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Harvey Weinstein condamné à la mort économique par sa communauté

14 octobre 2017

Apparemment, quand on appartient au « peuple élu », on ne peut pas se résoudre à être comme les autres, même dans la déviance.

C’est cette façon de voir qui nous vaut cet article du magazine juif Tablet qui parle du caractère spécifiquement juif de la perversion du producteur hollywoodien en voie de déchéance, Harvey Weinstein.

Et si on comprend bien, les agissements du célèbre producteur, connus depuis longtemps, n’ont été étalés sur la place publique que parce qu’il a commis l’erreur de se livrer à une démonstration sexuelle devant une femme juive, lui qui auparavant ne s’en prenait qu’à des shiksas.

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Harvey Weinstein et Roman Polanski (ce dernier est recherché par la justice américaine pour viol sur mineure)

La perversion spécifiquement juive d’Harvey Weinstein

Le producteur de film déchu est un personnage sorti tout droit de l’œuvre de Philip Roth, qui réalise ses fantasmes de vengeance sur les Goyim.

par Mark Oppenheimer, Tablet (USA) 9 octobre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Note de la Rédaction: depuis sa publication des excuses ont été présentées à propos de cet article

A première vue, Harvey Weinstein a l’air d’un personnage très familier. N’est-il pas ce vieux, ce même vieux, ce même homme riche et puissant, sûr de ses droits avec sa teinture ratée qui abuse de son pouvoir pour forcer des femmes à avoir des relations sexuelles avec lui ? Harvey n’est-il pas exactement comme Roger Ailes, ou Bill O’Reilly ou, sur ce point, comme Bill Clinton? Mais examinez les détails de l’affaire et vous constaterez que la réponse est non. Harvey est différent. Harvey est, malheureusement, un genre de pervers profondément juif.

Aussi ignobles que vous puissiez trouver Ailes, O’Reilly et les autres goyim libidineux, vous reconnaîtrez que leur comportement correspond à un modèle vieux comme le monde, aussi banal que les plaintes de Fox News à propos de la « guerre contre Noël. » Les hommes sont avides de sexe et les pires parmi eux l’obtiendront par tous les moyens qu’ils jugent nécessaires. Ces messieurs méprisables ont du pouvoir et de l’influence, et ils n’hésitent pas à promettre un contrat lucratif – ou à menacer de l’annuler – pour une coucherie. Dans ces transactions, les femmes ne sont rien d’autre que des objets, et tout « consentement » n’est pas autre chose qu’une illusion. Moralement, ces hommes ne valent pas mieux que les proxénètes qui se pressent dans le bar du personnage de James Franco dans The Deuce, le nouveau feuilleton sur HBO; psychologiquement, ils ne sont pas plus complexes que les clients du bar. L’argent rentre, le foutre sort. Les femmes sont des dommages collatéraux.

Harvey a fait quelque chose de singulier – pas moins odieux, mais différent. Harvey a joué [comme un acteur]. Comme nous l’entendons dire maintenant [que nous le voulions ou pas), il aurait contraint une femme à le regarder pendant qu’il se masturbait sur une plante en pot. Et si vous voulez comprendre cet étrange comportement, n’allez pas chercher du côté de Roger Ailes, de David Vitter ou de Peter Crouch – allez voir chez Philip Roth.

Mieux sans doute que n’importe quel autre écrivain, Roth a capturé l’angoisse propre au Juif américain du 20ème siècle, qui accède finalement au pouvoir mais, n’ayant pas grandi avec, n’est pas certain de ce qu’il est censé faire maintenant. Toutes ces années à désirer des femmes non juives inaccessibles, sans avoir jamais alors les moyens de les attirer. Le résultat est Alexander Portnoy de « Portnoy et son complexe« , un homme mûr dont la vie sexuelle et émotionnelle est toujours de l’ordre du grand spectacle exactement comme à l’adolescence quand il se masturbait avec un morceau de foie.

Enfant, Portnoy rêvait d’atteindre une déesse shiksa [terme yiddish péjoratif pour désigner la femme non juive] mythique qu’il surnommait Thereal McCoy  qui fait du patin à glace « dans sa parka bleue, avec ses cache-oreilles rouges et ses grosses mitaines blanches – Miss America sur patins! Avec son gui et son pudding aux prunes (ou n’importe quoi d’autre), » mais à l’âge adulte il gagne la vraie femme qu’il surnomme Le Singe. Et que fait-il pour la rabaisser ? Il la fait coucher avec une prostituée italienne. Certes, il finit par se joindre à elles, mais pas avant qu’elles jouent dans un mauvais film – pas à Hollywood mais dans un film triple-X à San Fernando Valley. Et le surnom qu’il lui donne, Le Singe? Il vient d’un épisode de sa vie avant qu’elle rencontre Portnoy, quand un couple d’échangistes l’avait ramassée pour qu’elle mange une banane tout en les regardant copuler. Du fait d’avoir un passé qui l’excite sexuellement, elle se retrouve rabaissée avec un surnom d’animal.

Harvey est tout d’une pièce. Ayant grandi dans le Queens, il rêvait de célébrité et de fortune, et une fois qu’il les a eues, il a lutté pour les conserver en se construisant un personnage plus grand que nature. Il hurlait sur les employés comme s’il était un patron de studio des années 1920 – la seule chose qui manquait étant une cravache. Il dirigeait des campagnes pour les Oscars comme on le faisait dans le bon vieux Hollywood. Et il harcelait les femmes, pas nécessairement pour s’en servir comme instruments de plaisir mais pour d’en servir comme instruments de son pouvoir.

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Le mannequin italien Ambra Batillana et Harvey Weinstein

Il va sans dire que presque toutes ces femmes – Rose McGowan, Ambra Batillana, Laura Madden, Ashley Judd, etc – étaient des Gentilles pour mieux nourrir le fantasme vengeur d’un Weinstein sorti de son quartier de banlieue et de ses origines sémites. Mais il se trouve qu’il y avait une femme juive dans le lot, nulle autre que Lauren Sivan, celle de l’épisode de la plante en pot.

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La journaliste Lauren Sivan

C’est par cet aspect qu’il s’est par inadvertance écarté du modèle Portnoy, jouant de son vice non pour le grand spectacle américain mais pour une femme qui aurait pu être sa cousine. Harvey peut fuir ce qu’il est, mais il ne peut pas le cacher.

 

Philip Roth s’attaque au tabou auquel ne touchera pas Charlie Hebdo

19 septembre 2012

Charlie Hebdo vient de publier de nouvelles caricatures représentant le prophète de l’Islam. Je ne vais pas gloser longtemps là-dessus parce que si de nombreux clients sont tombés dans le panneau en se ruant, dit-on, dans les kiosques pour s’en procurer un exemplaire, les commentateurs portent cette fois un jugement plus mitigé sur la politique éditoriale de ce magazine . J’écoutais en effet tout à l’heure sur France Info une petite brochette de commentateurs évoquer un coup marketing dénué de l’esprit de responsabilité qui doit caractériser la profession journalistique.

Mais Charlie Hebdo aurait tort de se gêner vu que c’est si facile de taper sur les Musulmans en France, une «communauté» [selon moi il n’y a pas ou pas encore de communauté musulmane], encore fortement marquée par l’appartenance au prolétariat voire par la pauvreté , objet du discours politique mais non représentée politiquement.

Le magazine a mis la barre très bas. Pour montrer son courage, je lui propose de mettre la barre très haut et de s’attaquer avec virulence et détermination aux véritables tabous de cette société, par exemple l’holocauste, l’Etat prétendu juif ou encore le rôle des dirigeants Juifs Français pendant l’occupation et sous le régime de Vichy (parce qu’il y avait les Juifs résistants avec de Gaulle et dans les maquis mais il y avait aussi les autres).

C’est pas demain la veille, parce que Charlie-Hebdo se retrouverait cloué au pilori et rapidement privé de ressources financières.

Un Juif américain aborde un sujet tabou : Israël

Par Matthew Hays, The Globe & Mail (Canada) 25 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Phillip Roth an parle comme d’un des moments les plus marquants de son enfance. C’était en 1978, et le cinéphile de 12 ans a regardait la cérémonie de remise des Oscars à la télévision quand VanessaRedgrave a dénoncé les «voyous sionistes» tout en acceptant son Oscar pour le meilleur second rôle féminin.

«Ce discours a eu un impact énorme sur moi», dit Roth, un cinéaste basé à Los Angeles (qui n’a pas de rapport avec le romancier du même nom). « C’était probablement la première fois que je réalisais qu’il y avait des gens, pas seulement des terroristes, qui étaient vraiment critiques  à l’égard d’Israël. » Le discours mémorable de Redgrave avait été accueilli par des huées et des sifflements lors de la cérémonie, et sa co- vedette dans Julia, Jane Fonda, avait reçu une standing ovation.

Philip B. Roth

Roth, qui a grandi dans une famille juive à Los Angeles, explique que les questions qui entourent la relation de la communauté juive américaine à Israël continuent de le fasciner – l’une d’entre elles en particulier. « Les Juifs américains ne sont pas vraiment autorisés à dire quoi que ce soit de critique sur Israël », soutient-il. « Si vous regardez la presse israélienne, il ya un débat vigoureux, qui se poursuit sans interruption. Les Israéliens sont autorisés à être très critiques envers Israël. Les Américains, semble-t-il, ne le sont pas. Parmi mes amis et ma famille, je pouvais trouver des gens qui étaient très ouverts sur tous les sujets imaginables, sauf quand on touchait à Israël et au Moyen-Orient. « 

Roth d’ajouter, «Quand le sujet arrivait sur Israël, c’était presque comme si la discussion était coupée. »

Ce constat a incité Roth à réaliser son propre documentaire à la première personne sur ce sujet ; le résultat est un mélange grisant de considérations personnelles et politiques. Les Confessions d’un Juif Honteux, qui sort en première mondiale ce weekend au Festival Mondial du Film de Montréal et traite de l’itinéraire de Roth dans sa confrontation avec l’écheveau complexe de liens personnels, historiques et politiques que la diaspora juive possède avec l’Etat d’Israël.

Rorh a interviewé un grand nombre de personnes pour son documentaire – de sa propre grand-mère à Phyllis Chesler, auteure du livre The New Anti-Semitism, dans lequel elle avertit de la montée inquiétante du préjugé antijuif au début du 21ème siècle. Les résultats sont fascinants et Roth prend soin de donner longuement la parole à ceux avec qui il est en désaccord.

Il reconnaît que certains l’ont critiqué pour avoir entrepris un tel projet. «Je suis un homosexuel qui enseigne le yoga à des apprenants tout nus à Los Angeles. Je ne suis jamais allé au Moyen Orient. Mais j’ai vraiment aimé l’idée que quelqu’un comme moi, qui n’a rien d’un spécialiste, puisse se pencher sur ces questions et les poser très franchement. Après tout, deux tiers des Juifs Américains ne sont jamais allés en Israël. Mais si nous nous interrogeons sur les relations et le soutien de notre gouvernement à Israël, nous sommes taxés de [Juifs] honteux.»

Au cours de ses recherches pour Confessions d’un Juif Honteux – qu’il appelle le fruit de «cinq ans de travail de l’amour» – il s’est découvert des affinités particulières avec une des personnalités historiques dont il retrace l’histoire. «Hannah Arendt, elle-même survivante des camps nazis [Hannah Arendt n’a jamais séjourné dans un camp nazi, note de Djazaïri], avait écrit des textes assez critiques du sionisme après le jugement d’Adolf Eichmann. Elle avait été alors accusée d’être une juive honteuse simplement parce qu’elle soutenait que la vision initiale du sionisme s’était égarée.

Vers la fin du film, Roth se retrouve plaidant pour une version de la solution controversée à un seul Etat dans lequel Israéliens et Palestiniens vivraient dans le même pays, avec une personne, un vote. Une des personnes qu’il interviewe conteste fermement cette idée en affirmant qu’un tel système signifierait un «suicide national pour Israël. »

Roth soutient que, «Tant que vous avez autant de colonies juives en Cisjoordanie, tant que vous donnez aux Russes et aux Américains et à d’autres immigrants autant d’incitations financières pour vivre là-bas, et tant que vous avez des palestiniens condamnés à la pauvreté qui vivent à côté d’eux, je pense que vous devez accorder à ces Palestiniens le même accès à la citoyenneté, mais si vous ne le faites pas, alors c’est vraiment comme l’apartheid.»

Et il concède qu’il y a une certaine ironie de voir Confessions of a Self-Hating Jew projeté en première mondiale au Canada où le gouvernement conservateur s’est avéré être un chaud partisan d’Israël.

«Je ne prétends pas que les sionistes vont entrer dans la salle de cinéma et que leur mentalité sera changée par mon film», dit Roth. « Mais nous devons en parler. Ces politiques de construction de nouvelles colonies en Cisjordanie: sont-elles vraiment dans l’intérêt d’Israël? N’ont-elles pas tout simplement créé une situation impossible?


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