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L’islamophobie sera le nouvel antisémitisme selon le Professeur John L. Esposito

20 avril 2018

Le point de vue exposé ici est celui d’un Chrétien qui professe dans une prestigieuse université catholique de Washington aux Etats Unis. Quelqu’un qui est donc solidement ancré dans ses convictions chrétiennes, ce qui ne l’empêche pas de constater la réalité de l’islamophobie.

Il est détesté par les islamophobes qui lui reprochent notamment ses prises de position jugées trop favorables à la cause palestinienne. De fait, s’il est franchement abusif d’affirmer que derrière chaque islamophobe se cache un Juif, on peut dire que bien souvent se cache un sioniste ou une officine sioniste.

Le professeur Esposito ne propose malheureusement pas  une analyse des causes internes de la montée de l’islamophobie dans les sociétés occidentales. Mais peut-être que cette interview n’était pas le lieu adéquat pour ce genre de développement ?

« L’islamophobie sera le nouvel antisémitisme »

Rencontre avec John L. Esposito, professeur à l’université de Georgetown

Par Rosa Meneses, El Mundo (Espagne) 20 avril 2018 traduit de l’espagnol par Djazaïri

John L. Esposito (né en 1940 à New York), professeur à l’Université de Georgetown , est l’un des plus grands spécialistes mondiaux du dialogue interreligieux et un auteur prolifique, avec plusieurs livres consacrés à la connaissance de l’islam. Parmi ses anciens étudiants figurent le roi Philippe VI d’Espagne, le roi Abdullah de Jordanie ou l’ancien président américain Bill Clinton. Mercredi, Esposito a été nommé docteur ‘honoris causa’ par l’Université Pontificale Comillas ICAI-ICADE et hier, juste avant de partir pour la Malaisie, il a donné une interview à EL MUNDO.

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Le Professeur John L. Esposito

L’université [pontificale] vous a distingué pour votre travail en faveur du dialogue inter-religieux, en particulier entre Christianisme et Islam. Après des siècles d’existence, nous n’avons toujours pas appris à vivre ensemble ?

Je pense que nous avons bien réussi en termes de coexistence, mais au cours de ces dernières années, il y a eu des reculs importants. Si nous regardons, par exemple, la situation politique mondiale, nous voyons de grandes divisions entre l’Europe, les États-Unis, la Russie ou la Chine. Nous vivons dans un monde globalisé et, que cela plaise ou non, nous sommes interdépendants culturellement, politiquement et économiquement. Mais aujourd’hui, nous voyons comment les politiciens d’extrême droite aux États-Unis et en Europe prêchent un discours d’exclusion, contre les immigrés et les musulmans. Et à titre d’exemple, nous avons la situation ridicule de pays comme la République tchèque, la Pologne et la Hongrie [qui connaissent une poussée xénophobe, NdT] où il n’y a même pas un grand nombre de musulmans ou d’immigrés. Je pense que la coexistence est un défi et je n’exagère pas quand je dis que ce sont des temps dangereux à vivre.

De Donald Trump à Marine Le Pen ou Viktor Orban, nous assistons à la montée du populisme dans le monde. Pourquoi leur discours commun est-il une réaction contre l’Islam ?

Oui, il y a une réaction contre les musulmans, mais cela fait partie d’une réaction générale contre les immigrants. Nous oublions que, pour de nombreuses personnes en Europe et aux États-Unis, leurs relations avec l’islam et les musulmans ont commencé avec la révolution islamique iranienne en 1979. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme en 1974, l’islam et les musulmans étaient invisibles. Après la Révolution de 1979 – qui a été suivie par l’assassinat de [le président égyptien, Anouar] Sadate et ensuite par la montée d’Al-Qaïda – les musulmans ont été vus d’une fenêtre très étroite à travers laquelle on généralise. Les problèmes survenus en 1979 avaient eu une couverture médiatique qui avait vraiment exacerbé la situation.

Sommes-nous, nous les médias, responsables de la mauvaise image de l’islam et des Musulmans ?

Non, les terroristes sont responsables. Mais les médias ont une grande influence. Je ne dis pas qu’ils offrent une image négative d’une manière délibérée, mais c’est une réalité. Il existe une très grande disparité entre la couverture médiatique des sociétés musulmanes et la couverture médiatique de l’extrémisme. Dans une étude réalisée en 2015 et 2016 au Royaume-Uni et en Allemagne, huit reportages sur dix étaient négatifs et traitaient de l’extrémisme religieux. Les dirigeants politiques et les élites éduquées ont une vision de la réalité basée sur celle fournie par la télévision, les médias et même les réseaux sociaux. Le problème est lorsque cette vision est utilisée comme une arme par des politiciens qui jouent avec la peur parce qu’elle leur donne des votes et de l’argent.

Pensez-vous que l’islamophobie est devenue un problème dans nos sociétés actuelles tout comme l’antisémitisme le fut dans l’Europe des années 1930 ?

Il y a un risque que l’islamophobie devienne le nouvel antisémitisme. C’est une idée sur laquelle j’ai mis en garde dans mes écrits depuis des années. Aux Etats-Unis, il y a même des organisations juives qui ont reconnu ce problème et qui, ces dernières années, ont soutenu des projets contre l’islamophobie, parce qu’elles voient une ressemblance qui leur est familière avec ce qui s’est passé en Europe. Des études publiées en 2015 et 2016 montrent que l’islamophobie est là pour rester et qu’elle est également en cours de normalisation dans le sens que vous pouvez dire des choses contre les musulmans et l’islam publiquement (dans les médias, etc.) en bénéficiant de la liberté d’expression, alors que ce ne serait pas admis si ces choses visaient d’autres groupes parce qu’elles seraient considérées comme racistes. Et cela conduit à un discours de haine ou à des crimes de haine comme les attaques contre des mosquées qui ont eu lieu au Royaume-Uni. Nous sommes restés sourds à ces signaux.

L’islam politique a-t-il changé suite aux révolutions arabes ?

Pas tellement l’islam politique. Je crois que ce qui s’est passé est qu’une partie de la vague de changement a rendu certains pays plus autoritaires. L’Egypte ou les pays du Golfe, par exemple. La Tunisie est un bon exemple de ce que l’islam politique peut faire. En Egypte, il y a eu beaucoup d’erreurs mais le moyen de canaliser la situation avec Mohamed Morsi, qui a été élu démocratiquement, aurait dû être d’attendre les élections. Cependant, les militaires [égyptiens] craignaient ce qui pouvait résulter des élections. Donc, ce que nous voyons maintenant, c’est qu’ils ont géré les élections comme auparavant, quand le leader se présente et obtient 97% des voix. Quand les islamistes sont autorisés à participer au système politique comme n’importe quel autre groupe de citoyens et qu’il existe une vaste société civile, vous pouvez voir comment ils sont intégrés dans ce système. Au cours des 20 dernières années, nous avons vu des élections en Jordanie, au Koweït, en Malaisie, en Indonésie, au Sénégal, au Maroc, où les islamistes participent au système. Mais cela est caché à la fois par les politiciens et les médias de droite, qui mettent tous les islamistes dans le même sac et, au lieu de parler de leur participation à la société, ils concentrent leur attention uniquement sur Al-Qaïda et l’État islamique. .

L’Islam a-t-il besoin d’une réforme religieuse pour s’adapter à l’époque?

J’ai écrit beaucoup de livres à ce sujet. La réalité est que les réformateurs ont toujours existé, mais que leur démarche été entravée. Il est très difficile de préconiser des réformes dans les pays autoritaires, surtout s’il est question de réformer les traditions religieuses parce que tout ce qui affecte la société en termes culturels et politiques est une menace pour les régimes autoritaires. D’un autre côté, il y a des chefs religieux conservateurs qui bloqueront tout changement à cet égard. Pour que les réformes puissent se frayer un chemin, elles ont besoin d’une société ouverte.

Avons-nous surmonté le discours du «choc des civilisations»?

Huntington et moi avons débattu ensemble plusieurs fois. L’expression «choc des civilisations» a beaucoup été utilisée au fil des années, mais elle a signifié différentes choses. Parce que la question est : « quelle est la direction de ce choc ? » La notion de «confrontation» est utilisée par les deux parties ; elle est également utilisée par les extrémistes musulmans. D’un autre côté, j’ai travaillé pendant de nombreuses années avec Gallup et dans nos études nous voyons que les musulmans admirent beaucoup de choses de l’Occident : les libertés, l’éducation, la démocratie, l’économie, par exemple … Mais ils critiquent le double standard en termes de la défense de la démocratie. Ils disent que l’Occident ne fait que promouvoir la démocratie pour lui-même, alors que pour le Moyen-Orient, il préfère promouvoir la sécurité et les affaires, comme George W. Bush l’a fait et comme le fait maintenant Trump. La sécurité est à nouveau l’axe des relations entre les États-Unis et l’Union européenne avec les pays du Moyen-Orient. Trump est revenu pour articuler cette politique dans laquelle on dit aux autocrates : « Ce que vous faites dans votre pays est votre affaire ».

Peuples d’Orient et d’Occident sont d’accord: il ne faut pas armer les forces qui combattent le régime syrien!

1 mai 2013

Via Angry Arab à qui je reprocherai cependant (amicalement) de ne pas avoir mis le lien direct vers les tableaux de résultats de cette enquête d’opinion qui a été conduite par le Pew Research Center dans un certain nombre de pays du « Moyen Orient », un Moyen orient qui inclut la Tunisie qui appartient à l’Occident musulman comme on le sait. 

Le présent sondage porte sur les événements en cours en Syrie et il a été réalisé par le PEW Research Center qui se présente comme un organisme non partisan de collecte de faits pour informer l’opinion sur les problèmes, les attitudes et les tendances qui façonnent l’Amérique et le monde. Le Pew Research Center

 fait des enquêtes d’opinion, de la recherche en démographie, de l’analyse des médias et d’autres études empiriques dans le domaine des sciences sociales. Pew Research ne prend pas de positions politiques. Il est une division de The Pew Charitable Trusts.

L’analyse de ce sondage titre sur la crainte des peuples du Moyen Orient d’un élargissement du conflit syrien aux pays voisins.

Les résultats saillants sont synthétisés dans plusieurs tableaux de chiffres.

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Ce premier tableau nous montre que tous les peuples de la région sont préoccupés voire très préoccupés par le risque que la violence en Syrie déborde dans leur propre pays. Les moins inquiets étant les Turcs avec 25 % seulement de personnes très inquiètes contre 46 % en Jordanie et 68 % au Liban où l’inquiétude est la plus forte parmi les Chrétiens.

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.Cette inquiétude d’un débordement de la violence dans les pays voisins de la Syrie est partagée par la majorité des personnes interrogées quelque soit le pays et atteint même les 89 % en Tunisie, ce qui est quand même un signe de l’impact politique et psychologique de la situation dans ce pays somme toute lointain (mais où de nombreux Tunisiens sont engagés dans les combats contre le gouvernement).

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On a demandé ici aux sondés s’ils étaient favorables ou s’ils étaient contre la fourniture d’armes et d’équipements militaires par les pays occidentaux aux milices d’opposition en Syrie.

A l’exception des Jordaniens, les citoyens des pays voisins de la Syrie ne veulent pas que l’occident équipe les forces de l’opposition syrienne en matériel militaire. Ce refus est le plus marqué au Liban où il est majoritaire dans les trois grandes communautés confessionnelles, même si elle est nettement moins forte chez les Sunnites que chez les Chrétiens et surtout les Chiites. Cette opposition est très nettement majoritaire également en Turquie, un pays dont on sait pourtant qu’il est une base logistique et de repli pour l’opposition syrienne.

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Cette opposition à une assistance matérielle occidentale pour les milices syriennes antigouvernementales s’observe aussi pour le même type d’aide en provenance de pays arabes. Moins marquée, elle demeure cependant majoritaire partout, sauf en Jordanie. Les Turcs se distinguent ici par leur constance puisqu’ils ne font pas de distinguo entre l’aide occidentale et l’aide arabe (sans doute parce qu’ils ne sont pas arabes).

On soulignera que ce refus arabe et turc d’une assistance militaire aux milices de l’opposition syrienne n’est pas associé à un soutien au régime syrien puisqu’il apparaît dans un autre tableau de chiffres que le président Assad n’est guère populaire dans les pays concernés par le sondage: 72 % d’opinions défavorables en Turquie, 81 % en Tunisie et en Egypte par exemple.

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Le Liban fait en quelque sorte exception avec 59 % d’opinions défavorables « seulement », un résultat dû à la quasi unanimité de la communauté chiite avec 91 % de sondés en faveur d’Assad ainsi qu’à ses 36 % d’opinions favorables dans la communauté chrétienne.

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Fait intéressant, les citoyens de la France, de l’Allemagne mais aussi de la Grande Bretagne et des Etats Unis sont majoritairement opposés à la livraison de matériel militaire par leur pays en faveur de l’opposition armée en Syrie. On constate ainsi que 82 % des Allemands sont opposés à de telles livraisons tout comme 69 % des Français et 64 % des Américains!

 

 

 

L’Europe en guerre contre l’Iran

26 janvier 2012

J’ignore si Pepe Escobar est le meilleur analyste de la situation géopolitique en Asie et dans le Pipelineistan mondial, mais ce qui est sûr, c’est que ses papiers sont souvent intéressants.

Pepe Escobar prend en effet de la distance, dans l’espace, c’est—dire qu’il cherche à comprendre comment les faits s’imbriquent au niveau mondial, et dans le temps en s’intéressant aux effets et évolutions à moyen et long terme. Une compréhension qui ne peut se faire qu’en prenant en compte aussi le passé.

Pepe Escobar ne nous parle guère d’idéologies quand il traite des évolutions stratégiques ; démocratie, droits de l’homme, dictature… Tout cela est bel et bien bien et intéressant mais, comme le disait Karl Marx en son temps, en dernière instance ce sont les rapports de production qui sont déterminants. Ces rapports définissent de fait un système de production dont le fonctionnement concret dépend aussi de l’évolution des techniques, celles là même qu’il génère et promeut, et de conditions bassement matérielles que sont la disponibilité de matières premières dont le gaz et surtout le pétrole  qui servent à nourrir le système en énergie.

Ces matières premières énergétiques sont la clef de la puissance, soit qu’on les possède, soit qu’on les contrôle. En fait, c’est ce dernier aspect qui est de loin le plus décisif et, ainsi que nous l’explique Pepe Escobar, les Etats Unis et l’Occident confrontés à la montée de nouvelles puissances de rang mondial, ont entrepris patiemment de s’adjuger, de gré ou de force, non pas l’accès à ce pétrole et à ce gaz mais son contrôle pour disposer d’un atout absolument décisif pour le maintien de leur hégémonie.

C’est ce qui s’est joué en Libye, ce qui se joue maintenant en Iran et les évènements de Syrie s’inscrivent, que les Syriens le veuillent ou non, dans ce contexte.

 

L’Europe en guerre avec l’Iran

par Pepe Escobar, Asia Times 25 janvier 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Personne n’a jamais perdu d’argent en pariant sur la stupidité des politiciens de l’Union Européenne (UE).  Et si vous êtes trader de pétrole, réjouissez-vous en vous rendant à la banque ; comme prévu, les ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne – emboitant docilement le pas de l’administration Obama – ont donné leur feu vert à un embargo complet sur le pétrole iranien.

 

L’embargo s’applique non seulement aux nouveaux contrats, mais aussi aux contrats en cours – qui seront annulés le 1er juillet – et comprend des sanctions additionnelles qui visent la banque centrale iranienne et les exportations de dérivés pétroliers vers l’UE.

Il est toujours très important de rappeler que l’embargo – une déclaration de guerre économique de facto – a été proposé avec force d’abord par le « libérateur » néo-napoléonien de la Libye, le président Français Nicolas Sarkozy. L’excuse officielle pour cette guerre économique sont « les inquiétudes de plus en plus grandes quant au programme nucléaire iranien. »

 

Les avertissements de Moscou, enjoignant l’UE de cesser d’agir une fois encore comme un simple pion en se tirer elle-même une balle dans le pied. Les Russes savent tout ce qu’il y a à savoir sur les horribles effets en retour que pourrait avoir cet embargo.

 

L’UE défend sa stratégie – ou sa guerre économique – comme étant la seule manière d’éviter le «chaos au Moyen Orient». Pourtant, la guerre économique pourrait bien finir par allumer l’étincelle de la guerre ouverte qu’elle cherche en théorie à éviter, c’est-à-dire de tout un ensemble de conséquences inattendues qu’elle porte en elle.

 

Ce qui nous emmène tout directement au drame du détroit d’Ormuz. Téhéran a à maintes reprises affirmé qu’elle fermerait Ormuz seulement si – et il faut le répéter – l’Iran est empêchée d’exporter son pétrole. Ce qui représenterait un coup mortel contre son économie – entièrement dépendante des exportations pétrolières – sans parler de son régime contrôlé par le Guide Suprême, l’ayatollah Ali Khamenei Le changement de régime est le véritable agenda de Washington et de ses caniches européens (voir Le mythe d’un ‘Iran isolé’, Asia Times Online, 19 janvier – mais on ne peut pas le dire clairement à l’opinion publique internationale.

 

Les traces de mes larmes

 

Sur les cinq plus gros importateurs de pétrole iranien quatre se trouvent en Asie; deux sont membres du BRICS (l’Inde et la Chine), plus les allies des USA que sont la Corée du Sud et le Japon. On peut affirmer sans se tromper que tous ces importateurs devraient vivement reprocher aux Américains/Européens leurs provocations (en fait certains le font déjà) si l’Iran envisageait de bloquer le détroit d’Ormuz, où y activait des mines.

 

L’UE importe pour sa part environ 600 000 barils de pétrole iranien par jour, soit 25 % des exportations quotidiennes de l’Iran. Le plus gros importateur est l’Italie. D’autres gros clients sont l’Espagne et la Grèce. Tous ces pays du Club Med, c’est un euphémisme, sont actuellement enfoncés dans de profondes difficultés économiques.

L’UE insiste pour broder sur sa soi-disant “double approche” sur l’Iran. Dépouillée de son vernis propagandiste, la double approche se résume en pratique à « taisez-vous, pliez devant nos sanctions, cessez d’enrichir de l’uranium et venez négocier selon nos conditions. »

 

Alors quand la chef de la diplomatie européenne – la prodigieusement insignifiante Catherine Ashton – pérore sur la « validité de la double approche, » les diplomates sérieux dans tout le monde en voie de développement ne peur l’interpréter que pour ce qu’elle est ; une blague qui n’est pas exactement de nature à inciter l’Iran à renouer les négociations avec le groupe de contact sur l’Iran (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne).

Pendant ce temps, le maître des caniches européens – l’administration Obama – exerce toutes sortes de pressions sur les puissances asiatiques pour qu’elles arrêtent d’acheter du pétrole iranien. On peut rêver. Pour tous ces pays – y compris le Japon et la Corée du Sud – les affaires vont continuer normalement ; ils ont besoi du pétrole iranien encore plus que l’Occident.

Même BP – pollueur notoire du Golfe du Mexique – a demandé à l’administration Obama d’être exemptée des sanctions. Une demande qui a tout ç voir avec un chapitre essentiel du Pipelineistan – le développement de l’immense champ gazier de Shah Deniz II en Azerbaïdjan.

L’Europe ne peut en aucune façon bénéficier du gaz de la mer caspienne sans un investissement énorme de 22 milliards de dollars pour développer Shah Deniz II dont 10 % des parts sont détenues par l’Iran. Shah Deniz II serait essentiel pour alimenter le pipeline Nabucco, si jamais il voit le jour. Nabucco contourne l’’allié stratégique de l’Iran qu’est la Russie –  il se trouve que cette dernière garde la mainmise sur l’approvisionnement en gaz de l’Europe, ce dont les Européens se plaignent constamment à Bruxelles.

 

Si l’Iran le bloque, l’affaire est enterrée Nous avons donc une situation post-surréaliste du géant pétrolier britannique – avec BP implorant pour que les USA la dispensent de sanctions parce que la sécurité énergétique de l’Europe serait fragilisée. La Grande Bretagne qui se trouve aussi être un ennemi implacable u régime de Téhéran s’en remet cependant toujours à l’Iran pour «sauver» l’Europe des griffes de Gazprom.  Un imbroglio total.

La City ne dort jamais

Le but du jeu en Iran sera toujours un changement de régime parce que ce que le rêve qui fait remuer la queue de Washington et de ses caniches européens est de mettre la main sur les fabuleuses réserves pétrolières (12,7 % des réserves mondiales) et sur les ressources en gaz de l’Iran.  Et le fait est que ces ressources profitent de plus en plus au réseau qui vise à assurer la sécurité énergétique de l’Asie – et non à l’Occident.

Les énormes gisements d’Azadegan Nord et Sud – 23 milliards de barils – sont exploités par – qui d’autre? – la Chine et sont tous deux développés par la China National Petroleum Corporation qui prévoit d’investir 8,4 milliards de dollars dans les dix années à venir. Même chose pour le gisement de Yadavaran qui est développé par la China Petroleum & Chemical Corporation et qui dans quatre ans produira près de 200 000 barils par jour. Et tout ça, en omettant de seulement mentionner le plus grand gisement gazier au monde – South Pars dont l’Iran possède une grande partie au côté du Qatar.

Et puis il y a le front crucial du pétrodollar. Dominique Strauss-Kahn (DSK), , peu avant sa démission force du poste de directeur général du Fonds Monétaire International à cause d’un scandale sexuel, insistait pour mettre un terme au rôle du dollar US en tant que monnaie de réserve internationale, proposant de le remplacer par les Droits de Tirage Spéciaux (DTS), la monnaie virtuelle du FMI à partir d’un panier qui inclut le dollar US, l’euro, le yen, le yuan et la livre sterling.

Ce qui est déjà en train de se produire, par d’autres moyens. Pour la gouverne de celui qui somnole à la barre de l’axe Washington/Bruxelles, la Chine et l’Inde contournent déjà les sanctions euro-américaines contre l’Iran.

Trois membres du BRICS (la Chine, l’inde et la Russie) plus le Japon et l’Iran – un puissant mix des plus grands producteurs et consommateurs mondiaux d’énergie – sont déjà en train de commercer, ou sur le point de le faire, dans leurs propres monnaies. La Russie et l’Iran viennent de commencer à commercer en roubles et en rials. Toutes ces puissances ont des accords bilatéraux – qui vont inexorablement évoluer vers la multilatéralité; ce qui se traduit par un lent déclin du dollar en tant que monnaie de réserve au niveau mondial, avec les répercussions sismiques que cela implique.

C’est comme si un monde stupéfait était en train de regarder un rituel d’hara-kiri exécuté auralenti par l’Occident sous la domination de Washington.

Il y a aussi le fruit prometteur en cette année du Dragon pie – les bourses monétaires internationales libellées en yuan à la City de Londres. Pékin le veut – et la City le veut aussi. Téhéran vend déjà du pétrole à pékin en yuan. Pensez à l’Iran se servant de la bourse monétaire de Londres pour utiliser ses yuans et ainsi continuer à accéder aux marchés mondiaux – peu importerait alors l’avalanche des sanctions ou l’embargo par l’US/USA.

 A l’évidence, les acteurs de la City sont conscients que bourse de « libre échange » en yuan à Londres peut jouer à l’avantage de l’Iran ; mais à la différence de ces imbéciles de Bruxelles, les filous de la City savent que les affaires sont les affaires.


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