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Mario Vargas Llosa, du sionisme au boycott? (Patience, pas encore)

21 mai 2018

Le texte que je vous propose ici est d’un intérêt certain, moins par son contenu que par son auteur.

En effet, l’auteur de cet article d’opinion est un illustre écrivain hispano-péruvien qui appartient à la même génération que Gabriel Garcia Marquez et Julio Cortazar. Comme Garcia Marquez, Vargas Llosa est lauréat du prix Nobel de la paix.

Engagé dans sa jeunesse à gauche, soutenant notamment la révolution cubaine, Mario Vargas Llosa a évolué politiquement pour se situer nettement à droite.

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Mario Vargas Llosa

Pour le sujet qui nous intéresse, il faut surtout savoir que Mario Vargas Llosa a regardé et continue à regarder l’aventure coloniale sioniste d’un œil très favorable. J’ignore depuis quand l’auteur péruvien est dans ces dispositions mais j’ai l’impression que c’est ancien et que c’est probablement d’abord lié à des amitiés personnelles entretenues avec des hommes de lettres de l’entité sioniste. Mais aussi à un vieux fond colonialiste chez cet homme originaire d’une ancienne colonie espagnole mais dont je doute qu’il appartienne à la communauté indigène de son pays. Ce fond colonialiste, je le repère dans sa reprise du mythe qui, après avoir servi en Algérie, a servi et continue à servir pour l’entité sioniste, à savoir que les colons juifs ont « construit des villes modernes et des fermes modèles là où il n’y avait que des déserts ».

On se demande comment quelqu’un d’intelligent et cultivé peut, en 2018, écrire ce genre de choses et en plus en faire un argument justifiant une entreprise de dépossession.

Une autre origine de son soutien au projet sioniste est évidemment le drame de la seconde guerre mondiale. Mais là aussi, l’écrivain parle des « Juifs expulsés d’Europe après les atroces massacres des nazis ».

J’ignore d’où Mario Vargas Llosa tient cette information mais les Juifs n’ont pas été expulsés d’Europe après la fin de la deuxième guerre mondiale. Les agents sionistes allaient par contre à la rencontre des réfugiés pour de leur vendre l’idée d’un départ vers la Palestine.

On voit comment, quand la réalité des faits ne permet pas de justifier une prise de position politique, on travestit ou déforme les faits pour qu’ils puissent assurer ce rôle justificateur.

Il n’empêche que Mario Vargas Llosa se pose des questions et qu’il se demande sérieusement si le pays qu’il a soutenu, et continue de soutenir, correspond encore au projet qu’il reconnaît chez ses quelques amis à présentables qu’il lui reste dans l’entité sioniste.

Encore un petit effort, et l’écrivain appellera au boycott de l’entité sioniste.

PS: je sais que la traduction n’est pas très bonne, mais Llosa est un écrivain (de renom), pas moi.

La boîte de Pandore

Ce ne sont pas les Palestiniens qui représentent le plus grand danger pour l’avenir d’Israël, mais Netanyahou, ses sbires et le sang qu’ils ont versé

Par Mario Vargas Llosa, El Pais (Espagne) 20 mai 2018 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Au moment même où Ivanka Trump, enveloppée dans une robe diaphane qui devait parler à ceux qui étaient présents, découvrait la plaque inaugurant la toute nouvelle ambassade américaine à Jérusalem, l’armée israélienne tuait par balles soixante Palestiniens et en blessait mille sept cents, qui jetaient des pierres, en essayant d’approcher les barbelés qui séparent Gaza du territoire d’Israël. Les deux événements n’ont pas coïncidé par hasard, le dernier était une conséquence du premier.

La décision du président Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, annoncée lors de sa campagne électorale, brise soixante-dix ans de neutralité [sur ce point, NdT] des États-Unis. Ces derniers, comme ses alliés en Occident, soutenaient jusqu’à présent que le statut  de Jérusalem, revendiquée comme capitale par les Palestiniens et les Israéliens, devrait être décidé dans l’accord entre les deux parties en vue de la La boîte de tonnerrecréation de deux Etats existant côte à côte dans la région. Bien que la théorie des deux Etats soit encore parfois évoquée par les dirigeants des deux pays, personne ne croit que cette formule est encore possible, compte tenu de la politique expansionniste d’Israël dont les colonies de Cisjordanie dévorent les territoires et isolent un peu plus chaque jour  les villes et villages qui devraient former l’État palestinien. Si cet Etat existait, il serait à l’époque actuelle à peine moins qu’une caricature des bantoustans sud-africains du temps de l’apartheid.

 Le président Trump a affirmé que sa décision de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël était «réaliste» et que, au lieu d’entraver l’accord [entre les parties au conflit, NdT], elle le faciliterait. Il est possible qu’il ne l’ait pas seulement dit mais, dans sa formidable ignorance des affaires internationales auxquelles il pense quotidiennement d’une manière si irresponsable, qu’il le croie. Mais je doute que r beaucoup d’autres, à part lui et la poignée de fanatiques qui ont applaudi comme des enragés quand Ivanka a dévoilé la plaque dont Bibi Netanyahou qui, les larmes aux yeux, a hurlé : « Quel jour glorieux. » En effet, Trump a ouvert la boîte de pandore avec cette décision et, outre la confusion et la perplexité dans lesquels il a plongé ses alliés, il a provoqué en bonne partie la tuerie cruelle et stupide qui est venue s’ajouter au supplice qu’est, depuis longtemps déjà, la vie pour les malheureux habitants de Gaza.

La création des deux États coexisteraient en paix était la formule la plus sensée pour mettre fin à cette guerre larvée qui dure depuis soixante-dix ans au Moyen-Orient, et de nombreux Israéliens y ont cru pendant longtemps. Malheureusement, à l’époque d’Arafat, les Palestiniens rejetèrent un projet de paix dans lequel Israël fit des concessions notables, comme la restitution d’une grande partie des territoires occupés et l’acceptation de Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine.

Depuis lors, cet immense mouvement de l’opinion publique israélienne qui voulait la paix est allé déclinant tandis que croissait le nombre de ceux qui, comme Sharon, pensaient que la négociation était impossible et que la seule solution viendrait d’Israël seulement et serait imposée aux Palestiniens par la force. Et il y a beaucoup de gens dans le monde, comme Trump, qui le croient aussi et qui sont prêts à soutenir cette politique insensée qui ne résoudra jamais le problème et continuera à remplir le Moyen-Orient de tension, de sang et de cadavres.

Ce processus a été rendu possible un gouvernement tel que celui  présidé par Netanyahu, le plus réactionnaire et arrogante qu’ait jamais eu Israël, et sûrement le moins démocratique donc convaincu de sa supériorité militaire absolue dans la région, qui harcèle sans relâche ses adversaires, vole chaque jour un peu plus de territoire et, les accusant d’être des terroristes qui mettent en péril l’existence du petit Israël, leur tire dessus et les blesse et les assassine à sa guise au moindre prétexte.

Je voudrais citer ici un article de Michelle Goldberg paru dans The New York Times du15 mai, à propos de ce qui s’est passé au Moyen-Orient et qui porte le titre de: « Un spectacle grotesque à Jérusalem ». L’article décrit en détail la concentration fantastique d’extrémistes israéliens et de fanatiques évangéliques américains venus célébrer l’ouverture de la nouvelle ambassade et la gifle que fut pour le peuple palestinien ce nouvel affront infligé par la Maison Blanche. L’auteur n’oublie pas l’intransigeance du Hamas, ni le terrorisme palestinien, mais rappelle également les conditions indescriptibles dans lesquelles les habitants de Gaza sont condamnés à vivre. Je les ai vues de mes propres yeux et je connais le degré d’abjection dans lequel survit à grand peine cette population, sans travail, sans nourriture, sans médicaments, avec des hôpitaux et des écoles en ruines, avec des bâtiments effondrés, sans eau, sans espoir, soumise à des bombardements aveugles chaque fois qu’il y a un attentat.

Mme Goldberg explique que l’image du sionisme a souffert dans l’opinion publique mondiale avec la droitisation extrême des gouvernements israéliens et qu’une partie importante de la communauté juive aux Etats-Unis ne soutient plus la politique actuelle de Netanyahu et des petits partis religieux qui lui donnent une majorité parlementaire. Je crois que cela s’applique également au reste du monde, à des millions d’hommes et de femmes qui, comme moi, ressentaient une identification à un peuple qui avait construit des villes modernes et des fermes modèles là où il n’y avait que des déserts et au sein duquel un nombre très important voulait vraiment une paix négociée avec les Palestiniens. Cet Israël n’existe malheureusement plus. Maintenant, c’est une puissance militaire, sans aucun doute, et d’une certaine manière coloniale, qui ne croit qu’en la force, surtout ces derniers temps,

Toute cette puissance ne sert pas à grand-chose si une société reste en permanence sur le qui-vive, dans l’attente de passer à l’attaque ou d’être attaquée, à s’armer chaque jour davantage parce qu’elle se sait haïe par ses voisins et même par ses propres citoyens, à exiger de sa jeunesse qu’elle passe trois ans dans l’armée pour assurer la survie du pays et continuer à gagner les guerres, et punir avec férocité et sans relâche, à ma moindre agitation ou protestation, ceux dont la seule faute est d’avoir été là, pendant des siècles  quand commencèrent à arriver les Juifs expulsés d’Europe après les atroces massacres des nazis. Ce n’est pas une vie civilisée ou désirable, vivre entre deux guerres et tueries, aussi puissant et fort que soit un Etat.

Les vrais amis d’Israël ne devraient pas soutenir la politique à long terme suicidaire de Netanyahou et de sa clique. C’est une politique qui fait de ce pays, qui était aimé et respecté, un pays cruel et sans pitié pour un peuple qu’il maltraite et subjugue tout en se présentant en même temps comme une victime de l’incompréhension et du terrorisme. Ce n’est plus vrai, si ce fut jamais le cas.

J’ai beaucoup d’amis en Israël, en particulier parmi ses écrivains, et j’ai défendu à plusieurs reprises son droit à l’existence, avec des frontières sûres, et, surtout, à ce qu’il trouve un moyen pacifique de coexister avec le peuple palestinien. Je suis honoré d’avoir reçu le Prix de Jérusalem et je suis heureux de savoir qu’aucun de mes amis israéliens n’a participé au « spectacle grotesque » qui mettait en vedette l’emblématique Ivanka Trump dévoilant la plaque inaugurale, et je suis sûr qu’ils ont ressenti tout autant de tristesse et d’indignation que moi pour la tuerie sur les barbelés de Gaza. Ils représentent un Israël qui semble avoir disparu ces jours-ci. Mais espérons qu’il revienne. En leur nom et en celui de la justice, nous devons proclamer haut et fort que ce ne sont pas les Palestiniens qui représentent le plus grand danger pour l’avenir d’Israël, mais Netanyahou et ses acolytes et le sang qu’ils font couler.

 

Les 7 péchés capitaux de la hasbara sioniste

19 mai 2018

Marc Lamont Hills’attache ici à rétablir la vérité sur 7 mythes qui servent souvent d’arguments aux partisans de l’entité sioniste.

Un pense-bête utile pour tous ceux qui ont à cœur la cause de la Palestine

7 mythes sur le conflit israélo-palestinien

Par Marc Lamont Hill, The Huffington Post (USA) 17 mai 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

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Mark Lamont Hill

Lundi, un jour avant le 70e anniversaire de la fondation d’Israël, l’administration Trump a tenu sa promesse de déplacer l’ambassade des Etats Unis à Jérusalem . Cet événement a été suivi par des manifestations palestiniennes en Cisjordanie et à Gaza, les soldats israéliens tuant plus de 50 Palestiniens, y compris des enfants, et en blessant plus de 1.000 autres. Depuis lors, les débats font rage entre les experts, les décideurs et les citoyens ordinaires au sujet du conflit entre Israël et la Palestine. Malheureusement, beaucoup de ces discussions mobilisent les mêmes points de discussion périmés et problématiques. Voici sept des plus dommageables :

  1. Ces gens se battent depuis toujours.

C’est un des arguments les plus souvent répétés et inexacts sur le conflit. La vérité est que les Arabes et les Juifs ne se battent pas depuis toujours. Au contraire, on peut dater la confrontation à la fin du 19ème siècle ou, plus précisément, au début de la période du mandat britannique après la Première Guerre mondiale. En plus d’être historiquement inexacte, une telle affirmation pose le problème comme étant quelque chose d’insoluble et d’inextricable, en plus de renforcer les vieilles idées sur les Arabes qui seraient barbares et fondamentalement violents.

  1. C’est un conflit religieux

Cela aussi est inexact. Les Palestiniens ne sont pas un monolithe religieux. Bien que majoritairement musulmane, la communauté palestinienne a toujours compris des musulmans, des chrétiens et des juifs. En outre, avant la colonisation sioniste à la fin de l’Empire ottoman, la diversité religieuse était une caractéristique de la Palestine historique. Même après le début de l’immigration juive, les colons sionistes étaient principalement laïques [au sens de non pratiquants ou non particulièrement engagés dans l’action religieuse NdT], tout comme les indigènes palestiniens.

Mais ce n’est pas seulement une question d’exactitude historique. En définissant le conflit comme religieux, nous sommes incités à le considérer comme une querelle intestine entre deux partis tout aussi fervents qui sont en possession de textes religieux concurrents ou d’interprétations scripturaires divergentes. Pour le dire simplement, cela ne concerne pas la religion. Il s’agit de vols de terres, d’expulsions et de nettoyage ethnique par des colons étrangers sur des terres indigènes.

  1. C’est très compliqué.

D’une certaine manière, le problème est en effet compliqué. Après plus d’un siècle de conflit, il y a certainement beaucoup de subtilités autour des diverses, revendications de la vérité, politiques et solutions. Trop souvent, cependant, l’affirmation que « c’est compliqué » sert d’excuse pour éluder une réalité très simple : il s’agit de 70 ans de lutte d’un peuple qui a été expulsé, assassiné, volé, emprisonné et occupé. Bien qu’il y ait certainement un besoin de traiter les points les plus subtils du conflit, nous ne devons jamais perdre de vue ce point fondamental et d’une grande simplicité.

  1. Les Palestiniens persistent à refuser des offres équitables.

Cet argument présume à tort que tout accord qui inclut le partage de terres volées avec les victimes de ce vol pourrait être équitable. Mais même en termes relatifs et pragmatiques, ce n’est pas vrai. Repensez à la proposition disproportionnée de partage des Nations Unies de 1947 qui accordait 55% de la terre à la population juive, alors même qu’elle ne représentait que 33% de la population et possédait 7% de la terre. Ou regardez les négociations de 2008 entre le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et l’ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui ne permettaient pas l’établissement d’un territoire palestinien contigu ni un véritable règlement de la dispute sur Jérusalem. Les Palestiniens ne se sont jamais vu offrir un accord qui permette un Etat véritablement indépendant, fertile, viable et sûr.

  1. Les Palestiniens ne veulent pas la paix

Cet argument joue sur les récits orientalistes qui représentent les Arabes comme étant intrinsèquement violents, irrationnels, prémodernes et indignes de la démocratie ou de la diplomatie occidentale. L’argument blâme également les Palestiniens pour avoir résisté à la brutalité de l’occupation et de la répression. Les personnes sous occupation ont le droit légal et moral de se défendre. Leur demander de ne pas résister c’est leur demander de mourir en silence. Les Palestiniens veulent la paix. Mais la justice est toujours une condition préalable de la paix.

 

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A l’image de ce jeune qui joue de la guitare sur les ruines de sa maison à Gaza, le peuple palestinien est un peuple résilient

  1. Israël a le droit d’exister !

Cette revendication est un produit de la hasbara, ou propagande, américaine et israélienne. Premièrement, cet argument n’est mobilisé que de manière rhétorique par rapport à Israël, par opposition à la Palestine ou à pratiquement tous les autres États-nations. Après tout, personne ne demande systématiquement qu’Israël et ses soutiens reconnaissent le «droit à l’existence» de la Palestine en tant qu’idée abstraite, espace physique ou nation indépendante. Plus important encore, cependant, cette revendication obscurcit une vérité plus fondamentale : aucun pays n’a le droit d’exister, seuls les peuples ont ce droit. En naturalisant l’idée que les États-nations ont un « droit d’exister », nous réduisons notre capacité à proposer une critique morale de l’histoire de son origine par Israël (ou de toute colonie).

Si un pays a un droit naturel d’exister, il est plus difficile de contester les moyens par lesquels ce pays obtient des terres, comment il interagit avec les populations autochtones ou respecte la règle de droit au niveau international et national. Après tout, il avait le droit d’exister, n’est-ce pas ? L’argument du «droit d’exister» réifie aussi l’État-nation, faisant oublier son émergence relativement récente en tant que construction politique imaginaire. En d’autres termes, l’idée des nations et du nationalisme est relativement nouvelle. (C’est pourquoi l’ensemble de l’argument « il n’y a jamais eu un pays appelé Palestine » est à la fois anhistorique et malhonnête). Cet argument limite également notre capacité à imaginer le monde selon des termes différents et des formations politiques différentes, y compris la reconstitution de la Palestine historique (ou Israël contemporain) comme une démocratie unique pour TOUS les citoyens, sans distinction de race, classe, sexe ou religion.

  1. Vous êtes antisémite !

L’antisémitisme est un phénomène bien réel dans le monde entier. Et nous devons être vigilants pour traiter et détruire l’antisémitisme partout où il se manifeste. Trop souvent, cependant, cette allégation est dirigée contre quiconque critique ou proteste contre les pratiques de l’État-nation israélien.

Dans ces conditions, les allégations d’antisémitisme ne sont plus guère qu’une réaction de défense destinée à stopper la discussion. Plus important encore, c’est un élément clef de la stratégie sioniste : assimiler le judaïsme au sionisme  et à l’État israélien lui-même . Dans cette logique, critiquer Israël, c’est critiquer le judaïsme. De tels arguments ignorent également le fait que la tradition juive est une de celles qui prônent la justice et l’équité, et ses principes sont en opposition fondamentale avec les actions du gouvernement israélien.

Espérons que nous pourrons dépasser ces arguments et aller vers des discussions plus profondes et plus nuancées sur la construction de la paix, de la justice et de la liberté dans la région.

Marc Lamont Hill est titulaire de la chaire Steve Charles de Media, Cities and Solutions à la Temple University, commentateur politique sur CNN et ancien animateur de HuffPost Live.

Le rêve sioniste converge avec le cauchemar suprémaciste

17 mai 2018

Un  texte intéressant de Lluís Bassets. Si l’article figure dans la rubrique opinion du journal El Pais, il n’en reste pas moins que Bassets est non seulement journaliste (et pas n’importe lequel) mais également directeur adjoint de ce journal espagnol pour la Catalogne.

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Lluís Bassets

Bassets capte bien l’essentiel de ce qui se joue en ce moment en Palestine, terre où s’exerce  avec une force inégalée l’idéologie agressive et suprémaciste  qui domine actuellement aux Etats Unis, pays où elle n’a jamais disparu malgré les succès de la lutte pour les droits civiques. C’est la convergence de ces suprémacismes qui est au cœur du texte présenté ici.

Comme le dit Lluís Bassets en conclusion, la Palestine est le miroir où chacun peut se regarder et où sont condensés tous les maux qui affectent le monde et l’empêchent de vivre en paix.

Avec Netanyahou et Trump, le rêve sioniste converge avec le cauchemar suprémaciste

Par Lluís Bassets, El Pais (Espagne) 17 mai 2018 traduit de l’espagnol par Djazaïri

La mutation est achevée. Le rêve a tourné et ne se différencie guère maintenant, 70 ans plus tard, du cauchemar Trumpien. Au moment même où des habitants de Gaza tombaient, tués par des tirs de snipers [sionistes], la fille de Donald Trump et son mari, Jared Kushner, accompagné par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, inauguraient l’ambassade américaine à Jérusalem. Douleur pour les uns et gloire pour les autres, le même jour et à seulement environ 80 kilomètres de distance.

El primer ministro de Israel, Benjamin Netanyahu, junto a  Ivanka Trump y a Jared Kushner frente a la nueva embajada estadounidense en Jerusalén, el pasado 14 de mayo.

14 mai 2018: inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem occupée.       Sara et Benjamin Netanyahou, Ivanka Trump et Jared Kushner

Le statut de la ville est l’un des trois sujets majeurs d’un différend persistant (les deux autres sont la restitution des territoires occupés et le droit au retour des Palestiniens expulsés). Dans tous les plans de paix, la question de Jérusalem devait être abordée en dernier. Ce ne sera plus le cas, puisque Washington, qui avait jusqu’alors prétendu agir en médiateur honnête, l’a laissée au bon vouloir de son président.

Trump tient ainsi sa promesse électorale. Au Moyen-Orient, on n’est pas dupe: il fait ce que veut Netanyahou, que ce soit rompre l’accord nucléaire avec l’Iran, ou reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Ce n’est pas une question de politique internationale. La seule politique qui l’intéresse est la politique intérieure des États-Unis, où il soigne son électorat avant les élections de mi-mandat au cours desquelles la majorité républicaine est en jeu au Congrès et au Sénat et l’éventualité d’une réélection à la présidence en 2020

Le geste aura un impact international relatif. Peu de pays, et seulement de petits pays, le suivront dans la relocalisation des ambassades. Mais la répression militaire qui s’abat sur les Gazaouis est déjà de toute évidence disproportionnée. La tuerie isole encore plus Israël et détériore son image de démocratie civilisée, bien que cela ne soit guère important pour Netanyahou du moment que Trump est inconditionnellement de son côté.

La dérive de Washington laisse un vide que personne ne comblera. La Russie ne le fera pas, qui est revenue dans la région avec des réflexes tactiques de superpuissance prudente, mais sans la capacité d’agir comme un médiateur honnête. C’est encore moins le cas de la Chine, pas encore mûre pour agir comme une superpuissance mondiale. Ce n’est pas le cas non plus de l’Union Européenne qui, comme l’a souligné Jeremy Shapiro dans Foreign Affairs, manque d’unité et de volonté (« Pourquoi Trump peut-il tranquillement ignorer l’Europe? Ses dirigeants s’empressent de condamner mais n’agissent jamais »).

Selon Netanyahou, également maître dans l’art de l’inversion du sens, Trump a fait l’histoire dans un grand jour pour la paix. C’est pourquoi il donnera son nom à une place, à une gare et même à un club de football, le Beitar Jerusalem qui ajoutera le nom du président à son nom.

La lumière parmi les nations est maintenant un miroir du monde. De l’unilatéralisme, du désordre international, du bellicisme, et aussi des inégalités, de l’injustice, de la discrimination, de l’extrémisme, du suprémacisme. Dans ce territoire disputé, deux nations sont dans une étreinte sanglante , victimes de différents moments historiques: l’une ayant obtenu réparation et l’autre mise à terre, 70 ans ensemble, mais sans paix, sans pitié, sans pardon. Le miroir où nous regarder.

 

En voiture au Mur des Lamentations ou le privilège d’un pointeur

9 avril 2018

Vous pouvez en apprendre un peu plus sur les pérégrinations de ce rabbin délinquant sexuel condamné en justice mais finalement respecté en cliquant sur les liens inclus dans ce post.

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Le rabbin Eliezer Berland surnommé la licorne (ou le pointeur)

Condamné pour agressions sexuelles, le rabbin vient en voiture sur la place du Mur des Lamentations

Par Aiden Pink, The Jewish Forward (USA) 8 avril 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un éminent rabbin israélien qui est aussi un délinquant sexuel condamné a été autorisé pour la Pâque juive à se rendre en voiture directement sur la place du Mur des Lamentations – un honneur qui n’est accordé qu’aux plus grands responsables religieux.

Le rabbin Eliezer Berland, accompagné par les danses et les prières de ses adeptes qui couraient près de sa voiture, a été conduit à travers les points de contrôle de sécurité et directement sur la place. La Western Wall Heritage Foundation a par le passé autorisé l’accès en voiture à des rabbins âgés éminents ayant des problèmes de santé.

Berland, 81 ans, a été condamné à 16 mois de prison en 2016 après avoir été déclaré coupable de deux chefs d’inculpation pour agression sexuelle contre des femmes et d’ un chef d’inculpation pour avoir frappé le mari d’une des femmes dont il avait abusé. Berland n’a passé que cinq mois en prison et six en assignation à résidence en raison de son âge et de son état de santé.

Plusieurs anciennes étudiantes ont accusé Berland de les avoir agressées sexuellement ou de les avoir violées. Berland et ses adeptes les plus fidèles avait alors fui le pays en 2013 mais était rentré quelques années plus tard pour accepter un accord de plaider coupable. Un enregistrement vidéo obtenu par la chaîne israélienne Channel 2 révélait Berland en train apparemment de reconnaître avoir violé une de ses victimes.

Le directeur de la Fondation Masorti pour le Judaïsme Conservateur a accusé le rabbin chargé de la  Western Wall Heritage  Foundation de  « ne plus savoir ce qu’est la honte ».

« Cette fois, il a fait en sorte que le rabbin Berland, un délinquant sexuel, puisse avoir un accès en voiture réservé aux rabbins jusqu’à la place du Mur des Lamentations, » a déclaré Yizhar Hess à Ynet. « Dans le même temps, il persécute les femmes qui viennent au Mur. »

La Fondation [du Mur des Lamentations] a déclaré avoir donné la permission à la voituire de Berland d’entrer sur le parking à cause de son âge et de son état de santé. Mais elle a affirmé qu’elle n’avait pas approuvé l’accès à la place elle-même, mettant en cause le chauffeur de Berland.

« L’accès de Berland à la place s’est fait à l’encontre des procédures, tout en mettant en danger les autres personnes, son chauffeur cherchant à imposer sa loi et obligeant la police à intervenir, » affirme la déclaration.

 

L’entité sioniste exaspère l’UE selon le chef de la diplomatie allemande

4 février 2018

L’exaspération monte en Europe face à la politique de l’entité sioniste qui rend plus impossible chaque jour une solution à deux Etats fans le conflit qui oppose l’occupant sioniste au peuple indigène palestinien.

C’est le chef de la diplomatie allemande qui le dit, pas moi.

On comprend mieux pourquoi les sionistes tendent à préférer le parti néo-nazi allemand aux formations politiques qui se sont partagé le pouvoir en Allemagne depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Le ministre allemand avertit Israël de l’exaspération grandissante de l’Europe

Rédaction, Reuters (UK) 31 janvier 2018

Tel Aviv (Reuters) – Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a averti mercredi Israël qu’il était confronté à une exaspération grandissante en Europe devant les inquiétudes concernant l’avenir d’une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien.

Gabriel a adopté un ton nettement différent de celui du vice-président américain Mike Pence qui, lors d’une visite en Israël la semaine dernière, a approuvé l’annonce par le président Donald Trump le 6 décembre que son administration reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël et qu’il transférerait son ambassade dans cette ville.

« En ce qui concerne les Palestiniens et la question de l’Iran, les Américains prennent votre parti plus clairement que jamais auparavant. Mais est-ce vraiment une bonne chose ?  « a déclaré Gabriel à Tel Aviv.

Citant les succès passés de la diplomatie américaine dans la région, il a demandé : « Les Américains peuvent-ils encore jouer un tel rôle s’ils prennent si ouvertement parti? Est-ce que les autres vont essayer de leur emboîter le pas ? »

Dans une menace à peine voilée de couper l’aide [européenne], il a déclaré que certains membres du cabinet israélien étaient « explicitement contre la solution à deux Etats » mais qu’une telle solution « a toujours été le fondement de notre engagement pour la paix israélo-palestinienne et  du montant de l’engagement financier « de l’Allemagne et de l’Europe.

« Ces signaux – au mieux mitigés – ne passent pas inaperçus en Europe, où il y a clairement une exaspération grandissante face aux actions d’Israël », a-t-il déclaré lors d’une conférence sur la sécurité en Israël. Gabriel a cité des désaccords au sein même de son propre parti social-démocrate à propos de ce que certains considèrent comme un traitement « injuste » des Palestiniens.

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Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a l’air franchement exaspéré devant Benjamin Netanyahou

« PAS DE RACCOURCI »

« Il est de plus en plus difficile pour des gens comme moi de leur expliquer les raisons pour lesquelles notre soutien à Israël doit persister », a-t-il déclaré. Gabriel a souligné les préoccupations concernant la violence, la haine et la construction de colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés que les Palestiniens où les Palestiniens veulent pour un futur État indépendant.

« L’Allemagne attend avec impatience le jour où elle sera en mesure de transférer son ambassade en Israël à Jérusalem. Mais laissez-moi ajouter : dans deux états avec Jérusalem comme capitale. Il n’y a pas de chemin plus court. « 

Les Palestiniens veulent Jérusalem-Est, qui a été conquise par les Israéliens pendant la guerre de 1967, pour leur future capitale. Israël considère Jérusalem comme sa capitale éternelle et indivisible.

Gabriel a pris la parole après des entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas.

Plus tôt dans la journée, Netanyahu a reprécisé sa position lors d’une conférence de presse conjointe avec son visiteur allemand après que Gabriel s’est dit encouragé par le fait que le gouvernement Netanyahu soutenait une solution à deux Etats « avec des frontières sûres pour Israël ».

« Que nous exercions le contrôle de la sécurité à l’ouest du fleuve Jourdain. C’est la première condition, » a objecté Netanyahou, coupant Gabriel avant d’ajouter, « Qu’on puisse le définir comme un Etat alors que nous exerçons le contrôle militaire est une autre affaire. Je ne discute pas d’étiquettes mais de la substance. »

Gabriel a suggéré que la discussion soit reconsidérée une autre fois, « beaucoup plus tard. »

Gabriel a été un partisan résolu de plus grands efforts pour lutter contre l’antisémitisme en Allemagne, y compris avec la création d’un poste de commissaire gouvernemental pour superviser de telles initiatives.

Dans le même temps, il est sous pression dans son pays pour qu’il adopte une ligne plus ferme au sujet de la construction ininterrompue de colonies israéliennes en violation du droit international.

Selon Henry Siegman, la politique des dirigeants sionistes condamne l’Etat juif à la disparition

28 janvier 2018

L’article qui suit a été écrit par Henry Siegman qui n’est pas seulement un universitaire connu et un rabbin orthodoxe mais aussi un des anciens dirigeants de la communauté juive américaine puisqu’il a été à la tête de l‘American Jewish Congress de 1978 à 1994.

Sa notice biographique sur Wikipédia indique qu’il a été aumônier militaire pendant la guerre de Corée, ce qui lui a valu de hautes distinctions.

Nous avons là à peu près le CV classique d’un patriote américain et d’un militant sioniste. Ce qui, sauf à être un néoconservateur ou un évangéliste, est contradictoire.

Henry Siegman a évidemment cherché à résoudre cette contradiction et il l’a fait progressivement d’abord en plaidant pour des discussions sincères de paix entre le régime sioniste et les représentants du peuple palestiniens, puis en critiquant l’hypocrisie des gouvernants sionistes et en dénonçant avec Jimmy Carter la politique d’apartheid de ces mêmes gouvernants.

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Henry Siegman et Yasser Arafat

Aujourd’hui, il considère que la boucle est bouclée et que la solution à deux Etats à laquelle il a cru auparavant n’est plus possible en raison de la politique d’apartheid et de dépossession menée par les autorités sionistes.

Il affirme nettement qu’il n’y a plus d’autre solution que celle à un seul Etat et qu’elle se réalisera d’une manière ou d’une autre, se traduisant au passage par un exode de nombreux Juifs qui ne pourront pas accepter de vivre à égalité avec le peuple autochtone de Palestine. On note que Siegman exclut que les Palestiniens puissent obtenir d’être rétablis dans leurs droits en usant de la force.

On notera que le texte de Siegman est publié dans The American Conservative, une revue de droite opposée au néo-conservatisme à qui il est reproché de précipiter l’Amérique dans des guerres coûteuses en hommes et en argent qui ne correspondent en rien aux intérêts fondamentaux du peuple américain.

Les implications de la décision du Président Trump pour Jérusalem

La décision de Trump pour Jérusalem a réussi à faire ce que des années de colonisation israélienne n’avaient pas réussi à faire – briser l’illusion d’une solution à deux Etats

Par Henry Siegman, The National Interest (USA) 23 janvier 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

La décision de Trump sur Jérusalem a permis à ce que les années de colonies israéliennes n’ont pas réussi à faire – briser l’illusion d’un résultat à deux états.

Nonobstant ce qui précède, l’initiative mal conçue de Trump sur Jérusalem peut encore avoir une conséquence positive, même si elle est involontaire. Rien n’a été aussi nuisible à la lutte palestinienne pour mettre fin à l’occupation israélienne et au vol incessant de territoires destinés à son [futur] état que l’insistance d’Abbas pour préserver l’Autorité palestinienne et le mythe selon lequel elle joue le rôle d' »Etat en formation » alors qu’elle a clairement permis à Israël de consolider son occupation. La décision de Trump sur Jérusalem a réussi ce que des années de colonies israéliennes ont échoué à faire : briser l’illusion d’un résultat à deux états et permettre au mouvement national palestinien de se transformer en une lutte pour les droits, c’est-à-dire lutter pour mettre fin à un régime d’apartheid, une démarche que j’ai préconisée pendant plus d’une décennie, et qui est maintenant de plus en plus celle qu’adoptent les jeunes palestiniens. Ce qui est particulièrement significatif, c’est que cette jeune génération fait le choix d’une lutte pour des droits égaux dans un Etat unique  non par désespoir d’obtenir leur propre Etat, mais parce que c’est la solution qui a leur préférence. C’est le bon choix parce que leur lutte pour leur propre Etat est de celles que les Palestiniens ne peuvent gagner, tandis que la lutte d’Israël pour maintenir un régime d’apartheid est de celles qu’Israël ne peut pas gagner.

Si après ce qui sera très certainement une lutte longue et difficile contre l’apartheid, les Palestiniens l’emportent, ils seront nettement majoritaires. Ayant institué le principe selon lequel la majorité peut imposer à la minorité l’identité religieuse et culturelle de l’Etat; Israël ne sera pas en position favorable pour contester ce même droit aux Palestiniens. Ce qui conduira à un exode significatif de Juifs israéliens.

Si les Palestiniens n’ont pas gain de cause, alors le caractère incontestable d’apartheid de l’Etat d’Israël et le coût de la lutte en cours aboutiront au même résultat – un exode des Juifs israéliens avec le temps, créant un déséquilibre démographique encore plus grand entre les Juifs du pays et les populations arabes. Les Palestiniens ne partiront pas parce qu’ils n’auront nulle part où aller.

Le résultat est donc susceptible d’être la fin d’Israël en tant qu’État juif. Si tel est le cas, ce ne sera pas le fait des mouvements BDS mais des Israéliens eux-mêmes, non seulement parce qu’ils refusent la solution des deux États, mais aussi parce qu’ils insistent pour définir l’identité nationale et les prétentions territoriales d’Israël en termes religieux. Un Etat qui accorde de manière accélérée la citoyenneté par la conversion religieuse au judaïsme parrainée par le gouvernement, comme le fait maintenant le gouvernement israélien, ne peut pas longtemps cacher qu’il privilégie ses citoyens juifs – tout comme les Etats-Unis ne pourraient pas prétendre être une démocratie si la conversion au christianisme était une modalité d’accès à la citoyenneté américaine. La nouvelle législation approuvée par Netanyahou et le parti du Likoud au pouvoir qui permet explicitement aux principes démocratiques d’être contournés par la législature d’Israël s’ils contredisent certains principes religieux juifs démontre que l’idée d’un Etat juif et démocratique était sans doute un oxymore dès le début.

Henry Siegman est Président Emerite de l’U.S./Middle East Project et un ancien membre du Council on Foreign Relations. Il a par le passé dirigé l’American Jewish Congress et le Synagogue Council of America.

Vers une grande guerre de libération de la Palestine?

26 janvier 2018

C’est le troisième article de Jeremy Salt que je traduis, et j’en suis vraiment heureux. Ses analyses sur la situation en Syrie qui faisaient l’objet des deux articles que j’ai proposés sur le blog, en 2011 puis en 2013, faisaient preuve d’une grande lucidité et ont en quelque sorte prédit assez précisément ce qui allait et devait se passer et qui s’est effectivement passé.

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Jeremy Salt est professeur d’histoire du Moyen-Orient à l’université de Bilkent en Turquie

Ici il s’intéresse plus globalement à la situation au Proche Orient en remettant comme il se doit la question palestinienne au centre de la problématique. Et il s’interroge sur la prochaine grande guerre, celle qui décidera de l’issue du conflit arabo-sioniste.

Jeremy Salt considère que la valeur combative de l’armée sioniste est grandement exagérée comme celle des forces arabes exagérément minorée, rappelant notamment à l’appui de sa thèse les succès de l’armée égyptienne en Octobre 1973, succès contrariés uniquement par la forfaiture de la direction politique égyptienne de l’époque. Selon Salt, une victoire militaire décisive des forces arabes et de leurs alliés, comme les Iraniens par exemple, dépend surtout de leur capacité à neutraliser la supériorité aérienne de l’armée sioniste avec ses hélicoptères et bombardiers.

Toute la question est là : les forces hostiles à l’entité sioniste, Hezbollah en premier lieu, disposent-elles, ou sont-elles sur le point de disposer des moyens de contrer efficacement cette menace aérienne ?

Si oui, les jours de l’entité sioniste sont comptés.

Une grande guerre se profile-t-elle à l’horizon pour Israël?

par Jeremy Salt | American Herald Tribune (USA) 21 janvier 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

Après plus d’un siècle [depuis la Déclaration Balfour], les sionistes semblent prêts à donner le coup de grâce à la Palestine en annexant la Cisjordanie. Limité en premier lieu aux colonies qui auront été le précurseur de l’annexion de l’ensemble du territoire. Le statut de la population palestinienne continuera d’être en suspens en attendant qu’apparaisse une solution permanente. Après l’annexion, certains pourraient partir. Plus grand sera leur nombre, plus sera grande la satisfaction d’Israël, mais deux expulsions massives ont enseigné aux Palestiniens qu’ils doivent rester. Il pourrait encore y avoir une troisième vague d’expulsions, la guerre fournissant à nouveau l’écran de fumée [pour justifier les expulsions] et, une nouvelle fois, la guerre s’annonce Les fondateurs sionistes n’ont jamais voulu rien moins que toute la Palestine. Dès le début, ils savaient qu’ils devraient éjecter la population indigène. Le «binationalisme» de Martin Buber était une bonne idée qui n’avait aucune influence dans la classe politique. Les intentions de la direction sioniste ont dû être cachées jusqu’à ce que la colonie ait atteint le point où elle avait la force physique de reprendre la Palestine..

Les fondateurs de l’Etat sionistes n’on jamais voulu rien moins que toute la Palestine. Dès le début, ils savaient qu’ils devraient expulser la population indigène. Le «binationalisme» de Martin Buber était une bonne idée qui n’avait aucune influence dans la classe politique. Les intentions de la direction sioniste devaient être cachées jusqu’à ce que la colonie ait atteint le point où elle avait la force physique de s’emparer de la Palestine.

Weizmann et d’autres ne proclament rien d’autre que de bonnes intentions, rien d’autre que de vouloir vivre aux côtés des Palestiniens et quant à vouloir un État juif, c’était bien loin de leur esprit. Ce n’est que dans leurs journaux qu’ils consignèrent ce qu’ils voulaient vraiment, du désir de Herzl de transférer la «population démunie [les Arabes]» hors de Palestine jusqu’à la conclusion, en 1940, de Yosef Weitz, directeur du département de colonisation du Fonds national juif qu’il n’y avait pas de place en Palestine à la fois pour les colons et pour les «Arabes». Ces derniers devraient partir. Ces intentions n’étaient pas marginales mais représentatives de ce que les dirigeants sionistes réalisaient devraient être faits si la Palestine devait être la leur.

Comme les Palestiniens se battraient jusqu’au bout, la terre ne pourrait être prise que par la force. Pas à pas, les sionistes ont pu avancer vers cet objectif. Les Britanniques avaient aidé en réprimant le soulèvement palestinien en 1936-39, la première Intifada, décapitant la direction populiste qui aurait pu mener la lutte contre les sionistes dans les années 1940. Des milliers de Palestiniens furent tués et beaucoup plus arrêtés.

Le plan de partage de 1947 ne traduisait pas les véritables volontés des membres de l’ONU. Il avait été imposé à l’Assemblée générale par les menaces faites par les Etats Unis aux membres vulnérables et n’aurait sinon jamais été adopté. Israël en a bénéficié politiquement mais n’avait aucune intention d’adhérer à ses dispositions, ce qui aurait laissé les Palestiniens intacts, trois fois la taille de la communauté des colons sionistes. La guerre de 1948 était une guerre inévitable : sans le nettoyage ethnique de la Palestine, il n’y aurait pas eu d’Israël.

Les expulsions massives de 1948-1949 furent suivies d’une deuxième vague d’expulsions en 1967, suivie de la lente strangulation des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, Israël utilisant tous les moyens possibles, militaires, économiques et pseudo-légaux. Il y a eu d’autres guerres, toutes visant à consolider et à étendre l’emprise sioniste sur la Palestine et à détruire les ennemis d’Israël : Suez 1956, Liban 1978, 1982 et 2006, Gaza à de nombreuses reprises, ainsi que d’innombrables «incursions» frontalières tuant au total des dizaines de milliers de civils arabes.

Il y a eu aussi un « processus de paix », une initiative de l’OLP, qu’Israël n’a fait que suivre pour voir ce qu’il pouvait en retirer. Lancé en 1993, se termina clairement dès 1995, bien que son cadavre continue à remuer jusqu’à nos jours. Le « processus de paix » était une ruse diplomatique donnant à Israël plus de temps pour renforcer son emprise sur les territoires pris en 1967. Yasser Arafat fut accepté comme un partenaire de négociation et quand il n’eut plus rien à donner, Israël considéra à nouveau le pacificateur comme un terroriste et le tua. Mahmud Abbas (Abou Mazen à l’époque révolutionnaire) a suivi Arafat, assumant le rôle de courroie de transmission d’Israël en Cisjordanie, mais seulement pour être jeté une fois qu’il n’a plus eu d’utilisé pour Israël.

Sur la base d’une colonisation sans fin et de la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël (rejetée par pratiquement le reste du monde), avec une réduction subséquente de l’aide américaine à l’UNRWA (l’Agence de secours des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens), l’OLP menace maintenant de «ne plus reconnaître» Israël. Si cela ramène le «problème de la Palestine» à 1948, c’est justifié que parce qu’Israël n’a jamais changé de position depuis.

Le temps qui s’est écoulé depuis 1993 jusqu’à maintenant a permis à Israël d’installer des centaines de milliers de nouveaux colons en Cisjordanie, qui selon lui [le régime sioniste] ne peuvent être évacués sans risque de guerre civile. C’est peut-être vrai, mais l’État sioniste les y a installés pour qu’ils restent, car ils rapprochent le projet sioniste de son accomplissement, et il n’a jamais eu l’intention de les faire partir. Israël a maintenant l’intention de «légitimer» ce que jusqu’à présent il a appelé les «avant-postes» illégaux des colons, comme s’il y avait une différence en droit international entre l’illégalité complète de la présence des colons en Cisjordanie, que ce soit dans les implantations ou dans les avant-postes des «jeunes de la colline qui vont et viennent comme ils veulent, frappant, brûlant et détruisant. Ils sont protégés par l’État et ce n’est pas étonnant, car c’est un état qui est en roue libre depuis plus de sept décennies.

Le porte-parole de la clique sioniste est maintenant Naftali Bennett, le ministre de l’Education, qui vient de parler de «la fin de l’ère de l’Etat palestinien et le début de l’ère de la souveraineté», par laquelle il entend l’annexion israélienne de la Cisjordanie et la souveraineté sur toute la Palestine. S’il y a une différence entre Bennett, un probable futur Premier ministre, et Netanyahu, c’est seulement que le premier parle plus clairement de ses intentions. Le désinvolte Netanyahou, qui voit toujours un avantage à parler d’un «processus de paix», a dans son parti d’autres membres qui parlent aussi ouvertement que Bennett. Tzipi Hotovely, par exemple, la vice-ministre des Affaires étrangères, parle également d’annexion : elle a hâte de voir le drapeau israélien flotter sur le Haram al Sharif et considère les anciens soldats du mouvement de protestation Breaking the Silence comme des «criminels de guerre». ‘

Bennett ne fait que montrer la direction qu’Israël prendra tôt ou tard. Du point de vue sioniste, le prochain pas important doit être l’annexion. La tactique de la paix a été menée jusqu’au bout, la solution à deux états est morte (pour autant qu’elle ait jamais existé), il n’y a plus rien à tirer de l’Autorité palestinienne et à Washington, Israël a un ami, Donald Trump, qui soutient autant et plus Israël (reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël) que n’importe quel ancien président américain d’après 1948: seule la reconnaissance d’Israël  par Truman au moment où l’Etat a été proclamé peut lui être comparé. Qu’est-ce qui peut venir maintenant sinon l’annexion ?  Bennett pense que le vent tourne en faveur d’Israël et, si on prend en considération les tractations avec les gouvernements du Golfe et le soutien encore plus généreux des Etats-Unis, il a raison.

Mais est-ce suffisant pour penser que la partie est finie et qu’Israël a fait jeu, set et match?, Peut-être pas : peut-être même pas du tout. Cette question ne concerne pas seulement les Palestiniens et n’a jamais concerné qu’eux. C’est une question arabe, une question musulmane, une question de droits de l’homme et un problème mondial. Elle n’a pas disparu et elle ne va pas disparaître. Ahed Tamimi , frappant un soldat israélien au visage après avoir été frappée par lui (est-ce que quelqu’un l’a remarqué? Certainement pas les médias mainstream) et maintenant emprisonnée pour une durée indéfinie pour ce crime haineux, est le dernier exemple de la force d’âme palestinienne face à l’oppression.

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Ahed Tamimi est le nouveau symbole de la résilience du peuple palestinien

Dès le début, malgré leur courage et leur détermination, les Palestiniens eurent à affronter des forces qu’aucun petit groupe de personnes ne pouvait surmonter seul : les Britanniques, les sionistes, les États-Unis et les énormes ressources qu’ils ont consacrées à l’occupation de la Palestine pendant un siècle. Cependant, la Palestine n’est pas seulement une question palestinienne et pas seulement une question plus générale de droits de l’homme : c’est une question qui va au coeur de l’histoire et de l’identité arabe. Le chemin de retour vers la Palestine devra toujours traverser le monde arabe. C’était clair pratiquement depuis le début. Jusqu’à présent, deux gouvernements arabes (Egypte et Jordanie) ont signé des traités de « paix » avec Israël. Ces arrangements de papier entre les gouvernements n’ont aucun soutien populaire en Egypte ou en Jordanie : ce n’est pas que leurs peuples ne veulent pas la paix, mais qu’ils ne sont pas prêts à sacrifier la Palestine pour l’obtenir. Il y a un géant assoupi ici qu’Israël semble penser endormi pour toujours. Les peuples sont la dynamite au bout de la mèche. Dans des circonstances favorables et avec les bons leaders, ils peuvent être mobilisés, comme ils l’ont été auparavant.

En tant qu’État raciste, Israël traite depuis longtemps les «Arabes» avec mépris ou les considère incapables de faire ce qu’ils ont fini par faire. Le premier exemple est celui de 1973, lorsque les Egyptiens lancèrent une brillante opération sur le canal et prirent les troupes israéliennes complètement par surprise, les mettant en débandade. Si Sadate n’avait pas trahi Hafez al Assad, en stoppant l’offensive égyptienne au bout d’une semaine, Israël aurait pu être chassé du Sinaï et du plateau du Golan. Seule une plus grande intervention des États-Unis (ils intervenaient déjà directement par le transport aérien de matériel militaire directement dans le Sinaï) aurait pu empêcher une défaite israélienne. Dans le sud du Liban occupé, Israël a subi choc après choc. Il a été pris au dépourvu par le Hezbollah et, en fait, il a été expulsé du Liban en 2000. Il a réessayé en 2006 et a été à nouveau humilié, ce qui explique pourquoi Israël est déterminé à détruire le Hezbollah la prochaine fois même s’il faut détruire le Liban avec.

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Octobre 1973: soldats égyptiens au sommet d’une position prise à l’ennemi sur la ligne Bar Lev 

Naftali Bennett était l’un des soldats d’Israël au Liban. Il projette l’image d’un personnage dur. « J’ai tué beaucoup d’Arabes en mon temps et je n’ai pas de problème avec ça », a-t-il dit. Parmi les «Arabes» qu’il a aidé à tuer, plus d’une centaine de civils libanais, dont de nombreux enfants, qui s’étaient réfugiés dans l’enceinte de l’ ONU à Qana., au sud du Liban, quand elle a été bombardée par les forces israéliennes envahissante en avril 1996. Un homme avait perdu 31 membres de sa famille, dont neuf enfants. Bennett était membre de l’unité dite d’«élite» Maglan. Quand son détachement avait été pris dans une embuscade par le Hezbollah, il avait appelé à l’aide une unité d’artillerie. Selon un autre officier, quand il est entré en communication, Bennett était hystérique, mais les obus sont arrivés et l’ont sauvé, 13 d’entre eux ayant explosé dans l’enceinte du site de l’ONU. Le secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros Ghali, avait démenti l’affirmation d’Israël selon laquelle le bombardement était dû à une erreur, étant donné que le site de l’ONU avait fait l’objet de reconnaissances par des drones et des hélicoptères israéliens. Le résultat fut qu’il perdit son deuxième mandat, les USA refusant de le soutenir, lui préférant Kofi Annan.

Bennett et ses anciens compagnons d’armes se considèrent comme des guerriers. Une opinion que ne partage pas Hasan Nasrallah qui se base sur les expériences que le Hezbollah a eues avec les Israéliens. Dans une récente interview diffusée sur la chaîne de télévision Mayadeen, Nasrallah a ironisé sur la capacité à combattre des soldats israéliens. A ses yeux, les succès de la résistance au Liban et en Palestine ont brisé le mythe de l’invincibilité israélienne (un mythe déjà démoli depuis au moins la guerre de 1973). Le Hezbollah et les forces alliées ont combattu les takfiristes pendant plus de sept années en Syrie et plus de trois années en Irak. C’était un ennemi qui entrait dans le combat avec des escouades de commandos suicide, un ennemi « prêt à mourir » sans hésitation, à comparer avec les Israéliens qui, a dit Nasrallah, n’avancent pas sans être précédés d’une force blindée, suivis par des ambulances et protégés depuis le ciel par des hélicoptères et des avions de combat. Un tel soldat est vaincu à l’avance. C’est un lâche sans volonté de se battre. Combattre l’État islamique était beaucoup plus difficile que de combattre Israël, ce qui a permis de vaincre l«bila shaq» (sans aucun doute). C’est le facteur humain qui a donné l’avantage à la résistance.

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Avril 2017 : Combattant du Hezbollah à la frontière entre le Liban et la Palestine occupée

Nasrallah a évoqué à plusieurs reprises la «grande guerre» à venir avec Israël, qui impliquerait non seulement «l’axe de résistance» (Iran, Irak, Syrie, Liban, Palestine et toutes les organisations du monde arabe «qui soutiennent cette voie») mais aussi des centaines de milliers de volontaires arabes. Nasrallah a déclaré que Sayyid Abd al Malik al Houthi avait promis d’envoyer des dizaines de milliers de combattants volontaires même si la guerre saoudo-yéménite se poursuivait. Cette guerre, dont Nasrallah a souvent dit que le Hezbollah la mènerait en Galilée à travers la ligne d’armistice et s’étendrait sur tout le front libanais et syrien avec Israël, a été le thème central de toutes ses récentes interviews.

La stratégie d’Israël dès le départ sera la destruction totale du Hezbollah le plus rapidement possible et autant du Liban que nécessaire pour détruire le Hezbollah. La puissance aérienne sera au cœur des stratégies de guerre d’Israël, comme elle l’a été dans le passé. C’est ce sur quoi le Hezbollah et ses alliés devront travailler pendant des années pour la neutraliser. Qu’Israël se prépare activement à la guerre ressort clairement des exercices aériens et terrestres qu’il a menés au cours des six derniers mois, combinant les forces aériennes, navales et terrestres, la robotique, les combats dans les tunnels et l’évacuation des civils du nord jusqu’à la ligne d’armistice ligne avec le Liban. L’état-major israélien a effectivement reconnu la piètre performance de ses troupes sur le terrain, à Gaza ou au Liban en 2006, en augmentant le ratio de soldats et d’officiers issus de milieux de colons religieux, plus fortement motivés, pense-t-il, que les jeunes hommes issus de milieux non pratiquants.

Il ne fait aucun doute que l’état-major israélien analyse chaque mot prononcé par Nasrallah, le prend au sérieux et le respecte sur la base des réalisations militaires du Hezbollah, mais peu de ce qu’il dit atteint les médias «occidentaux». Il est juste le clerc à la barbe broussailleuse régulièrement présenté comme le mandataire de l’Iran au Liban, comme s’il n’avait pas une pensée propre, et non comme l’un des esprits les plus impressionnants du Moyen-Orient. Nasrallah ne se livre jamais à des discussions creuses et ne parle que de la «possibilité» d’une grande guerre à venir, afin de ne pas alarmer les gens, alors qu’il est clair que ce n’est pas seulement une probabilité, mais une guerre qui mettra un point final. A la confrontation historique avec Israël.  En voulant infliger une défaite écrasante à ses ennemis, c’est certainement ce qu’Israël aura en tête. Le Hezbollah est prêt et Nasrallah pense qu’il peut gagner.

L’idée même qu’Israël puisse être défait sur le champ de bataille n’a aucune place dans le discours ‘occidental’ qui a été construit sur des siècles de préjugés anti-arabes et antimusulmans dans les médias. Ce serait considéré comme impensable, insensé et risible. Israël essuie des revers mais il ne perd pas de guerre : cette possibilité n’existe pas dans les esprits conditionnés par un biais médiatique sans fin. Une telle guerre devrait être considérée avec effroi : comme le dit Nasrallah, personne ne pourrait dire où cela ne mènerait pas, mais avec l’élimination de toutes les options pour la paix, le pendule va inévitablement dans cette direction. Est-ce que Hassan Nasrallah s’est éloigné de la réalité, parlant de la victoire et des centaines de milliers de combattants qui se joindront à la prochaine guerre, ou sait-il quelque chose que nous ne savons pas? Il sait évidemment beaucoup de choses que nous ne savons pas, mais pour vaincre Israël, sa puissance aérienne offensive et défensive devra être neutralisée. Est-ce que le Hezbollah et l’Iran ont trouvé comment parvenir à ce résultat Est-ce la raison de sa confiance ? Nous devrons attendre la prochaine guerre pour le découvrir.

Extrême-Droite: philosémitisme et islamophobie

24 octobre 2017

La digue intellectuelle et morale qui contrariait la montée de l’extrême-droite en Europe est en passe d’être bientôt contournée, voire retournée par les partis représentatifs de ce courant de pensée.

Cette digue, c’était l’antisémitisme professé plus ou moins ouvertement par ces mouvements, un antisémitisme qui n’avait en principe plus droit de cité depuis la deuxième guerre mondiale et la déportation quasi-systématique des Juifs européens par le Troisième Reich.

Cette marginalisation de l’extrême-droite était-elle basée sur un principe humaniste intangible, à savoir l’égalité foncière de tous les hommes, qui avait été bafoué par le régime nazi ? Ou reposait-elle sur la stigmatisation d’un crime contre une population particulière sans qu’il en découle un principe général applicable à toutes les populations minoritaires ?

On a longtemps pu croire à la réalité du principe intangible. Mais ces dernières années nous ont au contraire apporté la preuve, s’il en fallait une, que tel n’était pas le cas et que c’est au contraire le caractère relatif du souvenir du sort des Juifs qui prévaut.

Cette démonstration nous est apportée par l’évolution de l’extrême-droite européenne qui a renoncé, à un rythme différent selon les pays, à l’antisémitisme qui la caractérisait, pour passer au « philosémitisme », tout en élaborant son discours islamophobe.

En soi, cela ne suffit pas à gagner des électeurs. Mais ça suffit à vous ouvrir la porte des studios des radios et des télévisions sans lesquels les messages politiques restent lettre morte dans les sociétés de communication de masse que sont les nations occidentales.

L’islamophobie n’a par contre évidemment pas cette vertu d’endiguement que possède l’antisémitisme.

L’article que je vous propose fait le point sur cette thématique du nouveau philosémitisme et de l’islamophobie qui caractérisent l’extrême-droite européenne actuelle.

On reprochera peut-être à l’auteur sa grande naïveté, ou pseudo naïveté car si je veux bien croire que l’extrême droite instrumentalise les juifs et le sionisme à ses propres fins, il aurait peut-être dû se poser la question du rôle du lobby sioniste et de l’entité sioniste elle-même dans l’ascension de l’extrême-droite et dans la promotion des discours islamophobes produits dans des cercles qui vont au-delà de cette mouvance politique.

Ce qui vaut pour l’Europe vaut aussi pour ses développements américain et australien.

La montée de la nouvelle extrême-droite : les ‘philosémites’ européens utilisent les Juifs pour combattre les Musulmans

L’extrême-droite redéfinit les Juifs comme les ‘victimes exemplaires de la menace de l’Islam,’ ainsi que l’affirme un analyste, le soutien à Israël en étant le corollaire. Mais l’antisémitisme reste très présent.

Par Michael Colborne, Haaretz (Sionistan) 21 octobre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Il y a près d’une trentaine d’années, Heinz-Christian Strache était arrêté lors d’une marche aux flambeaux avec une organisation inspirée de la Jeunesse Hitlérienne. Mais ces jours-ci, le dirigeant du mouvement autrichien d’extrême droite Parti de la Liberté, – qui, après le scrutin de dimanche, devrait entrer dans le nouveau gouvernement de droite de l’Autriche – a l’air de vouloir devenir le meilleur ami d’Israël.

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Heinz-Christian Strache du FPÖ (Parti de la Liberté Autricien)

Strache s’est rendu à plusieurs reprises en Israël au nom du Parti de la Liberté, mais les responsables gouvernementaux d’Israël ont évité de rencontrer le chef d’un parti dont le premier dirigeant était un ancien officier SS. Strache a même écrit au Premier Ministre Benjamin Netanyahou plus tôt dans l’année, promettant de transférer l’ambassade d’Autriche de la banlieue de Tel Aviv vers Jérusalem, et de soutenir le droit d’Israël à construire dans les colonies de Cisjordanie.

Israël a « le droit de construire partout où c’est nécessaire sur la terre d’Israël, » écrivait Strache.

 

Strache est loin d’être le seul leader européen d’extrême droite qui soit perçu comme étant devenu un adepte du prétendu philosémitisme. Selon Geert Wilders, porte-drapeau des islamophobes néerlandais, Israël est « la première ligne de défense de l’Occident » contre l’islam. Selon sa propre compte, Wilders a visité Israël plus de 40 fois. En France, la dirigeante du Front National d’extrême droite, Marine Le Pen, a déclaré aux membres de la plus importante communauté juive d’Europe que son parti était «le meilleur bouclier pour vous protéger».

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Geert Wilders

Mais que ce soit en Autriche, en Allemagne, en France ou même en Bulgarie – où un parti ouvertement d’extrême-droite fait partie du gouvernement depuis mai – les dirigeants d’extrême droite utilisent les communautés juives, réelles ou imaginaires, comme des instruments pour diaboliser les musulmans et les autres minorités.

Cette évolution des extrémistes de droite vers le philosémitisme est cependant en grande partie une nouveauté, compte tenu en particulier du fait que beaucoup de ces partis comportent encore beaucoup d’éléments antisémites qui ne cessent de se manifester.

« Les positions pro-israéliennes et le philosémitisme sont relativement récents au sein de la droite radicale européenne, même pour la partie occidentale de l’Europe », a déclaré à Haaretz par courrier électronique Cas Mudde, professeur de sciences politiques à l’Université de Géorgie (USA).

Mudde, qui étudie les mouvements d’extrême droite en Europe, note également que les partis d’extrême droite comme le Parti de la liberté et le Front national qui ont adopté des positions philosémites «les ont développées dans le cadre de leur programme islamophobe».

Il y a plus de dix ans, Mudde écrivait dans une étude sur les partis populistes de la droite radicale en Europe, soulignant la position de nombreux extrémistes de droite sur les Juifs. Les Juifs, dit Mudde, sont considérés comme incarnant une modernité à défendre. D’autre part, l’importante minorité Rom d’Europe est considérée comme une population barbare vivant en marge de la modernité, tandis que les Musulmans sont considérés comme des barbares vivant dans la modernité – l’ennemi déjà présent à l’intérieur, selon l’extrême droite.

Par conséquent, le «tournant philosémite» de nombreux partis d’extrême droite, selon les mots du sociologue Rogers Brubaker, provient directement des préoccupations de ces partis à l’égard de l’islam. Ecrivant plus tôt cette année, Brubaker soutient que l’extrême droite en est venue à redéfinir les juifs en tant que «Européens» et «victimes exemplaires de la menace de l’islam»

L’antisémitisme fait encore rage

Mais tout le monde dans ces nouveaux partis philosémites ne semble pas avoir reçu la consigne. Avant les élections présidentielles françaises d’avril et de mai, Marine Le Pen a dû repousser les accusations selon lesquelles deux de ses compagnons de route étaient des sympathisants nazis qui organisaient des soirées «pyjama rayé» – en référence aux vêtements que les Juifs étaient obligés de porter dans les camps de concentration.

En Autriche, Strache fait semblant de dénoncer l’antisémitisme qui règne encore dans son parti ; ce mois-ci, il a dû suspendre un conseiller local du Parti de la Liberté qui a fait un salut nazi. En plus de cela, des militants autrichiens ont récemment publié une liste de ce qu’ils disent être plus de 60 incidents antisémites et racistes impliquant des personnalités du Parti de la liberté depuis 2013.

« S’il [le Parti de la Liberté] a vraiment changé d’idéologie, est une question à laquelle lui seul peut répondre, » a déclaré la politologue Alexandra Siegl à l’Agence France-Presse.

Mais parfois le masque semble glisser un peu. Quelques jours avant le vote autrichien qui a vu le Parti de la Liberté égaler son meilleur résultat, Strache a interrogé les motivations de l’un des donateurs du futur Chancelier Sebastian Kurz – l’homme d’affaires juif Georg Muzicant, fils de l’ancien président de la communauté juive de Vienne.

Strache a déclaré que le soutien financier de Muzicant pour Kurz était une preuve de Verstrickungen – enchevêtrements – un mot dans ce contexte impliquant une conspiration juive. Pour sa part, Kurz a déclaré que les commentaires de Strache étaient « déshonorants », bien qu’il semble toujours susceptible de former un gouvernement de coalition avec lui.

Fort en Bulgarie

En Bulgarie, sur les frontières souvent oubliées de l’Europe, un parti d’extrême-droite siège déjà dans un gouvernement de coalition – un parti qui utilise l’expérience de la Bulgarie pendant l’Holocauste pour attaquer les minorités les plus dénigrées du pays.

Les Patriotes Unis de Bulgarie, une coalition de trois partis d’extrême-droite, se sont frayés un chemin jusqu’au gouvernement après que les élections de cette année ont laissé le Premier Ministre Boyko Borisov, qui sortait de son troisième mandat, sans autre partenaire possible pour une coalition.

Patriotes Unis et leurs dirigeants islamophobes et anti-Roms sont de fiers promoteurs du rôle de la Bulgarie dans la sauvetage des Juifs des camps de la mort en Allemagne. En mars 1943, Boris III, le roi de la Bulgarie alliée aux nazis, refusa que les 50 000 Juifs bulgares soient déportés dans les camps. Presque tous ont survécu à la guerre et, avec le temps, sont partis pour Israël.

Aujourd’hui, il y a à peine 2 000 Juifs en Bulgarie et seulement deux synagogues an activité. Pourtant, les leaders de la communauté juive ont alerté cette année sur une augmentation des propos et des incidents antisémites, notamment la destruction de pierres tombales juives dans le cimetière central de Sofia le mois dernier et des manifestations en mémoire d’un général nazi notoire, Hristo Lukov.

Rien de tout cela n’a découragé les patriotes unis.

« Les Juifs en Bulgarie sont un exemple d’intégration réussie », a déclaré un député de Patriotes Unis au parlement bulgare à l’occasion de Rosh Hashanah, en lisant une déclaration du parti. Les Juifs, a déclaré le député, sont « un exemple que tous les groupes minoritaires de notre patrie devraient suivre », faisant un reproche subtil aux Roms et aux Turcs de Bulgarie, qui représentent ensemble près de 20% de la population bulgare.

Mais l’approche de l’histoire des Juifs en Bulgarie par Patriotes Unis occulte quelques points essentiels. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs bulgares ont été forcés de porter des étoiles jaunes, de respecter des couvre-feux stricts et de remettre bijoux et autres objets de valeur. Et pendant la guerre, la Bulgarie a occupé la Macédoine, la Thrace et une partie de la Serbie – et n’a rien fait pour empêcher 11 000 juifs de ces régions d’être envoyés à la mort.

Ce n’est pas quelque chose dont Patriotes Unis aime parler.

Dans une déclaration, le parti a affirmé qu’aujourd’hui « les ennemis de la Bulgarie, activement soutenus par bezrodnitsi  » – un terme poétique pour les gens qui se sont éloignés de la nation – « tentent de lancer une accusation honteuse contre les Bulgares » en attirant l’attention sur ces 11 000 Juifs qui ont été déportés vers la mort.

C’est une attitude qui déconcerte la communauté juive actuelle de la Bulgarie. Tom Junes, historien et membre de la Fondation d’Etudes Sociales et Humaines de Sofia, un think-tank non gouvernemental, a rapporté à Haaretz quelque chose qu’un collègue juif bulgare lui avait dit : « Si j’ai cinq enfants et que tu en tues un, Je suis censé te remercier de ne pas avoir tué les quatre autres?

Patriotes Unis devra s’habituer à entendre plus de questions comme celle-ci. Le 75e anniversaire du refus de Boris III d’expulser les Juifs de Bulgarie tombe en mars, juste au moment où la Bulgarie assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, suivie, par coïncidence, par l’Autriche. Certains des politiciens d’extrême droite les plus fervents d’Europe pourraient se retrouver eux-mêmes et leur philosémitisme ostensible, à être plus observés que ce à quoi ils s’attendaient.

Le sionisme ou l’antisémitisme en miroir

25 septembre 2016

Le sionisme n’est que l’antisémitisme en miroir. On le savait depuis Theodor Herzl mais l’actualité nous en donne un nouvel aperçu avec cet ancien cadre dirigeant d’un parti d’extrême droite hongrois qui se prépare à faire son « aliya », c’est-à-dire à aller rejoindre ceux qui squattent la Palestine aux dépens de la population autochtone.

L’article que je vous propose commence par une question : pourquoi cet ancien antisémite va-t-il s’installer en Palestine occupée?

La réponse est simple et vous l’aurez devinée : cet individu a découvert qu’il avait des grands-parents maternels juifs et que donc, conformément à la croyance nazie et à la halacha (loi juive) il en a conclu qu’il était lui-même juif.

Si ce raisonnement est effectivement conforme aux convictions et aux pratiques du judaïsme et du sionisme, ce n’est sans doute qu’un subterfuge.

En effet, si on peut admettre qu’il soit possible d’ignorer que ses grands-parents maternels étaient juifs, on se demande comment, sauf à être orphelin, on peut ignorer que sa propre mère était juive surtout quand on sait qu’elle a été internée au camp de concentration d’Auschwitz dont elle est une rescapée.

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Csanad Szegedi

Le dénommé Csanad Szegedi a évidemment toujours su qu’il était juif (au sens talmudique et donc biologique du terme). Il a reçu une mission qui consistait à participer au développement d’un mouvement d’extrême droite en Hongrie et c’est ce qu’il a fait puisqu’il a très vite fait partie de l’encadrement de ce mouvement. L’implication de sionistes dans les mouvances d’extrême droite en Europe n’est en rien une exclusivité hongroise et on a pu la constater en Angleterre avec l’English Defence League et en Allemagne avec le mouvement Pegida.

Une fois sa mission accomplie, eh bien sa récompense, son cadeau, est la possibilité de « retour » à Sion.

Et comme il le dit lui-même, il a une longue expérience politique dont il serait heureux de faire profiter AUSSI à des organisations sionistes EN Israël. »

Effectivement, après avoir servi des organisations sionistes en Hongrie, ne serait-il pas une bonne chose de continuer dans l’entité sioniste elle-même ?

Pourquoi cet ancien antisémite quitte-t-il la Hongrie pour Israël ?

Par Sam Kestenbaum, The Jewish Forward (USA) 25 septembre 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un ancien député du parti d’extrême droite hongrois Jobbik en Hongrie, qui a démissionné après avoir découvert ses racines juives, va maintenant émigrer en Israël.

Dans une interview accordée au site en hébreu Ma’ariv, Csanad Szegedi a dit qu’il veut discuter avec des organisations israéliennes pour coordonner la lutte contre le type d’antisémitisme dont il était auparavant le partisan.

Dans une traduction de l’entretien en anglais publiée par le Jerusalem Post, Szegedi a déclaré ne pas être inquiet pour sa sécurité en déménageant en Israël et qu’il espérait vivre à Jérusalem.

Szegedi, qui a été un membre fondateur d’une organisation extrémiste inspirée de la garde collaborationniste des Croix fléchées hongroises, a déclaré, « Il y a beaucoup plus d’éléments positifs que d’éléments négatifs dans le fait d’être un Juif, et le plus grand cadeau pour n’importe quel Juif, c’est l’existence de l’Etat d’Israël. »

Quand il était un jeune politicien, Szegedi avait rapidement gravi les échelons du parti Jobbik et il avait même représenté le parti au parlement européen et e avait été vice-président. Le magazine Tablet l’avait qualifié de « un des antisémites les plus connus de Hongrie et une des voix les plus écoutées dans l’extrême droite européenne. »

Mais en 2012, Szegedi a découvert – et révélé au monde – ses propres racines juives. Ses grands-parents maternels étaient juifs, sa mère était une rescapée d’Auschwitz et son grand-père avait été prisonnier dans un camp de travail.

Szegedi a étudié le judaïsme et a observé quelques prescriptions religieuses. Il s’est aussi rendu en Israël un certain nombre de fois – et dans le cours du weekend il a révélé qu’il avait entamé la procédure d’immigration.

Dans l’interview avec Maariv, Szegedi a envisagé la possibilité de revenir à la politique en Israël.

« j’ai de nombreuses années d’expérience en politique, » a-t-il dit, « et je serais heureux d’en faire profiter aussi à des organisations sionistes en Israël. »

Une délégation saoudienne en visite à Jérusalem

22 juillet 2016

Ceux qui observent les événements en Syrie constatent généralement le soutien apporté par l’Occident aux forces qu’on appelle communément « djihadistes », c’est-à-dire l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daesh) et al Qaïda.

Ce soutien habituellement éludé par la grande presse, à quelques exceptions près, n’a cependant pas manqué d’être relevé suite à l’assassinat par décapitation en Syrie d’un enfant (présenté comme un soi-disant enfant soldat d’une milice palestinienne pro-gouvernementale) par des combattants appartenant à une organisation soutenue par les Etats Unis ainsi que l’a reconnu le Pentagone.

On évoque par contre moins souvent le soutien apporté aux « djihadistes » par le régime sioniste, un soutien qui est particulièrement apparent dans la région du Golan et qui ne se borne pas comme certains le croient à une aide médicale.

Ce soutien de l’entité sioniste aux « djihadistes » en Syrie est bien entendu cohérent avec celui qu’apportent les pays occidentaux mais il l’est aussi avec la politique de la monarchie saoudienne qui est leur principal parrain dans la région.

Et en effet, le régime sioniste comme l’Arabie Saoudite ont un intérêt commun à affaiblir l’axe qui réunit le Hezbollah, la Syrie et l’Iran et à essayer d’éliminer le dernier régime qui se réclame du nationalisme arabe

Cette communauté d’intérêt s’est traduite par un certain nombre de signaux adressés au régime sioniste par le biais de la presse saoudienne, puis de rencontres discrètes et lus tard ouvertes sur des thématiques non directement politiques et dans des pays tiers.

 Nous sommes aujourd’hui arrivés à un stade avancé du rapprochement entre la monarchie saoudienne et le régime sioniste puisqu’une délégation saoudienne dirigée par un ancien officier supérieur de l’armée et ancien diplomate vient de séjourner dans l’entité sioniste où elle a pu rencontrer un carde du ministère des affaires étrangères et quelques députés d’opposition.

Le but de la visite était, selon ce qu’en ont dit certains députés de l’entité sioniste, d’encourager un dialogue chez les parlementaires autour de l’initiative arabe de paix.

Un prétexte qui laisse perplexe. En effet, si c’était là le véritable objectif de la visite, il aurait fallu que les rencontres ne se limitent pas à quelques députés d’une opposition marginale.

Par ailleurs, le simple fait que cette visite ait eu lieu adresse au régime sioniste le signal que le rapprochement se fera de toute façon puisqu’elle n’a pas été assortie de contreparties. En tout cas pas des contreparties en relation avec les droits du peuple palestinien.

 

Un ancien Général saoudien séjourne en Israël et rencontre le Directeur Général pour le Moyen-Orient du ministère des affaires étrangères

Pendant ce voyage des plus inhabituels, le Général en retraite Anwar Eshki a également rencontré un groupe de membres de la Knesset pour encourager le dialogue en Israël sur l’initiative arabe de paix.

Par Barak Ravid, Haaretz (Sionistan)  22 juillet 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le Général en retraite saoudien a visité Israël cette semaine et a rencontré le Directeur général du ministère des Affaires étrangères Dore Gold et le Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires, le Général-Major. Yoav Mordechai.

Eshki, qui conduisait une délégation d’universitaires et d’hommes d’affaires saoudiens a aussi rencontré un groupe de membres de la Knesset pour encourager le dialogue en Israël sur l’initiative arabe de paix.

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L’ex général saoudien Anwar Eshki à la rencontre de députés sionistes

Eshki a occupé des fonctions importantes dans l’armée saoudienne et au ministère des affaires étrangères et il dirige actuellement un institut de recherche. On ignore son degré de proximité avec les responsables du gouvernement de Ryad et du palais royal. Même si ce n’était pas une visite officielle, elle était des plus inhabituelles car Eshki ne pouvait pas s’être rendu en Israël dans l’approbation du gouvernement saoudien.

Eski et Gold avaient participé à une manifestation conjointe médiatisée dans un institut de recherche à Washington en juin 2015 après plusieurs rencontres en privé dans des contextes universitaires l’année qui avait précédé. Gold avait assisté à cette manifestation quelques jours avant d’assumer le rôle de Directeur-général au ministère des affaires étrangères.

Eshki et sa délégation sont arrivées en Israël en début de semaine. Ils ont aussi rencontré le Président palestinien Mahmoud Abbas et d’autres hauts responsables du gouvernement de Ramallah.

Leurs rencontres avec les deux officiels israéliens – Gold et Mordechai – n’ont pas eu lieu dans un bureau du gouvernement mais à l’hôtel King David à Jérusalem.

L’ancien Général et les délégués ont rencontré vendredi des députés d’opposition. La rencontre a été organisée par le député du Meretz Esawi Freige et elle a vu la participation des députés Michael Rozin, du même parti, de Ksenia Svetlova et Omer Bar-Lev de l’Union Sioniste. Freige a déclaré à Haaretz que les délégués avaient aussi rencontré mardi le président de Yash Atid, Yair Lapid. Il a dit que Lapid voulait que deux membres de son parti, les députés Jacob Perry et Ofer Shelah assistent à la réunion de vendredi mais que àa n’a pas marché à cause de problèmes d’agendas.

Freige, Svetlova et Rozin ont déclaré lors de conversations avec Haaretz que Eshki et les délégués avaient voulu rencontrer des parlementaires israéliens afin d’encourager le dialogue en Israêl sur l’initiative arabe de paix. Ils ont ajouté que pendant la réunion de vendredi, les membres de la Knesset avaient proposé qu’Eshki invite les députés israéliens qui soutiennent l’initiative à une réunion en Arabie Saoudite. « Les Saoudiens veulent s’ouvrir à Israël, » a déclaré Freige. « C’est une étape stratégique pour eux. Ils disent qu’ils veulent poursuivre de que l’ancien président égyptien Anouar Sadate avait commencé. Ils veulent se rapprocher d’Israël. C’est tout à fait évident. »

Pendant la réunion, le général saoudien en retraite a parlé aux députés de sa relation avec Gold, observant que le Directeur-Général du ministère des affaires étrangères avait écrit un livre anti-saoudien intitulé « Le royaume de la haine » il y a une dizaine d’années. Eshki a dit aux membres de la  Knesset que, au cours d’une de leurs rencontres, Gold avait présenté des excuses pour ses accusations contre l’Arabie Saoudite et avait dit qu’une partie de ce qu’il avait écrit était faux et il avait souligné qu’il souhaitait renforcer les relations entre les deux pays.


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