récemment. Ce développent croise une autre évolution à l’étranger, la plus importante étant l’inclusion du Jabhat al-Nusra dans la liste des organisations terroristes, qui sera suivie par d’autres mesures qui conduiront à l’élimination de la totalité de cette branche d’al Qaïda. “

Assad pense que les Etats Unis ne sont pas prêts pour une solution actuellement. Il pense que la Russie va continuer à le soutenir. “C’est elle-même qu’elle protège, pas le régime syrien, “ a-t-il expliqué, soulignant que “nous ne nous écarterons pas de l’accord de Genève. “

Il a souligné que la Syrie continuera à coopérer avec l’envoyé de la Ligue Arabe et de l’ONU, Lakhdar Brahimi quoique “ce dernier a paru, lors de sa dernière visité à Damas, quelque peu influence par la champagne médiatique contre la Syrie.”

Les visiteurs d’Assad ont soutenu que Brahimi avait suggéré que le président démissionne au cours de la phase de transition sur la base du fait qu’aucun président n’aura de pouvoirs importants pendant une telle période. Mais le président a “fait objection et expliqué [à Brahimi] à sa façon que ce qui résoudra la crise en Syrie est la situation sur le terrain qui est chaque jour plus favorable au régime“.

Aujourd’hui, selon ses visiteurs, Assad suit les développements de la guerre qui se déroule dans son pays. Il estime avoir été en mesure de surmonter les étapes les plus difficiles et les choses seront bientôt claires. Il insiste sur le besoin «d’arrangements logistiques pour la phase suivante. Il y a un plan pour le retour des réfugiés dans leurs régions et dans leurs maisons qui sera annoncé en temps voulu et il y a d’autres plans pour la reconstruction.»

Quand un sauvage dénonce la sauvagerie en…Syrie

18 janvier 2013

L’ actualité est abondante, notamment au Mali et, paradoxalement, surtout en Algérie, pays qui fait maintenant figure d’accusé pour sa gestion (à l’algérienne dit-on) d’un évènement qui est avant tout la conséquence des agissements de la France et de ses amis au Mali et, auparavant , en Libye.

Mais ce n’est pas de ça dont je veux vous parler, même si le risque est grand de voir l’Algérie se retrouver peut-être devant un danger mortel. Non, je voudrais revenir sur la Syrie qui, si elle est passée à l’arrière-plan, est loin d’avoir disparu du radar de la propagande occidentale ainsi qu’en témoignent des informations qui font état d’un massacre qui aurait été perpétré par les forces gouvernementales.

Le gouvernement français, ce pompier pyromane qu’il soit de droite ou de gauche, s’est d’ailleurs empressé de dénoncer la « sauvagerie » du régime syrien.

En matière de sauvagerie, l’armée française n’a pourtant de leçon à recevoir de personne, au contraire!

En matière de mensonge non plus.

Syrie: Reuters se discrédite encore en  relatant un autre mensonge sur un ‘massacre’

Moon of Alabama, 17 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Reuters: Le massacre de plus de cent personnes signalé à Homs en Syrie

Plus de cent personnes ont été tuées par balles, à l’arme blanche et peut être brûlées vives par des forces gouvernementales dans la ville syrienne d’Homs, a affirmé un organisme de veille ce jeudi, et de durs combats faisaient rage dans tout le pays.

L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), un organisme basé en Grande Bretagne a indiqué que des femmes et des enfants figuraient parmi les 106 personnes tuées par les forces fidèles au président Bacha al-Assad qui ont investi mardi Basatin al-Hasawiya, un quartier pauvre de la périphérie d’Homs.

Reuters ne peut pas confirmer indépendamment ces informations en raison des restrictions sur la presse en Syrie.

Cette dernière phrase est absurde et sert d’excuse facile à Reuters pour sa paresse et pour pouvoir publier de la propagande.

Bill Neely (@billneelyitv) appartient à la rédaction internationale d’ITV News. Il est en ce moment en Syrie sous couvert d’un visa délivré par le gouvernement et il rend compte depuis Homsis. Voici ses tweets récents:

9:08 AM – 17 Jan 13

Il est évident que beaucoup de gens ont péri dans cette agglomération agricole pauvre en périphérie de #Homs. Le régime comme l’opposition affirment qu’il y a eu des dizaines de tués.

9:10 AM – 17 Jan 13

Les gens d’ici avec qui j’ai parlé évaluent le nombre de tués à #Huwaisa à 30 environ, dont des femmes et au moins cinq enfants. J’ai vu du sang et des restes [humains]

9:25 AM – 17 Jan 13

Il y au à l’évidence un massacre à #Huwaisa. Difficile de dire qui a fait ça – l’opposition accuse les forces du régime, les civils ici accusent le Jabhat al Nusra.

9:35 AM – 17 Jan 13

Les gens d’ici à #Huwaisa décrivent des rebelles qui sont venus dans le secteur pour attaquer l’armée; ceratins portaient des uniformes noirs, certains portant des bandeaux avec des slogans djihadistes.

9:36 AM – 17 Jan 13

Beaucoup d’hommes d’ici à #Huwaisa pleuraient quand ils se retrouvaient – l’un a perdu deux frères, un autre son épouse et sa soeur. Ils dident que les rebelles étaient différents – pas de l’Armée Syrienne Libre.

Qui peut mieux savoir qui a tué les gens à Huwaisa? Les gens qui vivent sur place ou la source de la propagande de Reuters qui se trouve quelque part en Grande Bretagne?

Réalités de la guerre en Syrie

26 août 2012

Le journaliste Anglais Robert Fisk va sans doute à son tour être classé dans la catégorie des nazillons salafisto-révisionnistes par les Red Skins (qui se disent militants prolétariens) qui ont déjà taillé ce costar à Michel Collon, un auteur bien connu qui nous vient d’Outre Quiévrain.

C’est sûr, les gens comme Michel Collon gênent ceux qui pensent qu’il est temps d’avoir un gouvernement mondial qui ne peut être assumé, soyons réalistes, que par l’OTAN, cette organisation constituée de pays exemplaires à tous points de vue. C’est vrai, dans les pays OTAN, tu peux tout dire (quoique), te mettre une plume dans le derrière un jour de gay pride. Que des gentils quoi.

Dommage, il y a tous ces méchants : le dictateur Syrien (qui est carrément Hitler pour ce pitoyable François  Hollande qui pense cependant que les FFI ont libéré Paris d’un autocrate Français), le Guide Libyen (quoique ce dernier a succombé devant la gentillesse de l’OTAN), Mugabe au Zimbabwe qui veut garder pour lui tout son or, Hugo Chavez au Venezuela et, comble de l’horreur le Hezbollah libanais et le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad dont on dit depuis 20 ans que son pays va avoir la bombe dans six mois.

Et comme c’est l’OTAN qui dit qui est méchant et qui ne l’est pas, on a eu Benali qui était gentil (demandez à Bertrand Delanoe) avant de devenir méchant, et Moubarak qui était très très gentil avant lui aussi de devenir méchant.

Et si on repense à kadhafi, c’était le meilleur lui : il était très très méchant, avant de devenir gentil puis de redevenir horriblement méchant.

Et les barbus djihadistes qui étaient gentils au moment où les Soviétiques étaient en Afghanistan (on en avait trouvé un de présentable, Ahmed Shah Massoud), étaient ensuite devenus maléfiques avec Ben Laden mais redeviennent gentils aujourd’hui (quelqu’un a même trouvé un article sur ce djihadiste tunisien qui fume pendant le jeune de Ramadan, et est branché musique. Parce que le djihad selon l’OTAN, c’est cool maintenant.

J’en reviens à Fisk qui s’attache à rétablir ou à établir quelques vérités non dites ; oui, il y a un complot contre la Syrie qui a commencé à être exécuté dès le début des revendications légitimes de la population. Et oui, il faut une solution politique pour arrêter morts et destructions mais chacun peut voir qui, comme en Libye précédemment, fait obstruction à toute discussion.

Mais dans le monde des bisounours, il suffit que Mme Clinton, David Cameron et Laurent Fabius disent «Bachar dégage » pour que tout soit réglé.

Misère de la pensée.

Mais il est vrai que dans le monde de bisounours de certains il n’y a jamais de complot, parce qu’il y a seulement des gentils et des méchants, et le méchant on le reconnaît au premier coup d’œil puisque c’est pratiquement toujours un Arabe ou un Africain ou les deux comme Kadhafi, en tout cas quelqu’un que les Américains n’aiment pas.

PS: je ne suis que très partiellement voire pas d’accord sur le parallèle qu’il fait entre la situation syrienne et la guerre civile en Algérie, non plus que sur le parallèle historique mais ce n’est pas vraiment l’objet du post. De même, ni le régime syrien, ni le régime algérien ne peuvent être qualifiés de laïques, ce sont des régimes sécularisés (en anglais on dit secular). 

La réalité sanglante d’une guerre peu civile en Syrie

Ceux qui essayent de renverser Assad ont surpris l’armée par leur puissance de feu et leurs tactiques brutales

Par Robert Fisk, The Independent (UK) 26 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Quelques heures après le commencement des attaques féroces conduites le mois dernier à Damas par l’Armée Syrienne Libre (ASL), le nouveau ministre Syrien de l’information, Omran Zouhbi, s’adressait aux journalistes présents dans la capitale. «Que faites-vous ici à Damas ? » avait-il rugi. Vous devriez être à l’extérieur avec nos soldats !»

Et en l’espace d’une journée, les images usées d’un président Bachar al-Assad au sourire pincé et de soldats Syriens embrassant joyeusement des enfants avaient été remplacées par des séquences d’actualités brutes – et authentiques – montrant des commandos forçant le passage dans la rue de Bagdad sous le le feu des opposants au régime au visage sale, courant d’un coin de rue à un autre, tirant en se couvrant derrière des murs ou des terrasses. « Nous avons nettoyé par ici, » déclare un militaire fatigué mais très en colère. «Alors maintenant, nous allons avoir le reste de ces salauds.» Jamais auparavant – pas même pendant la guerre de 1973 quand l’armée syrienne avait pris d’assaut la crête de l’Observatoire sur le plateau du Golan – le public syrien n’avait pu assister à quelque chose d’aussi réel sur ses écrans de télévision [bon, il a ça dans ses rues ou chez lui, note de Djazaïri].

Et – malgré des histoires  fantaisistes sur sa présence dans chaque village ravagé – la bataille pour Damas a réellement été conduite par l’impitoyable 4ème division de Maher al-Assad. Les soldats fidèles au plus jeune frère de Bachar n’ont pas fait de quartier. «Ce fut un massacre, un massacre,» m’a dit un Syrien qui a une excellente connaissance de l’armée. Beaucoup de cadavres avaient déjà gonflé au bout de quelques heures, mais on pouvait dire que certains d’entre eux n’étaient pas Syriens ; il y avait des Jordaniens, des Palestiniens, des Egyptiens, un Turc, des Soudanais… » Il a compté 70 cadavres à un endroit, dont 42 non arabes. L’ASL a signalé avoir perdu seulement 20 hommes et a affirmé que le gouvernement syrien avait insisté sur le nombre de «combattants étrangers» découvert au milieu des tués. «les soldats Syriens n’aiment pas l’idée qu’ils tirent sur leurs compatriotes – ils se sentent plus à l’aise s’ils croient qu’ils son en train de tirer sur des étrangers,» explique le jeune homme.

Les statistiques de la guerre en Syrie seront toujours l’objet de disputes – chaque camp minimisera ses pertes tant que dureront les combats et  exagèrera le nombre de ses «martyrs» une fois le conflit terminé ; nous ne saurons pas non plus le véritable nombre de civils tués, pas plus que l’identité de ceux qui les auront tués. Malgré l’accès inédit que nous avons eu la semaine dernière à des généraux et à des majors que l’Occident accuse de crimes de guerre, je n’ai trouvé qu’un officier qui a reconnu partiellement l’existence des shabiha, cette milice meurtrière à laquelle on impute des atrocités dans des villes et villages en majorité sunnites. «Les shabiha n’existent pas,» m’a-t-il dit. «C’est un produit de l’imagination. Ce sont des ‘défenseurs’ villageois qui gardent certains secteurs… »

Et c’est bien sûr exactement ce que le shabiha prétendent être, des civils Syriens qui protègent leurs maisons contre les ennemis du gouvernement. Il en a existé en Algérie pendant le conflit barbare entre la dictature d’Alger et les rebelles islamistes dans les années 1990, protégeant leurs familles tout en commettant des atrocités dans les villes et villages considérés comme étant utilisés par – ou sympathisants avec – leurs ennemis « terroristes» musulmans. En Algérie aussi, les opposants au régime étaient appelés des combattants étrangers, des hommes qui avaient combattu contre les Russes en Afghanistan et qui étaient rentrés pour continuer leur guerre sainte contre le régime «laïque» de l’ancienne colonie française. Maintenant, c’est une autre ancienne colonie française «laïque» – quoique dominée par les Alaouites –  dont le pouvoir dit qu’il combat des hommes venus d’Afghanistan, ne faisant aucune distinction entre les brigades de l’Unité des Frères Musulmans, les salafistes ou tout simplement l’ASL. Personne ne sera surpris d’apprendre qu’il y a toujours eu des relations très étroites entre les renseignements militaires syriens et algériens.

Mais la bataille de l’armée gouvernementale contre ses antagonistes Syriens et étrangers n’a pas toujours été sans anicroches comme le régime voudrait le faire croire au monde. En dépit du récit des évènements en vigueur aujourd’hui en Occident, des hommes armés étaient présents dans les rues des villes et des villages dès les tout premiers jours de la mobilisation en Syrie il y a 18 mois. Certes, le printemps arabe a d’abord pris la forme de défilés pacifiques de dizaines de milliers de manifestants non armés dans les grandes villes de Syrie, mais une équipe de tournage d’al Jazeera avait pu filmer des hommes armés attaquant des soldats Syriens près du village de Wadi Khallak en mai 2011. Le même mois, lé télévision syrienne avait obtenu une séquence filmée avec des hommes armés de Kalashnikovs près d’une foule de manifestants Syriens non armés à Deraa, où la révolte avait commencé après que des agents de la police secrète eurent torturé à mort un garçon âgé de 13 ans.

Pourtant, il semble que quand les officiers Syriens et leurs soldats ont pénétré pour la première fois à Deraa, ils ne pensaient pas se retrouver face à des opposants armés. «Nous avions sécurisé 60 % de la ville en un seul jour,» affirme un Syrien bien au courant de cette opération. «Nous n’avions envoyé sur place que 1100 soldats – ça n’arriverait pas maintenant – parce qu’on ne pensait pas qu’il y avait des groupes armés là-bas. Mais après les cinq jours qu’il nous avait fallu pour reprendre le reste de la ville, nous avions perdu 17 de nos hommes victimes de tireurs embusqués». Ce ne fut pas la seule surprise : avec le début des batailles rangées plus tard dans l’année, l’armé syriennesera étonnée par la puissance de feu de ses opposants.

«A Homs, l’armée se trouvait dans un immeuble qui a reçu des centaines – littéralement des centaines – de roquettes RPG, » déclare un Syrien bien au courant des opérations [à Homs]. «Il y au des milliers d’explosions et finalement nous avions dû évacuer l’ensemble du bâtiment parce qu’il allait s’écrouler. Quand les soldats en sont sortis, ils on dû faire sauter toute la structure avant qu’lle s’effondre.»  Et, pour une armée stigmatisée pour sa propre cruauté au combat, les soldats Syriens ont été surpris par la brutalité de ceux qu’ils affrontaient.

A Andan, un checkpoint de l’armée lourdement défendu avait été balayé à la fin de l’an dernier quand la Liwa Tawhid, la Brigade de l’Unité, avait attaqué la position et tué jusqu’au dernier les 75 soldats et les 4 officiers. Dans une embuscade ultérieure à Shughour, 120 soldats avaient été tués. Les registre de l’armée notent l’assassinat de neuf agents de police au poste de polide d’al-Hadr dans la province de Hama, de huit policiers dans un autre poste de la même province. A Salkin, une autre ville de la province de hama, un ancien employé civil de l’armée qui conduisait des camions pour le service de transport de l’armée avait été agressé par une foule de civils. Cet homme, Abdul Fatah Omar Abdul Fatah était accusé d’être un membre des shabiha, dénudé et pendu, puis son cadavre avait été bombardé de chaussures et décapité. A Duma, un responsable de mosquée [imam ?] avait dit aux fidèles : « Parmi nous, il y a un Awaini,» un traître. L’homme avait été battu à mort. Il est enregistré sous le nom d’Abu Ahmed Akera.

Quand l’ASL a f ait suivre son attaque contre Damas d’une offensive sur Alep, les autorités ont constaté  que le premier objectif de leurs ennemis était l’école d’artillerie. Plus de 70 cadets ont réussi à résister jusqu’à l’arrivée de renforts. Il se dit que toutes les équipes chargées  des batteries de missiles sol-air avaient été évacuées à la hâte d’Alep pour éviter le risque de capture et préserver les capacités de défense tactique en cas de possible attaque par Israël ou l’OTAN.

Le soldats Syriens qui ont forcé leur passage à travers les ruelles sinueuses de la vieille ville d’Alep cette semaine choisiront peut-être de se souvenir d’un jeune étudiant Egyptien qui avait passé des mois à Alep dans les années 1990 pour travailler sur une thèse en urbanisme qui portait précisément sur le champ de bataille où combat l’armée en ce moment : c’était Mohamed Atta, le chef des pirates de l’air du 11 septembre aux Etats Unis. Certains attaques sur des officiels Syriens ont été planifiées tès soigneusement ; des scientifiques du Centre de Recherche Scientifique près de Damas ont été assassinés. Bien avant le premier recours à l’aviation  dans les combats – l’armé affirme que c’était en juin – sept pilotes avait été tués l’an dernier par des rebelles. L’armée affirme n’avoir commencé  à utiliser l’artillerie – face aux mortiers – qu’en février.

Pour le gouvernement, les temps à venir s’annoncent difficiles. L’armée pense qu’Idlib – signalée comme étant un bastion d’al Qaïda – sera une des batailles les plus décisives pour la guerre. On a les témoignages de conscrits effrayés capturé ans un autobus civile en Syrie centrale et à qui on a donné le choix suivant : soit leurs parents donnent 450 000 livres syriennes (8 000 €)à l’ASL, soit les jeunes hommes doivent rejoindre les rebelles. Dans le village de Rableh, près d’al Qusayr, une population en majorité chrétienne de 12 000 âmes serait retenue comme boucliers humais par les rebelles, quoique l’armée semble avoir décidé qu’il serait trop coûteux de pendre le village.

Le régime de Bachar al-Assad est devant un ennemi brutal et plein de ressources dont les soutiens islamistes reçoivent de l’aide de l’Occident – exactement comme les moudjahidine étaient financés et armés par l’Occident quand ils combattaient les Russes dans les années 1980. Avec environ 50 000 hommes en armes [l’armée syrienne compte en fait 300 000 hommes] et peut-être 4 000 chars de combat, l’armée syrienne en tant que telle ne peut pas perdre.

Mais peut-elle gagner ?

Décapitations à la tronçonneuse, combattants et argent étrangers: quelques vérités sur l’Armée Syrienne Libre

21 août 2012

Il est assez formidable cet article du journal El pais. Il est conçu comme une pièce de propagande en faveur de l’opposition armée au gouvernement syrien.

Sauf que la journaliste, Mayte carrasco, qui a semble-t-il séjourné à plusieurs reprises aux côtés des membres de l’Armée Syrienne Libre est une professionnelle et qu’elle rapporte des faits qui sont édifiants et contredisent son propos propagandiste de manière évidente : de l’argent étranger, de nombreux combattants étrangers venus d’un peu partout, de France, d’Australie, d’Espagne…

Et figurez-vous que parmi ces combattants étrangers, il y a même des non musulmans. C’est-à-dire soit des soldats ou des agents de pays occidentaux, soit des mercenaires recrutés par les occidentaux et payés par qui vous voudrez.

On a même un gros bataillon de la fameuse Armée Syrienne Libre qui est constitué, dirigé et financé par un membre d’une riche famille de Dubaï (prototype de la démocratie comme on sait).

De moins en moins syrienne en fait comme le font bien comprendre le titre et le sous-titre de l’article.

Des combattants incapables par ailleurs de mener de véritables opérations de combat sauf si le commandement en est assumé par le quartier général de l’ASL en Turquie, c’est-à-dire en réalité par les conseillers Américains, Britanniques et Français.

Des combattants qui ne s’embarrassent pas de prisonniers sauf pour les fusiller ou les décapiter à la tronçonneuse.

Le poids des salafistes est par ailleurs clairement signalé, tant au niveau de la présence humaine que de l’apport financier considérable pour être nié par la journaliste elle-même qui conclut sur la solitude des combattants de la prétendue Armée Syrienne Libre.

Mais peut-être est-ce un travail de réécriture effectué à Madrid qui a abouti à ce résultat étrange que je vous livre.

L’Armée Syrienne Libre change de visage

– Les rebelles durcissent leurs actions dans la guerre et tuent ceux qu’ils considèrent comme des traîtres

– Les étrangers sont de plus en plus dans leurs brigades

par Mayte Carrasco, El Pais (Espagne) 21 août 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Assad, le lion de Rankús sourit aux visiteurs comme si c’était un grand jour pour lui. Pourtant, ce commandant du Djeich al Hor (Armée Syrienne Libre, ASL) qui porte le même nom que son principal ennemi, le président Bachar al-Assad, vient de subir il y à peine une demi-heure une embuscade dans laquelle il a perdu un de ses hommes. «Je n’ai pas pu ramener son cadavre, parce que la bombe l’a déchiqueté,» explique-t-il. De plus, il vient de frapper un traître qu’il a interrogé pendant trois heures. Agenouillé, sans aucun signe de fatigue, le Lion prend un morceau de pain  et mange comme si de rien n’était en parlant d’antiquités byzantines.

C’est ce qui surprend le plus chez les combattants de l’ASL, leur constance, leur volonté de mourir pour la victoire et de lutter jusqu’au bout. Une sensation qui s’est renforcée au fur et à mesure qu’a avancé ce conflit qui a commencé en mars 2011. L’ASL est née un peu plus tard, à l’automne 2011 quand, las d’assister à la répression brutale des manifestations pacifiques, qui se terminaient par des assassinats d’opposants sans défense et avec la moitié des participants en prison, beaucoup décidèrent de prendre les armes, de s’acheter un fusil et de rejoindre l’ASL pour défendre leurs familles.

Le visage de l’ASL a changé depuis. Elle ne comprend plus seulement des Syriens, des hommes Musulmans sunnites en majorité, âgés entre 17 et 40 ans, qui se laissent pousser la barbe pour se différencier des soldats du régime, car le nombre de katibas (brigades) s’est multiplié et elles accueillent maintenant des djihadistes étrangers venus du monde entier pour aider la cause. «Dans la mienne, il y a un canadien et un Australien,» explique Abou Khattab, un jeune appartenant à une famille importante de Dubaï qui a créé son propre groupe de combat, Al Khadra qui comprend un millier d’hommes . Il y aussi des Français, des britanniques et même des Espagnols musulmans.

La brigade la plus connue et la plus nombreuse est Al farouq, bien qu’il en existe beaucoup d’autres, comme la Brigade 77, et dans certaines il y a des Chrétiens [pas des Chrétiens Syriens donc car la journaliste l’aurait spécifié, Note de Djazaïri]. «Nous n’avons pas donné de nom islamique à notre groupe parce que nous pensons que si l’OTAN intervenait, elle nous éliminerait pour extrémisme,» admet en riant le commandant Assad. La majorité des brigades se coordonne avec le commandement central en Turquie pour les grandes opérations, comme à Damas ou à Alep, quoique pour les escarmouches locales, beaucoup sont décidées de manière autonome.

Dans leurs rangs, il n’y a pas de membres d’al Qaïda, ni d’islamistes radicaux, du moins dans le sud-est du pays. Seuls quelques uns se déclarent ouvertement salafistes, et on les reconnaît parce qu’ils ne fument pas, sont plus conservateurs et portent de longues barbes frisées et des pantalons avec un revers au-dessus des chevilles [apparemment tenue son syrienne, note de Djazaïri]. Mais il n’y a pas de signes de radicalisation des membres de l’ASL ni volonté majoritaire de créer un Etat islamique radical après la chute d’al-Assad. «Tout ce que nous voulons, c’est en finir avec la dictature corrompue pour ensuite retourner à nos vies normales et abandonner les armes,» explique le commandant Abou Alsous, propriétaire d’un supermarché et important leader actuel de l’ASL dans la province de Homs.

La question de leur financement est plus délicate parce que «la majeure partie de l’argent que nous recevons vient des salafistes. Le problème est qu’ils nous demandent quelque chose en contrepartie, c’est là qu’on va avoir des problèmes,» confie le Dr Abbas, chef du comité local d’Al Qusayr. D’autres sources signalent de fortes contributions financières des Frères Musulmans. «Pour l’instant ils se laissent tous pousser la barbe, mais quand tout sera terminé, les choses reviendront à la normalité,» promet Abbas.

Au fil des mois de violence, la brutalité s’est emparée des deux camps. Tandis que Bachar al-Assad bombarde des villes où meurent des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants piégés dans le conflit, envoyant ses hommes de main [shabiha] commettre des massacres [les massacres de civils sont le fait des opposants au gouvernement, c’est pourtant un fait de notoriété publique, note de Djazaïri], violer des femmes [comme en Libye  avec ces histoires inventées? note de Djazaïri] et pourchasser l’ennemi maison par maison comme à Baba Amro (Homs), l’ASL a également durci ses pratiques.

En février, j’ai vu une fosse commune avec les cadavres d’au moins six hommes, supposés être des informateurs du régime, qui avaient été apparemment exécutés aux alentours d’al Qusayr. L’armée rebelle fait peu de prisonniers, et au mois de juillet, elle a exécuté dans une caserne un traître présumé, mains liées dans le dos et bandeau sur les yeux. Un des combattants montre une vidéo dans laquelle on voir des soldats d’al-Assad les mains liées. Une tronçonneuse apparaït dans l’image et on leur coupe la tête. Je me suis aperçu que j’étais dans le lieu où la séquence a été filmée parce que sur les coussins à côté de moi et sur la chaise où j’étais assise, j’ai pu voir et sentir d’abondantes traces sanglantes de ces deux personnes.

La haine et le ressentiment se sont accrus parmi ces combattants qui sont nombreux à avoir perdu beaucoup d’amis ou de proches. Cachés dans des maisons éparses dans la campagne, certaines prises à de riches shabiha ou à des partisans du régime, leur quotidien consiste à attendre les petites opérations du style guerre de guérilla qu’ils réalisent de manière sporadique. «Rien ne presse, nous voulons faire une révolution parfaite,» dit Abou Alsous devant une magnifique piscine dans laquelle barbotent certains de ses hommes.

Sa brigade dispose de deux tanks volés aux troupes d’al-Assad. Cependant, même si les armes et les munitions arrivent aujourd’hui avec plus d’abondance qu’en hiver, ses fusils et ses RPG ne sont malgré tout pas suffisants pour affronter l’armée syrienne qui compte 4 000 tanks, des avions que prennent des photos depuis le ciel, des hélicoptères qui bombardent, une technologie de pointe de télécommunications et de dizaines d’infiltrés dans les rangs de l’ASL. Cette dernière a créé récemment une police secrète qui se charge de les détecter. «Nous avons découvert trois déserteurs qui installaient des cartes SIM de localisation dans diverses casernes. Nous les avons tués, » confie un des policiers de l’ASL à al Qusayr.

En dépit de toutes les difficultés, l’armée rebelle est aujourd’hui plus forte que jamais, par sa détermination et par la haine accumulée au long de tout ce temps. Ils n’attendent plus aucune aide de l’Occident, ils se savent seuls [elle a oublié les milliers de combattants étrangers dont elle parlait elle-même, note de Djazaïr]. «La victoire sera nôtre, si Dieu le veut,» assure Assad, même si ça prendra dans les six mois ou plus,» prédit-il. Plus de temps, plus de vies perdues, plus de sang versé dans une guerre civile qui ne se terminera pas demain.

Un Alépin souhaite bon débarras à l’Armée Syrienne Libre

9 août 2012

Notons que l’auteur des tweets n’est pas un anonyme mais une personne dont l’adresse réelle est en quelque sorte connue puisque nous savons où il exerce son métier.

Bon débarras à l’Armée Syrienne Libre (ASL) à Salahedin ?

The Guardian (UK) 9 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Fadi Salem, qui est originaire d’Alep mais est maintenant directeur de la gouvernance et de l’innovation à l’école d’administration de Dubaï souhaite bon débarras à l’Armée Syrienne Libre à Salahedin.

Salem, qui dit être en contact régulier avec la ville, affirme que les rebelles n’avaient pas de soutien dans la ville à la différence d’autres endroits en Syrie, comme Baba Amr à Homs.

Il s’est servi de son compte Twitter pour donner à comprendre que les rebelles avaient mis par terre une société civile en émergence dans la ville.

Ils ont aussi imposé des «souffrances collectives» à la population de la ville, a-t-il dit.

Fadi Salem@FadiSalem

Les vrais héros à Alep (ignorés par les médias) sont ceux qui ont travaillé pour secourir sans relâche les milliers de réfugies déplacés dans la ville pendant des semaines #Alep

9 Aug 12

Fadi Salem@FadiSalem

Question sur Alep : Allons nous retrouver ce magnifique élan du mouvement citoyen de la société avec les étudiants, les juristes, les médecins après le départ de l’ASL ? #Alep

9 Aug 12

Fadi Salem@FadiSalem

Le retrait de l’ASL de Salahedin un jour après le lancement officiel par l’armée syrienne de son offensive confirme que l’ASL ne bénéficiait pas de soutien local à#Aleppo

9 Aug 12

Updated at 16:07 BST


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