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La France a-t-elle trahi le Mali?

21 mars 2013

L’armée française devrait commencer à se retirer du Mali dès le mois prochain puisque la souveraineté de ce pays sera très bientôt quasi-rétablie, si on en croit M. François Hollande qui s’est exprimé sur cette question devant ceux à qui il doit rendre compte chaque année.

Au dîner du CRIF: "Alors, j'ai bon ou pas bon?"

« Est-ce que je vais avoir une bonne note? »

C’est que la mission sera alors accomplie.

Reste à savoir de quelle mission il s’agit : restaurer l’intégrité territoriale malienne ou agir dans le sens des «intérêts de la France.»

Parce que, contrairement à ceux dont parlent les Beatles dans une de leurs chansons, ce ne sont pas forcément des mots qui vont très bien ensemble.

Et c’est en tout cas une opinion de plus en plus répandue au Mali où on s’interroge sérieusement sur les manigances de l’ancienne puissance coloniale que d’aucuns accusent d’encourager une partition de facto du pays.

Une telle partition du Mali pourrait être le prélude de bouleversements similaires dans d’autres pays de la région, dont l’Algérie.

Un scénario lourd de dangers que n’hésite pas à envisager Mohamed-Chafik Mesbah, un ancien officier de l’armée algérienne :

La situation actuelle dans le Sud de l’Algérie ne laisse rien présager de bon d’après l’ancien officier, qui craint que cette région ne vienne à bout des forces sécuritaires régionales. Il s’est également inquiété de l’intervention des puissances étrangères dans ces conflits africains, et va imaginer un scénario très pessimiste dans lequel l’Algérie serait soumise aux décisions des autres pays occidentaux et où elle ne pourrait plus exercer sa souveraineté nationale, dans la région du sud, et pourrait avoir comme conséquence la division du nord et du sud du pays. Un dessein de longue date, d’après Mohamed-Chafik Mesbah. « L’idée de diviser le pays et de ne libérer que sa partie nord, tout en continuant à occuper et à exploiter les champs pétrolifères et les autres richesses naturelles, remonte à la période de la guerre d’Indépendance », a-t-il affirmé. 

Si on en lit le portrait que Mohamed Sifaoui, le même qui pense que le régime sioniste est une démocratie, fait de Mohamed-Chafik Mesbah, on peut retirer au moins la certitude que les réflexions de cet ancien du DRS reflètent bien les préoccupations d’une partie des élites politiques et militaires du pays.

Et comme le remarque le blogueur El Erg Echergui (apparemment dans la veine du MAOL) qui réagit aussi à des propos de M. Mesbah, le régime algérien n’est pas pour rien dans les risques de fragmentation de la nation, comme d’ailleurs il n’a pas été pour rien dans le long processus de déstabilisation de la région. 

Qui qu’il en soit, l’écrasement de l’Irak, la partition du Soudan, la pseudo révolution libyenne et l’anarchie qui s’est saisie de ce pays ainsi que la destruction en cours de la Syrie incitent à ne pas écarter d’un revers de main les risques pour l’intégrité et l’unité territoriales de l’Etat algérien.

Et au Mali, ce sont d’abord les Maliens qui ont trahi. La France est par contre fidèle à ce qu’elle estime être l’intérêt de sa politique africaine et de ses grandes entreprises.

 

Le soutien tacite de la France aux séparatistes au Mali suscite colère et accusations de trahison

 La montée à nouveau en puissance  du Mouvement National [Targui] de Libération de l’Azawad suscite colère et interrogations chez les maliens quant au rôle de l’Europe et à son engagement à leurs sécurité et unité.

par Peter Tinti, Christian Science Monitor (USA) 20 mars 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Gao, Mali – Avec la baisse en intensité de la guerre pour éliminer les rebelles islamiques du Mali, un sentiment de frustration se fait jour au sujet d’une armée française perçue le plus souvent maintenant comme ayant pris parti pour une faction ethnique controversée qui avait auparavant coopéré avec al Qaïda.

Dans les villes de Gao et Tombouctou d’où les Français ont expulsé en janvier des groupes d’extrémistes, la colère monte par rapport au fait que les Français font s’accommodent d’une autre organisation séparatrice, le Mouvement National [Targui] de Libération de l’Azawad, ou MNLA.

Ces derniers jours, les séparatistes du MNLA, en majorité d’ethnie targuie, et qui il y a un an s’étaient emparés par la force du nord du pays et avaient collaboré récemment avec les extrémistes islamiques, ont commencé à exercer une autorité et revendiquent pouvoir et argent.

Des  documents de type official, par exemple, qui demandent aux véhicules et aux automobilistes qui entrent et sortent de la région nordique de Kidal de payer une taxe, sont un exemple parmi d’autres. Les documents sont cachetés avec un sceau marqué de la mention «Etat de l’Azawad», le logo du MNLA.

De nouvelles révélations sur la mise en place par le MNLA d’une administration parallèle sous les auspices de la France ont provoqué l’indignation, non seulement localement mais dans tout le Mali.

“Le MNLA a bénéficié de l’intervention plus que n’importe quelle autre organisation,” affirme Abba Maiga, un habitant de Gao. «Alors maintenant, je demande si la France est intervenue pour sauver le Mali ou si elle est intervenue pour sauver le MNLA ?»

Beaucoup de Maliens se demandent si la France a vraiment la volonté de restaurer l’intégrité territoriale du Mali. Et tandis que la France et ses alliés africains ont considérablement progressé dans l’expulsion des rebelles islamistes de leurs bastions, le fait demeure que la question du séparatisme targui reste une des graves pommes de discorde qui ont été à la racine de la plongée du Mali dans le chaos.

M. Maiga, a vécu à Gao au moment où elle avait été occupée pat le MNLA puis quand la ville est passée sous le contrôle d’organisations de rebelles islamistes qui ont été récemment chassées par les forces sous commandement français, explique que l’intervention française l’avait rendu d’abord fou de joie.

Mais aujourd’hui, il s’interroge sur les motivations derrière l’intervention. «Je ne leur fais plus confiance [aux Français]. Ils nous ont trahis,» dit-il.

Collaboration, pas confrontation

Le MNLA a fondu sur Kidal le mois dernier après que les rebelles liés à al Qaïda eurent abandonné la ville au lendemain des bombardements français. Depuis lors, le MNLA a mis en place des checkpoints et a averti la France et ses alliés africains que l’armée malienne n’est pas la bienvenue et sera traitée en ennemie.

mali

Pour l’instant, la France semble préférer collaborer avec le MNLA et se concentrer sur l’expulsion des rebelles de leurs bastions montagneux, plutôt qu’aider l’armée malienne à reprendre le territoire initialement tombé entre les mais du MNLA l’année dernière.

Et alors que la France soutient l’armée malienne dans sa volonté de consolider son contrôle sur les régions de Gao et Tombouctou, des indices de plus en plus nombreux indiquent qu’elle fait la même chose avec le MNLA à Kidal.

Des automobilistes qui se sont rendus récemment dans la région affirment que le MNLA  fait payer entre 60 et 80 dollars de taxe pour entrer dans la région et entre 80 et 200 dollars de plus pour accéder à la ville de Kidal. La même taxation s’applique quand on sort de Kidal.

Le formulaire du MNLA remis aux automobilistes montre l’exercice d’une autorité administrative: le document est bilingue arabe-français et porte un entête où on lit, «Etat de l’Azawad : Unité, Liberté, Sécurité,» l’identité du chauffeur, le type du véhicule, le nom propriétaire du véhicule et divers numéros d’immatriculation doivent être renseignés.

Au bas du formulaire, un cachet représente une carte avec les frontières revendiquées pour un Azawad indépendant qui comprend les régions de Gao et Tombouctou.

“Ils les Français] disaient que leur objectif était de combattre les islamistes et de restaurer l’intégrité territorial du Mali, mais maintenant ils aident les séparatistes,” déclare un élu municipal de Gao qui a souhaité garder l’anonymat. «Ils travaillent avec les terroristes !» clame-t-il en montrant le formulaire en question.

Des habitants de Gao craignent que l’argent obtenu avec les taxes de transit serve à financer une autre rébellion séparatiste ; le MNLA prétend qu’après les attentats suicides commis dans la ville et ses alentours, ces papiers et la taxation sont  nécessaires pour le maintien de la sécurité.

«Tous les véhicules à l’intérieur du territoire contrôlé par le MNLA doivent avoir ce document,» a déclaré à Reuters à Paris Moussa Ag Assarid, représentant en Europe du MNLA. «De la sorte, nous pouvons distinguer les terroristes et les trafiquants de droguer des chauffeurs ordinaires.»

Les liens antérieurs avec les islamistes

Le MNLA avait une première fois pris le contrôle du Nord Mali alors qu’il combattait aux côtés des rebelles islamistes – dont certains sont liés à al Qaïda – pour chasser l’armée malienne d’une immense étendue désertique à peu près de la taille du Texas.

Mais les séparatistes [Touareg] avaient vite été dominés – militairement et politiquement – par leurs allies de circonstance et avaient été chasses de grandes villes et agglomérations de la région.

 Mais pour la plupart des habitants de Gao – la plus grande ville du Nord Mali avec environ 85 000 habitants – la brève domination du MNLA était associée aux pillages systématiques, aux violations des droits de l’homme et perçue comme ayant permis la prise de contrôle par les islamistes.

Le MNLA prétend qu’on ne peut pas faire confiance à l’armée malienne à Kidal, évoquant l’histoire d’abus par le passé ainsi que des allégations sur de plus récentes exécutions extrajudiciaires de Touareg et d’Arabes par les forces maliennes.

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré a annoncé être ouvert à des négociations avec le MNLA pour peu qu’il renonce à ses appels à l’indépendance. De son côté, le MNLA a indiqué être prêt à accepter une forme négociée d’autonomie, mais a refusé de déposer les armes avant de discuter.

Le serval est un carnassier

27 janvier 2013
Le serval n'est répandu que dans le sud du Mali

Le serval n’est répandu que dans le sud du Mali

Le serval  s’attaque peu aux grandes proies. Le serval joue souvent avec sa proie pendant plusieurs minutes avant de la manger. La plupart du temps, il défend farouchement sa nourriture contre les autres prédateurs.

Serval

Serval

Le lieutenant Damien Boîteux est pour l’instant en tout cas, le seul soldat Français à avoir été tué dans les opérations ordonnées par François Hollande au Mali.

Ce pilote d’hélicoptère avait en effet été mortellement blessé au tout début de l’opération « Serval » au cours d’une mission de bombardement sur la ville de Konna alors tenue par les « islamistes ».

Comme le dit la mère de ce soldat:

« Mon fils a fait son travail, en risquant sa vie pour la paix au Mali et aussi en France, car si on n’arrête pas Al Qaïda, l’organisation menacera un jour la France »,

On comprend parfaitement l’émotion de cette mère. Mais a-t-elle une véritable idée de la nature du travail que faisait son fils?

On peut ainsi lire dans La Voix de l’Amérique:

Nottre correspondant a constaté, à première vue, que Konna est « une ville cicatrisée, une ville martyrisée par les bombardements de l’aviation française.»
« De la sous-préfecture en passant par le rond-point, sur le port de pêche, partout où nous sommes passés, on a trouvé que tous les lieux sont calcinés », rapporte Mamadou Bocoum.

On nous dit quand même que les gens sont soulagés. C’est sûr que ça fait du bien qaund ça s’arrête!

Ce sont en fait pas moins de 11 civils qui ont péri à Konna sous les bombes françaises le jour où le lieutenant Boiteux est mort en héros de la paix etc.

Souleymane Maiga a déclaré à l’Associated Press que trois femmes et un enfant étaient décédés le 11 janvier lors de la destruction de leur arrière cour par un bombardement. Les enfants de l’une des femmes ont survécu à l’attaque.

Le maire de Konna a confirmé qu’au moins 11 civils étaient morts durant l’opération.

Parmi les « dommages collatéraux » qui accompagnent les destructions matérielles dans le village figurent quatre membres de la famille Maiga.

Ils étaient sous un manguier dans la cour de leur maison, en train de préparer de la nourriture, quand un hélicoptère d’attaque a surgi à basse altitude au dessus de leurs têtes. Terrifiés, ils s’étaient précipités dans leur maison, mais des éclats d’obus traversèrent la mince épaisseur de la porte, prenant la vie de leur mère âgée de 42 ans, qui s’appelait aussi Aminata et de ses trois enfants, Zeinab, 6 ans, Alean, 10 ans et Ali, 11 ans.

L’autre Aminata, c’était Aminata Jallo, 30 ans, tuée alors qu’elle était sortie de chez elle avec ses enfants pour les emmener dans un lieu qu’elle estimait plus sûr. Tuée sur le coup par un missile, son fils Saida âgé d’un an seulement qu’elle portait sur son dos a miraculeusement survécu.

Il y a certainement eu d’autres civils tués par les bombardements de l’armée française. On voit déjà qu’on ne peut pas compter sur la presse hexagonale pour nous en parler.

Mais peut-être qu’elle aussi fait son travail?

Chose promise, chose due: les années de guerre à venir au Sahel

21 janvier 2013

Pour ceux qui croient que l’armée française, dont sa fameuse Légion Etrangère qu’il serait malséant de qualifier de bande de mercenaires, va faire un petit tour au Mali, restaurer l’Etat malien, puis s’en aller en laissant le chantier bien en ordre, j’ai bien peur d’avoir une mauvaise nouvelle à leur annoncer.

Non pas que le corps expéditionnaire dépêché par François Hollande ne parviendra pas à repousser les groupes armés qui se sont emparés du nord du  territoire malien.

La chose devrait aller sans véritable difficulté.

Non, ce que je veux dire, c’est que l’affaire malienne n’est que la continuation d’un processus de déstabilisation de l’ensemble de l’espace saharo-sahélien qui a déjà fait la preuve de son efficacité au Soudan.

Un pays qu’on a contraint à la partition, chose que peu ont suffisamment médité. Certes le Soudan était en crise depuis son indépendance, mais les puissances n’ont voulu, soutenu et obtenu la sécession du sud du pays qu’une fois connu le potentiel pétrolier de cette région. Un pétrole dont le circuit d’évacuation est l’objet d’âpres disputes politiques ou d’affrontements armés.

Ce démantèlement des Etats de la région et peut-être au-delà, en est à ses débuts et rien ne pourra l’empêcher semble-t-il car la destruction du régime libyen a brisé tout le système d’interdépendances économiques qui permettait aux populations locales de survivre. L’instabilité qui s’est emparée du Sahel ainsi que de la région du nord du Nigeria ne sera d’ailleurs pas sans conséquence pour important projet de gazoduc qui devait relier les champs gaziers de ce pays au réseau algérien de gazoducs puis le marché européen et dont on a du mal à comprendre s’il est déjà abandonné ou pas. (une splendide occasion en tout cas de renforcer une interdépendance économique entre deux régions africaines).

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Projet de gazoduc transsaharien

A ceux qui pensent que je suis pessimiste, je demanderai de prêter attention aux propos tenus le 20 janvier 2013 par le N°1 Britannique David Cameron, des propos que je n’ai pas retrouvés dans la presse de langue française:

“L’occident est devant une bataille qui va durer des dizaines d’années pour vaincre al Qaïda en Afrique du Nord,’’ a averti David Cameron hier pour marquer une évolution radicale de la lutte du Royaume Uni contre le terrorisme.

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David Cameron: la Grande Bretagne tient ses promesses

Et déjà:

Les forces spéciales sont censées se préparer à pourchasser le chef djihadiste derrière le siège et l’assassinat d’otages en Algérie, Mokhtar Belmokhtar.

On voit là se mettre en place la même belle mécanique qui est à l’œuvre en Afghanistan, en Somalie et au Yémen.

Avec probablement les mêmes effets.

Et comme le dit le premier ministre lui-même, c’est une guerre de l’Occident.

 

Quand un sauvage dénonce la sauvagerie en…Syrie

18 janvier 2013

L’ actualité est abondante, notamment au Mali et, paradoxalement, surtout en Algérie, pays qui fait maintenant figure d’accusé pour sa gestion (à l’algérienne dit-on) d’un évènement qui est avant tout la conséquence des agissements de la France et de ses amis au Mali et, auparavant , en Libye.

Mais ce n’est pas de ça dont je veux vous parler, même si le risque est grand de voir l’Algérie se retrouver peut-être devant un danger mortel. Non, je voudrais revenir sur la Syrie qui, si elle est passée à l’arrière-plan, est loin d’avoir disparu du radar de la propagande occidentale ainsi qu’en témoignent des informations qui font état d’un massacre qui aurait été perpétré par les forces gouvernementales.

Le gouvernement français, ce pompier pyromane qu’il soit de droite ou de gauche, s’est d’ailleurs empressé de dénoncer la « sauvagerie » du régime syrien.

En matière de sauvagerie, l’armée française n’a pourtant de leçon à recevoir de personne, au contraire!

En matière de mensonge non plus.

Syrie: Reuters se discrédite encore en  relatant un autre mensonge sur un ‘massacre’

Moon of Alabama, 17 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Reuters: Le massacre de plus de cent personnes signalé à Homs en Syrie

Plus de cent personnes ont été tuées par balles, à l’arme blanche et peut être brûlées vives par des forces gouvernementales dans la ville syrienne d’Homs, a affirmé un organisme de veille ce jeudi, et de durs combats faisaient rage dans tout le pays.

L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), un organisme basé en Grande Bretagne a indiqué que des femmes et des enfants figuraient parmi les 106 personnes tuées par les forces fidèles au président Bacha al-Assad qui ont investi mardi Basatin al-Hasawiya, un quartier pauvre de la périphérie d’Homs.

Reuters ne peut pas confirmer indépendamment ces informations en raison des restrictions sur la presse en Syrie.

Cette dernière phrase est absurde et sert d’excuse facile à Reuters pour sa paresse et pour pouvoir publier de la propagande.

Bill Neely (@billneelyitv) appartient à la rédaction internationale d’ITV News. Il est en ce moment en Syrie sous couvert d’un visa délivré par le gouvernement et il rend compte depuis Homsis. Voici ses tweets récents:

9:08 AM – 17 Jan 13

Il est évident que beaucoup de gens ont péri dans cette agglomération agricole pauvre en périphérie de #Homs. Le régime comme l’opposition affirment qu’il y a eu des dizaines de tués.

9:10 AM – 17 Jan 13

Les gens d’ici avec qui j’ai parlé évaluent le nombre de tués à #Huwaisa à 30 environ, dont des femmes et au moins cinq enfants. J’ai vu du sang et des restes [humains]

9:25 AM – 17 Jan 13

Il y au à l’évidence un massacre à #Huwaisa. Difficile de dire qui a fait ça – l’opposition accuse les forces du régime, les civils ici accusent le Jabhat al Nusra.

9:35 AM – 17 Jan 13

Les gens d’ici à #Huwaisa décrivent des rebelles qui sont venus dans le secteur pour attaquer l’armée; ceratins portaient des uniformes noirs, certains portant des bandeaux avec des slogans djihadistes.

9:36 AM – 17 Jan 13

Beaucoup d’hommes d’ici à #Huwaisa pleuraient quand ils se retrouvaient – l’un a perdu deux frères, un autre son épouse et sa soeur. Ils dident que les rebelles étaient différents – pas de l’Armée Syrienne Libre.

Qui peut mieux savoir qui a tué les gens à Huwaisa? Les gens qui vivent sur place ou la source de la propagande de Reuters qui se trouve quelque part en Grande Bretagne?

Quels lendemains de guerre au nord du Mali?

16 janvier 2013

Vous pouvez lire ici ou que le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA), par la voix de son porte parole, non seulement approuve l’intervention militaire française au Mali mais est disposé à prêter main forte au corps expéditionnaire français pour les combats au sol.

Ce n’est pourtant pas exactement ce que dit Moussa Ag Assarid, le porte parole de ce mouvement ainsi qu’on peut le constater en lisant une retranscription intégrale d’un entretien qu’il a accordé tout récemment à un journal espagnol.

Moussa Ag Assarid pose en effet un préalable non négligeable avant cette coopération : que le gouvernement malien engage des discussions sérieuses avec son mouvement sous l’égide de ce qu’il appelle la «communauté internationale.»

J’espère quand même qu’il sait que dans le cas du Mali, la communauté internationale se résume à  la France qui n’en fait qu’à sa tête.

Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA

Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA

Et en parlant de négociations avec le MNLA en relation avec la situation actuelle au nord du pays, c’est une éventualité qu’a explicitement écartée M. Tieman Hubert Coulibaly, le ministre Malien des affaires étrangères qui rejette ces «conditions posées à l’armée malienne.» Une formulation qui montre que la Mali n’a de gouvernement en ce moment que militaire.

On comprend donc que ce qui tient lieu de gouvernement en ce moment au Mali compte bien reprendre le contrôle des régions du nord du pays grâce à l’armée française, sans doute pour répéter une politique qui a entretenu une instabilité qui a débouché sur la situation actuelle à la faveur de l’intervention occidentale contre le régime de Mouammar Kadhafi.

François Hollande, porte parole du Mali, de l'Afrique en général et de la Syrie

François Hollande, porte parole du Mali, de l’Afrique en général et de la Syrie

Le pompier pyromane français qui ne semble pas satisfait du désastre qu’il a provoqué à la frontière orientale de l’Algérie s’attelle maintenant avec passion à continuer son sale boulot à la frontière sud du polygone étoilé.

Le porte-parole du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) admet qu’il faut négocier

Par Xavier Aldekoa, La Vanguardia (Espagne) 16 janvier 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), héritier de plusieurs mouvements de rébellion targuie dans le nord du Mali veut avoir un rôle clef dans la guerre. Son porte parole, Moussa Ag Assarid dit que la révolution indépendantiste a été détournée par des terroristes et il tend la main à la France. Mais avec des conditions.

Le MNLA est-il prêt à combattre au côté de la France contre les fondamentalistes ?

Notre position est claire. Nous voulons des droits pour le peuple de l’Azawad. Et nous luttons déjà contre les terroristes. Avant même que la France ait commencé à le faire nous les affrontions déjà. Nous connaissons ce territoire et ses gens. Nous avons des combattants expérimentés qui savent se battre. Qu’on nous laisse faire le travail. Ce n’est pas au mali de régler ça, ni à la Communauté Economique d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il faut négocier pour déterminer les conditions, et tout ce qui se passe sur le terrain, nous nous chargerons de le résoudre.

Mais pour Bamako, le MNLA est aussi l’ennemi.

Il ne faut pas faire l’amalgame entre de MNL   A et d’autres groupes armés. Nous ne sommes pas des terroristes ; nous voulons des droits sur nos territoires et nous demandons l’indépendance. Aujourd’hui, nous devons négocier avec Bamako pour déterminer notre rôle et les statut [du territoire) de l’Azawad.

Le MNLA a-t-il le sentiment que sa révolution targuie a été détournée ?

Tout à fait. Notre peuple vit dans la soumission depuis 50 ans. Depuis 1960, nous avons été massacrés, nous avons subi un génocide, et comme il n’y avait aucune volonté de trouver une solution politique, nous avons fait la guerre à Bamako pour la dignité de notre sang versé, de nos enfants et des milliers de réfugiés. La communauté internationale ne doit pas l’oublier. Il est inutile que le gouvernement malien ttente de récupérer le territoire de l’Azawad s’il ne s’assoit pas à la table de négociations. Les choses ne peuvent plus être comme avant, avec l’armée stationnée au nord tandis que les villes s développent au sud. Il y a un problème politique, il faut le résoudre et ensuite, nous nous impliquerons dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Et si le gouvernement malien ne cède pas à vos revendications ?

Sans solution politique, le Mali ne retrouvera pas la paix.

Quelle est cette solution : l’indépendance, une certaine autonomie ?

Il doit d’abord y avoir une négociation franche entre la communauté internationale, le MNLA et Bamako. Une fois la solution politique trouvée, nous verrons ce qui se passera. Cet accord sera déterminant pour la lutte contre le terrorisme.

Le MNLA peut-il vaincre les extrémistes ?

Nous disposons de plusieurs milliers d’hommes et de matériel qui nous permettent de nous adapter au terrain et de combattre dans un territoire que nous connaissons comme notre poche. En outre, la population est de notre côté et elle nous renseigne chaque jour sur leurs positions. Nous savons où sont les terroristes.

Après Sarkozy en Libye, Hollande victime d’un mirage au Mali

14 janvier 2013

Je ne sais pas quel jeu joue le gouvernement algérien qui a autorisé la France à faire transiter par son espace aérien ses avions se rendant au Mali.

Peut-être était-ce le prix à payer pour les déclarations alambiquées de François Hollande lors de son dernier déplacement à Alger, ou encore pour le remercier d’avoir écouté sans broncher la chorale féminine qui chantait ses louanges à Tlemcen.

En tout cas, même si l’engagement algérien ne va pas plus loin, c’est déjà une faute et un reniement des principes qui ont animé la lutte anticoloniale.

Quant à savoir ce qui a amené la France à intervenir sans mandat de l’ONU et prétendument à l’appel d’un gouvernement qui n’a d’autre légitimité que celle que lui a donné un coup d’Etat…

La France va essayer maintenant de régulariser sa situation à l’ONU, ce qui laisse sous-entendre qu’à paris on est quelque peu conscient de la faiblesse de l’habillage légal donné à son intervention.

Paris a aussi argué de la nécessité d’assurer la sécurité de ses ressortissants, ils sont quelques milliers, au Mali.

Un argument étrange qui sera peut-être utilisé par un des multiples pays d’origine des migrants qui résident en France en cas d’accession à l’Elysée d’un candidat extrémiste !

La vérité est que la France est partie en guerre pour défendre ses intérêts miniers et stratégiques et que si elle était disposée à laisser agir, sous son contrôle, une force africaine dominée par des représentants de la Françafrique, elle ne pouvait pas permettre à une autre puissance extra-africaine de prendre l’initiative militaire. Cette vérité est d’ailleurs affirmée clairement par le gouvernement français même si les journalistes la noient dans tout un fatras de considérations, notamment techniques et tactiques.

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François Hollande intervient militairement en Afrique au nom des intérêts de la France de de l’Europe

La France ne pouvait pas même laisser la première place aux Etats Unis qui s’échinent patiemment depuis des années à rogner la place de la France dans la région même si sa stratégie a été quelque peu perturbée par l’arrivée de ce nouvel acteur de premier plan qu’est la Chine. 

Et cette intervention française tombe finalement plutôt bien pour les Etats Unis et, si on en croit cet article du New York Times, les Américains ne sont tout de même pas fâchés de voir la France s’y coller parce qu’ils n’avaient pas vraiment envie d’y aller eux-mêmes : trop compliqué pour des résultats aléatoires.

Bien sûr, la France, avec le renfort éventuel de ses ‘’alliés’’ africains, a parfaitement les moyens de contenir, de repousser et d’infliger de lourdes pertes aux miliciens qui tiennent actuellement le nord du Mali (et aux populations civiles aussi soit dit en passant).

Et les choses peuvent même aller très vite.

Le problème étant justement celui de la durée. Sauf à occuper durablement le Sahara et la région sahélienne, en y installant des postes militaires, en y faisant circuler des unités motorisées et en patrouillant régulièrement l’espace aérien, les combattants qui se seront égayés dans la nature et au-delà du «limes» reviendront dès qu’ils auront reconstitué leurs forces.

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Le limes romain en Afrique

Et compte tenu de l’instabilité (à laquelle l’Etat algérien a malheureusement contribué), et de la pauvreté, qui règnent dans une région à l’économie de laquelle l’intervention en Libye (avec la France en pointe déjà) a porté un coup très dur, il n’y a aucune raison pour que ces forces ne se reconstituent pas dans des délais assez brefs.

Pour conclure, on dira qu’il est quand même piquant de voir François Hollande aller guerroyer contre des clones ce ceux qu’il soutient mordicus en Syrie.

NB : j’ai hésité dans la traduction du titre. Au lieu de «supplantent (ou remplacent) la prudence», j’ai préféré «contre la prudence.» Il me semble que dans le verbe supplanter il y une notion d’antagonisme ou d’opposition.

Les frappes françaises au Mali contre la prudence des Etats Unis

par ADAM NOSSITER, ERIC SCHMITT and MARK MAZZETTI.

The New York Times (USA) 13 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Bamako, Mali – Des avions de combat français ont frappé en profondeur au cœur des bastions rebelles du nord du Mali ce dimanche, mettant fin à des mois d’hésitation internationale au sujet d’une action militaire dans la région et après l’échec de toutes les autres tentatives des Etats Unis et de leurs alliés pour contrer les extrémistes.

Pendant des années, les États-Unis ont essayé d’enrayer la propagation du militantisme islamique dans la région en mettant en œuvre le plus ambitieux de ses programmes de lutte contre le terrorisme à travers ces vastes étendues turbulentes du Sahara.

Mais quand les insurgés se sont répandus dans tout le désert l’an dernier, les commandants des unités d’élite des armées de ce pays, entraînées minutieusement pendant des années par les Etats Unis  ont fait défection au moment où on avait le plus besoin d’eux – pour passer à l’ennemi en pleine bataille, avec leurs hommes, leurs fusils et leurs nouvelles compétences, selon des officiers supérieurs Maliens.

« Ce fut un désastre,” déclare un des officiers Maliens qui confirme les défections.

Puis, un officier formé par les Etats Unis a renversé le gouvernement élu du Mali, préparant le terrain pour que plus de la moitié du pays tombe entre les mains des extrémistes islamistes. Les avions espions et les drones de surveillance américains ont essayé de mettre de l’ordre dans cette pagaille, mais les officiels Américains et leurs alliés en sont encore à se triturer les méninges pour se faire une idée précise de ce qu’ils affrontent.

Maintenant, malgré les avertissements américains de longue date sur le risque qu’une attaque occidentale sur le bastion islamiste fasse affluer des djihadistes de partout dans le monde et encourage des attentats terroristes aussi loin qu’en Europe, les Français sont entrés d’eux-mêmes en guerre.

Ils ont d’abord freiné la progression islamiste, affirmant que le reste du Mali serait tombé entre les mains des militants en quelques jours. Puis, le dimanche, les avions de combat français sont passés à l’offensive, attaquant des camps d’entraînement, des dépôts et d’autres positions des militants loin à l’intérieur du territoire contrôlé par les islamistes, dans le but de déloger les militants qui ont créé là un des plus importants repaires au monde pour les djihadistes.

Certains officiels du Départment de la Défense, en particulier des officiers du Joint Special Operations Command au pentagone ont plaidé en faveur d’une campagne d’assassinats [lethal campaign] pour tuer les hauts responsables de deux des organisations extrémistes qui tiennent le nord du Mali, Ansar Dine et Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Tuer les chefs, soutenaient-ils, pourrait provoquer un effondrement interne.

 Mais son attention et ses ressources étant concentrées sur d’autres conflits comme le Pakistan, le Yémen, la Somalie et la Libye, l’administration Obama a rejeté ces frappes en faveur d’une stratégie plus prudente et une action indirecte : aider les nations africaines à repousser et à contenir la menace par elles-mêmes.

Ces quatre dernières années, les Etats Unis ont dépensé entre 520 et 600 millions de dollars dans un vaste effort pour combattre le militantisme islamiste dans la région sans faire des guerres comme celles qu’ils ont menées au Moyen Orient. Ce programme s’est étendu du Maroc au Nigeria et les officiels Américains présentaient l’armée malienne comme une partenaire exemplaire. Les forces spéciales américaines avaient formé les soldats Maliens au tir de précision, à la patrouille de frontière, à l’embuscade et à d’autres techniques du contreterrorisme.

Mais toute cette planification délibérée a rapidement volé en éclats quand des combattants islamistes aguerris et lourdement armés sont rentrés des combats en Libye. Ils se sont alliés avec des djihadistes comme Ansar Dine, ont mis en déroute des forces maliennes mal équipées et les ont démoralisées à tel point qu’il s’en est suivi une mutinerie contre le gouvernement dans la capitale, Bamako.

Une évaluation confidentielle à l’interne effectuée en juillet dernier par l’Africa Command (Africom) au Pentagone avait conclu que le coup d’Etat était allé trop vite pour que le commandement américain où les analystes du renseignement puissent en détecter de véritables signes avant coureurs.

Le coup d’Etat au mali est allé si vite et il y avait si peu de signaux d’alerte,» explique le colonel Tom Davis, un porte parole du commandement. «L’étincelle qui l’a déclenché s’est produite chez les officiers de niveau intermédiaire qui ont fini ar renverser le gouvernement, pas aux échelons supérieurs où on aurait pu plus aisément remarquer des signaux d’alerte »

Mais un officier des Forces d’Opérations Spéciales n’est pas d’accord, qui affirme, “Les choses fermentaient depuis cinq ans. Les analystes étaient trop complaisants dans leurs hypothèses et ils n’avaient pas vu les gros changements et leur impact, comme l’armement lourd en provenance de Libye et la nature différente, plus ‘’islamique’’ des combattants qui revenaient.

Les mêmes unités de l’armée entraînées par les Etats Unis et qu’on voyait comme la meilleure chance de repousser cette avance se sont avérées en fin de compte être à la base de la défaite militaire du pays. Les chefs de ces unités d’élite étaient des Touareg – de la même ethnique nomade qui envahissait le nord du Mali.

Selon un officier supérieur, les commandants Touareg des quatre unités maliennes combattant dans le nord à l’époque avaient fait défection en faveur de l’insurrection ‘’au moment crucial», emportant avec eux les combattants, les armes et un peu d’équipement. Il affirme qu’ils ont été rejoints par environ 1 600 autres transfuges de l’armée malienne, portant un coup sévère aux espoirs du régime de résister à l’offensive.

“L’aide des Américains s’est révélée sans utilité,” déclare un autre officier supérieur Malien, engagé en ce moment dans les combats. ‘’Ils ont fait les mauvais choix,’’ dit-il en s’appuyant sur des chefs d’un groupe [ethnique] qui est en rébellion contre l’Etat malien depuis cinquante ans.

Le quasi effondrement de l’armée malienne, y compris des unités entraînées par les forces spéciales américaines, suivi par un coup d’Etat avec à sa tête un officier formé par les Etats Unis, le capitaine Amadou Sanogo, a surpris et embarrassé le haut commandement militaire américain.

 ‘’J’ai été très déçu de voir un militaire avec qui nous étions en relation pour le former participer au renversement par l’armée d’un gouvernement élu,’’  a déclaré le général Carter F. Ham, commandant de l’Africom, dans un discours prononcé à la Brown University le mois dernier. ‘’On ne peut pas qualifier ça autrement que complètement inacceptable.’’

Les officiels Américains défendent leur entraînement de l’armée malienne, expliquant qu’il n’avait jamais eu pour but d’être aussi complet que ce que les Etats Unis ont fait en Irak et en Afghanistan. ‘’Nous avons entraîné cinq unités pendant cinq ans, mais est-ce que ça suffit à faire une véritable armée solide comme le roc ?’’ demande un officier de l’armée américaine bien au courant du dossier.

Après le coup d’Etat, les extrémistes ont rapidement écarté les Touareg dans le nord malien et appliqué une version dure de l’Islam à la population, coupant des mains, flagellant les habitants et poussant à la fuite des dizaines de milliers de personnes. Les pays occidentaux ont alors adopté une stratégie d’endiguement, exhortant les pays africains à boucler le nord du pays en attendant d’être en mesure de mobiliser une force armée pour chasser les islamistes à l’automne, au plus tôt. A cette fin, le Pentagone fournit à la Mauritanie des camions neufs et au Niger deux avions de reconnaissance Cessna, en plus de la formation militaire dispensée dans les deux pays.

Mais même ce plan de sauvetage a échoué car les islamistes ont progressé dans le sud en direction de la capital. Avec des milliers de citoyens Français au Mali, son ancienne colonie, la France a décidé qu’elle ne pouvait pas attendre plus longtemps et a bombardé les militants sur la ligne de front et en profondeur dans leur repaire.

Certains experts dissent que des troupes étrangères pourraient facilement reprendre les grandes villes du nord du Mali, mais que les combattants islamistes ont obligé des enfants à se battre pour eux, ce qui est dissuasif pour toute force d’invasion, et pourraient recourir à des tactiques insurrectionnelles meurtrières.

 ‘’Ils ont préparé ces villes pour en faire un piège mortel,’’ déclare Rudy Atallah, l’ancien directeur de la politique du contreterrorisme pour le Pentagone. ‘’Si une force d’intervention va là-bas, les militants en feront une guerre insurrectionnelle.’’

Adam Nossiter reported from Bamako, Eric Schmitt from Niamey, Niger, and from Washington, and Mark Mazzetti from Washington. Steven Erlanger contributed reporting from Paris.

L’Algérie partie prenante d’une intervention militaire au Mali?

30 octobre 2012

La crise au Mali donne lieu à de grandes manœuvres diplomatiques qui pourraient déboucher sur une intervention militaire d’Etats membres de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’OTAN en fait qui non seulement assurera la véritable direction des opérations mais en dictera l’objectif politique.

La nature de cet objectif reste mystérieuse car si on peut tomber d’accord pour dire que le Mali doit recouvrer son unité territoriale, il n’est pas du tout sûr qu’il y parvienne avec l’aide des pompiers pyromanes français ou américains.

C’est que la crise au Mali ne concerne pas que la partie nord du pays, elle touche également la partie méridionale qui est aussi la plus peuplée et celle qui donne le ton politiquement.

Avant tout processus de réunification, qu’il se fasse par la voie militaire ou autrement, il importe donc d’engager un processus politique qui permette de définir la relation qu’entretiendront les différentes régions du Mali dans le cadre d’un Etat unitaire.

Parce que si le mouvement touareg a dores et déjà fait savoir qu’il renonçait à une indépendance qui lui a de toute façon immédiatement été confisquée par ceux qui se présentent comme des émules d’al Qaïda, il n’empêche que la réalité sur le terrain montre que si ces « djihadistes » ont un comportement abject, il en va de même de l’armée malienne.

C’est cette réalité dont ne veulent pas tenir compte les autorités des pays occidentaux et que leurs medias tendent à ignorer superbement à la différence d’un Boulkindi COULDIATI qui écrit dans Le Pays, un journal burkinabé.

Le magazine Jeune Afrique parle aussi de ces huit ou neuf civils qui ont été massacrés récemment par l’armée malienne alors qu’ils étaient en chemin vers la Mauritanie.

En langue française, c’est à peu près tout ce que méritent ces pauvres bougres, de simples pasteurs éleveurs qui n’avaient que le tort d’être des Touareg

Il va donc sans dire qu’une intervention militaire serait pour le moins prématurée, si tant est même qu’elle ait une quelconque utilité, et qu’elle risquerait de plonger un peu plus la région dans le chaos.

On dit que Hillary Clinton s’est déplacée à Alger pour persuader le gouvernement algérien de s’ impliquer dans une telle opération militaire.

Incroyable, je lui ai demandé sa main et elle a dit oui!

Elle aurait obtenu ce qu’elle voulait nous dit le journal La Croix selon qui l’armée algérienne, sans intervenir directement, participera à la planification des opérations militaires de reconquête du nord Mali.

Si c’était le cas, ce serait une erreur de plus à mettre à l’actif de la diplomatie algérienne qui n’en finit pas de céder sur des questions qui la regardent pourtant plus que n’importe quel politicien américain ou parisien.

Curieusement, le journal algérien L’Expression nous chante apparemment une chanson très différente sur l’issue des discussions entre Mme Clinton et les autorités d’Alger. on comprend cependant que les Etats Unis attendent de l’Armée nationale Populaire qu’elle agisse en tant que force supplétive des Etats Unis dans la région.

De quoi flatter l’ego national avec un prétendu «axe Alger-Washington» par opposition bien entendu à un axe Paris-Washington.

Un sous-texte qui semble donc confirmer les informations du journal La Croix.

A Alger comme dans d’autres pays arabes, on aime à se bercer d’illusions…

L’Algérie menacée

23 juin 2012

J’avais dit assez tôt sur ce blog que l’intervention militaire étrangère en Libye risquait d’avoir de graves conséquences pour l’Algérie. Les évènements qui ont suivi l’assassinat de Mouammar Kadhafi et l’arrivée au pouvoir de prétendus « rebelles » intronisés au son du canon anglo-français m’ont semble-t-il donné raison.

Et si on en croit l’article ci-dessous paru dans Tout Sur l’Algérie, les autorités d’Alger tirent de semblables conclusions puisqu’elles auraient décidé la création de sous-régions militaires dotés d’un commandement autonome au contact des zones sensibles, c’est-à-dire les confins algéro-libyens et le grand sud, aux frontières avec le Mali et le Niger.

Cette prise en compte du danger est certes louable mais elle est un peu tardive et n’est qu’une préparation à la conflagration qui va peut-être se produire.

Ces risques majeurs pour l’intégrité et l’unité territoriale du pays, le gouvernement algérien aurait dû faire plus d’efforts pour les éviter en s’opposant de manière déterminée à l’agression contre la Libye en agissant auprès des instances multilatérales, que ce soit l’ONU, l’Union Africaine ou la Ligue Arabe. Dans le cas de cette dernière, l’Algérie aurait dû mettre en balance son retrait de cette institution qui a montré qu’elle pouvait être utilisée pour faire le jeu des intérêts occidentaux contre un de ses membres.

Et puis, vu que l’Algérie se targue d’être une puissance militaire à l’échelle régionale, elle avait peut-être une occasion unique d’en faire la démonstration en adoptant une posture dissuasive.

Une telle posture comportait certes des risques, mais sans doute moins grands que ceux qu’encourt désormais le pays.

Pour faire face aux nouvelles menaces aux frontières

L’armée nationale va se doter de deux nouvelles sous‑régions militaires

Tout Sur l’Algérie, 23 juin 2012

 La situation aux frontières de l’Algérie pousse l’armée nationale à adapter son organisation. Selon nos informations, deux nouvelles sous‑régions militaires seront prochainement créées. Elles seront respectivement rattachées à la quatrième région (Ouargla) et à la sixième (Tamanrasset), avec comme principale mission la protection et la surveillance des frontières. Les deux nouvelles sous‑régions seront dirigées par un commandement autonome, avec des prérogatives semblables à celles des régions. Leur création devrait être officialisée à l’occasion de la fête du 5 Juillet et des traditionnelles promotions au sein de l’institution militaire.

Depuis quelques mois, l’Algérie fait face à de nouvelles menaces à ses frontières, avec notamment les tensions en Libye, au Mali et au Niger. À la frontière avec le Mali, la situation s’est brutalement dégradée après l’annonce de l’indépendance d’une partie du nord du pays. Les groupes islamistes radicaux, y compris Aqmi, un mouvement terroriste en guerre contre l’État algérien depuis plusieurs années, se sont implantés dans cette zone.

Résultat, les bruits de bottes se font entendre et la perspective d’une intervention étrangère n’est pas exclue. L’Algérie est elle‑même soumise à de fortes pressions pour l’obliger à s’engager militairement contre les groupes armés au nord du Mali. Or, la sixième région militaire, qui couvre un territoire très vaste, ne possédait pas les effectifs nécessaires ni l’organisation requise pour faire face à cette nouvelle situation.

Du côté de la quatrième région militaire, c’est la menace en provenance de Libye et la nécessité de renforcer la protection des champs pétroliers qui justifient la nouvelle organisation. Depuis la chute de Mouamar Kadhafi, la Libye est en proie à une situation chaotique, avec des conflits entre les différentes tribus du pays. Une situation qui favorise la circulation des armes et de possibles infiltrations de groupes terroristes sur le sol algérien. 

Bernard-Botul-Henri Lévy, la sauterelle et Mouammar Kadhafi

6 juin 2012

Non, la sauterelle, ce n’est pas Arielle, la sauterelle extra-terrestre, mais plutôt le criquet pèlerin.

L’agression contre la Libye sera peut-être l’occasion pour un certain philosophe, Bernard-Botul-Henri Lévy pour ne pas le nommer, de méditer sur la notion de causalité.

En effet, l’intervention occidentale, outre ses conséquences directes sur la Libye en termes de pertes humaines et matérielles a eu un impact désastreux sur la situation économique et donc politique de la région saharo-sahélienne. Le Mali en est l’exemple le plus visible avec la proclamation d’un Etat indépendant de l’Azawad. Certes, les fragilités et les lignes de fracture préexistaient aux évènements de Libye, mais elles n’auraient sans doute pas eu les mêmes conséquences hors l’intervention de l’OTAN et des pétromonarchies en Libye.

Maintenant, ce sont les criquets qui viennent nous rappeler que Mouammar Kadhafi ne se résumait pas à la caricature qu’en ont donné les media mais que c’était aussi un véritable homme d’Etat capable de jouer la carte de la solidarité avec ses voisins plus démunis.

Sa disparition en apporte la preuve.

Les essaims de criquets dans le sillage du soulèvement libyen

par Xan Rice à Lagos, Financial Times (UK) 5 juin 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les conséquences de la mort de Mouammar Kadhafi continuent à se faire sentir en Afrique – cette fois sous la forme d’essaims de criquets pèlerins.

L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a averti mardi que les terres arables du Mali et du Niger étaient sous la menace imminente de la migration vers le sud d’essaims de criquets en provenance d’Algérie et de Libye. La révolution en Libye a joué un rôle important dans la possibilité de reproduction de ce nuisible, a-t-elle annoncé.

 «Pour être honnête, la chute de Kadhafi a joué un rôle énorme, » déclare Keith Cressman, un dirigeant de la prévision acridienne à la FAO. « Elle a fortement réduit la capacité des Libyens à surveiller et à réagir comme ils l’auraient fait en temps normal. »

L’insécurité le long de la frontière algéro-libyenne – une conséquence du soulèvement – fait que les équipes sont encore incapables de traiter correctement par insecticide les zones affectées.

Les criquets pèlerins sont capables de ravager de vastes étendues de terres cultivées. En phase d’invasion, un essaim peut s’étirer sur plusieurs centaines de kilomètres carrés et comporter des milliards d’insectes, chacun d’entre eux pouvant absorber son propre poids de nourriture par jour.

En 2003 – 2005, une invasion de criquets avait touché les terres agricoles d’une vingtaine de pays, principalement en Afrique, et il en avait coûté 500 millions de dollars pour  réussir à la contrôler. L’infestation actuelle est loin d’être aussi importante, mais la FAO craint que l’insécurité au Mali entrave la lutte anti-acridienne dans ce pays.

Les essaims de criquets pèlerins se sont formés en Algérie et en Libye à la mi-mai, après des pluies abondantes et la croissance de la végétation qui en a résulté et dont ils se nourrissent.  Les premiers essaims ont déjà été aperçus dans le nord du Niger où sévit en ce moment une crise alimentaire.

Les petits paysans sont particulièrement vulnérables car l’intégralité de leurs récolte peut être ravagée. La FAO a indiqué que le nombre de criquets et leur propagation dépendront des actions de contrôle en Libye et en Algérie ainsi que des chutes de pluie dans la région sahélienne de l’Afrique de l’Ouest.

Pendant le règne de Kadhafi, la Libye avait un programme de contrôle acridien efficace et bien doté, explique M. Cressman. Si les structures administratives existent toujours, les véhicules, les pulvérisateurs et d’autres équipements ne sont plus disponibles.

« Avant la révolution, la Libye envoyait même d’importants convois avec des équipes de contrôle et de surveillance dans d’autres pays du nord et de l’ouest de l’Afrique, » dit-il. « Mais maintenant, ce sont eux qui ont besoin d’aide.»

L’insécurité persistante dans le sud de la Libye a fait que les spécialistes de la FAO présents dans le pays n’ont pas pu se rendre là-bas. Les équipes locales ont pu pulvériser des pesticides sur 40 000 hectares de zones infestées en Algérie et 21 000 hectares en Libye. Les pulvérisations sur les essaims avant leur migration les empêche l’accouplement et la ponte. Il faut l’éclosion de plusieurs générations de criquets pour qu’une invasion se développe, explique M. Cresman.

Le Mali et la sécurité nationale de l’Algérie

8 avril 2012

On l’a déjà dit ici, les événements en cours au Mali sont une menace pour la sécurité nationale de l’Algérie et sont une conséquence directe de l’intervention occidentale en Libye.

Cette menace est clairement perçue par le gouvernement algérien si on en juge par le déplacement en urgence d’Ahmed Ouyahia à Tamanrasset :

Le discours qu’il a prononcé lors d’une réunion avec les militants de son parti dans cette wilaya a été axé sur l’unité nationale. «Personne n’a fait don à Algérie de la moindre parcelle de son territoire (…) et ce qui se passe dans les pays voisins renforce l’attachement du peuple algérien à son unité nationale à travers l’ensemble du territoire national», a indiqué le secrétaire général du RND, précisant que «les frontières de l’Algérie remontent à la période pré-coloniale».

Ahmed Ouyahia

Il y a longtemps qu’un dirigeant Algérien n’avait pas été obligé d’en appeler à l’histoire pour justifier la configuration territoriale actuelle de l’Algérie. Ouyahia se sent en effet en devoir de soutenir que  les frontières de l’Algérie remontent à l’ére précoloniale», ce qu’on peut admettre pour la partie septentrionale du pays mais est sujet à caution pour la partie sud (le rapport avec le Sahara dans l’ère précoloniale ressemblait plutôt à celui qu’on entretient avec une façade maritime).

Ca sent un peu la panique…

Curieusement, c’est en qualité de secrétaire général du Rassemblement National Démocratique, un des partis au pouvoir, qu’Ahmed Ouyahia a pris la parole. Et non en tant que premier ministre, ce qui signifie probablement que ce dossier d’une importance extrême échappe au moins en partie au gouvernement et est géré directement par la présidence et la hiérarchie militaire.

La sécession targuie au Mali peut en effet donner l’idée à d’autres d’en faire de même, que ce soient les Toubous ou les Touareg et, pourquoi pas, la Kabylie en Algérie.

Et comme je l’ai écrit précédemment, l’Algérie pourrait payer cher son inaction en Libye même si le véritable précédent n’est pas la Libye mais le Soudan dont le processus de démembrement n’est d’ailleurs sans doute pas terminé.

Sur le Soudan, pays membre de l’Union Africaine et de la Ligue Arabe, l’Algérie était restée également absolument passive.

L’enlèvement des membres du corps consulaire algérien à Gao (qui viennent d’être libérés) est un spectaculaire avertissement adressé à l’Etat algérien.

Ce qui répond à la question que pose le journal L’Expression :

Comment explique-t-on qu’Al Jazeera soit sur les lieux de l’enlèvement du consul d’Algérie à Gao?

Et si le même journal algérien titre :

Etats sahéliens nés de la décolonisation, la menace d’implosion

Il suffit de lire l’article pour comprendre qu’il est surtout question du risque de dislocation de l’Algérie elle-même .et que le gouvernement algérien a sa part de responsabilité, en sus de celle liée à sa passivité sur la Libye..

Le Sahel en ébullition

Certes, il ne manquera pas d’Algériens fiers et ombrageux pour dire qu’une telle chose est impossible en Algérie. A mon avis, il ne manquait pas non plus de Yougoslaves fiers et ombrageux pour dire la même chose jusqu’au démembrement méticuleux de leur pays dans un processus qui a mis face à face des gens qui se parlaient, se rendaient de menus services, étaient amis ou même parents.


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