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La Turquie, bazar à fournitures pour Daesh

29 octobre 2016

Je vous livre l’article tel quel: il parle d’un rapport de l’UE qui ne révèle que la pointe de l’iceberg du trafic qui permet aux ennemis de la Syrie d’équiper les factions terroristes, « l’Etat Islamique » (Daesh) en particulier.

Le bazar turc de l’Etat Islamique

Les djihadistes se procurent les plus de 700 composants pour la fabrication de leurs explosifs auprès d’une dizaine d’entreprises situées en Turquie

Par E. Urreiztieta/A. Escriva, El Mundo (Espagne le 29 octobre 2016 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Un rapport de l’Union Européenne sur la guerre en Syrie montre la Turquie comme un grand trou noir – ou encore « goulot de bouteille » – lorsqu’il est question du contrôle de la fourniture des produits avec lesquels l’Etat islamique (EI ou Daesh) fabrique les IED (Engins explosifs improvisés ou bombes artisanales) utilisés en Syrie et en Irak. Même si les composants sont fabriqués dans d’autres pays, c’est par la Turquie que transite la plus grande partie des détonateurs ou des substances chimiques répertoriés dans le rapport et qui finissent entre les mains des islamistes (700 composants retrouvés dans des localités comme Kobané ou Mossoul). Les autorités turques n’ont cependant pas répondu aux questions posées par un organisme indépendant dont l’objectif était de retracer l’itinéraire des éléments avec lesquels les djihadistes assemblent leurs engins explosifs.

«Les autorités turques ont refusé de répondre aux demandes répétées d’informations et ont ainsi laissé les enquêteurs dans l’incapacité de documenter le circuit emprunté par plusieurs marques de cordeau détonant qui avaient transité par Ankara puis atteint Kobané en Syrie,  » lit-on dans le document que El Mundo a pu consulter. Et ce n’était pas un cas unique. Des entreprises iraniennes, libanaises, indiennes, japonaises, turques également ou encore autrichiennes ont ignoré les requêtes de l’Union Européenne pour qu’elles transmettent des données relatives à des matériels qu’elles ont fabriqué ou vendu et qui ont terminé, après être passés par les installations d’un ou plusieurs intermédiaires dans les stocks de l’EI. Ces réponses négatives ont rendu encore plus difficile le travail déjà compliqué de suivre les étapes de certains produits qui, ou bien ne nécessitant pas de permis pour la vente ou l’exportation, ou bien peuvent être employés pour un usage civil comme dans les mines ou l’industrie, ou encore qui, même s’ils nécessitent un certain type d’autorisation ne sont pas soumis à la même surveillance que les armes.

Les données restent néanmoins significatives : l’examen de 700 composants utilisés par l’EI dans la fabrication de ses IED a permis d’identifier 51 entreprises de 20 pays impliquées dans la vente , la production ou la réception de « matériel critique » qui est le terme appliqué pour qualifier certaines substances chimiques comme la pâte d’ aluminium, le nitrate d’ammonium ou l’ urée, le cordeau détonant, les détonateurs, les câbles, les roquettes, des sprays de vaseline [la vaseline entre dans la fabrication de certains explosifs, NdT], des téléphones mobiles ou des composants électroniques qui servent à l’ activation à distance.

Selon les chercheurs, « il n’y a aucune preuve suggérant un transfert direct entre les pays et les sociétés mentionnées dans l’enquête » vers l’EI. « Dans tous les cas identifiés, les producteurs ont cédé les composants légalement à des sociétés légales de négoce et de distribution. Ces sociétés, à leur tour, ont vendu à de plus petites entreprises commerciales qui apparaissent comme le maillon faible pour les personnes ou organisations soutenant ou associées à l’Etat islamique,  » lit-on dans le rapport.

Il s’ensuit que, pour les rédacteurs du rapport, la loi ne suffit pas. En fait, à ce stade, il y a un élément sur lequel ils attirent une attention toute particulière et qui leur permet de délivrer un certain nombre d’avertissements et de reproches importants. « Peut-être le résultat le plus important de ce rapport,  » disent-ils, « il a à voir avec la rapidité avec laquelle les forces de l’ EI peuvent acheter des composants pour leurs IDE . Ils peuvent le faire en un mois, ce qui en dit long sur l’insuffisance du contrôle par les gouvernements et les entreprises concernées « 

 «La seule exigence d’une licence ne suffit pas à empêcher l’acquisition de matériels tel que des détonateurs ou le cordeau détonant par l’EI », dénoncent-ils. Et ils soulignent : «Et on a trop peu conscience de l’utilisation potentielle qu’un terroriste peut faire de certains matériels accessibles aux civils. »

L’enquête a débuté en Juillet 2014 et a duré plus de 20 mois, jusqu’en Février 2016. Paradoxalement, les données recueillies n’ont pas empêché que, quelques semaines plus tard, le 18 Mars de cette année, les gouvernements européens ont convenu de laisser à la Turquie le la gestion de la destination des réfugiés fuyant la guerre en Syrie.

Selon les enquêteurs, après la prise de Mossoul en Juin 2014, l’EI a fabriqué et déployé « à une échelle quasi-industrielle des engins explosifs improvisés dans les territoires dont il s’était emparé..

La fonction de ces engins était de rendre plus risquée toute action offensive que ses ennemis voudraient entreprendre d’augmenter le risque d’une attaque de fonctionnement de leurs ennemis souhaitent à entreprendre et retarder le retour des populations déplacées. Les combats dans les villes irakiennes d’Al Rabia, Kirkouk, Mossoul, Tikrit et dans la ville syrienne de Ayn al-Arab ont permis de localiser l’emplacement des conteneurs et la collecte du matériel qui a été à la base de l’enquête et qui a été apporté par, entre autres institutions, la police fédérale irakienne,  le Conseil de sécurité de la province du Kurdistan et les Unités de Protection de Syrie [milice à dominante kurde].

Fûts de substances chimiques dans un dépôt de Daesh

Le résultat détaillé est révélateur : quand on parle d’activateurs chimiques, apparaissent sept sociétés turques, quatre irakiennes, et une pour chacun des pays suivants : Brésil, Roumanie, Chine, Russie, Belgique, Pays – Bas et Emirats Arabes Unis. Quant aux entreprises qui ont produit ou vendu du cordon détonant, deux sont turques, une libanaise et quatre Indiennes. Les détonateurs ont leur origine en Inde, en Autriche et en République tchèque, et les câbles dans quatre entreprises turques

Cependant, malgré les différentes nationalités mentionnés, le plus gros problème se trouve en Turquie, qui est considéré comme le «goulot d’étranglement» ou la zone grise de cette situation

« Sur les 13 sociétés turques identifiés, huit sont des intermédiaires qui ont redistribué des composants qui ont été fabriqués au Brésil, en Chine, en Inde, aux Pays-Bas, en Roumanie et dans la Fédération de Russie, » précise le rapport.

Dans le cas de l’Inde, « sept entreprises de ce pays ont fabriqué la plupart des détonateurs, des cordeaux détonants et des mèches. La réglementation indienne exige une licence pour ce genre de matériel. Tous les composants avec leurs papiers en règle ont été légalement exportés de l’Inde vers le Liban ou la Turquie, » peut-on lire. Ainsi, « les preuves suggèrent que les forces de l’EI se procurent les composants en Turquie et les transfèrent ensuite vers la Syrie et l’Irak. »

Un exemple tiré du rapport pourrait décrire ce qui se passe exactement quand les composants précités entrent en territoire turc. Les chercheurs ont détaillé le cheminement du contenu de certains dépôts découverts pendant la deuxième bataille de Tikrit, entre Mars et Avril 2015, et où la pâte d’aluminium avait été mélangée avec du nitrate d’ammonium pour la fabrication d’explosifs . Les étiquettes indiquaient que ces produits avaient été fabriqués par les firmes Aldoro au Brésil, Alba Aluminium en Roumanie et Sunrise en Chine.

Ces trois sociétés avaient vendu à trois sociétés turques sises à Istanbul. L’un des importateurs, Gultas Kimya, a répondu à l’UE qu’il vend seulement en Turquie, pas en Syrie ou en Irak, des marchés vers lesquels, comme l’ont reconnu certaines entreprises, le gouvernement turc a interdit l’exportation – ; qu’il n’a autorisé aucun de ses clients à réexporter la pâte d’aluminium qu’il avait importée; qu’il ne contrôle pas la revente par ses clients et qu’il ne connaît pas de loi qui l’obligerait à interdire à ses clients de revendre à des tiers .

La deuxième société importatrice a déclaré avoir vendu le produit à l’ Azerbaïdjan et la troisième, Metkim, a reconnu être incapable de déterminer à quel client elle avait vendu le matériel. De toute évidence, les auteurs du rapport ne pouvaient pas déterminer la «chaîne de traçabilité» de la pâte d’aluminium, tout comme ils ne pouvaient pas trouver – et dans le cas suivant, la Turquie n’était pas le pays de passage, comment a pu arriver dans un dépôt de l’EI à Kobané une grande quantité de cordeau détonant fabriqué en Inde , mais qui avait été d’abord dans les stocks du gouvernement syrien.

En ce qui concerne les composants électroniques que l’EI utilise généralement pour commander ses engins à distance, le chemin est différent. Par exemple, pour activer les bombes en Irak, les terroriste de l’auto-proclamé Etat islamique utilisent un modèle Nokia 105 type RM-908. Les mobiles  utilisés à cette fin  qui ont pu être saisis avaient été fabriquées en Suisse, au Japon et aux États-Unis, mais huit de ces dix appareils avaient été achetés par l’EI aux Emirats Arabes Unis et deux dans la ville d’Erbil, dans le Kurdistan irakien. Le rapport conclut en définitive à des failles juridiques et dans le contrôle, mais aussi, et ce n’est pas volontaire, l’extrême difficulté de restreindre l’utilisation de certains produits quand ils sont utilisés et fabriqués dans des dizaines de pays.

Selon l’archevêque catholique syrien de Mossoul, les puissances occidentales souhaitent que les Chrétiens d’Orient quittent leurs pays

20 août 2016

Chacun sait les malheurs qu’endurent les populations en Irak, et les Chrétiens en particulier.

En ce qui concerne ces derniers, beaucoup ont été amenés par la force des choses à quitter les régions où ils étaient enracinés depuis des siècles voire des millénaires ou même à abandonner l’Irak pour d’autres pays de la région ou vers l’Europe et le continent américain.

Cette situation est due, ainsi que l’observe l’archevêque de Mossoul Yoanna Boutros Moshe, à l’intervention militaire anglo-américaine qui a non seulement renversé l’ancien chef de l’Etat Saddam Hussein mais surtout détruit l’armature de l’Etat irakien livrant ainsi le pays à une anarchie dont la minorité chrétienne a été une des premières à faire les frais.

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L’archevêque Yoanna Boutros Moshe

L’archevêque qui a dû quitter la ville de Qaraqosh où se situe le siège de son archevêché après la prise de Mossoul par l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daesh) n’est guère optimiste sur l’avenir de sa communauté.

Actuellement réfugié au Kurdistan irakien avec nombre de ses paroissiens, il n’a qu’un souhait, revenir sur sa terre ancestrale, à Mossoul. Il ne se voit pas demeurer au Kurdistan mais il n’a cependant pas le sentiment que les choses avancent en ce qui concerne la reprise de Mossoul

Et il estime que les Etats Unis ne font rien !

Selon lui, les puissances occidentales ne laissent qu’une alternative à ses coreligionnaires : se convertir à l’Islam ou quitter l’Irak.

Concrètement, ça revient à ça. Parce que dans l’avenir chaotique qui est promis à la région dans la stratégie de puissance des Etats unis, le départ massif des Chrétiens est un scénario non seulement vu comme possible par l’occident, mais inexorable et même souhaitable.

C’est du moins une conviction répandue chez les Chrétiens d’Orient à partir d’une information (apparemment non vérifiée) selon laquelle Nicolas Sarkozy aurait affirmé en 2011 au patriarche maronite que « les chrétiens n’ont plus leur place dans le Moyen-Orient et qu’ils devraient tous émigrer vers l’Europe ». Une information qui a été démentie par le gouvernement français (qui a cependant une politique préférentielle d’accueil de ces populations).

Un démenti qui n’a pas vraiment rassuré l’archevêque de Mossoul semble-t-il.

« L’Occident combat Daesh pour les ressources en pétrole »

Les paroissiens de l’église catholique syrienne qui ont fui la terreur djihadiste en 2014 édifient un nouveau sanctuaire pour prier.

L’archevêque de l’église catholique syrienne accuse la communauté internationale de ne pas protéger les fidèles. « Nous nous sentons abandonnés par les politiques. »

Par Francisco Carrione à Erbil (Irak) El Mundo (Espagne) 20 août 2016 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Dans les faubourgs arides d’Erbil on met les bouchées doubles pour construire le nouveau diocèse de l’église catholique syrienne, une branche orientale qui suit les préceptes de Rome. Deux années après son exil forcé, ses paroisses et la mémoire des siècles de présence sont encore entre les mains de l’Etat Islamique autoproclamé.

Ses fidèles, contraints de choisir entre la conversion à l’Islam ou la fuite ont échappé à la terreur à la mi-juillet 2014. Depuis lors, ils ont construit leur refuge aux abords de la capitale autrefois prospère du Kurdistan irakien. « Ici aussi, on ressent le danger, » reconnaît Yohanna Boutros, l’archevêque catholique syrien de Mossoul qui aujourd’hui dirige une diaspora déclinante. Il est 13h, au milieu du complexe en construction un groupe de jeunes Chrétiens joue au football. Les piques de Boutros, 72 ans – archevêque de la deuxième ville d’Irak depuis 2010 – n’épargnent personne, pas même le Pape François. « Je pense qu’il pourrait faire plus que ce qu’il fait, » affirme le religieux pendant l’entretien accordé à El Mundo.

Q – Deux ans après l’exode, avez-vous un espoir quelconque?

R -Aucun. Les gens ont perdu confiance dans le gouvernement irakien parce qu’on n’a constaté aucun progrès sur le champ de bataille. Règne une grande frustration. La majeure partie [des Catholiques] est restée au Kurdistan irakien mais certaines familles ont commencé à aller en Jordanie, au Liban et en Turquie. Quelque deux mille personnes se sont établies en France.

Q – La diaspora est de plus en plus…

C’est comme ça. Nous faisons face à une grande catastrophe. Notre héritage est en train de disparaître. Les gens qui sont partis seront assimilés par d’autres rites [chrétiens essentiellement, NdT]. Si nous ne faisons pas quelque chose, l’Eglise Catholique Syrienne sera rayée de la carte.

Q – La date de l’offensive pour reprendre Mossoul n’est toujours pas fixée.

La coalition internationale a promis qu’elle reprendrait Mossoul mais elle n’a pas expliqué comment elle allait faire. Qu’en sera-t-il de notre foi ? Le retour des Chrétiens semble impossible. Nos fidèles sont traumatisés. Avant de revenir, en tout cas, nous devons d’abord avoir le sentiment qu’il y a un gouvernement qui tient la situation sous son contrôle et peut garantir nos droits. Nous ne voulons pas être des citoyens de seconde zone. Et ensuite, nous avons besoin d’une garantie internationale. Nous ne faisons pas confiance à l’armée [irakienne].

Q -Qu’a laissé votre communauté à Mossoul?

Mossoul est le centre de notre église. Elle a une longue et riche histoire liée à notre foi. Moi, par exemple, j’ai étudié et passé mes diplômes à Mossoul. Dans ma qualité d’archevêque, je résidais à Qaraqosh [une ville chrétienne proche de Mossoul et toujours contrôlée par Daesh] et, comme les autres habitants, j’ai dû quitter les lieux en août 2014 suite à l’offensive de Daesh.

Q -Depuis lors, le patrimoine chrétien dans les zones contrôlées par les djihadistes a été victime des attaques. Savez-vous quelle est leur situation ?

Nous n’avons pas de sources précises sur leur état actuel. Nous savons que les croix ont été arrachées à l’extérieur des églises et que l’Etat Islamique s’en sert comme dépendances. Certains lieux qui ont été endommagés datent du IVème siècle après JC. Ils cherchent à nous humilier parce qu’ils savent que les habitants se sentent très proches de ces monuments.

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Q -La communauté internationale fait-elle assez pour protéger vos fidèles ?

Non. Nous ne sentons pas son soutien. Les Etats Unis comme les gouvernements de l’Union Européenne ne font rien. Ca donne le sentiment que nous sommes priés de nous convertir à l’Islam ou d’abandonner notre terre. « Pourquoi ne partez-vous pas? Cette région n’est pas pour vous, » semblent-ils nous dire. Nous nous sentons abandonnés par les politiques mais pas par les Chrétiens d’Occident.

Q -Qui est derrière Daesh ?

Ceux qui ont donné le jour à Daesh et l’ont amené sur ces terres le savent. L’Occident a commencé à lutter contre cette organisation mais pas par rapport à la situation des Chrétiens, ni par rapport à la transformation de la carte multireligieuse mais par rapport aux ressources [pétrolières] qui se trouvent dans la région.

Q -Quel est votre avenir ?

Si la situation perdure ainsi très longtemps, nous finirons par partir, même du Kurdistan. Bien que les dirigeants de cette région nous aident, il y a ici aussi des forces fanatiques. Ce n’est pas une existence commode.

Q -Vos propos sont très critiques à l’égard des responsables politiques occidentaux Les Etats-Unis ont-ils une responsabilité dans la situation en Irak?

Bien sûr. Ils ont une grande responsabilité. Ils ont renversé Saddam Hussein et permis le vide du pouvoir qui lui a succédé. Avant l’invasion, il y avait des fanatiques mais nous avions de bonnes relations avec la majorité de nos voisins. A partir de 2003, les problèmes ont commencé. Il n’y avait pas de gouvernement et les attaques contre les Chrétiens étaient tolérées. Ce sont les Etats Unis qui ont détruit l’Irak.

Q -Devrait-il y avoir des indemnisations pour les erreurs du passé ?

Les Etats Unis ne feront jamais rien en Irak. Ils disent maintenant que c’est le travail des dirigeants irakiens. En quête de protection, quelques jeunes Chrétiens ont commencé à s’entraîner avec les forces irakiennes pour aider à la libération de Mossoul.

Q -Quel est votre rêve?

Retourner sur ma terre. Si ce n’est pas possible, je ne resterai pas ici. Notre vie doit être là où se trouve notre patrimoine. Et ce sont les vieilles pierres qui témoignent de notre histoire.

Dissolution de l’Etat national: la Turquie après la Syrie et l’Irak?

9 mai 2016

Verda Özer est une spécialiste des relations internationales chercheur à l’Istanbul Policy Center (IPC) et qui collabore avec plusieurs publications dont le journal turc Hürriyet.

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Verda Özer

Son article que je vous propose en traduction veut contredire le vice-président des Etats Unis Joe Biden, et donc la ligne officielle de Washington, selon qui les Etats où son pays intervient pour « maintenir la paix » sont des structures artificielles et qu’il faut se préparer à leur éclatement en entités plus petites mais plus homogènes.

Ce serait par exemple en Syrie, une entité alaouite, une entité kurde et une entité sunnite, ces deux dernières étant réparties sur des portions de territoires de la Syrie et de l’Irak actuels.

Mme Özer a parfaitement compris que cette argumentation s’appliquait aussi à son pays, la Turquie.

C’est pour cette raison qu’elle a souhaité contredire Joe Biden en arguant du fait que nulle part il n’existe de frontières naturelles. Et en effet, contrairement à ce que certains ont pu apprendre à l’école, les Pyrénées ne sont pas une frontière naturelle de la France. Une frontière est uniquement un fait accompli de main d’homme et un fait de droit.

Cette précision de Verda özer peut être assimilée à un coup pour rien mais ce n’est pas le cas. Elle lui permet en réalité de formuler de manière diplomatique deux conseils à un gouvernement qui n’aime pas trop en recevoir.

Le premier est celui de se tenir à l’écart des conflits en cours en Syrie et en Irak, de crainte d’un effet déstabilisateur sur la Turquie elle-même.

Le deuxième est celui de ne pas tracer des frontières (forcément artificielles) à l’intérieur du territoire national. Mme Özer pense évidemment aux Kurdes de Turquie mais pas seulement car il existe en Turquie d’autres minorités qui pourraient trouver un intérêt à la défaisance de l’Etat turc tel qu’il est actuellement établi. Je parle ici de la  minorité syrienne de l’ancien wilayet d’Antioche (Antakya) et des Alévis, une importante minorité confessionnelle.

On verra bien ce que pèsent les avertissements distillés par des spécialistes comme Verda Özer face aux plans des Etats Unis qui consistent à favoriser et accompagner la fragmentation de la région pour peu qu’elle demeure dans un niveau d’instabilité à la fois gérable, non menaçant pour leurs intérêts et favorables à ceux de l’entité sioniste. Une politique étrangement conforme au fameux plan Yinon

Vous avez peut-être tort, M. Biden

Par Verda Özer, Hürriyet (Turquie) 7 mai 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les mots du vice-président des Etats Unis Joe Biden ont fait l’effet d’une bombe cette semaine. « Pensez à tous ces endroits où nous essayons de maintenir la paix. Ce sont des endroits où nous avons tracé des lignes artificielles, créé des Etats artificiels, constitués de groupes culturels, ethniques et religieux distincts et nous avons dit, ‘C’est pour vous ! Vivez ensemble ! », a-t-il dit.

L’endroit auquel il se référait principalement comme « artificiel » était l’Irak, étant donné qu’il a tenu ces propos dans l’ambassade américaine à Bagdad au cours de sa première visite en Irak depuis cinq ans.

Le même jour, le New York Times rapportait que les « officiels des Nations Unies à Bagdad ont discrètement commencé à étudier comment la communauté internationale pourrait gérer un éclatement du pays. »

Le moment de la visite de Biden et ces déclarations sont loin d’être des coïncidences. L’Irak a été littéralement mis en lambeaux. Et en premier lieu, le gouvernement central à Bagdad est complètement dysfonctionnel depuis février dernier. Aucun des ministères n’est en situation de pouvoir travailler.

La principale raison en est que l’opposition au premier ministre chiite Haider al-Abadi et à son gouvernement est devenue hors de contrôle à cause de sa politique sectaire et d’allégations de corruption. C’est pour cette raison que al-Abadi avait promis de formé un nouveau gouvernement constitué uniquement de technocrates le 9 février. Il a cependant été incapable d’y parvenir pour l’instant. Par conséquent, l’équilibre des pouvoirs dans le pays qui est façonné par les tendances sectaires s’est retrouvé complètement sens dessus dessous.

Ce qui indique fortement que le sectarisme va sonner le glas pour [le gouvernement d’] al-Abadi exactement comme ce fut le cas pour le premier ministre chiite Nouri al-Maliki en 2014. En d’autres termes, l’Irak ne va nulle part.

La tension ancienne entre Bagdad et Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, s’étale au grand jour. Les deux parties s’accusent mutuellement de ne pas respecter l’accord qu’elles avaient conclu le 2 décembre 2014 sur le partage des revenus du pétrole.

Ce qui à son tour, s’est transformé généralement en conflit entre Kurdes et Chiites à travers le pays. Il y a eu tout récemment une escalade dans les affrontements, particulièrement du côté de Kirkouk que Bagdad et Erbil se disputent depuis longtemps. En outre, les Turkmènes chiites combattent aussi aux côtés des milices chiites contre les Kurdes dans les zones de conflit. Dit autrement, les conflits ethniques et religieux sont devenus intriqués.

Par ailleurs, le fait que l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant, Daesh) soit leur ennemi commun ne change en rien la situation. Au contraire, la lutte contre l’EIIL a changé l’équation sur le terrain en faveur des Kurdes en étendant leur territoire d’environ 40 % depuis 2014, ce qui n’a fait qu’attiser la confrontation.

La tension Chiites – Sunnites, d’autre part, est omniprésente dans le pays depuis des dizaines d’années. Elle s’est pourtant encore aggravée à un tel point récemment que « l’opération de grande ampleur pour reprendre Mossoul » qui doit être lancée en septembre ou en octobre devrait, dit-on, interdire aux milices chiites d’accéder au centre-ville afin d’éviter tout affrontement éventuel avec les Sunnites qui sont majoritaires dans la ville.

Avec tout ça, les Chiites sont aussi divisés entre eux. Le leader religieux chiite Moqtada al-Sadr  a appelé avec de plus en plus de force à la démission d’al-Abadi. La même chose s’observe du côté du parti politique chiite d’al-Maliki, Dawa.

Compte tenu de tous ces éléments, l’Irak sera-t-il capable de combattre d’EIIL dans ces conditions ? En outre, l’EIIL lui-même n’est-il pas issu de la confrontation sectaire ? Il ne semble par conséquent guère possible de sauver à brève échéance l’Irak de Daesh et d’empêcher la dissolution de l’Etat à long terme.

La Syrie est pour sa part dans une situation de morte-vivante depuis un certain temps. La communauté internationale considère même sa dissolution comme plus probable et imminente que celle de l’Irak.

En novembre 2014, j’ai eu la chance d’avoir un tête-à-tête [en français dans le texte] avec Richard Haas, le président du Council on Foreign Relations (CFR), le think tank américain le mieux établi. Haas est un des plus éminents penseurs et concepteurs de politiques aux Etats Unis, ayant coordonné les politiques de Washington en Irak et en Afghanistan en des moments critiques.

Haas m’avait que « pour le moment, les Etats Unis préfèrent un Irak unifié, avec les Kurdes ayant une autonomie plutôt que l’indépendance. » Il considère cependant que ce n’est pas une perspective réaliste dans le futur parce que nous avons déjà franchi le point de non-retour aussi bien en Irak qu’en Syrie.

« L’avenir de la Syrie ne se situe plus dans le cadre de paramètres nationaux. Le pays est déjà partitionné. Al-Assad, ou quelqu’un comme lui, gouvernera la région alaouite, pas l’ensemble du pays. Les Kurdes auront une autonomie significative. El les Sunnites se débattront entre l’EIIL et différentes tribus, » avait-il expliqué.

Dans un tel scénario, les zones sunnites en Irak et en Syrie seraient à cheval des deux côtés de la frontière. La même chose pourrait se passer pour les zones kurdes. Et un tel changement fondamental de la carte de la région affectera certainement aussi la Turquie.

En réponse à ces vagues de désintégration, la Turquie doit se tenir hors de ces conflits dans toute la mesure de ses capacités et se préparer à tous les scénarios possibles. Plus important, elle doit faire valoir la paix et l’unité à l’intérieur de ses propres frontières.

Enfin et surtout, je voudrais en finit avec des histoires de « nature artificielle ». Existe-t-il quelque part une « frontière naturelle » ? Les frontières e tous les Etats nations du monde ont été tracées un jour d’une manière ou d’une autre. Ce qui importe vraiment c’est de ne pas en créer de nouvelles ; et au contraire d’effacer les frontières internes à nos territoires que nous tendons à créer nous-mêmes. Après tout, ce sont des frontières artificielles.

Le soutien des Etats Unis et du régime sioniste à al Qaïda en Syrie

23 novembre 2014

Dans la guerre livrée au régime syrien, à l’Iran et au Hezbollah, les Occidentaux utilisent des stratégies complexes aux effets parfois imprévus, d’autant qu’elles ne font pas forcément toujours consensus en Occident même où leur mise en œuvre dépend des rapports de forces entre les gens, disons raisonnables, et les néoconservateurs.

Ces néoconservateurs, ainsi que l’expliquait Robert Parry, restent très présents dans l’appareil politico-militaire des Etats Unis et leur poids peut être très important dans un pays comme la France où ils se cachent aussi derrière de nobles idéaux humanitaires, alors que la seule chose qui leur importe est le sort du régime sioniste.

Dans ces pays occidentaux qui mènent une guerre non déclarée à la Syrie, on feint de s’étonner de la présence sur le terrain de combattants « djihadistes » dont les noms et prénoms évoquent parfois plus le camembert que le leben.

Le "djihadiste" français Abou Mariam exhibe la tête tranchée d'une résistante kurde

Le « djihadiste » français Abou Mariam exhibe la tête tranchée d’une résistante kurde

Mais qu’y a-t-il de surprenant à voir de jeunes Français répondre à l’appel au meurtre du chef de l’Etat syrien lancé par Laurent Fabius, l’actuel chef de la diplomatie française ?

De la même manière, on ne sera pas surpris de voir en Syrie les puissances occidentales soutenir des forces officiellement affiliées à al Qaïda même si les choses sont quelque peu obscurcies par les bombardements exécutés par les USA et leurs alliés arabes contre certaines forces djihadistes en Syrie.

Le blogueur Moon of Alabama nous aide à mieux comprendre ce qui se passe sur le terrain et dans les officines de Washington : une partie des forces djihadistes est entrée en conflit avec les intérêts de Washington en s’attaquant notamment au Kurdistan irakien où l’armée américaine entretient une base, Cette confrontation était à tel point inattendue que le gouvernement turc, allié de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daesh) a eu du mal, et a toujours du mal, à modifier son positionnement stratégique à l’égard de cette puissante milice.

Ce qui est important dans l’article que je vous propose, c’est surtout ce fait que l’aviation américaine bombarde le Jabhat al-Nosra, une importante milice affiliée à al Qaïda, dans le nord syrien tandis qu’elle soutient la même milice au sud du pays dans la région proche du Golan occupé par l’entité sioniste et la frontière jordanienne. L’objectif des Etats Unis n’est donc pas de détruire cette milice mais d’en écarter les éléments rétifs à une alliance avec eux sur le terrain.

Et c’est sans doute le même objectif qui est poursuivi avec les frappes contre l’Etat Islamique en Irak et au Levant.

Comment les Etats Unis et Israël aident al Qaïda dans le sud de la Syrie

par Moon of Alabama (USA) 21 novembre 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Quand l’administration Obama a déclaré avoir bombardé le « groupe Khorasan » dans le nord syrien, les spécialistes se sont demandés ce que cela voulait dire. Il n’existait et il n’existe aucune organisation de ce nom. Ce que l’administration Obama appelait groupe Khorasan était des dirigeants du Jabhat al-Nosra, la branche syrienne d’al Qaïda qui était active en Afghanistan et au Pakistan il y a quelques années avant de venir en Syrie. Alors pourquoi faire une distinction enre le Jabhat al-Nosra qui est actif dans toute la Syrie et un groupe dirigeant de la même organisation situé dans le nord de la Syrie ?

Mon sentiment est qu’il existe une coopération active entre le Jabhat al-Nosra et les Etats Unis, particulièrement dans le sud syrien, et que la distinction a été faite pour maintenir en place une forme quelconque d’alliance dans le sud. Les mercenaires de l’Armée Syrienne Libre dans le sud de la Syrie ont été entraînés et armés par la CIA en Jordanie et sont contrôlés depuis une salle d’opérations multinationale quelque part à Amman.

Dans le sud, le Jabhat al-Nosra combat activement aux côtés de l’Armée Syrienne Libre qui reçoit aussi un soutien d’Israël. Au cours de ces derniers mois l’ASL, avec les combattants d’al-Nosra comme troupes de choc, s’est emparée de portions importantes de territoire le long de la frontière de la Syrie avec la Jordanie et Israël. Leur but est, ainsi que nous l’avions signalé il y a deux mois, d’ouvrir un corridor vers Damas. Leurs avancées au détriment de l’armée syrienne dans la zone frontalière ont été réalisées avec l’appui des tirs de soutien de l’artillerie israélienne.

Reuters confirme aujourd’hui que Nosra, comme nous l’écrivions, est à la pointe des combats dans le sud :

Des combattants du Front al-Nosra affilié à al Qaïda et d’autres insurgés ont attaqué et fait uen brève incursion à Baath City dans le sud de la Syrie jeudi, le dernier bastion important de l’armée dans une province qui jouxte les hauteurs du Golan sous occupation israélienne.

……

Des centaines de combattants d’al-Nosra qui ont fui la province orientale de Deir al-Zor après en avoir été chassés par l’Etat Islamique dans le courant de cette année se sont regroupés dans le sud de la Syrie où ils ont renforcé la présence rebelle dans ce secteur, selon es activistes.

« Il [ce renfort] a permis aux combattants de prendre le dessus dans cette zone, » déclare Abou Yahia al-Anari, un combattant d’Ahrar al-Sham.

Les gains des insurgés depuis le début de cette année ont principalement été obtenus par le Front al-Nosra en association avec d’autres rebelles et brigades islamistes qui combattent en alliance avec l’Armée Syrienne Libre soutenue par l’Occident. A la différence des rebelles qui combattent dans le nord, ils se sont bien coordonnés jusqu’à présent.

Au nord, le Jabhat al-Nosra combat des groupes de mercenaires soutenus par la Turquie et les Etats Unis. Au sud, il coopère par contre avec ce genre de groupes qui sont soutenus, équipés et entraînés par les Etats Unis à partir de la Jordanie et d’Israël. Al-Nosra au nord a été rebapptisé « groupe Khorasan » de sorte à ce qu’on puisse le bombarder sans mettre en danger l’alliance au sud entre l’Armée Syrienne Libre et le Jabhat al-Nosra.

Les combattants de Nosra dans le sud utilisent bien entendu des ermes et d’autres équipements que les unités de l’Armée Syrienne Libre reçoivent de la CIA et d’autres services secrets. Ces groupes combattent ensemble et partagent naturellement leurs ressources.

En octobre, un mois après que j’ai signalé les opérations dans le sud, le Washington Institute, une pièce du lobby sioniste aux Etats Unis, a reconnu ces plans et a exhorté à plus de soutien d’Israël et des Etats Unis sur le front sud. Il minimisait bien sûr sciemment la participation d’al-Nosra.

Une assistance coordonnée dans le sud de la part des Jordaniens, des Israéliens et des alliés pourrait permettre de renforcer les rebelles syriens modérés dans cette région, d’éviter une prise de contrôle par les extrémistes et faciliter la campagne en cours contre l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Pour l’instant, l’essentiel du soutien israélien aux bataillons locaux modérés et non islamistes le long de la frontière s’est borné à une aide humanitaire, tels les soins apportés à 1 4000 Syriens malades et blessés dans des hôpitaux israéliens, la fourniture de médicaments, de nourriture et de moyens de chauffage à des villageois etc. Certains groupes rebelles sont en contact constant avec l’armée israélienne, avec par exemple de fréquentes réunions secrètes qui se tiendraient à Tibériade, mais seule une petite quantité d’armes leur a été fournie, essentiellement des lance-roquettes.

Les opérations dans le sud n’ont rien à voir avec l’EIIL qui reste peu présent dans le sud, mais sont exclusivement dirigées contre l’armée syrienne, le gouvernement syrien et la population de Damas. Les combats sont conduits, comme l’a reconnu Reuters aujourd’hui, par des miliciens du Jabhat al-Nosra et un soutien américain et israélien est apporté aux groupes locaux de l’Armée Syrienne Libre qui sont étroitement alignés avec al-Nosra.

Les Etats Unis et Israël sont certainement au courant ce ce que Reuters rapporte et que nous avions affirmé auparavant. Ils ont armé et continuent à armer des groupes qui coopèrent étroitement et partagent avec al Qaïda leurs ressources obtenues auprès d’Israël et des Etats Unis.

Trois femmes puissantes ou la Turquie et son casse-tête kurde

12 janvier 2013

On ne peut pas dire que la presse française en fasse des tonnes sur l’affaire des trois militantes Kurdes assassinées à Paris il y a quelques jours (pour le coup, ce sont elles qui ont eu la tête fracassée).

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Les trois militantes du PKK assassinées à Paris

Slate nous dit cependant que:

Frapper Sakine Cansiz, c’est donc frapper Abdullah Öcalan, alors qu’il négocie de sa prison d’Imrali avec les services secrets turcs et qu’on venait tout juste d’apprendre qu’un accord cadre serait en vue.

Slate rejoint ainsi la position officielle turque telle qu’elle a pu être exprimée par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan:

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a dénoncé jeudi l’exécution déplorable de trois femmes kurdes à Paris, retrouvées mortes dans la nuit tuées d’une balle dans la tête.

« Il nous faut être patient et attendre que les autorités fassent la lumière sur cet incident. Il pourrait s’agir d’un règlement de compte interne (au sein du PKK) ou d’une provocation pour tenter de perturber nos efforts de bonne volonté pour avancer dans le cadre du processus de paix », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse Anatolie

Mais les choses ne sont peut-être pas si simples ainsi qu’on peut le subodorer en voyant le premier ministre turc employer le mot « exécution » au lieu d’assassinat. Un mot auquel l’adjectif « déplorable » peine à ajouter une réelle dimension émotionnelle.

De son côté, RFI évoque trois pistes possibles: celle d’un conflit interne au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), un coup des services secrets turcs sur ordre de leur gouvernement pour faire capoter les discussions en cours et faire porter le chapeau ausx radicaux du PKK et enfin une action des Loups Gris, le mouvement nationaliste turc d’extrême droite.

J’observerai qu’on peut sans difficulté fusionner la deuxième et le troisième hypothèse, ce qui nous laisserait seulement deux éventualités.

Et l’hypothèse d’une action ses services secrets turcs est des plus probables, pour des raisons de simple logique.

On sait par exemple que la démarche bassement électoraliste du premier ministre Turc dans son « dialogue » avec le PKK est admise par tous les observateurs même si certains pensent qu’il peut en sortir du positif.

Pourtant, la crise syrienne a donné l’occasion au premier ministre Turc de démontrer son hostilité absolue à de véritables discussions avec les Kurdes et, au contraire, de sa volonté de les amener à se soumettre en échange de quelques mesures symboliques.

Mais Ergogan comme les Kurdes eux-mêmes savent très bien que la concrétisation du projet national kurde n’a jamais été aussi proche qu’aujourd’hui et que c’est le gouvernement turc lui-même qui, avec sa politique bizarroïde (il n’y a pas d’autre mot) relativement à la Syrie et à Irak a favorisé cet état de fait.

Je ne veux pas dire par là que les Kurdes vont réaliser leur projet national, mais que le prix à payer pour les en empêcher sera plus élevé que jamais.

Un autre élément qui plaide en faveur de l’hypothèse d’un meurtre commandité par les autorités turques est à chercher dans d’autres propos de M. Erdogan, ceux par lesquels il réagit à des mots du président Français, François Hollande.

On peut lire en effet dans une dépêche Reuters du 12 janvier:

Meurtres de Paris-Erdogan demande des explications à Hollande

M. Erdogan ne demande pas au président Français de faire la lumière sur le triple meurtre à Pais mais réagit à ces propos de M. Hollande:

« C’est directement trois personnes dont l’une était connue de moi et de beaucoup d’acteurs politiques parce qu’elle venait régulièrement nous rencontrer », a déclaré jeudi François Hollande.

Propos qui ont suscité le mécontentement du premier ministre Turc qui a adressé cette sommation au chef de l’Etat français

« Le président français doit expliquer à l’opinion turque et au monde pourquoi il avait rencontré des membres d’une organisation terroriste ».

Une petite phrase où on peut voir tomber le masque d’Erdogan qui qualifie sans hésiter les trois victimes de membres d’une « organisation terroriste ». On peut donc conclure que ce que M. Erdogan jugeait déplorable dans « l’exécution » de ces trois militantes Kurdes, c’était la méthode. Peut-être aurait-il préféré la strangulation?

Et l’organisation terroriste est celle-là même avec laquelle son gouvernement est supposé avoir engagé des négociations sérieuses et sincères!

En difficulté sur son propre territoire, l’armée turque peut remercier Recep Tayyip Erdogan

22 octobre 2012

Le gouvernement turc a joué avec le feu en Syrie, en offrant refuge et armes aux bandes armées qui sèment le chaos dans ce pays.  Il en subit dores et déjà les conséquences avec une recrudescence de l’activité de l’opposition armée kurde déterminée à faire aboutir son projet national.

Un projet  que rejettent bien entendu vigoureusement les autorités d’Ankara qui exercent une répression sans merci qui s’étend jusque dans l’Irak voisin.

Un Irak où le gouvernement turc pactise ouvertement avec la province kurde autonome qui va bientôt commencer des livraisons d’hydrocarbures à la Turquie au grand dam du pouvoir central de Bagdad réduit au rang de simple spectateur.

On remarquera au passage qu’une des compagnies pétrolières engagées dans le négoce du pétrole du Kurdistan irakien n’est autre que Vitol, une société liée au gouvernement conservateur britannique et qui était chargée de fournir du carburant aux prétendus rebelles qui combattaient le régime de Mouammar Kadhafi en Libye.

En agissant ainsi,  le gouvernement turc ne semble même pas se rendre compte qu’il encourage les Kurdes dans leur projet national, un projet qui passe par la disparition de la Turquie dans la configuration territoriale que nous lui connaissons.

On peut êtres certes favorable à la concrétisation d’un projet national kurde, mais comme on le sait,  Recep Tayyip Erdogan n’a jamais laissé entendre qu’il voulait aller dans cette direction.

Or sa politique a donné des ailes (pas des avions, pas encore) à l’action armée du PKK qui dispose aujourd’hui d’une marge de manoeuvre inconnue depuis longtemps, avec deux régions kurdes autonomes, l’une en Irak et l’autre en Syrie, qui sont autant de soutiens moraux que matériels et peuvent jouer le rôle de bases de repli. Ce n’est pas encore le cas pour la région syrienne, mais si la crise perdure en Syrie, les choses n’en resteront pas là.

La situation militaire est à ce point dégradée en Turquie même que le gouvernement d’Ankara qui roule des mécaniques contre le pouvoir de Damas, n’est même plus capable d’assurer la sécurité de la logistique de son armée sur son propre territoire ainsi que les Turcs peuvent l’apprendre dans leur presse:

Le ravitaillement pour l’armée largué du ciel pour des raisons de sécurité

Istanbul, Hürriyet (Turquie) 22 octobre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’état-major de l’armée turque a ordonné que toutes les livraisons pour l’armée soient effectuées par la voie aérienne afin d’éviter que les convois de véhicules militaires qui circulent sur les routes tombent dans des embuscades tendues par de présumés membres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) illégal, a rapporté aujourd’hui le journal Hürriyet.

Tous les soldats qui se rendent à leurs bases où les permissionnaires qui quittent leurs postes en zone rurale seront transportés par hélicoptère reliant les villes à leurs postes d’affectation, selon une déclaration publiée par l’état-major la semaine dernière.

L’état-major aurait décidé de procéder ainsi dans le cadre d’un certain nombre de mesures de sécurité dans les régions où le risque terroriste est élevé.

128 bus de pèlerins Turcs refoulés par les autorités irakiennes

18 octobre 2012

En prenant position comme elle l’a fait sur le dossier syrien, c’est-à-dire en participant activement non seulement à la structuration politique de l’opposition au régime de Damas mais aussi à l’équipement et à la formation militaire des bandes armées qui sèment le chaos en Syrie, la Turquie a foncé tête baissée dans le piège que lui a tendu l’Occident.

Elle n’en sera récompensée ni par une accession à l’Union Européenne, ni même par un abandon définitif des projets de législation sur le génocide arménien.

En attendant, la Turquie doit assumer en grande partie le fardeau que constitue l’aide aux réfugiés de Syrie, pour la bonne raison qu’elle refuse de laisser les institutions internationales (ONU, Croix Rouge entre autres) administrer les camps de réfugiés (pour l’autre bonne raison que ce ne sont pas de simples camps de réfugiés, mais aussi des camps d’entraînement militaire) et son commerce avec la Syrie s’est réduit à presque rien, au grand dam des entreprises des régions limitrophes de la Syrie. L’impossibilité de faire transiter des marchandises destinées aux marchés jordanien et au delà saoudien ou koweïtien par la Syrie est aussi un problème sérieux pour l’économie turque.

A ces aspects s’ajoutent d’autres problèmes plus politiques qui sont autant de menaces pour l’unité de la Turquie.

Au niveau régional, les relations avec l’Arménie, déjà pas très bonnes sont devenues carrément exécrables, tandis que celles avec l’Iran sont passées de bonnes ou même chaleureuses à un niveau oscillant entre tiédeur et froideur.

Et puis il y a l’Irak, ce pays révélateur des contradictions de la Turquie. Ankara a prétendu entretenir de bonnes relations avec Bagdad tout en court-circuitant l’autorité centrale du pays afin de passer des accords dans le domaine pétrolier directement avec la province autonome du Kurdistan irakien.

Autant de choses qu’Ankara refuserait, même en rêve, pour les Kurdes de Turquie que l’armée et la police turques combattent sans relâche non seulement sur le sol turc mais aussi en territoire irakien.

Et le gouvernement turc le fait en fonction d’un «mandat » qui lui est attribué par le parlement… turc !

Ce mandat vient d’être renouvelé par les législateurs d’Ankara alors même que le gouvernement irakien a fait savoir qu’il s’opposait à ce  que l’armée turque intervienne sur son territoire.

Mais il n’y a pas de problème puisque :

le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu s’est entretenu lundi à Ankara avec des dirigeants Kurdes d’Irak pour obtenir leur soutien dans la lutte menée par les forces turques contre le PKK.

Je dirai seulement une chose aux dirigeants Turcs : à force d’actionner et de soutenir des forces centrifuges dans les pays voisins, vous récolterez ce que vous aurez semé, c’est-à-dire la mise en branle de ces mêmes forces dans votre pays.

En attendant, le régime irakien est furieux de tout ce qui se passe, aussi bien dans le Kurdistan qu’en Syrie où le dénouement de la crise pourrait s’avérer funeste en cas d’accession au pourvoir des poulains de la monarchie saoudienne. La recrudescence des attentats meurtriers attribués à des organisations pro saoudiennes n’est d’ailleurs qu’un avant-goût de ce qui attendrait alors l’Irak.

Les autorités irakiennes, sans doute lasses de ne pas être entendues par celles d’Ankara, essayent cependant de leur montrer que la patience a des limites. C’est ainsi qu’on apprend que 128 autocars transportant des pèlerins pour La Mecque viennent d’être refoulés alors qu’ils s’apprêtaient à entrer en Arabie Saoudite par le poste frontière d’Arar au sud-est de l’Irak.

les bus n’ont pas été autorisés à passer à Arar parce que les visas des passagers avaient été délivrés par les autorités régionales kurdes et non par le gouvernement central, ont déclaré des officiels.

Point de passage d’Arar

«Ni Ankara, ni l’ambassade turque à Bagdad n’ont contacté les autorités irakiennes à propos de l’entrée d’un aussi grand nombre» de personnes et «nous ne savons pas vraiment si ce sont des pèlerins,» partis pour La Mecque, a déclaré Mussawi [conseiller du premier ministre Irakien].

Pèlerins Turcs au poste frontière d’Arar. Ceux-ci ont les documents de voyage adéquats

Mussawi fait apparemment une allusion assez transparente aux pèlerins Iraniens capturés en Syrie par l’opposition armée et présentés par cette dernière comme étant en réalité des Gardiens de la Révolution.

Pour comprendre ce qui se passe, et ce que ne veut pas comprendre le gouvernement turc, il faut juste savoir admettre que les Kurdes ont un projet national et qu’ils divergent avant tout sur les modalités de sa concrétisation et sur qui doit en assumer le leadership. En nouant des relations étroites avec la province kurde autonome d’Irak, les Turcs ne font que renforcer une faction porteuse de ce projet national, et cette faction se retournera contre eux le jour où elle sera assez sûre de sa force.

Qu’on le veuille ou pas, le projet national kurde, sous sa forme actuelle, est antithétique avec le maintien de la carte de la région telle qu’elle a été fixée au lendemain de le 1ère guerre mondiale.

D’un autre côté, les Turcs devraient aussi savoir que le pouvoir de Bagdad dont la nature centrale reste bien théorique aspire de toutes ses forces à redevenir un véritable pouvoir central, exactement comme au temps de Saddam Hussein.

Ce pouvoir est chiite, nous dit-on. Et constitué de personnes hostiles à l’ancien régime irakien. La belle affaire ! C’est un pouvoir d’abord irakien au sens où il est de cette terre et de ce pays et qu’il ne peut que reprendre un projet sans lequel il ne sera plus question d’Irak.

Espérons quand même que le problème du passage des pèlerins pourra être résolu car ils ne sont sans doute que les victimes des agissements de leur gouvernement.

Soli Özel dissèque la politique syrienne du gouvernement turc

25 août 2012

C’est toujours intéressant de chercher à comprendre la politique turque dans la région où ce pays est ancré. En effet, après avoir suscité beaucoup d’espoirs et d’attentes, la Turquie dirigée par le parti AKP de M. Recep Teyyip Erdogan a énormément déçu en finissant par retourner dans le giron de l’OTAN.

Curieusement, le tournant des prises de position turques a été l’intervention en Libye où, après quelques hésitations, Istanbul avait rejoint les faiseurs de démocratie Occidentaux et jordano-qataris.

Une participation somme toute discrète à une opération couronnée de succès comme l’on sait.

Ce qui a sans doute encouragé le gouvernement turc a adopter la position qu’on lui connaît sur le dossier Syrie après avoir été adéquatement stimulé par Alain Juppé et David Cameron.

Mais la Syrie n’est pas la Libye. Il y a tout d’abord le fait que la Syrie a une longue frontière commune avec la Turquie et que comme cette dernière elle comporte des minorités ethniques ou religieuses dont plusieurs sont présentes en nombre dans les deux pays : Alaouites, Kurdes, Arabes Sunnites (ces derniers formant avec les Alaouites la minorité arabe de Turquie). La Turquie comporte en outre une importante minorité alevie (à ne pas confondre avec les Alaouites) qui a clairement fait part de son inquiétude..

Tout ça pour dire qu’un ébranlement majeur en Syrie ne saurait être sans conséquences sur la Turquie, surtout avec la mentalité sectaire d’une bonne partie de ceux qui ont pris les armes contre le gouvernement syrien.

Ensuite, la Syrie bénéficie de soutiens de poids qui ne se sont jamais démentis, ceux de l’Iran, de la Russie et de la Chine tandis que d’autres pays tentent de se débarrasser du carcan mortifère que constitue le groupe dit des «Amis de la Syrie.»

Et puis l’armée syrienne, c’est sans doute autre chose que l’armée libyenne qui, si elle a prouvé sa capacité à réduire les rebelles, n’a rien pu faire devant l’aviation de l’OTAN. L’équipement de l’armé syrienne est sans doute en bonne parie obsolète, avec ses nombreux MIG 23 et même MIG 21, mais il est probable qu’elle ferait payer le prix fort au pays même coalisés qui agresseraient la Syrie. 

Vaincre ces pays, c’est une autre affaire…

La gestion du dossier syrien génère en Turquie un débat qui risque de prendre encore plus d’ampleur avec le retour au premier plan de la question kurde en lien avec les développements sur la scène syrienne.

L’universitaire Turc Soli Özel nous explique l’importance de certains enjeux pour son pays.

Tout en critiquant sévèrement la démarche moralisatrice adoptée par son gouvernement, il nous dit benoîtement ignorer les principes qui fondent les prises de position et les actes de son pays devant la crise syrienne.

Et il les ignore parce que son gouvernement ne veut pas communiquer à ce sujet préférant se retrancher derrière des arguments moralisateurs bien commodes pour faire taire les curieux et les sceptiques.

Soli Özel

Mais, dirai-je, la Turquie n’a pas le monopole de ce genre d’attitude puisque nous voyons qu’en France, quelqu’un de très mal placé pour donner des leçons, nous a expliqué que Bachar al-Assad n’avait plus sa place sur cette terre !

Des fous sanguinaires en costume cravate, je vous dis.

La politique syrienne de l’AKP basée sur la morale ne marche pas, affirme un chercheur universitaire

ISTANBUL- Hürriyet (Turquie) 25 août 2012

Le gouvernement turc a été incapable d’expliquer à l’opinion quel est l’intérêt national de notre pays dans sa politique syrienne, ce qui l’a amené à justifier ses actions de manière insuffisante sur la base de la moralité, selon le chercheur Soli Özel. L’argument moral ne peut être qu’un aspect d’une politique étrangère mais pas l’essence de cette dernière,’ dit-il.

La Turquie a perdu le précieux avantage qui consistait à rester au-dessus de la mêlée des divisions sectaires e la région moyen-orientale, affirme l’universitaire Soli özel, qui observe que la Turquie s’est désormais immiscée dans une lutte s ans merci le long de lignes sectaires, c’est là que sa politique étrangère basée sur des ‘principes moraux’ a été mise en défaut.

La politique étrangère, ce n’est pas la morale, affirme Özel à propos des déclarations du gouvernement selon lesquelles il agit moralement, répondant ainsi aux détracteurs de sa politique syrienne.

«Reprocher à ses détracteurs d’être amoraux est immoral,» a déclaré Özel à Hürriyet au cours d’un récent entretien.

Les leaders d’opinion et les journalistes semblent polarisés par rapport à la politique du gouvernement sur la Syrie : une partie lui apporte son soutien inconditionnel, tandis que l’autre la critique avec vigueur. Où vous situez vous dans ce débat ?

Je refuse de m’exprimer dans les termes définis par le gouvernement dont la politique est à mon avis tortueuse. Avant que ce gouvernement découvre que le président Syrien Bachar al-Assad était un homme malfaisant, il y avait suffisamment de gens dans ce pays qui avaient fait connaître leurs points de vue, disant ne souffrir les relations avec la Syrie que sur la base de la Realpolitik mais qu’ils avaient mal au cœur parce que c’était un régime répréhensible.

Donc, ceux qui critiquent ceux qui critiquent la politique du gouvernement en insinuant qu’ils soutiennent al-Assad ne disent pas la vérité, et en essayant de tout enfermer dans un discours moralisateur, ils se comportent eux-mêmes de manière immorale.

Bachar doit partir, et il partira. La question n’est pas de savoir si vous soutenez ou pas al-Assad, mais de savoir si vous gérez correctement votre politique en fonction du contexte régional et mondial actuel de sorte à atteindre cet objectif dans trop de dégâts – pas seulement pour le peuple syrien mais aussi pour vos intérêts nationaux ? Sur ce point, je ne suis pas tout à fait convaincu que le gouvernement ait poursuivi la bonne politique.

Pouvez-vous développer ? Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

Nous sommes en ce moment la base pour une guerre secrète contre le gouvernement d’un pays voisin. Le fait que le gouvernement de ce pays est illégitime ne change pas le fait que nous sommes ce que le Honduras était au Nicaragua dans les années 1980. Le régime irakien était illégitime, mais nous n’avions pas permis l’installation de bases opérationnelles sur notre territoire pour organiser des attaques contre ce gouvernement. En fait nous nous enorgueillissons de ne pas avoir collaboré avec les Etats Unis pour leur guerre contre un autre régime illégitime.

Le soutien ouvert et flagrant à une guerre secrète contre le régime syrien place la Turquie dans le camp des puissances sunnites, même si le gouvernement proteste du caractère œcuménique de sa politique. Le fait que le gouvernement est incapable de convaincre – pas seulement sa population mais qui que ce soit dans le monde – que sa politique est œcuménique est quelque chose qui doit nous parler.

Il y a un transfert massif d’armes vers les rebelles en Syrie via la Turquie. Je ne remets pas en cause la légitimité de la résistance au régime syrien. Je m’interroge sur les moyens, en matériel et en discours, qui sont mobilisés pour soutenir cette opposition.

Le résultat net de la politique turque est que nous avons maintenant des relations inamicales avec l’Iran, qui est influent en Irak, pays avec lequel nous n’avons pratiquement plus de relations maintenant. Nous ne sommes pas en phase avec la Russie non plus.

C’est un fait que le principe du zéro-problème nous donne dans les circonstances actuelles l’image d’un pays qui a des problèmes avec tous ses voisins à l’est et au sud. Je ne vais pas m’étendre sur ce point.

Je ne crois pas que c’était la faute de la Turquie, ou la faute du principe [du zéro problème].C’est le résultat d’une incapacité à ajuster la politique de la Turquie à un environnement tumultueux dans lequel l’histoire s’accélère. Notre ministre des affaires étrangères comprend sans doute très bien l’importance historique de cette transformation, mais il ne parvient pas à ajuster la politique turque d’une manière qui permettrait de réduire les dangers qui découleront des évènements en cours. C’est le problème.

Quand on nous demande si nous devrions continuer à serrer la main d’un dictateur sanguinaire, j’aimerais rappeler à tout le monde que le dictateur sanguinaire était déjà un dictateur sanguinaire avant, aussi – il avait juste tué moins de gens à l’époque que depuis mars 2011. Il faut une zone grise qui se situerait entre avoir des dîners en privé avec un dictateur sanguinaire et couper toutes les relations avec son régime. La Turquie est devenue un acteur moins influent qu’elle aurait pu l’être autrement.

Dans sa réponse aux critiques, le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu dit que la Turquie n’aurait pas pu se présenter devant les rues arabes si elle n’avais pas fait le choix de se ranger au côté du peuple.

Quelles rues arabes ? Quel peuple ? Les Chrétiens, les Syriaques, les Nusaïris et les Sunnites laïques sont-ils nécessairement des admirateurs de la politique turque ? Toutes les informations dont je disposé donnent à penser que la population d’Alep est très mécontente de la présence de l’Armée Syrienne Libre (ASL). Mais l’ASL trouve des armes qui lui sont fournies par le Qatar et l’Arabie Saoudite et qui transitent par les frontières turques.

Le fait que la Turquie est maintenant vue comme une puissance inamicale par les Chiites dans la région est un échec de la part de la diplomatie turque. Gardez en mémoire qu’un citoyen Turc est retenu par une tribu chiite au Liban qui dit qu’elel le tuera pour punir la Turquie si elle n’obtient pas ce qu’elle veut [la libération de membres de cette tribu prisonniers des « rebelles » en Syrie]. Est-ce là l’image que nous voulons donner au reste du monde ?

La Turquie n’affirmait-elle pas que sa politique étrangère réussissait parce qu’elle se tenait à équidistance de tous ? Quand vous regardez en ce moment, nous ne sommes capables de parler avec aucun de nos voisins.

Mais vous avez dit vous-même que les circonstances ont changé et que ce n’était pas forcément la faute de la Turquie.

Lorsque, pour une raison ou  votre principe ne peut plus être appliqué, vous devez concevoir votre politique de sorte à ce que quand vous cherchez tout seul à obtenir l’éviction de Bachar vous puissiez garder des relations normales avec les autres voisins ; ce que nous avons échoué à faire. Il est évident qu’ils [les dirigeants Turcs] avaient surestimé leur influence que le régime syrien, ce qui devrait nous amener  à interroger la sagesse des politiques qui ont été menées ces huit dernières années. Puis ils ont pris une position très forte contre le régime, soutenant une guerre secrète à partir du territoire turc, particulièrement les zones frontalières où les opinions sont très partagées sur ce qu’il est bon ou mauvais [de faire].

Mais le gouvernement a demandé à ses détracteurs, «Qu’aurions-nous dû faire ? Rester assis et regarder Bachar tuer son propre peuple ?

La politique étrangère, ce n’est pas la morale. En faire maintenant une affaire de morale et reprocher à ses détracteurs d’être amoraux est en soi immoral. Je pense que Bachar doit partir et il partira, mais à quel prix ? A quel prix pour la population syrienne ? On peut aussi dire, si vous êtes si moral, pourquoi n’intervenez-vous pas militairement vous-même au lieu d’attendre que la communauté internationale vous en donne la permission ? Même dans ce cas, vous ne seriez pas disposé à la faire seul.

Les autorités turques ont régulièrement affirmé que leurs alliés leur avaient apporté leur soutien pour une action [éventuelle], mais quand les choses se gâtent, il n’y a plus personne. Ce qui nous donne à comprendre où se situe le mauvais calcul effectué par nos dirigeants.

A un moment, les Turcs ont cru qu’il y aurait une intervention militaire occidentale.  Mais n’importe qui ayant examiné l’expérience libyenne pouvait comprendre qu’il n’y avait aucune possibilité pour qui que ce soit d’intervenir en Syrie. Prétendre que nous avons été induits en erreur ne donne pas une bonne image de la diplomatie turque en termes de capacité d’anticipation.

Quand vous commencez à fournir des armes aux rebelles et que vous faites ça pour les meilleurs raisons morales, vous créez une situation par laquelle vous prolongez le conflit.

Si l’opposition n’avait pas été armée, Bachar aurait continué à tuer. De quelles autres options disposait le gouvernement qui a critiqué ses détracteurs pour ne pas s’être rangés du côté de la morale ?

Comme le gouvernement ne pouvait pas expliquer réellement à l’opinion quel était l’intérêt national dans tout ça, il s’est constamment appuyé sur l’argument moral. L’argument moral ne peut être qu’un aspect de la politique étrangère mais pas son fondement. La Syrie est très importante parce que l’agitation dans ce pays affectera la stabilité en Turquie même, ne serait-ce qu’en vertu de l’incroyable instabilité qu’elle va générer – et qu’elle a déjà commencé à générer – dans la région. Le problème interne à la Syrie de la rébellion contre un dictateur s’est transformé en lutte à couteaux tirés entre des puissances régionales et des puissances extérieures, et cet affrontement se fait le long de lignes sectaires.

La Turquie se retrouve maintenant plongée dans une compétition géopolitique qui est définie en termes sectaires. L’avantage qu’avait la Turquie avant le déclenchement de la crise syrienne était que la Turquie n’était pas partie prenante des divisions sectaires dans la région. Nous avons maintenant le résultat d’un an et demi de cette politique, et ce résultat ne me frappe pas comme étant une brillante réussite. Quant à l’action différente qui aurait pu être menée, j’aimerais bien que mon gouvernement me dise exactement comment il définit nos intérêts nationaux – pas en termes moralisateurs – et pourquoi il a accusé tous ceux qui soutenaient Bachar de le faire pour des raisons sectaires, important ainsi dans notre pays les divisions sectaires de la Syrie, puis de l’Irak et du Liban.

Qu’est-ce qui motive le gouvernement ?

Les Sunnites vont arriver au pouvoir ; parmi les Sunnites, les Frères Musulmans seront la force prédominante. Avec la Tunisie et l’Egypte, il y aura des gouvernements de la même famille politique tout autour de nous à l’exception de l’Irak. Je sais qu’ils protestent quand on leur reproche leurs politiques sectaires, mais c’est ainsi que leurs politiques sont lues ailleurs dans le monde.

Une politique étrangère ne peut pas reposer sur des motivations idéologiques ou sectaires ; si c’est le cas, vous commettrez certainement des erreurs.

Quelles seront les conséquences de la crise syrienne sur la question kurde ?

Elle enhardit le PKK (le Parti des Travailleurs du Kurdisan, illégal). En termes historique, ce qui se passe est le démantèlement d’un ordre régional qui a été créé sur les décombres de l’Empire Ottoman, principalement par la Grande Bretagne et la France.

Cet ordre était fondé sur la suprématie incontestée des Arabes Sunnites. Ce que nous voyons, c’est l’effondrement de cet ordre et la création d’un ordre nouveau. En termes historiques, l’arrangement (franco-anglais) de 1918 – 1922 n’avait pas reconnu à la très importante population kurde son droit à l’autodétermination. Cette fois-ci, il semble que les Kurdes vont être les gagnants du nouvel ordre en train de se former. Il y a environ 30 millions de Kurdes répartis sur quatre pays ; dans une période de renouveau du nationalisme partout, ceci est une conséquence politique de la dissolution du nouvel ordre régional.

Le meilleur atout du gouvernement consistait à porter sur la situation le regard qui s’imposait ; c’est-à-dire un regard en termes historiques. Le gouvernement n’a pas accordé crédit aux théories du complot. L’ironie veut que si vous regardez les choses d’un point de vue historique, le fait que les Kurdes ont désormais voix au chapitre sur leur destin fait aussi partie du processus historique. Il montre aussi à quel point la Turquie, gouvernement inclus, a commis une erreur en ne réglant pas son propre problème kurde et en marginalisant complètement le PKK. Même si la question kurde est résolue, le PKK pourrait continuer ses actes de violence qui sont ce dont il se nourrit.

Comme nous avons nos propres lignes de faille ethniques et sectaires à prendre en considération, ce gouvernement aurait dû être plus prudent – tant dans sondiscours que dans sa politique.

Qui est Soli Özel?

Soli Özel est éditorialiste pour le quotidien Habertürk, où il est aussi rédacteur en chef de la rubrique politique étrangère.

Il fait partie actuellement de l’équipe professorale de l’université Kadir Has à Istanbul.

Il a un diplôme de master spécialisé sur le Moyen Orient obtenu à la John Hopkins University’s School of Advanced International Studies. Il a publié de nombreux articles dans des journaux étrangers et dans des revues universitaires. Il a récemment co-écrit : ”Turkey: Model, order-setter or trade partner,” publié par l’Istituto Affairi Internazionali et le German Marshall Fund.

Son article “Turkey in the face of Eurosclerosis” pour le German Marshall Fund sera publié le mois prochain

La Syrie et le cauchemar kurde du premier ministre turc Recep Teyyip Erdogan

28 juillet 2012

On l’a évoqué sur ce blog, mais cet aspect est sans doute trop négligé quand on parle de la situation en Syrie et du rôle de la Turquie.

Je veux parler de la question kurde.

Chacun sait que la population kurde est répartie entre quatre Etats, à savoir l’Iran, la Turquie, l’Irak et la Syrie, ce dernier pays en accueillant la plus petite fraction. Les Kurdes représenteraient entre 6 et 10 % de la population totale de la Syrie, un pays d’environ 21 millions d’habitants.

Le séparatisme kurde est actif dans les quatre pays cités, mais il a une vigueur particulière en Turquie et en Irak.

En Turquie, la guérilla kurde n’a jamais désarmé et connaît même ces derniers temps un regain d’activité. L’armée turque exerce bien entendu une répression qui la pousse même à intervenir dans l’Irak voisin par l’envoi de forces aériennes ou terrestres.

Côté irakien, il n’y a plus de guérilla à proprement parler puisque, conséquence de l’intervention des Etats Unis dans ce pays, il existe une province kurde autonome dotée d’une sorte d’armée.. Les seuls guérilleros Kurdes en Irak sont des Kurdes de Turquie.

Autonomie est un mot faible pour caractériser la situation politique du Kurdistan irakien puisque la province en question a presque toutes les caractéristiques d’un Etat souverain.

Par exemple, tout récemment, Massoud Barzani, le président de cette région autonome a été reçu par les autorités d’Ankara qui ont décidé de signer avec lui un contrat d’approvisionnement pétrolier.

Au grand dam du gouvernement irakien qui y voit, à juste titre, un déni de sa souveraineté et, à contrario, la reconnaissance d’une indépendance de la province.

De fait, reconnaître aux Kurdes du pays voisin ce qu’Ankara refuse complètement ne serait-ce que d’étudier pour les Kurdes sous sa juridiction dénote une certaine légèreté de la part du gouvernement turc.

Une légèreté que les récents évènements de Syrie mettent particulièrement en lumière.

En effet, il s’avère que le Kurdistan syrien est devenu de facto, et partiellement, autonome. Les Kurdes ont en effet tiré parti du fait que l’armée syrienne évitait leur région, proche de la Turquie, pour éviter un incident qui aurait servi de prétexte à ce représentant local de l’OTAN. Le détail des évènements montre cependant que l’autonomisation s’est faite en concertation avec le gouvernement syrien, ce qui explique que McClatchy écrive que Assad a cédé ou transmis le contrôle de la région au PYD (Union Démocratique du Kurdistan), le parti kurde local. Les Kurdes de Syrie ont indiqué clairement rechercher l’autonomie et non l’indépendance.

Cependant, le PYD est réputé être proche du parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) que le gouvernement turc considère comme une organisation terroriste.

Inutile de dire que le gouvernement turc ne décolère pas et redouble de menaces à l’encontre de la Syrie.

Recep Teyyip Erdogan, s’il s’était contenté de regarder la situation depuis Ankara et non depuis Bruxelles (siège de l’OTAN) ou de Washington aurait compris que la crise syrienne était grosse d’une telle évolution qui aurait pu, que ce soit souhaitable ou pas, être évitée si son pays avait joué un rôle modérateur et facilitateur de dialogue plutôt que de jeter de l’huile sur le feu.

Autre motif de colère maintenant pour M. Erdogan, le président du Kurdistan  irakien Massoud Barzani a engagé sans délai une coopération avec les responsables de la nouvelle région autonome. Et il l’a fait en plus sans prévenir le gouvernement turc !

De toute façon, Erdogan considère cette autonomie kurde en Syrie non seulement dangereuse pour son pays, mais inutile :

Observant qu’il y avait déjà un Syrien d’origine kurde à la tête du Conseil National Syrien, Erdogan a déclaré, «C’est une mauvaise approche que de mettre en place un Conseil National Kurde Syrien.

Apparemment le premier ministre Turc n’a jamais envisagé l’existence d’un projet national kurde concernant les populations kurdes dans les quatre pays où elles sont réparties !

Ni que l’affaiblissement d’Etats comme la Syrie aujourd’hui, l’Irak hier et peut-être l’Iran demain était de nature à favoriser l’expression si ce n’est la concrétisation de cette aspiration.

Franchement, à force de se croire européens, les politiciens Turcs se sont comportés comme des étrangers dans la région.

Cette histoire d’autonomie kurde en Syrie a été l’occasion pour le magazine Le Point de faire ce titre assez ahurissant :

Syrie: Kurdes et Arabes s’unissent contre Assad, et sont prêts à aussi combattre le PKK

C’est dommage que Riad al-Asaad, le patron de l’Armée Syrienne Libre (ASL) ne lise pas le Point car il aurait pu éviter de déclarer ce qui suit :

une Syrie post-Assad ne comprendra pas un Etat kurde indépendant ou une région semi-autonome.

Nous voulons un drapeau, un pays, » a déclaré vendredi ce leader selon le journal Bugün. «Nous n’accepterons pas la sécession d’un mètre carré du territoire syrien et nous irons à la guerre, » a-t-il dit.

Riad al-Asaad

Où peut-être Le Point devrait-il être un peu plus prudent ?

La Syrie et les dangereux fantasmes de la diplomatie turque

29 avril 2012

J’avais déjà écrit que l’action du gouvernement turc en Syrie ne fait pas l’unanimité en Turquie et qu’elle inquiète la communauté Alevi, au moins une partie de la communauté arabe de Turquie et le principal parti d’opposition, le Parti Populaire Républicain (CHP).

L’article que je vous propose fait le point sur les motivations de l’opposition turque, cette dernière rappelant opportunément quelques règles élementaires de droit que les autorités turques, mais aussi françaises ou britanniques s’empressent d’enfreindre quand elles estiment que c’est leur intérêt.

Sauf que le CHP n’est pas du tout sûr que l’intérêt de la Turquie soit de prendre parti activement pour la sédition et la guerre civile en Syrie.

Parce que la Turquie en payera forcément le prix que ce soit par une entrée en guerre ou autrement. Il faut quand même rappeler que, contrairement à la Turquie, ni la France, ni la Grande Bretagne ou les Etats Unis n’ont de frontière avec la Syrie.

Dans sa critique de la politique étrangère actuelle du gouvernement turc, le responsable du CHP n’attire cependant pas directement l’attention sur le point qui est peut-être le plus lourd de menaces pour la stabilité régionale. Je veux parler de l’immixtion récente du gouvernement d’Ankara dans les affaires intérieures irakiennes en nouant une sorte de relation d’Etat à Etat avec le Kurdistan irakien.

Ce que le gouvernement turc refuserait de manière catégorique pour son propre Kurdistan !

On a presque l’impression que le gouvernement turc a reçu mandat de l’OTAN pour attiser le feu dans la région.

Quand je pense qu’il y a quelques mois encore, on espérait du rôle modérateur d’une Turquie entraînant par son dynamisme toute une région en même temps qu’elle aurait pu exercer des pressions sur le régime sioniste afin non seulement de lever le blocus de Gaza mais d’avancer vers une solution négociée !

Le rôle de la Turquie au Moyen-Orient « un fantasme dangereux« 

Par  İpek Yezdaniipek,  Hürriyet (Turquie)28 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Faruk Loğoğlu , vice président du Parti Populaire Républicain (CHP), la  principale force d’opposition, a vivement critiqué le ministre Turc des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu pour ses propos sur le rôle pionnier de la Turquie dans le nouveau Moyen orient, les qualifiant  de «fantasme dangereux.»

“Ca me fait seulement sourire. Je l’interprète comme un fantasme. Je n’y trouverais rien à redire si c’était un fantasme inoffensif, mais c’est un fantasme dangereux. Quand le ministre Turc des affaires étrangères, qui est incapable de conduire la politique étrangère de la Turquie,  dit que ‘nous allons être pionniers du changement au Moyen orient, »  il manque de respect aux nations arabes, a déclaré Loğoğlu à la presse le 27  avril. Le CHP organise une conférence internationale baptisée :

 «Saisons du changement : la marche des peuples arabes vers la liberté et la démocratie » les 28 et 29 avril à Istanbul. Les vide présidents du CHP, Loğoğlu and Gürsel Tekin, ont organisé une conférence de presse à Istanbul avant la conférence. Loğoğlu, un ambassadeur à la retraite, a critique sévèrement l’approche des affaires régionales par le parti au pouvoir.

«Ils doivent d’abord gérer la propre politique étrangère de la Turquie. Nous sommes hostiles à l’Arménie, nous avons des jours difficiles avec l’Iran et l’Irak, nous sommes au bord de la guerre avec la Syrie, nous échangeons des menaces avec Israël et nous menaçons la partie grecque de Chypre. Qu’est-ce qui est correct dans cette ligne de la politique étrangère ? »

Loğoğlu a aussi critiqué le gouvernement pour l’accueil en Turquie de l’Armée Syrienne Libre (ASL) d’opposition, affirmant qu’il était contraire au droit et aux règlements internationaux. « La Turquie a pris parti dès le premier jour dans l’affaire syrienne. Le gouvernement turxc a directement exclu le régime et s’est rangé du côté non seulement de personnalités politiques de l’opposition, mais aussi des chefs militaires de l’opposition. Faciliter l’action de l’aile militaire de l’opposition qui cherche à détruire le régime d’un pays est contraire au droit et aux règlements internationaux, » a déclaré Loğoğlu. Le parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir, entraîne la Turquie vers la guerre, a affirmé Loğoğlu. « Ce n’est pas à la Turquie d’attiser les conflits en Syrie en prenant parti. L’attitude du gouvernement [de l’AKP] est mauvaise. Elle est aussi contraire à de bonnes relations de voisinages, » a ajouté Loğoğlu.


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