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L’incursion de l’armée turque en Syrie, un témoignage des bonnes relations de la Turquie avec l’Etat Islamique (Daesh)

22 février 2015

La presse se fait l’écho de la récente opération de l’armée turque pour évacuer des soldats qui se retrouvaient encerclés par l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daesh) dans le mausolée où est inhumé un ancien chef militaire seldjoukide, grand-père du fondateur de la dynastie ottomane.

L'armé turque a démoli le mausolée après avoir retiré la dépouille de Süleyman Chah

L’armée turque a démoli le mausolée après avoir retiré la dépouille de Süleyman Chah

Ce qui est étonnant, et que la presse ne semble pas relever, c’est que les forces turques aient pu pénétrer en plein territoire contrôlé par l’EIIL sans rencontrer aucune opposition.

On dira que le déploiement de forces était plutôt dissuasif ; plus de 80 véhicules blindés en tout et près de 700 soldats.

Mais cette dissuasion était-elle vraiment destinée à calmer les ardeurs des miliciens de l’EIIL ?

Non, si on en croit Elijah Magnier, cité dans l’article ci-dessous par le blogueur Moon of Alabama, Pour Magnier, l’entrée de l’armée turque s’est faite avec le plein accord de l’EIIL qui a laissé libre passage, Le convoi turc est d’ailleurs passé par un poste frontière tenu par les miliciens de Daesh dont le drapeau flottait tout à fait « normalement ».

NB : Elijah Magnier est le correspondant de guerre du journal jordanien Al RAI.

Alors qui était visé par ce déploiement de force ?

La réponse se trouve dans la nature des équipements mis en œuvre par l’armée turque avec en particulier la mobilisation d’avions radars dont le rôle est de détecter la présence d’aéronefs hostiles et de guider les avions amis sur un théâtre de combat aérien.

La seule force hostile qui aurait pu déployer des aéronefs, avions ou hélicoptères, est bien entendu l’armée syrienne, pas Daesh.

Quel prix la Turquie a-t-elle dû payer pour libérer les otages de l’Etat Islamique au mausolée du Chah ?

Moon of Alabama 22 février 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

La nuit dernière, environ 700 soldats turcs lourdement armés ont pénétré en Syrie et ont évacué quelque 40 de leurs camarades. Ces derniers veillaient sur la tombe de Süleyman Chah, un chef militaire de l’émir seldjoukide du 12ème siècle.

Situation du mausolée de Süleyman Chah

Situation du mausolée de Süleyman Chah

L’emplacement de la tombe était considéré comme une enclave turque depuis un accord passé en 1921 avec l’administration coloniale française du Levant :

Pendant l’opération qui a été lancée dans la nuit du 21 février, des avions radars (AWACS), des hélicoptères militaires et des drones étaient mobilisés tandis que 39 tanks et 57 véhicules blindés traversaient la frontière avec des équipes de soutien des forces spéciales turques. Les vidéos en direct ainsi que d’autres informations obtenues sur place étaient traitées dans une salle d’opérations au siège de l’état-major.

Sans avoir à s’engager dans des combats, les troupes turques ont quitté la Syrie dans la matinée du 22 février après avoir fait exploser le mausolée pour éviter qu’il serve de base aux militants de l’EIIL.

Davutoğlu a annoncé dans une série de tweets le 22 février que le contenu du mausolée avait été « temporairement » emmené en Turquie et que l’armée turque « prenait le contrôle d’une zone dans la région d’Ashma en Syrie, en hissant nos couleurs, où Süleyman Chah sera transféré plus tard. »

Alors, la Turquie veut voler plus de territoire syrien près de sa frontière pour y déposer les restes du Chah. Pourquoi devrait-ce être considéré comme quelque chose de légal ?

Mais revenons aux raisons de l’évacuation. Les soldats chargés de la tombe, à seulement 40 kilomètres de la frontière turque, étaient encerclés par des combattants de l’Etat Islamique. En temps normal, la garde était relevée touts les trois ou quatre semaines, mais les soldats turcs qui viennent d’être évacués étaient sur place depuis 11 mois. Ils étaient en pratique des otages de l’Etat Islamique. Alors pourquoi l’Etat Islamique les a-t-il laissés partir ?

Il est très peu probable que l’opération turque n’ait pas été connue de l’Etat Islamique. La Turquie a mis en œuvre près de 100 véhicules blindés. Avec des combattants de l’Etat Islamique présents dans tout le sud de la Turquie, la concentration de cette force près de la frontière ne sera pas passée inaperçue. Deux jours auparavant, la Turquie avait informé de l’opération le YPG kurde qui combat l’Etat Islamique dans le secteur. Quand les troupes sont entrées en Syrie, elles ont été filmées passant près d’un grand drapeau de l’Etat Islamique au poste frontière.

L’Etat Islamique n’aime pas les tombeaux. Il a démoli des centaines de tombeaux historiques dans les zones qu’il contrôle en Syrie et en Irak. Il n’a pas touché à la tombe de Süleyman Chah mais a gardé les troupes qui la surveillaient sous son contrôle. L’Etat Islamique devait savoir que les Turcs venaient pour évacuer les soldats et la dépouille mais il n’a rien fait pour s’y opposer, Comment est-ce possible ?

Comme l’observe Elijah Magnier (correspondant de guerre d’ Al Raï, journal jordanien)

Nous pouvons l’affirmer avec force : L’organisation « Etat Islamique » a autorisé une armée membre de l’OTAN à entrer dans son territoire et lui a donné libre passage.

En effet. Ce qui m’amène à cette question :

Qu’est-ce que la Turquie a donné à l’Etat Islamique pour obtenir la libération des otages du mausolée de Süleyman Chah sans avoir à livrer un seul combat ?

La Turquie a déjà un accord de libre échange et des facilités bilatérales pour les touristes [les touristes sont les « djihadistes » NdT]  avec l’Etat Islamique. Une entente a dû se faire sur quelque chose d’autre et de plus précieux pour l’Etat Islamique en échange du retour des otages. Ques-ce que c’est ?

Les Etats Unis veulent coopérer avec la Turquie pour entraîner des combattants syriens à affronter l’Etat Islamique. Il serait assez important d’avoir une réponse à la question précédente avant de continuer à explorer cette voie.

Moshe Ya’alon, ministre sioniste de la défense, prédit la fin de l’Etat prétendu juif!

23 octobre 2014

Je ne résiste pas au plaisir de traduire ce petit post du blogueur Moon of Alabama qui nous annonce la fin de l’entité sioniste prédite par la voix de celui qui est en principe chargé d’en assurer la défense, c’est-à-dire d’agresser le peuple indigène de Palestine et les peuples alentours.

Le ministre israélien de la défense prédit la fin des Etats artificiels du Moyen Orient

Moshe Yaa’lon prédit [dans un entretien accordé à NPR] la fin de son propre pays

Moon of Alabama, 23 octobre 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le ministre israélien de la défense Moshe Ya’alon est connu pour ses manières brutales, et dans un entretien accordé à NPR, il affirme que la carte future du Moyen Orient sera très différente de celle qui existe aujourd’hui.

Moshe Ya'alon. En arrière plan le Dôme du Rocher qui appartient aux indigènes de Palestine

Moshe Ya’alon. En arrière plan le Dôme du Rocher qui appartient aux indigènes de Palestine

« Nous devons distinguer entre pays comme l’Egypte qui ont leur histoire. L’Egypte restera l’Egypte. »

Ya’alon qui est en visite à Washington, s’est exprimé dans l’édition matinale de Steve Inskeep.

Par contraste, déclare Ya’alon, « la Libye était une création nouvelle, une création occidentale suite à la première guerre mondiale. La Syrie, l’Irak, c’est pareil – des Etats nations artificiels – et ce que nous voyons maintenant est l’effondrement de cette idée occidentale. »

Quel est le pays du Moyen Orient le plus artificiel ? Quel pays a été créé suite à une guerre mondiale est est une idée exclusivement « occidentale » ?

Il me semble que Ya’alon manque de la capacité à prendre le recul [self-awareness] qui lui permettrait de déceler l’ironie dans ce qu’il a dit.

carte palestine

Carte du Proche Orient en 1935

La carte ci-dessus provient de la Mary Baker Eddy Library de Boston qui accueille un célèbre mapparium achevé en 1935. la légende sur le site de la May Baker Eddy Library  note:

« Malheureusement, Israël n’est pas dans le mapparium étant donné que l’Etat moderne n’a pas été constitué avant 1948. En 1935, tout le territoire faisait partie de la Palestine »

Je suppose que l’adverbe malheureusement est ce qui permet d’éviter à ce musée d »être taxé d’antisémitisme voire rasé sur ordre du lobby.

Le mapparium de Boston est une structure de verre teinté d’une hauteur de trois étages. Un mapparium est

« un globe terrestre rigide dans lequel vous pouvez vous introduire afin de regarder la mappemonde de l’intérieur. La nature acoustique de l’endroit n’était pas l’objectif principal de la construction mais c’est finalement presque devenu la curiosité principale.

Là aussi, vous avez une  » whispering gallery » comme pour le dôme de Londres : chuchotez d’un côté du globe et l’on vous entendra à l’autre extrémité. »

Dans le mapparium de Boston

Dans le mapparium de Boston

Note de Djazaïri : Effectivement, les formes étatiques et les contours de ces formes peuvent changer, et même changer de fond en comble, il restera que les populations de toutes ces éventuelles futures entités politiques seront fondées à dire que là où elles vivent et où ont vécu leurs aïeux est leur patrie.

Propagande sur la Syrie: nouvelle variation sur les gentils et les méchants

14 juillet 2013

On ne sait pas trop comment va évoluer le conflit en Syrie. Certes, les forces gouvernementales semblent avoir repris la main sur le terrain et infliger de sérieux revers aux forces d’opposition.

Et sur le plan politique intérieur, Bachar al-Assad vient de montrer qu’il avait les coudées franches puisqu’il a a été en capacité de faire d’importants changements de personnel dans les parti Baath, le parti auquel son pouvoir est adossé.

Enfin, certains de ses ennemis jurés sont en grande difficulté, comme le premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan voire même ont été éliminés de la scène politique comme l’émir du Qatar où le président Egyptien Mohamed Morsi.

syrie

Ceci dit, les Etats Unis et l’Arabie Saoudite n’ont pas renoncé à nuire à la Syrie et Barack Obama vient même d’annoncer que Washington respecterait son engagement de livrer des armes à l’opposition syrienne.

Pour surmonter les réticences exprimées par une partie de la classe politique aux Etats Unis, le discours public sur la Syrie été rectifié et les armes promises sont destinées aux rebelles modérés qu’on sait maintenant bien identifier puisqu’ils s’affrontent par les armes avec les « extrémistes ».

Comme le relève Moon of Alabama, ces affrontements relèvent plus de querelles locales que de divergences sur le fond.

Syrie: les insurgés « modérés”

Moon Of Alabama (USA) 13 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Il est bien connu que les insurgés syriens ont reçu, avec l’aide des Etats Unis, de nombreuses nouvelles armes provenant de divers pays arabes:

Salim Idriss, chef du commandement militaire de l’Armée Syrienne Libre (ASL) a déclaré que les nouvelles armes ont permis à l’armée rebelle de «détruire plus de 90 véhicules blindés du régime syrien. »

Mais même ces nouvelles armes ne sont pas assez pour eux. Avec leurs soutiens arabes et «occidentaux», ils  continuent à faire pression pour plus d’armes. Obama semble être prêt à livrer plus d’armes :

Le président Barack Obama a dit vendredi au roi d’Arabie Saoudite  qu’il s’est engagé à apporter le soutien des Etats Unis aux rebelles syriens qui attendent les livraisons d’armes légères qui ont été bloquées à Washington.

Le Congrès a bloqué pour l’instant toute livraison officielle d’armes américaines. Pour amener certains leaders parlementaires à changer d’opinion, la guerre en Syrie doit maintenant être redéfinie. Sur la partie gauche de la scène, voici venir maintenant le «rebelle modéré.» Au lieu de demander des armes pour combattre le «dictateur sanguinaire », le «rebelle modéré» demandera désormais des armes pour combattre les «dangereux terroristes » qui ont été ses partenaires depuis le début.

Nous lisons en effet maintenant que les Talibans pakistanais montent une succursale en Syrie et on peut voir certains insurgés lever un gigantesque “drapeau Taliban” blanc à la frontière syro-turque. Soudain, nous avons de plus en plus d’informations sur les conflits entre les insurgés «modérés» et les «terroristes» :

Kamal Hamami, le commandant de l’Armée Syrienne Libre tués jeudi dans la province côtière de Lattaquié, sortait juste d’une réunion avec d’autres membres de l’organisation sur l’approvisionnement en armes.

La semaine dernière, des membres de l’Etat Islamique ont été accusés d’avoir décapité deux combattants de l’Armée Syrienne Libre et d’avoir laissé leurs têtes coupées à côté d’une poubelle dans un square de Dana, une ville tenue par les rebelles dans la province d’Idlib près de la frontière turque. Une attaque qui était intervenue après des affrontements qui avaient éclaté lors d’une manifestation contre l’Etat islamique, causant  la mort de 13 personnes.

Récemment, un combattant de la région, Abou al-Haytham,a affirmé que la dispute entre rebelles a commencé quant un combattant étranger membre de l’Etat Islamique a violé un garçon – « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase» dit-il – et les officiers de l’Armée Syrienne Libre s’étaient plaints.

Au moins quelques unes de ces histoires sont fausses. Mais elles vont servir pour une nouvelle poussée en vue d’armer les insurgés «modérés.»

Mais on a quelques raisons de douter que quelques affrontements localisés entre quelques factions motivées par le pillage témoignent d’une fracture importante entre les diverses organisations d’insurgés :

En dépit de frictions plus nombreuses, les factions modérées et les groupes djihadistes continuent à se coordonner sur le terrain, observe Charles Lister, analyste au IHS Jane’s Terrorism and Insurgency Center. Il  affirme que cela ne va sans doute pas changer même si l’ASL peut exploiter l’assassinat pour en tirer un bénéfice politique.

“Les forces modérées pourraient s’en servir de sorte à montrer à l’occident qu’elles sont disposées à rompre les relations avec les djihadistes afin d’obtenir plus d’aide occidentale,” dit-il.  «La réalité est très différente pour les officiers sur le terrain.»

Ces groupes travaillent ensemble depuis le début de l’insurrection.  Si les Syriens étaient en majorité plus modérés au début, il y avait quand même des extrémistes religieux qui baptisaient leurs bataillons du nom de guerriers sunnites historiques. Leurs différences avec les djihadistes étrangers qui combattent en Syrie sont moindres qu’avec la population syrienne en général. Le type tristement célèbre qui a été filmé en train de manger le poumon d’un soldat Syrien mort ? Un combattant local «modéré » de l’Armée Syrienne Libre. Est-il supposé recevoir plus d’armes parce qu’il affronte aussi d’autres djihadistes par rapport à sa part du butin ?

Laisser entendre qu’il y a les «bons» insurgés «modérés » est un procédé cousu de fil blanc. S’il existe  des différences idéologiques entre les diverses organisations, elles sont de l’ordre de la nuance. Par ailleurs, tout renforcement de l’armement de n’importe quel groupe d’insurgés donnera lieu à un renforcement de l’armement du régime et ne fera que coûter plus de vies et plus de sang.

En Syrie, la propagande est une arme comme une autre

23 juin 2013

Et l’Occident en a la maîtrise la plus aboutie.

Un article paru hier dans le New York Times sous la plume de CJ Chivers évoque les armes venues de Libye qui équipent les «rebelles» en Syrie.

Cet article est repris par la presse française qui n’analyse cependant pas sa place dans le dispositif propagandiste que les puissances occidentales ont mis en marche depuis le début de la crise syrienne.

Ce que la presse ordinaire ne fait pas, le blog Moon of Alabama  le fait et expose la réalité de la machine de propagande simplement en mettant en relation le dernier article de CJ Chivers avec son reportage précédent transmis depuis la Syrie le 12 juin dernier, il n’y a pas même quinze jours.

Ce que montre Moon of Alabama est que le dernier article de Chivers contredit le précédent. En effet, dans l’article du 12 juin, le journaliste du New York Times parlait de rebelles réduits à fabriquer artisanalement eux-mêmes armes et munitions du fait de la rareté des approvisionnements en provenance des pays étrangers.

Une situation complètement inversée  dans l’article du 21 juin qui parle d’un effort multinational et complexe financé en partie par le Qatar pour acheminer en Syrie armes et munitions venues de Libye.

Or, dans le même article Chivers remarque que les armes libyennes ne constituent qu’une partie de l’arsenal des rebelles. Et que cet arsenal, loin d’être de nature artisanale comprend des canons sans recul et des missiles antichars évolués.

Cette mise au jour de la démarche propagandiste d’un quotidien américain réputé par Moon of Alabama demande, outre de la perspicacité, une qualité qui fait défaut dans ce monde où prime l’instantané en matière d’information : la mémoire.

Journalisme de propagande – L’échec de Kerry au Qatar

Moon of Alabama, 22 juin 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le 12 juin dernier, CJ Chivers du New York Times était en Syrie pour un reportage dans lequel il parlait d’ateliers qui fabriquent quelques munitions pour l’insurrection en Syrie qui est soutenue par l’étranger. L’article, à commencer par le titre, était une longue complainte sur la prétendue insuffisance d’armement pour ces pauvres tueurs. L’article était illustré par des photos des ateliers prises par  son complice Tyler Hicks.

 Privés d’armes, les rebelles Syriens les fabriquent eux-mêmes

« Tout le monde sait que nous n’avons pas les armes dont nous avons besoin pour nous défendre », déclare Abou Trad, un commandant du Front des Rebelles de Saraqib, peu de temps avant de permettre aux visiteurs d’entrer dans cet atelier de fabrication d’obus de mortier. « Mais nous avons la volonté, et nous avons de modestes moyens, et nous avons des outils. »

Les ateliers d’armement restent un élément important de la logistique de l’opposition car le flux des armes en provenance du monde arabe ne parvient pas à suivre la demande.

“Tout ce dont nous avons besoin, c’est d’armes efficaces,” dit Khaled Muhammed Addibis, un commandant rebelle. «Des armes efficaces, rien d’autre.»

Quand Chivers a écrit ce qui précède, la ligne officielle de la propagande disait que les Etats Unis n’armaient pas activement les «rebelles» mais qu’Obama «résistait aux pressions pour ce faire» [armer les opposants]. C’était absurde et Chivers le savait. Alors même qu’il racontait son histoire sur ces pauvres «rebelles» qui devaient fabriquer des armes eux-mêmes parce qu’ils n’en recevaient pas par ailleurs, Chivers avait pu voir de nombreuses armes modernes venues de Libye et d’ailleurs et il savait que la CIA participait à leur distribution. Il n’en a jamais parlé, mais il a au contraire raconté les mensonges ci-dessus. Comment savons-nous qu’il a menti ? Eh bien, jetez juste un œil sur ce que Chivers écrit aujourd’hui :

Les informations recueillies en Syrie , ainsi que les données du contrôle aérien et des entretiens avec des membres des milices, des contrebandiers, des rebelles, des analystes et des officiels  dans plusieurs pays, dressent l’image  d’un effort multinational complexe et actif, financé en grande partie par le Qatar, pour transporter des armes en provenance de Libye aux combattants de l’opposition syrienne.

Si ce système semble réussir à acheminer des armes à travers de multiples frontières et à faire un tri parmi les organisations rebelles, une fois en Syrie, le flux d’armement se ramifie. Les combattants islamistes, dont certains sont alignés sur al Qaïda, ont l’argent pour acheter les stocks qui viennent d’arriver, et beaucoup de rebelles sont prêts à les vendre.

Mais les apports venus de Libye semblent représenter au moins une partie des armes antichars que nous avons vues dans le conflit ce printemps, dont des projectiles de fabrication belge pour des canons sans recul M40 et certains des missiles guidés Konkurs-M  de fabrication russe qui ont détruit des blindés syriens ces derniers mois.

Système antichar Konkurs

Système antichar Konkurs

La présence de munitions venant de l’ancien arsenal de Kadhafi est aisément visible.

Fin mai dernier, le New York Times a trouvé des caisses, des gaines de stockage et des douilles de munitions antichars en provenance de Libye et en possession d’ Ahfad al-Rasul, une importante organisation combattante affiliée au Conseil Suprême Militaire.

Alors qu’ils écrivaient sur des insurgés “privés d’armes”, Chivers et son photographe Hicks avaient en réalité vu les canons sans recul, les missiles guides et quantités de caisses de munitions venues de Libye. Mais à ce moment là, le thème officiel de la propagande était ces «pauvres rebelles sous-armés » et Chivers avait obligeamment suivi cette ligne.

Quad de l'armée chinoise équipé d'un canon sans recul

Quad de l’armée chinoise équipé d’un canon sans recul

Ce thème de la propagande avait pour but de créer un certain soutien dans l’opinion à une escalade de la guerre en mettant encore plus d’armes entre les mains des rebelles. L’histoire des «rebelles privés d’armes» était fausse et Chivers le savait depuis la «fin du mois de mai» lors de son séjour en Syrie.

Comme souvent, ainsi qu’on le constate ici, les journalistes sont incités, ou obligés silencieusement, à coller à la ligne officielle livrée par la Maison Blanche. Les rares fois où le New York Times va contre la propagande américaine officielle sont juste un moyen de diversion pour entretenir l’image d’une presse libre.

Les onze pays qui forment le groupe des amis pour la destruction de la Syrie se sont réunis aujourd’hui au Qatar. Avant le commencement de la réunion, le Secrétaire d’Etat Kerry avait prévu d’unifier la distribution des armes via le Général Idriss , le chef de l’Armée Syrienne Libre contrôlée par la CIA pour mettre un tant soit peu les djihadistes à l’écart du flot d’armement :

Les opposants Arabes et Occidentaux à Bachar al-Assad se sont réunis au Qatar ce samedi pour renforcer la coordination de leur soutien aux rebelles qui luttent pour renverser le président Syrien.

Les ministres de onze pays, dont les Etats Unis, des puissances européennes et régionales musulmanes Sunnites, ont tenu des discussions qui, selon les Etats Unis, devraient engager les participants à acheminer toute l’aide via le Conseil Militaire Suprême soutenu par l’Occident, dont Washington espère qu’il pourra compenser la rapide montée en puissance des forces rebelles djihadistes.

Cette démarche a été jugée nécessaire parce que l’Arabie Saoudite tout comme le Qatar distribuaient librement des armes aux différentes organisations terroristes takfiristes :

Deux sources du Golfe ont indiqué à Reuters que l’Arabie Saoudite, qui a joué un rôle de chef de file parmi les opposants Arabes à Assad, a aussi accéléré la livraison d’armes sophistiquées aux rebelles.

“Il y a eu ces dernières semaines des arrivages supplémentaires d’armes sophistiquées. Ils en reçoivent plus fréquemment ,»  déclare une source sans donner de détails. Une autre source du Golfe parle de ces armes comme de fournitures de nature à «potentiellement faire pencher la balance.»

Avant la réunion d’aujourd’hui, le Qatar a essayé de placer les takfiristes qu’il soutient sous  l’égide nominale de l’Armée Syrienne Libre :

L’Armée Syrienne Libre a proposé aux puissantes organisations rebelles islamistes une part des nouvelles armes sophistiquées si elles s’unifient sous la bannière de l’ASL.

 «Idriss a proposé de soutenir les factions islamistes en partageant les armes qu’il s’attend à recevoir si elles rejoignent une alliance avec l’ASL et acceptent certaines conditions, » a déclaré hier le rebelle basé à Damas.

Il a également déclaré qu’une délégation  du Qatar était présente – la seule présence non syrienne à cette réunion [à Ankara jeudi dernier]. Cela a surpris les participants mais était sans doute en lien avec la réunion des soutiens de l’opposition, connus sous l’appellation d’Amis de la Syrie, qui doit se tenir à Doha aujourd’hui

 La conférence de Doha est maintenant terminée et Kerry a [encore] échoué :

Les ministres des onze principaux pays qui forment le groupe des Amis de la Syrie s’est mis d’accord «pour fournir urgemment tout le matériel et l’équipement nécessaires pour l’opposition sur le terrain, chaque pays le faisant à sa propre manière,  afin de la mettre en capacité de contrer les brutales attaques du régime et de ses alliés.»

“Chaque pays a sa propre manière” signifie que Kerry a échoué – complètement – à unifier le flux d’armement. Il semble alors que le Qatar et l’Arabie Saoudite continueront à livrer des armes au Jabhat al-Nosra et aux autres organisations terroristes takfiristes en Syrie.

Cette désunion devrait amener l’administration Obama à admettre que ses arguments pour donner des armes aux “bons rebelles” pour en priver les takfiristes ne marchera pas. Le Qatar et l’Arabie Saoudite continuant à fournir ces armes «à leur propre manière», les takfiristes resteront la plus forte composante de l’insurrection.

Compte tenu de l’afflux de nouvelles armes, l’armée syrienne devrait probablement stopper son offensive en cours et rester sur la défensive en attendant de définir de nouvelles tactiques contre ces armes. Des chars avançant à découvert ou restant immobiles à des checkpoints sont des cibles faciles et ne pourront pas échapper à des attaques menées avec des Konkurs-M, des Kornets [le Kornet un missile russe] ou d’autres armes antichars modernes. Il est possible de les contrer mais cela nécessite du temps pour se préparer et se former. Entretemps, les importants transports d’armes peuvent être surveillés et attaqués par surprise et détruits dans des raids éclair.

PS : je le dis à l’intention d’un certain crétin sioniste (pléonasme) : Moon of Alabama est le titre d’une chanson écrite en anglais par Bertolt Brecht et mise en musique par Kurt Weill.

Moon of Alabama a été interprétée par de nombreux artistes dont les Doors, Nina Simone, Dalida où, comme on le voit dans la vidéo ci-dessous, David Bowie.

Cruauté et abjection dans la propagande en Syrie

3 janvier 2013

J’ignore personnellement qui va l’emporter en Syrie, entre les forces du gouvernement présidé par Bachar al-Assad et les « rebelles » dont on nous dit qu’ils portent un projet démocratique.

Il y a une guerre que le gouvernement syrien a cependant perdue, du moins en Occident, c’est celle de la propagande.

Non pas que la propagande produite par ses ennemis soit particulièrement bien élaborée mais plus simplement qu’elle rencontre un large écho dans la presse internationale puisque la moindre vidéo filmée avec le téléphone portable d’un prétendu témoin d’une scène horrible fait le tour de la planète à la vitesse grand V.

Le blogueur américano-libanais Angry Arab, ordinairement méfiant, avait reproduit par exemple cette vidéo dans un billet intitulé: Torture par les sbires du régime syrien

Un lecteur d’Angry Arab a bien voulu attirer l’attention de ce dernier sur cette vidéo:

Amir m’a envoyé ce qui suit: J’ai regardé cette vidéo youtube d’une exécution réelle en Syrie avec horreur(). C’était bizarre cependant. Pourquoi quelqu’un voudrait-il exposer une telle cruauté. Montrer le résultat final suffirait à faire peur aux opposants potentiels mais ce film montre un pur sadisme pathologique… ou cela sert dans le cadre d’un false-flag [action sous  faux pavillon pour faire endosser le crime à son ennemi]. Ce qui suit reste de la spéculation, mais si vous faites un peu attention, à 1′ 10 » et à 2 sur le compteur de la vidéo, vous pouvez reconnaître le même acteur que dans le faux document débusqué par « Moon of Alabama ».

Et aussi, les « soldats » semblent s’être rasé la tête mais ont de longues barbes comme celles des fondamentalistes, ce qui, tout du moins, ne colle pas avec des soldats de l’armée régulière syrienne.’

Ci-dessous l’acteur déjà repéré par Moon of Alabama:

Abou Salah gravement blessé le 6 février 2012- le même dix jours après en colère contre le bombardement d'un oléoduc

Abou Salah gravement blessé le 6 février 2012- le même, dix jours après, en colère contre le bombardement d’un oléoduc par l’armée syrienne

J’ai une belle photo d’Abou Salah ce même 16 février en train de prendre tranquillement la pose devant l’oléoduc qu’il vient d’incender.

Le 19 février ce même Abou Salah agonisait encore


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