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Suite aux protestations, Starbucks renonce à confier à une officine sioniste le pilotage de sa formation contre le racisme

28 avril 2018

Vous avez sans doute entendu parler de cette histoire survenue dans un Starbucks de Philadelphie aux Etats Unis où deux clients afro-américains avaient été arrêtés alors qu’ils étaient attablés, sans consommation certes, mais depuis quelques minutes seulement, tout à fait tranquilles et sans donc causer de dérangement quelconque à personne.

Comme le remarquait une cliente qui a filmé la scène dans une vidéo qui a fait le buzz sur Internet:

« La police a été appelée parce que ces hommes n’avaient rien commandé. Ils attendaient un ami, qui est arrivé alors que ses amis étaient embarqués en menottes pour n’avoir rien fait. Tous les autres Blancs se demandent pourquoi ça ne nous est jamais arrivé quand on fait la même chose », écrit en commentaire son auteure, Melissa DePino.

Pour des raisons qui peuvent tenir à la mauvaise publicité que peut représenter ce genre d’incident, ou pour des raisons d’éthique pourquoi pas, la direction de Starbucks a non seulement présenté des excuses mais a aussi décidé de lancer un  plan de formation de son personnel sur le thème des préjugés racistes.

Une initiative largement saluée jusqu’à ce qu’on découvre que le pilotage de cette action avait été confié à l’Anti-Defamation League (ADL, équivalent de la LICRA aux Etats Unis], ce qui a fait grincer des dents toux*s ceux qui savent à quel point cette organisation, pour des raisons présentées dans l’article que je vous propose, est loin d’être qualifiée pour animer des sessions de formation contre le racisme.

Les associations antiracistes des Etats Unis ne sont pas restées les bras croisés et se sont mobilisées pour faire savoir leur mécontentement à la société Starbucks. La mobilisation a été suffisamment puissante pour amener Starbucks à rétrograder la place de l’ADL dans son action de formation et à en donner le pilotage à des organisations nettement plus qualifiées

 

Les protestations forcent Starbucks à écarter l’ADL de la formation contre le racisme

Après le tollé suscité par l’inclusion de l’Anti-Defamation League en tant que pilote de la formation anti-raciste de Starbucks, la chaîné de cafés a reculé, comme le rapporte Marjorie Cohn pour Consortium News.

par Marjorie Cohn  Special to Consortium News (USA) 28 avril 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

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Marjorie Cohn

Après qu’une vidéo de l’arrestation de deux hommes afro-américains assis dans un Starbucks sans avoir acheté de consommation soit devenue virale, Starbucks a programmé une formation anti-raciste. Mais leur inclusion de l’Anti-Defamation League dans la formation a provoqué un autre tollé et Starbucks a capitulé.

Le 12 avril, Rashon Nelson et Donte Robinson ont été arrêtés pour intrusion dans un Starbucks de Philadelphie. Un gérant avait appelé la police parce que les hommes, qui étaient au café depuis seulement quelques minutes, n’avaient rien acheté.

Melissa DePino, une cliente de Starbucks qui a enregistré la vidéo de l’arrestation qui est devenue virale sur les réseaux sociaux, a déclaré : « Ces gars-là n’ont jamais levé la voix. Ils n’ont rien fait d’agressif. . . J’étais assis près de là où ils se trouvaient. Tout près. Ils ne faisaient rien. Rien du tout. « 

Dans le but d’éviter un désastre en matière e relations publiques après que l’incident raciste soit devenu public, Starbucks a annoncé qu’il fermerait la plupart de ses 8 000 établissements le 29 mai pour une formation sur préjugés raciaux.

Mais, ajoutant l’insulte à l’injure, Starbucks avait fait appel à l’Anti-Defamation League (ADL), avec ses antécédents racistes notoires, en tant qu’intervenant principal dans la formation contre le racisme.

L’indignation de la communauté [afro-américaine] devant le rôle central de l’ADL dans la formation s’est manifestée rapidement et avec force. Starbucks a rétrogradé ADL à un rôle de consultant, et a nommé des représentants de trois importantes organisations de droits civiques dirigées par des afro-américains pour piloter la formation.

ADL: « Anti-Musulman, Anti-Palestinien, Anti-Noir et Anti-Activiste »

Après l’annonce initiale par Starbucks de la composition de ses formateurs à l’antiracisme, il y a eu une réaction négative très forte dans la communauté des droits civiques contre le rôle prédominant de l’ADL.

Tamika Mallory, co-présidente de la Marche des Femmes et de Black Lives Matter, a appelé au boycott de Starbucks. Mallory, une organisatrice de premier plan au niveau en faveur du contrôle des armes à feu, des droits des femmes, et contre les violences policières, est la lauréate 2018 du prix Coretta Scott King Legacy.

Tamika Mallory de la marche des Femmes

Mallory a tweeté que Starbucks « n’est pas sérieux quant à faire réaliser l’action par des personnes BLACK! ainsi qu’on le voit avec le rôle prédominant qu’il a donné à ADL, qui « s’attaque constamment aux personnes noires et basanées ».

Cat Brooks, cofondatrice de l’Anti Police-Terror Project, a déclaré qu’elle était d’accord avec Mallory. « Vous ne pouvez pas participer à une formation anti-préjugés quand vous soutenez ouvertement la colonisation raciste, oppressive et brutale de la Palestine. »

Linda Sarsour, également co-présidente de la Marche des Femmes, a écrit sur Facebook que l’ADL est «une organisation anti-arabe et anti-palestinienne qui colporte l’islamophobie et attaque les organisations et le militants musulmans en vue aux États-Unis et elle soutient/sponsorise les voyages de policiers qui vont suivre une entraînement avec l’armée israélienne. « 

Amer Zahr, comédien et activiste palestinien-américain, a grandi à Philadelphie. Zahr  nous a déclaré que l’ADL et l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) « étaient les architectes de l’industrie anti-arabe et anti-islamique en Amérique pendant les 50 à 60 dernières années. »

Zahr a affirmé que « accueillir des organisations comme ADL dans la famille des organisations de défense des droits civiques . . . est une vraie gifle pour les Palestiniens, les Arabes et les musulmans qui sont victimes de la rhétorique de l’ADL depuis des dizaines d’années. « 

Invité à réagir à la décision de Starbucks, un porte-parole de l’ADL que nous avons contacté a refusé de s’exprimer.

Espionner les gauchistes

ADL a été créé en 1913 « pour défendre les Juifs, et plus tard d’autres groupes minoritaires contre la discrimination », écrivait Robert I. Friedman en 1993. Elle mena la lutte contre le Ku Klux Klan et le parti nazi américain et soutint le mouvement des droits civiques dans les années 1960 Mais à la fin des années 1940, « l’ADL a espionné les gauchistes et les communistes, et a partagé des dossiers d’enquête avec le FBI et le comité de la Chambre des représentants sur les activités anti-américaines. L’ADL a basculé brusquement vers la droite sous l’administration Reagan, devenant un bastion du néoconservatisme. « 

En 1993, le procureur du district de San Francisco a publié 700 pages de documents qui impliquaient l’ADL dans une vaste opération d’espionnage contre des citoyens américains opposés à la politique israélienne en Cisjordanie occupée et à Gaza, et à l’apartheid en Afrique du Sud. L’ADL avait ensuite transmis ces informations au Mossad israélien et au renseignement sud-africain.

Les documents révélaient que l’ADL avait fourni des informations aux services secrets sud-africains peu avant l’assassinat de Chris Hani. Hani était un responsable de l’African National Congress, qui dirigeait la lutte contre l’apartheid, et était considéré comme le successeur de Nelson Mandela. Hani avait été tué peu de temps après son retour d’une tournée de conférences en Californie, où il avait été espionné par l’ADL.

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Chris Hani a été assassiné en 1993

Quinze associations de défense des droits civiques et sept individus avaient intenté un procès fédéral contre ADL en 1993 pour violation de leurs droits civiques et de leur vie privée en les espionnant. Six ans plus tard, le juge fédéral Richard Paez a émis une injonction interdisant de façon permanente à ADL d’espionner illégalement  des organisations  arabo-américaines et d’autres organisations de droits civiques.

Mais les activités haineuses de l’ADL continuent. La directrice exécutive de Jewish Voice for Peace (Voix Juive pour la Paix, JVP), Rebecca Vilkomerson, a déclaré dans un entretien avec Consortium News que l’ADL, qui se désigne elle-même comme organisation de défense des droits civiques, joue vraiment un rôle préjudiciable dans un certain nombre de communautés. Elle observe que l’ADL « promeut et est complice de campagnes anti-musulmans, anti-Noirs et anti-activistes. »

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Rebecca Vilkomerson de Jewish Voice for Peace

Vilkomerson a critiqué l’ADL pour avoir honoré le département de police de St. Louis un an après que ses agents eurent tué Michael Brown, un homme afro-américain non armé à Ferguson.

Arielle Klagsbrun du Jewish Voice for Peace de St. Louis explique : «Le camp de l’ADL est le camp de la police. En tant que personne dont les membres de la famille sont des survivants de l’holocauste, les leçons que je tiré de l’holocauste pour aujourd’hui sont que les vies noires comptent et que nous devons nous opposer au racisme systémique. « 

Soffiyah Elijah, directrice exécutive de l’Alliance of Families for Justice, a déclaré dans une interview que si l’on élaborait un programme de formation contre l’antisémitisme, « vous n’iriez pas à la NAACP, National Association for the Advancement of Colored People, [association nationale pour la promotion des gens de couleur] pour une formation de sensibilisation ». , J’ai trouvé que[l’inclusion de ADL] c’était une insulte de plus ».

Vilkomerson qualifie l’ADL « d’un des plus grands pourvoyeurs » d’échanges entre les forces de l’ordre israéliennes et américaines, avec la police américaine qui se rend en Israël pour apprendre les méthodes de « contre-terrorisme » à appliquer ici. Cela englobe «le profilage racial, l’espionnage, la surveillance de masse et les châtiments collectifs».

Mais « la police étatsunienne n’a pas vraiment besoin de leçons de racisme, » ajoute Wilkomerson.

Starbucks recule après une réaction anti-ADL

JVP a fait circuler une pétition contre l’inclusion de l’ADL, qui a recueilli 11 000 signatures en 72 heures. Selon Vilkomerson, « l’énorme déferlement » sur Twitter d’opposition au rôle central initialement prévu pour l’ADL dans la formation sur le racisme et la « semaine de mise sous pression » y compris la pétition de JVP, ont amené Starbucks à reculer.

Starbucks a publié une déclaration dans laquelle figurent les noms de ceux qui vont diriger la formation contre le racisme : Bryan Stevenson, fondateur et directeur exécutif de Equal Justice Initiative; Sherrilyn Ifill, présidente et directrice-conseil du Fonds de défense et d’éducation juridiques de la NAACP; et Heather McGhee, présidente de Demos, une organisation de défense des droits civiques.

Les trois dirigeants «donneront des aviss, des conseils, feront le lien avec d’autres experts et feront des recommandations à Starbucks pour la formation du 29 mai, qui lancera l’action en plusieurs phases de l’entreprise».

Starbucks a annonvé qu’il « consultera également un éventail d’organisations et d’experts des droits civiques – y compris l’Anti-Defamation League, le Leadership on Civil and Human Rights, UnidosUS, Muslim Advocates, et des représentants d’associations LGBTQ, d’organisations religieuses, de personnes handicapées , et autres. »

Le directeur adjoint de JVP, Ari Wohlfeiler, a déclaré dans un communiqué de presse :

Starbucks ne le dira jamais publiquement, mais à cause du tollé général suscité par la position résolument pro-israélienne de l’ADL, son refus de condamner la violence policière, son islamophobie persistante et la convergence de toutes ces positions rétrogrades pour faciliter activement les programmes d’échanges entre les polices américaine et israélienne, Starbucks n’avait pas d’autre choix que de la mettre en retrait.

C’était un « excellent résultat », a déclaré Vilkomerson

Marjorie Cohn est professeure émérite à la faculté de droit Thomas Jefferson, ancienne présidente de l’ordre national des avocats, secrétaire générale adjointe de l’Association internationale des juristes démocrates.

 

Le modèle américain d’Hitler

23 octobre 2017

On s’en doutait un peu que les Etats Unis avaient pu inspirer les législateurs nazis qui avaient en effet découvert Outre Atlantique une codification élaborée du racisme d’Etat. Ce racisme d’Etat est incorporé dans l’hymne national, raison qui explique que certains sportifs mettent un genou à terre au moment où il est joué au lieu de l’observer debout.

Ira Katznelson, qui rend compte de la lecture d’un livre qui vient de paraître sur cette thématique du nazisme et de la législation aux Etats Unis, essaye cependant d’apporter sa propre contribution à l’analyse de ce sujet. Il pose en particulier que la différence entre le racisme institutionnalisé dans la démocratie libérale américaine et celui du régime autoritaire nazi est que ce dernier a dérivé vers le génocide tandis que l’Amérique s’est acheminée, non sans luttes précise-t-il, vers plus d’égalité.

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J’objecterai personnellement que la durée des deux régimes n’est pas comparable : en 1945, le Troisième Reich disparaissait après seulement une douzaine d’années d’existence tandis que le régime en vigueur aux Etats Unis, le même qu’aujourd’hui, avait 169 ans.

Et surtout, que si le Troisième Reich a « culminé » dans un génocide, les Etats Unis se sont fondés sur un génocide, celui des Amérindiens. Un génocide qui reste nié même par ceux qui le décrivent.

Ce que l’Amérique a enseigné aux Nazis

Dans les années 1930, les Allemands étaient fascinés par le leader mondial du racisme codifié – les Etats Unis

Par Ira Katznelson, The Atlantic (USA) novembre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Il n’y avait pas de lieu plus extravagant pour le théâtre politique du Troisième Reich que les terrains des parades spectaculaires, deux grands stades, et le palais des Congrès à Nuremberg, un projet conçu par Albert Speer.

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Stade du Zeppelinfeld à Nuremberg d’une capacité de  plus de 300000 personnes

Entre 1933 et 1938, il avait chorégraphié des rassemblements énormes parallèlement à la conférence annuelle du Parti Nazi, des assemblées rendues célèbres par les documentaires grandioses de Leni Riefenstahl de 1933 et 1935, La Victoire de la Foi et le Triomphe de la Volonté. Nuremberg avait été le cadre du « Congrès de la Liberté » du Parti au cours duquel le Reichstag en session extraordinaire avait adopté par acclamation une loi excluait les Juifs de la citoyenneté allemande et des droits afférents, leur interdisait de se marier ou d’avoir des relations sexuelles avec des personnes identifiées comme racialement allemandes et interdisait aux Juifs d’arborer les couleurs nationales ou le nouvel emblème national, un drapeau avec un svastika.

Huit jours à peine après la proclamation formelle par Adolf Hitler de la loi de citoyenneté du Reich, de la loi sur la protection du sang et de l’honneur allemands et de celle sur le drapeau du Reich, 45 juristes nazis embarquèrent pour New York sous les auspices de l’Association des Juristes Nationaux Socialistes Allemands. Le voyage était une récompense pour les juristes qui avaient codifié la philosophie juridique du Reich basée sur la race. L’objectif annoncé de la visite était d’avoir « un aperçu précis du fonctionnement juridique et de la vie économique des Etats Unis par l’étude directe et des conférences, » et le chef de la délégation était Ludwig Fischer. En tant que gouverneur du district de Varsovie une dizaine d’années plus tard, il présidera à l’ordre brutal du ghetto.

Chaque jour qui passe en ce moment nous rappelle que la démocratie libérale et la démocratie intolérante peuvent entrer dans une osmose malencontreuse, un contexte opportun pour le « Hitler’s Américan Model » [le modèle américain d’Hitler] de James Q. Whitman, qui examine comment le Troisième Reich trouva de la substance dans le droit américain pour ses initiatives basées sur la race. Après avoir débarqué, les juristes allemands participèrent à une réception organisée par l’Association du Barreau de New York. Toutes les personnes présentes étaient au courant des derniers événements à Nuremberg, et pourtant la demande de ces éminents juristes allemands d’en apprendre sur les systèmes juridique et économique américain avait été accueillie chaleureusement.

Whitman, professeur à la faculté de droit de Yale, a cherché à comprendre comment les Etats Unis, un, pays fondé sur ces principes libéraux que sont les droits individuels et la règle de droit, ont pu produire des idées et des pratiques juridiques « qui semblaient intrigants et attractifs aux Nazis. » En explorant cette apparente incongruité, son petit livre soulève d’importantes questions sur le droit, sur les décisions politiques qui affectent la portée de l’appartenance civique et sur la malléabilité des valeurs des Lumières.

Au rebours des travaux universitaires qui minimisent l’impact du modèle américain de racisme légal sur l’Allemagne nazie, Whitman réunit toute une série d’éléments qui plaident en faveur de la probabilité « que les lois de Nuremberg elles-mêmes reflètent une influence américaine directe. » L’Amérique a fourni le point de référence le plus évident au Preußische Denkschrift, le mémorandum prussien rédigé en septembre 1933 par une équipe de juristes qui comprenait Roland Freisler, qui devait bientôt se révéler en tant que président particulièrement cruel du Tribunal Populaire Nazi. Des précédents [exemples] américains ont aussi inspiré d’autres textes nazis essentiels, y compris le Manuel national-socialiste de droit et de législation de 1934-35, publié sous la direction du futur gouverneur général de Pologne Hans Frank qui sera plus tard pendu à Nuremberg. Chapitre très important de ce livre, un quart des pages des recommandations d’Herbert Kier pour une législation raciale est consacré à la législation américaine – pas seulement à la ségrégation pais aussi aux règles appliquées aux Amérindiens, aux critères de citoyenneté pour les Philippins et les Porto-Ricains ainsi qu’aux Afro-Américains, aux réglementations sur l’immigration et aux interdictions portant sur le métissage dans quelque 30 Etats [à l’époque il y a 48 Etats contre 50 aujourd’hui]. Aucun autre pays, pas même l’Afrique du Sud, ne disposait d’un ensemble de lois aussi développé en ce domaine.

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Varsovie 1942: Ludwig Fischer et Hans Frank, respectivement 2ème et 3ème à partir de la gauche

Particulièrement significatifs étaient les écrits du juriste allemand Heinrich Krieger, « le personnage de loin le plus important pour l’assimilation par le nazisme de la législation raciale américaine », qui avait passé l’année universitaire 1933-34 comme étudiant dans le cadre d’un échange la faculté de droit de l’Arkansas à Fayetteville. Cherchant à mobiliser un savoir historique et juridique au service de la pureté raciale aryenne, Krieger avait étudié toute une série de régimes raciaux à l’étranger, dont l’Afrique du Sud contemporaine, mais en avait découvert les fondations dans le droit américain. Ses écrits très documentés sur les Etats Unis commencèrent avec des articles de 1934 dont certains concernaient les Amérindiens et d’autres qui tentaient une évaluation globale de la législation raciale des Etats Unis – des textes précurseurs de son livre majeur de 1936, « Das Rassenrecht in den Vereingten Staaten » [la législation raciale aux Etats Unis].

Le « document massue » de Whitman est la transcription d’une conférence du 5 juin 1934 qui avait réuni d’éminents juristes allemands pour débattre de la meilleure manière d’opérationnaliser un régime raciste. La transcription montre comment les plus extrémistes parmi eux, qui s’appuyaient sur les recherches approfondies de Krieger, étaient particulièrement attirés par les codes juridiques américains basés sur la suprématie blanche. Le principal apport conceptuel venait de Freiser. La race, affirmait-il, est une construction politique. Aux Etats Unis comme en Allemagne, l’importance et la signification de la race ont pour l’essentiel été déterminées moins par des réalités scientifiques ou des conventions sociales que par des décisions politiques consacrées par la loi.

Mais même les preuves indiscutables de l’intérêt soutenu des Allemands pour le modèle américain ne tranchent pas la question du rôle constitutif des lois raciales américaines, comme Whitman lui-même a la prudence de le reconnaître. Après tout, les intellectuels et les dirigeants nazis avaient bien pu utiliser des exemples américains simplement pour rendre plus légitimes les projets grotesques qu’ils envisageaient déjà de mettre en œuvre. En tout cas, répondre à la question de l’influence étrangère est en définitive moins important que l’autre objectif de Whitman qui est d’examiner le statut de la hiérarchie raciale aux Etats Unis à travers le regard des Nazis. « Ce que l’histoire présentée dans ce livre exige que nous affrontions, » écrit-il, « ne porte pas sur des questions relatives à la genèse du nazisme mais sur le caractère de l’Amérique. »

Son teste dérangeant trouve donc sa place à l’intérieur de l’histoire plus large des Etats Unis en tant que régime politique fondé sur les principes de l’égalité des hommes, de la raison des Lumières et de la limitation constitutionnelle du pouvoir de l’Etat, modelé cependant par le mal extraordinaire et les conséquences à long terme de la traite des esclaves basée sur la race. Lire « Hitler’s American Model » nous oblige à prendre en compte le fait brut que durant la période 1334-35 du Troisième Reich, environ la moitié des élus du Parti Démocrate au Congrès représentaient des Etats Jim Crow [où la ségrégation était en vigueur], et qu’aucun des deux grands parti n’avait essayé d’abolir des lois raciales qu’admiraient tant les magistrats et juristes allemands.

Comment comprendre la relation entre race et démocratie a été une question pressante depuis la fondation même des Etats Unis. La tension profonde entre les deux – résumée ironiquement par une plantation baptisée ‘Egalité’ à Port Tobacco dans le Maryland, pleine d’esclaves et propriété de Michael Jenifer Stone, un des six membres de la délégation de cet Etat à la Chambre des Représentants du Premier Congrès Fédéral – avait rendu perplexe le grand auteur sur l’égalité en Amérique, Alexis de Tocqueville. Dans « De la démocratie en Amérique », publié un siècle exactement avant les Lois de Nuremberg, il engagea une discussion sur « les trois races qui habitent le territoire des Etats Unis » en annonçant que ces objets « qui touchent à mon sujet n’y entrent pas ; ils sont américains sans être démocratiques, et c’est surtout la démocratie dont j’ai voulu faire le portrait. »

Whitman invoque le travail de chercheurs en sciences politiques qui, dans l’esprit des sphères séparées de Tocqueville, distinguent ce qu’ils appellent un ordre suprématiste blanc d’un ordre libéral et égalitaire. Mais son propre livre montre qu’une telle division est trop tranchée. Nous devons aborder la question raciale aux Etats Unis en concomitance avec les considérations sur la démocratie. Le travail de Whitman ne dénonce pas la tradition libérale des Etats Unis comme étant un simulacre ainsi que de nombreux théoriciens du droit du Troisième Reich l’ont laissé entendre quand ils soulignaient le système de subordination des Amérindiens et des Noirs. Au contraire, il invite implicitement le lecteur à considérer quand et comment, sous quelles conditions et dans quels domaines, les traits ignobles du racisme ont été les plus saillants au cœur de la démocratie libérale américaine. Inversement, nous pourrions demander, quand et pourquoi ces traits ont été réprimés, permettant un accès plus égalitaire des minorités raciales à l’espace public, au respect de leur culture, à plus de confort matériel et d’exercice de la citoyenneté ?

Les idées et les institutions libérales-démocrates aux Etats Unis, à la différence du régime hitlérien, ont toujours été à la fois vulnérables et résistantes aux exclusions racistes. Bien que les Etats Unis soient entrés dans les années 1930 en qualité d’ordre racialisé le mieux établi du globe, l’évolution à partir de Nuremberg et de Jim Crow a été très différente, l’une culminant en génocide de masse, l’autre, après bien des luttes, dans des progrès en matière de droits civiques. Pourtant, aucun de ces progrès, pas même les mandats présidentiels d’un Afro-Américain, n’a permis de retirer les questions de race et de citoyenneté de l’agenda politique. Les débats en cours nous rappellent avec force que les progrès ne sont pas des acquis garantis. Les règles mêmes du jeu démocratique – élections, médias ouverts et représentation politique – créent des possibilités persistantes de démagogie raciale, de peur et d’exclusion. Et comme Freisler et les autres juristes du Troisième Reich ne l’avaient que trop bien compris, les idées de race et les politiques racistes sont profondément des produits de décisions politiques.

 

Racisme et antisémitisme? Vraiment?

29 novembre 2015

Nous constatons une montée en puissance des partis d’extrême droite dans plusieurs pays européens : en France, en Grèce, en Autriche et en Pologne notamment.

Cette montée de l’extrême droite ne se fait pas de manière uniforme, ni dans son ampleur, ni dans son contenu car ces aspects dépendent des contextes qui sont différents et de l’histoire locale.

Ainsi, en France, l’extrême droite a dû produire un certain nombre de garanties quant à son renoncement à l’antisémitisme , au déni de l’existence des chambres à gaz et à afficher ouvertement la nostalgie du pétainisme . Le caractère impératif ce cette contrainte s’explique à la fois par le contexte local et le poids particulier de la communauté juive sur la vie politique française mais aussi par le fait que le régime républicain s’est reconstruit au sortir de la guerre en opposition au régime de Vichy qui l’avait rejeté. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui  tous les dirigeants politiques font référence à de Gaulle, ce qui n’avait pas toujours été le cas, notamment de la part de personnalités qui avaient fait œuvre de résistance à l’occupation allemande.

En Pologne, les choses sont différentes car si ce pays a connu une occupation allemande féroce, la résistance nationale non communiste s’en prenait certes aux soldats allemands, mais elle attaquait aussi les Juifs. Un historien a ainsi pu affirmer que les Polonais avaient tué plus de Juifs que d’Allemands pendant la guerre.

L’antisémitisme reste donc vivace en Pologne ainsi qu’en témoigne la nomination dans le gouvernement de droite d’un ministre qui a affirmé publiquement que les Protocoles des Sages de Sion étaient probablement un document authentique.

En témoigne aussi cette manifestation anti-réfugiés dans une grande ville polonaise où des manifestants ont brûlé des mannequins représentant des Juifs orthodoxes.

Des Polonais anti-réfugiés brûlent des effigies de Juifs orthodoxes pedant una manifestation à Wroclaw.

par la rédaction, The Algemeiner (USA) 18 novembre 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

Des dizaines de manifestants dans la ville de Wroclaw, ouest de la Pologne, ont brûlé des effigies accoutrées comme des Juifs avec des papillotes aux cheveux et des chapeaux noirs, a rapporté le journal polonais Gazeta Wyborcza mercredi. (à 3’30 » sur la vidéo)

La manifestation s’inscrivait dans le cadre d’une protestation plus large contre l’admission en Pologne de réfugiés de la guerre civile en Syrie. Les manifestants affirmaient que les réfugiés étaient en réalité des migrants économiques et des terroristes, selon l’article.

La manifestation s’est déroulée sur une scène mobile devant la mairie de Wroclaw. La Police a contenu la manifestation mais ne l’a pas empêchée, en l’absence de plaintes officielles.

Beaucoup en Europe s’inquiètent de l’arrivée des réfugiés qui fuient la violence en Syrie qui a coûté la vie ) des milliers de personnes ces cinq dernières années et au causé d’immenses dévastations.

Plus tôt dans la semaine, The Algemeiner avait parlé d’une autre manifestation anti-réfugiés qui s’est tenue dans la plus grande avenue de Poznan.

La Pologne a officiellement décidé d’accepter 5 000 réfugiés.

Le racisme dans la police à Miami (USA)

17 janvier 2015

L’attorney general (ministre de la justice) Eric Holder représentait le gouvernement des Etats Unis à la marche « républicaine » organisée dimanche dernier à Paris à l’appel de la place Beauvau et de l’Elysée.

Eric Holder et François Hollande à Paris le 11 janvier dernier

Eric Holder et François Hollande à Paris le 11 janvier dernier

Les observateurs ne s’y sont pas trompés qui ont considéré que les Etats Unis n’avaient pas envoyé un représentant d’un rang suffisamment élevé pour figurer au milieu des chefs d’Etat et premiers ministres accourus d’un peu partout.

Eric Holder est en effet avant tout un exécuteur de basses œuvres qui a été incapable d’intervenir dans les affaires de crimes commis par la police contre des citoyens afro-américains aux Etats Unis.

Eric Holder est lui-même afro-américain, preuve que le problème aux Etats Unis ne se résume pas à une question de couleur, c’est avant tout un problème social et politique, un problème de classes sociales.

Ce problème n’est toujours pas réglé dans ce pays qui n’a de cesse de donner des leçons aux autres, ne se privant pas le cas échéant de joindre le geste à la menace.

Un exemple de plus avec cette affaire qui concerne des policiers d’une grande ville qui s’entraînent au tir exclusivement sur des photos anthropométriques d’hommes afro-américains qui, pour une raison ou une autre, ont eu à passer par le commissariat.

Les tireurs d’élite de la police s’ntraînent sur des photos anthropométriques de noirs

The Week (UK) 16 janvier 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

Une équipe de tireur d’élites de la police de Miami a suscité l’indignation après qu’il fut révélé que des agents se servaient de clichés anthropométriques d’Afro-Américains pour l’entraînement au tir sur cible

Mugshots utilisés à l'entraînement au tir par la police de Miami

Mugshots utilisés à l’entraînement au tir par la police de Miami

Les images ont été découvertes par Valerie Deant, un sergent de la Garde Nationale de Floride, dans un stand de tir utilisé par les divers services de sécurité. Elle a découvert choquée que la photo anthropométrique de son frère criblée d’impacts de balles figurait parmi les clichés utilisés, rapporte CBS News.

« La photo avait l’air criblée de balles, » a déclaré son frère Woody Deant. « Une dans mon front, une autre dans mon œil. Je suis resté sans voix. »

Répondant aux critiques, le chef de la police de North Miami Beach J. Scott Dennis a reconnu que son équipe aurait pu faire preuve de « meilleur jugement » dans le choix des photos, mais a rejeté les accusations de profilage racial.

Il a expliqué que les forces de l’ordre utilisaient régulièrement des photos de véritables suspects et que ceux qui étaient responsables [du choix des photos] ne seraient pas punis. « Nos règles de fonctionnement n’ont pas été enfreintes, » a déclaré Dennis.  Aucune sanction n’est envisagée contre les personnes qui étaient impliquées.

De hauts responsables des services judiciaires ont cependant déclaré à NBC que la pratique normale consistait à utiliser des cibles disponibles dans le commerce, sur lesquelles il n’y a pas de visage humain, pour l’entraînement au tir.

« L’utilisation de ces cibles ne semble pas correcte, » affirme Alex Vasquez, un agent du FBI retraité. « La police a plusieurs possibilités en termes de cibles [d’entraînement]. Je pense que la police doit être extrêmement prudente et attentive à certains problèmes qui peuvent être soulevés. »

Cette affaire intervient au moment où les relations entre la police et la communauté afro-américaine restent tendues après la mort de plusieurs Noirs tués par des agents de police blancs.

L’an dernier, des manifestation se sont produites à travers tous les Etats Unis après qu’un adolescent noir non armé, Michael Brown, avait été tué par la police à Ferguson dans le Missouri. Dans un incident distinct, Eric Garner est mort après avoir été maintenu dans une position asphyxiante interdite par un agent de police blanc. Dans les deux cas, un grand jury a décidé de ne pas inculper les policiers responsables.

Andell Brown

Andell Brown

« Ils peuvent créer une situation très dangereuse, » affirme l’avocat Andell Brown. « Et ça a été ancré dans votre subconscient et ça veut dire que quand quelqu’un [un policier] croise dans la rue Woody ou une autre personne, ça joue sur son processus de décision d’utiliser ou pas une force létale. »

Etats Unis: racisme, sionisme et militarisation de la police

4 décembre 2014

Les violences policières qui ont coûté la vie récemment à deux jeunes membre de la communauté noire des Etats Unis (dont un enfant de douze ans) ont été à l’origine de nombreuses manifestations de protestation aux Etats Unis, et même ailleurs, ainsi que de nombreux commentaires dans la presse.

L’affaire la plus significative reste pourtant celle de Ferguson, une petite ville du Missouri qui s’est retrouvée en état de siège avec l’intervention de la Garde Nationale, c’est-à-dire de l’armée.

Ces événements sont les plus médiatisés de toute une série de violences policières qui correspondent à de nouvelles formes d’action policière apparues depuis le 11 septembre 2001 et la militarisation croissante des forces police.

Les forces de police américaines tendent à acquérir de plus en plus d'équipements militaires comme ce véhicule blindé

Les forces de police américaines tendent à acquérir de plus en plus d’équipements militaires comme ce véhicule blindé

C’est que la lutte contre le terrorisme se fait aussi sur le front intérieur et entre naturellement en résonance avec les lignes de fracture propres aux Etats Unis, c’est-à-dire les questions de classe et celles de race, les deux étant évidemment liées.

Tous ces aspects du problème de l’action policière sont généralement bien notés par les observateurs, même s’ils manquent le plus souvent d’insister sur cette particularité de la guerre globale contre le terrorisme qu’est l’implication de l’existence d’un ennemi intérieur. Cet ennemi intérieur qui n’est pas clairement désigné est logiquement le Musulman, le problème étant cependant que le Musulman est bien souvent une abstraction aux Etats Unis. Ce qui n’est pas le cas des Afro-Américains autour desquels persistent les tensions que l’on sait.

L’Afro-Américain est donc un des visages de l’ennemi intérieur contre lequel les forces de police se sont préparées avec l’aide de spécialistes en la matière.

Des spécialistes qui ne sont autres que les services de sécurité, police et armée, de l’entité sioniste pour qui le Palestinien est l’ennemi sans droits et par définition hors-la-loi. Les pauvres et les Afro-Américains ont en quelque sorte vocation à être traités comme des Palestiniens, sinon on ne voit pas bien en quoi l’expérience de la police et de l’armée de l’entité sioniste pourrait être d’une quelconque utilité à un pays qui traite tous ses citoyens sur un pied d’égalité.

Il est somme toute logique que cette coopération policière à tonalité coloniale se fasse avec le parrainage actif de l’Anti-Defamation League, une importante association sioniste qui, comme son équivalent français (la LICRA) est supposée lutter contre l’intolérance et la xénophobie.

Il est par contre étonnant que des initiatives privées puissent être amenées à définir des contenus de formation des forces de l’ordre et, par contre coup, des aspects de la politique sécuritaire d’une nation.

L’Anti Defamation League crée une liste noire des organisations qui lient Ferguson à la Palestine

par Cecilie Surasky, MuzzleWatch (USA) 1er décembre 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Wow. L’ADL considère la photo ci-dessous comme étant un message de haine

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Abe Foxman, dont le salaire annuel de 688 000 dollars fait de lui le plus surpayé des lobbyistes pro-israéliens du pays, s’est récemment couvert de honte (une fois encore) en publiant un communiqué de presse pour faire la leçon à la vedette de la NFL (ligue de football américain) Reggie Bush sur son compte tweeter – Bush avait osé comparer Ferguson et Gaza.

Mais il y a pire.

L’Anti-Defamation League qui se sert de sa réputation dans la lutte contre l’intolérance pour faire taire ceux qui critiquent le gouvernement israélien en matière de droits de l’homme (perpétuant de la sorte l’intolérance et même pire), a publié une liste noire de facto des organisations qui ont osé lier Ferguson à la Palestine.

Je veux dire, qu’est-ce que la militarisation des forces de police américaines et les meurtres impunis de personnes de couleur non armées peuvent bien avoir à faire avec la Palestine ? Selon l’ADL, oser établir une relation est au mieux purement cynique, au pire une forme de haine [religieuse, raciale, NdT).

Mais voilà où l’ADL obtient la médaille de la chutzpah (culot en yiddish) : distingués pour être désignés particulièrement à l’opprobre sont ceux qui lient ce qui se passe à Ferguson avec l’entraînement de la police en Israël. L’ADLrappelle à l’ordre l’inimitable Trita Parsi, président du National Iranian American Council (NIAC), pour ce tweet :

« Vous demandez pourquoi la violence policière excessive ? Voilà une hypothèse : #le chef de la police de Ferguson a reçu un entraînement en Israël…#Gaza »

Capture d ‘écran du 1er décembre 2014 à 19h30 Ils rappellent aussi quelqu’un à l’ordre pour avoir brandi dans une manifestation une pancarte qui dit « Google it!!! Israël entraîne la police de la ville de New York. »

NYPD

Alors qui selon vous est responsable pour tous ces entraînements gratuits de policiers en Israël ? L’ADL, ça va de soi. Ce qui explique selon moi pourquoi elle condamne pour opportunisme et bigoterie [étroitesse d’esprit, intolérance] ceux qui disent, eh bien, une évidence.

police ferguso

Policiers déployés à Ferguson

Comme l’écrivait Kristian Davis Bailey dans Ebony Magazine en août:

Le service de police du Comté de St Louis qui a tué Michael Brown et placé initialement Feguson en état de siège a été entraîné par l’armée israélienne. L’ancien chef de la police du Comté, Timothy Fitch, a été un des quinze officiers [de police] américains à participer à une semaine d’entraînement en Israël il y a trois ans.

Le séminaire national sur le contre-terrorisme d’avril 2011 (National Counter-Terrorism Seminar NCTS) était sponsorisé par l’Anti-Defamation League (ADL). Il avait réuni les chefs des plus grands services de police américains, le FBI, la police de l’air et des frontières (Immigration and Customs Enforcement ICE) et des membres la police nationale et de l’armée israéliennes ainsi que d’autres services de renseignements.

Curieusement, l’ADL habituellement si prompte à produire des déclarations était trop occupée pour répondre aux demandes de commentaires de Bailey. Bailey poursuivait :

Plus de 9 000 agents américains se sont entraînés avec des unité de la police et de l’armée israéliennes à répondre au terrorisme et aux manifestations de civils. Ces sessions d’entraînement reflètent l’incapacité à distinguer entre le devoir apparent de la police qui consiste à protéger les civils et les réactions de l’armée en situation de guerre. Cette confusion a eu des conséquences en termes de vies humaines pour les Américains, tout particulièrement les Noirs, les Musulmans et les Arabes.

Sniper de la police fusil pointé vers des manifestants à Ferguson

Sniper de la police fusil pointé vers des manifestants à Ferguson

En temps normal, l’ADL se vante de cet entraînement de nombreux agents de police, qui comprend des voyages en Israël pour des agents de la police américaine qui vont s’entraîner aux techniques du contre-terrorisme (qui sont alors mises en œuvre contre des citoyens américains).

J’ai l’impression que sur ce point, ils ont conclu que la meilleure défense était une bonne attaque. Reggie Bush, qui tient le poste de running back, en sait probablement quelque chose.

Une police lyonnaise très vigilante dès lors qu’il s’agit de la réputation du régime sioniste

18 juillet 2014

Un petit entrefilet qui en dit long.

Le Progrès - 18 juillet 2014

Le Progrès – 18 juillet 2014

 

On croit rêver. Il aurait mieux fait de coller des autocollants avec des expressions du genre « Tout nettoyer une fois pour toutes ». Il pourrait alors valablement se présenter aux élections municipales ou législatives.

La National Basket Association (NBA), l’holocauste et le sionisme, quel rapport?

30 avril 2014

 

A priori aucun.

Sauf que la presse nous apprend qu’aux Etats Unis, un certain Donald Sterling vient d’être suspendu de la National Basket Association (NBA), mesure assortie d’une amende de 2,5 millions de dollars.

Donald Sterling n’est pas un joueur de basket mais le propriétaire des Clippers, un important club de basket-ball de Los Angeles,

Les sanctions sont lourdes et viennent en réponse à des propos racistes tenus par Donald Sterling lors d’une conversation privée avec sa petite amie :

Selon l’enregistrement d’une conversation datant du 9 avril rendu public par le site d’informations people TMZ, le président des Clippers Donald Sterling reproche à sa petite amie d’avoir publié sur les réseaux sociaux une photo la montrant aux côtés de Magic Johnson.

« Cela m’embête beaucoup que tu dises ainsi vouloir être associée à des noirs. Est ce que tu dois vraiment faire cela ? », a déclaré Sterling. « Tu peux coucher avec (des noirs), tu peux les faire venir chez toi, tu peux faire ce que tu veux avec eux, mais la moindre des choses est de ne pas en faire la publicité et de les amener à mes matches », a-t-il poursuivi.

V. Stiviano, la petite amie (maîtresse) de Donald Sterling est elle-même afro-mexicaine et n’a que 31 ans tandis que papy Sterling affiche 80 ans au compteur,

Ah l’amour !

C’est lors du Superbowl de Miami en 2010 que V. Stiviano et Donald Sterling se rencontrent. La jeune femme se voit offrir de somptueux cadeaux : une Ferrari, deux Bentley, un Range Rover ainsi qu’un duplex de près de deux millions de dollars ainsi que la somme de deux millions de dollars de frais de « subsistance ». Si l’avocat de V. Stiviano, Mac Nehoray, nie énergiquement le fait que sa cliente soit la « petite amie » de Sterling, TMZ rapporte le contraire.

Elle est poursuivie en justice par Rochelle Sterling, la femme de Donald Sterling

Donald Sterling

Donald Sterling et V. Stiviano

L’affaire fait bien sûr grand bruit aux Etats Unis où le président Barack Obama a fermement dénoncé les propos de Donald Sterling.

On se demande, comme V. Stiviano :

Comment une personne éduquée, d’un niveau social aussi élevé, peut-elle tenir un tel discours ? C’est la question que lui pose son interlocutrice… Elle n’est sans doute pas la seule.

Certains éléments de réponse se trouvent pourtant dans certains aspects de la biographie de Donald Sterling, Des éléments qu’aucun organe de presse français ne s’est hasardé à présenter alors même qu’ils figurent pour une bon dans la transcription d’e la discussion publiée par TMZ, la source originale de cette information.

Il faut d’abord savoir que le véritable nom de l’ex patron des Clippers n’est pas Sterling mais Tokowitz, Donald Tokowitz est né en 1933 à Chicago dans une famille d’immigrés juifs.

Et que, selon Wikipedia, il n’en était pas à sa première en matière de racisme puisqu’il avait été poursuivi en 2006 par le Département de la Justice pour discrimination au logement, un litige qui sera réglé à l’amiable moyennant 2,7 millions de dollars.

En août 2006, le Département de la Justice des États-Unis poursuit Sterling pour discrimination ; il aurait utilisé un critère racial comme critère d’acceptation dans certains de ses immeubles. L’accusation reproche à Sterling d’avoir refusé l’accès de ses appartements à des non-Coréens dans le quartier de Koreatown à Los Angeles et aux Afro-Américains dans Beverly Hills. L’accusation allègue que Sterling aurait dit qu’il n’aimait pas louer aux Hispaniques parce qu’ils « fument, boivent et flânent autour de l’immeuble » et que « les locataires noirs ont des odeurs et attirent la vermine». En novembre 2009, le réseau ESPN rapporte que Sterling a accepté de payer 2,7 millions de dollars pour régler des plaintes suivies par le ministère de la Justice et Davin Day de Newport Beach, au motif qu’il s’était engagé dans des pratiques de location discriminatoires à l’encontre des Hispaniques, des noirs et des familles avec enfants. La somme sert aussi à régler les plaintes de familles se plaignant que leurs logements avaient été détruits en raison de leur couleur de peau. En outre, Sterling a également été condamné à payer 4,9 millions de dollars d’honoraires et frais d’avocat

Sans remonter aussi loin, et pour rester dans le cadre de l’enregistrement divulgué par TMZ, il y a ces passages que la presse française n’a pas jugé bon de reprendre.

A un moment de la discussion, Sterling – né Donald Tokowitz de parents juifs immigrés en Amérique tente de défendre son point de vue en le situant dans un contexte international , mettant en avant la manière dont les Noirs sont traités en Israël.

Sterling: « C’est mondial ! Tu vas en Israël, les Noirs sont sont traités exactement comme des chiens. »

Stiviano: “Alors tu dois aussi les traiter comme ça ?”

Sterling: “Les Juifs blancs, il y a des Juifs blancs et des Juifs noirs, tu comprends?”

Stiviano: “Les Juifs noirs comptent-ils moins que les Juifs blancs?”

Sterling: “A cent pour cent, la moitié, à cent pour cent.”

Stiviano: “Est-ce que c’est bien?”

Sterling: “Là n’est pas la question – nous ne jugeons pas ce qui est bien et ce qui est mal, nous vivons dans une société,. Nous vivons dans une culture. Nous devons vivre dans le cadre de cette culture.”

Puis Siviano introduit l’holocauste dans la discussion et Sterling semble perturbé. Elle affirme qu’elel ne dirait jamais à une personne qu’elle ne l’ammènerait pas à un match à cause de sa « race, sa couleur ou sa culture. »

Puis elle ajoute, « C’est comme dire, ‘Persécutons et tuons tous les Juifs.’ »

Sterling: “Oh, c’est la même chose, c’est ça?”

Stiviano: “N’est-ce pas injuste? N’était-ce pas injuste à l’époque? Avec l’holocauste? Et tu es juif, tu comprends ce que c’est que la discrimination.”

Sterling: “Ca ne va pas dans ta tête, ça ne va vraiment pas dans ta tête, tu es vraiment un cas mental. Tu compares l’holocauste avec …”

Stiviano: “Le racisme! La discrimination.”

Sterling: “Il n’y a pas de racisme ici. Si tu ne veux pas,,, aller,,, à un match de basketball avec une certaine,,, personne, est-ce du racisme ?”

 

C’est sûr, comparer le sort des Juifs à une certaine époque au racisme dont sont victimes d’autres communautés, faut vraiment être fou pour oser !

Et l’holocauste, comparer l’holocauste avec,,,

 

John Rankin Waddell, le boycott, Scarlett Johansson et les « zélotes extrémistes juifs » qui contrôlent Hollywood

22 février 2014

John Rankin Waddell est, si j’en crois la presse anglo-saxonne, un photographe très connu, notamment dans le milieu de la mode et des célébrités, qu’elles appartiennent au monde de la politique comme la Reine Elizabeth II, à celui de la musique comme les Rolling Stones ou encore du cinéma comme l’actrice Scarlett Johansson.

John Rankin Waddell

John Rankin Waddell

Scarlett Johansson qui vient de faire beaucoup parler d’elle récemment pour sa décision de démissionner de sa mission d’ambassadrice pour l’organisation humanitaire Oxfam. La comédienne s’est retrouvée en effet dans l’obligation de choisir entre sa mission d’ambassadrice de la fameuse ONG et un contrat publicitaire avec l’entreprise SodaStream qui possède une usine de fabrication de gazéificateurs pour boissons en Cisjordanie occupée par l’armée sioniste, Oxfam rejetant tout échange commercial avec les colonies sionistes.

Et c’est justement une question posée à ce sujet par le journal londonien The Independent qui a mis le photographe britannique au cœur d’une tempête médiatique qui reste pour l’instant essentiellement confinée aux médias communautaires juifs.

La question, qui venait après une réflexion générale de John Rankin Waddell sur son refus de travailler pour certaines marques pour des raisons morales était la suivante :

« Quelles sortes de marques ? Ne feriez-vous jamais une publicité pour SodaStream avec Scarlett Johansson  par exemple» ?

La réponse du photographe met à la fois en cause l’occupation sioniste de la Palestine et ce qu’il appelle le poids des « zélotes juifs extrémistes » à Hollywood, ce qui expliquerait selon lui le choix de Scarlett Johansson de ne pas renoncer à son contrat avec SodaStream par crainte pour sa carrière.

Scarlett Johansson vue par Rankin Waddell

Scarlett Johansson vue par John Rankin Waddell

La presse et les organisations communautaires juives exigent bien sûr des excuses que le photographe n’a pas tardé à présenter, sauf qu’elles portent plus sur la forme que sur le fond.

Du coup Rankin Waddell n’est pas tiré d’affaire et se voit exiger des excuses aussi sur le fond, attendu que parler de très forte influence des hommes d’affaires et producteurs juifs sur Hollywood n’est pas autre chose qu’un cliché antisémite.

Et ce n’est pas Joel Stein qui pourrait dire le contraire. Quoique

L’ADL appelle à des « excuses sincères » de la part du photographe Rankin pour ses propos antisémites ; et crtique le journal The Independent pour « manque de jugement éditorial »

par la Rédaction, The Algemeiner (USA), 19 février 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’organisation juive des droits de l’homme, l’Anti Defamation League (ADL) a déclaré que les escuses présentées par le photographe britannique Rankin pour ses propos antisémites n’allaient pas assez loin.

L’organisation a aussi fustigé le journal britannique The Independdent pour avoir publié les propos offensants.

« Rankin a essayé mollement de justifier ses propos alors que ce à quoi nous appelons ici est qu’il reconnaisse que les opinions qu’il a exprimées sont antisémites, » a déclaré récemment le directeur des affaires internationales de l’ADL Michael A. Saldberg dans un courriel à Algemeiner. « Il n’est pas trop tard pour que Rankin présente des excuses sincères. »

« Inclure les citations de Rankin dans l’article était un manque de jugement éditorial de la part de The Independent », a ajouté Sadberg. « Nous attendons maintenant plus de The Independent et nous considérons qu’il doit aussi des excuses à ses lecteurs. »

Les propos de Rankin, publiés la semaine dernière, venaient en réaction à une question sur la récente décision de l’actrice hollywoodienne Scarlett Johansson de rompre ses relations avec l’organisation humanitaire Oxfam pour « une divergence fondamentale d’opinions à l’égard du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions [BDS]. » Johansson avait d’abord été critiquée par l’organisation humanitaire parce qu’elle représente l’entreprise israélienne SodaStream qui gère une usine en Cisjordanie.

« Je lui ai consacré beaucoup de tems, » a déclaré au sujet de l’actrice, Rankin dont le nom complet est John Rankin Waddell, « mais j’ai une très mauvaise opinion de SodaStream. »

« Ce qu’il y a, je pense que la raison pour laquelle elle ne s’est pas retirée [de la campagne de communication pour SodaStream], c’est parce qu’en Amérique les zélotes juifs sont si puissants. Particulièrement dans l’industrie du divertissement, ce qu’ils pourraient faire à sa carrière. 

« Mais le plus important pour moi dans tout ça, c’est ce genre de judaïsme extrémiste. Cette croyance extrême que c’est leur patrie et que ces gens [les Palestiniens] ne sont rien pour eux. C’est quelque chose de très puissant aux Etats Unis. Ils vous mettront sur une liste noire ? C’est pire que le maccarthysme. Tu es pro-palestinien ? Laise tomber. »

L’ADL a déclaré que « les propos de Rankin ont des relents de stéréotypes antisémites classiques sur le contrôle des médias par les Juifs et leur pouvoir excessif. Ses références aux ‘zélotes juifs’ et au ‘judaïsme extrémiste’ conduisant à des représailles contre quiconque est en désaccord avec une supposée opinion ‘correcte’ concernant la politique d’Israël relèvent tout simplement de l’ignorance. »

Dans ses excuses subséquentes, Rankin a dit regretter le vocabulaire et l’émotion causés par ses déclarations, mais il n’a pas parlé du fond de ses assertions.

« Dans une interview sollicitée par The Independent au sujet du lancement [d’un magazine de mode], je regrette d’avoir répondu à la légère sur des questions portant sur un autre thème et sur un sujet si difficile et sensible, » a-t-il dit. « Bien sûr, ce n’est pas ma position officielle et je m’excuse de tout cœur pour le langage que j’ai utilisé et pour les offenses que j’ai pu causer. »

 S’exprimant dans le Daily Telegraph de Londres, un représentant du Britain’s Community Security Trust [organisation communautaire juive britannique] a également déclaré que Rankin devait aller plus loin et renier ses propos.

« Ce sont les allégations sur le pouvoir juif dans les médias qui distinguent l’antisémitisme des autres formes de racisme, » a-t-il dit. «Il se peut bien que Rankin ne soit pas antisémité, auquel cas il devrait apprendre à ne pas répandre les affirmations nauséabondes sur les Juifs qui contrôlent les médias et Hollywood. »

 Rankin est spécialisé dans le portrait et la photo de mode. Il a photographié ente autre Britney Spears, Madonna, les Roling Stones, Cate Blanchett, la Reine Elizabeth II et Tony Blair.

Un homosexuel juif a une âme plus élevée qu’un non juif

29 décembre 2013

Les positions de principe sur l’homosexualité des trois religions monothéistes sont assez voisines. Un dignitaire d’une de ces trois religions a tenu quand même à rappeler que ce qui distingue les membres de sa secte vis-à-vis des adeptes des autres cultes vaut aussi pour les homosexuels.

En effet, c‘est dit, un homosexuel juif a une âme plus élevée, c’est-à-dire est plus humain, qu’un non juif qu’il soit homosexuel ou hétérosexuel.

Et c’est dit par un rabbin, membre du gouvernement auquel le président François Hollande a récemment fait une déclaration d’amour.

A rapprocher de ces paroles prononcées en 1970 par Elie Wiesel:  « Il y a un Etat, et il est différent de tous les autres. Il est juif, et pour cela il est plus humain que n’importe quel autre  » 

 Les homosexuels juifs ont des âmes plus élevées que les gentils, affirme un vice ministre

Le rabbin Eli Ben-Dahan d’Habayit Hayehudi déclare que le mariage entre deux personnes du même sexe est prohibé au même titre que le mariage entre juifs et gentils.

par Haaretz (entité sioniste)29 décembre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les juifs homosexuels ont des «âmes plus élevées» que les gentils, qu’ils soient homosexuels ou hétérosexuels, a déclaré le vice ministre des affaires religieuses au journal israélien Maariv dans un article publié vendredi.

Malgré ça, il s’opposera à toute loi sur le mariage homosexuel, exactement comme il s’opposerait au mariage entre un Juif et un gentil, a déclaré le rabbin Eli Ben-Dahan, membre du parti de droite Habyit Hayehudi.

Image

Le rabbin Eli Ben-Dahan a lu bien des livres pour arriver à ses conclusions

Le mariage entre personnes du même sexe est «contre nature,» a ajouté le rabbin et homme politique, affirmant que «il est naturel que le monde veuille se continuer à travers des relations entre un homme et une femme.»

Ben-Dahan s’exprimait au moment même où son parti et le parti Yesh Atid parvenaient à un compromis, ouvrant la voie à un projet de loi au parlement offrant des réductions d’impôts pour les parents de même sexe.

L’accord écrit entre les deux partenaires de la coalition [au pouvoir] est resté secret mais on considère que la loi sera mise au placard et que des déductions fiscales équivalentes seront mises en place par voie réglementaire au niveau du ministère des finances plutôt que par la législation.

Ben-Dahan qui n’était pas présent au moment du vote au parlement a expliqué qu’il ne voulait pas persécuter les homosexuels, mais que son opposition à cette loi découle de son attachement à la nature juive d’Israël.

«Je dois protéger le caractère juif de l’Etat. Les choses qui contredisent les valeurs, la culture ou les traditions ne recevront pas [mon] approbation,» a-t-il dit.

Le racisme, Mme Taubira: derrière l’indignation réelle ou feinte, un événement politique peut-être capital

13 novembre 2013

Après un retard à l’allumage qui en dit long, la presse et la classe politique françaises mettent les bouchées doubles pour condamner les propos racistes tenus à l’encontre de Mme Christiane Taubira, ministre de la justice du gouvernement Ayrault. Est particulièrement visée la une du magazine d’extrême droite « Minute« .

Des poursuites seraient engagées par le premier ministre contre le magazine en question. Sans aller jusqu’à préjuger de  la tournure que prendra la procédure judiciaire, il y a quand même fort à parier qu’elle débouchera sur un non lieu étant donné que la une de Minute emploie deux expressions tout à fait banales dans le parler français: « malin comme un singe » et « avoir la banane ».

Après, il faut aller voir le contenu rédactionnel. Je n’ai personnellement pas l’intention d’aller jusque là quoique, comme le disait Pierre Desproges:

« Il est plus économique de lire Minute que Sartre. Pour le prix d’un journal, on a à la fois La Nausée et Les Mains sales »

Si on n’en reste pas au stade de l’émotion, réelle ou feinte, on a quand même quelque peine à voir ici une lame de fond qui permettrait à la France d’éviter de connaître à nouveau certains errements tels que ceux qui ont marqué le déplacement à Angers de Mme Taubira le 25 octobre.

Comme d’autres l’ont dit avant moi, on est en effet confondu par l’inertie de la classe politique concernant les propos tenus à Angers. Or, c’est seulement en référence à ces propos qu’on peut espérer qualifier de raciste la une de Minute.

Et on ne peut qu’être interloqué par l’indignation exprimée par jean-François Copé, l’homme qui excite à l’islamophobie avec son histoire de pains au chocolat des petits infidèles confisqués par leurs camarades de confession musulmane pour cause de Ramadan.

S’il fallait un indice du caractère surjoué de l’indignation de la classe politique, ces deux me semblent parfaitement suffisants.

Et ce n’est pas dans ce spectacle en trompe l’oeil que se joue quoi que ce soit de fondamental pour l’Hexagone où l’islamophobie est devenue le véritable bien commun de la république.

Le véritable événement politique qui pourrait avoir une portée considérable vient de se dérouler à la Haye aux Pays Bas où

La présidente du parti français Front national Marine Le Pen et le chef de file de l’extrême droite néerlandaise Geert Wilders (PVV) ont conclu mercredi à La Haye une alliance en vue des élections européennes de mai 2014.

lit-on dans 7sur7

Une alliance dont Mme Le Pen attend beaucoup:

« Aujourd’hui est un jour historique », a déclaré Mme Le Pen lors d’une conférence de presse à La Haye

Un jour historique dit-elle et elle n’a peut-être pas tort. Et pour comprendre ce qu’elle entend par là, il suffit de lire la suite de l’article.

Et Geert Wilders, qualifiant l’UE d' »Etat nazi », de renchérir: « aujourd’hui marque le début de la libération de ce monstre nommé ‘Bruxelles' ».

Image

Geert Wilders

Dans la bouche d’un leader politique d’extrême droite; Etat nazi devrait avoir une connotation positive, or ce n’est évidemment pas le cas dans le propos de Wilders puisque cet Etat nazi qu’est l’Europe est un monstre.

Le groupe envisagé par Mme Le Pen et M. Wilders pourrait inclure, entre autres, le Vlaams Belang, la Ligue du Nord italienne, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et le Parti de la liberté autrichien (FPÖ) ainsi que des partis d’Europe du Nord.

La liste n’est pas exhaustive mais on apprend un peu plus loin que

Mais Mme Le Pen et M. Wilders ont exclu de s’associer, par exemple, avec les Hongrois du Jobbik et d’autres députés nationalistes slovaques, roumains et bulgares, tous accusés de dérives racistes.

Par dérives racistes, il faut entendre antisémites. Geert Wilders est par contre connu pour ses positions clairement philosémites et ultrasionistes.

Charmants: Marine Le Pen et Geert Wilders

Charmants: Marine Le Pen et Geert Wilders

L’alliance avec Wilders va contribuer à accélérer l’aggiornamento de l’extrême droite française qui tente depuis quelque temps, sous l’impulsion de Marine le Pen et de Florian Philippot, de tourner le dos aux classiques antisémites qui sont un des héritages de l’époque de Vichy et donc de la droite nationaliste classique.

Le Front National pourrait alors se situer, relativement à la question de l’antisémitisme et à celle du sionisme, dans le droit fil des positions adoptées par ces partis qui, comme le Vlams Belaang , aspirent à peser sur la vie politique de leurs pays respectifs.

L’idée force est que l’antisémitisme affiché dans le discours officiel du parti ou de certains de ses militants est un des obstacles concrets à une véritable émergence sur la scène politique et que face à ce qui est perçu comme une menace de la présence musulmane, les institutions, ou une partie des institutions communautaires ou organisations juives, peuvent être de précieux alliés aussi bien en termes de dédiabolisation que de convergences idéologiques.

L’alliance avec Wilders n’est qu’accessoirement une alliance contre l’Union Européenne, c’est avant tout un élément clef de la recomposition politique en France et de l’évolution du rapport de forces à l’intérieur du Front national.

L’extrême droite et ces organisations juives ont l’islamophobie en partage, l’extrême droite ayant en propre un racisme dont les cibles sont bien connues et les organisations juives étant motivées par la défense et la promotion du projet sioniste, raciste aussi dans son essence et sa pratique.

Une telle convergence est certainement de nature à mettre le Front national dans une position avantageuse en cas d’éclatement de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP)

Ces synergies sont particulièrement claires aux Pays Bas, mais aussi en Angleterre et aux Etats Unis.

la différence étant qu’aucun de ces pays ne dispose d’un parti d’extrême droite aussi puissant que le Front National, parti qui s’ancre dans une réalité sociale, politique et historique différente de celle de ses homologies européens.


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