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La France a-t-elle trahi le Mali?

21 mars 2013

L’armée française devrait commencer à se retirer du Mali dès le mois prochain puisque la souveraineté de ce pays sera très bientôt quasi-rétablie, si on en croit M. François Hollande qui s’est exprimé sur cette question devant ceux à qui il doit rendre compte chaque année.

Au dîner du CRIF: "Alors, j'ai bon ou pas bon?"

« Est-ce que je vais avoir une bonne note? »

C’est que la mission sera alors accomplie.

Reste à savoir de quelle mission il s’agit : restaurer l’intégrité territoriale malienne ou agir dans le sens des «intérêts de la France.»

Parce que, contrairement à ceux dont parlent les Beatles dans une de leurs chansons, ce ne sont pas forcément des mots qui vont très bien ensemble.

Et c’est en tout cas une opinion de plus en plus répandue au Mali où on s’interroge sérieusement sur les manigances de l’ancienne puissance coloniale que d’aucuns accusent d’encourager une partition de facto du pays.

Une telle partition du Mali pourrait être le prélude de bouleversements similaires dans d’autres pays de la région, dont l’Algérie.

Un scénario lourd de dangers que n’hésite pas à envisager Mohamed-Chafik Mesbah, un ancien officier de l’armée algérienne :

La situation actuelle dans le Sud de l’Algérie ne laisse rien présager de bon d’après l’ancien officier, qui craint que cette région ne vienne à bout des forces sécuritaires régionales. Il s’est également inquiété de l’intervention des puissances étrangères dans ces conflits africains, et va imaginer un scénario très pessimiste dans lequel l’Algérie serait soumise aux décisions des autres pays occidentaux et où elle ne pourrait plus exercer sa souveraineté nationale, dans la région du sud, et pourrait avoir comme conséquence la division du nord et du sud du pays. Un dessein de longue date, d’après Mohamed-Chafik Mesbah. « L’idée de diviser le pays et de ne libérer que sa partie nord, tout en continuant à occuper et à exploiter les champs pétrolifères et les autres richesses naturelles, remonte à la période de la guerre d’Indépendance », a-t-il affirmé. 

Si on en lit le portrait que Mohamed Sifaoui, le même qui pense que le régime sioniste est une démocratie, fait de Mohamed-Chafik Mesbah, on peut retirer au moins la certitude que les réflexions de cet ancien du DRS reflètent bien les préoccupations d’une partie des élites politiques et militaires du pays.

Et comme le remarque le blogueur El Erg Echergui (apparemment dans la veine du MAOL) qui réagit aussi à des propos de M. Mesbah, le régime algérien n’est pas pour rien dans les risques de fragmentation de la nation, comme d’ailleurs il n’a pas été pour rien dans le long processus de déstabilisation de la région. 

Qui qu’il en soit, l’écrasement de l’Irak, la partition du Soudan, la pseudo révolution libyenne et l’anarchie qui s’est saisie de ce pays ainsi que la destruction en cours de la Syrie incitent à ne pas écarter d’un revers de main les risques pour l’intégrité et l’unité territoriales de l’Etat algérien.

Et au Mali, ce sont d’abord les Maliens qui ont trahi. La France est par contre fidèle à ce qu’elle estime être l’intérêt de sa politique africaine et de ses grandes entreprises.

 

Le soutien tacite de la France aux séparatistes au Mali suscite colère et accusations de trahison

 La montée à nouveau en puissance  du Mouvement National [Targui] de Libération de l’Azawad suscite colère et interrogations chez les maliens quant au rôle de l’Europe et à son engagement à leurs sécurité et unité.

par Peter Tinti, Christian Science Monitor (USA) 20 mars 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Gao, Mali – Avec la baisse en intensité de la guerre pour éliminer les rebelles islamiques du Mali, un sentiment de frustration se fait jour au sujet d’une armée française perçue le plus souvent maintenant comme ayant pris parti pour une faction ethnique controversée qui avait auparavant coopéré avec al Qaïda.

Dans les villes de Gao et Tombouctou d’où les Français ont expulsé en janvier des groupes d’extrémistes, la colère monte par rapport au fait que les Français font s’accommodent d’une autre organisation séparatrice, le Mouvement National [Targui] de Libération de l’Azawad, ou MNLA.

Ces derniers jours, les séparatistes du MNLA, en majorité d’ethnie targuie, et qui il y a un an s’étaient emparés par la force du nord du pays et avaient collaboré récemment avec les extrémistes islamiques, ont commencé à exercer une autorité et revendiquent pouvoir et argent.

Des  documents de type official, par exemple, qui demandent aux véhicules et aux automobilistes qui entrent et sortent de la région nordique de Kidal de payer une taxe, sont un exemple parmi d’autres. Les documents sont cachetés avec un sceau marqué de la mention «Etat de l’Azawad», le logo du MNLA.

De nouvelles révélations sur la mise en place par le MNLA d’une administration parallèle sous les auspices de la France ont provoqué l’indignation, non seulement localement mais dans tout le Mali.

“Le MNLA a bénéficié de l’intervention plus que n’importe quelle autre organisation,” affirme Abba Maiga, un habitant de Gao. «Alors maintenant, je demande si la France est intervenue pour sauver le Mali ou si elle est intervenue pour sauver le MNLA ?»

Beaucoup de Maliens se demandent si la France a vraiment la volonté de restaurer l’intégrité territoriale du Mali. Et tandis que la France et ses alliés africains ont considérablement progressé dans l’expulsion des rebelles islamistes de leurs bastions, le fait demeure que la question du séparatisme targui reste une des graves pommes de discorde qui ont été à la racine de la plongée du Mali dans le chaos.

M. Maiga, a vécu à Gao au moment où elle avait été occupée pat le MNLA puis quand la ville est passée sous le contrôle d’organisations de rebelles islamistes qui ont été récemment chassées par les forces sous commandement français, explique que l’intervention française l’avait rendu d’abord fou de joie.

Mais aujourd’hui, il s’interroge sur les motivations derrière l’intervention. «Je ne leur fais plus confiance [aux Français]. Ils nous ont trahis,» dit-il.

Collaboration, pas confrontation

Le MNLA a fondu sur Kidal le mois dernier après que les rebelles liés à al Qaïda eurent abandonné la ville au lendemain des bombardements français. Depuis lors, le MNLA a mis en place des checkpoints et a averti la France et ses alliés africains que l’armée malienne n’est pas la bienvenue et sera traitée en ennemie.

mali

Pour l’instant, la France semble préférer collaborer avec le MNLA et se concentrer sur l’expulsion des rebelles de leurs bastions montagneux, plutôt qu’aider l’armée malienne à reprendre le territoire initialement tombé entre les mais du MNLA l’année dernière.

Et alors que la France soutient l’armée malienne dans sa volonté de consolider son contrôle sur les régions de Gao et Tombouctou, des indices de plus en plus nombreux indiquent qu’elle fait la même chose avec le MNLA à Kidal.

Des automobilistes qui se sont rendus récemment dans la région affirment que le MNLA  fait payer entre 60 et 80 dollars de taxe pour entrer dans la région et entre 80 et 200 dollars de plus pour accéder à la ville de Kidal. La même taxation s’applique quand on sort de Kidal.

Le formulaire du MNLA remis aux automobilistes montre l’exercice d’une autorité administrative: le document est bilingue arabe-français et porte un entête où on lit, «Etat de l’Azawad : Unité, Liberté, Sécurité,» l’identité du chauffeur, le type du véhicule, le nom propriétaire du véhicule et divers numéros d’immatriculation doivent être renseignés.

Au bas du formulaire, un cachet représente une carte avec les frontières revendiquées pour un Azawad indépendant qui comprend les régions de Gao et Tombouctou.

“Ils les Français] disaient que leur objectif était de combattre les islamistes et de restaurer l’intégrité territorial du Mali, mais maintenant ils aident les séparatistes,” déclare un élu municipal de Gao qui a souhaité garder l’anonymat. «Ils travaillent avec les terroristes !» clame-t-il en montrant le formulaire en question.

Des habitants de Gao craignent que l’argent obtenu avec les taxes de transit serve à financer une autre rébellion séparatiste ; le MNLA prétend qu’après les attentats suicides commis dans la ville et ses alentours, ces papiers et la taxation sont  nécessaires pour le maintien de la sécurité.

«Tous les véhicules à l’intérieur du territoire contrôlé par le MNLA doivent avoir ce document,» a déclaré à Reuters à Paris Moussa Ag Assarid, représentant en Europe du MNLA. «De la sorte, nous pouvons distinguer les terroristes et les trafiquants de droguer des chauffeurs ordinaires.»

Les liens antérieurs avec les islamistes

Le MNLA avait une première fois pris le contrôle du Nord Mali alors qu’il combattait aux côtés des rebelles islamistes – dont certains sont liés à al Qaïda – pour chasser l’armée malienne d’une immense étendue désertique à peu près de la taille du Texas.

Mais les séparatistes [Touareg] avaient vite été dominés – militairement et politiquement – par leurs allies de circonstance et avaient été chasses de grandes villes et agglomérations de la région.

 Mais pour la plupart des habitants de Gao – la plus grande ville du Nord Mali avec environ 85 000 habitants – la brève domination du MNLA était associée aux pillages systématiques, aux violations des droits de l’homme et perçue comme ayant permis la prise de contrôle par les islamistes.

Le MNLA prétend qu’on ne peut pas faire confiance à l’armée malienne à Kidal, évoquant l’histoire d’abus par le passé ainsi que des allégations sur de plus récentes exécutions extrajudiciaires de Touareg et d’Arabes par les forces maliennes.

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré a annoncé être ouvert à des négociations avec le MNLA pour peu qu’il renonce à ses appels à l’indépendance. De son côté, le MNLA a indiqué être prêt à accepter une forme négociée d’autonomie, mais a refusé de déposer les armes avant de discuter.

Quels lendemains de guerre au nord du Mali?

16 janvier 2013

Vous pouvez lire ici ou que le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA), par la voix de son porte parole, non seulement approuve l’intervention militaire française au Mali mais est disposé à prêter main forte au corps expéditionnaire français pour les combats au sol.

Ce n’est pourtant pas exactement ce que dit Moussa Ag Assarid, le porte parole de ce mouvement ainsi qu’on peut le constater en lisant une retranscription intégrale d’un entretien qu’il a accordé tout récemment à un journal espagnol.

Moussa Ag Assarid pose en effet un préalable non négligeable avant cette coopération : que le gouvernement malien engage des discussions sérieuses avec son mouvement sous l’égide de ce qu’il appelle la «communauté internationale.»

J’espère quand même qu’il sait que dans le cas du Mali, la communauté internationale se résume à  la France qui n’en fait qu’à sa tête.

Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA

Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA

Et en parlant de négociations avec le MNLA en relation avec la situation actuelle au nord du pays, c’est une éventualité qu’a explicitement écartée M. Tieman Hubert Coulibaly, le ministre Malien des affaires étrangères qui rejette ces «conditions posées à l’armée malienne.» Une formulation qui montre que la Mali n’a de gouvernement en ce moment que militaire.

On comprend donc que ce qui tient lieu de gouvernement en ce moment au Mali compte bien reprendre le contrôle des régions du nord du pays grâce à l’armée française, sans doute pour répéter une politique qui a entretenu une instabilité qui a débouché sur la situation actuelle à la faveur de l’intervention occidentale contre le régime de Mouammar Kadhafi.

François Hollande, porte parole du Mali, de l'Afrique en général et de la Syrie

François Hollande, porte parole du Mali, de l’Afrique en général et de la Syrie

Le pompier pyromane français qui ne semble pas satisfait du désastre qu’il a provoqué à la frontière orientale de l’Algérie s’attelle maintenant avec passion à continuer son sale boulot à la frontière sud du polygone étoilé.

Le porte-parole du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) admet qu’il faut négocier

Par Xavier Aldekoa, La Vanguardia (Espagne) 16 janvier 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), héritier de plusieurs mouvements de rébellion targuie dans le nord du Mali veut avoir un rôle clef dans la guerre. Son porte parole, Moussa Ag Assarid dit que la révolution indépendantiste a été détournée par des terroristes et il tend la main à la France. Mais avec des conditions.

Le MNLA est-il prêt à combattre au côté de la France contre les fondamentalistes ?

Notre position est claire. Nous voulons des droits pour le peuple de l’Azawad. Et nous luttons déjà contre les terroristes. Avant même que la France ait commencé à le faire nous les affrontions déjà. Nous connaissons ce territoire et ses gens. Nous avons des combattants expérimentés qui savent se battre. Qu’on nous laisse faire le travail. Ce n’est pas au mali de régler ça, ni à la Communauté Economique d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il faut négocier pour déterminer les conditions, et tout ce qui se passe sur le terrain, nous nous chargerons de le résoudre.

Mais pour Bamako, le MNLA est aussi l’ennemi.

Il ne faut pas faire l’amalgame entre de MNL   A et d’autres groupes armés. Nous ne sommes pas des terroristes ; nous voulons des droits sur nos territoires et nous demandons l’indépendance. Aujourd’hui, nous devons négocier avec Bamako pour déterminer notre rôle et les statut [du territoire) de l’Azawad.

Le MNLA a-t-il le sentiment que sa révolution targuie a été détournée ?

Tout à fait. Notre peuple vit dans la soumission depuis 50 ans. Depuis 1960, nous avons été massacrés, nous avons subi un génocide, et comme il n’y avait aucune volonté de trouver une solution politique, nous avons fait la guerre à Bamako pour la dignité de notre sang versé, de nos enfants et des milliers de réfugiés. La communauté internationale ne doit pas l’oublier. Il est inutile que le gouvernement malien ttente de récupérer le territoire de l’Azawad s’il ne s’assoit pas à la table de négociations. Les choses ne peuvent plus être comme avant, avec l’armée stationnée au nord tandis que les villes s développent au sud. Il y a un problème politique, il faut le résoudre et ensuite, nous nous impliquerons dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Et si le gouvernement malien ne cède pas à vos revendications ?

Sans solution politique, le Mali ne retrouvera pas la paix.

Quelle est cette solution : l’indépendance, une certaine autonomie ?

Il doit d’abord y avoir une négociation franche entre la communauté internationale, le MNLA et Bamako. Une fois la solution politique trouvée, nous verrons ce qui se passera. Cet accord sera déterminant pour la lutte contre le terrorisme.

Le MNLA peut-il vaincre les extrémistes ?

Nous disposons de plusieurs milliers d’hommes et de matériel qui nous permettent de nous adapter au terrain et de combattre dans un territoire que nous connaissons comme notre poche. En outre, la population est de notre côté et elle nous renseigne chaque jour sur leurs positions. Nous savons où sont les terroristes.

Bernard-Botul-Henri Lévy, la sauterelle et Mouammar Kadhafi

6 juin 2012

Non, la sauterelle, ce n’est pas Arielle, la sauterelle extra-terrestre, mais plutôt le criquet pèlerin.

L’agression contre la Libye sera peut-être l’occasion pour un certain philosophe, Bernard-Botul-Henri Lévy pour ne pas le nommer, de méditer sur la notion de causalité.

En effet, l’intervention occidentale, outre ses conséquences directes sur la Libye en termes de pertes humaines et matérielles a eu un impact désastreux sur la situation économique et donc politique de la région saharo-sahélienne. Le Mali en est l’exemple le plus visible avec la proclamation d’un Etat indépendant de l’Azawad. Certes, les fragilités et les lignes de fracture préexistaient aux évènements de Libye, mais elles n’auraient sans doute pas eu les mêmes conséquences hors l’intervention de l’OTAN et des pétromonarchies en Libye.

Maintenant, ce sont les criquets qui viennent nous rappeler que Mouammar Kadhafi ne se résumait pas à la caricature qu’en ont donné les media mais que c’était aussi un véritable homme d’Etat capable de jouer la carte de la solidarité avec ses voisins plus démunis.

Sa disparition en apporte la preuve.

Les essaims de criquets dans le sillage du soulèvement libyen

par Xan Rice à Lagos, Financial Times (UK) 5 juin 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les conséquences de la mort de Mouammar Kadhafi continuent à se faire sentir en Afrique – cette fois sous la forme d’essaims de criquets pèlerins.

L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a averti mardi que les terres arables du Mali et du Niger étaient sous la menace imminente de la migration vers le sud d’essaims de criquets en provenance d’Algérie et de Libye. La révolution en Libye a joué un rôle important dans la possibilité de reproduction de ce nuisible, a-t-elle annoncé.

 «Pour être honnête, la chute de Kadhafi a joué un rôle énorme, » déclare Keith Cressman, un dirigeant de la prévision acridienne à la FAO. « Elle a fortement réduit la capacité des Libyens à surveiller et à réagir comme ils l’auraient fait en temps normal. »

L’insécurité le long de la frontière algéro-libyenne – une conséquence du soulèvement – fait que les équipes sont encore incapables de traiter correctement par insecticide les zones affectées.

Les criquets pèlerins sont capables de ravager de vastes étendues de terres cultivées. En phase d’invasion, un essaim peut s’étirer sur plusieurs centaines de kilomètres carrés et comporter des milliards d’insectes, chacun d’entre eux pouvant absorber son propre poids de nourriture par jour.

En 2003 – 2005, une invasion de criquets avait touché les terres agricoles d’une vingtaine de pays, principalement en Afrique, et il en avait coûté 500 millions de dollars pour  réussir à la contrôler. L’infestation actuelle est loin d’être aussi importante, mais la FAO craint que l’insécurité au Mali entrave la lutte anti-acridienne dans ce pays.

Les essaims de criquets pèlerins se sont formés en Algérie et en Libye à la mi-mai, après des pluies abondantes et la croissance de la végétation qui en a résulté et dont ils se nourrissent.  Les premiers essaims ont déjà été aperçus dans le nord du Niger où sévit en ce moment une crise alimentaire.

Les petits paysans sont particulièrement vulnérables car l’intégralité de leurs récolte peut être ravagée. La FAO a indiqué que le nombre de criquets et leur propagation dépendront des actions de contrôle en Libye et en Algérie ainsi que des chutes de pluie dans la région sahélienne de l’Afrique de l’Ouest.

Pendant le règne de Kadhafi, la Libye avait un programme de contrôle acridien efficace et bien doté, explique M. Cressman. Si les structures administratives existent toujours, les véhicules, les pulvérisateurs et d’autres équipements ne sont plus disponibles.

« Avant la révolution, la Libye envoyait même d’importants convois avec des équipes de contrôle et de surveillance dans d’autres pays du nord et de l’ouest de l’Afrique, » dit-il. « Mais maintenant, ce sont eux qui ont besoin d’aide.»

L’insécurité persistante dans le sud de la Libye a fait que les spécialistes de la FAO présents dans le pays n’ont pas pu se rendre là-bas. Les équipes locales ont pu pulvériser des pesticides sur 40 000 hectares de zones infestées en Algérie et 21 000 hectares en Libye. Les pulvérisations sur les essaims avant leur migration les empêche l’accouplement et la ponte. Il faut l’éclosion de plusieurs générations de criquets pour qu’une invasion se développe, explique M. Cresman.

Le Mali et la sécurité nationale de l’Algérie

8 avril 2012

On l’a déjà dit ici, les événements en cours au Mali sont une menace pour la sécurité nationale de l’Algérie et sont une conséquence directe de l’intervention occidentale en Libye.

Cette menace est clairement perçue par le gouvernement algérien si on en juge par le déplacement en urgence d’Ahmed Ouyahia à Tamanrasset :

Le discours qu’il a prononcé lors d’une réunion avec les militants de son parti dans cette wilaya a été axé sur l’unité nationale. «Personne n’a fait don à Algérie de la moindre parcelle de son territoire (…) et ce qui se passe dans les pays voisins renforce l’attachement du peuple algérien à son unité nationale à travers l’ensemble du territoire national», a indiqué le secrétaire général du RND, précisant que «les frontières de l’Algérie remontent à la période pré-coloniale».

Ahmed Ouyahia

Il y a longtemps qu’un dirigeant Algérien n’avait pas été obligé d’en appeler à l’histoire pour justifier la configuration territoriale actuelle de l’Algérie. Ouyahia se sent en effet en devoir de soutenir que  les frontières de l’Algérie remontent à l’ére précoloniale», ce qu’on peut admettre pour la partie septentrionale du pays mais est sujet à caution pour la partie sud (le rapport avec le Sahara dans l’ère précoloniale ressemblait plutôt à celui qu’on entretient avec une façade maritime).

Ca sent un peu la panique…

Curieusement, c’est en qualité de secrétaire général du Rassemblement National Démocratique, un des partis au pouvoir, qu’Ahmed Ouyahia a pris la parole. Et non en tant que premier ministre, ce qui signifie probablement que ce dossier d’une importance extrême échappe au moins en partie au gouvernement et est géré directement par la présidence et la hiérarchie militaire.

La sécession targuie au Mali peut en effet donner l’idée à d’autres d’en faire de même, que ce soient les Toubous ou les Touareg et, pourquoi pas, la Kabylie en Algérie.

Et comme je l’ai écrit précédemment, l’Algérie pourrait payer cher son inaction en Libye même si le véritable précédent n’est pas la Libye mais le Soudan dont le processus de démembrement n’est d’ailleurs sans doute pas terminé.

Sur le Soudan, pays membre de l’Union Africaine et de la Ligue Arabe, l’Algérie était restée également absolument passive.

L’enlèvement des membres du corps consulaire algérien à Gao (qui viennent d’être libérés) est un spectaculaire avertissement adressé à l’Etat algérien.

Ce qui répond à la question que pose le journal L’Expression :

Comment explique-t-on qu’Al Jazeera soit sur les lieux de l’enlèvement du consul d’Algérie à Gao?

Et si le même journal algérien titre :

Etats sahéliens nés de la décolonisation, la menace d’implosion

Il suffit de lire l’article pour comprendre qu’il est surtout question du risque de dislocation de l’Algérie elle-même .et que le gouvernement algérien a sa part de responsabilité, en sus de celle liée à sa passivité sur la Libye..

Le Sahel en ébullition

Certes, il ne manquera pas d’Algériens fiers et ombrageux pour dire qu’une telle chose est impossible en Algérie. A mon avis, il ne manquait pas non plus de Yougoslaves fiers et ombrageux pour dire la même chose jusqu’au démembrement méticuleux de leur pays dans un processus qui a mis face à face des gens qui se parlaient, se rendaient de menus services, étaient amis ou même parents.

Alain Juppé, salué à Tunis, hué à Bamako

27 février 2012

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, souhaite une saisine de la Cour pénale Internationale concernant la Syrie.  Ce qui n’est pas gagné puisque comme il le signale lui-même, la Syrie «n’est pas un Etat partie» de la Convention de Rome qui établit la CPI. 

Par contre, M. Juppé pourrait aller se présenter volontairement devant la CPI pour répondre du sort que son pays a fait subir à la Libye: de nombreuses pertes humaines que les humanitaires  dans son genre ne se casseront pas la tête à décompter. Contrairement aux dégâts matériels qui eux sont potentiellement sources de juteux contrats avec un marché évalué à 200 milliards de dollars.

C’est ce même Juppé qui vient d’aller faire le beau au mali où il a été accueilli comme il se doit par une population qui accuse le gouvernement français d’agir en sous-main pour nuire au Mali, notamment en attisant la sédition au nord du pays.

Le Mali qui était d’ailleurs opposé à l’intervention militaire étrangère en Libye et qui paye aujourd’hui, comme s’autres pays de la région, le prix de la guerre livrée par l’OTAN.

Je vous reproduis ci-dessous intégralement le papier que consacre le Journal du Mali à la visite de M. Juppé.

Mali : « Alain Juppé n’est pas le bienvenu ! »

Par Issa Fakaba SISSOKO – 27/02/2012

C’est une manifestation de colère de certains activistes qui a accueilli dimanche l’arrivée à Bamako du ministre français des Affaires étrangères.

Après le Bénin et le Burkina Faso, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a bouclé ce dimanche 26 février une visite sommaire de quelques heures dans notre capitale. Reçu par le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, M. Juppé était, dit-il, venu « rassurer les autorités maliennes face la crise du Nord et assurer de la disponibilité de la France à l’Etat malien dans la résolution de la rébellion ». C’est du moins ce qu’il a révélé aux journalistes à sa sortie d’audience à Koulouba.

Mais le discours est loin de convaincre certains militants des organisations politiques et de la société civile, qui l’ont accueilli par des slogans hostiles. C’était à la faveur d’une manifestation organisée par le Collectif « Touche pas à ma Constitution » et la jeunesse SADI, principal parti d’opposition. La marche, qui a quitté l’Ambassade de France pour le Musée national de Bamako, a enregistré la participation de nombreux leaders de la société civile, dont le président de la Coalition des Alternatives, Dette et développement (CAD-Mali), un mouvement altermondialiste réputé proche de la gauche.

Les manifestants, qui scannaient des slogans hostiles à la France, ont dénoncé ce qu’ils appellent « l’ingérence » de l’ex colonie dans les affaires intérieures du Mali. « La question de la rébellion est un problème maliano-malien, et nous ne comprenons pas l’intérêt accordé par la France à cette crise. Pire, l’insistance de celle-ci à imposer au Mali à déposer les armes après avoir été attaqué par des groupes d’assaillants, donne matière à réfléchir », a déclaré le président de la CAD-Mali, Sékou Diarra. Qui s’interroger sur « l’attitude ambigüe de la France ».

Dans un contexte de fortes suspicions

La visite du ministre français des Affaires étrangères au Mali intervient dans un contexte très difficile dans les relations entre les deux pays à propos de la question du Nord. A Bamako, comme dans les grandes villes du pays, les commentaires vont bon train quant au rôle présumé de l’ancienne colonie en faveur des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Aujourd’hui, nombreux sont les observateurs à s’accorder que la France a de bonne raisons d’attiser le feu sur le sol malien. Si M. Juppé s’en est défendu ce dimanche face aux journalistes, certains analystes sont formels : « Contrairement aux déclarations officielles, les autorités françaises n’apportent rien au Mali pour la résolution de la crise au nord. Bien au contraire, elles veulent tirer profit de la résurrection de la rébellion dont les leaders politiques bénéficient de tout le confort nécessaire à Paris, et des manifestations de colère des populations pour régler leurs comptes avec le président Amadou Toumani Touré « coupable » d’ avoir refusé d’accéder à des sollicitations de Nicolas Sarkozy comme l’installation d’une base militaire française à Sévaré ».

En clair, arguent de nombreux spécialistes de la question, ces refus, passés pour une défiance de la très grande France, viennent s’ajouter à un autre contentieux entre le président malien et son homologue français : celui de la non signature par le Mali de l’ « Accord de réadmission des expulsés ». En dépit des pressions, notre pays est resté sur cette position depuis 2006 alors que la France a déjà fait signer le fameux « Accord » par 8 pays d’Afrique dont le Burkina Faso et le Sénégal ainsi que l’Ile Maurice. Dans ce bras de fer, ATT est adossé à un soutien total de tout le pays dont la population expatriée est à 4 millions de ressortissants, 3 millions d’entre eux étant installés en Afrique et 200 000 en Europe, dont 100 000 en France, selon les estimations.

« Il allait donc de soi que le président Sarkozy prenait très mal que le chef de l’Etat malien affichait ses soutiens à Kadhafi quand la France planifiait la mise à mort du dirigeant libyen » expliquent d’autres commentaires. Pour qui, « les manifestations de très grande envergure menées à Bamako ont sonné à Paris comme la dernière provocation du président ATT à qui il faudra rendre la vie impossible durant les derniers mois de son dernier mandat ». Bref, pensent certains, « il allait finalement de soi que Sarkozy et son pays soient aujourd’hui derrière tous les projets de déstabilisation du pouvoir au Mali ».

En attendant que toute la lumière soit faite sur l’éclatement de la rébellion au Nord, les commentaires vont bon train, et chacun y va de son argumentaire. Mais Alain Juppé, lui, est retourné en France avec l’image qu’une importante partie de la population malienne désapprouve sa présence sur le sol malien en cette période.



120 000 réfugiés très discrets

23 février 2012

Certains de vos journaux en parlent puisqu’on trouve trois références de publications françaises qui évoquent les 120 000 personnes qui ont fui les combats dans la région nord du Mali. La moitié de ces personnes se trouvent maintenant dans des pays voisins comme la Mauritanie, le Niger ou l’Algérie.

Mais cette affaire n’a bien entendu rien à voir avec ce qu’a subi la Libye de la part des pompiers pyromanes David Cameron et Nicolas Sarkozy. Que toutes ces personnes déplacées remercient, ça va de soi.

En tout cas, les dépêches reproduites dans la presse française n’en soufflent mot. 

Mali: Les combats persistent, le peuple fuit

20 Minutes (France) le 23/02/2012
MALI – Les combats entre l’armée et la guérilla targui font rage depuis la mi-janvier…
Plus de 100.000 déplacés. Les combats qui font rage depuis la mi-janvier dans le nord désertique du Mali, entre l’armée et la guérilla targui, ont provoqué d’importants déplacements de population, selon les Nations unies.
La moitié de ces déplacés auraient gagné des pays limitrophes du Mali: la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et l’Algérie.
Renforcés par des effectifs et des armes en provenance de Libye, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont lancé depuis le début de l’année des attaques contre plusieurs villes ou postes militaires dans le nord du Mali. Les forces gouvernementales ont riposté en bombardant à l’aide d’hélicoptères de combat des positions de la guérilla targui.
Ces affrontements ont fait des dizaines de morts. Leur recrudescence, dans une zone où étaient déjà actives des cellules du réseau Al-Qaida, fait craindre à certains un report de l’élection présidentielle prévue en avril.

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