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Peut-on reprocher à Donald Trump d’avoir secouru un enfant juif?

24 octobre 2018

L’article date de 2015, époque où Donald Trump était en campagne électorale pour le scrutin présidentiel aux Etats Unis.

Le propos de cet article est des plus étranges puisque si il relate un geste humanitaire du futur président à l’égard d’une famille juive dont l’enfant était gravement malade, il semble impliquer que le milliardaire a une quelconque responsabilité à l’égard des malversations financières de la même famille sous couvert d’œuvres de bienfaisance !

La moralité de cette histoire devrait donc être : ne tendez pas une main secourable à une personne (à un rabbin?) car on pourrait vous reprocher les délits qu’elle serait amenée à commettre sans vous demander votre avis et à votre insu.

Un article en français sur ce geste de Trump paru dans un média sioniste francophone ne fait nulle mention de la dérive des parents de l’enfant secouru.

NB: je n’ai pas bien compris la nature du placement dont il est question dans l’article mais j’ai l’impression que c’est une sorte de rente viagère avec capital versé à ayant droit en cas de décès du bénéficiaire de la rente.

Fin tragique pour l’histoire de l’enfant juif « sauvé » par Trump

Le milliardaire s’était porté au secours de la famille Ten et avait transféré leur fils gravement malade de Los Angeles à New York à bord de son avion privé, mais l’histoire ne s’arrête pas là.

par Cathryn J. Prince, The Times of Israel (Sionistan) 25 août 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

New York – C’est par un triste épilogue que s’est terminée l’histoire récemment recyclée de l’aide héroïque apportée par le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump pour permettre à un garçon juif dans un état de santé critique d’accéder à des soins médicaux il y a 27 ans.

En 1988, le rabbin Harold « Hershy » Ten et son épouse Judy étaient à bout. Ils devaient transporter leur fils Andrew, alors âgé de trois ans, de Los Angeles à New York pour y recevoir des soins médicaux. Le bambin souffrait d’une maladie respiratoire rare et non diagnostiquée.

Hershy Ten

2013: le rabbin « Hershy » Ten (2ème à partir de la droite) célèbre Hanoucca à Beverly Hills

Mais les compagnies aériennes avaient refusé de transporter Andrew qui ne pouvait pas sortir de la maison sans certains équipements médicaux dont un respirateur à oxygène portable et un aspirateur de mucus, selon un article archivé de la Jewish Telegraphic Agency (JTA).

Désespérée, la famille fit appel à Trump qui accepta de mettre à disposition son Boeing 727 privé. Dès que l’avion se posa à La Guardia, Andrew fut évacué l’hôpital pédiatrique Schneider du Long Island Jewish Medical Center.

Boeing 727 Trump-vert

Le Boeing 727 privé de Donald Trump (remplacé depuis par un Boeing 757)

Dans l’article de la JTA, le père d’Andrew déclarait, « M. Trump n’a pas hésité quand nous l’avons appelé. Il avait dit, « Oui, je vais envoyer mon avion. » Et la grand-mère Feigy Ten avait déclaré avec enthousiasme, « Donald Trump est un miracle, un miracle tout simplement. »

À l’exception de la mention occasionnelle de l’incident par Trump – il y fait référence dans son livre de 2000  » L’Amérique que nous méritons  » -, cette histoire n’a pas fait l’actualité.

Jusqu’à la semaine dernière quand plusieurs médias ont ressorti l’article de la JTA – sans préciser qu’elle remontait à 27 années en arrière.

Le Times of Israel a appris cette semaine qu’Andrew était décédé dix ans après le «sauvetage» par Trump en 1998. En hommage à leur fils, ses parents avaient parrainé le camp Avraham Moshe pour les adolescents et les jeunes adultes juifs ayant des besoins particuliers.

Le camp de Los Angeles propose plusieurs activités, dont la natation, l’équitation et l’artisanat, le tout dans un cadre juif. Aujourd’hui, le camp fait partie d’ETTA / OHEL, une organisation juive de service social.

L’histoire des Tens a toutefois pris une tournure nouvelle en août 2014 lorsque la Securities and Exchange Commission, la SEC [commission des transactions financières et boursières], a accusé Harold Ten de participer à un stratagème qui «permettait à un groupe de courtiers, de conseillers en investissement et à leurs clients de tirer profit de la mort de malades en phase terminale. « 

Selon la SEC, Ten aurait utilisé sa position de président de Bikur Cholim, une organisation à but non lucratif fournissant aux patients hospitalisés des repas casher et des prêts gratuits d’équipements médicaux, afin d’aider Michael A. Horowitz, un courtier basé à Los Angeles, à identifier, et obtenir des informations personnelles auprès de Juifs en phase terminale.

La SEC a déclaré que les clients investisseurs de Horowitz avaient acheté des rentes [une formule apparentée à l’assurance vie apparemment], NdT], une forme d’assurance ou d’investissement qui verse un paiement annuel à un bénéficiaire déterminé, en désignant les patients en phase terminale comme rentiers. De cette façon, les investisseurs percevaient rapidement le paiement du capital décès et réalisaient des bénéfices considérables aux dépens de la compagnie d’assurance.

Ni l’équipe de campagne de Trump, ni la famille Ten n’ont répondu à nos demandes répétées d’informations à ce sujet.

Les temps changent: une responsable démocrate californienne se permet d’exprimer son mépris pour feu Elie Wiesel

13 juillet 2016

Contrairement à ce qu’on pourrait croire à la lecture de la plupart des journaux, le concert de louanges pour saluer la mémoire d’Elie Wiesel n’a pas été unanime, et cette absence d’unanimité n’est pas propre au monde musulman.

Je vous en livre ici un exemple avec la réaction d’une dirigeante locale du Parti démocrate aux Etats unis.

L’attitude de cette personne est intéressante non seulement par les réactions de protestation qu’elle a suscité chez les représentants du lobby sioniste en Californie, mais surtout par le fait que les instances de son parti ont renoncé à toute mesure disciplinaire ou simple admonestation.

 Au motif qu’elle s’est exprimée à titre personnel. Une mansuétude qui est sans doute aussi signe de plus que les temps changent, lentement mais sûrement, pour le lobby sioniste ; et pas en sa faveur.

Une leader démocrate de Los Angeles sous le feu des critiques après ses propos sur le survivant de l’holocauste Elie Wiesel

par Dakota Smith, Los Angeles Daily News (USA) 6 juillet 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’Anti-Defamation League (ADL, équivalent de la LICRA) élève la voix au sujet d’un email envoyé par une responsable locale du Parti Démocrate dans lequel elle critique Elie Wiesel, le survivant de l’holocauste et lauréat du prix Nobel de la paix qui est mort le 2 juillet.

Dorothy Reik, présidente des Démocrates Progressistes de Santa Monica Mountains et déléguée élue pour le Los Angeles County Democratic party a mis en colère certaines organisations avec son email dans lequel elle tient des propos désobligeants sur Wiesel après son décès.

Dorothy Reik

Dorothy Reik

« J’ai rencontré des gens qui ont fait de l’holocauste leur source de revenus mais jamais au même niveau que l’a fait Wiesel, » a écrit Reik. Elle reprenait aussi dans son email un incident dans lequel une autre personne avait qualifié Wiesel de « p….n de l’holocauste »

Reik, qui est juive, a écrit dans l’email que son opinion ne reflétait pas le point de vue des Progressive Democrats de Santa Monica Mountains et elle a reconnu que la plupart de ses amis et partenaires sne seraient pas d’accord avec elle.

Amanda Susskind, la directrice de l’ADL pour la région Pacifique Sud-Ouest, a posté l’email de Reik sur le site web de l’ADL-Los Angeles. « Alors que le monde entier pleure la mort du lauréat du Nobel et survivant de l’holocauste Elie Wiesel – souvent surnommé la conscience du monde – il est particulièrement inquiétant de voir cette responsable démocrate partager ces mots perfides, même quand ils sont exprimés au titre d’opinion personnelle, » écrit Susskind.

Wiesel, auteur de « La Nuit » est décédé à New York à l’âge de 87 ans. Sa mort a été suivie de nombreuses manifestations d’émotion de la part de dirigeants du monde entier et de politiciens locaux dont Eric Garcetti, le maire de Los Angeles.

Le journaliste Max Blumenthal a écrit un article lundi dernier pour Alternet dans lequel il critique Wiesel pour avoir accepté de donner des conférences moyennant des cachets très élevés payés par des personnalités controversées [des antisémites notoires, NdT] et ne pas avoir pris position en faveur de populations opprimées. Reik avait inclus un lien vers cet article dans son email.

Contactée à son domicile mercredi, Reik a déclaré, « Je m’excuse si j’ai offensé quelqu’un. »

Eric Bauman, président du Parti Démocrate pour le Comté de Los Angeles et vice-président du Parti démocrate californien a déclaré que Reik avait cité un terme utilisé par quelqu’un d’autre et qu’elle exprimait une opinion personnelle.

« Je considère cependant qu’une telle déclaration reflète négativement l’image d’une dirigeante du Parti Démocrate, » a déclaré Bauman dans une interview mercredi. « Il ne semble pas que nous ayons l’autorité pour entreprendre une quelconque action dans la mesure où cela a été fait à titre personnel. »

Estee Chandler, présidente de la section de Los Angeles de Jewish Voice for Peace a qualifié Wiesel d’homme « compliqué ». Il était un « témoin à la morale prophétique qui implorait le monde de ne pas rester silencieux face à l’oppression, » a observé Chandler.

Mais il s’est aussi « abstenu de parler de la même façon des droits des Palestiniens et contre les discours anti-musulmans et l’islamophobie, » a-t-elle dit.

Chandler n’a pas souhaité commenter l’email de Reik.

Qui contrôle Hollywood?

6 mars 2014

Cet article de Joel Stein n’a jamais été intégralement traduit en langue française, et on comprend pourquoi quand on le lit.

Avant de collaborer avec le Los Angeles Times, Joel Stein était une des plumes de Time Magazine.

Joel Stein a été invité à renouer avec ses racines juives

Joel Stein a été invité à renouer avec ses racines juives

Questionné en novembre 2008 par le Jewish Journal sur ce qu’il y a de juif en lui, Joel Stein répondait :

JS: Mon nom, mon visage… Je suis devenu beaucoup plus juif depuis que je suis installé à Los Angeles. C’est la ville la plus juive comparée à New York.

JJ: Allez-vous parfois à la synagogue?

JS : Non, je ne vais jamais à la synagogue. Ma vie est courte. Je ne veux pas perdre mon temps à me casser la tête à me sentir être quelqu’un de meilleur pour une chose à laquelle je ne crois pas. Je suis complètement athée. Je ne vais pas à la synagogue parce qu’on y parle de la Bible et je ne veux rien entendre de ce qu’il y a dedans.

JJ: Alors vous n’êtes pas fan de la Bible ?

JS: Je pense tout simplement qu’elle est du genre violent, égoïste et tribal.

Qui contrôle Hollywood? Allons, dites-le.

Par Joel Stein, Los Angeles Times (USA) 19 décembre 2008 traduit de l’anglais par Djazaïri

Je n’avais jamais été aussi bouleversé par un sondage dans ma vie . Seulement 22 % des Américains pensent que « les indstries du cinémé et de la télévision sont largement contrôlées par les Juifs, » contre près de 50 % en 1964. L’Anti Defamation League [ADL, équivalent américain de la LICRA], qui a publié les réssultats du sondage le mois dernier voit dans ces chiffres une victoire contre les stéréotypes. En fait, le sondage montre seulement à quel point l’Amérique est devenue stupide. Les Juifs contrôlent complètement Hollywood.

A quel point Hollywood est-il juif ? Quand les dirigeants des studios ont acheté une pleine page du Los Angeles Times il y a quelques semaines pour appeler la Screen Actors Guild [SAG, syndicat des acteurs] pour qu’elle signe la convention collective, la lettre ouverte était signée par le président de News Corp, Peter Chernin (juif), le PDG de Paramount Pictures, Brad Grey (juif), le directeur exécutif de Walt Disney, Robert Iger (juif), le PDG de Sony Pictures (surprise, juif hollandais), le PDG de Warner Bros, Barry Meyer (juif) et le directeur exécutif de NBC Universal, Jeff Zucker (méga-juif). Si l’un ou l’autre des frères Weinstein avait signé, ce groupe aurait eu non seulement le pouvoir d’arrêter toute production de films mais aussi de former un minyan [groupe de prière constitué d’au moins dix hommes] acec suffisamment d’eau FIJI dans les mains pour remplir un mikvé [bain rituel juif].

La personne qu’ils pourfendaient dans cette page était le président de la SAG, Alan Rosenberg (faisons une devinette). La réplique cinglante à la page achetée par les studios a été écrite par le super-agent des professions du divertissement, Ari Emanuel (Juif avec des parents israéliens) et publiée dans le Huffington Post qui est la propriété d’Arianna Huffington (qui n’est pas juive et n’a jamais travaillé à Hollywood).

Les Juifs sont si dominants que j’ai dû éplucher les annuaires professionnels pour dénicher six Gentils ayant des postes importants dans des entreprises du divertissement ? Quand je les ai contactés pour qu’ils parlent de de leur incroyable promotion, cinq d’entre eux ont refusé de parler avec moi, de peur apapremment d’insulter les Juifs. Le sixième, Charlie Collier, président d’AMC, s’est avéré être juif.

En tant que Juif et fier de l’être, je veux que l’Amérique connaisse nos réalisations. Oui, nous contrôlons Hollywood. Sans nous, vous seriez en train de zapper à longueur de temps à la télévision entre « The 700 Club » [une émission du Christian Broadcasting Network, un vecteur du sionisme chrétien] et « Davey and Goliath » [série animée pour enfants de la télévision luthérienne].

Alors j’ai pris sur mo de re-convaincre l’Amérique que les Juifs contrôlent Hollywood en lançant une campagne de relations publiques, parce que c’est ce que nous faisons le mieux. Je réflachis à plusieurs slogans dont : « Hollywood plus juif que jamais ! » ; « Hollywood par le peuple qui vous a apporté la Bible » ; et « Hollywood : si vous aimez la télévision et le cinéma, alors vous aimer probablement les Juifs après tout ».

J’ai appelé Abe Foxman, le président de l’ADL, qui se trouvait à Santiago du Chili où, m’a-t-il dit à ma grande consternation qu’il n’était pas en train de pourchasser des Nazis. Il rejeté l’ensemble de ma proposition en expliquant que le nomre de personnes qui pensent que les Juifs contrôlent Hollywood reste trop élevé. L’enquête de l’ADL, a-t-il relevé, montre que 59 % des Américains pensent que ceux qui dirigent Hollywood « ne partagent pas les vonvictions religieuses et les valeurs morales de la plupart des Américains », et 43 % pensent que l’industrie du divertissement mène une campagne organisée pour « affaiblir l’influence des valeurs religieuses dans ce pays. »

C’est un bobard sinistre, affirme Foxman. « Il signifie qu’ils [les Amméricains] pensent que les Juifs se réunissent au Canter’s Deli le vendredi matin pour décider ce qui est le mieux pour les Juifs . » L’argument de Foxman m’y a fait repenser : je devrais aller plus souvent manger au Canter’s Deli.

« C’est une phrase très dangereuse, ‘les Juifs contrôlent Hollywood’. Ce qui est vrai, c’est qu’il y a beaucoup de Juifs à Hollywood, » dit-il. Foxman préfèrerait que les gens disent que beaucoup de cadres dirigeants dans l’industrie [du divertissement] « se trouvent être juifs, » vu que «la totalité des huit grands studios sont dirigés par des hommes qui se trouvent être juifs. »

Mais Foxman dit être fier des réalisations des Juifs américains. « Je pense que les Juifs sont représentés de manière disproportionnée dans l’industrie de la création. Ils le sont aussi dans les professions d’avocats et sans doute médicales aussi, » dit-il. Il soutient que cela ne veut pas dire que les Juifs font des films pro-juifs pas plus qu’ils ne fnt de la chirurgie pro-juive. Quoique d’autre pays, ai-je observé, n’en font pas tant sur la circoncision.

Je comprends la préoccupation de Foxman. Et peut-être que la vie que j’ai passée dans le cocon philosémite du New Jersey, de New York et de la baie de Los Angeles a fait de moi un naïf. Mais je me fiche de savoir qi les Américainspensent que nous contrôlont la presse, Hollywood, Wall Street ou le gouvernement. Ce qui m’intéresse, c’est que nous continuions à les contrôler.

Télé réalité iranienne aux Etats Unis

22 avril 2012

Les résultats du 1er tour du scrutin présidentiel français, tels qu’ils ressortent des estimations, sont tout à fait étonnants et annoncent un nouveau durcissement du discours de droite, en l’absence probable d’une possibilité de recomposition sous la houlette de François Bayrou.

Mais bon, je ne voulais pas vous parler de ça, mais plutôt d’un autre phénomène malencontreux que peut produire la démocratie libérale dans sa forme la plus aboutie

Admirez la conclusion de l’article.

“Télé réalité” irano-américaine

Temps pour une révolution ?

The Economist (UK) 21 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Ceux qui connaissent Los Angeles savent bien que certaines parties de la ville fourmillent de riches expatriés Iraniens. Des dizaines de milliers d’entre eux, fuyant la révolution islamique de 1979, s’étaient établis dans la partie ouest de la ville, particulièrement dans des quartiers chics comme Beverly Hills. Dans le quartier de Westwood, une avenue très fréquentée qui s’est vite remplie de magasins et d’entreprises iraniens est appelée maintenant «Téhérangeles.»

Plus de trente ans après, la chaîne de télévision Bravo et Ryan Seacrest productions ont pensé que le moment  était venu pour un feuilleton télé mettant en scène les rejetons de ces immigrants. « Les Shahs de Sunset » – un show au scénario minimal [soft-scripted] qui mélange comédie et réalité et dont une deuxième série d’épisodes vient juste d’être commandée – suit la vie de six Irano-américains riches et gâtés. Quatre d’entre eux travaillent dans l’immobilier. Le nom du spectacle donne à comprendre qu’ils sont la nouvelle dynastie de Sunset Boulevard, qui traverse certains des quartiers les plus huppés de la cille.

A l’intérieur de la communauté irano-américaine très soudée, “Shahs of Sunset” a causé sa propre mini-révolution. Certains veulent que la série continue, d’autres veulent qu’elle s’arrête.

Le second groupe est écœuré par le comportement dissolu des personnages et par la manière dont certains aspects de la culture perse sont brocardés sur le petit écran.

Avant même la diffusion des premiers épisodes, Jimmy Delshad, un Irano-Américain qui a été maire de Beverly Hills, s’inquiétait du fait que la série allait “nous ramener en arrière et nous donner l’air de gens indésirables » M. Delshad, qui vit aux Etats Unis depuis des années, se rappelle de la crise des otages de 1979 – 1981 en Iran et de ses répercussions.

Après les tout premiers épisodes de Shahs”, des pétitions ont commencé à circuler dans la communauté irano-américaine pour obtenir l’interdiction de la série. Ma mairie de West Hollywood avait adopté une résolution pour la condamner. Un conseiller municipal s’inquiétait du fait que la « dissémination de stéréotypes négatifs sur n’importe quelle communauté… peut mener à de la discrimination et  même, dans des cas extrêmes à de la violence.»  D’autres Irano-Américains s’inquiètent beaucoup plus du fait que le programme est surtout devenu célèbre pour ses ignobles scènes de télé réalité comme les vomissements dans les boîtes de nuit de Las Vegas et les lavements colorectaux portés à l’écran.

La théocratie iranienne a produit cette année le lauréat de l’Oscar pour le meilleur film en langue étrangère (“Une séparation”). Certains trouvent ironique que dans le même temps, des acteurs et des actrices Irano-Américains dont les parents avaient échappé aux griffes des mollahs pour fuir vers la démocratie aient créé des joyaux du genre «Shahs of Sunset, épisode 2 : C’est mon anniversaire Salopes.»

Plutôt la prison qu’enfreindre la mesira

18 mars 2012

Nous avons déjà croisé le rabbin Moshe Zigelman sur ce blog et il nous avait donné une occasion de parler de la mesira, cette loi religieuse juive qui interdit à un Juif de dénoncer les agissements d’un de ses coreligionnaires à des non juifs, fussent-ils magistrats.

Le rabbin a persisté dans son refus de témoigner et il va donc aller en prison, ce qui ne lui fera pas changer d’avis tant ses convictions religieuses sont inébranlables, nous dit-on.

Peut-être, mais sa religiosité ne l’a pourtant pas empêché de participer à une opération frauduleuse…

Le Los Angeles Times présente la mesira comme un ancien principe juif. S’il entend par là qu’il date d’un certain nombre d’années, c’est juste. S’il entend par contre que c’est un principe tombé en désuétude, sauf chez quelques ultras pas bien assimilés (le rabbin Zigelman semble mieux parler le yiddish que l’anglais), il induit son lectorat en erreur.

On peut en effet rappeler le comportement de Dov Hikind, un élu de l’Etat de New York, qui a amassé énormément d’éléments sur les abus sexuels commis dans la communauté juive orthodoxe de New York mais qui a refusé avec constance de répondre aux demandes d’informations formulées par la justice.

Exactement comme le rabbin, Dov Hikind se disait prêt à aller en prison plutôt que de citer des noms.

Il explique bien sûr sa démarche par des motifs de confidentialité compte tenu du fait qu’il a reçu des témoignages sous le sceau du secret.

Difficile cependant de comprendre en quoi un élu, quelqu’un qui est garant de la loi, peut être tenu à un quelconque secret devant des agissements criminels. D’autant qu’il se montre disposé à traiter ce problème dans la communauté et qu’un tel traitement est incompatible avec un maintien de l’anonymat !

La mesira est donc une loi ancienne, mais certainement pas tombée en désuétude. Dans les milieux laïques ou athées, on l’appelle omerta, un mot qui a un peu plus de gueule si vous voulez mon avis.

Un rabbin orthodoxe incarcéré pour refus de témoigner

par Victoria Kim, Los Angeles Times (USA) 16 mars 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un rabbin orthodoxe qui a refusé de témoigner devant un grand jury fédéral, affirmant que ses convictions religieuses lui interdisent de déposer contre des coreligionnaires juifs, a été incarcéré par le juge d’un tribunal de district pour outrage à la cour.

Moshe Zigelman, un rabbin hassidique âgé de 64 ans, a reçu l’ordre de se présenter dans un centre de détention fédéral de Brooklyn. S’il n’accepte de témoigner, il restera derrière les barreaux pour une durée maximale de 18 mois, selon le procureur fédéral.

Zigelman avait auparavant plaidé coupable et purge une peine de prison pour son rôle dans une affaire de fraude fiscale commise par Spinka,  sa secte orthodoxe établie à Brooklyn. Après sa libération, il avait été cité comme témoin devant un grand jury de Los Angeles qui continue à enquêter sur ce délit.

Citant un ancien principe juif, Zigelman a refusé de témoigner, expliquant avec force, via un interprète de yiddish, au juge fédéral pendant une audience pour outrage : « Parce que la transgression de la mesira est si grave, je ne changerai pas de dispositions jusqu’à ma mort. »

Mon bon vieux manuel, toujours aussi pratique!

En décembre, par un ordre qui est resté sous scellé parce que les débats du grand jury sont confidentiels, la juge de la cour de district fédéral Margaret M. Morrow a inculpé le rabbin pour outrage.

Les avocats de Zigelman, qui ont maintenu qu’aucune sanction terrestre quelle qu’elle soit ne parviendrait à contraindre le rabbin à modifier ses croyances inébranlables et que son droit à la liberté religieuse garanti par le premier amendement était violé, a interjeté appel en vain auprès de la court d’appel du 9ème circuit.

Le rabbin a demandé à être autorisé à aller en détention après la Pâque, en avril. L’accusation a objecté, en expliquant qu’il y aura un an en mars que Zigelman a été appelé pour la première fois à témoigner et que des délais supplémentaires nécessiteraient un report de la fi de session du grand jury.

Morrow lui a ordonné de se rendre en prison le 21 mars.

“Le gouvernement ne veut pas se trouver en position d’envoyer quelqu’un en détention, ce que le gouvernement essaye de rechercher est d’obtenir un témoignage sincère dans le courant de la procédure judiciaire, » a expliqué vendredi l’assistant du procureur fédéral Daniel O’Brien. « Toutes les personnes qui sont témoins directs de faits en relation avec un délit ont le devoir de témoigner devant un grand jury quand on leur demande de le faire.»

Nous n’avons pas été en mesure de joindre un avocat du rabbin.

Dis Tonton, c’est quoi la mesira?

19 septembre 2011

Si vous ignorez ce qu’est la mesira, vous trouverez ci-après une explication illustrée par un cas concret.

Vous apprécierez au passage le magnifique exercice de pilpoul que constitue cet article. Le pilpoul est en effet une technique de bavardage appelée communément « enculage de mouches » dans les banlieues et qui consiste à vous démontrer que ce qui est impossible est en fait possible tout en restant impossible. Ou encore que ce qui est juste est injuste mais reste finalement juste ; que ce qui est vrai est faux tout en restant cependant vrai.

Et donc que la mesira s’applique mais ne s’applique pas tout en s’appliquant.

Si vous supprimez le bourdonnement des mouches, vous comprenez que la mesira s’applique et que son application ou non dépend strictement des risques que son application fait encourir à 1) la personne concernée 2) l’autorité en matière de loi talmudique.

Et vous vous direz que l’application de cette loi aide à mieux comprendre certains évènements récents.

La loi juive au tribunal: la Mesira devant la justice américaine

par Ron Kampeas,  Jewish Journal (USA) 14 septembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

Dans une sale d’audience de Los Angeles, le système judiciaire fédéral est entré en collision avec un des aspects les plus épineux du droit juif.

Le rabbin Moshe Zigelman, 64 ans, a déjà passé deux ans en cellule pour une affaire de fraude fiscale et de blanchiment d’argent qui a aussi vu le grand rabbin de la secte hassidique Spinka envoyé en prison. La combine consistait à solliciter des dons déductibles des impôts puis à restituer en secret une grande partie de l’argent aux donateurs.

Les procureurs fédéraux menacent maintenant de prolonger le séjour en prison de Zigelman, le secrétaire particulier du rabbin de la secte de Spinka, pour son refus de témoigner et d’iimpliquer d’autres personnes devant un grand jury.

Les avocats de Zigelman expliquent que ses convictions religieuses ne lui permettent pas de témoigner. Ils invoquent les lois de mesira, la prescription talmudique qui interdit à un Juif de donner des informations sur un autre Juif à des autorités non juives. En termes contemporains, c’est une sorte de règle juive de non dénonciation.

Le concept de mesira, qui signifie littéralement « livraison », remonte aux époques où les gouvernements étaient souvent hostiles aux Juifs et que livrer un Juif aux autorités pouvait aboutir à une injustice et même à la mort.

Les règles de la mesira sont toujours en vigueur dans le monde orthodoxe [la grande majorité des Juifs sont d’obédience orthodoxe, NdT], en raison à la fois de l’inviolabilité des origines talmudiques du concept et du caractère d’isolat de nombreuses communautés orthodoxes. Mais elles  sont aussi sujettes à débat quant à savoir si l’interdiction s’applique dans une démocratie moderne qui se targue de procédures régulières et de respect des droits civiques.

«La question de l’interdit fixé par la mesira reste l’objet de différends sur  son applicabilité dans une démocratie juste,» déclare le rabbin Michael Broyde, professeur de droit à l’université Emory.

Les autorités rabbiniques sont divisées sur la question, en fonction surtout de leur place dans le spectre de l’orthodoxie. La question est si sensible que certains chefs religieux ont des réticences à en parler publiquement, beaucoup reconnaissant que ce sujet est susceptible d’affecter négativement la façon dont les Juifs sont perçus.

La tendance « moderne orthodoxe » tend à conseiller de ne pas invoquer la mesira aux Etats Unis, sauf dans des cas où il existe un rare consensus pour dire qu’un auteur présumé de délit a été dénoncé parce qu’il est Juif, par un individu antisémite en position d’autorité.

“La mesira n’est pas applicable dans une société où n’existe pas d’antisémitisme official et où la justice est raisonnablement exempte de corruption,” explique le rabbin Yosef Blau, conseiller spiritual  du séminaire théologique Eichanan affilié à la Yeshiva University [faculté talmudique].

Les hassidiques et dautres autorités ultra-orthodoxes cependant, tendent à percevoir les règles de la mesira comme toujours pertinentes dans le contexte américain. Mais ils voient des exceptions pour lesquelles on peut permettre de livrer un coreligionnaire juive aux autorités séculières  par exemple dans les cas de «din rodef», la justice appliquéà celui qui poursuit pour assassiner, quand le malfaiteur présumé menace une vie. Ces dernières années, certaines autorités rabbiniques ont dit que linterdiction dinformer [la police et la justice] ne sappliquait pas à ceux quon soupçonne dagresser sexuellement des enfants.

«Dans certains cas, comme quand un Juif est une menace pour les autres, elle ne sapplique pas mais la mesira est une loi religieuse importante et un Juif observant prend ce genre de choses très au sérieux,» explique le rabin Avi Shafran, directeur des affaires publiques pour Agudath Israel en Amérique, une organisation qui encadre la communauté juive ultra-orthodoxe.

Shafran, qui a répondu aux questions par courrier électronique,précise que le rôle de la mesira dans lAmérique contemporaine a été une pomme de discorde pour ceux qui décident en matière de droit juif. Mais il a aussi observé que feu le rabbin Moshe Feinstein, souvent considéré récemment comme prééminent en matière de décision chez les orthodoxes, avait statué que linterdiction était toujours en vigueur.

Interrogé sur la manière dont cette pratique est vue par le monde extérieur, Shafran répond, «Tous les Juifs sont une famille. Si ce fait apporte de leau au moulin des antisémites, cest malheureux. Mais elle nen reste pas moins un fait. Et les Juifs orthodoxes nont pas à présenter dexcuses pour ce que la Torah nous enseigne.»

Shafran situe le problème comme une affaire de conscience

“Il existe en Amérique une longue et illustre histoire de citoyens qui placent leur conscience personnelle avant la loi du pays, » écrit Shafran. « C’est en partie pourquoi les Américains célèbrent le mouvement pour les droits civiques et la désobéissance civile qui faisait partie intégrante de la vie de leurs champions. Se dédier à in idéal religieux ne mérite pas moins de respect que de se consacrer à un idéal profane [secular]. Si une personne veut renoncer à sa liberté pour servir un idéal supérieur, il devrait être respecté pour ce choix désintéressé.»

Blau, prenant comme exemple la cas Zigelman, considère que la comparaison avec les dirigeants du mouvement des droits civiques ne tient pas debout.

“Les gens du mouvement des droits civiques étaient prêts à payer le prix, à risquer d’être mis en prison, » dit-il. « Ils luttaient pour la justice ; Zigelman se bat pour protéger des criminels. »

Michael Proctor, avocat de Zigelman, a déclaré dans des documents pour le tribunal qu’incarcérer Zigelman serait injuste parce qu’il “n’abandonnera pas ses préceptes religieux” en aucune circonstance, a rapport le Los Angeles Times.

La juge de la cour de district, Margaret Morrow, a entendu les arguments sur cette affaire le 7 septembre et a dit qu’elle pendrait une décision ultérieurement.

Les tribunaux américains nont jamais accepté une requête en exemption de témoignage basée sur les règles de la mesira, déclare le rabbin J. David Bleich, professeur de Talmud à la Yeshiva University et professeur de droit à la faculté de droit Cardozo.

« Jignore ce quil pense accomplir, » déclare Bleich à propos de Zigelman. «Son avocat essaye peut être de lempêcher de témoigner, et ça ne marchera pas.»

Bleich explique que, en tant quaspect du droit juif, la mesira ne peut pas sappliquer aux  affaires civiles en démocratie. Par exemple, si les présumés complices de Zeligman risquaient une amende, il serait obligé de témoigner.

Les choses sont différentes en matière criminelle explique Bleich parce qu’il y a des différences entre les décisionnaires Juifs pour savoir si l’Etat a le droit de punir physiquement, y compris par incarcération.



“En droit juif, les choses dépendent du droit qu’a l’Etat séculier de mettre des gens en prison, » dit-il.

Particulièrement dans les cas où un accusé risque un danger physique, un informateur se verra interdire de témoigner, déclare Bleich. De tels risques peuvent concerner les orthodoxes dans les prisons de très haute sécurité, quand des gangs racistes sont dominants, dit-il, mais pas  dans les prisons pour cols blancs où des condamnés pour fraude fiscale purgent leur peine.

Les Juifs orthodoxes doivent peser non seulement leurs obligations envers l’Etat mais envers la communauté dans laquelle ils vivent, affirme Broyde qui, en plus d’enseigner à Emory, est juge rabbinique au Beth-Din d’Amérique.

« C’est un équilibre entre ce qui doit être fait et la communauté à laquelle vous voulez appartenir, » déclare Broyde. « C’est faire un équilibre entre être un bon  membre de la communauté (insider) et un bon étranger (outsider). »

Cette équilibration n’a rien d’inhabituel, explique Broyde qui observe qu’elle se fait aussi dans d’autes communautés. Son exemple: un paroissien qui rapporterait toutes les entorses au code de la construction ferait finalement l’objet d’ostracisme et n’aurait pas, en droit, l’obligation de rapposter ces infractions.

Dans des cas où les autorités exigent le signalement d’un crime – par exemple quant des professionnels de l’enfance décèlent des preuves d’abus – il est évident qu’un Juif orthodoxe doit coopérer avec les autorités, dit-il.

« Il y a la situation où les autorités exigent de signaler [un délit], et une autre situation où les autorités ne font aucune obligation, » dit-il. Quand les autorités obligent à signaler, tout le monde est d’accord pour dire qu’un Juif doit le faire. »

Un crétin qui répond du nom de Philippe (un prénom typiquement sémitique comme chacun sait) écrit dans un de ses messages destinés à polluer ce blog, que les juifs orthodoxes ne sont pas majoritaires. Il a raison en ce qui concerne les Etats Unis mais pas pour l’ensemble des Juifs dans le monde. L’orthodoxie domine non seulement numériquement mais surtout politiquement et religieusement le judaïsme contemporain. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, c’est le judaïsme orthodoxe, y compris dans ses versions les plus fanatiques et racistes qui gagne du terrain. Plus de précisions avec « Qui est juif? », « Judaïsme: un monde religieux conflictuel« . Pour la CICAD, le judaïsme moderne orthodoxe est la même chose que le judaïsme traditionaliste, c’est-à-dire orthodoxe.


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