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Le Congrès Juif Européen appelle à signaler les contenus antisémites du Coran

26 novembre 2018

On se souvient qu’en avril 2018, 250 personnalités dont l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, le chanteur Charles Aznavour, les comédiens Zabou Breitman et Gérard Depardieu et les inévitables Yann Moix ou Frédéric Haziza avaient signé un manifeste « contre le nouvel antisémitisme » proposé par Philippe Val pour dénoncer une « épuration ethnique à bas bruit » qui serait le fait d’un antisémitisme musulman qui se fonderait sur le texte coranique lui-même. Les victimes de cette épuration ethnique seraient les Français de confession juive, on l’aura compris.

D’où la demande formulée dans le texte publié par le journal « Aujourd’hui en France » (Le Parisien Libéré) :

En conséquence, nous demandons que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémite catholique aboli par Vatican II, afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime

Il est vrai que par endroits, on a trouvé des autorités chrétiennes pour réécrire des passages du Nouveau Testament.

Le texte exprimait une attente particulière vis-à-vis de « l’Islam de France » :

Nous attendons de l’islam de France qu’il ouvre la voie.

Qu’il ouvre la voie par rapport à quoi et à qui ?

Comme on l’a vu et comme on le sait, les Chrétiens ont soit expurgé leurs textes, soit les ont réinterprétés, notamment pour laver les Juifs de l’accusation de déicide, accusation qui a valu bien des désagréments aux Juifs en Europe Sur ce point précis, on peut lire dans un article intéressant de la revue juive américaine Forward:

le Talmud ne fuit pas la responsabilité de la mort de Jésus. Au contraire, il dit qu’il l’avait méritée et qu’elle est l’œuvre des juifs eux-mêmes

Donc la voie a déjà été ouverte par les autorités chrétiennes , l’église catholique américaine étant même allée jusqu’à retirer le mot « holocauste » de sa traduction anglaise de la Bible pour complaire à une organisation de survivants et descendants de « l’holocauste », celui auquel on doit mettre un H majuscule.

Un article qui vient de paraître dans un journal anglais nous éclaire peut-être à ce sujet. On apprend en effet qu’une conférence organisée tout récemment en Autriche par le Congrès Juif Européen a arrêté un certain nombre de mesures à proposer aux politiques pour enrayer, voire faire disparaître l’antisémitisme.

Parmi ces mesures, l’exigence de faire accompagner toute nouvelle édition de la Bible (entendue comme Nouveau Testament) et du Coran d’un avertissement et de notes relatives au caractère antisémite de tel ou tel passage. Et l’affirmation par les autorités religieuses du rejet de ces passages.

Nous sommes donc exactement dans la même logique que le texte publié en France en avril. Un texte qui voulait que la France, et ses Musulmans, donnent l’exemple aux autres pays, un exemple qui aurait été bien utile en guise de preuve pour les conférenciers de Vienne.

La seule question qu’on peut se poser est de savoir si c’est Philippe Val qui a inspiré le Congrès Juif Européen ou si c’est l’inverse.

Exploring the Qur'an

On notera que l’article donne très brièvement la parole à Muhammad Abdul Haleem , un universitaire spécialiste du Coran, pour lui faire dire que « le Coran est entièrement négatif à l’égard des Juifs. » Ce n’est pourtant pas ce qu’il dit dans cette longue interview

 

Les leaders juifs appellent à de nouvelles éditions de la Bible et du Coran avec un texte d’avertissement mettant en évidence les passages antisémites

Un catalogue de politiques de lutte contre l’antisémitisme présente de nombreuses propositions

Il a été élaboré suite à une conférence organisée par le Congrès Juif Européen

La conférence a discuté de l’antisémitisme sur Internet et dans divers textes religieux

Les dirigeants se sont rencontrés en début de semaine à Vienne pour discuter des nouvelles propositions de politiques

Par James Woods, The Daily Mail (UK) 23 novembre 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les dirigeants juifs appellent à ce que les nouvelles éditions de la Bible et du Coran contiennent des messages d’avertissement pour mettre en évidence les passages antisémites des textes sacrés.

Les recommandations ont été formulées dans un nouveau document intitulé « La fin de l’antisémitisme ! Un catalogue de politiques de lutte contre l’antisémitisme ».

Il a été élaboré au terme d’une conférence internationale organisée par le Congrès Juif Européen, qui a vu des universitaires se réunir pour discuter de la manière dont peuvent être combattus les préjugés et la discrimination.

Ariel Muzicant, Vice-President of the European Jewish Congress, and co-author of the new document holds it up, showing the title 'An End to Antisemitism! A Catalogue of Policies to Combat Antisemitism'

Ariel Muzicant, vice-président du Congrès Juif Européen présente le rapport dont il est un co-auteur

Parmi les actions mentionnées dans le document figurait l’idée de messages d’avertissement dans les éditions des textes sacrés, thème qui est abordé dans un chapitre intitulé «Recommandations concernant les groupes et institutions religieux».

On peut lire ce qui suit dans le document : ‘Les traductions du Nouveau Testament, du Coran et d’autres textes de la littérature chrétienne ou musulmane ont besoin de mentions marginales et d’introductions soulignant la continuité du christianisme et de l’islam avec l’héritage juif et mettant en garde les lecteurs contre leurs passages antisémites.

« Bien que certains efforts aient été faits en ce sens dans le cas du christianisme, ils doivent être étendus de la même façon dans les deux religions ».

Plusieurs passages du Nouveau Testament ont été critiqués parce qu’ils ont servi à justifier des attitudes antisémites.

Parmi ces passages, ceux qui blâment les Juifs pour la mort de Jésus, pour leur nature apparemment têtue et la déloyauté du peuple juif envers Dieu.

Et il y a quelques propos négatifs sur les Juifs dans le Coran et des représentations négatives du peuple juif.

L’Archevêque de Canterbury, Justin Welby, s’est exprimé il y a quelques temps sur la manière dont des textes religieux peuvent être exploités ou mal interprétés pour promouvoir des attitudes discriminatoires.

S’exprimant dans une collection d’essais publiée en 2016, il écrivait : « C’est une vérité honteuse, par ses enseignements théologiques, l’église qui aurait dû offrir un antidote, a aggravé la propagation de ce virus.

« Le fait que l’antisémitisme a infecté le corps de l’Eglise est quelque chose dont nous, Chrétiens, devons profondément nous repentir. Nous vivons avec les conséquences de notre histoire de déni et de complicité. »

Le document, qui a été rédigé par des universitaires, dont Dana Porat et Lawrence H. Schiffman, appelle aussi à ce que tous les textes et passages antisémites qui figurent dans le corpus du Christianisme et de l’Islam « soient identifiés et rejetés. »

Une autre recommandation demande que les penseurs et dirigeants religieux « dénoncent publiquement comme impies » des écrits canoniques ou quasi-canoniques de religieux antisémites..

Ce qui justifie ces changements, explique le document, est que ces messages sont toujours communiqués par le truchement d’êtres humains et donc sujets à erreur.

On lit dans le document : «La révélation de Dieu est ainsi entachée par la faillibilité humaine. À partir du Nouveau Testament, la révélation divine s’exprime dans des textes sacrés chrétiens qui expriment également une forme de haine.

« Les manifestations de cette haine se sont traduites par une tradition d’antisémitisme qui a légitimé moralement les crimes contre le peuple juif, dont la quintessence est la Shoah ».

Austrian Chancellor Sebastian Kurz, Moshe Kantor, President of the European Jewish Congress, and Manfred Weber, Chairman of the European People's Party, are pictured during a conference on anti-Semitism in Vienna, Austria. The conference followed the publication of a document outlining a number of policy suggestions 

Au centre, Moshe Kantor, président du Congrès Juif Européen et le premier ministre autrichien  Sebastian Kurz (de profil) et Manfred Weber, membre de la CSU (Allemagne) et président du groupe  Parti Populaire Européen au Parlement Européen

Dès lors que « les contenus antisémites d’un patrimoine religieux sont identifiés, » les dirigeants et les adeptes de cette religion doivent en être informés, conclut le document.

D’autres aspects ont été mis en évidence suite à la conférence, dont la réponse à l’antisémitisme en ligne et à l’intérieur des institutions universitaires et des organismes de recherche.

Ce qui inclut de veiller à ce que que les moteurs de recherche sur Internet privilégient les représentations positives du judaïsme et des descriptions exactes de l’histoire de l’antisémitisme.

Des universitaires ont réagi aux recommandations exposées dans le document.

Le Dr Christine Joynes, professeure de théologie à Oxford, a déclaré au Times qu’elle avait une « certaine sympathie » pour la suggestion d’une Bible annotée.

Mais, dit-elle, « C’est toute la Bible qui a besoin d’un avertissement salutaire pour qu’elle soit lue à travers un regard critique et en contexte historique. »

Pour sa part, Muhammad Abdel Haleem, professeur d’études islamiques à l’Université de Londres, s’exprimant lui aussi devant le Times, déclare que le Coran est entièrement négatif à l’égard des Juifs.

Le professseur Muhammad Abdel Haleem

Selon lui, « Si quelqu’un veut se comporter de manière antisémite ou anti-islamique, il le fera que vous mettiez ou des avertissements et des notes de bas de page. »

Pamphlet antisémite : le guide des Juifs influents de l’ère Donald Trump

24 mai 2018

A vrai dire ce pamphlet antisémite n’est pas de moi, mais publié par la Jewish Telegraphic Agency, une agence de presse qui alimente nombre de titres de la presse communautaire juive un peu partout dans le monde.

Le cliché le plus répandu sur les Juifs est bien présent et parfaitement illustré de cas concrets.

Connaissez votre oligarque : Un guide des machers (mot yiddish:hommes d’influence) juifs dans l’enquête sur la Russie

Par Ron Kampeas, Jewish Telegraphic Agency (USA) 23 mai 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

Washington – L’enquête du procureur spécial sur l’ingérence russe dans les élections de 2016 offre un voyage étrange pour quiconque est bien au fait de la communauté juive russe et du passage de la répression dans l’ex-Union soviétique aux libertés relatives de la Fédération de Russie.

Sur les 10 milliardaires ayant des liens avec le Kremlin qui ont versé des contributions [financières] politiques à Donald Trump et à un certain nombre de hauts dirigeants républicains, au moins cinq sont juifs. (Le Dallas Morning News propose une série de graphiques interactifs très parlants.)

Il y a Len Blavatnik, le citoyen binational américano-britannique qui a déversé d’énormes sommes d’argent sur les candidats républicains au cours du dernier cycle électoral, dont la plus grande partie a transité par ses innombrables sociétés d’investissement.

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Len Blavatnik et Harvey Weinstein

(Le même Len Blavatnik finance des bourses d’études pour les vétérans de Tsahal et est un ami du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.)

Alexander Shustorovich est le président d’IMG Artists, un géant parmi les impresarios, qui a donné 1 million de dollars au comité d’inauguration de Trumps. Il est arrivé en 1977 avec sa famille qui n’avait pas un sou à New York à l’âge de 11 ans, fuyant la persécution des Juifs en Union Soviétique.

La liste continue – nous explorons certains noms qui y figurent ci-dessous. Mais au fait, que se passait-il en Union Soviétique alors qu’elle se dirigeait vers l’effondrement à la fin des années 1980, ce qui a conduit à la prolifération de noms juifs parmi sa classe d’oligarques ?

« Tous les oligarques ne sont pas juifs, bien sûr, pas la majorité, mais il y en a un nombre important », observe Mark Levin, le PDG de la Coalition Nationale de Soutien à la Communauté Juive Eurasienne, qui avait intégré en 1980, en tant qu’employé, l’organisation qui l’avait précédée, le Conseil National de la Communauté Juive Soviétique.. « Ils étaient au bon endroit au bon moment. »

Voici quelques-uns des facteurs qui ont fait qu’ils étaient au «bon endroit au bon moment».

Vous pouvez rentrer au pays

Beaucoup de juifs soviétiques avaient quitté le pays parce que le sectarisme et les politiques répressives soviétiques les empêchaient, entre autres indignités, d’obtenir des emplois dans leurs professions préférées [je serais curieux de savoir lesquelles, NdT]. Mais avec l’effondrement de l’URSS et avec les opportunités qui s’ouvrirent dans leur pays un certain nombre de ces jeunes émigrés ont tiré parti de la montée de l’entrepreneuriat, de la formation dont ils avaient bénéficié et des relations qu’ils avaient nouées dans leurs nouveaux pays, aux États-Unis, Grande-Bretagne et en Israël.

À la fin des années 1980, quand ils ont appris que la politique de glasnost [transparence] libéralisait les marchés, un certain nombre d’entre eux sont retournés dans leur patrie à la recherche d’opportunités, armés de connaissances et de relations fortunées dans leurs nouveaux pays. Ils étaient sur place après 1991, lorsque la Russie et ses anciennes républiques ont tout privatisé au pas de charge, des mines jusqu’aux médias.

« Je connais des gens qui avaient quitté l’Union Soviétique, elle a implosé, ils sont revenus, ils avaient des amis et des connaissances qui leur disaient qu’il y avait de grandes opportunités », explique Levin. « Il y avait des gens du monde des affaires qui étaient en partenariat avec des gens en Russie et dans d’autres pays parce qu’ils avaient les connexions nécessaires pour conclure des transactions. »

Réseaux

Les Juifs qui étaient restés en Union Soviétique étaient restés en contact avec les amis et les membres de la famille qui connaissaient la réussite à l’étranger et étaient en mesure de faire appel à eux pour des opportunités d’investissements.

« Les Juifs de l’ex-URSS disposaient d’un réseau opérationnel de contacts de confiance aux Etats-Unis et en Israël avec qui ils pouvaient faire des affaires », déclare Oliver Bullough, essayiste et journaliste britannique expert en histoire et politique russes. « C’était plus difficile pour les Russes qui n’avaient pas de contacts à l’étranger d’y parvenir. Cela aussi, à mon avis, explique pourquoi les anciens du KGB se sont bien débrouillés du fait qu’ils avaient un réseau d’anciens espions dans d’autres pays. « 

La Glasnost a ouvert les portes

La Glasnost, ou ouverture, instituée par Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant soviétique, incluait l’ouverture d’emplois dans la haute administration à des minorités jusque-là marginalisées. Cela a accéléré l’entrée des Juifs dans les niveaux élevés de la bureaucratie au moment même où il était opportun d’être en mesure de savoir quel secteur allait être privatisé et quelles entreprises publiques étaient sur le point d’être démantelées.

Un facteur facilitant fut que, contrairement aux régimes communistes d’Europe de l’Est, en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques, les élites restèrent en place – seule l’idéologie du communisme était abandonnée.

« La Russie et la plupart des Etats successeurs de l’Union soviétique sont passés par une transformation très différente de celle des anciens pays communistes européens », dit-il. « Pour l’essentiel, l’élite au pouvoir n’avait pas changé. »

De plus, les mêmes professions auxquelles [lesquelles?] les Juifs avaient été confinés sous l’ancien régime soviétique étaient celles qui se révélaient utiles dans la nouvelle économie. Les Juifs, affirme Levin, étaient plus susceptibles d’être des entrepreneurs.

« Des Juifs ont aidé à faire la transition d’une économie dirigée vers une économie de marché », dit-il.

L’essayiste Michael Wolff, dressant le profil de l’entrepreneur de la high-tech Yuri Milner en 2011, écrivait, « Les Juifs en Russie soviétique, souvent tenus à l’écart des carrières dans la fonction publique, en sont venus à prospérer dale marché informel et le marché noir. Ils étaient par conséquent les seuls capitalistes en Russie quand le capitalisme a émergé. »

Bullough explique que les disciplines scientifiques qui acceptaient les Juifs sous l’ancien système étaient soudainement très demandées sous le nouveau système.

« Les juifs étaient souvent exclus du genre d’universités qui produisaient des diplomates, et par conséquent ils allaient plus vers les sciences pures, ce qui signifiait qu’il y avait un nombre disproportionné de mathématiciens juifs qui étaient capables de s’engager dans la nouvelle industrie bancaire ».

Mais qui sait vraiment

Surtout, dit Levin, c’était le chaos. Des pans énormes de l’économie étaient en jeu. À certains moments, il semblait n’y avoir aucune autorité de contrôle. Quand la poussière est retombée, la Russie était entrée dans l’ère des oligarques. « Au début, c’était comme Chicago dans les années 1920 », dit-il. Connie Bruck, établissant le profil de Blavatnik dans The New Yorker en 2014, a cité un nouvel adage russe: « Ne posez jamais de question sur le premier million ».

Voici quelques-uns des hommes d’affaires ayant des origines juives soviétiques qui ont été cités dans des reportages sur l’enquête Trump-Russie.

 Leonard Blavatnik, 60 ans

Côté oligarque : citoyen américain-britannique. Forbes l’inscrit comme le 48e homme le plus riche du monde. Access Industries, qu’il a fondé en 1986 alors qu’il était à la Harvard Business School, a explosé dans ses premières années grâce à des investissements dans le pétrole et l’uranium au moment de l’effondrement de l’Union soviétique. Il s’est depuis diversifié dans les médias lourds. (Blavatnik rejette le terme « oligarque », le jugeant péjoratif. « M. Blavatnik n’a aucune implication dans la politique russe ou dans le gouvernement russe, et, en fait, n’a jamais été un citoyen russe », a déclaré un porte-parole à la JTA. Le porte-parole a également souligné que Blavatnik ne figurait pas sur la liste des oligarques désignés par le Trésor américain (son partenaire de longue date, Viktor Vekselberg, par exemple, figure en bonne place sur la liste).

Côté Trump : Il a donné plus de 6 millions de dollars pendant la campagne électorale de 2016, pratiquement la totalité pour les républicains, après avoir longtemps donné des sommes relativement modestes aux deux partis politiques. En relation d’affaires de longue date avec Viktor Vekselberg, l’oligarque prétendument en relation à des paiements secrets à l’avocat de Trump Michael Cohen. Blavatnik a donné l’année dernière 12 700 $ au parti Républicain, qui en a utilisé une partie pour un fonds légal qui a contribué à payer les avocats de Trump dans l’enquête sur l’influence russe. (Le porte-parole de Blavatnik a déclaré que l’homme d’affaires ne savait pas que l’argent était destiné à ce fonds légal.)

Côté Juifs : Il a siégé au conseil d’administration de l’Université de Tel Aviv, au Centre for Jewish History et à la 92nd Street Y [un important centre socio-culturel newyorkais]. Sa fondation familiale finance une banque alimentaire et un entrepôt gérés par Colel Chabad à Kiryat Malachi en Israël, qui envoie chaque mois des de la nourriture à 5.000 familles pauvres dans 25 villes israéliennes. Il est ami avec Netanyahou et a été interrogé par la police dans le cadre de l’enquête sur les cadeaux que le premier ministre aurait reçus de riches bienfaiteurs. Il finance des bourses pour les soldats de l’armée.

Andrew Intrater, 55 ans

Cousin de Vekselberg, qui a un père juif mais ne se considère pas comme juif. Intrater, un citoyen américain, est le PDG de Columbus Nova, une société d’investissement avec des liens étroits avec Renova de Vekselberg. Une déclaration à la Commission des opérations de bourse de 2007 cite Intrater en tant que président du conseil d’administration de CableCom, un opérateur de télévision par câble de la région de Moscou

Côté Trump : Columbus Nova a transféré les paiements de Renova à Michael Cohen, l’avocat de Trump. Intrater a également fait don de 250 000 $ au comité inaugural de Trump.

Côté Juifs : Intrater, fils d’un survivant de l’Holocauste, a donné plus de 500 000 $ à la Fondation Shoah de l’Université de Californie du Sud et a fait un don au Comité de la Fondation Auschwitz-Birkenau. Le frère d’Intrater, Frederick, directeur de la modélisation pour Columbus Nova, a acheté un lot de noms de domaine en relation avec « l’alt-right » [droite alternative, extrême droite, NdT] à l’été 2016, quand le soutien venu d’extrême droite en faveur du candidat Trump augmentait.et que les campagnes pour inciter à aller voter s’intensifiaient. Frederick Intrater a dit avoir les achats [de noms de domaine] sans qu’Andrew en soit informé, et plus tard, il l’a regretté, laissant noms d’URL dépérir. « Conclure que je soutiens la suprématie blanche ou l’antisémitisme n’a pas de sens compte tenu de ce que j’ai décrit ci-dessus et aussi en tenant compte du fait que je suis un Juif et fils d’un survivant de l’Holocauste, » a déclaré Frederick Intrater.

Alexander Shustorovich, 52 ans

Côté oligarque : Shustorovich, un citoyen américain, s’est rendu à Moscou en 1989, un an après avoir été diplômé de Harvard, et est immédiatement devenu un acteur dans le domaine des médias, en lançant des publications scientifiques. Il a cherché en vain à faire entrer son entreprise, Pleiades Group, dans la transaction de 12 milliards de dollars pour la vente de combustible nucléaire soviétique aux États-Unis. Il est actuellement PDG d’IMG Artists, une société qui gère des talents de la musique classique et de la danse.

Côté Trump : Shustorovich a donné 1 million de dollars au comité inaugural de Trump. On notera que sa tentative de donner à la campagne de George W. Bush 250 000 $ en 2000 avait été rejetée en partie à cause de ses liens avec le gouvernement russe à l’époque.

Côté Juifs : Shustorovich est arrivé à New York à l’âge de 11 ans en 1977 avec sa famille, qui n’avait pas assez d’argent pour acheter de la nourriture. Son père, Evgeny, avait quitté son travail de chimiste en Russie en raison des espoirs qu’il plaçait dans d’émigration et avait rejoint Kodak à Rochester, NY et il avait rapidement gravi les échelons dans son domaine. En 1986-1987, Evgeny Shustorovich était l’un des visages du mouvement juif soviétique, car il devint un fervent défenseur du droit de son frère – également nommé Alexander – à émigrer de l’ex-Union soviétique.

Simon Kukes, 72 ans

Côté oligarque : Kukes, un citoyen américain, a quitté l’Union soviétique en 1977, s’installant dans la région de Houston. Chimiste, il a exercé un certain temps à l’université puis a travaillé dans l’industrie pétrolière du Texas. Il est retourné en Russie et est devenu un dirigeant dans l’industrie pétrolière post-soviétique là-bas. En 2003, il a pris la tête de la compagnie pétrolière Ioukos après qu’un autre oligarque juif, Mikhaïl Khodorkovski, a été emprisonné par le dirigeant russe Vladimir Poutine pour évasion fiscale et vol – mais surtout, selon la plupart des observateurs, pour avoir financé des partis d’opposition.

En 2003, The Guardian a découvert des documents de la CIA liant Kukes à des dessous de table, accusations qu’il a démenties. Kukes était président de TNK, une autre compagnie pétrolière, dont les principaux actionnaires étaient Blavatnik et Vekselberg. En 2012, alors qu’il dirigeait la branche russe de la compagnie pétrolière Hess, Forbes a rapporté que l’ancien chauffeur de Kukes, qui avait gravi les échelons, était un patron de la mafia russe. L’homme a nié les accusations, mais Kukes l’a écarté de la compagnie. L’année dernière, Kukes était PDG de Nafta, une société américaine de conseil pour les investisseurs dans le secteur de l’énergie en Russie. Le site web de Nafta a depuis été nettoyé.

Côté Trump : Sans antécédent de dons importants au parti Républicain, Kukes a soudainement injecté 285 000 $ dans la campagne électorale de Trump – en grande partie après juin 2016, lorsque l’intérêt russe pour l’éventualité d’une présidence de Trump s’est intensifié.

Côté Juifs : Kukes n’a pas de liens formels apparents avec la communauté juive organisée, bien qu’il dise aux interviewers qu’il a quitté l’ex-Union soviétique parce qu’il était juif. En 2015, il a pris une participation de 12,5 % dans Leverate, une société fondée en Israël qui développe des logiciels de courtage

Yuri Milner, 56 ans

Côté oligarque : Milner n’a jamais fui l’Union soviétique – ses parents vivent encore à Moscou. Il a été le premier non-émigré de l’Union soviétique à fréquenter l’école de commerce de Wharton [à Philadelphie] et a été pendant des années engagé dans les activités bancaires russes avant d’entrer dans le domaine de la technologie. Il est connu comme un investisseur de la Silicon Valley, propriétaire de l’une des maisons les plus luxueuses de Los Altos Hills, estimée en 2011 à 100 millions de dollars. L’année dernière, il a été révélé à travers des documents divulgués que le gouvernement russe avait financé des prises de participations importantes dans Twitter et Facebook qui furent détenues pendant un certain temps par sa société, DST Global.

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Mark Zuckerberg et Yuri Milner

En 2013, Milner a rejoint Mark Zuckerberg de Facebook, Sergey Brin de Google et Anne Wojcicki de 23andme dans la création du prix Breakthrough doté de plusieurs millions de dollars pour les scientifiques.

Côté Trump : Après les révélations de l’année dernière, Milner a tourné en dérision l’idée que la Russie investissait dans les médias sociaux pour influencer les élections, soulignant qu’il n’avait jamais cherché à siéger au conseil d’administration des entreprises dans lesquelles il investissait. En 2015, Milner a investi 850 000 dollars dans Cadre, une startup immobilière lancée par Jared Kushner, le gendre de Trump, et Josh, le frère de Kushner. Milner a indiqué qu’il avait rencontré Jared Kushner une seule fois. La participation de Kushner dans Cadre était l’un des nombreuses participations qu’il avait initialement omis de déclarer lorsqu’il est devenu un conseiller de son beau-père.

Côté Juifs : Milner fréquente une synagogue quand il est à Moscou. A un moment donné, il semble avoir acquis la citoyenneté israélienne. Parlant avec Forbes en 2017 après que le magazine l’ait nommé l’un des 100 «plus grands génies des affaires vivants», Milner a déclaré qu’il était «touché et honoré» d’être «le seul citoyen russe ou israélien sur la liste».

 

Les 7 péchés capitaux de la hasbara sioniste

19 mai 2018

Marc Lamont Hills’attache ici à rétablir la vérité sur 7 mythes qui servent souvent d’arguments aux partisans de l’entité sioniste.

Un pense-bête utile pour tous ceux qui ont à cœur la cause de la Palestine

7 mythes sur le conflit israélo-palestinien

Par Marc Lamont Hill, The Huffington Post (USA) 17 mai 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

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Mark Lamont Hill

Lundi, un jour avant le 70e anniversaire de la fondation d’Israël, l’administration Trump a tenu sa promesse de déplacer l’ambassade des Etats Unis à Jérusalem . Cet événement a été suivi par des manifestations palestiniennes en Cisjordanie et à Gaza, les soldats israéliens tuant plus de 50 Palestiniens, y compris des enfants, et en blessant plus de 1.000 autres. Depuis lors, les débats font rage entre les experts, les décideurs et les citoyens ordinaires au sujet du conflit entre Israël et la Palestine. Malheureusement, beaucoup de ces discussions mobilisent les mêmes points de discussion périmés et problématiques. Voici sept des plus dommageables :

  1. Ces gens se battent depuis toujours.

C’est un des arguments les plus souvent répétés et inexacts sur le conflit. La vérité est que les Arabes et les Juifs ne se battent pas depuis toujours. Au contraire, on peut dater la confrontation à la fin du 19ème siècle ou, plus précisément, au début de la période du mandat britannique après la Première Guerre mondiale. En plus d’être historiquement inexacte, une telle affirmation pose le problème comme étant quelque chose d’insoluble et d’inextricable, en plus de renforcer les vieilles idées sur les Arabes qui seraient barbares et fondamentalement violents.

  1. C’est un conflit religieux

Cela aussi est inexact. Les Palestiniens ne sont pas un monolithe religieux. Bien que majoritairement musulmane, la communauté palestinienne a toujours compris des musulmans, des chrétiens et des juifs. En outre, avant la colonisation sioniste à la fin de l’Empire ottoman, la diversité religieuse était une caractéristique de la Palestine historique. Même après le début de l’immigration juive, les colons sionistes étaient principalement laïques [au sens de non pratiquants ou non particulièrement engagés dans l’action religieuse NdT], tout comme les indigènes palestiniens.

Mais ce n’est pas seulement une question d’exactitude historique. En définissant le conflit comme religieux, nous sommes incités à le considérer comme une querelle intestine entre deux partis tout aussi fervents qui sont en possession de textes religieux concurrents ou d’interprétations scripturaires divergentes. Pour le dire simplement, cela ne concerne pas la religion. Il s’agit de vols de terres, d’expulsions et de nettoyage ethnique par des colons étrangers sur des terres indigènes.

  1. C’est très compliqué.

D’une certaine manière, le problème est en effet compliqué. Après plus d’un siècle de conflit, il y a certainement beaucoup de subtilités autour des diverses, revendications de la vérité, politiques et solutions. Trop souvent, cependant, l’affirmation que « c’est compliqué » sert d’excuse pour éluder une réalité très simple : il s’agit de 70 ans de lutte d’un peuple qui a été expulsé, assassiné, volé, emprisonné et occupé. Bien qu’il y ait certainement un besoin de traiter les points les plus subtils du conflit, nous ne devons jamais perdre de vue ce point fondamental et d’une grande simplicité.

  1. Les Palestiniens persistent à refuser des offres équitables.

Cet argument présume à tort que tout accord qui inclut le partage de terres volées avec les victimes de ce vol pourrait être équitable. Mais même en termes relatifs et pragmatiques, ce n’est pas vrai. Repensez à la proposition disproportionnée de partage des Nations Unies de 1947 qui accordait 55% de la terre à la population juive, alors même qu’elle ne représentait que 33% de la population et possédait 7% de la terre. Ou regardez les négociations de 2008 entre le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et l’ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui ne permettaient pas l’établissement d’un territoire palestinien contigu ni un véritable règlement de la dispute sur Jérusalem. Les Palestiniens ne se sont jamais vu offrir un accord qui permette un Etat véritablement indépendant, fertile, viable et sûr.

  1. Les Palestiniens ne veulent pas la paix

Cet argument joue sur les récits orientalistes qui représentent les Arabes comme étant intrinsèquement violents, irrationnels, prémodernes et indignes de la démocratie ou de la diplomatie occidentale. L’argument blâme également les Palestiniens pour avoir résisté à la brutalité de l’occupation et de la répression. Les personnes sous occupation ont le droit légal et moral de se défendre. Leur demander de ne pas résister c’est leur demander de mourir en silence. Les Palestiniens veulent la paix. Mais la justice est toujours une condition préalable de la paix.

 

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A l’image de ce jeune qui joue de la guitare sur les ruines de sa maison à Gaza, le peuple palestinien est un peuple résilient

  1. Israël a le droit d’exister !

Cette revendication est un produit de la hasbara, ou propagande, américaine et israélienne. Premièrement, cet argument n’est mobilisé que de manière rhétorique par rapport à Israël, par opposition à la Palestine ou à pratiquement tous les autres États-nations. Après tout, personne ne demande systématiquement qu’Israël et ses soutiens reconnaissent le «droit à l’existence» de la Palestine en tant qu’idée abstraite, espace physique ou nation indépendante. Plus important encore, cependant, cette revendication obscurcit une vérité plus fondamentale : aucun pays n’a le droit d’exister, seuls les peuples ont ce droit. En naturalisant l’idée que les États-nations ont un « droit d’exister », nous réduisons notre capacité à proposer une critique morale de l’histoire de son origine par Israël (ou de toute colonie).

Si un pays a un droit naturel d’exister, il est plus difficile de contester les moyens par lesquels ce pays obtient des terres, comment il interagit avec les populations autochtones ou respecte la règle de droit au niveau international et national. Après tout, il avait le droit d’exister, n’est-ce pas ? L’argument du «droit d’exister» réifie aussi l’État-nation, faisant oublier son émergence relativement récente en tant que construction politique imaginaire. En d’autres termes, l’idée des nations et du nationalisme est relativement nouvelle. (C’est pourquoi l’ensemble de l’argument « il n’y a jamais eu un pays appelé Palestine » est à la fois anhistorique et malhonnête). Cet argument limite également notre capacité à imaginer le monde selon des termes différents et des formations politiques différentes, y compris la reconstitution de la Palestine historique (ou Israël contemporain) comme une démocratie unique pour TOUS les citoyens, sans distinction de race, classe, sexe ou religion.

  1. Vous êtes antisémite !

L’antisémitisme est un phénomène bien réel dans le monde entier. Et nous devons être vigilants pour traiter et détruire l’antisémitisme partout où il se manifeste. Trop souvent, cependant, cette allégation est dirigée contre quiconque critique ou proteste contre les pratiques de l’État-nation israélien.

Dans ces conditions, les allégations d’antisémitisme ne sont plus guère qu’une réaction de défense destinée à stopper la discussion. Plus important encore, c’est un élément clef de la stratégie sioniste : assimiler le judaïsme au sionisme  et à l’État israélien lui-même . Dans cette logique, critiquer Israël, c’est critiquer le judaïsme. De tels arguments ignorent également le fait que la tradition juive est une de celles qui prônent la justice et l’équité, et ses principes sont en opposition fondamentale avec les actions du gouvernement israélien.

Espérons que nous pourrons dépasser ces arguments et aller vers des discussions plus profondes et plus nuancées sur la construction de la paix, de la justice et de la liberté dans la région.

Marc Lamont Hill est titulaire de la chaire Steve Charles de Media, Cities and Solutions à la Temple University, commentateur politique sur CNN et ancien animateur de HuffPost Live.

Une guerre à la Maison Blanche entre Juifs et non-Juifs selon Henry Kissinger

5 janvier 2018

Un livre à paraître aux Etats Unis a provoqué la colère du président Donald Trump qui a, nous rapporte la presse, essayé d’en empêcher la sortie qui est néanmoins intervenue aujourd’hui.

Ce livre du chroniqueur Michael Wolff qui ne veut surtout pas être journaliste, évoque l’ambiance dans l’équipe de Donald Trump pendant la campagne électorale, notamment le pessimisme du candidat quant à ses chances d’accéder à la présidence et le chaos qui règnerait à la Maison Blanche agitée par les luttes intestines.

La particularité du travail de Wolff, ce non-journaliste, est que pour l’essentiel il cite tels quels ses interlocuteur, prenant rarement la peine de vérifier leurs assertions.

Et ses interlocuteurs ne sont pas l’homme ou la femme de la rue mais ceux qui peuplent ou ont peuplé les allées du pouvoir.

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Michael Wolff à Kellyanne Conway, conseillère particulière de Donald Trump: « Vous êtes les ténébres »

De fait, Michael Wolff

 « affirme avoir gravité pendant 18 mois autour de la galaxie Trump, de la campagne présidentielle à la Maison Blanche, et interrogé « plus de 200″ personnes, du président à ses proches collaborateurs ».

Après l’élection surprise du candidat républicain, qu’il avait interviewé en juin 2016, il demande à Donald Trump un accès à la Maison Blanche, que le président élu ne lui refuse pas

Si l’ensemble de la presse française évoque le fameux « chaos » qui règnerait à la maison Blanche selon le chroniqueur, aucun média hexagonal n’évoque cependant un aspect de ce chaos, la guerre que se livreraient dans l’équipe présidentielle Juifs et non-Juifs, une thèse soufflée à l’auteur de « Le Feu et la Fureur: A l’intérieur de la Maison Blanche de Trump » par nul autre que Henry Kissinger.

Cette thèse ne figure pas non plus dans Les 10 révélations hallucinantes tirées du livre sur Donald Trump selon CNEWS Matin.

C’est cette thèse d’une guerre Juifs contre non Juifs que discute pour la réfuter l’article que je vous propose.

Personnellement, je réfuterais aussi d’un point de vue différent la thèse de l’ancien Secrétaire d’Etat.

Si Josh Nathan-Kazis écarte la proposition de M. Kissinger sur la base du fait que Juifs et non Juifs sont présents dans les deux camps qui s’opposeraient à la maison Blanche, je la rejette pour ma part sur la base de l’idée que ce sont en fait deux clans juifs qui s’affrontent dans l’entourage de Trump, les non Juifs y jouant le rôle d’utilités à l’image d’un Steve Bannon.

Qu’a voulu dire Kissinger par ‘Une guerre à la Maison Blanche entre Juifs et non Juifs ?’

Par Josh Nathan-Kazis, The Jewish Forward (USA) 4 janvier 2018

Henry Kissinger sait un certain nombre de choses sur les guerres, sur les Juifs et sur les Maisons Blanches [les différentes administrations qui se sont succédé à Washington].

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Henry Kissinger n’est jamais resté bien loin des cercles de pouvoir

Mais sa réponse au journaliste Michael Wolff sur ce sujet, citée dans le nouveau livre explosif de Wolff sur le président Donald Trump et son entourage, est en train d’en faire grimacer certains.

« C’est une guerre entre les Juifs et les non-Juifs », a confié à Wolff l’ancien secrétaire d’Etat et conseiller à la sécurité nationale des présidents Richard Nixon et Gerald Ford, parlant ainsi de la Maison Blanche sous Trump.

On ne connaît pas encore le contexte complet de la citation, car le texte de « Fire and Fury: Inside the Trump White House, [Le Feu et la Fureur: A l’intérieur de la Maison Blanche de Trump] » de Wolff n’est pas publiquement disponible à ce jour.

Mais selon un article paru dans The Guardian, il semble que Kissinger ait tenté de caractériser l’affrontement entre l’ancien conseiller principal de Trump, Steve Bannon, d’un côté et les membres de la famille juive de Trump, Jared Kushner et Ivanka Trump, de l’autre.

Alors qu’est-ce que Kissinger, dont le rôle dans des interventions américaines au Chili, au Laos et au Vietnam, entre autres pays, a été à l’origine de millions de morts, a voulu dire par cette réponse à Wolff?

Jonathan Sarna, professeur d’histoire juive à l’Université Brandeis, a noté que la propre ascension politique de Kissinger avait coïncidé avec une certaine forme de défection des Juifs en direction du Parti républicain. Beaucoup de ceux qu’on appelle des «néoconservateurs» ont soutenu Nixon contre son rival démocrate George McGovern en 1972. Et tandis que beaucoup de ces juifs et de leurs héritiers idéologiques comptent parmi les soi-disant # NeverTrump-ers [anti Trump], ils s’opposent aussi au nationalisme économique de Bannon.

Peut-être que Kissinger a vu dans les échauffourées de la Maison Blanche une sorte de bataille pour l’âme du Parti républicain: entre une aile modérée plutôt juive, et un noyau dur culturellement non-juif.

« Les Juifs républicains ont été différents du genre de républicains paléoconservateurs, et cette bataille remonte à loin ans le temps », a déclaré Sarna. « Ce que nous ne savons pas, c’est si les néoconservateurs reviendront au parti républicain s’il y a un autre homme au sommet. »

Mais certains observateurs proches de la Maison Blanche remettent en question l’analyse de l’ancien secrétaire d’Etat même s’ils préfèrent en rire.

« Il y a tellement de Juifs dans cette administration, vous ne pouvez pas vraiment avoir les Juifs d’un côté et les non-Juifs de l’autre », a dit un ami du président à Forward.

S’il est vrai que ceux qui sont perçus commeles alliés de Kushner et Ivanka Trump, dont le conseiller économique principal de Trump, Gary Cohn, sont en grande partie des juifs new-yorkais, l’équipe de Bannon, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Maison Blanche, est également fortement juive.

Stephen Miller, un haut conseiller de Trump considéré comme le dernier Bannonite restant à la Maison Blanche, est juif. C’est le cas aussi de beaucoup de collègues de Bannon depuis qu’il a quitté la Maison Blanche. A Breitbart Media dont il est rédacteur en chef, son adjoint est Alex Marlox [un Juif donc].

Une lutte entre Juifs et non-Juifs semble dès lors une analyse difficile à défendre.

Un autre observateur attentif de la politique juive [Jewish politics] a déclaré que, si la description par  Kissinger de la lutte intestine à la Maison Blanche entre Kushner et Bannon  correspondait sans doute à quelque chose d’assez courant avant l’exil de Bannon en août, elle semble aussi être par trop simpliste.

« Il semble que tout le monde soit contre tout le monde », a déclaré cet observateur informé. Reince Priebus contre Bannon. Bannon contre Jared Kushner. « Traditionnellement à la Maison Blanche, il y a deux centres de pouvoir qui se battent entre eux », a déclaré l’observateur. « Dans cette Maison Blanche, il semble que chacune des bases du pouvoir se soient combattues l’une l’autre ».

 

La connivence entre sionisme et antisémitisme remise en lumière par l’actualité américaine

20 novembre 2016

On ne sait pas trop ce que va donner la présidence de Donald Trump en dépit de signaux pas forcément encourageants, mais son élection aura eu au moins le mérite de semer (provisoirement) la discorde dans les rangs de l’establishment juif aux Etats Unis.

On sait que parmi les électeurs de Donald Trump, il faut compter des extrémistes de droite nostalgiques de l’époque qui avait précédé la guerre de sécession comme par exemple les membres du Ku Klux Klan.

Difficile de dire exactement combien pèsent réellement ces électeurs qui sont sans doute assez peu nombreux mais, par contre, relativement organisés dans une mouvance qu’on appelle alt-right aux Etats Unis, fachosphère dirait-on en France. Le site internet Breitbart News a été un des principaux vecteurs de diffusion et d’expression des idées et des opinions de cette fachosphère américaine avec tout ce qu’elles comportent notamment de racisme y compris dans sa version antisémite.

Il se trouve que le patron de Breitbart News, Steve Bannon, vient d’être choisi par Donald Trump pour être son directeur de la stratégie à la maison Blanche.

donald trump steve bannon

Steve Bannon (à droite) et Donald Trump

Un choix qui fait grincer des dents dans une bonne partie de la communauté juive mais qui rencontre un accueil favorable dans d’autres secteurs de la même communauté qui saluent son engagement en faveur de l’Etat prétendu juif.

Jamais depuis les débuts de l’hitlérisme en Allemagne la connivence entre sionisme et antisémitisme n’était apparue avec une telle netteté.

Pourquoi il est ‘absolument’ possible à Steve Bannon d’être pro-Israël et antisémite.

Voici ce que les dirigeants juifs pensent du choix de Donald Trump pour le poste de responsable de la stratégie

Par Carol Kuruvilla, The Huffington Post (USA) 17 novembre 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Steve Bannon , ancien patron de Breitbart News, a pendant des années et avec une grande fierté donné aux nationalistes blancs et aux antisémites une plateforme pour répandre leur haine.

Lorsque l’Anti-Defamation League, une des plus anciennes organisations juives américaines consacrées à la lutte contre l’antisémitisme, a dénoncé la décision de Donald Trump de faire de  Bannon son stratège en chef , les soutiens juifs du président élu se sont précipités pour défendre Bannon – le dépeignant comme un «défenseur d’Israël ».

Aaron Klein, chef du bureau de Breitbart à Jérusalem, a déclaré à BuzzFeed que Bannon est un «patriote engagé qui est profondément préoccupé par les menaces croissantes sur Israël. »

Mais certains leaders intellectuels et religieux juifs ne sont pas disposés à accepter l’argument selon lequel être pro-Israël ou s’engager fermement à protéger Israël ne disculpe pas automatiquement quelqu’un d’être un antisémite.

En fait, soutiennent ces leaders, il est absolument possible que des gens soutiennent Israël et soutiennent dans le même temps des réseaux qui promeuvent la haine à l’égard des Juifs américains.

Le Religious Action Center of Reform Judaism [Centre d’ action religieuse du judaïsme réformé] est la branche politique de l’Union for Reform Judaism, la plus grande organisation religieuse juive des Etats Unis. Dans une déclaration à The Huffington Post son directeur, le rabbin Dov Jonah Pesner, tient Bannon pour responsable de l’animation d’une plateforme pour  » l’ antisémitisme, le racisme, la misogynie et la xénophobie. »

« Nous ne pouvons le juger que par ses actes, et il était le PDG de l’entreprise de médias préférée des nationalistes blancs.  Il ne devrait y avoir aucune place pour ces opinions à la Maison Blanche, » a déclaré Pesner à The Huffington Post. « Son soutien professé à Israël ne change pas le fait qu’il n’a pas renié le travail imbibé de haine qu’il a publié. »

J Street, une organisation de lobbying pro-Israël libérale [centriste selon la terminologie américaine,NdT], a également été critique à l’égard de Bannon.  Jessica Rosenblum, vice-présidente de l’organisation chargée de la communication, a déclaré à The Huffington Post qu’il est « tout à fait adapté » d’accoler l’étiquette d’antisémite à ceux qui utilisent et promeuvent la rhétorique antisémite et qui «aident de manière routinière et soutiennent les tenants de la suprématie blanche en diabolisant les Juifs et d’ autres minorités religieuses et ethniques. »

 » Les amis de Steve Bannon à l’extrême droite de la communauté juive peuvent arguer facilement de son soutien à Israël, mais cela ne change rien au fait que Bannon propage une idéologie de haine et le sectarisme qui est extrêmement hostile et dangereuse pour les Juifs américains et toutes les valeurs – telles que la tolérance, la diversité et l’ égalité – que nous défendons et que nous protégeons dans ce pays « , a déclaré Rosenblum dans un communiqué.

La nomination de Bannon a provoqué une réaction mitigée au sein de la communauté juive américaine dans sa diversité – avec certaines organisations exprimant avec force leur mécontentement et d’autres, telles que l’Organisation Sioniste d’Amérique [Zionist Organization of America] et la Coalition juive républicaine,en faisant au contraire l’éloge et la soutenant. D’autres organisations, comme l’American Israel Public Affairs Committee [le cœur du lobby sioniste] et l’American Jewish Committee, choisissent de garder le silence ou en attendant de voir comment Bannon à l’œuvre à ce poste.

Le rabbin Abraham Cooper, vice-doyen du Centre Simon Wiesenthal, a longtemps travaillé à pister l’antisémitisme en ligne. Il a déclaré par courriel à The Huffington Post qu’il n’a pas vu de « preuve définitive » que Bannon est personnellement un antisémite, ou quelqu’un qui hait les Juifs, le judaïsme, et les valeurs juives.

« En 2016, Israël est le foyer de la plus grande communauté juive dans le monde. Il est également le centre spirituel du judaïsme et du monde juif « , a déclaré Cooper à The Huffington Post. «Compte tenu de ces faits, il serait difficile de classer quelqu’un comme un antisémite de type classique, s’il soutient et défend l’Etat juif et ses 8,3 millions de citoyens (dont plus de 6 millions de Juifs). »

 « Toutefois, compte tenu des éloges –appréciés ou pas –  que sa nomination a suscité de la part d’intolérants comme David Duke, tous les Américains, y compris les juifs américains, ont le droit et l’ obligation d’examiner attentivement tout ce que M. Bannon fait pour le président élu et chaque déclaration qu’il fait en rapport avec la politique sociale et les affaires étrangères et de les critiquer vigoureusement le cas échéant ».

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David Duke a été un Grand Dragon du ku Klux Klan

Le rabbin Jack Moline, Président de Interfaith Alliance [alliance interreligieuse], a déclaré à The Huffington Post penser qu’une personne peut «absolument» être pro-israélienne et antisémite dans le même temps. Moline se définit à la fois comme juif et sioniste. Mais il a prévenu qu’il était dangereux de confondre ces deux identités.

« Certains ont des raisons politiques, religieuses et idéologiques pour soutenir l’Etat d’Israël qui ont peu ou rien à voir avec le soutien pour le peuple juif lui-même », a affirmé Moline au Huffington Post dans un courriel. «Le fait que Bannon a gagné le soutien d’une poignée de juifs américains de droite qui partagent ses opinions politiques ne fait rien pour effacer ses propos antisémites ou la nature antisémite du mouvement alt-right que son site a favorisé. « 

Les désaccords entre Juifs américains autour de la nomination de Bannon interviennent au beau milieu d’informations sur du vandalisme et de la propagande antisémite qui se revendique de Trump en quelques endroits à travers le pays. En particulier, des journalistes juifs ont été confrontés à un déluge « quantité sans précédent » d’insultes antisémites sur internet pendant cette période électorale.

Jane Eisner, rédactrice en chef du site juif Forward, a parlé des propos haineux tenus sur internet contre elle et d’autres journalistes juifs pendant la campagne électorale. Elle pense qu’ils venaient en bonne partie de ceux qui s’identifient avec la candidature de Trump. Dans une tribune libre, Eisner a insisté sur ce qu’elle a appelé l’hypocrisie à couper le souffle » des Juifs qui soutiennent Bannon, et a condamné la logique qui veut que « tant que vous soutenez certaines politiques du gouvernement israélien actuel, il est correct de copiner avec des gens qui haïssent les Juifs « .

« Les Juifs en Amérique qui sont la cible de menaces et de harcèlement antisémites – et ici j’inclus beaucoup d’ entre nous au Forward – doivent faire cause commune avec d’ autres groupes minoritaires qui vivent cela et même pire dans l’ environnement politique toxique d’aujourd’hui», écrit Eisner. « Si, au contraire, les Juifs excusent le comportement odieux de l’extrême droite parce qu’il se trouve que certaines de ces personnes soutiennent certaines politiques en Israël – en particulier lorsque ces politiques prolongent près d’un demi-siècle d’occupation – alors ils abandonnent des alliés naturels dans la lutte pour une Amérique plus tolérante ».

« Et pire encore, ils ont abandonné leurs coreligionnaires juifs. »

 

Un rabbin que Dieudonné devrait inviter à discuter

19 janvier 2014

Les Juifs hollandais, souvent originaires de la péninsule ibérique, contrôlaient, nous dit-on dans l’article que je vous propose, 17 % du commerce dans la Caraïbe néerlandaise. 17 % c’est beaucoup pour une communauté qui devait représenter une infime fraction de la population des Pays bas à l’époque (la grande migration des Juifs ashkénazes n’avait pas encore eu lieu),

Et dans ce commerce, il y avait celui des esclaves dont l’écho persiste à ce jour aux Pays Bas dans une tradition vivace lors des fêtes de Noël où le Père Noël est flanqué d’un esclave, Pierre le Noir (« Zwarte Piet » en néerlandais). Cette tradition témoigne de la place qu’occupe l’esclavage dans la mémoire collective des Pays Bas, une mémoire partagée par les Juifs qui, s’ils s’abstiennent de mettre en scène le Père Noël (Saint Nicolas) ont intégré Pierre le Noir dans « Hanuklaas », probablement donc en lien avec la fête juive de Hanoucca.

Saint Nicolas et Pierre le Noir (Zwarte Piet)

Saint Nicolas et Pierre le Noir (Zwarte Piet)

La reconnaissance de ce rôle juif dans le commerce des esclaves est apparemment un sujet que le judaïsme hollandais officiel refuse d’aborder même si, d’un autre côté, on n’hésite pas à célébrer la splendeur de ceux qui firent leur fortune par cette activité.

Et ce n’est pas un hasard si le rabbin qui souhaite faire le point sur cette période de l’histoire des Juifs hollandais est aussi partisan d’un dialogue avec les Musulmans et s’oppose à leur diabolisation.

Il est vrai que reconnaître clairement le rôle majeur des marchands juifs dans le négoce des esclaves est de nature à contredire l’image d’une minorité confessionnelle éternelle victime sous toutes les latitudes.

Ce qui ne va pas pas dans le sens des besoins propagandistes du sionisme pour qui il est important de cultiver cette image de perpétuelle victime censée justifier le déploiement de force brute de s terroristes sionistes contre le peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza.

Manifestation de protestation contre la tradition de« Zwarte Piet »

Quel degré de culpabilité pour les Juifs hollandais dans le commerce des esclaves ?

par Cnaan Liphshiz et Iris Tzur, Jewish Telegraphic Agency 26 décembre 2013 10 traduit de l’anglais par Djazaïri

 LA HAYE, Pays-Bas (JTA) – Dans une rue passante près du Parlement néerlandais, trois musiciens blancs aux visages peints en noir régalent les passants avec des airs de fêtes qui évoquent le Père Noël néerlandais, Sinterklaas, et son esclave, Pierre le Noir.

Beaucoup de Hollandais de souche considèrent que se déguiser en Pierre le Noir au mois de décembre est une tradition vénérable, mais d’autres le considèrent comme un affront raciste aux victimes de l’esclavage. Avec la commémoration du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Hollande cette année, la controverse sur Pierre le Noir a atteint de nouveaux sommets. Des centaines de personnes ont manifesté contre la coutume à Amsterdam le mois dernier, et plus de 2 millions ont signé une pétition en faveur de cette tradition.

De leur côté, les Juifs hollandais – dont certains célèbrent leur propre version de la coutume de Pierre le Noir, appelée «Hanukklaas » – sont généralement restés silencieux.

 Mais les choses ont changé en octobre, quand Lody van de Kamp, un rabbin orthodoxe à la personnalité peu commune a écrit une critique mordante à ce sujet dans Republiek Allochtonie, un site internet hollandais d’information et de d’opinion. « La représentation de Pierre l’esclave » remonte à une époque à laquelle nous, en tant que citoyens, ne répondions pas aux critères qui nous engagent aujourd’hui, » écrivait van de Kamp.

Plaider contre la tradition de Pierre le Noir participe de ce que van de Kamp appelle sa fonction sociale, une mission qui l’amène à rappeler aux Juifs hollandais que l’implication profonde de leurs ancêtres dans le commerce des esclaves. En avril, il doit publier un livre sur la complicité des Juifs hollandais dans le commerce des esclaves, une démarche qui, il l’espère, sensibilisera les Juifs à l’esclavage en général et à la question de Pierre le Noir en particulier.

« J’ai écrit le livre et je me suis lancé dans le débat sur Pierre le Noir à cause de ce que j’ai appris de mes prédécesseurs sur ce qu’être un rabbin veut dire  – à savoir s’exprimer sur des questions de société, pas seulement donner des directives sur la manière de cuisiner pendant le Sabbat, » a déclaré van de Kamp à la JTA.

« De l’argent était gagné par les communautés juives en Amérique du Sud, en partie par l’esclavage, et l’argent partait en Hollande chez les banquiers juifs, » dit-il. « Des non Juifs étaient aussi complices, mais nous aussi. Je me sens en partie complice. »

 Quoique il ne jouisse d’aucun poste officiel dans la communauté juive hollandaise, van de Kamp, 65 ans, est un des rabbins orthodoxes les plus connus aux Pays bas, une notoriété qu’il doit à plusieurs de ses livres sur la communauté juive hollandaise et à sa présence médiatique.

Son prochain livre, un roman historique intitulé « L’esclave juif » va sur les traces d’un marchand juif du XVIIème siècle et de son esclave noir qui enquêtent que plantations propriétés de Hollandais dans le nord du Brésil dans l’espoir de persuader les Juifs de ne plus investir dans le commerce des esclaves. En faisant des recherches pour son livre, van de Kamp a appris des choses qui l’ont choqué.

Dans une partie de ce qui était alors la Guyane hollandaise [Surinam aujourd’hui, NdT], 40 plantations appartenant à des Juifs accueillaient une population totalisant au moins 5 000 esclaves, dit-il. Connue sous le nom de Jodensavanne, ou Savane Juive, cette région avait une communauté juive de plusieurs centaines de personnes avant sa destruction lors d’un soulèvement d’esclaves en 1832. Presque tous [les Juifs] émigrèrent en Hollande en emportant avec eux leurs richesses accumulées.

Une partie de ces richesses a été exposée l’an dernier dans la cave de la synagogue portugaise d’Amsterdam dans le cadre d’une exposition dédiée à la richesse des immigrants qui avaient fondé la synagogue.Van de Kamp explique que c’est cette exposition qui a éveillé son intérêt pour le rôle des Juifs hollandais dans l’esclavage, un rôle important.

Dans l’île caribéenne de Curaçao, les Juifs hollandais ont été responsables de la revente d’au moins 15 000 esclaves acheminés par des marchands hollandais du commerce transatlantique, selon Seymour Drescher, un historien de l’université de Pittsburgh. A un moment donné, les Juifs contrôlaient 17 % du commerce caribéen dans les colonies hollandaises, précise Drescher.

Les Juifs étaient si influents dans ces colonies que les ventes aux enchères d’esclaves qui tombaient au moment de fêtes juives étaient souvent reportées, selon Marc Lee Raphael, professeur d’études judaïques à la faculté de William & Mary.

Aux Etats Unis, le rôle des Juifs dans le commerce des esclaves a été l’objet d’un débat scientifique pendant près d’une vingtaine d’années, stimulé en partie par les efforts pour réfuter les thèses de la Nation of Islam selon lesquelles les Juifs dominaient le commerce transatlantique es esclaves. Mais en Hollande, on discute rarement de la question de la complicité juive.

« C’est parce que nous, aux Pays Bas, n’avons fait que profiter de l’esclavage mais ne l’avons pas vu de nos propres yeux, » explique van de Kamp. « Mais l’expérience américaine est différente. »

La question de l’esclavage n’est pas la première incursion de van de Kamp dans un domaine controversé. Dans les milieux juifs, il a la réputation d’un anticonformiste avec un penchant pour l’expression de points de vue anti-establishment.

 Une image qui s’est renforcée l’an dernier quand il a pris position contre un compromis conclu entre la communauté juive et le gouvernement [néerlandais] sur l’abattage rituel [casher]. Conçu pour éviter une interdiction totale, l’accord mettait certaines restrictions à l’abattage rituel qui ne sont pas contraires à la loi juive selon les grands rabbins de Hollande. Van de Kamp a dénoncé cet accord en tant que entrave inacceptable à la liberté religieuse.

Plus récemment, il a mécontenté des militants hollandais en soutenant que la diabolisation des Musulmans contribuait à générer de l’antisémitisme. Il a aussi plaidé pour le dialogue avec les Musulmans ouvertement antisémites [c.à.d. probablement antisionistes, NdT] à un moment où les organisations juives appelaient à les poursuivre e justice.

Mais sa réputation de rabbin non-conformiste dans une communauté portée sur le consensus a aussi valu quelques partisans à van de Kamp.

« Il est dans sa propre organisation, » explique Bart Wallet, un historien de l’université d’Amsterdam spécialiste d’histoire juive. « Depuis sa position un peu en marge il est libre de critiquer et n’a pas à se conformer à quoi que ce soit, »

80 % ou 90 %, Joe Biden cherche la réponse à la question juive

24 mai 2013

Joe Biden, le vice président des Etats Unis, s’est fendu d’un discours pour le moins élogieux à l’égard de la communauté juive de son pays.

Trop élogieux disent certains…

80 % ou 90 % Joe Biden cherche la réponse à la question juive

Biden: les leaders Juifs ont été à la tête du changement en faveur du mariage homosexuel (gay)

par Josh Lederman Associated Press – ABC News (USA) traduit de l’anglais par Djazaïri

Washington 22 mai 2013 (AP)

Le vice président Joe Biden a félicité les leaders Juifs pour avoir contribué à changer les attitudes des Américains à l’égard du mariage homosexuel et d’autres questions de société.

Biden a souligné que l’art et la culture changent les attitudes des gens. Il a cité les médias sociaux et la vieux feuilleton de NBC TV, «Will and Grace » comme des exemples de ce qui a aidé à faire évoluer les attitudes à l’égard du mariage homosexuel.

Biden a dit,

«Pensez que, derrière tout ça, je vous parie que 85 % de ces changements, que ce soit dans les médias sociaux ou à Hollywood, sont une conséquence [de l’action] des leaders Juifs dans l’industrie [de la communication].»

Biden a expliqué que cette influence est immense et que ces changements ont été dans le sens du bien.

Biden s’est exprimé ainsi mardi soir à la réception pour le Jewish American Heritage Month (mois du patrimoine judéo-américain) organisée par le Democratic National Committee. Il a affirmé que les valeurs juives sont une part essentielle de l’identité des Américains [essential part of who Americans are].

Ceci n’est qu’un résumé des propos dithyrambiques tenus par Joe Biden sur la place et le rôle des Juifs aux Etats Unis.

A tel point que Jonathan Chait du New York Mag estime qu’il est allé trop loin, donnant accidentellement du grain à moudre aux antisémites.

On l’aura compris en effet, le tour de force de Joe Biden  a consisté, par excès de philosémitisme à égrener les poncifs du suprématisme juif (le nombre de prix Nobel, les 11 % des élus au Congrès issus d’une communauté qui représente à peine 2 % de la population du pays) et les clichés antisémites, à savoir la volonté de détruire chez les Gentils l’attachement aux valeurs familiales ou l’énorme influence des Juifs dans le cinéma et les médias en général.

Jonathan Chait écrit :

Biden a en effet fait dans son propos un éloge vibrant et sincère avant de dériver dans un terrain très inconfortable et de prononcer un discours qui sera probablement cité par les antisémites pendant les années et les décennies à venir. (Il est déjà l’objet de discussions animées dans la communauté suprématiste blanche).

Contrairement à l’évidence, Chait considère que  le discours de Joe Biden n’était pas antisémite.

Or ce discours est antisémite malgré ce paradoxe qui tient à la nature élogieuse de propos tenus devant des Juifs influents dans le parti Démocrate et dans la société américaine en général.

Le paradoxe Biden peut s’expliquer rationnellement et j’y reviendrai sans doute à l’occasion d’un post ultérieur.

Pour l’instant, je me contenterai de la remarque finale de Jonathan Chait:

Et puis aussi, cette petite observation de rien du tout, quand on donne des chiffres complètement farfelus [out of your ass, littéralement ‘tirés de son cul’], on devrait probablement les arrondir à l’entier plutôt qu’au demi (les Juifs sont responsables à 85 % du changement des attitudes culturelles à l’égard des homosexuels ? 90 % aurait été trop haut et 80 % pas assez haut?).

Le principal problème ici, c’est que les droits des homosexuels, à la différence des droits civiques des noirs, sont politiquement controversés pour l’instant.  Biden peut trouver que c’est «une très bonne chose» que les Juifs aient utilisé leur influence sur la culture populaire pour faire changer les attitudes de la société à l’égard de l’homosexualité, mais beaucoup de gens ne trouvent pas ça bien du tout.

L’électorat juif, ce n’est pas le lobby juif et encore moins sioniste

5 septembre 2012

Il existe un mythe autour de l’électorat juif aux Etats Unis.

On a déjà eu l’occasion de le dire sur ce blog, non seulement l’électorat juif est numériquement faible, même s’il peut représenter un apport intéressant dans certains Etats, mais cet électorat , en admettant qu’il existe en tant que tel, se détermine avant tout sur des thématiques communes à l’ensemble de l’électorat des Etats Unis.

Nuançons: cet électorat tend à être plus libéral, c’est-à-dire à gauche dans le vocabulaire politique américain, que la population générale.

Une enquête d’opinion citée par The Economist observe en effet que

Parmi les communautés religieuses des Etats Unis, les Juifs tendent plus à s’identifier eux-mêmes comme libéraux [progressistes, de gauche]. 77 % des Juifs Américains étaient opposés à la guerre contre l’Irak, un plus fort pourcentage que chez les sans religion » (66 %) et l’opinion publique américaine dans son ensemble (52 %).

De fait,

depuis 1972, les candidats démocrates à la présidentielle ont reçu entre 64 % et 80 % des suffrages juifs sauf en 1980 quand Jimmy Carter en avait obtenu 45 %, Ronald Reagan 39 % et John Anderson 14 %. En 2008, le vice-président de la campagne républicaine destinée à convaincre les Juifs prédisait 40 % du vote juif pour John McCain; M. Obama avait obtenu 78 % des suffrages juifs.

Et malgré tout le tintamarre fielleux déversé aussi bien à Washington qu’à Tel Aviv sur le manque de soutien d’Obama à l’Etat sioniste, 56 % des électeurs Juifs jugent positivement l’actuel président sous cet aspect tandis que Romney recueille à peine 16 % d’avis favorables (malgré son attitude outrancièrement lèche-bottes vis-à-vis de Benjamin Netanyahou).

De toute façon, comme on l’a dit, les électeurs Juifs aux Etats Unis ont des motifs de préoccupation assez semblables à ceux de leurs compatriotes non juifs et le sort de l’entité sioniste n’apparaît nullement comme une priorité à leurs yeux.

Ce qui détermine le vote des électeurs juifs

En effet, le sort de l’entité sioniste vient seulement au huitième rang de leurs préoccupations loin derrière l’économie, le système de santé, les finances publiques, la protection sociale et la fiscalité.

Des électeurs comme les autres donc, et qui sont à une écrasante majorité (83 %) en faveur d’une solution de paix à deux Etats, même si, pour 67 % d’entre eux, cela impliquait que les Etats Unis manifestent publiquement leur désaccord avec l’entité sioniste.

Mais la réalité, c’est que ce ne sont pas tant les électeurs que les appareils politiques courtisent, mais plutôt l’argent des milliardaires Juifs et tous leurs réseaux d’influence et médiatiques qui, s’ils ne peuvent garantir complètement la victoire électorale aux élections nationales ou locales (qu’il ne faut surtout pas oublier), sont un plus incontestable et parfois décisif. 

Un pamphlet antisémite de Tani Goldstein

29 octobre 2011

Comment ont-ils fait pour devenir si riches ? Telle est la question que pose l’article que je vous livre aujourd’hui.

Ce « ils », ce sont les Juifs aux Etats Unis et la question est typiquement antisémite.

Comme la réponse dans laquelle nous trouvons tous les poncifs de l’antisémitisme occidental.

Par exemple, nous apprenons que « ils » sont dans tous les centres de pouvoir. Ou encore qu’il y a eu une pègre juive, l’équivalent  de la mafia italienne avec ses parrains.

Ou encore, que 46 % des Juifs gagnent plus de 100 000 $  par an contre 19 % de l’ensemble des Américains.

Que donc les Juifs sont plutôt riches voire même très riches puisque 100 des 400 milliardaires de la liste établie par Forbes des personnes les plus riches sont des Juifs

En fait quand on analyse même sommairement les chiffres qu’on nous donne on a surtout l’impression qu’il y a une plus forte présence d’une minorité richissime dans la minorité juive et que le niveau de vie du Juif « moyen » est assez proche de la norme du pays où il vit.

Fin de la parenthèse.

Autre poncif antisémite : d’après cet article les Juifs auraient largement pris le contrôle de l’industrie cinématographique des Etats Unis !

Et puis que le « capitalisme est bon pour les Juifs » et que les Juifs ont « des compétences pour fonctionner en réseau » et qu’ils « avaient un réseau de connexions au niveau mondial bien avant les autres nations, et une communauté forte et solidaire ».

Dans une émission de Frédéric Taddéi, j’avais entendu un certain Alain Soral se faire accuser d’avoir remis au goût du jour le « complot judéo-maçonnique » avec ses histoires de «réseaux» justement.

Pourtant l’article que je vous propose n’est pas d’Alain Soral ni d’un quelconque adepte antisémite du «complot judéo-maçonnique» mais d’une certaine Tani Goldstein et est paru dans le Yediot Aharonot, un des principaux journaux de l’Etat qui se dit « juif ». 

Comment les Juifs Américains sont-ils devenus si riches?

Depuis leur arrivée aux Etats Unis il y un siècle, les juifs sont devenus le groupe religieux le plus riche de la société américaine. Ils ne constituent que 2 % de la population US mais 25 % des 400 Américains les plus riches. Comment cela s’est-il produit et à quel point leur aide est-elle cruciale pour Israël?
par Tani Goldstein, Yediot Aharonot (Sionistan) 26 octobre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le président du Congrès Juif Mondial Ronald Lauder a déclenché une polémique récemment en appelant Israël a entamer immédiatement des discussions de paix avec les Palestiniens. Cette déclaration a été perçue comme étant une critique à l’égard du premier ministre Benjamin Netanyahou qui est un ami personnel de Lauder.

Par la suite, Lauder a réitéré son soutien “sans équivoque” à Netanyahou et à des “politiques qui cherchent à créer une paix durable au Moyen Orient.”.

Les propos de Lauder ont fait la une de la presse et suscité des réactions aussi bien d’enthousiasme que de mécontentement, pas seulement en raison de son rôle important mais aussi – et surtout – parce que c’est un homme très riche.

Le magazine Forbes évalue sa fortune à 2,7 milliards de dollars. Sa famille possède le géant des cosmétiques Estée Lauder, il est l’un des plus grands collectionneurs du monde et il possède des dizaines de chaînes de télévision et medias aux Etats Unis et dans le monde, dont 25 % de la chaîne israélienne Channel 10 TV. Il est un important donateur pour d’innombrables organisations juives et israéliennes, ainsi que pour des organismes publics et des officiels – dont Netanyahou.

Des Juifs dans tous les centres de pouvoir.

Lauder n’est absolument pas le seul Juif Américain à donner de l’argent à Israël tout en exerçant une influence sur la pays. De nombreux adultes Israéliens avaient l’habitude de recevoir un colis de la part d’un « riche oncle en Amérique » pendant leur enfance. Des milliers d’organisations, dont les hôpitaux et les universités, reçoivent des milliards de shekels en dons en provenance des Etats Unis. Une étude de l’Université hébraïque a constaté qu’ils représentent environ les 2/3 de l’ensemble des dons en Israël.

Tout nouvel immigrant reçoit une aide de la part de l’Agence Juive dont le budget est constitué pour l’essentiel de dons venant des Etats Unis. Beaucoup d’entre nous vivent sur des terrains qui appartiennent au Fonds national Juif qui les a achetées aux Arabes avec de l’argent juif américain.  Un élève d’une école religieuse ultra-orthodoxe reçoit 1000 shekels (295 $) par mois et 3 000 shekels (885 $) de plus de la part des donateurs ultra-orthodoxes Américains. Sans compter l’aide fédérale [du gouvernement US], dont une part significative vient des impôts payés par les Juifs.

La Jewish Encyclopedia enligne indique que quelque 5,6 millions de Juifs résident aux Etats Unis (sans compter 500 000 Israéliens) – soit environ 1,8 % de la population. La plupart d’entre eux habitent des villes riches : Los Angeles, Miami, Boston,  Philadelphie et surtout New York.

Une étude du Pew Forum Institute en 2008 observe que les Juifs sont le groupe le plus riche aux Etats Unis: 46 % des Juifs gagnent plus de 100 000 $  par an contre 19 % chez l’ensemble des Américains. Une autre enquête réalisée par gallup cette année constaté que 70 % des Juifs Américains jouissent d’un « niveau de  vie élevé » conte 60 % de l’ensemble de la population et plus que n’importe quel autre groupe religieux.

Plus de 100 des 400 milliardaires de la liste établie par Forbes des personnes les plus riches sont des Juifs. Six des vingt sociétés de capital-risque des Etats Unis appartiennent à des Juifs, selon Forbes.

Le fondateur de Google Sergey Brin est de père juif [et n’est donc pas juif selon la loi juive, NdT]. Mark Zuckenberg, le créateur de Facebook, est Juif, tout comme son adjoint David Fischer qui est le fils de Stanley Fischer, le gouverneur de la Banque d’Israël. Le président de la Federal Reserve Ben Shalom Bernanke est Juif lui aussi, comme son prédécesseur Alan Greenspan ainsi que le fondateur de la Fed, Paul Warburg.i.

Les Juifs sont bien représentés à Wall Street, dans la Silicon Valley, au Congrès des Etats Unis, dans le gouvernement, à Hollywood, à la télévision et dans la presse américaine – bien au-delà du pourcentage qu’ils représentent sans la population.

De la ville aux ruelles de Brooklyn

Les Etats Unis sont un des pays les plus riches du monde, ce qui fait des Juifs Américains un des groups ethniques les plus riches de l’univers. L’histoire de leur réussite est encore plus phénoménale si on considère la rapidité de leur accès à la richesse.

Quelques milliers de Juifs à peine vivaient aux Etats Unis au moment de leur indépendance le 4 juillet 1776; c’étaient en majorité des Marranes et des gens qui étaient exiles ou avaient fui l’Espagne en  direction des colonies d’Amérique du Nord.

 A la moitié du 19ème siècle, quelque 200 000 Juifs immigrèrent aux USA, venant majoritairement d’Allemagne et d’Europe Centrale.  La plupart d’entre eux étaient des Juifs réformés, bien établis, qui se voyaient eux-mêmes comme des Allemands ou des Américains plus que comme des Juifs. Ils se dispersèrent sur le continent et lancèrent des affaires, depuis les petites boutiques ou fabriques jusqu’à des  mastodontes financiers comme Lehman Brothers et Goldman Sachs.

La grande vague d’immigration débuta en 1882. La Russie tsariste où se trouvait près de la moitié des Juifs du monde entier avait  connu un échec de sa révolution industrielle et se trouvait au bord de l’effondrement, tandis que les Juifs qui vivaient dans de petites villes s’appauvrissaient et subissaient de cruels pogroms.

En 42 ans, quelque deux millions de Juifs immigrèrent aux USA à partir de l’Ukraine, de la Russie occidentale, de la Pologne, de la Lituanie, de la Belarus et de la Roumanie Ils représentaient le quart de la population juive de ces pays, environ 15 % de la population juive mondiale et 10 fois le nombre de juifs qui avaient émigré en Palestine à cette époque.

Les Etats Unis devinrent la plus grande concentration de Juifs au monde. L’émigration de masse vers Israël débuta en 1924 quand les Etats Unis appliquèrent des lois plus strictes qui stoppèrent l’immigration.

 Les immigrants arrivaient aux Etats Unis à bord de bateaux bondés, et la plupart d’entre eux étaient pauvres comme Job. Le Dr Robert Rockaway qui a étudié cette période a écrit que 80 % des juifs des USA exerçaient une activité manuelle avant la première guerre mondiale, en majorité dans des usines textiles.

Beaucoup d’activités professionnelles étaient interdites aux juifs en raison d’une campagne antisémite animée par l’industriel Henry Ford. La plupart d’entre eux vivaient dans des bidonvilles insalubres et surpeuplés de New York – Brooklyn et le Lower East Side.

 De nombreux films ou livres décrivent l’univers qui s’est créé dans ces quartiers. Plein de vie mais rude et brutal. Il y avait une culture animée avec des cabarets et de petits théâtres yiddish, à côté d’une mafia juive avec des patrons de la pègre bien connus comme Meyer Lansky, Abner « Longie » Zwillman et Louis « lepke » Buchalter qui avaient grandi dans les ruelles sales.

Beaucoup de juifs, qui étaient socialistes en Europe, devinrent actifs dans les syndicats et dans les grèves et manifestations de travailleurs. Beaucoup de syndicats furent créés par des Juifs.

Les immigrants Juifs sont cependant sortis de la pauvreté et ont progressé plus vite que n’importe quel autre groupe d’immigrants. Selon Rockaway, dans les années 1930, environ 20 % des hommes Juifs exerçaient une profession indépendante, un proportion double de celle qu’on observe dans l’ensemble de la population américaine.

L’antisémitisme s’est affaibli après la seconde guerre mondiale et les restrictions au recrutement de Juifs diminuèrent avant de disparaître conformément au Civil Rights Act de 1964, grâce à la lutte de militants de gauche dont beaucoup étaient Juifs.

En 1957, 75 % des Juifs US étaient des travailleurs en col blanc, contre 35 % de l’ensemble des blancs aux Etats Unis; e, 1970, 87 % des homes Juifs exerçaient dans des employés de bureau contre 42 % pour l’ensemble des blancs; et les Juifs gagnaient 72 % de plus que la moyenne générale de la population. Le seul vestige de leur ancienne pauvreté est qu’ils sont une majorité à continuer à être favorable à une politique sociale dans le parti Démocrate.

En devenant plus riches, les Juifs se sont intégrés dans la société. Ils ont quitté leurs taudis pour les banlieues, abandonné le yiddish et adopté l’habillement, la culture, l’argot et les habitudes de consommation et le type de relations homme-femmes de l’élite non juive.

La plupart des Juifs avaient abandonné la religion en immigrant aux Etats Unis mais y sont retournés par la suite et ont rejoint les communautés conservatrices et réformées, se rapprochant ainsi beaucoup des Américains qui sont en majorité de religion chrétienne.

‘Les Juifs ont toujours étudié plus’

En même temps que les Juifs, des millions d’immigrants étaient arrives aux Etats Unis en provenance d’Irlande, d’Italie, de Chine et de dizaines d’autres pays. Ils se sont eux aussi enracinés depuis, mais les Juifs ont mieux réussi que n’importe qui. Pourquoi ? Tous les spécialistes auxquels nous avons posé la question ont dit que la raison en était l’éducation juive. L’organisation étudiante juive Hillel a constaté que 9 à 33 % des étudiants des plus grandes universités des USA étaient Juifs.

«La tradition juive a toujours sanctifié l’étude, et les Juifs ont fait l’effort d’étudier dès leur arrivée en Amérique, » explique Danny Halperin, ancien chargé des affaires économiques à l’ambassade d’Israël à Washington. « En outre, les Juifs ont une forte tradition entrepreneuriale. Les Irlandais par exemple, venaient de familles de travailleurs agricoles avec une mentalité différente, où on étudie moins et on entreprend moins.

“Les Juifs ont progressé parce que beaucoup de secteurs leur étaient inaccessible,” explique Halperin. « beaucoup d’Irlandais ont été intégrés dans la police par exemple, mais seulement quelques Juifs. Les Juifs ont accédé à des domaines nouveaux dans lesquels on avait besoin de personnes ayant le sens de l’initiative. Ils n’ont pas rejoint le secteur bancaire traditionnel, ils ont alors crée des banques d’investissement. »

“L’industrie cinématographique a été créée à partir de rien dans les années 1930, et les Juifs en ont largement pris le contrôle. A ce jour, il a beaucoup de noms juifs aux échelons supérieurs de Hollywwod et des réseaux de télévision. Ils ont ensuite aussi investi avec force la haute technologie – une autre industrie nouvelle qui requiert des aptitudes pour l’apprentissage. »

 ‘Grand père est arrivé avec deux dollars, papa a fait un doctorat’

“Les Juifs ont été les premiers à connaître la globalisation, » explique Rebecca Caspi, vice présidente des Jewish Federations of North America (JFNA). « Ils avaient un réseau de connexions au niveau mondial bien avant les autres nations, et une communauté forte et solidaire ».

“L’organisation communautaire  juive est considérée comme un modèle à imiter par les autres groups ethniques. Elle a aidé les Juifs partout et particulièrement aux Etats Unis qui ont été toujours beaucoup plus ouverts que d’autres pays et ont offert l’égalité des chances sans toutefois aider les individus. »

Comment les institutions communautaires aident-elles les gens à réussir dans les affaires?

“L’entraide a permis aux Juifs pauvres d’étudier. Ma famille est un exemple de ce qui est arrivé à des millions [de Juifs]. Mon grand-père était arrivé à New York avec deux dollars en poche. Il a vendu des crayons, puis des pantalons et ensuite d’autres choses, et dans le même temps il apprenant l’anglais, l’allemand et l’espagnol et nouait des relations.

 «Il avait cinq enfants et la famille avait une petite boutique à Brooklyn. Ils ont eu une aide de l’organisation juive HIAS qui leur a permis d’étudier. Ils étaient si pauvres qu’ils n’avaient pas assez d’argent pour les manuels, alors les frères se sont entraidés. Mon père était le plus jeune et au moment où il est entré à l’université, ses quatre frères plus âgés avaient pu s’établir, alors ils l’ont tous aidé à terminer ses études de médecine.»

“Les Juifs devaient exceller pour survivre,” explique Avia Spivak, professeur d’économie et ancien vice gouverneur de la Banque d’Israël. « J’ai eu à une époque un étudiant d’origine russe qui m’avait dit que des parents lui disaient, ‘Tu dois être le meilleur, parce qu’alors tu pourras avoir un petit rôle.’

«C’était la situation des Juifs à l’étranger et en Amérique aussi jusque dans les années 1960. Les universités les plus prestigieuses ne prenaient pas d’étudiants Juifs, alors ils étudiaient dans des facultés [colleges] et obtenaient les meilleurs diplômes. Quand la discrimination a disparu, les Juifs sont arrivés au sommet.»

 Est-ce la raison pour laquelle ils ont mieux réussi aux Etats Unis qu’ailleurs?

La discrimination s’est atténuée dans la plupart des pays. Je pense que les Juifs ont réussi en particulier en Amérique parce que le capitalisme est bon pour les Juifs. Les Juifs ont l’esprit d’entreprise, ils étudient plus et comprennent vite, ils savent comment saisir les opportunités et ont des compétences pour fonctionner en réseau. Un environnement compétitif donne un avantage aux Juifs. »

Est-ce la raison pour laquelle les israéliens ne sont pas aussi riches que les Américains Juifs?

 «Je pense que le ‘génie juif’ – qui n’et pas de nature génétique mais culturelle – s’exprime dans d’autres domaines en Israël. Les Juifs en Amérique sont arrivés dans un pays avec une infrastructure existante, stable et solide. Ici, ils ont dû bâtir toute l’infrastructure à partir de rien, dans des conditions difficiles. »

 ‘Le gouvernement [sioniste] décourage l’aide, mais elle continuera

 Il est hors de doute que l’immense réussite des Juifs Américains a aide les Juifs à survivre en Israël.

“L’aide est plus large que les dons effectués,” explique Caspi. « L’aide fédérale arrive largement grâce aux pressions juives. Les milieux d’affaires israéliens se servent de leurs relations en Amérique pour ouvrir des marchés et lever des fonds, particulièrement dans le domaine du capital-risque. »

L’aide américaine renforce la connexion entre les deux communautés – qui constituent ensemble près de 80 % du peuple juif – mais crée aussi un malaise des deux côtés : les Américains voient Israël comme un «refuge en cas de mauvais jours» et se sentent engagés à aider l’Etat, mais certains pensent que leur argent est gaspillé à cause de mauvais choix ; les Israéliens vivent dans la crainte de qui arriverait si l’aide devait cesser. La crainte augmente compte tenu du fait qu’un tiers des Juifs US se marient avec des non Juifs et disent se sentir moins concernés par Israël.

 “Israël aurait été créée et aurait survécu même sans l’aide américaine, mais elle aurait été plus pauvre, » déclare Halperin. « Il y a des secteurs, comme l’enseignement supérieur, dans lesquels l’aide est vitale – et si elle disparaissait soudainement, les choses seraient très difficiles. »

Chaque fois qu’il y a des tensions entre le gouvernement israélien et les Juifs en Amérique, des personnalités Israéliennes et Américaines préviennent que «un jour ils en auront assez et cesseront de donner.» Cela peut-il arriver ?

  “Le montant des dons a diminué ces dernières années,” explique Halperin. « Les Juifs on un sentiment d’appartenance à la société américaine et font leurs dons auprès d’organisations américaines. Ils veulent voir leurs noms au musée de New York plutôt que dans celui de Jérusalem.

“Avec l’éloignement dans le temps de l’holocauste, les craintes pour l’existence d’Israël diminuent, israël n’est plus perçu comme un pays pauvre. Et les Américains ont leurs propres problèmes : la crise financière et le coût de plus en plus élevé de l’éducation aux Etats Unis. Les dons vont baisser graduellement et pourraient finir par disparaître. »

«Mais j’ai du mal à croire que les dont vont disparaître tout d’un coup à cause d’une crise politique. Il semble que notre gouvernement fasse tout son possible pour que cela arrive, mais heureusement, même de cela il n’est pas capable.»


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