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Everett Barber, calligraphe américain

5 octobre 2019

On sait évidemment que des Occidentaux, non arabophones, non musulmans, se sont initiés à la l’art de la calligraphie arabe. Mais à ma connaissance, et à la différence du Japonais Honda Koichi, aucun n’est arrivé au stade de la notoriété parmi ses pairs.
Peut-être l’Américain Everett Barber le rejoindra-t-il? Pas forcément sur le plan de l’esthétique pure mais sur celui de la thématique qui inspire ses travaux.

Le calligraphe rebelle

Le jeune américain Everett Barber dénonce le double standard de la politique internationale à travers des images créées avec la calligraphie islamique
Par Natalia Sancha, El Pais (Espagne) 5 octobre 2019 traduit de l’espagnol par Djazaïri

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Ceci n’est pas le drapeau de l’Etat Islamique

Installé à Beyrouth depuis 2011, Everett Barber recourt à un art qui a plus de 14 siècles d’histoire pour diffuser des messages de dénonciation sociale et politique. Originaire du Tennessee, ce jeune homme de 29 ans a consacré une dizaine d’années à l’étude de la calligraphie islamique. «Mon travail se distingue par mon statut d’étranger. Ils n’achètent pas mes œuvres parce qu’elles sont traditionnelles, mais à cause de thèmes qui reflètent mon identité et font référence à la culture pop de mon pays », explique Barber dans son étude sur Beyrouth. Entouré de crayons qu’il a sculptés dans du roseau ou du bambou, de papiers bruts et de petits encriers, le jeune calligraphe consacre des semaines à la recherche avant de se lancer sur le papier blanc.

Il pratique un art étroitement lié à l’islam qui interdit toute représentation imagée. Cependant, Barber façonne en caractères arabes Donald Trump, des verres à vin, des corps de femmes et des drapeaux. Dans l’une de ses toiles, le drapeau de l’État islamique peut être reconnu. A la place de la chahada (profession de foi musulmane) – il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah, et Muhammad est son prophète – par le serment d’allégeance au drapeau des États-Unis: une nation sous la protection de Dieu, l’Amérique.

Aux États-Unis, les gens sont horrifiés de voir le drapeau de l’État islamique et le symbole du terrorisme djihadiste sans même s’arrêter pour réfléchir à leurs origines. Après tout, c’est l’intervention militaire américaine en Irak qui a contribué à la création de l’organisation terroriste.  » Sur une autre toile, la graphie soignée de ce jeune homme reproduit un article de la Déclaration universelle des droits de l’homme sous la forme de la photo tristement célèbre qui montre un prisonnier irakien soumis à l’humiliation et à la torture par des soldats américains dans la prison d’Abou Ghraib. en Irak

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Il a étudié le commerce international et l’arabe en Écosse jusqu’en 2009, date à laquelle il s’est installé à Damas. Il s’y éprit d’une étudiante britannique qui consacrait son temps libre à des cours de calligraphie. La romance ne dura pas mais Barber fut captivé par cet art ancien qui est devenu depuis sa seule source de revenus. Aujourd’hui, il combine tradition et modernité, politique et art. « J’essaie de casser le petit nombre de règles traditionnelles pour créer des images. » Un an plus tard, il perdait son travail de serveur à Edimbourg. La nuit, en pyjama, il commença à travailler sur des dessins qu’il vendait ensuite sur le net. Il s’est fait connaître grâce aux réseaux sociaux et il vend ses œuvres en ligne. «50% de mes clients viennent des États-Unis ou d’Angleterre; le reste, des pays du Golfe. « 

En 2011, il a déménagé à Beyrouth, persuadé que le conflit syrien ne durerait pas et qu’il pourrait retourner à Damas au bout de quelques mois. La guerre s’est prolongée et huit ans plus tard, Barber est toujours dans la capitale libanaise. Autodidacte, mis à part quatre mois passés en Syrie et un master à l’université de Princeton, qui lui a appris à fabriquer ses propres matériaux, le jeune artiste suit les traces de son maître yéménite, Zaki al Hashemi. Il se déplace souvent pour présenter son travail à Istanbul, haut lieu des calligraphes traditionnels les plus prestigieux du monde. « Pour un calligraphe traditionnel, je suis un simple artiste », dit celui qui n’a pas d’origine arabe et ne professe pas la religion musulmane. Barber est un intrus dans un art né avec l’écriture koufique à la fin du VIIème siècle et qui était à l’origine utilisé pour représenter des versets du Coran dont le style sera codifié trois siècles plus tard par le père de la calligraphie islamique, Ibn Muqla.

Barber reste à l’écart des puristes pourfendeurs de blasphémateurs en s’abstenant d’utiliser des versets coraniques pour représenter des formes iconographiques. «Je ne suis pas arabe et mon rôle n’est donc pas de défier les limites imposées par la tradition islamique. C’est quelque chose qui revient aux calligraphes locaux. ” Barber dit que le plus gros défi auquel il est confronté dans son travail est le facteur humain. Devenir un élève digne de la générosité de ses mentors qui lui ont donné par altruisme un océan de connaissances. Son rêve: retourner à Damas, la ville où il a découvert sa passion. «Si on me le permet, je déménage dès demain. C’est un de ces endroits qui vous appellent et auquel vous ne pouvez pas résister. « 

 

L’Etat Islamique en Irak et au Levant (Daesh), les Kurdes, la Turquie, et la lutte des classes

22 octobre 2014

Une lecture intéressante du positionnement de la Turquie à l’égard de la situation à sa frontière avec la Syrie où l’Etat Islamique (EI, Daesh) cherche à s’emparer de la ville de Kobané aux dépends des Kurdes syriens.

En effet, Adnan Khan dépasse la lecture commune qui privilégie soit l’angle religieux, soit l’angle ethnique pour nous donner à comprendre ce qui se joue réellement en Turquie : la reprise du bras de fer entre un gouvernement, d’inspiration islamiste, qui a a lancé le pays, avec un certain succès, dans une expansion économique de type capitaliste et une extrême gauche qui n’a pas renoncé à faire aboutir un projet socialiste par la voie révolutionnaire.

Il s’avère que cette extrême gauche comporte une forte représentation kurde sans pour autant qu’on puisse la caractériser sous l’angle ethnique ou culturel. Et cette extrême gauche se reconnaît dans le projet politique non ethnique porté par le Parti des Travailleurs du Kurdistan et le PYD qui assure la défense de Kobané.

On comprend mieux à la fois les réticences du gouvernement turc mais aussi la réaction d’hostilité d’une partie de la population turque à l’égard des régimes occidentaux, Etats Unis en tête.

 

Le vrai problème kurde de la Turquie

par Adnan Khan, The Globe and Mail (Canada) 22 octobre 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Adnan Khan

Adnan Khan

Adnan Khan est un écrivain et photographe qui vit à Istanbul et à Islamabad

Il y a eu peu de manifestations de joie chez les Kurdes de Turquie lorsque l’aviation américaine a commencé à larguer des bombes sur l’État Islamique (EI, Daeeh) en Syrie. Leur réaction a été pour le moins surprenante: depuis des semaines, les Kurdes protestaient à Istanbul et dans le sud à majorité kurde de la Turquie contre le manque de soutien apporté à leurs compatriotes kurdes de Kobané, la ville assiégée en Syrie, juste de l’autre côté de la frontière.

Kobané était encerclée sur trois côtés, la seule voie de passage sûre pour y entrer ou en sortir étant celle vers la Turquie au nord. Mais l’armée turque a fermé la frontière. Les défenseurs de la ville, une milice kurde syrienne locale, la branche armée du Parti de l’Union Démocratique (PYD) ont sollicité une aide internationale. Quand les bombardements et les largages de matériel par les Américains ont enfin contribué à faire reculer les forces de l’Etat Islamique, les Kurdes ont probablement échappé au massacre.

L’intervention [américaine] aurait dû provoquer de la joie, mais la protestation a continué, les Kurdes s’en prenant à l’Etat Islamique et condamnant les actions de la Turquie. Encore plus significatif, les manifestants se sont déchaînés contre les Etats Unis et leurs alliés, dont le Canada, dénonçant l’impérialisme et le capitalisme occidentaux.

Les manifestants étaient en majorité des socialistes, d’une tendance virulente qui reste répandue dans la population kurde de Turquie. Leur colère ne découle pas d’un nationalisme ethnique mais d’une idéologie politique. Une révolution est en cours à Kobané, disent-ils, et tout le monde – l’Occident, l’Etat Islamique, les pays arabes, le gouvernement turc – tente de la faire échouer.

Leur version des faits est préoccupante. La Turquie a connu des années de violence politique après l’effondrement d’un processus de paix avec sa minorité kurde en 1993. L’es extrémistes de gauche, principalement des Kurdes favorables au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK interdit) étaient à la lutte contre les ultranationalistes turcs et les islamistes qui se faisaient appeler le Hezbollah turc. Le gouvernement de l’époque, fortement influencé par l’armée, était soupçonné de manipuler les islamistes et les nationalistes dans sa tentative pour écraser l’insurrection dirigée par le PKK.

Ce furent des jours sombres. Des milliers de Kurdes périrent et des centaines de milliers furent déplacés après que pas moins de 3 000 villages du sud-est du pays furent rasés par l’armée pour leur soutien présumé au PKK. « C’était comme une guerre des gangs, » affirme Tolga Baysal, un cinéaste d’Istanbul qui a vécu cette époque. « Le Hezbollah enlevait et assassinait des membres présumés dy PKK, le PKK faisait de même avec le Hezbollah. »

Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter. Un autre processus de paix avec les Kurdes est sur le point de capoter. Le Hezbollah turc est de retour, revigoré par ce qu’il perçoit comme un renouveau islamique en Irak et en Syrie, ainsi que les penchants conservateurs de l’actuel gouvernement turc. Kobané a donné une nouvelle énergie à une extrême gauche turque inspirée par le Parti d’Union Démoocratique qui a annoncé en septembre dernier qu’il allait instaurer la société socialiste parfaite à Kobané. Une fois encore, le gouvernement turc se tourne vers les ultra-nationalistes pour les contrer.

Selon le discours prédominant, la volonté kurde d’une auto-détermination sur une base culturelle et ethnique a été réveillée par les événements de Syrie. Mais c’est une simplification excessive. L’escalade du conflit a plus à voir avec l’idéologie politique – un socialisme radical en opposition avec le projet capitaliste turc en plein essor et le gouvernement enraciné dans l’islamisme politique qui le dirige.

En effet, le Parti de la Justice et du Développement (AKP) qui gouverne la Turquie a fait des avancées significatives ces dix dernières années en reconnaissant des droits culturels aux Kurdes. Beaucoup de travail reste à accomplir, mais il n’est plus illégal de se dire kurde ou de parler d’un espace nommé Kuridtan. Un nombre limité de chaînes de télévision kurdophones onr reçu l’autorisation d’émettre et d’importants projets de développement dans le sud-est ont amélioré la situation économique des Kurdes.

Mais le Parti de l’Union Démocratique et le PKK ont un projet beaucoup plus vaste que les militants m’avaient expliqué en 2006 quand j’avais visité leur base ses monts Qandil dans le Kurdistan irakien.

« La révolution commence avec le peuple, » m’avait-on dit. « C’est ce qui distingue notre socialisme de tout autre mouvement socialiste : l’action individuelle. Les gens doivent prendre en main leurs propres vies. Essayez d’imaginer ça : un pouvoir qui émane de la base, du peuple vers l’appareil de gouvernement d’une manière qui réduit le pouvoir de ce dernier à un rôle de coordination. C’est la vision du PKK. »

Pendant la semaine que j’avais passée avec les révolutionnaires, j’avais pu voir par moi-même ce à quoi pouvait ressembler leur utopie : une société organisée de manière rigide où tout était mis en commun, les rôles liés au genre étaient éliminés et les idéaux révolutionnaires étaient inculqués. Selon les dirigeants, ce n’était qu’un début.

« Notre mouvement est global, pas seulement limité à la région, » disaient-ils. « Mais nous nous concentrons sur le Moyen Orient comme point de départ. Nous changerons le paysage politique du Moyen Orient comme exemple pour le reste du monde. »

Maintenant, le projet révolutionnaire a trouvé son moment historique : le printemps Arabe. Dans le quartier majoritairement kurde ‘Okmeydani à Istanbul, tous les signes sont présents : des graffiti qui annoncent la résurgence du pouvoir populaire, des faucilles et des marteaux grossièrement dessinés avec de la peinture rouge vif, des portraits de Che Guevara à côté de ceux de révolutionnaires kurdes. « Kobané est notre Stalingrad, » affirme un slogan répandu.

« L’Etat Islamique n’est pas seul, » m’a dit un manifestant de gauche. « L’Etat Islamique attaque une révolution… Ce n’est pas une lutte contre l’Etat Islamique. C’est une lutte contre le système et ceux qui le soutiennent, dont l’Etat turc et toute une série d’autres : le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Angleterre, la France, les Etats Unis. On doit s’opposer à tous ces systèmes capitalistes et impérialistes. »

Pour le gouvernement turc, ce genre de ferveur menace de casser des années d’entreprise capitaliste et de ramener la Turquie à l’effusion de sang et à la ruine économique des années 1990. Dans son calcul, l’Etat Islamique est un moindre mal. L’extrême gauche turque, qui se trouve être kurde, est la boîte de Pandore – dont le couvercle doit être maintenu fermé à tout prix.

Scandale dans le scandale en Turquie: la police protège al Qaïda!

28 décembre 2013

Le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan a fait beaucoup pour contribuer à la chute du régime syrien. Or, non seulement ce régime est toujours en place, avec Bachar al-Assad à sa tête, mais il a engrangé et continue à engranger des gains substantiels aussi bien sur le terrain politique que sur le terrain militaire.

Tandis que le pouvoir du premier ministre turc est en train de vaciller, ébranlé par un scandale politico-financier de grande ampleur qui a déjà entraîné la démission de trois ministres et un profond remaniement du gouvernement.

En admettant qu’il ne soit pas contraint à remettre sa démission, on voit mal, dans ces conditions, comment M. Erdogan pourrait briguer un mandat présidentiel lors des élections de 2014 d’autant, nous dit-on, que le mouvement religieux de Fethullah Gülen est entré en opposition ouverte contre lui (Gülen avait contribué à la victoire électorale d’Erdogan).

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Recep Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen

Le scandale ne se limite cependant pas à des affaires strictement turques mais concerne aussi l’action du gouvernement AKP (Parti de la Justice et du Développement) dans la Syrie voisine. En effet, parmi les personnes recherchées par la justice, on compte deux ressortissants Arabes présentés comme membres d’al Qaïda, c’est-à-dire en réalité des services secrets saoudiens.

Ces deux personnages sont actuellement en fuite, une fuite qui a été permise par une police dirigée désormais par des fidèles du gouvernement et qui se permet de ne pas appliquer les ordres des magistrats.

Yusuf Al Qadi et Osama Khoutub ne menaient pas une existence clandestine en Turquie où ils avaient au contraire l’oreille de hauts responsables politiques .

Il fallait bien ça pour organiser le transit de ces milliers de combattants européens vers le champ de bataille syrien.

Des suspects membres d’al Qaïda fuient après le blocage par le gouvernement turc d’une descente de police

Eaman (Turquie) 26 décembre 2013traduit de l’anglais par Djazaïri

Selon des informations, Yusuf Al Qadi et Osama Khoutub qui sont liés à al Qaïda et figurent parmi les suspects dans une importante affaire de corruption, auraient fui la Turquie après que le Parti de la Justice et du Développement (AKP au pouvoir) a bloqué une descente de police mercredi, le police d’Istanbul ayant refusé d’exécuter les ordres donnés par des magistrats afin d’arrêter plusieurs suspects dans le second volet de l’enquête,

Le bureau du procureur d’Istanbul a ordonné l’arrestation de 30 suspects, dont un certain nombre de parlementaires et d’hommes d’affaires, Le département de police d’Istanbul qui a connu unevaste purge au niveau de ses officiers supérieurs la semaine dernière, ne s’est cependant pas conformé aux instructions.

Les informations de presse laissent entendre que quand la liste des 30 suspects a été révélée aux médias mercredi, certains des suspects ont pris des mesures de précaution pour éviter de laisser des éléments à charge contre eux en cas de descente de police chez eux où dans leurs bureaux.

Et certains suspects ont fui la Turquie, dont les agents d’al Qaïda pour la Turquie, Al Qadi et Khoutub, après que le gouvernement a bloqué l’enquête par le truchement de chefs de la police récemment nommés qui ont refusé de se conformer à la décision de justice.

Le procureur Muammer Akkaş, qui conduisait la deuxième phase de l’enquête, a été dessaisi du dossier. «L’ensemble de mes collègues et l’opinion publique devraient savoir qu’on m’a empêché en tant que procureur d’effectuer l’enquête, » a expliqué jeudi le procureur dans une déclaration, ajoutant qu’une entrave à l’action judiciaire a été exercée aussi bien par le bureau du procureur général que par la police, donnant ainsi l’occasion aux suspects de détruire les preuves.

Akkaş a déclaré que malgré la délivrance de mandats d’arrêt et de perquisition à l’encontre des suspects et leur transmission mercredi matin aux services de police d’Istanbul, ces derniers n’ont pas respecté ses ordres.

«En n’appliquant pas les décisions de justice, les chefs de la police ont commis un délit. Une occasion a été offerte aux suspects de prendre des dispositions, de fuir ou d’altérer des éléments à charge,» a-t-il dit.

 Les avoirs en Turquie de l’homme d’affaires saoudien Al Qadi ont été gelés après sa désignation comme financier du terrorisme international. Des articles de presse observent que le suspect d’appartenance à al Qaïda est autorisé à entrer librement en Turquie et a accès à des diplomates et à des responsables sécuritaires de haut niveau, comme le sous-secrétaire des services de renseignements (MİT) Hakan Fidan.

Selon des allégations, l’ancien ministre de la justice Sadullah Fergin, qui a quitté son poste mercredi suite à un important remaniement ministériel, avait demandé au procureur général de fermer le dossier.

De la démocratie turque aux prisons turques…

11 septembre 2012

… il n’y a qu’un pas.

Selon la presse française, ce sont en effet 44 journalistes dont le procès s’est ouvert lundi à Istanbul, la capitale économique de la Turquie. 36 d’entre eux sont d’ailleurs en détention préventive.

On leur reproche

d’appartenir à l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), qui serait selon les autorités la branche urbaine du PKK. S’ils sont reconnus coupables, ils sont passibles de peines allant de sept à vingt ans de prison. Quarante-six autres journalistes attendent leur procès dans des prisons turques pour d’autres affaires, selon le groupe «Plate-forme de solidarité avec les journalistes arrêtés».

44 journalistes jugés simultanément, c’est un record me semble-t-il, d’autant que 46 autres attendent en prison de passer à leur tour en jugement. Des chiffres qui sont révélateurs d’un gros problème avec ce que certains ont qualifié un peu hâtivement de démocratie turque ( la presse espagnole parle de son côté de 67 journalistes concernés par la procédure en cours).

Parmi ces «certains,» on compte bien sûr M. Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turque et le premier ministre Recep Teyyip Erdogan qui ont proposé ouvertement l’imitation de leur modèle par des pays comme l’Egypte ou la Syrie. Dans ce dernier pays, le gouvernement turc a d’ailleurs joint l’acte à la parole en encourageant des bandes terroristes supposées lutter pour la démocratie.

J’ai compris Laurent,  la démocratie, c’est comme la cravate, il faut serrer.

Alors, vive la démocratie turque !

Alep: après l’avocat Turc, c’est au tour d’un de ses clients de mourir au combat

17 août 2012

Certains voudraient faire passer ceux qui affrontent les armes à la main les forces gouvernementales syriennes pour des révolutionnaires ou des combattants de la liberté. Et les étrangers qui sont venus leur prêter main forte seraient en quelque sorte une variante des Brigades Internationales qui étaient venues soutenir les Républicains en Espagne contre les troupes franquistes.

C’est bien entendu de la pure foutaise, mais on sait que le sens des mots « rebelle » et surtout « révolutionnaire » a été complètement perverti depuis la guerre menée par l’OTAN contre le régime de Mouammar Kadhafi en Libye.

En réalité, non seulement les combattants étrangers sont sans doute plus nombreux que les «rebelles» Syriens, et à coup sûr plus actifs, mais seuls les sots peuvent ignorer qui sont ces gens : un ramassis de mercenaires et de répliques contemporaines des tristement célèbres Assassins.

Je vous avais dit il y a quelques jours qu’Osman Karahan, un avocat Turc, connu pour être le défenseur attitré du Hezbollah turc, une organisation qui n’a rien à voir avec son homonyme libanais mais plus avec ce qu’on appelle al Qaïda (soit une nébuleuse contrôlée par l’Arabie Saoudite et les services américains) avait été tué par l’armée syrienne lors de combats à Alep.

C’est maintenant un de ses clients qui vient de perdre la vie dans des circonstances analogues dans cette ville syrienne.

Finalement, c’est peut-être la méthode qu’a choisi le gouvernement turc pour de débarrasser de ses extrémistes, les envoyer se faire tuer par l’armée syrienne?

Ne comptez pas sur vos journaux pour vous en parler.

Mort  à Alep du frère du cerveau de l’attentat suicide d’al Qaïda contre une synagogue

Hürriyet (Turquie) 17 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un ressortissant Turc tué dans les affrontements à Alep s’est avéré être le frère du cerveau qui était derrière les attentats perpétrés par al Qaïda en 2003 à Istanbul.

On a appris que le citoyen Turc Metin Ekinci a été tué à Alep par des soldats fidèles au régime de Bachar al-Assad. La carte d’identité ainsi qu’une séquence filmée lors de ses funérailles ont été montrées à la télévision d’Etat syrienne.

La famille Ekinci a commencé à accepter les condoléances aujourd’hui à Bingöl, sa ville natale, et on a appris que Metin Ekinci était le frère aîné d’Azad Ekinci, le cerveau qui était derrière les attentats coordonnés de 2003 contre la synagogue Neva Shalom, le siège de la HSBC et le consulat général de Grande Bretagne à Istanbul, selon une dépêche de Doğan News Agency (DHA). Les attentats avaient tué 57 personnes et en avaient blessé près de 700.

Les investigations effectuées à l’époque avaient montré qu’un véhicule immatriculé au nom de Metin Ekinci avait été utilisé pour les attentats et on avait appris ultérieurement qu’Azad Ekinci avait acheté le véhicule en se servant de la carte d’identité de Metin Ekinci à qui il l’avait dérobée.

L’avocat d’Azad Ekinci, Osman Karahan a aussi été tué dans un affrontement armé avec les forces syriennes à Alep la semaine dernière. Azad Ekinci reste en fuite.

Un avocat Turc tué dans les combats en Syrie

7 août 2012

Ce n’est pas n’importe quel avocat et j’ignore pourquoi la presse français n’en parle pas.

Etait-il en Syrie simplement pour combattre ? Ou pour mettre en place le système judiciaire qui correspondait à son idéal ? 

Un avocat Turc d’al Qaïda tué en Syrie

Hürriyet (Turquie) 7 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Un citoyen Turc, avocat présumé pour les procès d’al Qaïda en Turquie, a été tué en Syrie lors d’affrontements avec les forces gouvernementales, rapporte Hürriyet.
La mort d’ Osman Karahan a été confirmée par son frère Selahattin Karahan.
Karahan était le fondateur de  l’Association pour la Protection d e la Loi Humaine (iHADER) et avait défendu Loua’i Sakka, un haut responsable présumé d’al Qaïda.
Karahan avait été arrêté en 2006 pour complicité avec al Qaïda mais avait été relâché pour manque de preuves.

Me Osman Karahan vêtu aux couleurs de la Syrie « libre »

Hürriyet est avare de détails. Heureusement le site Long War Journal (la longue guerre c’est celle de Bush contre le terrorisme!)  est plus disert et nous apprend que :

Des sites djihadistes turcs ont annoncé son «martyre» aujourd’hui, précisant qu’il a eu lieu il y a trois jours, le 3 août. La mort de Karahan a été confirmée par  Ahmet Guzman, un combattant Turc qui est allé en Syrie «pour la résistance.»

Le site nous apprend que l’avocat a été tué à Alep.

 Au cours de sa carrière d’avocat :

Karahan a défendu de nombreux présumés membres d’al Qaïda, et plus particulièrement Loua’i Sakka, su Syrien turcophone [un Turkmène donc] considéré comme l’organisateur des attentats au camion piégé de novembre 2003 à Istanbul. Ces attentats avaient tué quelque 60 personnes à istanbul avec des attaques simultanées contre deux synagogues, une succursale de la banque HSBC et le consulat britannique.

 

Le justice turque engage les poursuites contre le commandement militaire sioniste

28 mai 2012

C’est peut-être à cause du lundi de Pentecôte mais la dépêche AFP ci-dessous n’a pu semble-t-il se frayer un chemin que dans la presse suisse de ce jour.

La presse française en est restée à la préparation de l’acte d’inculpation. des terroristes sionistes qui avaient commandé l’assaut contre le Mavi Marmara, le vaisseau « amiral » de la flottille humanitaire qui faisait route vers Gaza fin 2010. Neuf militants humanitaires dont huit Turcs et un Américano-Turc avaient été assassinés par les commandos sionistes.
Maintenant, c’est fait, un tribunal d’Istanbul va engager une procédure sur requête du procureur contre des officiers supérieurs de l’entité sioniste.
On notera que pour l’AFP, la procédure est symbolique parce que le criminel (le régime sioniste) refuse que ses hommes de main soient jugés à l’étranger. Franchement, la justice turque le sait fort bien et elle sait aussi bien que les sionistes qu’il existe des procédures par contumace et des mandats d’arrêt internationaux. Parce que le tribunal d’Istanbul n’est pas une instance symbolique comme le tribunal Russell par exemple, mais une instance judiciaire d’un Etat.
De même, l’AFP n’évoque que le rapport Palmer dont l’objectif était d’offrir une issue au régime sioniste. Or, tout un chacun a pu lire le rapport du juge Goldstone qui a valu à ce dernier bien des ennuis avec ses coreligionnaires.


ISTANBUL – Un tribunal stambouliote a accepté lundi de juger quatre ex-dirigeants de l’armée israélienne accusés d’implication dans la mort de neuf Turcs tués en 2010 par des commandos israéliens lors de l’assaut de leur navire d’aide humanitaire, a rapporté l’agence de presse Anatolie.
La cour a accepté un acte d’accusation présenté la semaine dernière par un procureur qui réclame la prison à vie pour l’ex-chef d’état-major de l’armée israélienne, Gabi Ashkenazi, les ex-chefs de la marine et de l’aviation, Eliezer Alfred Marom et Avishai Levi, et l’ex-chef des services secrets Amos Yadlin, selon Anatolie.
Cette décision implique l’ouverture d’un procès, dont la date de la première audience doit être fixée par le tribunal dans les prochaines semaines. Selon toute vraisemblance, ce procès restera symbolique, Israël excluant que ses militaires soient jugés, a fortiori de les extrader.
Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a qualifié de très grave la procédure de la justice turque.
Nous allons faire en sorte que nos concitoyens soient protégés du mieux possible d’un point de vue légal, a déclaré M. Ayalon à la télévision, en espérant qu’une pression diplomatique étrangère forcera la Turquie à revenir sur son action.
La décision d’Ankara pourrait avoir des implications lourdes de conséquences pour l’OTAN et les forces américaines en Afghanistan, l’Irak et ailleurs, a-t-il déploré.
Les poursuites concernent l’assaut donné le 31 mai 2010 dans les eaux internationales par des commandos israéliens contre le Mavi Marmara, navire amiral d’une flottille d’aide humanitaire qui tentait de rallier Gaza, sous blocus israélien.
L’acte d’accusation s’appuie sur les témoignages de près de 600 personnes, dont 490 passagers de la flottille, qui comptait six bateaux, et des proches des victimes.
Selon ce document de 144 pages, les soldats israéliens ont fait un usage largement disproportionné de la force contre les militants pro-Palestiniens.
On ne peut parler de défense légitime en utilisant des armes perfectionnées et en mitraillant des gens qui brandissaient des fourchettes, des cuillères ou des hampes de drapeau, souligne-t-il.
En septembre dernier, le rapport Palmer de l’ONU avait jugé excessive et déraisonnable cette intervention militaire, mais avait considéré comme étant légal le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza.
Cette affaire avait provoqué une grave crise diplomatique entre la Turquie et Israël, autrefois alliés. Ankara a abaissé sa représentation diplomatique dans l’Etat hébreu, suspendu la coopération militaire et expulsé l’ambassadeur d’Israël.

Un regard optimiste sur les discussions sur le nucléaire iranien

20 avril 2012

Patrcik Seale est un spécialiste reconnu des affaires du Moyen Orient. Ce Britannique qui collabore avec divers organes de presse nous propose sa lecture des récentes discussions sur le nucléaire iranien qui se sont tenues à Istanbul.

Selon lui, ces discussions ont marqué, peut-être définitivement, l’ échec du clan belliciste occidental et de son mentor, le sieur Benjamin Netanyahou, chef du gang de Tel Aviv.

Il en veut pour indice probant le fait que Catherine Ashton qui est à la tête de la diplomatie européenne a admis que les négociations devaient se faire sur la base du Traité de Non Prolifération Nucléaire dont l’Iran est partie prenante et qui reconnaît le droit à l’exploitation et à l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles.

Un regard optimiste dont on saura bientôt si la suite des discussions lui donnera raison.

Ce qu’on ne peut qu’espérer.

Surprises dans le duel israélo-iranien

En dehors de l’ oppression et de la dépossession ininterrompues des Palestiniens, Israël a un long palmarès d’assassinat de ses opposants politiques, et on pense généralement que ce pays est responsable de l’assassinat de cinq scientifiques nucléaires Iraniens ces deux dernières années, ainsi que de l’introduction du virus Stuxnet dans les réseaux informatiques iraniens – des actes  qui sont clairement du terrorisme d’Etat, observe Patrick Seale.

Middle East Online (UK), 17 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Même s’il est trop tôt pour en juger, on dirait que la politique israélienne vis-à-vis de l’Iran connaît des ratées et pourrait aboutir à une issue bien différente de celle que le premier ministre Benjamin Netanyahou recherchait depuis longtemps.

Ces trois dernières années, Israël considérait que des sanctions punitives, la guerre cybernétique et l’assassinat de savants atomistes Iraniens devaient finir par obliger une république islamique paralysée à accepter le «zéro enrichissement» de l’uranium – ce qui signifierait le démantèlement complet du programme nucléaire. Ce qui, espérait-on [à Tel Aviv] ouvrirait la voie à un ‘changement de régime’ à Téhéran.

Pour parvenir à une pression suffisamment forte sur l’Iran, la stratégie israélienne a été de menacer de passer à l’attaque. Le calcul israélien était – à raison comme il s’est avéré – que les Etats Unis et leurs alliés n’oseraient pas prétendre qualifier leur attitude de bluff. Au contraire – pour parer à une attaque israélienne dont ils craignaient qu’elle déclenche une guerre  régionale aux conséquences imprévisibles et potentiellement catastrophiques – ils ont travaillé à mettre l’économie iranienne à genoux.

La stratégie israélienne fonctionnait. Tout semblait marcher comme sur des roulettes. Les sanctions punitives contre l’Iran commençaient à faire mal. Dans leur impatience pour un changement de régime, les propagandistes pro-Israël aux Etats Unis avaient même commencé à appeler à des actions secrètes en soutien à l’opposition iranienne.

Catherine Ashton,la chef de la diplomatie européenne, est alors entrée dans la mêlée.

Au grand dam des faucons, elle a fait une offre de reprise des négociations à l’Iran, en recourant à un ton conciliant assez différent du ton menaçant qui était celui de Londres, Washington et Paris, et en complète discordance avec les incessantes rodomontades d’Israël.  L’Iran a répondu positivement à l’invitation d’Ashton. Sa première réunion avec les P5 + 1 (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne) a eu lieu le 14 avril à Istanbul et, selon tous les observateurs, ce fut un succès surprenant.

Saeed Jalili, le chef négociateur Iranien – qui a rencontré Catherine Ashton pour un dîner informel au consulat iranien la veille au soir – a parlé d’une «approche positive.» Mme Ashton a, à son tour, qualifié les discussions de « constructives et utiles.» Pour cadrer les discussions, elle a énuméré un certain nombre de principes qui ont dû rassurer les Iraniens et provoquer des grincements de dents chez les faucons Israéliens.

Le Traité de Non Prolifération nucléaire TNP), a-t-elle déclaré, doit être le fondement absolu des discussions. Mais le TNP permet aux signataires d’enrichir l’uranium sur leur territoire à hauteur de 3,5 % pour la production d’électricité et d’autres fins pacifiques. Il semble donc qu’Ashton a ainsi envoyé le message selon lequel le droit de l’Iran à le faire serait reconnu. C’était comme si les P5 + 1 avaient abandonné l’exigence israélienne de zéro enrichissement. On a eu au contraire l’impression que l’intérêt allait se porter sur l’arrêt par l’Iran de l’enrichissement de l’uranium à 20 % dès lors qu’on lui en aura garanti la fourniture pour le réacteur de recherche de Téhéran qui a besoin d’uranium enrichi à ce niveau pour produire des isotopes nécessaires au traitement des patients Iraniens atteints d’un cancer. Le président Ahmadinejad ayant dit à plusieurs reprises que l’Iran cesserait de produire de l’uranium à 20 % si on l’assurait de lui en fournir de l’étranger, l’esquisse d’un accord semblait en vue.

En outre, Catherine Ashton a aussi déclaré que las négociateurs seraient “guidés par le principe d’une démarche pas à pas et la réciprocité. » Cette référence à une approche progressive et à des concessions mutuelles est une forte indication d’une levée probable des sanctions par étapes quand l’Iran aura présenté des preuves convaincantes qu’il ne cherche pas à obtenir l’arme nucléaire et qu’il acceptera des inspections intrusives de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Elle a à l’évidence décidé d’accorder un certain crédit à la fatwa de 2005 promulguée par le guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, par laquelle il interdisait la production, le stockage et l’utilisation d’armes atomiques.

A la clôture des dix heures de réunion à Istanbul, l’Iran et les P5 + 1 ont convenu de tenir leur prochaine réunion le 23 mai à Bagdad, pour ce qui promet d’être une série prolongée  de discussions.

La réaction de colère de Netanyahou a été absolument typique du personnage. « L’Iran a reçu un ‘billet de faveur’ a-t-il déclaré avec amertume, «pour continuer l’enrichissement sans aucune limitation, aucune inhibition. L’Iran devrait prendre des mesures immédiates,»  a-t-il tempêté pour « arrêter tout enrichissement, retirer tout le matériel d’enrichissement et démanteler l’installation nucléaire de Qom. Je crois que le plus grand adepte mondial du terrorisme ne doit pas avoir la possibilité de développer des bombes atomiques.»

Ces cris d’orfraie font penser à l’hôpital qui se fout de la charité. En dehors de l’ oppression et de la dépossession ininterrompues des Palestiniens, Israël a un long palmarès d’assassinat de ses opposants politiques, et on pense généralement que ce pays est responsable de l’assassinat de cinq scientifiques nucléaires Iraniens ces deux dernières années, ainsi que de l’introduction du virus Stuxnet dans les réseaux informatiques iraniens – des actes qui sont clairement du terrorisme d’Etat

Avec l’aide décisive de la France, Israël a fabriqué ses premières bombes atomiques dans les années 1960, il y a près d’un demi-siècle. Si les choses avaient mal tourné, les israéliens étaient prêts à s’en servir pendant la guerre de 1967 qu’ils avaient déclenchée contre les Arabes cette année là. La plupart des spécialistes estiment aujourd’hui que l’arsenal israélien comporte entre 75 et 150 têtes nucléaire. Israël dispose aussi d’une possibilité de deuxième frappe [en cas de neutralisation ou de destruction de son potentiel militaire] sous la forme de missiles à tête nucléaire qui arment ses sous-marins de construction allemande.

Netanyahou soutient que la République Islamique pose une ‘menace existentielle’ pour Israël. Il n’y a pas la moindre preuve pour étayer cette affirmation. Le président Iranien a dit quelque chose du genre qu’Israël serait un jours « effacé des pages du temps» – une phrase dont Israël a fait une traduction tendancieuse, sans doute à des fins propagandistes, en parlant d’un plan pour « rayer Israël de la carte.» C’est plutôt le contraire et l’Iran qui risquerait l’annihilation si elle essayait d’attaquer Israël. En plus de son important arsenal nucléaire et de vecteurs sophistiqués (missiles, sous-marins), Israël a un potentiel militaire conventionnel beaucoup plus puissant que l’Iran, en grande partie fourni par les Etats Unis. Les Etats Unis se sont en fait engagés à maintenir la supériorité militaire d’Israël sur tous les Etats de la région – ce qu’ils appellent l’avantage militaire qualitatif – un engagement qui force de loi aux Etats Unis.

Quelle est donc alors la raison de l’anxiété d’Israël ? Israël craint que si l’Iran était en mesure de fabriquer une arme nucléaire – ou acquérait simplement la capacité d’en fabriquer – la liberté d’action d’Israël en serait restreinte. Israël ne serait plus capable de frapper ses voisins à volonté sans risquer des représailles. La simple vérité est qu’Israël veut nier à ses voisins la capacité à se défendre. Personne n’a le droit de se doter d’une capacité de dissuasion ! Israël déteste le Hezbollah ai Liban et le Hamas à  Gaza parce que ces mouvements de résistance ont acquis une capacité limitée de riposter aux agressions israéliennes. C’est pour cette raison qu’Israël les qualifie d’organisations terroristes et accuse l’Iran de les armer.

Netanyahou s’oppose depuis longtemps à des pourparlers entre l’Iran et la communauté internationale, et il doit certainement prier pour qu’ils échouent. Le lobby pro-israélien aux Etats Unis va très probablement se mobiliser dans ce but. Mais si Catherine Ashton fait valoir ses vues, si les négociations avec l’Iran réussissent et que le spectre de la guerre est écarté, Israël pourrait devoir vivre avec une suprématie régionale légèrement écornée.

Le Britannique Patrick Seale est un spécialiste de premier plan du Moyen Orient. Son dernier livre est « The Struggle for Arab Independence : Riad el-Solh and the Makers of the Modern Middle East (Cambridge University Press).


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