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L’islamophobie sera le nouvel antisémitisme selon le Professeur John L. Esposito

20 avril 2018

Le point de vue exposé ici est celui d’un Chrétien qui professe dans une prestigieuse université catholique de Washington aux Etats Unis. Quelqu’un qui est donc solidement ancré dans ses convictions chrétiennes, ce qui ne l’empêche pas de constater la réalité de l’islamophobie.

Il est détesté par les islamophobes qui lui reprochent notamment ses prises de position jugées trop favorables à la cause palestinienne. De fait, s’il est franchement abusif d’affirmer que derrière chaque islamophobe se cache un Juif, on peut dire que bien souvent se cache un sioniste ou une officine sioniste.

Le professeur Esposito ne propose malheureusement pas  une analyse des causes internes de la montée de l’islamophobie dans les sociétés occidentales. Mais peut-être que cette interview n’était pas le lieu adéquat pour ce genre de développement ?

« L’islamophobie sera le nouvel antisémitisme »

Rencontre avec John L. Esposito, professeur à l’université de Georgetown

Par Rosa Meneses, El Mundo (Espagne) 20 avril 2018 traduit de l’espagnol par Djazaïri

John L. Esposito (né en 1940 à New York), professeur à l’Université de Georgetown , est l’un des plus grands spécialistes mondiaux du dialogue interreligieux et un auteur prolifique, avec plusieurs livres consacrés à la connaissance de l’islam. Parmi ses anciens étudiants figurent le roi Philippe VI d’Espagne, le roi Abdullah de Jordanie ou l’ancien président américain Bill Clinton. Mercredi, Esposito a été nommé docteur ‘honoris causa’ par l’Université Pontificale Comillas ICAI-ICADE et hier, juste avant de partir pour la Malaisie, il a donné une interview à EL MUNDO.

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Le Professeur John L. Esposito

L’université [pontificale] vous a distingué pour votre travail en faveur du dialogue inter-religieux, en particulier entre Christianisme et Islam. Après des siècles d’existence, nous n’avons toujours pas appris à vivre ensemble ?

Je pense que nous avons bien réussi en termes de coexistence, mais au cours de ces dernières années, il y a eu des reculs importants. Si nous regardons, par exemple, la situation politique mondiale, nous voyons de grandes divisions entre l’Europe, les États-Unis, la Russie ou la Chine. Nous vivons dans un monde globalisé et, que cela plaise ou non, nous sommes interdépendants culturellement, politiquement et économiquement. Mais aujourd’hui, nous voyons comment les politiciens d’extrême droite aux États-Unis et en Europe prêchent un discours d’exclusion, contre les immigrés et les musulmans. Et à titre d’exemple, nous avons la situation ridicule de pays comme la République tchèque, la Pologne et la Hongrie [qui connaissent une poussée xénophobe, NdT] où il n’y a même pas un grand nombre de musulmans ou d’immigrés. Je pense que la coexistence est un défi et je n’exagère pas quand je dis que ce sont des temps dangereux à vivre.

De Donald Trump à Marine Le Pen ou Viktor Orban, nous assistons à la montée du populisme dans le monde. Pourquoi leur discours commun est-il une réaction contre l’Islam ?

Oui, il y a une réaction contre les musulmans, mais cela fait partie d’une réaction générale contre les immigrants. Nous oublions que, pour de nombreuses personnes en Europe et aux États-Unis, leurs relations avec l’islam et les musulmans ont commencé avec la révolution islamique iranienne en 1979. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme en 1974, l’islam et les musulmans étaient invisibles. Après la Révolution de 1979 – qui a été suivie par l’assassinat de [le président égyptien, Anouar] Sadate et ensuite par la montée d’Al-Qaïda – les musulmans ont été vus d’une fenêtre très étroite à travers laquelle on généralise. Les problèmes survenus en 1979 avaient eu une couverture médiatique qui avait vraiment exacerbé la situation.

Sommes-nous, nous les médias, responsables de la mauvaise image de l’islam et des Musulmans ?

Non, les terroristes sont responsables. Mais les médias ont une grande influence. Je ne dis pas qu’ils offrent une image négative d’une manière délibérée, mais c’est une réalité. Il existe une très grande disparité entre la couverture médiatique des sociétés musulmanes et la couverture médiatique de l’extrémisme. Dans une étude réalisée en 2015 et 2016 au Royaume-Uni et en Allemagne, huit reportages sur dix étaient négatifs et traitaient de l’extrémisme religieux. Les dirigeants politiques et les élites éduquées ont une vision de la réalité basée sur celle fournie par la télévision, les médias et même les réseaux sociaux. Le problème est lorsque cette vision est utilisée comme une arme par des politiciens qui jouent avec la peur parce qu’elle leur donne des votes et de l’argent.

Pensez-vous que l’islamophobie est devenue un problème dans nos sociétés actuelles tout comme l’antisémitisme le fut dans l’Europe des années 1930 ?

Il y a un risque que l’islamophobie devienne le nouvel antisémitisme. C’est une idée sur laquelle j’ai mis en garde dans mes écrits depuis des années. Aux Etats-Unis, il y a même des organisations juives qui ont reconnu ce problème et qui, ces dernières années, ont soutenu des projets contre l’islamophobie, parce qu’elles voient une ressemblance qui leur est familière avec ce qui s’est passé en Europe. Des études publiées en 2015 et 2016 montrent que l’islamophobie est là pour rester et qu’elle est également en cours de normalisation dans le sens que vous pouvez dire des choses contre les musulmans et l’islam publiquement (dans les médias, etc.) en bénéficiant de la liberté d’expression, alors que ce ne serait pas admis si ces choses visaient d’autres groupes parce qu’elles seraient considérées comme racistes. Et cela conduit à un discours de haine ou à des crimes de haine comme les attaques contre des mosquées qui ont eu lieu au Royaume-Uni. Nous sommes restés sourds à ces signaux.

L’islam politique a-t-il changé suite aux révolutions arabes ?

Pas tellement l’islam politique. Je crois que ce qui s’est passé est qu’une partie de la vague de changement a rendu certains pays plus autoritaires. L’Egypte ou les pays du Golfe, par exemple. La Tunisie est un bon exemple de ce que l’islam politique peut faire. En Egypte, il y a eu beaucoup d’erreurs mais le moyen de canaliser la situation avec Mohamed Morsi, qui a été élu démocratiquement, aurait dû être d’attendre les élections. Cependant, les militaires [égyptiens] craignaient ce qui pouvait résulter des élections. Donc, ce que nous voyons maintenant, c’est qu’ils ont géré les élections comme auparavant, quand le leader se présente et obtient 97% des voix. Quand les islamistes sont autorisés à participer au système politique comme n’importe quel autre groupe de citoyens et qu’il existe une vaste société civile, vous pouvez voir comment ils sont intégrés dans ce système. Au cours des 20 dernières années, nous avons vu des élections en Jordanie, au Koweït, en Malaisie, en Indonésie, au Sénégal, au Maroc, où les islamistes participent au système. Mais cela est caché à la fois par les politiciens et les médias de droite, qui mettent tous les islamistes dans le même sac et, au lieu de parler de leur participation à la société, ils concentrent leur attention uniquement sur Al-Qaïda et l’État islamique. .

L’Islam a-t-il besoin d’une réforme religieuse pour s’adapter à l’époque?

J’ai écrit beaucoup de livres à ce sujet. La réalité est que les réformateurs ont toujours existé, mais que leur démarche été entravée. Il est très difficile de préconiser des réformes dans les pays autoritaires, surtout s’il est question de réformer les traditions religieuses parce que tout ce qui affecte la société en termes culturels et politiques est une menace pour les régimes autoritaires. D’un autre côté, il y a des chefs religieux conservateurs qui bloqueront tout changement à cet égard. Pour que les réformes puissent se frayer un chemin, elles ont besoin d’une société ouverte.

Avons-nous surmonté le discours du «choc des civilisations»?

Huntington et moi avons débattu ensemble plusieurs fois. L’expression «choc des civilisations» a beaucoup été utilisée au fil des années, mais elle a signifié différentes choses. Parce que la question est : « quelle est la direction de ce choc ? » La notion de «confrontation» est utilisée par les deux parties ; elle est également utilisée par les extrémistes musulmans. D’un autre côté, j’ai travaillé pendant de nombreuses années avec Gallup et dans nos études nous voyons que les musulmans admirent beaucoup de choses de l’Occident : les libertés, l’éducation, la démocratie, l’économie, par exemple … Mais ils critiquent le double standard en termes de la défense de la démocratie. Ils disent que l’Occident ne fait que promouvoir la démocratie pour lui-même, alors que pour le Moyen-Orient, il préfère promouvoir la sécurité et les affaires, comme George W. Bush l’a fait et comme le fait maintenant Trump. La sécurité est à nouveau l’axe des relations entre les États-Unis et l’Union européenne avec les pays du Moyen-Orient. Trump est revenu pour articuler cette politique dans laquelle on dit aux autocrates : « Ce que vous faites dans votre pays est votre affaire ».

Extrême-Droite: philosémitisme et islamophobie

24 octobre 2017

La digue intellectuelle et morale qui contrariait la montée de l’extrême-droite en Europe est en passe d’être bientôt contournée, voire retournée par les partis représentatifs de ce courant de pensée.

Cette digue, c’était l’antisémitisme professé plus ou moins ouvertement par ces mouvements, un antisémitisme qui n’avait en principe plus droit de cité depuis la deuxième guerre mondiale et la déportation quasi-systématique des Juifs européens par le Troisième Reich.

Cette marginalisation de l’extrême-droite était-elle basée sur un principe humaniste intangible, à savoir l’égalité foncière de tous les hommes, qui avait été bafoué par le régime nazi ? Ou reposait-elle sur la stigmatisation d’un crime contre une population particulière sans qu’il en découle un principe général applicable à toutes les populations minoritaires ?

On a longtemps pu croire à la réalité du principe intangible. Mais ces dernières années nous ont au contraire apporté la preuve, s’il en fallait une, que tel n’était pas le cas et que c’est au contraire le caractère relatif du souvenir du sort des Juifs qui prévaut.

Cette démonstration nous est apportée par l’évolution de l’extrême-droite européenne qui a renoncé, à un rythme différent selon les pays, à l’antisémitisme qui la caractérisait, pour passer au « philosémitisme », tout en élaborant son discours islamophobe.

En soi, cela ne suffit pas à gagner des électeurs. Mais ça suffit à vous ouvrir la porte des studios des radios et des télévisions sans lesquels les messages politiques restent lettre morte dans les sociétés de communication de masse que sont les nations occidentales.

L’islamophobie n’a par contre évidemment pas cette vertu d’endiguement que possède l’antisémitisme.

L’article que je vous propose fait le point sur cette thématique du nouveau philosémitisme et de l’islamophobie qui caractérisent l’extrême-droite européenne actuelle.

On reprochera peut-être à l’auteur sa grande naïveté, ou pseudo naïveté car si je veux bien croire que l’extrême droite instrumentalise les juifs et le sionisme à ses propres fins, il aurait peut-être dû se poser la question du rôle du lobby sioniste et de l’entité sioniste elle-même dans l’ascension de l’extrême-droite et dans la promotion des discours islamophobes produits dans des cercles qui vont au-delà de cette mouvance politique.

Ce qui vaut pour l’Europe vaut aussi pour ses développements américain et australien.

La montée de la nouvelle extrême-droite : les ‘philosémites’ européens utilisent les Juifs pour combattre les Musulmans

L’extrême-droite redéfinit les Juifs comme les ‘victimes exemplaires de la menace de l’Islam,’ ainsi que l’affirme un analyste, le soutien à Israël en étant le corollaire. Mais l’antisémitisme reste très présent.

Par Michael Colborne, Haaretz (Sionistan) 21 octobre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Il y a près d’une trentaine d’années, Heinz-Christian Strache était arrêté lors d’une marche aux flambeaux avec une organisation inspirée de la Jeunesse Hitlérienne. Mais ces jours-ci, le dirigeant du mouvement autrichien d’extrême droite Parti de la Liberté, – qui, après le scrutin de dimanche, devrait entrer dans le nouveau gouvernement de droite de l’Autriche – a l’air de vouloir devenir le meilleur ami d’Israël.

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Heinz-Christian Strache du FPÖ (Parti de la Liberté Autricien)

Strache s’est rendu à plusieurs reprises en Israël au nom du Parti de la Liberté, mais les responsables gouvernementaux d’Israël ont évité de rencontrer le chef d’un parti dont le premier dirigeant était un ancien officier SS. Strache a même écrit au Premier Ministre Benjamin Netanyahou plus tôt dans l’année, promettant de transférer l’ambassade d’Autriche de la banlieue de Tel Aviv vers Jérusalem, et de soutenir le droit d’Israël à construire dans les colonies de Cisjordanie.

Israël a « le droit de construire partout où c’est nécessaire sur la terre d’Israël, » écrivait Strache.

 

Strache est loin d’être le seul leader européen d’extrême droite qui soit perçu comme étant devenu un adepte du prétendu philosémitisme. Selon Geert Wilders, porte-drapeau des islamophobes néerlandais, Israël est « la première ligne de défense de l’Occident » contre l’islam. Selon sa propre compte, Wilders a visité Israël plus de 40 fois. En France, la dirigeante du Front National d’extrême droite, Marine Le Pen, a déclaré aux membres de la plus importante communauté juive d’Europe que son parti était «le meilleur bouclier pour vous protéger».

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Geert Wilders

Mais que ce soit en Autriche, en Allemagne, en France ou même en Bulgarie – où un parti ouvertement d’extrême-droite fait partie du gouvernement depuis mai – les dirigeants d’extrême droite utilisent les communautés juives, réelles ou imaginaires, comme des instruments pour diaboliser les musulmans et les autres minorités.

Cette évolution des extrémistes de droite vers le philosémitisme est cependant en grande partie une nouveauté, compte tenu en particulier du fait que beaucoup de ces partis comportent encore beaucoup d’éléments antisémites qui ne cessent de se manifester.

« Les positions pro-israéliennes et le philosémitisme sont relativement récents au sein de la droite radicale européenne, même pour la partie occidentale de l’Europe », a déclaré à Haaretz par courrier électronique Cas Mudde, professeur de sciences politiques à l’Université de Géorgie (USA).

Mudde, qui étudie les mouvements d’extrême droite en Europe, note également que les partis d’extrême droite comme le Parti de la liberté et le Front national qui ont adopté des positions philosémites «les ont développées dans le cadre de leur programme islamophobe».

Il y a plus de dix ans, Mudde écrivait dans une étude sur les partis populistes de la droite radicale en Europe, soulignant la position de nombreux extrémistes de droite sur les Juifs. Les Juifs, dit Mudde, sont considérés comme incarnant une modernité à défendre. D’autre part, l’importante minorité Rom d’Europe est considérée comme une population barbare vivant en marge de la modernité, tandis que les Musulmans sont considérés comme des barbares vivant dans la modernité – l’ennemi déjà présent à l’intérieur, selon l’extrême droite.

Par conséquent, le «tournant philosémite» de nombreux partis d’extrême droite, selon les mots du sociologue Rogers Brubaker, provient directement des préoccupations de ces partis à l’égard de l’islam. Ecrivant plus tôt cette année, Brubaker soutient que l’extrême droite en est venue à redéfinir les juifs en tant que «Européens» et «victimes exemplaires de la menace de l’islam»

L’antisémitisme fait encore rage

Mais tout le monde dans ces nouveaux partis philosémites ne semble pas avoir reçu la consigne. Avant les élections présidentielles françaises d’avril et de mai, Marine Le Pen a dû repousser les accusations selon lesquelles deux de ses compagnons de route étaient des sympathisants nazis qui organisaient des soirées «pyjama rayé» – en référence aux vêtements que les Juifs étaient obligés de porter dans les camps de concentration.

En Autriche, Strache fait semblant de dénoncer l’antisémitisme qui règne encore dans son parti ; ce mois-ci, il a dû suspendre un conseiller local du Parti de la Liberté qui a fait un salut nazi. En plus de cela, des militants autrichiens ont récemment publié une liste de ce qu’ils disent être plus de 60 incidents antisémites et racistes impliquant des personnalités du Parti de la liberté depuis 2013.

« S’il [le Parti de la Liberté] a vraiment changé d’idéologie, est une question à laquelle lui seul peut répondre, » a déclaré la politologue Alexandra Siegl à l’Agence France-Presse.

Mais parfois le masque semble glisser un peu. Quelques jours avant le vote autrichien qui a vu le Parti de la Liberté égaler son meilleur résultat, Strache a interrogé les motivations de l’un des donateurs du futur Chancelier Sebastian Kurz – l’homme d’affaires juif Georg Muzicant, fils de l’ancien président de la communauté juive de Vienne.

Strache a déclaré que le soutien financier de Muzicant pour Kurz était une preuve de Verstrickungen – enchevêtrements – un mot dans ce contexte impliquant une conspiration juive. Pour sa part, Kurz a déclaré que les commentaires de Strache étaient « déshonorants », bien qu’il semble toujours susceptible de former un gouvernement de coalition avec lui.

Fort en Bulgarie

En Bulgarie, sur les frontières souvent oubliées de l’Europe, un parti d’extrême-droite siège déjà dans un gouvernement de coalition – un parti qui utilise l’expérience de la Bulgarie pendant l’Holocauste pour attaquer les minorités les plus dénigrées du pays.

Les Patriotes Unis de Bulgarie, une coalition de trois partis d’extrême-droite, se sont frayés un chemin jusqu’au gouvernement après que les élections de cette année ont laissé le Premier Ministre Boyko Borisov, qui sortait de son troisième mandat, sans autre partenaire possible pour une coalition.

Patriotes Unis et leurs dirigeants islamophobes et anti-Roms sont de fiers promoteurs du rôle de la Bulgarie dans la sauvetage des Juifs des camps de la mort en Allemagne. En mars 1943, Boris III, le roi de la Bulgarie alliée aux nazis, refusa que les 50 000 Juifs bulgares soient déportés dans les camps. Presque tous ont survécu à la guerre et, avec le temps, sont partis pour Israël.

Aujourd’hui, il y a à peine 2 000 Juifs en Bulgarie et seulement deux synagogues an activité. Pourtant, les leaders de la communauté juive ont alerté cette année sur une augmentation des propos et des incidents antisémites, notamment la destruction de pierres tombales juives dans le cimetière central de Sofia le mois dernier et des manifestations en mémoire d’un général nazi notoire, Hristo Lukov.

Rien de tout cela n’a découragé les patriotes unis.

« Les Juifs en Bulgarie sont un exemple d’intégration réussie », a déclaré un député de Patriotes Unis au parlement bulgare à l’occasion de Rosh Hashanah, en lisant une déclaration du parti. Les Juifs, a déclaré le député, sont « un exemple que tous les groupes minoritaires de notre patrie devraient suivre », faisant un reproche subtil aux Roms et aux Turcs de Bulgarie, qui représentent ensemble près de 20% de la population bulgare.

Mais l’approche de l’histoire des Juifs en Bulgarie par Patriotes Unis occulte quelques points essentiels. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs bulgares ont été forcés de porter des étoiles jaunes, de respecter des couvre-feux stricts et de remettre bijoux et autres objets de valeur. Et pendant la guerre, la Bulgarie a occupé la Macédoine, la Thrace et une partie de la Serbie – et n’a rien fait pour empêcher 11 000 juifs de ces régions d’être envoyés à la mort.

Ce n’est pas quelque chose dont Patriotes Unis aime parler.

Dans une déclaration, le parti a affirmé qu’aujourd’hui « les ennemis de la Bulgarie, activement soutenus par bezrodnitsi  » – un terme poétique pour les gens qui se sont éloignés de la nation – « tentent de lancer une accusation honteuse contre les Bulgares » en attirant l’attention sur ces 11 000 Juifs qui ont été déportés vers la mort.

C’est une attitude qui déconcerte la communauté juive actuelle de la Bulgarie. Tom Junes, historien et membre de la Fondation d’Etudes Sociales et Humaines de Sofia, un think-tank non gouvernemental, a rapporté à Haaretz quelque chose qu’un collègue juif bulgare lui avait dit : « Si j’ai cinq enfants et que tu en tues un, Je suis censé te remercier de ne pas avoir tué les quatre autres?

Patriotes Unis devra s’habituer à entendre plus de questions comme celle-ci. Le 75e anniversaire du refus de Boris III d’expulser les Juifs de Bulgarie tombe en mars, juste au moment où la Bulgarie assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, suivie, par coïncidence, par l’Autriche. Certains des politiciens d’extrême droite les plus fervents d’Europe pourraient se retrouver eux-mêmes et leur philosémitisme ostensible, à être plus observés que ce à quoi ils s’attendaient.

Le bikini et l’âme de la France, une lecture décoiffante de la chasse au burkini

24 août 2016

Cet excellent article a été signalé par des personnes que je suis sur Twitter et j’ai souhaité le traduire. Comme tout texte teinté d’humour british, il m’a réservé quelques difficultés de traduction que je n’ai pas complètement surmontées. La traduction reste cependant fidèle au sens voulu par l’auteure qui moque avec tendresse et férocité les postures prises par la classe politique hexagonale au sujet du fameux burkini.

Hadley Freeman est une journaliste américaine qui travaille en Angleterre et qui est connue pour son combat contre la misogynie.

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Hadley Freeman

Son article est parfaitement complémentaire de celui d’Amanda Taub publié par le New York Times.

Quel style de maillot de bain dois-je porter pour impressionner le chic à la française ?

Vous pouvez faire confiance aux Français pour faire de l’exposition de la chair féminine un élément essentiel de leur identité nationale. Allons France, tu vaux mieux que ces interdictions du burkini.

Par Hadley Freeman, The Guardian (UK) 22 août 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Je vais en vacances sur la côte française cette semaine. Quel style de maillot de bain dois-je porter pour impressionner le chic à la française ?

Amanda, par email

Ooh la la, la plage française – c’est si chic, n’est-ce pas ?  [en français dans le texte] Mais que diable faut-il porter pour aller sur un lieu célébré par tout le monde, de Manet à Colette en passant par Karl Lagerfeld ? Cette année, la seule réponse est : un burkini.

Comme vous en avez sans doute entendu parler maintenant, le burkini – un maillot de bain qui recouvre tout le corps a la faveur de certaines femmes musulmanes ( et de Nigella Lawson) – est le dernier vêtement dans la ligne de mire de ce que la France voudrait interdire de porter aux femmes musulmanes dans le but de les affranchir des règles patriarcales sur l’apparence des femmes, ou quelque chose comme ça. Je ne sais pas, j’ai essayé de lire environ une centaine d’articles sur ce sujet et pourtant je n’arrive jamais à aller plus loin que le premier paragraphe parce que mon cerveau se retrouve au bord e l’explosion.

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Plage de Bondi en Australie: Nigella Lawson (à droite) est une animatrice vedette de la télévision britannique. Elle n’est pas musulmane mais porte un burkini pour se protéger du soleil.

Après l’interdiction des foulards dans les écoles et celle du niqab dans l’espace public, c’est maintenant au tour du burkini d’être considéré comme incompatible avec le mode de vie français. Vous pouvez faire confiance aux Français pour faire de l’exposition da la chair féminine un élément essentiel de leur identité nationale. Pour l’heure, cinq villes ont interdit le burkini et trois autres sont sur le point d’en faire autant, pour sauver ce que Marine Le Pen appelle sans langue de bois « l’âme de la France. » Le premier ministre Manuel Valls a ajouté la semaine dernière que « la nation doit se défendre. »

Malheureusement, personne ne peut raisonnablement trancher ce qu’est cette âme française, ou pourquoi elle a besoin d’être défendue contre une tenue de main musulmane. Ma ministre socialiste des droits de femmes, Laurence Rossignol, a souligné que c’était une question féministe : [le burkini] a la même logique que la burqa : cacher les corps des femmes pour les contrôler, » a-t-elle dit, apparemment non consciente du fait que les contraindre à porter des bikinis pourrait facilement être perçu comme une autre forme de contrôle. »  » Ce n’est pas seulement l’affaire de celles qui le portent car il est, pour moi, le symbole d’un projet politique hostile à la mixité et à l’émancipation des femmes, » a-t-elle ajouté. C’est quand même quelque chose que d’entendre une ministre supposée chargée des droits des femmes piétiner allègrement les droits des individus à porter leurs tenues de bain – qui ne contreviennent à aucune loi française – dans le but de faire une généralisation d’ordre théorique qui va à l’encontre de la mixité au nom de la mixité. Vous commencez peut-être à avoir mal à la tête là ? Parce que mon cerveau à moi est à nouveau au bord de l’explosion.

Les politiciens français se figurent-ils que ces femmes viendront désormais à la plage dans la tenue française acceptable, i.e. seins nus ?

Voyez-vous, il y a beaucoup de choses dans l’attitude de l’Islam à l’égard des femmes que je n’aime pas. Il y a de même beaucoup de choses que je n’aime pas dans l’attitude de ma propre religion à l’égard des femmes, mais ne nous égarons pas. Il ne faut pas se leurrer à propos de ce sur quoi porte tout ce battage. La France a plus souffert  d’un terrorisme épouvantable perpétré au nom de l’Islam que n’importe quel autre pays européen ces dernières années et, ne sachant trop quoi faire pour lutter contre lui, elle fait précisément ce que Rossignol accuse l’Islam de faire : montrer du doigt des femmes à qui on n’a rien à reprocher  et leur donner mauvaise conscience au sujet de leur corps. C’est ce qui se passe quand les politiciens français exploitent la laïcité tant célébrée du pays (principe de sécularisme) pour obtenir des gains politiques en jouant sur le plus petit dénominateur commun. En outre, quand la ministre chargée des droits des femmes se retrouve du même côté que le Front national, eh bien au moins l’une des deux devrait prendre le temps de se regarder sérieusement dans la glace.  Après tout, si Mme Rossignol était si préoccupée par les vêtements qui sont « hostiles à l’émancipation des femmes, » elle devrait envisager l’interdiction des robes de mariées blanches qui envoient le message qu’une femme doit être vierge et innocente quand elle se marie. Ou les talons hauts qui disent que les femmes doivent être comme des gazelles qui aiment marcher sur la pointe de leurs orteils pour être sexy. Mais est-ce que l’un ou l’autre [de ces effets vestimentaires] est prohibé ? Non, ils ne le sont pas. Mais pour le coup, ils ne sont pas associés à la religion musulmane. Il n’est pas question ici de relativisme culturel mais de comprendre ce qui « diable est en train de se passer. »

Honnêtement, qu’est-ce que les politiciens français pensent qu’il va arriver à ces femmes désormais interdites de porter leurs burkinis ? Est-ce qu’ils se figurent qu’elles vont maintenant venir à la plage dans la tenue française acceptable sur la plage, i.e. seins nus avec leur nudité recouverte seulement de deux petits morceaux de tissu d’un bikini et éventuellement d’une cigarette ? Non, elles resteront à la maison, refoulées à l’intérieur et hors de la vue, dans l’incapacité d’être sur la plage avec leurs enfants. Une championne à la grande âme qui protège, la France !

France, tu sais que je t’aime. La moitié de ma famille vient de chez toi et mes parents vivent chez toi. Mais vraiment, n’as-tu rien appris de l’histoire ? Les événements du siècle dernier ne t’ont-ils vraiment pas appris que grignoter toujours plus les droits d’une minorité religieuse persécutée dans ton pays simplement pour leur rendre la vie plus difficile afin de calmer une populace apeurée et en colère ne fera aucun bien à ton « âme »? En ce moment, tu ressembles au chef vaguement raciste d’un camp de nudiste en disant aux femmes musulmanes d’être au moins à demi-nues pour prouver leur valeur. Je ne veux pas donner l’impression de trop sortir du sujet ici, mais si vous êtes si préoccupés par la persécution que doivent ressentir ces femmes musulmanes dans leurs tenues de bain, peut-être devriez-vous d’abord aller en parler avec elles avant de vous mettre à foncer comme un sauveur colonialiste pour affirmer que vous savez ce qui est le mieux pour elles

. Allons France, tu vaux mieux que ça. Et quant au reste d’entre nous [les femmes], qu’on nous laisse critiquer et fuir le burkini.

Le racisme, Mme Taubira: derrière l’indignation réelle ou feinte, un événement politique peut-être capital

13 novembre 2013

Après un retard à l’allumage qui en dit long, la presse et la classe politique françaises mettent les bouchées doubles pour condamner les propos racistes tenus à l’encontre de Mme Christiane Taubira, ministre de la justice du gouvernement Ayrault. Est particulièrement visée la une du magazine d’extrême droite « Minute« .

Des poursuites seraient engagées par le premier ministre contre le magazine en question. Sans aller jusqu’à préjuger de  la tournure que prendra la procédure judiciaire, il y a quand même fort à parier qu’elle débouchera sur un non lieu étant donné que la une de Minute emploie deux expressions tout à fait banales dans le parler français: « malin comme un singe » et « avoir la banane ».

Après, il faut aller voir le contenu rédactionnel. Je n’ai personnellement pas l’intention d’aller jusque là quoique, comme le disait Pierre Desproges:

« Il est plus économique de lire Minute que Sartre. Pour le prix d’un journal, on a à la fois La Nausée et Les Mains sales »

Si on n’en reste pas au stade de l’émotion, réelle ou feinte, on a quand même quelque peine à voir ici une lame de fond qui permettrait à la France d’éviter de connaître à nouveau certains errements tels que ceux qui ont marqué le déplacement à Angers de Mme Taubira le 25 octobre.

Comme d’autres l’ont dit avant moi, on est en effet confondu par l’inertie de la classe politique concernant les propos tenus à Angers. Or, c’est seulement en référence à ces propos qu’on peut espérer qualifier de raciste la une de Minute.

Et on ne peut qu’être interloqué par l’indignation exprimée par jean-François Copé, l’homme qui excite à l’islamophobie avec son histoire de pains au chocolat des petits infidèles confisqués par leurs camarades de confession musulmane pour cause de Ramadan.

S’il fallait un indice du caractère surjoué de l’indignation de la classe politique, ces deux me semblent parfaitement suffisants.

Et ce n’est pas dans ce spectacle en trompe l’oeil que se joue quoi que ce soit de fondamental pour l’Hexagone où l’islamophobie est devenue le véritable bien commun de la république.

Le véritable événement politique qui pourrait avoir une portée considérable vient de se dérouler à la Haye aux Pays Bas où

La présidente du parti français Front national Marine Le Pen et le chef de file de l’extrême droite néerlandaise Geert Wilders (PVV) ont conclu mercredi à La Haye une alliance en vue des élections européennes de mai 2014.

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Une alliance dont Mme Le Pen attend beaucoup:

« Aujourd’hui est un jour historique », a déclaré Mme Le Pen lors d’une conférence de presse à La Haye

Un jour historique dit-elle et elle n’a peut-être pas tort. Et pour comprendre ce qu’elle entend par là, il suffit de lire la suite de l’article.

Et Geert Wilders, qualifiant l’UE d' »Etat nazi », de renchérir: « aujourd’hui marque le début de la libération de ce monstre nommé ‘Bruxelles' ».

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Geert Wilders

Dans la bouche d’un leader politique d’extrême droite; Etat nazi devrait avoir une connotation positive, or ce n’est évidemment pas le cas dans le propos de Wilders puisque cet Etat nazi qu’est l’Europe est un monstre.

Le groupe envisagé par Mme Le Pen et M. Wilders pourrait inclure, entre autres, le Vlaams Belang, la Ligue du Nord italienne, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et le Parti de la liberté autrichien (FPÖ) ainsi que des partis d’Europe du Nord.

La liste n’est pas exhaustive mais on apprend un peu plus loin que

Mais Mme Le Pen et M. Wilders ont exclu de s’associer, par exemple, avec les Hongrois du Jobbik et d’autres députés nationalistes slovaques, roumains et bulgares, tous accusés de dérives racistes.

Par dérives racistes, il faut entendre antisémites. Geert Wilders est par contre connu pour ses positions clairement philosémites et ultrasionistes.

Charmants: Marine Le Pen et Geert Wilders

Charmants: Marine Le Pen et Geert Wilders

L’alliance avec Wilders va contribuer à accélérer l’aggiornamento de l’extrême droite française qui tente depuis quelque temps, sous l’impulsion de Marine le Pen et de Florian Philippot, de tourner le dos aux classiques antisémites qui sont un des héritages de l’époque de Vichy et donc de la droite nationaliste classique.

Le Front National pourrait alors se situer, relativement à la question de l’antisémitisme et à celle du sionisme, dans le droit fil des positions adoptées par ces partis qui, comme le Vlams Belaang , aspirent à peser sur la vie politique de leurs pays respectifs.

L’idée force est que l’antisémitisme affiché dans le discours officiel du parti ou de certains de ses militants est un des obstacles concrets à une véritable émergence sur la scène politique et que face à ce qui est perçu comme une menace de la présence musulmane, les institutions, ou une partie des institutions communautaires ou organisations juives, peuvent être de précieux alliés aussi bien en termes de dédiabolisation que de convergences idéologiques.

L’alliance avec Wilders n’est qu’accessoirement une alliance contre l’Union Européenne, c’est avant tout un élément clef de la recomposition politique en France et de l’évolution du rapport de forces à l’intérieur du Front national.

L’extrême droite et ces organisations juives ont l’islamophobie en partage, l’extrême droite ayant en propre un racisme dont les cibles sont bien connues et les organisations juives étant motivées par la défense et la promotion du projet sioniste, raciste aussi dans son essence et sa pratique.

Une telle convergence est certainement de nature à mettre le Front national dans une position avantageuse en cas d’éclatement de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP)

Ces synergies sont particulièrement claires aux Pays Bas, mais aussi en Angleterre et aux Etats Unis.

la différence étant qu’aucun de ces pays ne dispose d’un parti d’extrême droite aussi puissant que le Front National, parti qui s’ancre dans une réalité sociale, politique et historique différente de celle de ses homologies européens.

Des porcs dans un carré musulman: ce qu’un acte islamophobe en Australie nous dit sur l’islamophobie en Occident

17 juillet 2013

L’islamophobie se manifeste par des paroles, des écrits ou des actes comme par exemple des profanations de lieux de culte ou de tombes.

Et c’est un phénomène qui touche toutes les sociétés occidentales, que ces dernières accueillent ou pas une communauté musulmane importante.

C’est par exemple le cas de l’Australie où le carré musulman d’un cimetière vient d’être profané. Or, en Australie, les Musulmans représenteraient un peu plus de 2 % de la population d’après Wikipedia

C’est que partout, l’islamophobie qui se manifeste actuellement a une cause commune qui a moins à voir avec les Musulmans eux-mêmes qu’avec les inflexions idéologiques initiées, encouragées et parfois portées directement par la frange extrême du lobby sioniste. Et comme on le sait, en matière de sionisme,  la frange extrême est  un euphémisme pour désigner le courant majoritaire, le sionisme étant par définition une doctrine extrémiste.

Ces inflexions ont d’abord été testées avec la droite extrême avant d’être diffusées plus largement pour se retrouver maintenant dans le fonds du discours commun.

Il est par exemple pour le moins piquant de constater que la toute récente interpellation de Kristian Vikernes, un extrémiste de droite Norvégien sur le sol français donne l’occasion à la presse de lancer une charge contre le Front national au motif que cet individu aurait fait l’éloge de la ligne politique de ce parti sur son blog, appelant même les Français à voter pour Marine Le Pen lors de la dernière élection présidentielle.

Ce monsieur est un émule d’Anders Behring Breivik, le terroriste auteur d’un attentat à Oslo et d’un massacre dans l’île d’Utoeya.

En admettant que ce sujet norvégien représentait une véritable menace d’ampleur (ce qui ne semble pas évident) ,on doit quand même dire que si la presse voulait être un peu sérieuse, elle n’omettrait pas de rappeler que parmi les références intellectuelles du tueur d’Oslo et d’Utoeya se trouvait un philosophe Français ayant pignon sur rue, que les victimes d’Utoeya étaient de jeunes militants travaillistes qui se réunissaient entre autres pour manifester leur solidarité avec le peuple palestinien, que le tueur affichait ouvertement son aversion pour la religion musulmane et son adhésion à la cause sioniste, et que de nombreux sionistes lui ont exprimé ouvertement leur soutien.

Le seul point sur lequel le Front National reste encore en retrait par rapport au discours commun et autorisé, est précisément celui du soutien à l’idéologie sioniste.

A la différence des autres forces de l’extrême droite européenne, le parti de  Mme Le Pen n’a pas encore pu ou su franchir complètement ce dernier pas.

L'extrême droite européenne a déjà fait son aggiornamento

L’extrême droite européenne a déjà fait son aggiornamento

Probablement parce que les racines du Front National sont à situer dans le pétainisme et non dans le nazisme.

Les idées défendues par le Front national sont assurément détestables, mais je ne vois personnellement pas pourquoi ce parti serait le seul à être stigmatisé dans les commentaires qui portent sur l’arrestation de ce présumé terroriste Norvégien qui n’est quand même pas le seul à avoir appelé à voter Le Pen (et encore moins à avoir voté pour elle).

Des restes de cochons morts jetés près de tombes musulmanes

Par Michael Hopkin, WA Today (Australie) 16 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les autorités enquêtent sur un incident dans lequel deux porcs morts ont été jetés dans le carré musulman d’un cimetière de Baldivis [un faubourg de Perth].

Deux têtes de cochons et un tas de viscères ont été laissés sous un panneau signalant le carré musulman du cimetière Rockingham Memorial Regional Park.

Le personnel du cimetière a découvert les carcasses lundi matin et a prévenu la police, la mairie de Rockingham et les responsables de la communauté musulmane.

Restes de porcs jetés dans le carré musulman

Restes de porcs jetés dans le carré musulman du cimetière de Rockingham

“C’est le premier incident de ce genre dans le cimetière et il est traité comme un évènement isolé,” a déclaré un porte parole du Metropolitan Cemeteries Board [autorité qui gère les cimetières].

Le site web de la station de radio 6PR a publié des images choquantes des restes des cochons qui ont été retirés par le personne «en procédure d’urgence absolue» a déclaré le porte parole.

Les membres d’une famille ont été affolés par la découverte des entrailles [de porcs] alors qu’ils rendaient visité à la tombe d’un proche qui avait été enterré dans le cimetière le mois dernier.

Mira, la nièce de l’homme [enterré] a déclaré à 6PR qu’elle et sa famille ont été choquées et abasourdie par la découverte.

«L’effort qu’ils ont dû faire pour amener ça, cette haine – ça défie l’entendement,» a-t-elle dit.

“Parce que mettre n’importe quel animal mort près de vos proches [décédés] est un acte offensant. »

Les adeptes de la religion musulmane considèrent le porc comme un animal impur.

Iqbal Samnakay, président le la Muslim Social and Sports Association, affirme que cet incident aurait été insultant pour n’importe qui, pas seulement pour les Musulmans.

“Tout le monde s’attend à ce que les cimetières soient respectés et non profanes,”  dit-il.

Il ajoute que cet incident était aussi irrespectueux à l’égard des animaux eux-mêmes.

“En tant que musulmans, nous ne devons pas manger de porc, mais cela ne veut pas dire que nous nedevrions pas les respecter pour ce qu’ils sont,” dit-il.

L’incident est survenu pendant le mois sacré de Ramadan, pendant lequel les Musulmans sont invites à prier et à jeûner.

M. Samnakay dit aussi qu’il faut pardonner aux personnes, quelles qu’elles soient, qui ont laissé les  cochons dans le cimetière

“C’est le mois du pardon, alors nous leur pardonnerons,”dit-il.

L’islamophobie, bien commun de la « république » (sur la levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen)

2 juillet 2013

Dans une vie politique française qui est marquée par une relative indifférenciation des idées chez les partis « institutionnels » de droite comme de gauche, il semble impossible d’engager un véritable débat.

Là où on aurait pu imaginer qu’un débat devait avoir lieu comme dans le projet de loi sur le mariage des homosexuels, cela a été impossible puisque ceux qui étaient opposés à ce mariage ont été ravalés au rang d’obscurantistes.

Pour satisfaire aux aspirations d’une coterie ultra minoritaire mais présente aux bons niveaux dans la société et dans l’appareil d’Etat.

De fait, il n’y a pas grand chose à débattre en dehors de la meilleure manière de casser du sucre sur les musulmans.

Parce que ce qu’on appelle islamophobie fait maintenant partie du bien commun de la société française. Et si le Front national est très en verve en matière de discours islamophobe, l’UMP lui dispute quand même le maillot jaune sur ce point tandis que les socialistes font appel à leur vieux fonds anti-islam.

Plus modérés apparemment dans leur propos, ils n’ont cependant jamais renâclé quand il s’agissait de « casser du fell »en Algérie, de l’Egyptien comme en 1956 et ils se sont inscrits dans le droit fil des positions de l’UMP sur la Libye et la Syrie.

En matière de politique intérieure française, la une des journaux en ce moment porte sur la levée de l’immunité de Marine Le Pen par le parlement européen pour ses propos sur les prières de rue qu’elle avait comparées à une « occupation. »

Cette levée a été votée à la demande du parquet de Lyon qui

« veut l’entendre dans le cadre d’une enquête pour incitation à la haine raciale ».

La présidente du Front national, députée européenne, est visée par une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) relative à ses propos du 10 décembre 2010 établissant un parallèle entre les prières des musulmans dans la rue en France et l’Occupation.

Ce jour-là, Marine Le Pen avait évoqué en ces termes certaines prières musulmanes en public :

« Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler pour le coup. C’est une occupation de pans de territoire. Certes, il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais elle pèse sur les habitants. »

Mme Le Pen est donc visée par une plainte du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP).

Mme Le Pen comprend cette procédure comme une tentative de l’abattre à tout prix.

Je ne suis pas loin de souscrire à ce point de vue pour la simple raison que ses prises de position n’ont en rien été en décalage de ce qu’on a pu observer au moment des faits et depuis lors dans le comportement d’éminents cadres politiques au pouvoir ou dans l’opposition.

On se rappellera par exemple que Benoït Hamon, à l’époque porte-parole du Parti Socialiste avait de son côté appelé à « libérer » l’espace public.

Benoît Hamon n’a fait l’objet d’aucune plainte, pas plus que M jean-François Copé avec sa scabreuse histoire de pains au chocolat confisqués aux petits Goyim par leurs camarades musulmans en période de jeûne de Ramadan.

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Et que dire de la LICRA qui dans sa déclaration de condamnation (!) des propos de Mme Le Pen constatait que

il est vrai que certains de nos concitoyens musulmans annexent la voie publique

Bien sûr il y a le contexte de ce segment de phrase, (comme dans les propos initiaux de Marine Le Pen) mais le verbe annexer est bel et bien employé.

Les musulmans annexent la voie publique comme l’entité sioniste annexe le plateau du Golan ou Jérusalem?

Quoi qu’il en soit, Mme Le Pen se voit donner une occasion en or de passer pour l’irréductible gauloise confrontée aux assauts d’une classe politique qui n’a rien d’autre à proposer qu’une adaptation du double carcan confectionné à Bruxelles et à Washington.

Pour finir, on rappellera que l’église catholique organise de nombreuses processions sur la voie publique un peu partout à l’occasion de diverses fêtes religieuses.

Une des processions les plus imposantes est celle de la fête dite des Lumières le 8 décembre à Lyon qui mobilise des dizaines voire des centaines de milliers de marcheurs  [de toutes confessions même si les chrétiens sont bien entendu l’immense majorité] pour une montée aux flambeaux vers la basilique de Fourvière.

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Lyon, le 8 décembre 2011: une des cinq processions était celle des intégristes de la fraternité Saint Pie X

On m’objectera que cette fête n’a plus de caractère religieux.

Je répondrai: posez la question au Diocèse de Lyon et aux nombreux chrétiens pratiquants de la capitale des Gaules.

On m’objectera aussi que la France est un pays de tradition catholique.

Je répondrai: certes, mais la république est laïque et c’est paraît-il au nom de cette laïcité que Jean-François Copé défend les pains au chocolat contre l’islamisation rampante et que Marine Le Pen prétend libérer les rues de Paris.

Depuis Tel Aviv, Madonna la stupide provoque la stupeur à Paris

2 juin 2012

La chanteuse Madonna « provoque la stupeur » peut-on lire dans la presse. En effet, 

Une vidéo diffusée sur un écran géant lors d’un concert de Madonna, tournée le 31 mai à Tel Aviv (Israël) provoque la stupeur ce vendredi. Dans cet extrait (l’interlude de la chanson «Nobody Knows Me») du «MDNA World Tour», un montage photo dévoile des images de Marine Le Pen, une croix gammée dessinée sur le front. Suivent plusieurs autres photos de dirigeants politiques et religieux dont Hitler et le Pape Benoît XVI, et des extraits de combat. Des acrobates dansent sur des fils sur la scène, dont est absente la chanteuse américaine.

C’est quand même méchant de faire ça à une présidente du Font National qui fait tout ce qu’elle peut pour se rapprocher des sionistes! Marine Le Pen succède donc à son père dans le repoussoir selon Madonna, puisque la chanteuse américaine avait associé dans un clip de 2006 Jean-Marie Le Pen à Saddam Hussein et Oussama ben Laden.

Je pense que Madonna aurait été mieux inspirée et sans doute plus courageuse en associant Benjamin Netanyahou au nazisme, ou encore ce rabbin Shteinman adepte de la supériorité raciale qu’écoute attentivement l’ambassadeur de France à Tel Aviv.. Elle aurait pu en fait prendre n’importe quel sioniste pour remplacer avantageusement la dirigeante du Front National.

Parce que même si les idées de Mme Le Pen doivent être fermement combattues (et on remarquera que M. Sarkozy a exprimé des idées assez semblables avant et pendant la campagne présidentielle), elle n’a pas de sang sur les mains, n’a participé de près ou de loin à l’occupation d’aucun territoire.et n’est pour rien dans le blocus de Gaza.

Marine Le Pen et la fin de l’exception française

7 novembre 2011

D’après la diplomatie sioniste, la rencontre à New York entre Ron Prosor, ambassadeur sioniste à l’ONU et Marine Le pen, candidate du Front National à l’élection présidentielle française est un accident, au pire une erreur de jugement.

Voyez donc ci-dessous la gueule de l’erreur de jugement:

Ron Prosor et Marine le Pen en plein malentendu

Un malentendu, selon France Soir dont on ne regrettera pas le probable dépôt de bilan et qui se garde de mettre la photo en ligne.

Philippe Coste, correspondant de L’Express à New York ne croit pas une seconde à une erreur ou un malentendu mais suggère au choix des  » représailles contre l’attitude de la France envers la Palestine ? Par cocasse espièglerie politico stratégique ».

Le Post reproduit l’invitation adressée par Marine Le Pen à l’ambassadeur sioniste. Vous imaginez bien qu’un ambassadeur ne répond pas comme ça, à l’aveuglette, sur la simple promesse de petits fours à une rencontre où il va représenter son gouvernement.

Le Post renvoie au site de Nations Presse, qui revient en détail sur cette rencontre et écarte toute ambiguïté.

C’est que Mme Le Pen a compris que le chemin de l’Elysée passait par Tel Aviv. la prise de contact avec Ron Prosor correspondant à une démarche préliminaire qui va permettre aux sionistes de décider si le Front National peut être immédiatement  lavé de l’étiquette infamante d’antisémitisme où si Mme Le Pen  doit donner des gages supplémentaires.

Ce sera alors la fin de l’exception française pour un cap renforcé  vers une islamophobie qui entre précisément dans le cadre des efforts de la hasbara sioniste.

Et préparez-vous alors à entendre les mêmes qui dénonçaient le Front National dire que c’est finalement un  parti respectable. Ce discours sera d’abord tenu par des « intellos » du genre de ceux qui hantent nos postes de radio ou nos écrans de télévision. Au niveau local, cela fait longtemps que des politiques. surtout au niveau local, plaident pour un rapprochement avec le Front National. Jusqu’alors réprouvés les plus souvent, leur attitude tendra à devenir la norme.



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