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De la guerre à la guerre: l’absence de volonté de stopper la montée en puissance du nazisme

14 novembre 2021

L’histoire et une discipline en évolution comme toutes les disciplines scientifiques ainsi qu’en témoignent ces notes de lecture d’un ouvrage d’historien relatif à la genèse de la seconde guerre mondiale.

Ainsi que le montre l’historien britannique Jonathan Haslam, les germes de la seconde guerre mondiale étaient présents avant la fin de la première et peuvent être datés de la révolution communiste en Russie.

Haslam rappelle qu’avant même la fin de la première guerre mondiale, les «alliés» avaient attaqué militairement la Russie soviétique et il donne notamment l’exemple du débarquement de soldats anglais à Mourmansk en juillet 1918 qui, prétextant la prise en tenaille des forces allemandes visaient en réalité les forces communistes.

Comme on le sait, la résistance militaire à la révolution communiste dura jusqu’en 1922 avec par moments un soutien direct des troupes britanniques, françaises, belges etc.

C’est cette étape de l’histoire de la république soviétique qui fut déterminante pour Haslam puisqu’elle a amené les autorités de Moscou à se rapprocher de la république de Weimar qui était, comme il le dit, l’autre paria du continent européen.

Un autre aspect qui a joué un rôle important a été l’hostilité du Komintern à toute alliance entre communistes allemands et socio-démocrates. Or une telle alliance aurait pu empêcher l’arrivée au pouvoir d’Hitler.

Enfin, ce point est bien connu généralement, l’hostilité des dirigeants français ou britanniques à l’égard du communisme était bien plus forte que celle qu’ils éprouvaient à l’égard du régime nazi quand ils ne trouvaient pas ce dernier tout à fait fréquentable.

La leçon à tirer de ce travail est qu’il ne faut pas seulement s’intéresser aux processus politiques mais aussi aux intentions qui orientent l’action politique, intentions qui demandent à être explicitées par l’historient aussi bien dans leur définition originale que dans leurs évolutions et leurs effets imprévus et/ou imprévisibles.

Comment la peur du communisme a conduit à l’ascension d’Hitler, du nazisme et à la Seconde Guerre mondiale

Le livre de Jonathan Haslam est un correctif mais aussi une critique de la pratique de l’histoire des relations internationales.

Par Rudrangshu Mukherjee, The Wire (Inde) 5 novembre 2021 traduit de l’anglais par Djazaïri

En 1848, dans l’inoubliable première ligne du Manifeste communiste, Karl Marx écrivait : « Un spectre hante l’Europe – le spectre du communisme.»  Ce même spectre était revenu hanter l’Europe dans la période de l’entre-deux guerres.

Le livre merveilleux de Jonathan Haslam, «Le spectre de la guerre» – fruit de recherches minutieuses dans diverses archives à travers le monde et analytiquement provocateur – étudie comment le triomphe de la révolution bolchevique en Russie et la propagation de l’idée d’une révolution internationale par Lénine et Trotsky ont eu un impact impact profond sur les décideurs politiques dans les chancelleries européennes. Sans une compréhension de cette dimension, toute analyse de la façon dont les puissances occidentales considéraient l’ascension vers le pouvoir d’Hitler et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale serait, selon Haslam, incomplète et appauvrie.

Le livre de Haslam est à un certain niveau un correctif, mais à d’autres niveaux, il fournit également de nombreux faits et idées originaux, et il fait également une critique de la manière dont l’histoire des relations internationales est pratiquée.

Le récit rompt avec le cadre chronologique conventionnel consistant à placer la Seconde Guerre mondiale dans le contexte de ce qui s’est passé dans les années 1930. Il commence au lendemain de la Première Guerre mondiale et de la révolution en Russie. Cette dernière était inextricablement liée au sort de la Russie tsariste au cours de la grande guerre.

La Première Guerre mondiale a bouleversé le système des relations internationales tel qu’il existait jusqu’au déclenchement du conflit. Le triomphe des bolchéviques a ajouté une nouvelle dimension. Le mouvement communiste avait toujours propagé l’idée que la révolution communiste serait mondiale – « Travailleurs de tous les pays,s unissez-vous!» était son cri de ralliement. La direction bolchevique qui suivait cette ligne idéologique était attachée à l’idée que la révolution en Russie ne serait pas et ne pourrait pas être un phénomène historique isolé. Ce serait le premier pas vers des révolutions qui balayeraient le capitalisme et toutes ses manifestations – empire et colonies – partout dans le monde.

De plus, les bolchéviques croyaient que le succès dans la durée de la révolution en Russie reposait sur la révolution en Allemagne qu’ils croyaient imminente. Une révolution mondiale était donc intrinsèque à l’idéologie du communisme et faisait donc partie intégrante de la politique et de la propagande bolcheviques. Ils créèrent le Komintern comme instrument pour faire avancer l’agenda d’une révolution mondiale.

Les décideurs politiques et les faiseurs d’opinion en Europe avaient compris le danger posé par la révolution en Russie presque dès ses débuts. Dès 1919, le Times de Londres lançait un appel aux puissances occidentales pour qu’elles affrontent le « danger de l’impérialisme bolcheviste ». Il y eut, cependant, des actions plus concrètes pour contrecarrer l’avancée de la révolution.

Haslam écrit : « Des troupes britanniques débarquèrent à Mourmansk, un port libre de glace sur la mer de Barents, fin juillet [1918]. En apparence, ces forces avaient été envoyées pour repousser les Allemands. Mais leur objectif réel devint vite évident. Au lieu de marcher vers l’ouest jusqu’aux positions allemandes en Finlande, elles marchèrent vers le sud pour attaquer les soldats de la révolution à Petrograd  [aujourd’hui Saint Petersbourg, NdT ]. Ce fut le premier acte de la guerre d’intervention alliée qui commençait, une guerre non déclarée qui pendant 18 mois fut justifiée par les alliés avec des arguments de plus en plus invraisemblables et contradictoires. Cette guerre a englouti le régime révolutionnaire et a servi de base à la répression impitoyable exercée par Lénine et Trotsky contre les forces de la contre-révolution, au démantèlement des conseils ouvriers, à de sévères restrictions des libertés et au déclenchement de la Terreur rouge.

Au cœur de l’Europe, le projet d’une révolution internationale n’avançait pas. En Allemagne, les tentatives d’insurrection  échouèrent ; les forces de gauche étaient divisées entre les communistes et les sociaux-démocrates ; et ce qui était pire, comme le révèle Haslam, le gouvernement bolchevique négociait secrètement avec celui de Weimar sur le commerce et le réarmement de la Russie. (Pour des raisons de realpolitik , le régime d’idéologie bolchevique   était prêt à ignorer le fait que le gouvernement de Weimar avait réprimé l’insurrection spartakiste et le soulèvement de Munich en utilisant les pires éléments des corps francs qui avaient assassiné des dirigeants communistes comme Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht.)

Les deux parias de l’Europe – l’Allemagne et la Russie – s’étaient ainsi rapprochés. En Italie, la révolution avait échoué et  conduit à la montée en puissance de Mussolini et du fascisme. L’Europe chancelait au bord de l’incertitude et de l’inattendu. L’approche communément admise dans les cercles de pouvoir à Washington, Londres et Paris était que le bolchevisme devait être contenu et qu’on ne pouvait pas permettre un effondrement de l’Allemagne. L’étroite coopération militaire entre Moscou et Berlin était censée être secrète mais des rumeurs à son sujet circulaient. Ces rumeurs rendaient les Britanniques soucieux de reconquérir les sympathies allemandes « presque à n’importe quel prix ».

L’état d’esprit dominant a été résumé ainsi par Alexander Cadogan, sous-secrétaire permanent au ministère des Affaires étrangères : « Certains oublient les années, disons 1920-26, où le seul danger était le ‘bolchevisme’. Dans ces circonstances, l’inattendu incarné par Adolf Hitler était apparu comme une force puissante.

Hitler et le Nazisme

Alors que la perspective d’une révolution européenne s’éloignait, les bolcheviks tournèrent leur attention vers l’Asie, ce qui signifiait s’intéresser aux colonies de l’Empire britannique. Trotsky avait affirmé que « la route vers Paris et Londres passe par l’Afghanistan, le Pendjab et le Bengale». L’Inde était devenue le terrain principal de l’activité révolutionnaire menée sous les auspices du Komintern qui, comme Lénine le soutenait avec candeur, était distinct du gouvernement russe. Toute l’étendue de l’implication du Komintern dans les révolutions à l’Est a été révélée aux Britanniques d’une manière extraordinaire.

En avril 1927, avec la connivence du corps diplomatique, les troupes de Chang Tso-lin, le seigneur de la guerre du nord, effectuèrent un raid contre l’ambassade soviétique à Pékin. Ce faisant, ellse découvrirent quantité de preuves de l’implication de Moscou, y compris financière, dans l’incitation à la révolution dans les colonies britanniques. Ceci, combiné à la grève générale de 1926,  donna à l’anticommunisme en Grande-Bretagne « une force vitale qui lui était propre ».

Harold Nicolson l’a clairement expliqué dans un document ministériel : « … le problème russe est pour le moment asiatique plutôt qu’européen… elle [la Russie] est suspendue comme un nuage d’orage à l’horizon oriental de l’Europe – imminente, impondérable… elle est en fait la plus menaçante de nos incertitudes.»

La méfiance à l’égard de l’Union soviétique au sein de l’establishment britannique était viscérale.

Au sein de l’Union soviétique, après la mort de Lénine en 1924, le pouvoir politique s’est concentré entre les mains de Staline qui, contrairement à Lénine et Trotsky, était convaincu que la construction du socialisme dans un seul pays était non seulement possible, mais devait également être la priorité absolue de l’Union soviétique.  Il élimina toute opposition au sein du parti et s’engagea dans une politique de collectivisation forcée de l’agriculture et de plans quinquennaux d’industrialisation.

Staline, Lénine et Trotsky

Cela ne veut pas dire que Staline avait supprimé le Komintern. Haslam note que la victoire du Parti travailliste (en coalition avec le Parti libéral) aux élections législatives britanniques de mai 1929 avait été en partie rendue possible par une subvention soviétique secrète. Staline avait également rendu impossible toute alliance entre le Parti communiste allemand et les sociaux-démocrates en qualifiant ces derniers de « socio-fascistes ». La division de la gauche eut des conséquences inquiétantes. L’influence et les positions électorales de la gauche diminuèrent, ce qui a permis à un régime autoritaire sous Heinrich Bruning de gouverner par décret d’urgence, ouvrant ainsi la voie à l’accession d’Hitler au pouvoir et à ce qui s’ensuivit.

Les décideurs politiques britanniques se trouvèrent confrontés à un paradoxe. D’un côté, il y avait la Russie soviétique, « un pays aux capacités militaires offensives manifestement faibles » et de l’autre l’Allemagne nazie, « un État armé jusqu’aux dents et à la rhétorique belliqueuse ». Les décideurs politiques choisirent cette dernière de préférence à l’Union soviétique dont la puissante idéologie menaçait tout ce que les classes dirigeantes de Grande-Bretagne considéraient comme précieux et « civilisé ».

Hitler et le nazisme n’étaient pas très agréables mais plus acceptables parce que les classes dirigeantes britanniques croyaient partager avec Hitler certaines croyances fondamentales. Du moins, il était moins menaçant. Selon les mots de Haslam, « … au lieu de s’inquiéter du fascisme, l’élite britannique s’inquiétait davantage de ce qui ne le remplacerait probablement pas – le communisme – si le fascisme était déstabilisé et renversé ». Qu’étaient les classes dirigeantes de Grande-Bretagne ? « Les chevaliers du royaume », les appelle Haslam, scolarisés dans de prestigieuses  écoles privées et dans les facultés d’Oxford et de Cambridge

L’un de ces chevaliers – Nevile Henderson, ambassadeur à Berlin – avait fait remarquer que « la Grande-Bretagne ne devrait pas être considérée comme une démocratie mais comme une aristocratie ». Il en était. Si la bataille de Waterloo, comme l’avait déclaré de manière inoubliable Wellington, a été gagnée sur les terrains de jeu d’Eton, les mêmes terrains de jeu ont rendu possible le succès d’Hitler et l’holocauste qui a suivi.

Un motif sous-jacent de cette préférence était l’hypothèse qu’Hitler était un leader raisonnable avec des objectifs et des ambitions limités qui pourraient être contenus en temps voulu par des concessions territoriales. En revanche, les aspirations du communisme étaient mondiales. Robert Hadlow, alors premier secrétaire à l’ambassade à Vienne, avait affirmé avec une grande clarté qu’affaiblir Hitler aurait pour résultat  une Allemagne communiste « dirigée par des hommes totalement déraisonnables – ce que n’est pas Hitler selon moi. Je préfère aider Hitler que risquer une alternative pire à sa place. L’évaluation formulée par Hadlow était partagée par des membres influents de l’élite britannique, des hommes qui dînaient et se divertissaient dans leurs maisons de campagne et leurs clubs urbains et se faisaient servir du champagne par des valets en livrée.

Du côté soviétique, les réactions à la montée et au succès d’Hitler étaient . Staline  restait silencieux sans s’exprimer publiquement ». Il y avait des voix influentes au sein du Komintern qui soutenaient que la montée au pouvoir d’Hitler était « un phénomène passager ». Ce genre d’opinion était quelque peu prévisibles puisque la politique du Kominter, en érigeant des barrières entre les communistes et les sociaux-démocrates, avait facilité l’ascension d’Hitler ; et de plus, admettre que le gouvernement nazi avait un long avenir serait une reconnaissance directe que toute l’analyse concernant le capitalisme en crise était erronée.

Une conséquence immédiate de l’arrivée au pouvoir d’Hitler fut l’élimination du mouvement communiste et d’innombrables communistes en Allemagne. De ces circonstances est née l’idée du Front populaire. Mais pour ceux qui étaient opposés à l’Union soviétique et craignaient sa force militaire et industrielle croissante et ses intentions idéologiques, le Front populaire ne fit que renforcer leur perception d’une menace communiste.

Georgi Dimitrov, l’un des principaux idéologues du Front populaire, indiquait clairement que « le but de notre lutte contre le fascisme n’est pas le rétablissement de la démocratie bourgeoise mais la conquête du pouvoir soviétique ». Pour les « chevaliers du royaume », le Front populaire représentait l’opposition au fascisme et une menace pour le capitalisme et la démocratie bourgeoise. On ne pouvait pas faire confiance à l’Union soviétique, mais on pouvait l’accorder à Hitler car il était supposé être un homme raisonnable qui, plus important encore, était opposé au communisme.

C’est ce contexte qui détermina la politique d’apaisement que Neville Chamberlain a défendue et pour laquelle il a ensuite été cloué au pilori. En réalité, Chamberlain suivait une politique qui était étayée par des convictions partagées par des sections importantes et influentes de l’intelligentsia et de la classe dirigeante en Grande-Bretagne. La nouvelle du pacte nazi-soviétique signé en août 1939 ne fit qu’intensifier l’anti-bolchevisme des «pacificateurs» – selon les termes de Haslam, le pacte  «a agi comme un accélérateur pour les pacificateurs purs et durs »

Arthur Rucker, fidèle secrétaire particulier de Chamberlain, a déclaré à son collègue John Colville : « Le communisme est maintenant le grand danger, plus grand encore que l’Allemagne nazie. De telles évaluations se sont trouvées justifiées lorsque la Russie s’est emparée de l’est de la Pologne. Face à deux systèmes maléfiques, Chamberlain et ses semblables ont choisi ce qu’ils considéraient comme le moindre mal. Ce à quoi ils n’avaient pas pensé, c’est qu’Hitler était « trop impatient pour attendre ce que les Britanniques avaient à offrir ». Le 1er septembre 1939, les chars et les troupes allemands pénétrèrent en Pologne. Deux jours plus tard, lorsque l’Allemagne ne répondit pas à un ultimatum de la Grande-Bretagne, cette dernière déclara la guerre à l’Allemagne. L’illusion douillette de l’apaisement s’était transformée en une danse de la mort.

À travers son analyse, Haslam met en évidence certaines caractéristiques de la compréhension des relations internationales qu’il juge inadéquates. L’une d’elles est la propension des historiens diplomatiques « à accorder plus d’attention au processus qu’à l’objectif, recherché en supposant que le motif est connu et immuable car tout suit inexorablement son cours géopolitique habituel». Ce mode d’analyse est associé à AJP Taylor qui, dans ses deux livres remarquables et très influents, The Struggle for Mastery in Europe et The Origins of the Second World War, a soutenu que les résultats finaux dans les relations internationales sont le fruit d’un enchaînement incontrôlable d’événements.

Haslam montre que dans l’entre-deux-guerres, les hommes d’État ont fait des choix délibérés et ces choix ont été informés par certaines perceptions/hypothèses qui à leur tour étaient fondées sur des préjugés idéologiques et des intérêts de classe. Haslam introduit ainsi l’importance des idées qui « explicitent les finalités du pouvoir ». Les finalités du pouvoir dans la période analysée par Haslam étaient « divergentes et contestées ».

Ainsi, il estime que la politique étrangère de l’entre-deux-guerres ne peut s’expliquer selon les principes traditionnels puisque « les politiciens et les diplomates en sont venus à craindre davantage le pouvoir insidieux des idées que les composantes mesurables des capacités militaires». Ils préféraient donc l’Allemagne nazie à la Russie soviétique.

Le travail universitaire et savant  de Haslam fait immédiatement penser au roman Les restes du jour de Kazuo Ishiguro qui a recréé l’ambiance sociétale et intellectuelle qui a produit le phénomène d’apaisement. Toute l’histoire est racontée par la voix d’un majordome qui surprend et enregistre les conversations qui se déroulent dans les somptueuses salles à manger et les salles de réception des maisons de campagne appartenant à des aristocrates anglais. Les artistes créatifs ont souvent une meilleure connaissance de l’histoire que les historiens qui fouillent dans des dossiers poussiéreux et attendent l’accès à des archives fermées.

Il n’y a pas eu de meilleure représentation de la société russe à tous les niveaux – la cour tsariste, la vie de la noblesse, les souffrances et les fêtes des serfs et des paysans et du champ de bataille empestant la poudre des armes à feu et les cadavres – que Guerre et Paix . En Inde, la nature multiforme du mouvement national a été saisie de manière poignante dans The Home and the World de Tagore .

Rudrangshu Mukherjee est professeur d’histoire et président de l’université Ashoka.

Sur le danger posé par les Juifs

5 novembre 2017

Aux Etats Unis, en France, en Grande Bretagne ou en Pologne comme ici, les sionistes s’ingénient à couvrir l’ensemble du spectre des opinions politiques,de la gauche à la droite extrême, étant bien compris que l’objectif reste toujours de promouvoir les intérêts de l’entité sioniste et de contrer ses adversaires.

Il est particulièrement impressionnant de voir une personne qui n’a aucune attache avec un pays se retrouver propulsée parmi les faiseurs d’opinion par la grâce de l’extrême droite, qu’elle soit polonaise ou américaine et néoconservatrice.

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Jan T. Gross

Les thèses de cet individu sont d’autant plus sidérantes que l’historien Jan T. Gross a soutenu récemment que les résistants polonais, qui n’étaient pas tous communistes tant s’en faut, ont tué plus de Juifs que de Nazis pendant la seconde guerre mondiale.

Sur le danger posé par les Juifs

Par Larry Cohler-Esses, The Jewish Forward (USA) 5 novembre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

En Pologne ces temps-ci, le responsable de l’association de mémoire de l’holocauste le plus en vue avertit les Polonais que les attaques contre leur pays viennent des « médias juifs de gauche. »

Il dit que les histoires de Polonais qui ont réellement aidé des Juifs pendant la seconde guerre mondiale n’étaient pas relatées avant son arrivée malgré des dizaines d’années de recherches dans ce domaine par des institutions aussi importantes que Yad Vashem à Jérusalem.

Il affirme que la Pologne devrait exiger des réparations à l’Allemagne, citant pour exemple les réparations qu’Israël a obtenues de ce pays après l’holocauste.

Et il semble qu’il s’attire un soutien dans l’opinion et même une aide financière de la part du gouvernement polonais d’extrême-droite que beaucoup de leaders [communautaires] juifs polonais accusent de fermer les yeux devant la montée de l’antisémitisme dans le pays.

Jonny Daniels, un Israélien né en Grande Bretagne, est un agent de relations publiques dont les clients sont entre autres Donald Trump et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Mais c’est en qualité de président de son association à but non lucratif du souvenir de l’holocauste sise à Varsovie, « From the Dephts » qu’il a suscité la controverse parmi les chercheurs, les universitaires et les militants qui se consacrent à l’enseignement des leçons de la shoah.

Jonny Daniels, à droite sur la photo

Par une série d’interventions récentes dans des médias grand public en Pologne et aux Etats Unis, Daniels      a diffusé un message qui fait écho aux thèmes mis en avant par l’actuel gouvernement polonais constitué par le Parti de la Loi et de la Justice, une faction politique de la droite nationaliste dure.

Daniel explique qu’il ne fait que rectifier la façon distordue dont la Pologne est perçue et corriger une négligence de l’histoire en mettant en évidence les Polonais qui ont aidé des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Ses détracteurs affirment que sa démarche va dans le sens de l’objectif du gouvernement de blanchir l’histoire en dents de scie de la Pologne pendant la seconde guerre mondiale, et de la remplacer par un récit franchement héroïque.

« Il y a des Juifs gauchistes – qui profitent de l’holocauste, » avertissait gravement Daniel les lere public de TVP, la chaîne d’information télévisée continue de l’Etat, le 14 octobre. A la question de savoir pourquoi la Pologne « a si mauvaise presse dans le monde », il expliquait : « Les médias gauchistes continuent à attaquer la Pologne et continueront à présenter la Pologne comme un pays raciste. Ils profitent en agissant ainsi. »

Vêtu d’un costume de bonne coupe, une petite kipa noire sur la tête, Daniels expliquait à un interviewer le motif derrière ces attaques : « ça les aide à obtenir des restitutions de la part de la Pologne, ce qui est un non-sens. La communauté juive en Pologne a obtenu beaucoup d’argent pour les biens juifs [spoliés] ».

La Pologne, a-t-il dit au public polonais, « doit se tenir debout, être franche et dire, « Ca suffit! »

Dans une intervention le 8 août dans l’émission « Fox & Friends » sur Fox News, l’émission d’information matinale la plus regardée de cette chaîne américaine câblée, Daniels a implicitement critiqué le musée israélien de l’holocauste Yad Vashem qui après vérification soigneuse honore les non Juifs qui ont sauvé des Juifs pendant la shoah. « Il aurait fallu le faire il y a 50 ans, 40 ans, » avait-il déclaré, citant son propre travail. « C’est seulement 70 ans après que nous sommes capables de venir raconter ces histoires. »

Le programme de Yad Vashem « Justes parmi les Nations » qui étudie avec rigueur les allégations de sauvetages pendant l’holocauste a été mis en place il y a 54 ans, en 1963, pour distinguer ces héros. Daniels n’a pas répondu à un email lui demandant comment il sélectionnait ceux qu’il honore et en quoi son action constitue un précédent.

Le 17 octobre, sur Telewizja WPolsce, une autre chaîne télévisée d’informations, Daniels a exhorté la Pologne à suivre l’exemple d’Israël et d’exiger des réparations à l’Allemagne pour l’avoir envahie pendant la seconde guerre mondiale.

« Ce n’est pas plus compliqué que d’établir une facture et de l’envoyer à Mme Merkel, » a-t-il dit aux téléspectateurs polonais, parlant ainsi de la chancelière allemande. « Si j’étais en charge des réparations, c’est exactement ce que je ferais. »

Extrême-Droite: philosémitisme et islamophobie

24 octobre 2017

La digue intellectuelle et morale qui contrariait la montée de l’extrême-droite en Europe est en passe d’être bientôt contournée, voire retournée par les partis représentatifs de ce courant de pensée.

Cette digue, c’était l’antisémitisme professé plus ou moins ouvertement par ces mouvements, un antisémitisme qui n’avait en principe plus droit de cité depuis la deuxième guerre mondiale et la déportation quasi-systématique des Juifs européens par le Troisième Reich.

Cette marginalisation de l’extrême-droite était-elle basée sur un principe humaniste intangible, à savoir l’égalité foncière de tous les hommes, qui avait été bafoué par le régime nazi ? Ou reposait-elle sur la stigmatisation d’un crime contre une population particulière sans qu’il en découle un principe général applicable à toutes les populations minoritaires ?

On a longtemps pu croire à la réalité du principe intangible. Mais ces dernières années nous ont au contraire apporté la preuve, s’il en fallait une, que tel n’était pas le cas et que c’est au contraire le caractère relatif du souvenir du sort des Juifs qui prévaut.

Cette démonstration nous est apportée par l’évolution de l’extrême-droite européenne qui a renoncé, à un rythme différent selon les pays, à l’antisémitisme qui la caractérisait, pour passer au « philosémitisme », tout en élaborant son discours islamophobe.

En soi, cela ne suffit pas à gagner des électeurs. Mais ça suffit à vous ouvrir la porte des studios des radios et des télévisions sans lesquels les messages politiques restent lettre morte dans les sociétés de communication de masse que sont les nations occidentales.

L’islamophobie n’a par contre évidemment pas cette vertu d’endiguement que possède l’antisémitisme.

L’article que je vous propose fait le point sur cette thématique du nouveau philosémitisme et de l’islamophobie qui caractérisent l’extrême-droite européenne actuelle.

On reprochera peut-être à l’auteur sa grande naïveté, ou pseudo naïveté car si je veux bien croire que l’extrême droite instrumentalise les juifs et le sionisme à ses propres fins, il aurait peut-être dû se poser la question du rôle du lobby sioniste et de l’entité sioniste elle-même dans l’ascension de l’extrême-droite et dans la promotion des discours islamophobes produits dans des cercles qui vont au-delà de cette mouvance politique.

Ce qui vaut pour l’Europe vaut aussi pour ses développements américain et australien.

La montée de la nouvelle extrême-droite : les ‘philosémites’ européens utilisent les Juifs pour combattre les Musulmans

L’extrême-droite redéfinit les Juifs comme les ‘victimes exemplaires de la menace de l’Islam,’ ainsi que l’affirme un analyste, le soutien à Israël en étant le corollaire. Mais l’antisémitisme reste très présent.

Par Michael Colborne, Haaretz (Sionistan) 21 octobre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Il y a près d’une trentaine d’années, Heinz-Christian Strache était arrêté lors d’une marche aux flambeaux avec une organisation inspirée de la Jeunesse Hitlérienne. Mais ces jours-ci, le dirigeant du mouvement autrichien d’extrême droite Parti de la Liberté, – qui, après le scrutin de dimanche, devrait entrer dans le nouveau gouvernement de droite de l’Autriche – a l’air de vouloir devenir le meilleur ami d’Israël.

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Heinz-Christian Strache du FPÖ (Parti de la Liberté Autricien)

Strache s’est rendu à plusieurs reprises en Israël au nom du Parti de la Liberté, mais les responsables gouvernementaux d’Israël ont évité de rencontrer le chef d’un parti dont le premier dirigeant était un ancien officier SS. Strache a même écrit au Premier Ministre Benjamin Netanyahou plus tôt dans l’année, promettant de transférer l’ambassade d’Autriche de la banlieue de Tel Aviv vers Jérusalem, et de soutenir le droit d’Israël à construire dans les colonies de Cisjordanie.

Israël a « le droit de construire partout où c’est nécessaire sur la terre d’Israël, » écrivait Strache.

 

Strache est loin d’être le seul leader européen d’extrême droite qui soit perçu comme étant devenu un adepte du prétendu philosémitisme. Selon Geert Wilders, porte-drapeau des islamophobes néerlandais, Israël est « la première ligne de défense de l’Occident » contre l’islam. Selon sa propre compte, Wilders a visité Israël plus de 40 fois. En France, la dirigeante du Front National d’extrême droite, Marine Le Pen, a déclaré aux membres de la plus importante communauté juive d’Europe que son parti était «le meilleur bouclier pour vous protéger».

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Geert Wilders

Mais que ce soit en Autriche, en Allemagne, en France ou même en Bulgarie – où un parti ouvertement d’extrême-droite fait partie du gouvernement depuis mai – les dirigeants d’extrême droite utilisent les communautés juives, réelles ou imaginaires, comme des instruments pour diaboliser les musulmans et les autres minorités.

Cette évolution des extrémistes de droite vers le philosémitisme est cependant en grande partie une nouveauté, compte tenu en particulier du fait que beaucoup de ces partis comportent encore beaucoup d’éléments antisémites qui ne cessent de se manifester.

« Les positions pro-israéliennes et le philosémitisme sont relativement récents au sein de la droite radicale européenne, même pour la partie occidentale de l’Europe », a déclaré à Haaretz par courrier électronique Cas Mudde, professeur de sciences politiques à l’Université de Géorgie (USA).

Mudde, qui étudie les mouvements d’extrême droite en Europe, note également que les partis d’extrême droite comme le Parti de la liberté et le Front national qui ont adopté des positions philosémites «les ont développées dans le cadre de leur programme islamophobe».

Il y a plus de dix ans, Mudde écrivait dans une étude sur les partis populistes de la droite radicale en Europe, soulignant la position de nombreux extrémistes de droite sur les Juifs. Les Juifs, dit Mudde, sont considérés comme incarnant une modernité à défendre. D’autre part, l’importante minorité Rom d’Europe est considérée comme une population barbare vivant en marge de la modernité, tandis que les Musulmans sont considérés comme des barbares vivant dans la modernité – l’ennemi déjà présent à l’intérieur, selon l’extrême droite.

Par conséquent, le «tournant philosémite» de nombreux partis d’extrême droite, selon les mots du sociologue Rogers Brubaker, provient directement des préoccupations de ces partis à l’égard de l’islam. Ecrivant plus tôt cette année, Brubaker soutient que l’extrême droite en est venue à redéfinir les juifs en tant que «Européens» et «victimes exemplaires de la menace de l’islam»

L’antisémitisme fait encore rage

Mais tout le monde dans ces nouveaux partis philosémites ne semble pas avoir reçu la consigne. Avant les élections présidentielles françaises d’avril et de mai, Marine Le Pen a dû repousser les accusations selon lesquelles deux de ses compagnons de route étaient des sympathisants nazis qui organisaient des soirées «pyjama rayé» – en référence aux vêtements que les Juifs étaient obligés de porter dans les camps de concentration.

En Autriche, Strache fait semblant de dénoncer l’antisémitisme qui règne encore dans son parti ; ce mois-ci, il a dû suspendre un conseiller local du Parti de la Liberté qui a fait un salut nazi. En plus de cela, des militants autrichiens ont récemment publié une liste de ce qu’ils disent être plus de 60 incidents antisémites et racistes impliquant des personnalités du Parti de la liberté depuis 2013.

« S’il [le Parti de la Liberté] a vraiment changé d’idéologie, est une question à laquelle lui seul peut répondre, » a déclaré la politologue Alexandra Siegl à l’Agence France-Presse.

Mais parfois le masque semble glisser un peu. Quelques jours avant le vote autrichien qui a vu le Parti de la Liberté égaler son meilleur résultat, Strache a interrogé les motivations de l’un des donateurs du futur Chancelier Sebastian Kurz – l’homme d’affaires juif Georg Muzicant, fils de l’ancien président de la communauté juive de Vienne.

Strache a déclaré que le soutien financier de Muzicant pour Kurz était une preuve de Verstrickungen – enchevêtrements – un mot dans ce contexte impliquant une conspiration juive. Pour sa part, Kurz a déclaré que les commentaires de Strache étaient « déshonorants », bien qu’il semble toujours susceptible de former un gouvernement de coalition avec lui.

Fort en Bulgarie

En Bulgarie, sur les frontières souvent oubliées de l’Europe, un parti d’extrême-droite siège déjà dans un gouvernement de coalition – un parti qui utilise l’expérience de la Bulgarie pendant l’Holocauste pour attaquer les minorités les plus dénigrées du pays.

Les Patriotes Unis de Bulgarie, une coalition de trois partis d’extrême-droite, se sont frayés un chemin jusqu’au gouvernement après que les élections de cette année ont laissé le Premier Ministre Boyko Borisov, qui sortait de son troisième mandat, sans autre partenaire possible pour une coalition.

Patriotes Unis et leurs dirigeants islamophobes et anti-Roms sont de fiers promoteurs du rôle de la Bulgarie dans la sauvetage des Juifs des camps de la mort en Allemagne. En mars 1943, Boris III, le roi de la Bulgarie alliée aux nazis, refusa que les 50 000 Juifs bulgares soient déportés dans les camps. Presque tous ont survécu à la guerre et, avec le temps, sont partis pour Israël.

Aujourd’hui, il y a à peine 2 000 Juifs en Bulgarie et seulement deux synagogues an activité. Pourtant, les leaders de la communauté juive ont alerté cette année sur une augmentation des propos et des incidents antisémites, notamment la destruction de pierres tombales juives dans le cimetière central de Sofia le mois dernier et des manifestations en mémoire d’un général nazi notoire, Hristo Lukov.

Rien de tout cela n’a découragé les patriotes unis.

« Les Juifs en Bulgarie sont un exemple d’intégration réussie », a déclaré un député de Patriotes Unis au parlement bulgare à l’occasion de Rosh Hashanah, en lisant une déclaration du parti. Les Juifs, a déclaré le député, sont « un exemple que tous les groupes minoritaires de notre patrie devraient suivre », faisant un reproche subtil aux Roms et aux Turcs de Bulgarie, qui représentent ensemble près de 20% de la population bulgare.

Mais l’approche de l’histoire des Juifs en Bulgarie par Patriotes Unis occulte quelques points essentiels. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs bulgares ont été forcés de porter des étoiles jaunes, de respecter des couvre-feux stricts et de remettre bijoux et autres objets de valeur. Et pendant la guerre, la Bulgarie a occupé la Macédoine, la Thrace et une partie de la Serbie – et n’a rien fait pour empêcher 11 000 juifs de ces régions d’être envoyés à la mort.

Ce n’est pas quelque chose dont Patriotes Unis aime parler.

Dans une déclaration, le parti a affirmé qu’aujourd’hui « les ennemis de la Bulgarie, activement soutenus par bezrodnitsi  » – un terme poétique pour les gens qui se sont éloignés de la nation – « tentent de lancer une accusation honteuse contre les Bulgares » en attirant l’attention sur ces 11 000 Juifs qui ont été déportés vers la mort.

C’est une attitude qui déconcerte la communauté juive actuelle de la Bulgarie. Tom Junes, historien et membre de la Fondation d’Etudes Sociales et Humaines de Sofia, un think-tank non gouvernemental, a rapporté à Haaretz quelque chose qu’un collègue juif bulgare lui avait dit : « Si j’ai cinq enfants et que tu en tues un, Je suis censé te remercier de ne pas avoir tué les quatre autres?

Patriotes Unis devra s’habituer à entendre plus de questions comme celle-ci. Le 75e anniversaire du refus de Boris III d’expulser les Juifs de Bulgarie tombe en mars, juste au moment où la Bulgarie assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, suivie, par coïncidence, par l’Autriche. Certains des politiciens d’extrême droite les plus fervents d’Europe pourraient se retrouver eux-mêmes et leur philosémitisme ostensible, à être plus observés que ce à quoi ils s’attendaient.

Le modèle américain d’Hitler

23 octobre 2017

On s’en doutait un peu que les Etats Unis avaient pu inspirer les législateurs nazis qui avaient en effet découvert Outre Atlantique une codification élaborée du racisme d’Etat. Ce racisme d’Etat est incorporé dans l’hymne national, raison qui explique que certains sportifs mettent un genou à terre au moment où il est joué au lieu de l’observer debout.

Ira Katznelson, qui rend compte de la lecture d’un livre qui vient de paraître sur cette thématique du nazisme et de la législation aux Etats Unis, essaye cependant d’apporter sa propre contribution à l’analyse de ce sujet. Il pose en particulier que la différence entre le racisme institutionnalisé dans la démocratie libérale américaine et celui du régime autoritaire nazi est que ce dernier a dérivé vers le génocide tandis que l’Amérique s’est acheminée, non sans luttes précise-t-il, vers plus d’égalité.

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J’objecterai personnellement que la durée des deux régimes n’est pas comparable : en 1945, le Troisième Reich disparaissait après seulement une douzaine d’années d’existence tandis que le régime en vigueur aux Etats Unis, le même qu’aujourd’hui, avait 169 ans.

Et surtout, que si le Troisième Reich a « culminé » dans un génocide, les Etats Unis se sont fondés sur un génocide, celui des Amérindiens. Un génocide qui reste nié même par ceux qui le décrivent.

Ce que l’Amérique a enseigné aux Nazis

Dans les années 1930, les Allemands étaient fascinés par le leader mondial du racisme codifié – les Etats Unis

Par Ira Katznelson, The Atlantic (USA) novembre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Il n’y avait pas de lieu plus extravagant pour le théâtre politique du Troisième Reich que les terrains des parades spectaculaires, deux grands stades, et le palais des Congrès à Nuremberg, un projet conçu par Albert Speer.

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Stade du Zeppelinfeld à Nuremberg d’une capacité de  plus de 300000 personnes

Entre 1933 et 1938, il avait chorégraphié des rassemblements énormes parallèlement à la conférence annuelle du Parti Nazi, des assemblées rendues célèbres par les documentaires grandioses de Leni Riefenstahl de 1933 et 1935, La Victoire de la Foi et le Triomphe de la Volonté. Nuremberg avait été le cadre du « Congrès de la Liberté » du Parti au cours duquel le Reichstag en session extraordinaire avait adopté par acclamation une loi excluait les Juifs de la citoyenneté allemande et des droits afférents, leur interdisait de se marier ou d’avoir des relations sexuelles avec des personnes identifiées comme racialement allemandes et interdisait aux Juifs d’arborer les couleurs nationales ou le nouvel emblème national, un drapeau avec un svastika.

Huit jours à peine après la proclamation formelle par Adolf Hitler de la loi de citoyenneté du Reich, de la loi sur la protection du sang et de l’honneur allemands et de celle sur le drapeau du Reich, 45 juristes nazis embarquèrent pour New York sous les auspices de l’Association des Juristes Nationaux Socialistes Allemands. Le voyage était une récompense pour les juristes qui avaient codifié la philosophie juridique du Reich basée sur la race. L’objectif annoncé de la visite était d’avoir « un aperçu précis du fonctionnement juridique et de la vie économique des Etats Unis par l’étude directe et des conférences, » et le chef de la délégation était Ludwig Fischer. En tant que gouverneur du district de Varsovie une dizaine d’années plus tard, il présidera à l’ordre brutal du ghetto.

Chaque jour qui passe en ce moment nous rappelle que la démocratie libérale et la démocratie intolérante peuvent entrer dans une osmose malencontreuse, un contexte opportun pour le « Hitler’s Américan Model » [le modèle américain d’Hitler] de James Q. Whitman, qui examine comment le Troisième Reich trouva de la substance dans le droit américain pour ses initiatives basées sur la race. Après avoir débarqué, les juristes allemands participèrent à une réception organisée par l’Association du Barreau de New York. Toutes les personnes présentes étaient au courant des derniers événements à Nuremberg, et pourtant la demande de ces éminents juristes allemands d’en apprendre sur les systèmes juridique et économique américain avait été accueillie chaleureusement.

Whitman, professeur à la faculté de droit de Yale, a cherché à comprendre comment les Etats Unis, un, pays fondé sur ces principes libéraux que sont les droits individuels et la règle de droit, ont pu produire des idées et des pratiques juridiques « qui semblaient intrigants et attractifs aux Nazis. » En explorant cette apparente incongruité, son petit livre soulève d’importantes questions sur le droit, sur les décisions politiques qui affectent la portée de l’appartenance civique et sur la malléabilité des valeurs des Lumières.

Au rebours des travaux universitaires qui minimisent l’impact du modèle américain de racisme légal sur l’Allemagne nazie, Whitman réunit toute une série d’éléments qui plaident en faveur de la probabilité « que les lois de Nuremberg elles-mêmes reflètent une influence américaine directe. » L’Amérique a fourni le point de référence le plus évident au Preußische Denkschrift, le mémorandum prussien rédigé en septembre 1933 par une équipe de juristes qui comprenait Roland Freisler, qui devait bientôt se révéler en tant que président particulièrement cruel du Tribunal Populaire Nazi. Des précédents [exemples] américains ont aussi inspiré d’autres textes nazis essentiels, y compris le Manuel national-socialiste de droit et de législation de 1934-35, publié sous la direction du futur gouverneur général de Pologne Hans Frank qui sera plus tard pendu à Nuremberg. Chapitre très important de ce livre, un quart des pages des recommandations d’Herbert Kier pour une législation raciale est consacré à la législation américaine – pas seulement à la ségrégation pais aussi aux règles appliquées aux Amérindiens, aux critères de citoyenneté pour les Philippins et les Porto-Ricains ainsi qu’aux Afro-Américains, aux réglementations sur l’immigration et aux interdictions portant sur le métissage dans quelque 30 Etats [à l’époque il y a 48 Etats contre 50 aujourd’hui]. Aucun autre pays, pas même l’Afrique du Sud, ne disposait d’un ensemble de lois aussi développé en ce domaine.

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Varsovie 1942: Ludwig Fischer et Hans Frank, respectivement 2ème et 3ème à partir de la gauche

Particulièrement significatifs étaient les écrits du juriste allemand Heinrich Krieger, « le personnage de loin le plus important pour l’assimilation par le nazisme de la législation raciale américaine », qui avait passé l’année universitaire 1933-34 comme étudiant dans le cadre d’un échange la faculté de droit de l’Arkansas à Fayetteville. Cherchant à mobiliser un savoir historique et juridique au service de la pureté raciale aryenne, Krieger avait étudié toute une série de régimes raciaux à l’étranger, dont l’Afrique du Sud contemporaine, mais en avait découvert les fondations dans le droit américain. Ses écrits très documentés sur les Etats Unis commencèrent avec des articles de 1934 dont certains concernaient les Amérindiens et d’autres qui tentaient une évaluation globale de la législation raciale des Etats Unis – des textes précurseurs de son livre majeur de 1936, « Das Rassenrecht in den Vereingten Staaten » [la législation raciale aux Etats Unis].

Le « document massue » de Whitman est la transcription d’une conférence du 5 juin 1934 qui avait réuni d’éminents juristes allemands pour débattre de la meilleure manière d’opérationnaliser un régime raciste. La transcription montre comment les plus extrémistes parmi eux, qui s’appuyaient sur les recherches approfondies de Krieger, étaient particulièrement attirés par les codes juridiques américains basés sur la suprématie blanche. Le principal apport conceptuel venait de Freiser. La race, affirmait-il, est une construction politique. Aux Etats Unis comme en Allemagne, l’importance et la signification de la race ont pour l’essentiel été déterminées moins par des réalités scientifiques ou des conventions sociales que par des décisions politiques consacrées par la loi.

Mais même les preuves indiscutables de l’intérêt soutenu des Allemands pour le modèle américain ne tranchent pas la question du rôle constitutif des lois raciales américaines, comme Whitman lui-même a la prudence de le reconnaître. Après tout, les intellectuels et les dirigeants nazis avaient bien pu utiliser des exemples américains simplement pour rendre plus légitimes les projets grotesques qu’ils envisageaient déjà de mettre en œuvre. En tout cas, répondre à la question de l’influence étrangère est en définitive moins important que l’autre objectif de Whitman qui est d’examiner le statut de la hiérarchie raciale aux Etats Unis à travers le regard des Nazis. « Ce que l’histoire présentée dans ce livre exige que nous affrontions, » écrit-il, « ne porte pas sur des questions relatives à la genèse du nazisme mais sur le caractère de l’Amérique. »

Son teste dérangeant trouve donc sa place à l’intérieur de l’histoire plus large des Etats Unis en tant que régime politique fondé sur les principes de l’égalité des hommes, de la raison des Lumières et de la limitation constitutionnelle du pouvoir de l’Etat, modelé cependant par le mal extraordinaire et les conséquences à long terme de la traite des esclaves basée sur la race. Lire « Hitler’s American Model » nous oblige à prendre en compte le fait brut que durant la période 1334-35 du Troisième Reich, environ la moitié des élus du Parti Démocrate au Congrès représentaient des Etats Jim Crow [où la ségrégation était en vigueur], et qu’aucun des deux grands parti n’avait essayé d’abolir des lois raciales qu’admiraient tant les magistrats et juristes allemands.

Comment comprendre la relation entre race et démocratie a été une question pressante depuis la fondation même des Etats Unis. La tension profonde entre les deux – résumée ironiquement par une plantation baptisée ‘Egalité’ à Port Tobacco dans le Maryland, pleine d’esclaves et propriété de Michael Jenifer Stone, un des six membres de la délégation de cet Etat à la Chambre des Représentants du Premier Congrès Fédéral – avait rendu perplexe le grand auteur sur l’égalité en Amérique, Alexis de Tocqueville. Dans « De la démocratie en Amérique », publié un siècle exactement avant les Lois de Nuremberg, il engagea une discussion sur « les trois races qui habitent le territoire des Etats Unis » en annonçant que ces objets « qui touchent à mon sujet n’y entrent pas ; ils sont américains sans être démocratiques, et c’est surtout la démocratie dont j’ai voulu faire le portrait. »

Whitman invoque le travail de chercheurs en sciences politiques qui, dans l’esprit des sphères séparées de Tocqueville, distinguent ce qu’ils appellent un ordre suprématiste blanc d’un ordre libéral et égalitaire. Mais son propre livre montre qu’une telle division est trop tranchée. Nous devons aborder la question raciale aux Etats Unis en concomitance avec les considérations sur la démocratie. Le travail de Whitman ne dénonce pas la tradition libérale des Etats Unis comme étant un simulacre ainsi que de nombreux théoriciens du droit du Troisième Reich l’ont laissé entendre quand ils soulignaient le système de subordination des Amérindiens et des Noirs. Au contraire, il invite implicitement le lecteur à considérer quand et comment, sous quelles conditions et dans quels domaines, les traits ignobles du racisme ont été les plus saillants au cœur de la démocratie libérale américaine. Inversement, nous pourrions demander, quand et pourquoi ces traits ont été réprimés, permettant un accès plus égalitaire des minorités raciales à l’espace public, au respect de leur culture, à plus de confort matériel et d’exercice de la citoyenneté ?

Les idées et les institutions libérales-démocrates aux Etats Unis, à la différence du régime hitlérien, ont toujours été à la fois vulnérables et résistantes aux exclusions racistes. Bien que les Etats Unis soient entrés dans les années 1930 en qualité d’ordre racialisé le mieux établi du globe, l’évolution à partir de Nuremberg et de Jim Crow a été très différente, l’une culminant en génocide de masse, l’autre, après bien des luttes, dans des progrès en matière de droits civiques. Pourtant, aucun de ces progrès, pas même les mandats présidentiels d’un Afro-Américain, n’a permis de retirer les questions de race et de citoyenneté de l’agenda politique. Les débats en cours nous rappellent avec force que les progrès ne sont pas des acquis garantis. Les règles mêmes du jeu démocratique – élections, médias ouverts et représentation politique – créent des possibilités persistantes de démagogie raciale, de peur et d’exclusion. Et comme Freisler et les autres juristes du Troisième Reich ne l’avaient que trop bien compris, les idées de race et les politiques racistes sont profondément des produits de décisions politiques.

 

Un agent sioniste aux manettes de l’extrême-droite en Australie

23 septembre 2017

Comme en Angleterre avec l’English Defence League, les agents de l’entité sioniste s’activent en Australie pour promouvoir les thèses d’extrême droite en les recentrant sur l’islamophobie. En France, ces agents se sont intéressés aussi à la restructuration du principal parti d’extrême droite et à ce même recentrage sur l’islamophobie assorti d’une dénonciation de l’antisémitisme.

L’organisateur juif de la manifestation de l’extrême droite à Melbourne ‘dégoûté’ d’être qualifié de Nazi

par Nick Alexander, 9 News (Australie) 17 septembre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’organisateur juif de la manifestation « Make Victoria Great Again » (sur le modèle du Make America Great Again de Donald Trump) qui a bloqué dimanche une partie du centre-ville de Melbourne [capitale de l’Etat de Victoria] dit être « dégoûté » de se voir qualifié de « nazi » par les contre-manifestants d’extrême gauche.

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Les Etats australiens

Avi Yemini et 50 à 60 de ses partisans se sont retrouvés devant un contingent beaucoup plus important de manifestants – dont des affiliée aux « Anitifa – lorsqu’ils se sont arrêtés dans le quartier des affaires pour critiquer la manière dont l’Etat applique la loi et d’autres points relatifs à l’ordre public.

Melbourne

Yemini, un ancien soldat de l’armée israélienne et propriétaire d’une salle de krav maga  [technique de « self-défense » en vigueur chez les terroristes sionistes] qui a des ambitions politiques a fait un discours critique à l’égard du premier ministre Daniel Andrews jugé trop laxiste avec les délinquants violents.

« Nous méritons tous le droit de tenir nos commerces sans que des bandes de voyous viennent pour nous voler, » a-t-il dit.

« Nous voulons des peines plancher pour les auteurs de violences… nous ne voulons pas de liberté sous caution pour les délinquants violents. »

Malgré sa harangue « noirs, blancs, hétéros ou homos, nous refusons de vivre dans la peur, » les contre-manifestants de « De Charlottesville à Melbourne : unis pour lutter contre l’extrême-droite » accusaient Yemini de viser insidieusement les Africains et les Musulmans avec sa rhétorique sur la fermeté en matière de délinquance.

Cette organisation pense que Yemini cherche à exploiter le filon [zeitgeist, esprit du temps] raciste que Donald Trump a exploité aux Etats Unis, et a décidé de le qualifier de « Nazi »

« Ils étiquettent quiconque a une opinion différente de Nazi ou fasciste. C’est dégoûtant, » a déclaré Yemini à Nine.com.au.

« Ces étiquettes ont perdu toute signification. »

Les antifas se sont aussi aperçu du fait bizarre que, certains des points de vue de Yemini sont en gros alignés sur ceux de certains membres de la frange australienne de l’extrême-droite, dont Neil Erikson, qui a été vu à la manifestation de samedi en train d’insulter au mégaphone les contre-manifestants.

A la question de savoir s’il était inquiet de la présence d’Erikson – l’ancien néo-nazi avait plaidé coupable en 2014 d’avoir fait des appels téléphoniques menaçants à un rabbin de Melbourne – Yemini a répondu « il n’a rien à faire avec moi. »

Neil Erikson (à gauche) et Avi Yemini

Concernant une récente interview qu’il a faite en direct avec Erikson sur Facebook devant le tribunal de Melbourne où le « patriote » était jugé pour la décapitation simulée d’un mannequin  à bendigo en 2015, Yemini a déclaré « je crois que tout le monde a droit à la liberté d’expression. »

« Si je suis en désaccord, je le dirai, » a-t-il ajouté.

Yemini, qui est très suivi sur Facebook et a été invité dans l’émission The Bolt Report sur Sky News, affirme laisser toutes les options politiques ouvertes et n’a pas exclu d’aller vers une candidature avec One Nation [parti australien d’extrême-droite].

L’étoile dite de David, symbole du judaïsme ou du sionisme et des antisémites?

14 janvier 2017

L’article date certes quelque peu puisqu’il a été publié en pleine campagne électorale aux Etats Unis mais il traite de questions historiques qui débordent largement l’actualité immédiate.

L’article parle en effet de ce qu’on appelle l’étoile de David qui est considérée habituellement comme le symbole du judaïsme et nous explique que ce n’est qu’assez récemment que les communautés juives ont commencé à adopter ce symbole.

D’abord imposé par Charles IV, le souverain de Prague, cette étoile se généralisera bien plus tard, au 19ème siècle, chez les Juifs allemands émancipés qui voulaient ainsi avoir un signe pour se distinguer de leurs compatriotes chrétiens qui pour leur part disposaient du symbole de la croix.

Le svastika, ou croix gammée, aurait pu devenir le symbole du judaïsme, si Charles IV en avait décidé ainsi!

Vous tirerez les conclusions que vous voudrez

Qu’est-ce que l’Etoile de David et quelle est sa signification pour les Juifs?

par Lauren Markoe, Religion News Service, Deseret News (USA) 6 juillet 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’utilisation récente par Donald Trump d’une étoile à six branches dans un tweet considéré généralement comme antisémite a soulevé de nombreuses questions sur l’Etoile de David, un symbole du judaïsme. Elle orne les synagogues dans le monde entier et est au centre du drapeau israélien. Mais elle a longtemps été utilisée pour dénigrer les Juifs.

D’où vient cette étoile et en quoi est-elle juive? Explications.

Q – Cette étoile remonte-t-elle au roi David de la Bible?

R – C’est ça. Mais n’allez pas chercher dans la Bible des références à l’Etoile de David. Selon la légende [biblique], c’est le « Magen David », le « bouclier de David » en hébreu qui avait la forme d’une étoile à six branches ou qui avait un motif avec cette forme par repoussage Mais on n’en a aucune preuve pour l’attester, qu’elle soit écrite ou archéologique. Et pendant des centaines d’années, c’est la menorah [chandelier] qui a été le symbole le plus habituel du judaïsme.

Q – Alors d’où vient cette étoile?

R – « Le triangle symétrique entrecroisé était un symbole répandu au Proche Orient dans l’antiquité, » explique le rabbin hassidique Pinchas Taylor dans une vidéo sur ses origines. On peut en trouver des exemples dans les cultures anciennes hindoue, perse et shinto entre autres – et dans des anciens décors juifs également. Elle semble pointer à la fois en direction du ciel et de la terre, de Dieu et de l’humanité et de tous les côtés de l’univers. Les mystiques pensaient qu’elle avait des pouvoirs spéciaux [magiques, NdT].

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Le chandelier (menorah) est le symbole le plus ancien du judaïsme

Q: Quand les Juifs ont-ils commencé à se servir de l’étoile?

R – Certains Européens, notamment à Prague, l’utilisaient dans les années 1600. Mais son adoption généralisée par les communautés juives n’intervint pas avant le début du 19ème siècle, d’abord chez les Juifs allemands, selon Jonathan Sarna, professeur d’histoire juive à l’université Brandeis.

« Les chercheurs pensent que les Juifs allemands récemment émancipés adoptèrent le symbole par opposition à la croix qui symbolisait si visiblement le christianisme allemand, » écrit Sarna dans son livre « American Juidaism ». L’Etoile de David fit sa première apparition dans le vitrail d’une fenêtre à la Baltimore Hebrew Congregation en 1845. Peu après, « elle devint une affirmation visible de judéité » sur les livres, les objets de cérémonie et les pierres tombales.

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Le vitrail de la synagogue de la Baltimore Hebrew Congregation

Q: Est-ce pour cette raison que les Nazis s’en servirent pour identifier les Juifs?

R – Oui, mais les Nazis ne furent pas du tout les premiers à faire porter aux Juifs un signe d’identification. Dans le monde islamique, le Calife Omar II (qui régna de 717 à 720) obligea les juifs, comme les Chrétiens, à porter des « signes distinctifs ». Dans toute l’Europe médiévale, les Juifs devaient porter des écussons – souvent jaunes – et parfois des chapeaux pointus.

Les nazis obligeaient les Juifs à porter des écussons jaunes, bien que la couleur était parfois différente dans certains territoires sous contrôle du IIIème Reich. L’étoile séparait et isolait les Juifs, les désignant ainsi pour la déportation vers les camps de concentration. Un Juif découvert sans son étoile jaune pouvait écoper d’une amende, mis en prison ou tué.

Q – Quel est le lien entre l’étoile et Israël?

R – Le mouvement sioniste adopté l’Etoile de David pour symbole en 1897. Il devint le drapeau de l’Etat d’Israël peu de temps après sa création en 1948. L’étoile est représentée entre une bande bleue sur le dessus et une autre en dessous qui sont supposées évoquer le tallit, le châle de prière juif, qui est habituellement bleu et blanc.

Q – Qu’en est-il de l’affirmation de Trump selon qui il n’y a rien d’antisémite dans l’étoile à 6 branches tweetée par son équipe de campagne?

R – L’équipe de campagne de Trump a écrit les mots « Candidate la plus corrompue de l’histoire! » à l’intérieur d’une étoile à six branches sur fond de billets de banque et à côté d’une photo d’Hillary Clinton. Etant donné qu’une bonne partie du discours antisémite reproche aux Juifs de manipuler l’économie mondiale, la présence de l’étoile associée à de l’argent a été immédiatement vue par les Juifs ainsi que par les non Juifs comme franchement antisémite.

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Le tweet litigieux du candidat Donald Trump

Pour être plus précis, l’image provenait d’un forum de discussion où s’expriment volontiers les poncifs et les diatribes des antisémites et des suprématistes blancs

L’explication fournie par l’équipe de campagne, une étoile de shériff, a été largement tournée en ridicule.

 

L’histoire, c’est pas du cinéma

11 octobre 2016

C’est bizarre, un article du Daily Mail qui cite sans arrêt The Guardian. Bref, passons, je creuserai ça peut-être une autre fois.

L’intérêt de l’article que je vous propose est de montrer que dans la région où il est né, Oskar Schindler, le héros du fameux film de Steven Spielberg, « La liste de Schindler » ne fait pas l’unanimité.

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Il est vrai que si Schindler est né en Tchécoslovaquie, c’était un Allemand des Sudètes, une province annexée par l’Allemagne en 1938 en application des accords de Munich.

Alors on ne s’étonnera pas si Oskar Schindler a laissé dans sa région natale, d’où les Allemands sont partis après la capitulation de l’Allemagne un souvenir, disons, mitigé. On garde en en effet de lui l’image d’un buveur invétéré, d’un accro aux jeux d’argent et d’un coureur de jupons.

Bon, on peut trouver ça pas bien mais le fond de l’affaire n’est-il pas quand même l’action humanitaire de Schindler qui sauva quand même plus d’un millier de Juifs, ses employés, d’un sort funeste ?

 Certes. Mais même ce point très important ne fait pas l’unanimité et laisse sceptiques un certain nombre de personnes qui ne sont pas emballées du tout à l’idée de rendre hommage à la mémoire de l’industriel.

Le combat pour sauver l’usine de la liste de Schindler où l’industriel avait protégé des Nazis 1 200 Juifs est menacé parce que les Tchèques se souviennent de lui comme d’un escroc coureur de jupons.

Le projet pour préserver le site de Brněnec, en République Tchèque, n’est pas populaire chez les gens du coin.

Ils se souviennent d’Oskar Schindler pour ses beuveries, son goût pour le jeu et les femmes

Il avait donné refuge dans son usine à des Juifs qui devaient aller dans la chambre à gaz.

Un écrivain de la région a créé un fonds mémoriel pour empêcher la disparition du site.

Par Gareth Davies, The Daily Mail (UK) 11 octobre 2016 traduit de l’anglais par Dkazaïri

L’usine de la liste de Schindler où l’industriel Oskar Schindler avait protégé 1 200 Juifs des Nazis est menacée parce que les Tchèques se souviennent de lui comme d’un escroc coureur de jupons.

Un écrivain local tente désespérément de rassembler l’argent nécessaire pour restaurer l’ancienne usine textile aujourd’hui en état de délabrement.

As the site stands dilapidated, it is a far cry from the place Schindler transported his Jewish workers to from his factories in Krakow, Poland in late 1944

L’ancienne usine Schindler à Brnenec

Jaroslav Novak est aussi le président de la fondation de la Shoah et de l’Oskar Schindler Memorial Endowment Memorial Foundation qui veut la transformer en musée.

Mais le projet rencontre une vive opposition parce que beaucoup d’habitants du petit village de Brněnec en République Tchèque considèrent Schindler – immortalisé dans le film de Spielberg de 1993 – comme un escroc synonyme de jeu d’argent, coureur de jupons et gros buveur.

Pas découragé, M. Novak, 49 ans, cherche à obtenir des financements auprès de l’Union Européenne ainsi que d’organisations juives internationales pour lancer le projet avant que le site disparaisse.

C’est le seul camp de concentration nazi en République Tchèque dont le bâti d’origine a subsisté, » dit-il.

« On ne peut pas permettre qu’il disparaisse et avec lui toute l’histoire de Schindler.

‘Je combats pour ça depuis 20 ans. Mais ça n’intéresse tout simplement pas les gens.’

Un gros obstacle est le coût – avec un coût de conversion estimé à 5,7 millions d’euros.

Et même si M. Novak, qui est originaire de la ville voisine de Svitavy où Shindler est né, est sur le point de persuader le ministère tchèque de la culture de classer l’usine, le principal obstacle auquel il est confronté est celui d’obtenir l’adhésion de certains habitants de la région.

Schindler est mort en 1974 et est honoré avec son épouse Emilie au Musée de l’Holocauste de Yad Vashem.

Schindler next to the tree planted in his honor in the Avenue of the Righteous

Oskkar Schindler devant l’arbre planté en son honneur dans l’allée des Justes à Yad Vashem

Mais les habitants de la région parlent encore de lui comme d’un ‘gauner’, un terme allemand qui signifie escroc à cause de qu’ils appellent son goût pour l’alcool et les femmes et ses dettes de jeu.

L’opposition est si forte dans la région, l’actuel propriétaire refuse de permettre que la maison natale de Schindler soit ornée d’une plaque et un mémorial dans un parc de l’autre côté de la rue a été vandalisé avec un swastika quelques jours après son inauguration en 1994.

Jitka Gruntova, une ancienne députée communiste, a écrit un livre extrêmement critique sur Schindler qu’elle qualifie de’ traître’ et de ‘criminel de guerre’.

Elle soutient aussi que sa réputation est basée sur une ‘légende fabriquée’ et ajoute : ‘Je n’ai trouvé aucune preuve que Schindler a sauvé des prisonniers.

‘Je suis arrivée à la conclusion qu’il s’était simplement sauvé lui-même – principalement en écrivant après-guerre un synopsis de ses prétendues activités.

‘Je ne nie pas que certains témoignages plaident en sa faveur mais ils sont, puis-je dire, faits par des personnes qui appartenaient à son cercle rapproché,’ selon The Guardian.

Elle n’est pas non plus la seule à critiquer l’industriel.

Dans le petit musée de sa ville natale, où le souvenir de Schindler est marqué par une petite exposition qui occupe une seule pièce, l’historien résident Radoslav Fikejz impute l’opposition au communisme dans la Tchécoslovaquie du lendemain de la guerre.

‘C’est un très gros problème parce que nous avons encore 40 ans de communisme dans nos mentalités,’ a-t-il déclaré à The guardian.

« le problème est aussi que Schindler était un Allemand des Sudètes et les gens ont peur d’une question qui est – que se passera-t-il quand les Allemands reviendront?

‘Mais c’est irréaliste.

‘Oui, Schindler était un Nazi, un criminel de guerre et un espion

‘Mais j’ai rencontré 150 Juifs qui étaient sur sa liste et se trouvaient au camp de Brněnec et ils disent que ce qui importe, c’est qu’ils sont en vie.’

Le site dans son état de délabrement est bien loin de ce qu’il était à l’époque où Schindler y amenait les ouvriers juifs de ses usines à Cracovie en Pologne, fin 1944.

Ils étaient transférés au motif illusoire que c’étaient des techniciens hautement qualifiés qui allaient fabriquer des obus pour l’effort de guerre allemand.

Mais en fait, la migration organisée par Schindler avait pour but de les empêcher d’être massacrés dans l’holocauste.

Après une longue bataille juridique, la fondation du mémorial est maintenant détentrice du site qui produisait des marchandises pour Skoda et Ikea avant de fermer en 2009.

Tomas Kraus, directeur de la fédération des communautés juives en République Tchèque appuie l’initiative de M. Novak pour créer un musée.

‘C’est une histoire très complexe,’ a-t-il dit à The Guardian.

‘Schindler avait été un malfaisant avant de devenir un sauveur et un héros. Mais il n’était pas le seul dans ce cas.

‘Il y en a eu beaucoup d’autres comme lui – il était seulement le plus célèbre.’

Auschwitz est un lieu saint du judaïsme!

10 août 2016

Il est donc temps que les écoles laïques cessent d’organiser des voyages pédagogiques dans le tristement célèbre camp de concentration.

Avi Weiss est « senior rabbi » à l’Hebrew Institute qui se situe dans le Bronx (New York). L’Hebrew Institute est une sorte de centre communautaire où s’exercent des activités religieuses (culte, éducation) mais qui s’implique aussi dans le travail social et qui coordonne l’action communautaire par exemple au niveau de l’instruction publique.

Avi Weiss

Le rabbin Avi Weiss de l’Hebrew Institute

Quant à un « senior rabbi », j’imagine que c’est en fait un cadre supérieur de cette institution, un cadre ayant bien entendu une formation religieuse adéquate.

Avi Weiss a publié l’an dernier une tribune libre qui a été publiée dans un journal américain. Et pas n’importe lequel : le Washington Post! Voilà qui en dit long sur l’entregent du personnage.

Dans cette tribune, Avi Weiss s’applique à démontrer l’indécence de la présence de lieux de culte catholiques dans les anciens camps de concentration d’Auschwitz et de Birkenau en Pologne. Selon lui, en effet, ces deux camps de concentration sont des lieux saints juifs dans la mesure où y a été perpétré la plus grande partie de l’holocauste, c’est-à-dire l’extermination des Juifs.

L’idée même que ces Catholiques puissent témoigner, ainsi que souhaitaient le faire les sœurs carmélites du couvent d’Auschwitz, des souffrances endurées par les personnes détenues dans ces camps lui est insupportable car elle noie la souffrance juive dans le maelstrom des souffrances endurées par tous les déportés, dont des non Juifs, et qu’elle laisserait accroire que l’église catholique a cherché à soulager les souffrances des Juifs. Ce qui, selon Avi Weiss, est faux. Quand on lit attentivement le papier d’Avi Weiss, on comprend que pour lui les bourreaux d’hier ne sont pas enfermés dans le passé mais sont toujours vivants, prêts à recommencer. C’est le sens de sa réaction quand un médecin présent au poste de police où il a été emmené lui demande de se déshabiller.

Préserver Auschwitz a en effet moins une fonction d’entretien d’une mémoire afin d’éviter à l’humanité de recommencer ses erreurs qu’une fonction de rappel obsessionnel de la culpabilité des non Juifs à l’égard de la souffrance juive.

L’affirmation de cette sacralité juive d’Auschwitz par Avi Weiss a le mérite de dire les choses nettement car c’est cette notion qui traverse en réalité tout le discours sur la « shoah » ou « holocauste ».

Et elle devrait amener à s’interroger sur le sens des voyages scolaires à Auschwitz organisés régulièrement par les écoles laïques en France.

Auschwitz est un lieu sacré de la mémoire juive. Ce n’est pas la place d’une église catholique.

par Avi Weiss, The Washington Post (USA)  28 janvier 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

Avi Weiss est le grand rabbin de l’Hebrew Institute (Institut hébraïque) de Riverdale dans le Bronx et est l’auteur de l’essai à paraître « Open Up the iron Door : memoirs of a Soviet Jewry Activist » [Ouvrez la porte de fer : mémoires d’un activiste de la communauté juive soviétique].

Cette semaine marque le 70ème anniversaire de la libération d’Auschwitz en 1945 : le tristement célèbre camp de la mort en Pologne où 1,1 million de Juifs ont été assassiné pendant l’holocauste. Les années passant, il reste de moins en moins de survivants. Le temps n’est guère éloigné où il n’y aura plus de témoins vivants pour partager ce qu’ils ont vécu dans cette histoire, pour dire : oui, c’est arrivé et voilà comment ça s’est passé. Nous ne pouvons pas permettre que les preuves es atrocités de l’holocauste soient cooptées par d’autres groupes [des non juifs, NdT] pour d’autres fins.

C’est la raison pour laquelle les Juifs du monde entier ont été atterrés quand, en 984, des sœurs carmélites s’étaient installées dans un bâtiment d’Auschwitz qui avait servi autrefois à entreposer le gaz Zyklon B que les nazis utilisaient pour tuer les Juifs. Avec l’entier soutien du Cardinal polonais Franciszek Marcharski, les autorités locales avaient accordé aux nonnes un bail de 99 ans pour transformer le bâtiment en couvent où les nonnes avaient l’intention de prier pour les âmes des personnes assassinées. A peu près au même moment, un autre affront se produisait, cette fois à Birkenau – appelé aussi Auschwitz II – avec l’inauguration par la communauté catholique locale d’une église dans ce qui avait été le quartier général du commandant nazi.

En tant que rabbin, j’ai un profond respect pour tous les lieux de culte. J’ai aussi le sentiment que les lieux de culte chrétiens n’ont pas leur place dans ce qui est concrètement le plus grand cimetière juif du monde. C’est pourquoi, en juillet 1989, je me suis associé à un groupe de sept activistes qui protestaient contre le couvent des Carmélites. Nous avions escaladé la clôture qui entoure le couvent et nous nous étions réunis pacifiquement. Les ouvriers polonais qui étaient à l’intérieur du couvent nous avaient aspergés avec un seau d’eau mélangé à de l’urine tandis que les nonnes regardaient par les fenêtres. En 1993, le Pape Jean-Paul Ii avait ordonné personnellement aux nonnes de s’en aller, et le couvent avait été fermé.

Si cette fermeture avait été une victoire, subsistait l’affront plus grand du maintien de l’église paroissiale de Brzezinka. L’ancien prêtre James Carroll décrit avec éloquence cette insulte dans son livre « Constantine’s Sword : The Church and the Jews » [l’épée de Constantin: l’Eglise et les Juifs]. « Quand la souffrance est vue comme au service d’un salut universel, son caractère particulier en tant que tragédie et comme mal est toujours amoindri ».

« L’élimination de la judéité du lieu où les juifs ont été éliminés, » poursuit Carroll, rend le « mal encore pire. »

Et donc, en 1995, pour le 50ème anniversaire de la libération d’Auschwitz, j’ai à nouveau rejoint des activistes, cette fois pour un sit-in dans l’église de Birkenau. Après une confrontation avec les officiels de l’église qui avait duré toute la journée, nous avions été arrêtés et emmenés dans un poste de police où un médecin réquisitionné nous avait demandé de nous déshabiller. Sidéré, j’avais répondu, « Vous voulez dire que vous n’avez pas mis à poil suffisamment de Juifs en ce lieu ? » Nous avions été détenus plusieurs heures avant d’être relâchés. Notre protestation et notre arrestation n’avaient permis d’obtenir aucune concession de la part de l’église ou de la hiérarchie catholique.

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Avi Weiss (tout à fait à droite) dans l’église qui n’a pas sa place à Birkenau lit-on sur l’écriteau

L’église est toujours là, et sa simple présence dans cet espace juif sacré est inappropriée, une tromperie et un viol du souvenir de la shoah. Dans un siècle, les gens chercheront dans le camp les preuves de ce qui s’y est passé. Si le bâtiment de l’église demeure, sa grande croix projetant une ombre sur Auschwitz II, le site pourrait laisser comprendre à une personne mal informée que l’holocauste avait été une tentative de génocide contre les Chrétiens ou comme si l’église avait défendu les Juifs à l’époque – alors qu’en fait l’église avait détourné le regard de la tentative d’anéantissement à grande échelle du peuple juif. Si nous, entant qu’humanité devons apprendre quelque chose de notre histoire afin de lutter pour un avenir meilleur, nous devons savoir ce qui s’est passé avant nous. Sinon, nous perpétuerons la possibilité que les atrocités du passé se répètent à l’avenir, et qu’une souffrance occultée revienne.

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L’église de Birkenau utilise les anciens locaux administratifs de la SS

Il appartient aux personnes de conscience de lever la voix pour le respect de la mémoire de l’holocauste et de déclarer avec clarté et fermeté : une église n’a pas de place à Auschwitz. Il est aussi du pouvoir du Pape François, qui a montré qu’il était un grand ami de la communauté juive, d’ordonner à la congrégation de s’en aller. Le bâtiment devrait devenir un musée, spécifique à Birkenau, montrant comment les Nazis ont commis leurs atrocités en ce lieu. Les grandes croix placées devant le bâtiment et à son sommet devraient être enlevées. Le souvenir des Juifs assassinés là-bas – assassinés parce qu’ils étaient juifs – doit être reconnu dans toute son exactitude historique.

Le Juif éternel selon… selon qui au juste?

5 juin 2016

L’utilisation de l’imagerie antisémite n’est en rien une nouveauté, ni un fait exceptionnel chez les sionistes. Pour ces derniers, la caricature classique du Juif, avec le nez crochu en particulier, renvoie au Juif éternel, celui qui vit et travaille avec les Gentils ,ou à leurs dépens, et est nécessairement confronté à leur mépris et à leur hostilité. Bref, c’est le Juif anormal du peuple sans patrie avant que la création de l’Etat juif vienne rectifier cette situation. Selon la doctrine sioniste classique, l’antisémitisme des Gentils à l’égard de ce Juif de la diaspora est quelque chose de normal et d’inévitable.

Une collectivité locale israélienne reprend le financement de l’organisation de colons qui avait diffusé une vidéo antisémite

Le Conseil Régional de Shomron va transférer 195 000 dollars à l’organisation de colons qui a diffusé une vidéo représentant les Européens comme des Nazis et les gauchises comme des Juifs aux nez crochus qui collaborent avec eux.

Par Chaim Levinson, Haaretz (Sionistan) 25 mai 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

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Le Juif  éternel  dans l’imagerie véhiculée par un clip produit par des colons juifs de Cisjordanie

Le Conseil Régional de Shomron a récemment décidé de renouveler son soutien au Conseil des Résidents de Samarie, une association de colons, et leur allouera 750 000 shekels (195 000 dollars). Cette décision intervient juste un an après le tollé provoqué par la vidéo antisémite diffusée par l’association, qui comparait les Européens à des Nazis et les organisations de gauche à des « Juifs lâches qui collaborent avec eux pour de l’argent. »

Le Conseil des Résidents de Samarie a été fondé il y a huit ans par des militants de la région, sous la direction de l’actuel président du conseil, Yossi Dagan, pour animer des campagnes politiques au nom des colons de Cisjordanie. L’an dernier, l’organisation s’est retrouvée au centre de ceux scandales publics: le premier avait été sa campagne pour séparer Juifs et Palestiniens dans les bus en Cisjordanie et d’interdire aux Palestiniens les bus utilisés par les colons; le second avait été une vidéo qui avait été considérée comme antisémite à cause de la manière dont elle recourait à des caricatures nazies bien connues pour représenter  les organisations de la gauche israélienne. La vidéo avait provoqué une tempête de réactions aussi bien à droite qu’à gauche et le Conseil Régional de Shomrom avait par la suite décidé de suspendre ses subventions à cette organisation. C’est pour cette raison que l’ancien président du Conseil des Résidents Benny Katzover avait décidé de démissionner.

La semaine dernière, le Conseil Régional de Shomrom a décidé de reprendre son soutien financier au Conseil des Résidents de Samarie. Selon les minutes de sa réunion, l’autorité locale a conclu que le Conseil des Résidents était éligible à recevoir des subventions pour la colonisation en Samarie et a décidé de lui allouer 750 000 shekels.En même temps, le Conseil Régional de Shomrom avait besoin de financements étatiques pour équilibrer son budget. La somme que va allouer l’autorité locale représente près de la moitié du budget de l’association qui se finance aussi par des dons et d’autres sources de revenus.

Ken le Rouge viré de son émission à la radio pour avoir dit la vérité sur la relation entre sionisme et nazisme

28 mai 2016

Le mois dernier, l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone surnommé Ken le Rouge, avait défrayé la chronique dans son pays et même à l’étranger pour avoir déclaré publiquement sur les ondes de la BBC qu’Adolf Hitler avait soutenu le sionisme au début des années 1930 avant d’être pris d’une folie meurtrière et de massacrer six millions de Juifs.

Ces propos ont été qualifiés d’antisémites, voire d’apologie de Hitler, par beaucoup de politiciens et d’organes de presse britanniques. On a pu observer la même tonalité dans la presse française comme par exemple le journal Le Monde qui titrait « Grande-Bretagne : malaise au Labour après des dérapages antisémites », ou  Courrier International selon qui « Antisémitisme : la gauche britannique est dans le déni »

Les choses sont allées tellement loin que de nombreuses voix se sont levées à gauche, à droite et partout ailleurs en Grande Bretagne pour exiger l’exclusion de Ken le Rouge. Même le nouveau maire de la capitale britannique s’est joint au chœur de ceux qui veulent « la tête » de Ken Livingstone.

Ce dernier ne s’est pas démonté et a confirmé ses propos qui, selon lui, sont conformes à la vérité historique :

« je ne regrette jamais avoir dit quelque chose de vrai et si le premier ministre d’Israël dit la même chose, c’est peut-être vrai », en référence à des déclarations de Benyamin Nétanyahou qui avaient fait polémique en octobre.

Ken Livingstone a cependant émis des regrets quant au tohu-bohu provoqué par cette « histoire ».

Ken Livingstone a été suspendu de son parti. Une commission d’enquête statutaire doit rendre ses conclusions et dire si oui ou non l’ancien maire de Londres a tenu des propos antisémites.

On verra bien quelles seront ses conclusions, mais sur les faits historiques Ken Livingstone a toute raison d’être tranquille tant la collaboration entre les sionistes et le régime nazi est un fait bien documenté par les historiens.

Vous me direz : que peuvent bien peser des livres d’histoire qui dorment sur les étagères des bibliothèques universitaires ou qui sont lus surtout par des spécialistes face aux romans historiques dont on nous abreuve sous forme littéraire ou cinématographique ?

En attendant une éventuelle sanction par son parti, le lobby n’est pas resté les bras croisés et est intervenu là où il est fort en amenant la radio LBC (Leading Britain’s Conversation) à mettre un terme à huit années de collaboration avec M. Livingstone qui co-animait une émission politique hebdomadaire.

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Ken Livingstone dans son ex studio de LBC

Mais si certains naïfs pensent que ce sont ces références historiques au nazisme qui gênent dans le discours de Ken Livingstone, ces dernières en réalité n’émeuvent pas beaucoup les sionistes qui sont bien informés sur leurs propres agissements dans la première moitié du 20ème siècle.

Non, ce qui à la fois irrite les sionistes et les inquiète, ce sont les propos qu’a tenus l’ancien maire de Londres sur l’erreur, la catastrophe, qu’a été la création de l’Etat juif.

Dire cela, c’est remettre en cause la légitimité de cet Etat. Et si cette remise en cause prenait de l’ampleur dans les opinions publiques, la posture sioniste pourrait vite devenir intenable.

Et l’attaque contre Livingstone fait en réalité partie d’une campagne bien orchestrée contre la nouvelle direction du Labour Party, animée par Jeremy Corbyn dont le soutien à la cause palestinienne a toujours été vu d’un mauvais œil par le lobby sioniste britannique et ses clients.

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Jeremy Corbyn renoncera-t-il à son engagement                     en faveur de la Palestine?

Le but est d’amener Corby et son équipe à se renier. On y verra plus clair dans quelques temps, mais il est incontestable que le lobby a marqué un certain nombre de points en mettant Jeremy Corbyn sur la défensive sur la question de l’antisémitisme.

Ken le Rouge viré de son travail de commentateur radio, suite à ses propos sur Hitler qui ont déclenché une tempête autour de l’antisémitisme

Par Sebastian Shakespeare, The Daily Mail (UK) 28 mai 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’obsession de Ken Livingstone à parler d’Hitler s’avère très coûteuse.

Je peux révéler que l’ancien maire travailliste de Londres a été renvoyé après huit années au poste de présentateur sur la radio LBC suite à ses propos ‘antisémites’.

Ken le Rouge présentait une émission politique le samedi matin avec l’ancien ministre consercateur David Mellor, mais il vient d’être remplacé par le journaliste politique de Channel 4 News, Michael Crick.

Son départ de la station de radio nationale avait d’abord été présenté comme un ‘break’ pour permettre de respecter l’impartialité de la station,compte tenu de  l’influence que pourraient avoir les participants dans les élections locales et le référendum sur l’Union Européenne [Brewxt].

Cependant, LBC a confirmé qu’il ne réintègrerait pas son poste suite à son refus répété de s’excuser pour ses propos incendiaires du mois dernier.

‘Ken Livingstone n’est pas à l’antenne en ce moment sur LBC et il ne réintègrera pas la station de radio à la fin de son contrat’, m’a dit un porte-parole de la radio.

La station de radio ne parle pas de la rémunération du présentateur, mais on pense que les émoluments de Ken sont de l’ordre de dizaines de milliers [de livres sterling] par an.

Le présentateur vedette de Channel 4 News, Krishnan Guru-Murthy fait partie de ceux qui ont appelé au renvoi de Ken pour ses propos dans lesquels il soutenait qu’Adolf Hitler avait été un sioniste avant de devenir fou et de massacrer les Juifs.

Guru-Murthy avait ensuite demandé: ‘LBC se sent-elle  bien aise de le payer comme présentateur après ce qu’il a dit hier?’

La mesure prise par LBC va renforcer la pression dur le dirigeant du Labour Party Jeremy Corbyn pour qu’il prenne des dispositions contre son vieil ami et allié Ken.

Même si Livingstone a été suspendu ‘pour avoir jeté le discrédit sur le parti,’ les conclusions de sa commission d’enquête interne sur les propos qu’il a tenus n’ont pas encore été annoncées.

Le nouveau maire de Londres, Sadiq Kahn, figure parmi ceux qui ont appelé à l’exclusion de Ken, 70 ans, du parti.

Cependant, Livingstone ne fait pas repentance. La semaine dernière, il a promis un repas à quiconque capable de lui prouver que ses propos étaient antisémites, déclarant: ‘pas un seul journal, ni radio, ni télévision n’a produit une seule preuve démontrant que ce que j’ai dit était faux.’

 


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