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Traduction de l’article du New Yorker: « Comment le scandale Tariq Ramadan a fait dérailler le mouvement #Balancetonporc en France »

2 décembre 2017

L’affaire Harvey Weinstein a amené une certaine libération de la parole aux Etats Unis chez des femmes, comédiennes, journalistes etc., qui ont été victimes d’abus sexuels, allant de la main aux fesses au viol caractérisé, de la part d’hommes puissants, producteurs, présentateurs TV, politiciens et même acteurs.

Cette libération de la parole a traversé l’Atlantique pour s’inviter en France mais, du fait de la personnalité d’un des hommes ciblés par une puis plusieurs accusations, le débat public a rapidement dérivé de l’oppression exercée sur des femmes par des hommes puissants, le plus souvent avec la complaisance du système politico-médiatique, vers la stigmatisation d’une oppression de la gent féminine qui serait une spécificité de l’Islam.

L’accusé en question est évidemment Tariq Ramadan, bête noire de la droite traditionnelle mais aussi de la gauche laïcarde qu’incarnent des personnalités comme Caroline Fourest et manuel Valls.

Cette dérive est analysée de manière précise par Adam Shatz dans un article qui a rencontré un écho certain chez ceux qui, tout en admettant évidemment que M. Ramadan soit sanctionné pénalement si les faits qui lui sont reprochés sont avérés, n’acceptent pas que les errements réels ou supposés de l’islamologue suisse soient l’occasion d’une accentuation de la campagne qui vise à stigmatiser la communauté musulmane française ou même au rejet de toute démarche venue de l’intérieur de l’Islam visant à mobiliser les membres d’une communauté en vue de l’exercice d’une citoyenneté respectueuse des lois du pays tout en vivant harmonieusement sa foi.

Je le dis d’autant plus aisément que, même si je ne suis pas du tout musulman pratiquant, je comprends parfaitement les enjeux considérables qu’a pointés mieux que beaucoup d’autres Tariq Ramadan. Adam Shatz rappelle à juste titre que ce qui a suscité la haine féroce que vouent des personnes comme Caroline Fourest à l’encontre de Tariq ramadan c’est qu’il a souligné la possibilité de concilier citoyenneté française et spiritualité musulmane sur la base du fait que l’Islam et la communauté musulmane, les Musulmans eux-mêmes, sont des données de la société française et non des éléments allogènes.

Or la représentation de l’Islam comme un phénomène allogène est ce qui permet à certains d’en parler en des termes qui scandaliseraient s’ils portaient sur une autre communauté religieuse et d’exiger, eux les « laïques », que cette religion se naturalise en quelque sorte.

Les accusations contre Tariq Ramadan, si elles correspondent à la réalité, et même si ce n’est pas le cas sans doute, risquent de porter un coup fatal à une approche qui, loin du prétendu double-discours dénoncé par Caroline Fourest, propose un socle minimal pour que tous les habitants de ce pays puissent cheminer ensemble quelles que soient leurs convictions religieuses.

Cette affaire a cependant permis aussi de constater de manière claire que Tariq Ramadan n’a pas que des amis parmi les Musulmans. Son discours est en effet jugé trop conservateur pour ceux qui prétendent concilier leur foi avec des valeurs de gauche, trop progressiste pour d’autres tel le fameux « Etat Islamique » pour qui M. Ramadan est un apostat.

J’ignore si M. Ramadan est coupable d’un ou plusieurs des crimes et délits dont on l’accuse. J’espère que non, mais la justice doit passer et si crime il y a il ne doit pas rester impuni.

Certes, M. Ramadan ne renvoie pas l’image d’un agresseur sadique mais c’est le propre de certains délinquants, sexuels ou autres, de renvoyer une image lisse et de garder un calme semble-t-il à toute épreuve tant que leur culpabilité n’a pas été démontrée. Et encore…

Comment le scandale Tariq Ramadan a fait dérailler le mouvement #Balancetonporc en France

par Adam Shatz, The New Yorker (USA) 29 novembre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Peu après la formation du mouvement #MeToo aux Etats Unis, en réaction au scandale Harvey Weinstein, « #Balancetonporc  » a surgi en France. L’effet en a été un coup sans précédent porté à ce que Sabrina Kassa  a appelé le « ventre patriarcal » d’un pays où le harcèlement et d’autres crimes sexuels ont souvent été dissimulés ou balayés par un discours gaulois sur le flirt et le libertinage.. En 2008, Dominique Strauss-Kahn, qui était le Président Directeur Général du Fonds Monétaire International (FMI), avait été l’objet d’une enquête interne du FMI suite à des allégations selon lesquelles il aurait contraint une subordonnée à avoir des relations sexuelles avec lui. Bien qu’il se soit excusé pour une « erreur de jugement », la presse française avait célébré en lui « le grand séducteur. » S’il n’avait pas été arrêté à New York en 2011 sur des accusations (qui seront ensuite abandonnées) d’avoir violé Nefissatou Diallo, une femme de chambre, dans la suite présidentielle de l’hôtel Sofitel, Strauss-Kahn, une personnalité influente du Parti Socialiste, aurait pu être élu président de la France en 2012.

Le mouvement #Balancetonporc a dénoncé des personnalités du monde des affaires, du divertissement et des médias, mais le scandale le plus médiatisé a été celui de Tariq Ramadan, un intellectuel et activiste musulman accusé de viol et d’abus sexuels par plusieurs femmes. (Ramadan nie toutes ces allégations) Ramadan est une figure controversée en France depuis plus d’une vingtaine d’années – une sorte écran projectif, ou de test de Rorschach pour les angoisses nationales autour de la « question musulmane ». Comme Strauss-Kahn, il a souvent été dépeint comme un séducteur, mais cette caractérisation n’était pas entendue comme un compliment : il est accusé depuis longtemps d’avoir dangereusement envoûté les jeunes membres de la population musulmane française, fragilisant ainsi leur acceptation es normes françaises, en particulier celles qui touchent à la laïcité, au genre et à la sexualité.

Né en 1962 en Suisse, Ramadan est le fils de Saïd Ramadan, un dirigeant exilé des Frères Musulmans qui était le gendre d’Hassan al-Banna, le fondateur de la confrérie. Tariq Ramadan, qui n’est pas membre des Frères Musulmans, est néanmoins un conservateur religieux – un « salafiste réformiste » selon ses propres termes – qui prêche depuis longtemps les vertus de la pudeur chez les femmes dans l’habillement et le comportement sexuel. (Son frère Hani Ramadan est connu pour son approbation de la lapidation des femmes adultères, sa haine des homosexuels et sa conviction que les attentats du 11 septembre étaient une conspiration occidentale)

Dans les années 1990, Tariq ramadan a attiré un public parmi les Musulmans français, aussi bien dans les banlieues que dans les classes moyennes. Son message était simple, révolutionnaire et électrisant : l’islam faisait déjà partie de la France, et donc les citoyens musulmans n’avaient nulle obligation de choisir entre leurs identités. Ils pouvaient pratiquer leur foi librement, même de façon stricte, et pourtant rester Français tant qu’ils respectaient les lois du pays. Les Musulmans français, soutenait-il, devaient dépasser leur « mentalité de victimes » et se prévaloir en même temps de leur foi et de leur francité. Dans le même temps, la France devrait reconnaître que l’islam est une religion française ; les citoyens musulmans n’ont guère besoin d' »assimilation » dans un pays qui est déjà le leur, une notion paternaliste enracinée dans l’histoire coloniale de la France. Il ne contestait pas la laïcité, la modalité française de la sécularisation, mais il affirmait qu’elle était appliquée de manière discriminatoire contre les Musulmans, en particulier en matière de port du foulard qui a été en définitive interdit dans les écoles publiques en 2004.

Ramadan, avec sa barbe élégamment taillée, ses vestes de sport et ses chemises ouvertes, offre une silhouette charismatique et plutôt lisse. (Il a sans doute l’inspiré le personnage de Mohamed Ben Abbes, le Musulman qui devient président de la France dans le roman de Michel Houellebecq  » Soumission. »)  Sorte de Bernard-Henri Lévy musulman, il semblait être aussi à l’aise avec le jargon de l’intellectualisme parisien qu’avec celui du Coran. Bien que n’étant pas de gauche, Ramadan a gagné le respect de certaines de ses personnalités les plus prestigieuses, dont Edwy Plenel, l’ancien rédacteur en chef du Monde et fondateur et rédacteur en chef de Mediapart ; Alain Gresh, l’ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique ; et le sociologue Edgar Morin. Lorsque Ramadan prenait la parole, des politiciens et des journalistes, des célébrités et des commerçants musulmans, des imams et des militants altermondialistes l’écoutaient. Au début des années 2000, il jonglait avec tant de publics que, comme l’avait dit l’expert de l’Islam Bernard Godard, un ancien fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, il semblait être en même temps « partout ». . . et nulle part.

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Puis, en 2003, au sommet de son influence, la démarche de Ramadan pour se rapprocher de l’intelligentsia française a commencé à se déliter. Il avait d’abord provoqué un tollé avec un article accusant un groupe d’intellectuels « juifs » de renom – dont l’un n’était pas, en fait, juif – d’avoir abandonné les principes universalistes pour défendre les intérêts juifs et israéliens. L’indignation avait été encore plus forte quand, pendant un débat télévisé avec Nicolas Sarkozy, qui était alors ministre de l’Intérieur, il avait déclaré être en faveur d’un « moratoire », mais pas d’une interdiction, de la lapidation des femmes en cas d’adultère. Ramadan avait dit clairement être personnellement opposé à cette pratique mais, en tant que théologien musulman avait-il expliqué, « Vous ne pouvez pas décider tout seul d’être progressiste sans les communautés, c’est trop facile. »

Dans « Frère Tariq », un livre publié en 2004, la journaliste Caroline Fourest avait dressé le portrait scabreux d’un Ramadan membre irréductible des Frères Musulmans qui « joue sur la faiblesse de la démocratie pour promouvoir un projet politique totalitaire ». Peu importe si Ramadan n’a pas fait mystère de ses convictions, même sur ce problème controversé de la lapidation : il pratiquait ce que Mme Fourest qualifiait de « double discours ». S’il plaidait pour le respect de la loi française à côté de l’observance de l’Islam, c’était une preuve supplémentaire de ses intentions malveillantes. Depuis lors, l’élite française en est venue à considérer Ramadan comme un danger, qui pousse les Musulmans marginalisés des banlieues agitées à l’islamisation et même vers le djihadisme. Ramadan a eu des difficultés à organiser des réunions publiques avec ceux qui le soutiennent en France ; sa tentative l’an dernier de demander la citoyenneté française (sa femme est de nationalité française) a échoué. En 2009, il a pris une chaire à Oxford – financée par l’émirat du Qatar à travers une de ses fondations – et il passe maintenant beaucoup de temps à Doha où il dirige un centre de droit et d’éthique islamiques subventionné par le gouvernement. Ces temps-ci, ses interlocuteurs ont plus de chance d’être des clercs orthodoxes que des intellectuels européens.  La plupart des Musulmans français se sont soit lassés de son culte de la personnalité un peu lourd, soit détournés de lui. Quant aux djihadistes de l’Etat Islamique (Daesh) avec lesquels certains théoriciens du complot de droite pensent qu’il est de mèche, ils l’ont condamné pour apostasie à cause de sa croyance en la démocratie.

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Caroline Fourest

Ramadan semblait sur le point de devenir un has-been-quoique avec deux millions de fans sur Facebook – quand, le 20 octobre, une musulmane de quarante ans nommée Henda Ayari l’a publiquement accusé, entre autres, de l’avoir violée dans une chambre d’hôtel à Paris en 2012. Mme Ayari, qui a depuis reçu des menaces de mort, est une ancienne salafiste qui a rompu avec l’Islam et est devenue une féministe engagée et laïque à la française. Elle est une sorte d’héroïne dans les cercles d’extrême-droite de la fachosphère, où l’islamophobie est un ticket d’entrée. (« Soit tu es voilé, soit tu es violée », a-t-elle dit sur la condition des femmes dans l’Islam.) Les affiliations politiques d’Ayari ont fait se froncer quelques sourcils, mais une semaine plus tard, une femme identifiée par le prénom « Christelle », une Française convertie à l’Islam, affirmait que Ramadan l’avait violée dans une chambre d’hôtel en 2009. Sept jours plus tard, de nouvelles accusations ont été portées, cette fois par trois anciennes étudiantes de Ramadan que ce dernier aurait violées quand elles étaient âgées entre quinze et dix-huit ans. Selon de nombreuses sources, les récits [d’agressions sexuelles] se multiplient.

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Henda Ayari avant (à droite) et après

Et pourtant, l’affaire Ramadan n’a jamais porté simplement sur le fait de savoir si Ramadan avait ou non commis les crimes dont il est accusé, ni même sur les souffrances qu’il aurait infligées à ses accusatrices. Ramadan, qui s’est mis en congé d’Oxford, dit être victime d’une campagne de diffamation. Ses plus proches partisans ont hurlé à la conspiration sioniste, une théorie reprise par Hani, son fondamentaliste de frère. Les adversaires de Ramadan dans l’establishment français ont vite fait de s’emparer de ces accusations comme d’une bonne occasion pour discréditer leurs propres détracteurs. Le 5 novembre, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre, sous la présidence de François Hollande, dénonçait les intellectuels qui dialoguaient avec Ramadan comme «complices» de ses crimes présumés. Valls, fils d’immigrants espagnols, est un laïciste intransigeant qui a contribué à introduire la démagogie antimusulmane, ainsi que des préjugés anti-Roms, dans le Parti Socialiste. (Il a présenté le concept même de l’islamophobie comme étant le «cheval de Troie» des salafistes.) En tant que Premier ministre, il a aidé à faire adopter les mesures d’urgence temporaires annoncées après les attentats terroristes de 2015, dont certaines ont été transcrites dans la loi. Et donc normalisées, sous le président Emmanuel Macron.

© MARTIN BUREAU / AFP

Manuel Valls est aujourd’hui un islamologue réputé

Valls n’avait jamais auparavant exprimé beaucoup d’inquiétude pour les victimes de crimes sexuels commis par des hommes puissants. En fait, il avait déploré la «cruauté insupportable» de l’arrestation de Strauss-Kahn à New York. (Quelques membres du Parti socialiste, dont Strauss-Kahn lui-même, ont prétendu avoir été victimes d’un complot orchestré par le président Sarkozy, qui voyait Strauss-Kahn comme une menace à sa réélection. Sarkozy a nié ces allégations). Mais début octobre, Valls a condamné les journalistes de Mediapart en tant que compagnons de route de gauche de l’Islam politique ; par la suite, il a insinué que Plenel avait délibérément caché ce qu’il savait des dépravations sexuelles de Ramadan. (Valls n’a proféré aucune accusation publique contre Bernard Godard, qui travaillait sous son autorité au ministère de l’Intérieur, ou Caroline Fourest, bien que tous deux aient admis avoir au courant des rumeurs sur les mauvais traitements infligés aux femmes par Ramadan.) Ce n’est peut-être pas une coïncidence si Plenel, le président de Mediapart», avait étrillé Valls dans son livre de 2014, «Pour les musulmans», une critique éloquente de l’islamophobie dans la vie publique française, inspirée par le « Pour les juifs » d’Emile Zola publié en 1896, une dénonciation de l’antisémitisme. En fait, Plenel a pris la responsabilité de publier un portrait en cinq parties de Ramadan, par Mathieu Magnaudeix, qui le dépeint comme un « show man » autoritaire et égoïste qui « construit sa renommée sur un mélange de mauvais buzz (contre l’élite) et une séduction digne des meilleurs télévangélistes

Plenel a insisté sur le fait qu’il n’avait rien su de l’inconduite de Ramadan, ajoutant que l’un des dossiers les plus complets sur ce que Mediapart a appelé le « système Ramadan » était paru dans Mediapart à peine une semaine après le scandale. Mais le magazine satirique français Charlie Hebdo a promptement recyclé les accusations de Valls contre Plenel. Depuis le massacre perpétré dans ses locaux, en janvier 2015, Charlie Hebdo a acquis une auréole de martyre, et  » Je Suis Charlie » est devenu une devise presque aussi sacrée que » liberté, égalité, fraternité « . En même temps, le magazine est devenu de plus en plus provocateur dans sa parodie de tout ce qui touche aux musulmans ou à l’islam. La couverture du numéro du 8 novembre comportait une grille de quatre caricatures de Plenel, sous le titre « affaire Ramadan, Mediapart révèle : » Nous ne savions pas.  » Dans les dessins, il couvre sa bouche, cache ses yeux et se bouche les oreilles, les trois singes qui ne parlent pas, ne voient pas, n’entendent pas le mal. (Charlie a également publié une couverture sur laquelle Ramadan se déclare le « sixième pilier de l’Islam », tandis qu’une énorme érection gonfle son pantalon.) En quelques semaines, l’affaire Ramadan s’est transformée en l’affaire Plenel-Valls- Charlie : un débattre qui porte moins sur Ramadan et son traitement des femmes que sur des intellectuels français, leurs relations avec Ramadan et leurs points de vue sur l’islam dans la société française.

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Philippe Val, ancien rédac chef de Charlie Hebdo, aurait appris par la police que son ami et collaborateur Patrick Font était un pédophile

Sur Twitter, Plenel a tourné en dérision la caricature comparée à une  » affiche rouge », par allusion à la fameuse affiche rouge placardée par les occupants allemands à Paris, en 1944, dans le cadre de leurs efforts pour dénigrer un groupe de résistants présenté comme une « conspiration étrangère contre la vie française.  » La première page de Charlie, soutenait-il, était le prolongement d’une » campagne générale « . . . de guerre contre les Musulmans « en France. En réponse, Laurent (Riss) Sourisseau, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, a accusé Plenel de « condamner Charlie à mort une seconde fois ». Accuser Charlie d’exciter la haine antimusulmane, comme l’a fait Plenel, c’est risquer d’être accusé d’incitation [à la haine raciale], comme Valls le savait sûrement quand, le 15 novembre, il déclara au sujet, de Mediapart : « Je veux qu’ils soient écartés du débat public ».

Pour beaucoup en France, la culpabilité présumée de Ramadan n’était pas tant la preuve de la prévalence d’un comportement misogyne en France, ni d’une trahison de ses obligations religieuses, mais la preuve en fait qu’il n’était pas différent des autres «obscurantistes islamiques» qui prêchaient la pudeur aux femmes tout en en tirant cruellement avantage, comme le soutenait Sylvie Kauffmann, directrice éditoriale du Monde , dans une tribune pour le New York Times. Ce prisme a une histoire aussi vieille que le colonialisme français. Comme l’explique Joan Wallach Scott dans son nouveau livre, « Sex and Secularism », la représentation du patriarche musulman répressif et pourtant lubrique a longtemps servi à détourner l’attention de la discrimination subie par les femmes dans la société française, tout comme la prétendue « situation abjecte » des femmes musulmanes tenait lieu d' »‘antithèse de tout ce que » l’égalité « signifie en Occident. »

Ces dernières années, les Musulmans en France ont découvert qu’il ne suffit pas de respecter les lois françaises : pour appartenir vraiment à la France, ils doivent dénoncer les mauvais musulmans, rendre grâce à Charlie et autres démonstrations de loyauté, tout comme leurs ancêtres dans l’Afrique coloniale du Nord et de l’Ouest avaient appris à honorer «nos ancêtres, les Gaulois». Plus ils sont français, plus leur francité, leur capacité à «s’assimiler» semble être mise en question, ce qui a accentué leur sentiment d’aliénation. Les organisations et les institutions musulmanes se sont largement abstenues de commenter le scandale Tariq Ramadan – un silence qui, pour certains, vaut expression de solidarité avec un compatriote musulman longtemps dénigré en France. Les autres qui ont été invités à commenter publiquement l’affaire du Ramadan ont choisi de rester silencieux à cause de leur sentiment de malaise, ou peut-être d’irritation, d’être convoqués pour passer un autre test décisif pour prouver leur valeur en tant que citoyens, ou à cause de l' »islamisation » de l’affaire. Une affaire dans laquelle Ramadan est soit perçu comme la victime d’une conspiration antimusulmane, soit comme un symbole de la violence sexuelle musulmane.

Lallab, une association féministe musulmane, n’a jamais été invitée à commenter #balancetonporc, mais a immédiatement été soumise à la pression des médias pour répondre aux accusations contre Ramadan. C’était, a écrit une porte-parole, « comme si nous étions musulmanes avant d’être des femmes. . . Comme si nous avions seulement le droit légitime de dénoncer la violence commise par d’autres Musulmans. »

Un autre produit de cette aliénation historique fut la naissance, en 2005, du Parti des Indigènes de la République, un groupuscule composé en grande partie de militants originaires d’Afrique du Nord et de l’Ouest qui brandissent leur aliénation de la société française comme un titre de fierté. Le PIR considère les musulmans français et les autres personnes de couleur comme des citoyens colonisés à l’intérieur, d’éternels citoyens de seconde zone, et préconise une politique de séparatisme beaucoup plus radicale que le message d’inclusion de Ramadan. Houria Bouteldja, la porte-parole charismatique du Parti, a connu la notoriété ces dernières années pour sa défense des hommes musulmans accusés de violences sexuelles. Elle a fait valoir que, face à la «virilité alimentée par la testostérone chez les hommes indigènes», les femmes de couleur devraient rechercher son côté rédempteur, «la partie qui résiste à la domination coloniale», et rester avec leurs frères. Mais les nombreuses accusations portées contre « Frère Tariq » semblent avoir amené Bouteldja à faire une pause. Dans une déclaration laconique et inhabituellement mesurée sur Facebook, elle a mis en garde contre « l’instrumentalisation raciste de cette affaire » mais dit aussi que la justice devra décider « si les faits sont avérés et si Henda Ayari a été honnête dans sa démarche. »

Alors que la plupart des commentateurs de l’affaire Ramadan ont été – comme c’est souvent le cas avec les discussions sur l’islam, la laïcité et le terrorisme en France – blancs et masculins, certaines des idées les plus importantes sur le scandale viennent des féministes musulmanes qui sont consternés par les préjugés de Valls et de Charlie, et déçues par l’apparente indifférence de Bouteldja envers les victimes d’abus sexuels. Pour elles, le scandale exemplifie la nécessité d’une sorte d’«intersectionnalité» ou de compréhension de la nature imbriquée de l’oppression raciste et sexiste, qui fait partie du discours féministe aux États-Unis depuis la fin des années quatre-vingt. Comme l’écrit Souad Betka dans un essai publié dans le magazine en ligne Les Mots Sont Importants, «nous les féministes musulmanes refusons de sacrifier la lutte contre le sexisme et la violence patriarcale à celle contre le racisme. » «Depuis plus de cinq ans, de nombreuses militantes associatives musulmanes de mon entourage m’ont témoigné avoir été victimes d’insultes, de manipulation et de harcèlement sexuel de la part de cet homme» [Tariq Ramadan]. Mais les organisations antiracistes dans lesquels militaient ces femmes avaient choisi d’ignorer la violence sexuelle perpétrée par des hommes «indigènes» par crainte d’attiser l’islamophobie française. Il n’est dès lors pas surprenant que des femmes musulmanes comme Henda Ayari cherchent auprès d’écrivains comme «Caroline Fourest le soutien que d’autres, plus proches, tardent à leur apporter.». Pour une grande partie de la société française, écrit Betka : « un homme musulman est toujours plus qu’un homme. Il est l’arbre qui représente la forêt, faute de la cacher. Il est la forêt. »

Pour Manuel Valls et Charlie Hebdo, Ramadan représente la menace de la conquête islamique ; pour les partisans musulmans de Tariq Ramadan, il représente l’Oumma elle-même. Pour ceux qui sont coincé entre la manipulation raciste par Valls des crimes présumés de Ramadan et le déni des partisans de ce dernier, la position la plus radicale consiste à souligner le fait qu’il n’est qu’un homme.

Selon l’archevêque catholique syrien de Mossoul, les puissances occidentales souhaitent que les Chrétiens d’Orient quittent leurs pays

20 août 2016

Chacun sait les malheurs qu’endurent les populations en Irak, et les Chrétiens en particulier.

En ce qui concerne ces derniers, beaucoup ont été amenés par la force des choses à quitter les régions où ils étaient enracinés depuis des siècles voire des millénaires ou même à abandonner l’Irak pour d’autres pays de la région ou vers l’Europe et le continent américain.

Cette situation est due, ainsi que l’observe l’archevêque de Mossoul Yoanna Boutros Moshe, à l’intervention militaire anglo-américaine qui a non seulement renversé l’ancien chef de l’Etat Saddam Hussein mais surtout détruit l’armature de l’Etat irakien livrant ainsi le pays à une anarchie dont la minorité chrétienne a été une des premières à faire les frais.

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L’archevêque Yoanna Boutros Moshe

L’archevêque qui a dû quitter la ville de Qaraqosh où se situe le siège de son archevêché après la prise de Mossoul par l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daesh) n’est guère optimiste sur l’avenir de sa communauté.

Actuellement réfugié au Kurdistan irakien avec nombre de ses paroissiens, il n’a qu’un souhait, revenir sur sa terre ancestrale, à Mossoul. Il ne se voit pas demeurer au Kurdistan mais il n’a cependant pas le sentiment que les choses avancent en ce qui concerne la reprise de Mossoul

Et il estime que les Etats Unis ne font rien !

Selon lui, les puissances occidentales ne laissent qu’une alternative à ses coreligionnaires : se convertir à l’Islam ou quitter l’Irak.

Concrètement, ça revient à ça. Parce que dans l’avenir chaotique qui est promis à la région dans la stratégie de puissance des Etats unis, le départ massif des Chrétiens est un scénario non seulement vu comme possible par l’occident, mais inexorable et même souhaitable.

C’est du moins une conviction répandue chez les Chrétiens d’Orient à partir d’une information (apparemment non vérifiée) selon laquelle Nicolas Sarkozy aurait affirmé en 2011 au patriarche maronite que « les chrétiens n’ont plus leur place dans le Moyen-Orient et qu’ils devraient tous émigrer vers l’Europe ». Une information qui a été démentie par le gouvernement français (qui a cependant une politique préférentielle d’accueil de ces populations).

Un démenti qui n’a pas vraiment rassuré l’archevêque de Mossoul semble-t-il.

« L’Occident combat Daesh pour les ressources en pétrole »

Les paroissiens de l’église catholique syrienne qui ont fui la terreur djihadiste en 2014 édifient un nouveau sanctuaire pour prier.

L’archevêque de l’église catholique syrienne accuse la communauté internationale de ne pas protéger les fidèles. « Nous nous sentons abandonnés par les politiques. »

Par Francisco Carrione à Erbil (Irak) El Mundo (Espagne) 20 août 2016 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Dans les faubourgs arides d’Erbil on met les bouchées doubles pour construire le nouveau diocèse de l’église catholique syrienne, une branche orientale qui suit les préceptes de Rome. Deux années après son exil forcé, ses paroisses et la mémoire des siècles de présence sont encore entre les mains de l’Etat Islamique autoproclamé.

Ses fidèles, contraints de choisir entre la conversion à l’Islam ou la fuite ont échappé à la terreur à la mi-juillet 2014. Depuis lors, ils ont construit leur refuge aux abords de la capitale autrefois prospère du Kurdistan irakien. « Ici aussi, on ressent le danger, » reconnaît Yohanna Boutros, l’archevêque catholique syrien de Mossoul qui aujourd’hui dirige une diaspora déclinante. Il est 13h, au milieu du complexe en construction un groupe de jeunes Chrétiens joue au football. Les piques de Boutros, 72 ans – archevêque de la deuxième ville d’Irak depuis 2010 – n’épargnent personne, pas même le Pape François. « Je pense qu’il pourrait faire plus que ce qu’il fait, » affirme le religieux pendant l’entretien accordé à El Mundo.

Q – Deux ans après l’exode, avez-vous un espoir quelconque?

R -Aucun. Les gens ont perdu confiance dans le gouvernement irakien parce qu’on n’a constaté aucun progrès sur le champ de bataille. Règne une grande frustration. La majeure partie [des Catholiques] est restée au Kurdistan irakien mais certaines familles ont commencé à aller en Jordanie, au Liban et en Turquie. Quelque deux mille personnes se sont établies en France.

Q – La diaspora est de plus en plus…

C’est comme ça. Nous faisons face à une grande catastrophe. Notre héritage est en train de disparaître. Les gens qui sont partis seront assimilés par d’autres rites [chrétiens essentiellement, NdT]. Si nous ne faisons pas quelque chose, l’Eglise Catholique Syrienne sera rayée de la carte.

Q – La date de l’offensive pour reprendre Mossoul n’est toujours pas fixée.

La coalition internationale a promis qu’elle reprendrait Mossoul mais elle n’a pas expliqué comment elle allait faire. Qu’en sera-t-il de notre foi ? Le retour des Chrétiens semble impossible. Nos fidèles sont traumatisés. Avant de revenir, en tout cas, nous devons d’abord avoir le sentiment qu’il y a un gouvernement qui tient la situation sous son contrôle et peut garantir nos droits. Nous ne voulons pas être des citoyens de seconde zone. Et ensuite, nous avons besoin d’une garantie internationale. Nous ne faisons pas confiance à l’armée [irakienne].

Q -Qu’a laissé votre communauté à Mossoul?

Mossoul est le centre de notre église. Elle a une longue et riche histoire liée à notre foi. Moi, par exemple, j’ai étudié et passé mes diplômes à Mossoul. Dans ma qualité d’archevêque, je résidais à Qaraqosh [une ville chrétienne proche de Mossoul et toujours contrôlée par Daesh] et, comme les autres habitants, j’ai dû quitter les lieux en août 2014 suite à l’offensive de Daesh.

Q -Depuis lors, le patrimoine chrétien dans les zones contrôlées par les djihadistes a été victime des attaques. Savez-vous quelle est leur situation ?

Nous n’avons pas de sources précises sur leur état actuel. Nous savons que les croix ont été arrachées à l’extérieur des églises et que l’Etat Islamique s’en sert comme dépendances. Certains lieux qui ont été endommagés datent du IVème siècle après JC. Ils cherchent à nous humilier parce qu’ils savent que les habitants se sentent très proches de ces monuments.

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Q -La communauté internationale fait-elle assez pour protéger vos fidèles ?

Non. Nous ne sentons pas son soutien. Les Etats Unis comme les gouvernements de l’Union Européenne ne font rien. Ca donne le sentiment que nous sommes priés de nous convertir à l’Islam ou d’abandonner notre terre. « Pourquoi ne partez-vous pas? Cette région n’est pas pour vous, » semblent-ils nous dire. Nous nous sentons abandonnés par les politiques mais pas par les Chrétiens d’Occident.

Q -Qui est derrière Daesh ?

Ceux qui ont donné le jour à Daesh et l’ont amené sur ces terres le savent. L’Occident a commencé à lutter contre cette organisation mais pas par rapport à la situation des Chrétiens, ni par rapport à la transformation de la carte multireligieuse mais par rapport aux ressources [pétrolières] qui se trouvent dans la région.

Q -Quel est votre avenir ?

Si la situation perdure ainsi très longtemps, nous finirons par partir, même du Kurdistan. Bien que les dirigeants de cette région nous aident, il y a ici aussi des forces fanatiques. Ce n’est pas une existence commode.

Q -Vos propos sont très critiques à l’égard des responsables politiques occidentaux Les Etats-Unis ont-ils une responsabilité dans la situation en Irak?

Bien sûr. Ils ont une grande responsabilité. Ils ont renversé Saddam Hussein et permis le vide du pouvoir qui lui a succédé. Avant l’invasion, il y avait des fanatiques mais nous avions de bonnes relations avec la majorité de nos voisins. A partir de 2003, les problèmes ont commencé. Il n’y avait pas de gouvernement et les attaques contre les Chrétiens étaient tolérées. Ce sont les Etats Unis qui ont détruit l’Irak.

Q -Devrait-il y avoir des indemnisations pour les erreurs du passé ?

Les Etats Unis ne feront jamais rien en Irak. Ils disent maintenant que c’est le travail des dirigeants irakiens. En quête de protection, quelques jeunes Chrétiens ont commencé à s’entraîner avec les forces irakiennes pour aider à la libération de Mossoul.

Q -Quel est votre rêve?

Retourner sur ma terre. Si ce n’est pas possible, je ne resterai pas ici. Notre vie doit être là où se trouve notre patrimoine. Et ce sont les vieilles pierres qui témoignent de notre histoire.

Crime de Saint-Etienne-du-Rouvray: religion ou politique?

26 juillet 2016

Je reproduis ici un texte rédigé par une connaissance internautique. A peu de choses près, je partage son analyse

Deux choses à observer en préambule: le prêtre assassiné, Jacques Hamel, avait 84 ans! C’est donc à un vieillard que la canaille s’en est pris. Et c’était un ami des Musulmans.

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Le Père Jacques Hamel

Comme chez la plupart des gens, je pense, l’agression sauvage contre des membres du clergé et des fidèles dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray près de Rouen en Normandie éveille en moi répulsion et dégoût.

A l’heure où ces lignes sont écrites, le bilan fait état d’un mort, le curé de la paroisse qui a été égorgé, et d’un blessé grave tandis que les deux malfaiteurs ont été tués par la police.

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J’entendais tout à l’heure sur France Info une journaliste de la Croix (peut-être Isabelle Demangeat) dire en quelque sorte que les Musulmans devraient peut-être faire le ménage dans ce qui, dans leur doctrine, incite à la violence.

Je dirais pourquoi pas? Après tout, le journal La Croix qui avait été fermé par la France Libre pour vichysme par trop voyant a sûrement dû se livrer à une quelconque introspection.

Sauf que en disant cela, cette personne situe la question du terrorisme sur le terrain religieux alors que nous sommes devant des faits de nature politique qui sont inintelligibles si on on ne prend pas en compte la politique étrangère de la France et sa situation politique et sociale intérieure.

On devrait par exemple réfléchir un peu mieux sur la question de l’état d’urgence,instauré pour faire face à la menace terroriste et pour assurer la sécurité des citoyens comme parachèvement des dispositions prévues par Vigipirate. Nous sommes pourtant bien obligés de constater son inefficacité sur ce plan.

Et en effet, l’état d’urgence, l’exemple turc le rappelle clairement, n’a pas pour but d’assurer la sécurité de la population mais de garantir celle du gouvernement et du régime. Et si nous poursuivons notre réflexion, nous sommes aussi bien obligés de dire, en dépit de l’horreur des crimes terroristes et des souffrances qu’ils infligent à des innocents, que ces crimes ne constituent en aucun cas une menace pour la Vème République.

Il est par contre patent que ce régime (la Vème) vit une crise interne d’ampleur qui résulte de son incapacité à résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays, à agir indépendamment de l’Europe en matière de politique économique et de l’OTAN en matière de politique internationale. Le noeud coulant qui se serrait progressivement depuis le quinquennat Sarkozy est en train de se refermer sur le système de pouvoir.

C’est peut-être une des dernières occasions pour moi de réfléchir un peu posément car je crains que le crime commis dans cette église normande n’annonce des jours terribles. Et les paroles d’apaisement adressées aux fidèles de toutes confessions n’y feront rien car le problème n’est ni religieux, ni même communautaire..

Le socialisme français sous la lumière crue de l’apartheid et du sionisme

9 décembre 2013

Les évolutions politiques en cours depuis la chute du mur de Berlin devraient nous inciter à réfléchir sur ce que nous appelons gauche, droite, fascisme, antifascisme, laïcité etc.

Parce qu’on tend à employer ces mots comme des totems, sans jamais s’interroger sur ce qu’ils recouvrent vraiment.

Certains événements particuliers sont pourtant des occasions de réflexion en ce qu’ils projettent une lumière crue sur une réalité habituellement voilée.

C’est le cas par exemple avec l’annonce du décès et des obsèques de Nelson Mandela, le grand leader Sud-Africain.

Au milieu du concert quasi universel de louanges on a en effet pu observer deux faits significatifs.

Le premier est que François Hollande a décidé d’inviter Nicolas Sarkozy à le rejoindre dans la délégation française qui assistera aux funérailles de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Quand on se souvient de la teneur du discours de Nicolas Sarkozy sur l’homme Africain insuffisamment entré dans l’histoire, on peut se demander si cette invitation ne signale pas une affinité supplémentaire entre François Hollande et un Sarkozy avec la politique économique et étrangère duquel le gouvernement socialiste n’a pas vraiment rompu.

L’autre fait significatif est l’annulation du déplacement pour les mêmes funérailles de Benjamin Netanyahou et de Shimon Peres au motif du coût élevé du transport et du séjour ! (Ce qui revient en fait à insulter ouvertement le défunt).

Vous me direz que quand on aime on ne compte pas. Justement la presse ne se gêne pas pour rappeler que les dirigeants sionistes n’aimaient pas Mandela et que celui-ci le leur rendait bien en affichant son soutien à la cause palestinienne.

Maintenant, il faut juste se souvenir des dernières rencontres entre François Hollande et Benjamin Netanyahou et des déclarations d’amitié (presque d’amour) du président Français à l’égard du premier ministre sioniste, où des bisous entre Laurent Fabius et Shimon Peres pour comprendre le caractère incongru de la présence même de François Hollande aux obsèques de Nelson Mandela. Parce que le soutien à l’apartheid par l’entité sioniste n’était pas l’affaire de la droite ou de la gauche sioniste mais de tout le mouvement sioniste.

Laurent Fabius et Shimon Peres, plus qu'une amitié

Laurent Fabius et Shimon Peres, plus qu’une amitié

Shimon Peres, que les socialistes Français ont régulièrement côtoyé dans les rangs de l’Internationale Socialiste était ministre de la défense en 1974 et il fut un des principaux artisans du resserrement des relations avec l’Afrique du Sud ségrégationniste sur la base, selon ses propres termes, «de notre haine commune de l’injustice et de notre refus  de se soumettre à elle» et d’une «identité d’aspirations et d’intérêts».

Angry Arab reproduit une lettre adressée par Shimon Peres en 1974 à Eschel Rhoodie, alors  ministre de l’information Sud-Africain.

Lettre de Shimon Peres à Eschel Rhoodie

Lettre de Shimon Peres à Eschel Rhoodie

Cette lettre est mentionnée par The Guardian, journal selon lequel Eschel Rhoodie avait même rapporté de Tel Aviv, en bagage à main, ce qu’il présentait comme un détonateur pour bombe atomique, c’est-à-dire probablement une substance radioactive de nature à provoquer la réaction en chaîne, l’explosion de la matière fissile.

Ci-dessous la traduction de la lettre de l’ami de Laurent Fabius qui lui aussi a une longue histoire de soutien à Nelson Mandela.

Ministère de la défense

Tel Aviv, le 22 novembre 1974

Top secret

Cher Dr Rhoodie,

Permettez moi de vous remercier très sincèrement pour les gros efforts que vous avez déployés pour assurer le succès des réunions qui se sont tenues à Pretoria les 13 et 14 de ce mois.

C’est en très grande partie grâce à votre perspicacité, votre clairvoyance et à votre imagination politique qu’une coopération d’une importance vitale entre nos deux pays a été initiée. Cette coopération est basée non seulement  sur des intérêts communs et sur la détermination à résister également à nos ennemis, mais aussi sur les fondations inébranlables de notre haine commune de l’injustice et de notre refus  de se soumettre à elle.

Tout comme je suis conscient du rôle personnel significatif que vous avez joué dès les étapes préliminaires de nos discussions, je suis aussi convaincu  que les nouveaux liens que vous avez contribué à forger entre nos deux pays vont se développer dans une proche identité d’aspirations et d’intérêts qui s’avèreront durablement bénéfiques pour nos deux pays.

Je me réjouis de vous rencontrer à nouveau lors de votre prochaine visite en Israël.

Avec mes chaleureuses et sincères salutations,

Shimon Peres, ministre de la défense

Mouammar Kadhafi assassiné par un tueur à gages français?

30 septembre 2012

Mahmoud Jibril, ancien premier ministre du Conseil National de Transition libyen vient de déclarer lors d’un entretien télévisé que le colonel Mouammar Kadhafi n’a pas été assassiné par un milicien libyen mais par un agent, un tueur à gages, français.

Et que ce tueur agissait sur ordre et dans l’intérêt personnel du président français de l’époque Nicolas Sarkozy.

Cette théorie, nous dit-on, serait très en vogue dans les milieux diplomatiques en Libye.

Alors vrai ou faux ?

Difficile à dire, mais Mahmoud Jibril n’est sans doute pas le moins bien informé des politiciens libyens actuels !

On peut juste noter que cette théorie ou information sort au moment où on sent que Nicolas Sarkozy commence à repointer le bout de son nez. Ne l’a-t-on pas vu en effet tout sourire lors d’un récent match du Paris Saint-Germain, le club de football qui appartient désormais à ses amis du Qatar ?

On rigole,mais la prochaine fois que tu marques pas, je te bute

Un agent Français derrière la mort de Kadhafi

L’ancien premier ministre Libyen Mahmoud Jibril déclare au Caire que l’auteur du tir [mortel] était un agent qui ne faisait pas partie des milices [rebelles]

ABC (Espagne) 29 septembre 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Une fois de plus, la version officielle de la mort de Kadhafi est mise en doute. Mais cette fois ci, les spéculations sont formulées par l’ancien premier ministre du gouvernement de transition qui se trouve être aujourd’hui un des prétendants à la direction politique du pays.

Selon sa théorie, reprise ce samedi par le «Corriere della Sera», ce serait un «agent étranger» et non un membre des brigades révolutionnaires libyennes qui aurait été l’auteur du tir qui aurait finalement causé la mort de Kadhafi.

Jibril a fait ces déclarations dans une interview au Caire avec la chaîne de télévision égyptienne «Dream TV», et il a affirmé textuellement que l’auteur du tir mortel «était un agent étranger qui s’était mêlé aux brigades révolutionnaires.»

Cette théorie est étayée, selon le journal italien, par les commentaires «non officiels» qui circulent le plus souvent chez les diplomates occidentaux présents en Libye, selon lesquels «s’il y avait vraiment un tueur à gages, il était sûrement français.»

Ce raisonnement s’appuie sur le fait que dès que l’OTAN a montré qu’elle appuyait ouvertement l’opération viant à destituer le leder libyen, ce dernier a menacé de révéler les détails de sa relation avec l’ancien président de la France, Nicolas Sarkozy, qui «avait donc raisons plus que suffisantes pour essayer de lui ôter la vie,» soutient le Corriere Della Sera qui fait référence à des révélations recueillies par le journal il y a trois jours à Benghazi.

Pour qui a voté Gilad Shalit?

22 avril 2012

Comment votent donc les électeurs de nationalité française à Tel Aviv ?

Si on en croit le Yediot, le franco-sioniste de base tend à voter pour Nicolas Sarkozy parce que 

1) il est « bon pour les Juifs », 

2) les socialistes n’ont « jamais été bons pour les Juifs » (ceux qui pensent ça devraient se pencher sur leurs livres d’histoire) 

3) Nicolas Sarkozy a du « sang juif ».

Eh oui, du « sang juif« par ce que là où on a une conception biologique de la religion, quelqu’un peut avoir du «sang juif».

Ceci dit, ce petit article nous en dit peut-être plus sur la préférence du journal sioniste que sur l’électeur franco-sioniste de base.

Par contre, je trouve que la hasbara franco-sioniste a raté un joli coup. Je m’explique : ce scrutin présidentiel français était une occasion en or pour la propagande sioniste.

Imaginez en effet, un Gilad Shalit, terroriste sioniste supposé également Français, tout sourire au moment de déposer son bulletin dans l’urne au consulat de France à Tel Aviv !

Pour l’heure, le soldat « Français » n’a semble-t-il pas voté. Promis, ils nous feront le coup pour le deuxième tour.

Les israéliens votent Sarkozy pour l’élection présidentielle française

Des milliers de Franco-israéliens qui ont le droit de participer à l’élection présidentielle française font la queue devant les bureaux de vote.

‘Je vote Sarkozy parce qu’il est bon pour les Juifs,’ dit un électeur.

Par Gilad Morag, Yediot Aharonot (Sionistan) 22 avril 2012

Des milliers de Franco-israéliens font la queue devant les bureaux de vote en Israël pour voter au premier tour du scrutin présidentiel français. Quelque 57 000 citoyens Français qui résident en Israël ont la possibilité de participer à cette compétition.

Une longue file d’électeurs s’étire devant le consulat de France à Tel Aviv ce dimanche. Des milliers de citoyens Français qui résident en Israël se sont présentés pour exercer leur droit démocratique à voter.

Max, un citoyen Français né en Algérie, a fait son aliyah [retour par ascenseur à Sion] il y a 65 ans et il vit maintenant à Bat Yam. « Je vote Sarkozy parce qu’il est bon pour les Juifs, » a-t-il déclaré au Yediot. «Il a soutenu Israël. Sa compréhension des problèmes d’Israël est importante. Sarkozy a du sang juif.»

Charles, de Bnei Brak, a aussi déclaré voter pour Sarkozy. «Nous sommes à 100 % derrière Sarkozy. C’est ce qui est bon pour les Juifs.»

Raanana, 37 ans,qui habite à Ami, a également indiqué qu’elle allait voter pour l’actuel président Français. « Nous devons le soutenir. Les socialistes n’ont jamais été bons pour les Juifs. Les élections sont importantes parce que nous Israéliens avons besoin d’amis et Sarkozy a prouvé qu’il en est un. Il est bon pour l’économie aussi.»

Valentine, une étudiante Française venue étudier les sciences politiques à l’université de Tel Aviv dans le cadre d’un échange, a présenté le point de vue de l’électeur Français moyen. «Sarkozy est peut-être bon pour vous, les Juifs, mais l’électeur Français prend en considération d’autres choses comme l’immigration, l’éducation et ‘économie. Cette année, la campagne a beaucoup tourné autour de l’aspect économique des choses.»

Tueries de Montauban et Toulouse: quelques questions de bon sens

22 mars 2012

Si le bon sens semble faire défaut à certains devant les drames de Montauban et Toulouse, ce n’est pas le cas chez tous les journalistes, ni chez tous les observateurs.

Louise par exemple, qui a écrit des commentaires très pertinents (comme à son habitude) en réaction à mon post intitulé: Le tueur de Toulouse et Montauban est-il un freelance du djihadisme?

Même si je ne suis pas chrétien, je dirais que la messe est dite: nous sommes bel et bien devant une manipulation politicarde qui aura pris la vie de militaires et d’enfants pour des desseins qui ont un rapport aussi bien avec la politique extérieure de la France qu’avec l’élection présidentielle.

Quelques questions, dont certaines suggérées par les commentaires de Louise me semblent dignes d’intérêt à ce stade:

– était-il possible de faire autrement que de donner l’assaut à l’appartement où était retranché Mohamed Merah?

– Y avait-il un impératif particulier à donner l’assaut aujourd’hui au lieu d’attendre que cet individu privé d’eau, d’électricité et (très important) de tranquillité finisse par céder à l’épuisement?

– Question corollaire: voulait-on vraiment capturer Mohamed Merah vivant? (la réponse semble évidente quand on suit le lien proposé par Louise)

– Pourquoi ce suspect qui se préparait, nous dit-on, à mourir les armes à la main a-t-il été si disert sur des détails techniques de ses actions au lieu de se concentrer sur le prétendu aspect idéologique qui le motivait?

– A-t-il été oui ou non détenu en Afghanistan?

– Etait-il oui ou non surveillé par la police et les services de renseignements? Si oui, je rappelle que même si Vigipirate est passé à l’écarlate ces derniers jours, ce plan de vigilance est en application depuis des années et on ne cesse de nous bassiner avec la menace terroriste islamiste.

– A-t-il effectivement commis les actes qu’on lui impute où l’ont-ils été par quelqu »un d’autre?

– et la big question: qui tirait les ficelles? Parce que Merah, si c’est bien lui qui est l’auteur des assassinats, n’était certainement pas un loup solitaire car sinon comment expliquer les moyens financiers dont il disposait pour acheter des armes, changer d’appartement etc.?

Nicolas Sarkozy n’a en tout cas pas perdu de temps puisqu’il annonce un projet de loi sur le contrôle de la fréquentation de certains sites internet. J’ai l’impression que le site de la Ligue de défense Juive ne sera pas visé par cette disposition légale que le discours ambiant semble réserver aux sites d’inspiration « musulmane ».

 

Les « révolutionnaires » Libyens remercient David Cameron en profanant le cimetière militaire britannique de Benghazi

4 mars 2012

Vous ne trouverez rien, du moins sur internet, dans la grande presse française à ce sujet. Le site come4news en parlait dès le 25 février pour contextualiser de manière ironique la récente visite en Libye de Gérard Longuet venu chercher le fameux « retour sur investissement » promis par Alain Juppé : 

des tombes de militaires alliés de la Seconde Guerre ont été profanées et brisées à Benghazi.

 Parmi les tombes profanées au cimetière militaire de Benghazi, celles de fameux « Rats du désert » tant vantés par le maréchal Monty Montgomery lors de la campagne d’Afrique en 1942. Une vision édifiante pour le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, qui se trouve en Libye pour tenter d’établir des protocoles de collaboration entre une armée et une police quasiment inexistantes et diverses sociétés françaises. Gérard Longuet doit en effet visiter Benghazi, Misrata et Tripoli au cours de cette fin de semaine.

Reuters ne rapporte pas si des tombes de soldats français de la division Leclerc ayant combattu à Tobrouk et ailleurs ont été la cible des vandales des milices islamistes. Il semble que ces actes fassent suite aux accusations visant les troupes américaines en Afghanistan qui auraient brulé des exemplaires du coran.

Le cimetière militaire de Benghazi regroupe 1 214 tombes et stèles, dont celles de soldats alliés (Canadiens, Britanniques, Français…).

En Angleterre, c’est par contre une autre paire de manches et, avec un peu de retard il est vrai, la presse s’est emparée de cette affaire qui provoque un choc émotionnel réel.

Ainsi le Daily Mirror (proche du parti travailliste) titre :

Insulte à nos soldats tués à la guerre: une vidéo choquante montre des rebelles Libyens en train de profaner un cimetière militaire britannique (du Commonwealth plus exactement, NdT)).

Le Daily Mail fait deux titres sur cette information (le 1er est celui de la rubrique commentaire de la rédaction, le deuxième celui de l’article proprement journalistique): 

Sans honte et sans gratitude dans une Libye sans lois: les atteintes extrêmement choquantes contre des tombes de tués à la guerre

 et:

Profanées: la vidéo choquante des tombes des Rats du Désert de Churchill réduites à l’état de décombres… par les Libyens que nous avons aidés à se libérer.

La presse britannique propose des photos des profanations comme celle-ci:

Peut-être la tombe d'au arrière grand oncle de David Cameron?

Ou celle là,

Pour remercier Bernard-Botul-Henri Lévy?

Ainsi qu’une séquence vidéo

Il faut quand même savoir que ces tombes sont restées intactes depuis l’indépendance de la Libye et pendant toute la période pendant laquelle Mouammar Kadhafi, un ardent anticolonialiste pourtant, a été au pouvoir.

Ce sont donc ceux pour lesquels la France et le Royaume Uni ont déchaîné leurs bombardements destructeurs qui se livrent à ces déprédations.

Eh bien, voilà qui va peut-être contribuer à ouvrir les yeux de ceux qui ont cru benoîtement que David Cameron et Nicolas Sarkozy avaient pris le parti de la liberté, de la démocratie et donc des valeurs qui vont avec.

Il faut dire que ces profanations sont supposées être une réaction à celle du Coran par des militaires US à Kaboul.

Mais d’une part, comment peut-on prétendre demander l’aide de l’OTAN dans son propre pays et réagir de la sorte à ce que fait l’OTAN dans un autre pays ?

Et surtout, on ne profane pas les tombes de qui que ce soit, même de celui qui a été un ennemi de son vivant. C’est là un principe des plus élémentaires qui participent à nous situer en tant qu’humains.

Mus peut-être ces incidents déplorables donneront-ils lieu à une réflexion en Occident sur le sens de l’action de l’OTAN en Libye ?

Pas en France en tout cas, si on en croit l’absence de couverture médiatique de ces profanations.

Quand on pense que ce sont à peu près les mêmes gens que Sarkozy veut porter au pouvoir en Syrie!

 

 

 

 

120 000 réfugiés très discrets

23 février 2012

Certains de vos journaux en parlent puisqu’on trouve trois références de publications françaises qui évoquent les 120 000 personnes qui ont fui les combats dans la région nord du Mali. La moitié de ces personnes se trouvent maintenant dans des pays voisins comme la Mauritanie, le Niger ou l’Algérie.

Mais cette affaire n’a bien entendu rien à voir avec ce qu’a subi la Libye de la part des pompiers pyromanes David Cameron et Nicolas Sarkozy. Que toutes ces personnes déplacées remercient, ça va de soi.

En tout cas, les dépêches reproduites dans la presse française n’en soufflent mot. 

Mali: Les combats persistent, le peuple fuit

20 Minutes (France) le 23/02/2012
MALI – Les combats entre l’armée et la guérilla targui font rage depuis la mi-janvier…
Plus de 100.000 déplacés. Les combats qui font rage depuis la mi-janvier dans le nord désertique du Mali, entre l’armée et la guérilla targui, ont provoqué d’importants déplacements de population, selon les Nations unies.
La moitié de ces déplacés auraient gagné des pays limitrophes du Mali: la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et l’Algérie.
Renforcés par des effectifs et des armes en provenance de Libye, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont lancé depuis le début de l’année des attaques contre plusieurs villes ou postes militaires dans le nord du Mali. Les forces gouvernementales ont riposté en bombardant à l’aide d’hélicoptères de combat des positions de la guérilla targui.
Ces affrontements ont fait des dizaines de morts. Leur recrudescence, dans une zone où étaient déjà actives des cellules du réseau Al-Qaida, fait craindre à certains un report de l’élection présidentielle prévue en avril.

Comment la mort tragique de deux journalistes en Syrie permet de relancer la machine de propagande occidentale

22 février 2012

Deux journalistes occidentaux viennent de trouver la mort en Syrie, victimes apparemment d’un tir de mortier qui aurait touché leur centre de presse improvisé à Homs. Il s’agit de l’Américaine Marie Colvin et du Français Remi Ochlik, une journaliste chevronnée (55 ans) et un talent en pleine éclosion (28 ans).

On s’accorde généralement à accuser l’armée syrienne pour cette action, exactement comme dans le cas d’un précédent journaliste Français, Gilles Jacquier, dont il s’est avéré par la suite qu’il avait été touché par une roquette des opposants au régime.

Le Daily Mail britannique est péremptoire, non seulement ce sont les forces syriennes qui ont tué les journalistes (ce qui est tout à fait possible dans ce contexte de guerre civile) mais elles l’ont fait en toute connaissance de cause puisque l’armée syrienne a promis de tuer tous les journalistes qui foulaient le sol national.

Dans ce cas de figure, ce ne sont pas deux journaliste qui auraient dû être tués puisqu’un certain nombre d’entre eux, sans doute des dizaines, sont accrédités sur le territoire. Etait-ce le cas des deux journalistes en question? Je l’ignore.

Le Daily Mail dit tenir ses sources des services de renseignements libanais qui auraient intercepté les communications de l’armée syrienne à ce sujet et se seraient empressés de les diffuser à la presse occidentale.

Donc, ce que les services secrets US qui disposent d’énormes moyens d’écoute sont incapables de faire, les services libanais ont pu le faire. Et au lieu de partager l’info avec d’autres services de renseignements, ils se sont confiés à la presse. Chapeau bas!

Reporter de guerre en temps de guerre justement est un job à haut risque et certains de ceux qui n’étaient pas « embedded » avec les forces d’invasion en Irak l’ont appris à leurs dépends. D’ailleurs, on est bien obligé de voir sur les photos qui circulent en ce moment que Mary Colvin était borgne suite à une blessure subie dans un contexte où l’armée syrienne ne risquait pas d’être impliquée, puisqu’elle était tombée en 2001 dans une embuscade de l’armée du Sri Lanka.(cf toujours le même article du Daily Mail).

La journaliste Marie Colvin

Je n’en avais cependant jamais entendu parler, pas plus que des protestations du gouvernement des Etats Unis ou de celui de sa majesté puisque Mme Colvin travaillait pour un journal anglais.

Quoi qu’il en soit, ces deux victimes offrent l’occasion aux gouvernements occidentaux de relancer leur campagne contre le régime syrien, en décidant de nouvelles sanctions et en insistant par exemple sur la mise en place de corridors humanitaires.

M. Sarkozy a été catégorique:

« On a déjà eu un caméraman français qui a été tué. Ça suffit, ce régime doit partir », a également affirmé le chef de l’Etat. « Il n’y a aucune raison que les Syriens n’aient pas le droit de vivre leur vie, de choisir leur destin librement ». 

M. Sarkozy semble oublier qui a tué le cameraman en question (Gilles Jacquier) mais après tout, ce n’est pas la première fois que la mémoire lui fait faute.

On notera quand même que le site d’informations LCI reste prudent à la fois quant à l’origine des tirs mortels et sur le caractère délibéré du ciblage de journalistes étrangers.

J’apprends aujourd’hui qu’un journaliste a été décapité. Mais ce n’est pas en Syrie et il n’est pas Français. C’est un Afghan de 25 ans,  Samid Khan Bahadarzai, assassiné nous dit TF1 dans une zone très infiltrée par les Talibans.

A mon avis, il n’aura pas beaucoup de publicité celui là.

Et tiens, en Afghanistan toujours, six manifestants sont morts en deux jours sous les balles de la police.

Que faut-il donc encore pour que l’OTAN intervienne à titre humanitaire?

Mais où ai-je la tête moi aussi? L’OTAN est déjà sur place et s’emploie à protéger la population comme viennent de l’apprendre ces jeunes écolières blessées dans leur école bombardée par… l’OTAN.

En fait de généreux travailleurs humanitaires de l’OTAN sont venus d’un peu partout dans le monde pour aider les Afghans qui ne leur en sont pourtant pas toujours reconnaissants.


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