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Une solution négociée en Syrie signerait l’échec stratégique d’Erdogan

27 décembre 2012

L’actuelle mission de Lakhdar Brahimi à Damas, avant un déplacement à Moscou, où il rejoindra peut-être le vice ministre syrien des affaires étrangères syrien serait un signe fort, selon le journaliste turc Semih Idiz, qu’une solution négociée à la crise syrienne serait en vue.

Semih Idiz

Semih Idiz

Selon Semih Idiz, les gouvernements russe et américain seraient tombés d’accord sur une formule de transition sous la direction de l’actuel chef de l’Etat dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale.

Tous les obstacles ne sont cependant pas levés, que ce soient ceux que représentent les irrédentistes qui ne rêvent que de prendre le pouvoir par la force et de pendre haut et court Bachar al Assad ou celui que représente le positionnement de la Turquie.

Semih Idiz exhorte donc son gouvernement à abandonner sa vision idéologique pour adopter une position pragmatique en phase avec les choix des grandes puissances puisque son pays n’est plus au cœur du jeu diplomatique et n’est pas loin de devenir un partenaire encombrant pour les Etats Unis.

Si le scénario envisagé par Semih Idiz se concrétise, ce serait un grave échec pour la diplomatie de la Turquie qui pourrait être le dindon de la farce.

En effet, après avoir incité et aidé à ravager la Syrie, la Turquie se retrouverait avec un voisin devenu hostile (et il n’y a aucune raison de penser qu’une bonne partie de l’opposition actuelle au régime syrien ne restera pas ou ne deviendra pas hostile à une Turquie qui aura montré son impuissance) après s’être brouillée avec ses voisins irakien et iranien.

Au passage, les Américains ont manœuvré subtilement pour que le gouvernement turc implore la mise en place de batteries antimissiles Patriot qui, sil elles auraient été d’un intérêt limité en cas de conflit ouvert avec la Syrie, seront par contre un atout important pour tout conflit armé d’ampleur qui opposerait les Etats Unis et/ou le régime sioniste à l’Iran.

La Turquie d’Erdogan rêvait de jouer dans la cour des grands, le dénouement de la crise syrienne lui rappellera peut-être son statut de simple pion pour Washington.

La Turquie ne doit pas devenir une force obstructive en Syrie

Par Semih Idiz, Hürriyet (Turquie) 27 décembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Quand on examine les dernières tentatives pour une solution à la crise syrienne, il est évident que la mission actuellement effectuée par Lakhdar Brahimi, l’émissaire conjoint de l’ONU et de la Ligue Arabe pour la Syrie, ne peut, de par sa nature même, être du goût d’Ankara. En fait, des sources au ministère des affaires étrangères en on fait savoir assez par des fuites dans la presse pour corroborer cette idée.

Lakhdar Brahimi et le vice ministre syrien des affaires étrangères Faisal Mekdad le 24 décembre à Damas

Lakhdar Brahimi et le vice ministre syrien des affaires étrangères Faisal Mekdad le 24 décembre à Damas

Comme je l’avais observé précédemment dans cette rubrique, Ankara en est venu progressivement, quoique avec réticence, à accepter que des éléments du régime actuel soient incorporés dans tout gouvernement de transition post-Assad. L’idée que Assad lui-même devrait faire partie de toute formule de règlement reste cependant exclue [par Ankara].

D’un autre côté, les informations dans la presse indiquent que la mission actuelle de Brahimi consiste à convaincre les parties syriennes à accepter un plan négocié par les russes et les américains qui prévoit un maintien au pouvoir d’Assad jusque en 2014, à la tête d’un gouvernement  de transition sur une base élargie, même si son mandat ne sera pas renouvelé après cette date.

Le principal aspect ici, n’est pas que ce plan envisage le maintien au pouvoir d’Assad jusqu’en 2014, ce qui est quelque chose d’évidemment difficile à avaler pour les tenants d’une ligne dure dans l’opposition syrienne, ceux qui ont transformé la crise en Syrie en guerre sectaire.

L’aspect principal est que Washington et Moscou se sont mis suffisamment d’accord entre eux pour être en mesure de proposer un plan de règlement commun.

J’ai soutenu en maintes occasions ici que tout règlement de la crise syrienne nécessitera forcément la coopération de ces deux membres permanents du Conseil de Sécurité. La rencontre de Dublin début décembre entre le ministre des affaires étrangères Lavrov et  la Secrétaire d’Etat Clinton avait semblé à l‘époque n’avoir débouché que sur un minimum d’accord sur la Syrie. La mission actuelle de Brahimi indique toutefois qu’on ne savait pas toute l’histoire.

Même si la Russie et les Etats Unis ont des intérêts stratégiques concurrents au Moyen Orient, un fait qui a été visible même pendant la crise syrienne, il existe des inquiétudes communes qui ont contraint finalement ces deux puissances à coopérer. La Russie avait fait valoir dès le début que la Syrie allait devenir un défouloir pour des djihadistes étrangers de toutes appartenances et avait en parie justifié ainsi son appui au régime Assad.

Washington, pour sa part, avait démarré avec une position voisine de celle de la Turquie, en entretenant un discours proche de celui d’Ankara, et avait donc considéré l’opposition syrienne comme une force unie résistant à un dictateur impitoyable et luttant pour la démocratie et les droits de l’homme.

Même si c’est sans aucun doute vrai pour certains éléments de l’opposition, le profil d’une partie des combattants anti-Assad indique clairement que leur objectif final ne peut pas être la démocratie ou les droits de l’homme mais d’une manière ou d’une autre, un régime théocratique sunnite et dictatorial sous la direction des Frères Musulmans.

C’est à l’évidence la raison pour laquelle Washington est intervenu pour élargi la base de l’opposition syrienne, avec l’idée d’isoler les éléments djihadistes, que ces derniers soient basés en Syrie ou ailleurs. Le soutien qu’apporte la Turquie à l’opposition dirigée majoritairement par des sunnites concerne cependant des éléments qui pourraient être considérés comme douteux aussi bien par Moscou que par Washington.

Plus encore, cependant, la mission de Brahimi montre une dois de plus que la Turquie n’est plus au centre des démarches diplomatiques visant à résoudre la crise en Syrie. Au contraire, elle se situe de telle sorte qu’elle pourrait à un moment être considérée comme une force d’obstruction essayant d’empêcher un accord qui ne correspond pas à la façon dont le gouvernement Erdogan voit l’avenir de la Syrie.

Le premier ministre Erdogan et le ministre des affaires étrangères Davutoğlu doivent cependant comprendre que l’avenir de la Syrie ne sera probablement pas modelé selon la vision idéologique qu’ils partagent, mais qu’il sera plus certainement basé sur des facteurs objectifs qui sont le résultat de la coopération entre les puissances incontournables du Conseil de Sécurité.

Washington et Moscou l’ont apparemment compris. Il serait temps qu’Ankara en fasse de même.

La crise syrienne pensée hors de la boîte (à idées reçues) par Camille Otrakji

11 décembre 2012

Je vous propose un article qui date un peu mais qui reste d’actualité et dénonce les basses manœuvres saoudo-occidentales contre la Syrie.

L’auteur, Camille Otrakji, nous rappelle que depuis quelques temps la voix de la Syrie supposée résonner à paris ou à Londres n’est pas celle des syriens mais tout au plus d’une clique dûment stipendiée par le Qatar et l’Arabie Saoudite d’un côté, les Etats Unis et l’OTAN de l’autre.

Camille Otrakji, nous propose la métaphore de la boîte (boîte à malices ou boîte à outils ?) dont le contenant, soit 6 justifications pour l’ingérence, est censé autoriser l’Occident à se mêler des affaires syriennes et à exiger le départ du régime en place.

Les jours du régime sont comptés et autres facettes de la boîte à outils sur la crise syrienne

Par Camille Otrakji, The Syria Page 9 octobre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’engagement de la communauté internationale pour l’emporter dans le conflit en Syrie s’accroît et atteint des niveaux sans précédent.

La semaine dernière, l’administration Obama a promis un financement plus direct pour les rebelles qui se battent contre l’armée syrienne. Cette semaine, le ministre des affaires étrangères australien Bob Carr a suggéré que l’assassinat du Président de la Syrie pourrait être une option raisonnable et nécessaire. Le Premier ministre turc Erdogan dont le pays est membre de l’OTAN État a dit que son pays était prêt à faire la guerre avec la Syrie.

Si vous écoutez l’intégralité de l’interview de Bob Carr sur le réseau d’ABC Australie, vous pourrez entendre une question qui commence par: la plupart des reportages suggèrent assez régulièrement que la chute du régime n’est qu’une question de temps”. Les attentes d’une fin imminente du régime, dont on considère qu’elle est la définition même du «succès» ont été au cours de ces 20 derniers mois un des principaux piliers de la motivation des membres de l’alliance conduite par la communauté internationale dans sa tentative de faire tomber le régime de Damas.

Personne n’a questionné le Premier ministre Erdogan au sujet de ses déclarations d’il y a un an selon lesquelles «les jours d’Assad sont comptés»

Personne n’a interrogé l’administration Obama sur ses fréquentes  affirmations il y a un an que «le temps d’Assad était compté »

Personne n’a demandé à  Ehud Barak, le ministre israélien de la Défense, qui a déclaré à nouveau en Juillet 2012 que «la chute d’Assad est plus proche que jamais » ce que cela signifiait vraiment. « plus que jamais » est moins précise que ses déclarations optimistes d’il y a 10 mois selon lesquelles «Assad sera renversé en quelques semaines »

Les six facettes de la boîte à outils de la crise syrienne

La communauté internationale veut gagner à tout prix, en Syrie, mais de nos jours il n’est pas politiquement correct de présenter ses objectifs en des termes aussi abrupts. Une approche plus politiquement correcte consiste à établir un récit portant sur les droits de l’homme. Quiconque propose des solutions ne doit pas sortir hors de  la boîte fabriquée par la communauté internationale pour la crise en Syrie:

the-syria-crisis-box

Vignette du haut: penser hors de la boite, dialogue et évolution, pas armes et révolution

– Les jours du régime sont comptés. Les opposants au régime peuvent réussir s’ils travaillent avec nous encore quelques semaines de plus, c’est tout ce qu’il faudra.

– Les Syriens nous remercieront de les avoir aidés à renverser le régime. Ce sera bon pour la Syrie. Si seulement nous renversons le régime. Une courte période de transition peut être difficile, mais peu de temps après ce sera la démocratie et d’autres évolutions positives seront à portée de main.

– « Le peuple syrien » veut que nous renversions le régime, pas parvenir à un compromis avec lui. Vous ne pouvez pas vous tromper si vous êtes du côté du «peuple syrien». Les gens ont une seule chose en tête … le changement, un changement complet et total.

– Le prix à payer pour un changement révolutionnaire n’est pas trop élevé. Le peuple syrien est prêt à payer ce prix plutôt que le coût beaucoup plus faible de la recherche d’un changement par une évolution qui ne suit pas la formule du « printemps arabe » que nous trouvons des plus excitantes ici aux États-Unis. La Syrie ne sera pas détruite dans ce processus, son économie sera facile à redresser. Les gens travailleront ensemble après cette guerre civile.

– Le régime, c’est la famille Assad. Débarrassez-vous de Assad et vous pourrez crier victoire. Faites que Farouk Chareh remplace Assad … suivez la solution de formule du Yémen  vers la démocratie [ voir commentaire ici ]

– Travailler avec les islamistes est inévitable et raisonnable. L’Occident peut utiliser la force des islamistes pour combattre et renverser le régime, ALORS l’Occident pourra installer ses alliés syriens de l’opposition laïque et éliminer les islamistes de la scène. Si les islamistes gagnent les prochaines élections en Syrie, ce ne sera pas un problème. Ils seront sous le contrôle et l’influence des islamistes modérés de Turquie.

Toutes ces hypothèses ont été faites sans consulter le « peuple syrien ». Après les premières manifestations symboliques à Deraa et Damas, les gouvernements et les médias occidentaux ont commencé à faire toutes les hypothèses ci-dessus. Personne ne veut de nous expliquer d’où viennent les 250.000 soldats et officiers dévoués qui constituent l’armée régulière syrienne s’ils ne font pas partie du «peuple syrien».

Pour trouver un moyen de sortir de la crise très dangereuse en Syrie, il faudra réfléchir en dehors de cette boîte bien pratique. En dehors de cette boîte, vous pourriez être en mesure de réaliser que la victoire est beaucoup plus coûteuse et incertaine. Que la laïcité pourrait être une bien meilleure alternative à l’expérimentation avec les alliés Erdogan, les Frères musulmans et les salafistes alliés de l’Arabie Saoudite, et surtout que la crise en Syrie est beaucoup plus que cela. C’est la crise au Moyen-Orient. Les Etats-Unis doivent faire face à tous les conflits régionaux qu’ils ont esquivés depuis des décennies.

La crise en Syrie n’a pas pour objet le maintien d’Assad au pouvoir ou non comme on veut vous le faire croire. C’est le dernier avertissement aux USA pour qu’ils

refondent une politique en panne au Moyen-Orient avant qu’il ne soit trop tard.

Palestine, Gaza, ONU, la nouvelle donne

2 décembre 2012

J’ai un peu de temps, alors j’en profite pour sortir un peu le blog de sa léthargie.

La dernière agression sioniste contre Gaza a montré comme les agressions précédentes la capacité destructrice du terrorisme sioniste.

Si les conflits politiques se résumaient à une simple arithmétique de la force militaire, l’entité sioniste aurait dû poursuivre son offensive et lancer à l’assaut les dizaines de milliers de réservistes qu’elle avait commencé à mobiliser.

Il n’en a rien été parce que la guerre  est autre chose qu’une bagarre de gamins dans un bac à sable ou un combat de boxe qui s’achève par le K.O. d’un des adversaires.

En effet, le conflit palestino-sioniste n’engage pas seulement l’Etat prétendu juif et le peuple palestinien, mais toute la région arabe et proche orientale ainsi que les Etats Unis et l’Europe.

La récente agression a permis de vérifier une fois de plus la détermination du peuple palestinien à résister et à recouvrer ses droits. Et les autorités sionistes médusées ont pu constater que les combattants palestiniens étaient désormais en mesure de toucher des villes aussi éloignées de Gaza que Beersheba et surtout Tel Aviv.

En ce sens le Hamas et les autres organisations de la résistance palestinienne ont remporté une victoire stratégique en faisant échouer la tentative sioniste de leur administrer une raclée et en signifiant qu’un jour peut-être pas si éloigné, c’est un déluge de feu qui pourrait s’abattre sur Tel Aviv.

Et Tel Aviv, c’est le véritable cœur de l’entité sioniste qui se résume en pratique à cette cité Etat.

Ensuite, comme je l’écrivais précédemment, l’entité sioniste est en quelque sorte passée sous la tutelle de l’Egypte qui a assuré, en coordination avec les Etats Unis, la gestion des tractations en vue d’un cessez-le-feu.

 C’est un point de vue très proche du mien que développe Alex Callinicos et je suis donc ravi de vous proposer une traduction d’un article qu’il vient de publier dans The Socialist Worker.

Alex Callinicos à la 5ème conférence anti-guerre du Caire en 2007

Alex Callinicos à la 5ème conférence anti-guerre du Caire en 2007

L’autre grand évènement stratégique est bien sûr l’octroi à la Palestine du statut d’Etat observateur à l’Organisation des Nations Unies.

Certains considèrent que cette reconnaissance porte en elle l’abandon par les Palestiniens d’une partie de leurs droits fondamentaux sur leur patrie. C’est vrai en théorie et en faisant abstraction du contexte réel. Ceux qui pensent ainsi supposent en effet que l’entité sioniste pourrait admettre un jour ou l’autre la restitution des territoires qu’elle occupe depuis 1967, permettant ainsi à un gouvernement palestinien d’exercer une autorité souveraine sur la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Cette hypothèse relève de la chimère car jamais les sionistes n’accepteront de rétrocéder des territoires qu’ils estiment avoir vocation à contrôler et à coloniser totalement. Le nouveau statut politique reconnu à la Palestine est donc un acquis précieux qui  ne remet nullement en cause la pertinence de la résistance sous tous ses aspects, y compris militaires.

Gaza témoigne de l’impact des révoltes arabes

Les révolutions font trembler tous les régimes – les régimes arabes, ainsi que celui d’Israël,

Par Alex Callinicos, Socialist Worker (UK) 1er décembre 2012 traduit de ‘anglais par Djazaïri

Friedrich Engels écrivait en 1854: «Nous ne devons pas oublier qu’il y a une sixième puissance en Europe, qui à certains moments affirme sa suprématie sur l’ensemble des cinq soi-disant« grandes puissances »et fait trembler chacun d’entre eux. Cette puissance est la Révolution. « 

Il en va de même dans le Moyen-Orient aujourd’hui. Si vous ne vous intéressez qu’à l’équilibre militaire des forces, vous conclurez que rien n’a vraiment changé depuis la dernière guerre d’Israël contre Gaza.

Le Hamas dispose désormais de missiles Fajr-5 de plus longue portée qui peuvent frapper Tel-Aviv. Mais l’armée israélienne conserve une écrasante supériorité matérielle. Mais ne prendre en compte que le matériel et les troupes serait superficiel. En réalité, tout a changé.

Le quotidien libéral israélien Haaretz a publié un article fascinant sur les débats de la semaine dernière entre les hauts responsables du gouvernement- le premier ministre Benjamin Netanyahou, le ministre de la Défense Ehud Barak et le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman –au sujet de la trêve proposée par le président égyptien, Mohamed Mursi:

« Lors de la réunion de mardi, juste avant l’arrivée de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, il est apparu clairement à Israël que les principes du cessez-le feu proposé par l’Egypte étaient beaucoup plus proches des positions du Hamas que des siennes.

« L’hypothèse formulée par les responsables du renseignement lors de la réunion triumvirat était que, contrairement à la situation à l’époque de Moubarak, les Egyptiens s’alignant sur le Hamas et essayent de lui permettre d’obtenir des succès. »

Cessez-le-feu

Barak voulait accepter le cessez le feu sur la base du fait que l’armée israélienne avait donné une leçon au Hamas. Lieberman plaidait pour une offensive terrestre et Netanyahou se situait entre les deux points de vue.

Les trois ministres israéliens avaient demandé à Clinton de «faire pression sur l’Egypte pour qu’elle présente un accord de cessez-plus équilibré». Au lieu de quoi, soutenue par des appels téléphoniques de Barack Obama, elle les a poussés à accepter les termes de l’Egypte.

Et ils les ont acceptés. Même l’extrémiste de droite Lieberman s’est soumis, expliquant à d’autres ministres, «La décision est simple. Rabin [le Premier ministre israélien assassiné pour avoir enclenché le «processus de paix»] avait dit que s’ils nous tirent dessus depuis le bande de Gaza, nous la réoccuperons, mais c’est à l’évidence difficile. « 

Les révolutions arabes sont derrière le rôle joué par Morsi pour obtenir un cessez-le-feu que le Hamas pourrait proclamer comme une victoire. La dernière guerre contre gaza a montré comment ces révolutions commencent à transformer la géopolitique régionale.

Netanyahu s’est servi de la supériorité militaire d’Israël pour reprendre l’initiative. Ses exigences pour une guerre contre l’Iran, techniquement très difficile à faire sans le soutien des Etats Unis – étaient son stratagème initial. Mais il s’est retrouvé bloqué à la fois pas sa propre hiérarchie militaire et par Obama

L’assassinat du chef militaire du Hamas Ahmad al-Jaabri au moment où un nouveau cessez-le feu de Gaza était en discussion [avec précisément al-Jaabri, NdT] était le stratagème suivant de Netanyahou.

Agenda

Netanyahu a soutenu Mitt Romney lors des dernières élections américaines. Le journaliste américano- palestinien Ramzy Baroud avance que le but de la guerre était de « pousser le thème de la sécurité d’Israël dans les priorités de l’agenda de la nouvelle administration »

Mais les yeux Etats Unis se sont tournés plus loin à l’est. Ce qui a été symbolisé par le fait qu’Obama s’est rendu en Birmanie, dans une démarche visant à l’éloigner de la Chine au moment de l’attaque israélienne contre Gaza. Une nouvelle guerre au Moyen Orient est donc la dernière chose que veulent les Etats Unis.

Et, à dans la région, M. Netanyahou a perdu des amis très puissants. La Turquie, qui avait fait signé un pacte militaire avec Israël, s’est retournée contre lui. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé la semaine dernière Israël comme un « Etat terroriste ».

Mais Morsi et Erdogan ont un problème. Ils veulent nuire symboliquement et diplomatiquement à Israël, mais ils n’ont pas l’intention de reprendre la lutte armée contre Israël.

Morsi en particulier,est le président d’un peuple pour qui trouve insuffisantes les dénonciations rhétoriques et les manoeuvres en coulisses.

Ainsi qu’il l’a découvert le weekend dernier, la révolution arabe est une force dynamique qui ne peut pas être simplement exploitée à des fins d’intrigue de parti. Comme le disait Engels, elle fait trembler chaque régime, arabe comme israélien, même ceux qui prétendent être le produit de la révolution.

Erdogan osera-t-il se rendre à Gaza?

3 novembre 2012

La récente visite de l’émir du Qatar dans la bande de Gaza semble inspirer le premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan qui vient de faire part de sa volonté d’emboîter le pas à son homologue royal.

M. Erogan avait déjà manifesté une intention semblable en 2011 mais il avait dû y renoncer, cette initiative mécontentant l’Autorité Palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas et surtout l’entité sioniste et le gouvernement des Etats Unis.

Les Etats Unis viennent de faire clairement savoir qu’ils restaient opposés à une telle visite.

Khaled Meshaal: t’es nul Recep!

On saura bientôt si M. Erdogan, capable d’avoir le verbe haut et d’agir en conséquence contre le gouvernement syrien, sera capable de démontrer qu’il est capable de s’affranchir d’une tutelle plus pesante qu’il n’y paraît.

Les Etats-Unis contre une éventuelle visite à Gaza du PM turc

Radio Chine International, 3 novembre 2012

Les Etats-Unis ont exprimé vendredi leur opposition à une éventuelle visite à la bande de Gaza du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, la qualifiant d’un mouvement qui pourrait compromettre la paix et la sécurité de la région.

La porte-parole du département d’Etat américain Victoria Nuland a déclaré que le Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, restait « une force déstabilisatrice » dans la bande et la région.

« Une telle visite ne sera pas favorable à avancer la cause de la paix et la sécurité dans cette région. Nous exhortons tous les partis à jouer un rôle constructif pour rassembler tous les partis », a-t-elle indiqué lors d’une conférence de presse.

M.Erdogan a déclaré vendredi, selon les médias, qu’il avait l’intention de visiter la bande de Gaza et voudrait fixer une date pour sa visite avec les dirigeants du Hamas. Il a également salué la récente visite à la bande de Gaza de l’émir du Qatar, Cheikh Hamad Bin Khalifa al-Thani.

Il s’agissait de la première visite entamée par le dirigeant de Qatar depuis 2007, tandis que les Etats-Unis ont déclaré que sa visite était inutile.

Mme Nuland a déclaré que Washington aurait des conversations avec la Turquie, pour « essayer de mieux comprendre sa intention » dans cette visite.

Les Etats-Unis et Israël considèrent le Hamas comme une organisation terroriste. L’armée israélienne avait intercepté avec la force en mai 2010 un navire turc tentant de forcer le blocus de la bande de Gaza, tuant neuf Turcs à bord, provoquant la rapture des relaetions diplomatiques entre Israël et la Turquie.

L’artillerie turque sait-elle contre qui elle riposte en Syrie? En tout cas l’OTAN ne le sait pas.

29 octobre 2012

Dans la gestion de ses relations avec la Syrie, on a vu comment le gouvernement turc était allé jusqu’à se ridiculiser en arraisonnant un avion de ligne syrien au motif qu’il aurait transporté des armes.

Ces armes, on ne les a jamais vues, et pour cause… En attendant, le gouvernement turc a froissé son homologue russe, accusé d’avoir fourni cet armement imaginaire.

On le sait les Turcs avaient agi sur la foi d’informations fournies par les services secrets des Etats Unis qui ont été par contre parmi les premiers à admettre que la cargaison de l’avion n’était en rien illégale.

Comme quoi les Américains se moquent ouvertement du gouvernement turc qui ne s’en offusque pas pour autant.

Dans la même veine, où on voit Ankara rouler des mécaniques en étant soit disant soutenu par l’OTAN, on peut évoquer les fameuses ripostes turques aux obus tirés depuis la Syrie qui tombent en territoire turc, faisant parfois des dégâts et des victimes dans la population civile.

J’avais déjà attiré votre attention sur cet obus anti-aérien tombé en Turquie qui n’avait pu être tiré que par les opposants au gouvernement syrien, dans la mesure où seul ce dernier dispose d’avions et d’ hélicoptères.

Mais c’est maintenant au tour d’un général américain d’en rajouter une couche et de renvoyer Recep Tayyip Erdogan et Ahmet Davutoglu à leurs chères études. Et ce général n’est pas n’importe qui puisqu’il s’agit du patron de l’armée américaine en Europe.

Lisez plutôt ce que rapporte la presse turque :

Pas de certitudes sur l’origine des obus syriens tombés en Turquie, déclare un général US

Hürriyet, 27 octobre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

On ne sait pas qui tire des obus depuis la Syrie sur la Turquie, a déclaré hier à la chaîne de télévision privée NTV, le commandant de la 7ème armée et de l’US Army en Europe, le Lt. Gen. Mark Hertling.

Il n’y a pas que Michelle Obama que le Lt. Gen. Mark Hertling a du mal à intéresser

«Nous ne savons pas si ce sont des obus de l’armée syrienne ou de rebelles qui veulent que la Turquie entre dans le conflit, ou encore des obus du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan),» a-t-il dit.

Ni l’OTAN, ni l’armée américaine ne veulent être impliqués dans un problème syrien de plus en plus complexe, a déclaré Hertling, ajoutant que pour l’instant il n’y avait qu’un partage d’informations avec la Turquie et une observation des évènements en cours en Syrie.

Un obus tiré le 3 octobre depuis la Syrie avait tué cinq civils Turcs dans la ville frontalière d’ Akçakale dans la province méridionale de Şanlıurfa.

Des incertitudes qui n’ont pas empêché l’artillerie turque de «répliquer» aujourd’hui à un tir d’obus venu de Syrie.

L’armée turque va-t-elle bombarder les « rebelles » syriens?

23 octobre 2012

Quand un obus venu de Syrie s’abat en Turquie, la presse est prompte à le signaler, d’autant que le gouvernement turc a décidé de riposter à tout bombardement syrien sur son territoire.

Ce qui n’est pourtant pas le cas du dernier obus tiré depuis la Syrie qui vient de toucher un centre de soins médicaux.

Istanbul, Hürriyet (Turquie) 23 octobre 2012
Un obus anti-aérien tiré depuis le territoire syrien a touché aujourd’hui un dispensaire dans la province méridionale de Hatay, rapporte le journal Hürriyet.
On ignore toujours si l’obus a été tiré par l’armée syrienne ou par les forces d’opposition.
Il n’a été fait état d’aucune victime dans cet incident.

Comme l’Armée Syrienne Libre ou les autres composantes de l’opposition armée ne disposent pas encore d’avions ou d’hélicoptères, la logique voudrait que cet obus de DCA ait été tiré par ces forces d’opposition contre un aéronef de l’armée syrienne.

L’artillerie de l’armée gouvernementale syrienne a une dotation en matériel qui lui permet d’utiliser tous ses équipements de manière adéquate en fonction des contraintes du terrain, et on peut dire que, compte tenu de sa puissance de feu, elle en a fait en réalité un usage modéré.

Si le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan est logique, il devrait donc demander à son armée d’exercer des représailles contre les opposants Syriens qu’il s’obstine à héberger, à encourager et à armer.

 

En difficulté sur son propre territoire, l’armée turque peut remercier Recep Tayyip Erdogan

22 octobre 2012

Le gouvernement turc a joué avec le feu en Syrie, en offrant refuge et armes aux bandes armées qui sèment le chaos dans ce pays.  Il en subit dores et déjà les conséquences avec une recrudescence de l’activité de l’opposition armée kurde déterminée à faire aboutir son projet national.

Un projet  que rejettent bien entendu vigoureusement les autorités d’Ankara qui exercent une répression sans merci qui s’étend jusque dans l’Irak voisin.

Un Irak où le gouvernement turc pactise ouvertement avec la province kurde autonome qui va bientôt commencer des livraisons d’hydrocarbures à la Turquie au grand dam du pouvoir central de Bagdad réduit au rang de simple spectateur.

On remarquera au passage qu’une des compagnies pétrolières engagées dans le négoce du pétrole du Kurdistan irakien n’est autre que Vitol, une société liée au gouvernement conservateur britannique et qui était chargée de fournir du carburant aux prétendus rebelles qui combattaient le régime de Mouammar Kadhafi en Libye.

En agissant ainsi,  le gouvernement turc ne semble même pas se rendre compte qu’il encourage les Kurdes dans leur projet national, un projet qui passe par la disparition de la Turquie dans la configuration territoriale que nous lui connaissons.

On peut êtres certes favorable à la concrétisation d’un projet national kurde, mais comme on le sait,  Recep Tayyip Erdogan n’a jamais laissé entendre qu’il voulait aller dans cette direction.

Or sa politique a donné des ailes (pas des avions, pas encore) à l’action armée du PKK qui dispose aujourd’hui d’une marge de manoeuvre inconnue depuis longtemps, avec deux régions kurdes autonomes, l’une en Irak et l’autre en Syrie, qui sont autant de soutiens moraux que matériels et peuvent jouer le rôle de bases de repli. Ce n’est pas encore le cas pour la région syrienne, mais si la crise perdure en Syrie, les choses n’en resteront pas là.

La situation militaire est à ce point dégradée en Turquie même que le gouvernement d’Ankara qui roule des mécaniques contre le pouvoir de Damas, n’est même plus capable d’assurer la sécurité de la logistique de son armée sur son propre territoire ainsi que les Turcs peuvent l’apprendre dans leur presse:

Le ravitaillement pour l’armée largué du ciel pour des raisons de sécurité

Istanbul, Hürriyet (Turquie) 22 octobre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’état-major de l’armée turque a ordonné que toutes les livraisons pour l’armée soient effectuées par la voie aérienne afin d’éviter que les convois de véhicules militaires qui circulent sur les routes tombent dans des embuscades tendues par de présumés membres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) illégal, a rapporté aujourd’hui le journal Hürriyet.

Tous les soldats qui se rendent à leurs bases où les permissionnaires qui quittent leurs postes en zone rurale seront transportés par hélicoptère reliant les villes à leurs postes d’affectation, selon une déclaration publiée par l’état-major la semaine dernière.

L’état-major aurait décidé de procéder ainsi dans le cadre d’un certain nombre de mesures de sécurité dans les régions où le risque terroriste est élevé.

Avion de ligne syrien: les Etats Unis laissent Erdogan s’enfoncer dans le ridicule

14 octobre 2012

La tension entre la Syrie et la Turquie, déjà forte, est monté d’un cran suite à l’arraisonnement le 10 octobre par l’armée turque d’un avion civil syrien assurant une liaison entre Moscou et Damas.

Le gouvernement turc a motivé cet arraisonnement par la présence d’armes russes dans les soutes de cet avion, ce que les autorités syriennes ont démenti.

La Russie a également démenti la présence d’armes dans cet avion, dont les soutes renfermaient par contre des pièces de rechange pour du matériel radar et a fait part de sa colère contre un acte qui aurait pu mettre en danger la vie de ses ressortissants qui se trouvaient à bord de l’appareil.

Si cet avion avait transporté des armes, la Russie n’aurait pas opposé de démenti, puisque rien ne lui interdit de vendre ce genre de matériel à l’armée syrienne.

Il va de soi que la Turquie ne se serait pas risqué à une montée de tension avec la Russie, d’où elle importe 60 % de ses besoins en gaz, si elle n’avait pas eu le soutien des Etats Unis qui se sont servis d’Ankara pour adresser un message à Vladimir Poutine sur le dossier syrien.

Effectivement les Etats Unis ont soutenu la démarche turque et on peut même concevoir que ce sont leurs services secrets qui ont soufflé à Recep Tayyip Erdogan que l’avion syrien transportait de l’armement, des «munitions» avait même précisé le premier ministre Turc.

Des munitions, ça se reconnaît pourtant au premier coup d’œil, sans demander d’investigations particulières.

En plus de ces supposées munitions, l’avion syrien transportait comme on l’a dit un certain nombre de ressortissants Russes . Ces derniers, munis de passeports diplomatiques, étaient peut-être des agents du FSB, les services secrets russes, ce qui n’a sans doute pas contribué à calmer les autorités ruses.

Erdogan a bien mérité sa médaille

Si Recep Tayyip Erdogan a bien brouillé son pays avec la Russie et si la tension a encore fortement augmenté entre la Turquie et la Syrie sous le regard impavide des Etats Unis, ces derniers ont maintenant décidé de laisser le premier ministre Turc s’enfoncer tout seul dans le ridicule puisque on peut lire dans le journal The Hindu daté du 14 octobre 2012 :

Les Etats Unis ont reconnu que la Russie n’avait violé aucune loi avec la cargaison contenue dans l’avion civil syrien reliant Moscou à Damas qui a été forcé par la Turquie à atterrir à Ankara mercredi.

Cette affaire est un bel exemple de névrose expérimentale induite par le maître américain chez son toutou Erdogan.

La prochaine étape de l’expérimentation consistera sans doute à amener le sujet expérimental à mordre son voisin syrien, ce qu’il sera probablement disposé à faire compte tenu de l’état mental et du ridicule dans lequel les manipulations américaines l’ont laissé.

La presse française n’en parle pas: 155 000 manifestants à Ankara contre la guerre

8 octobre 2012

La situation en Syrie est devenue un vrai casse-tête pour le gouvernement turc qui ne sait maintenant plus comment s’en dépêtrer.

Après avoir encouragé Ankara à soutenir la sédition armée dans le pays voisin, les démocraties humanistes occidentales ont clairement fait savoir qu’elles n’étaient pas intéressées par le déclenchement d’une guerre ouverte avec la Syrie.

Pas plus qu’elles n’acceptent de mettre la main au portefeuille pour aider les autorités turques à faire face aux besoins des Syriens qui se sont réfugiés sur son sol.

La Turquie se retrouve maintenant donc seule face aux problèmes posés par la situation en Syrie. On peut compter sur les prétendus rebelles prétendument démocrates pour essayer de provoquer la guerre ouverte dont Recep Tayyip Erdogan et son équipe ne veulent pourtant pas.

C’est ainsi qu’il faut interpréter le récent transfert de ce qui est présenté comme la direction militaire de l’Armée Syrienne Libre en territoire syrien dans ce que les derniers évènements ont transformé en zone tampon, ou en réduit, de facto.

Avec le refus explicite d’accueillir de nouveaux réfugiés, nous avons là les premiers signes d’une volonté de désengagement. Une volonté qu’on peut aussi repérer dans la proposition faite par le gouvernement turc d’une démission du président Bachar al-Assad qui pourrait être remplacé par le vice-président actuel Farouk al Chareh.

Sympa de ta part Bachar, mais tes costumes sont trop grands pour moi. Même la retoucheuse Erdogan pourra rien y faire

Recep Tayyip Erdogan ne sait plus comment sortir la tête haute d’une affaire qui se réduirait à une question de personne. J’imagine volontiers le premier ministre Turc supplier à  genoux Bachar al-Assad de céder le pouvoir, seul expédient qui lui reste pour sauver la face.

Parce que le gouvernement turc a fait montre d’irréflexion et de sottise dans sa gestion de l’affaire syrienne. Avant d’emboîter le pas à Londres ou à Paris, il aurait dû se rappeler que son pays partage une longue frontière et bien d’autres choses avec la Syrie : une histoire, des Alaouites et des Kurdes entre autres.

Et que tout bouleversement dans le pays voisin est susceptible d’avoir des répercussions en Turquie où les lignes de fracture sont très présentes  et peuvent s’élargir jusqu’à causer des troubles de nature à remettre en cause la stabilité du pays et la paix civile.

J’’ai déjà parlé sur ce blog de ces lignes de fracture avec les trois minorités précitées, kurdes, alaouites et alévies.

Alévis et Kurdes sont très présents dans les zones limitrophes de la Syrie

Vos journaux n’en ont bien sûr pas parlé, mais ce sont plus de 150 000 manifestants, essentiellement alévis, qui ont défilé dimanche dernier à Ankara pour réclamer justice et égalité mais aussi pour signifier leur refus de l’escalade militaire avec la Syrie voisine.

Manifestants à Ankara: Erdogan, tu insistes sur le foulard, commence d’abord par en porter un toi-même!

A bon entendeur, M. Erdogan!

Tension pendant une grande manifestation alévie

Zaman (Turquie) 7 Octobre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Des manifestants se sont affrontés à la police dimanche alors d’environ 155 000 manifestants étaient rassemblés place Sıhhiye à Ankara ce dimanche, dans une manifestation organisée par la Fédération Alevi Bektaşi et le Fédération des Associations Alévis pour exprimer leur demande d’égalité.

La police a tiré du gaz lacrymogène sur certains manifestants parce qu’ils avaient refusé d’être fouillés à leur arrivée sur la place Sıhhiye. Il y a eu un bref affrontement entre manifestants et policiers quand la foule a commencé à pousser après la barricade de la police à l’entrée. L’agence de presse Cihan a rapporté que ceux qui se sont heurtés à la police aux checkpoints de l’entrée appartenaient à la Plateforme Socialiste des Opprimés (ESP) et à une organisation marginale nommée Partisan. Cihan indique que ce sont ces organisations qui ont lancé des objets contre la police. Un manifestant a été arrêté et trois agents de police ont été blessés dans ces incidents.

Le rassemblement, appelé le « Laik ve Türkiye Demokratik ICIN ESIT Yurttaşlık Mitingi » (manifestation  de l’égalité citoyenne pour une Turquie laïque et démocratique), a commencé dans la matinée, les manifestants alévis s’étant regroupés à la gare d’Ankara avant de se diriger sur Sihhiye vers 10:30. Les manifestants ont scandé des slogans appelant à la justice pour le massacre de Sivas en 1993 où 35 alévis avaient été tués, à l’abolition des cours de religion obligatoires, à l’octroi aux lieux de culte des Alévis (cemevi, mot dérivé de l’arabe djemaa) le même statut que les mosquées, tout en protestant contre l’éventualité d’une guerre avec la Syrie et en exprimant un soutien au peuple syrien.

Outre l’ESP et Partisan, la manifestation a vu la participation d’autres organisations associatives et politiques, dont le Parti de la Solidarité et de la Liberté (ÖDP), le Parti Communiste Turc (TKP), l’Association Halkevleri, le Parti Populaire de Libération (HKP) et beaucoup d’autres.

Ces organisations protestaient aussi contre les insuffisances de l’enquête sur des incidents récents où les maisons d’habitants Alévis avaient été marquées en rouge dans plusieurs villes.

Un bus du Parti Républicain Populaire (CHP) ouvrait la marche pour la foule dans sa marche entre la gare de chemin de fer et Sıhhiye. Le fan club Çarşı de l’équipe de football de Beşiktaş jouait du tambourin et il y avait un groupe de caisses claires nommé  Kızıldavul (tambour rouge).

En 2010, le gouvernement avait organisé sept ateliers sur une période de six mois qui avaient vu la participation de 400 universitaires, théologiens, membres d’organisations de la société civile, politiciens, journalistes et représentants Alévis et Bektaşis.

Malgré tout, un certain nombre d’organisations avaient protesté contre le gouvernement, accusant les autorités de «sunniser» les Alévis dans le pays.

Toute la lumière  n’a pas encore été faite sur l’histoire des Alévis au temps de l’empire ottoman, mais les relations entre les communautés sunnite et alévie en Anatolie ont été difficiles dès le début. En 1511, l’armée ottomane avait brutalement réprimé en Anatolie une révolte des Turkmènes Kizilbaş (tête rouge) de confession alévie, et 40 000 d’entre eux avaient péri. La bataille de Çaldıran, entre l’empire Ottoman sous Yavuz Sultan Selim et le dirigeant Séfévide Ismaïl en 1514 avait eu pour conséquence un édit impérial ordonnant la mise à mort de tous les Kızılbaş de la région.

Les siècles qui suivirent furent aussi troublés, mais pas aussi brutaux. En fait, les troupes impériales ottomanes – appelées janissaires – étaient recrutées exclusivement dans des loges Bektaşi. Ce qui reste difficile à apprécier, c’est l’étendue de la persécution des Alévis à l’époque républicaine. Des centaines d’Alévis furent tués dans des pogroms, dont beaucoup considèrent qu’ils avaient été ourdi en sous-main par des organisations secrètes à l’intérieur de l’appareil d’Etat, dans les villes de Çorum, Yozgat et Kahramanmaraş, dans les années 1970. 34 artistes Alévis avaient péri brûlés vifs en 1992 dans l’incendie de l’hôtel Madimak à Sivas. Il y a eu d’autres incidents, comme celui dans le quartier alévi de Gazi à Istanbul en 1995, quand des Alévis avaient été la cible de tirs à l’arme automatique.

Le gouvernement turc en pleine névrose syrienne

5 octobre 2012

Difficile de savoir ce que cherche le gouvernement turc.

On peut le comparer à un chien enragé  ou mieux au chien chez qui on induit ce qu’on appelle une névrose expérimentale. Confronté à des  injonctions contradictoires de ses maîtres, le premier ministre turc est en effet en proie à une agitation incoercible dont on verra bien si elle débouchera sur une montée d’excitation ou sur l’apathie comme chez le chien de Pavlov..

Selon le journal libanais L’orient le Jour,

Ankara se pose en patron et Damas se répand en excuses

L’orient le Jour parle bien sûr des tirs de mortiers qui ont coûté la vie à cinq habitants d’un village turc frontalier, dont une mère et ses trois enfants.

Comme on le sait, l’armée turque a effectué des tirs de représailles qui ont été renouvelés ce vendredi 5 octobre suite à la chute d’un autre obus en territoire turc.

On peut lire dans ce même article de L’Orient le Jour que

Le chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition syrienne, a accusé vendredi le régime de Damas d’avoir voulu « exporter la crise syrienne » en bombardant cette semaine le village turc d’Akçakale.
Après ces tirs, à Akçakale, plusieurs chars et pièces d’artillerie, dont les canons visent ostensiblement le territoire syrien, ont été déployés.

Décidément, ces gens là du Conseil national Syrien ont tous les culots. Ils accusent en effet le gouvernement syrien de vouloir exporter la crise, eux qui sont structurés à l’étranger, en Turquie notamment où les éléments armés avec lesquels ils sont en lien (sans qu’on sache vraiment comment) ont établi leurs bases arrières et se replient après avoir fait le coup de feu avec des armes fournies par le gouvernement turc et ses associés qataris et saoudiens entre autres.

Il reste que

La Syrie a précisé qu’elle regrettait la mort de civils innocents dans l’incident du tir de mortier transfrontalier de mercredi mais qu’elle n’avait pas présenté d’excuses à la Turquie car il restait encore à s’assurer de l’identité de ceux qui ont mené les attaques.

Le gouvernement syrien ne s’est donc pas excusé contrairement à ce qu’a rapporté la presse et n’a pas reconnu sa responsabilité dans les tirs meurtriers.

La tactique de l’opposition armée au régime syrien consiste depuis le début à solliciter une intervention étrangère, c’est-à-dire des bombardements humanitaires sur le modèle libyen. De là à essayer de la provoquer en fabriquant des incidents frontaliers de ce genre, il n’y a qu’un pas que je n’hésite pas à franchir tant nous sommes devant des gens dépourvus de principes. D’autant que les populations des régions limitrophes de la Syrie sont largement hostiles à l’opposition syrienne.

Bachar al-Assad est peut-être un autocrate, mais aucune de ces prétendus démocrates ne lui arrive à la cheville, exactement comme les membres de la clique qui est maintenant au pouvoir en Libye.

Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre Turc, est en campagne électorale et tout ce qui lui reste à faire, devant l’impasse dans laquelle il a placé son pays, c’est de montrer ses muscles et de taper sur le régime syrien en respectant certaines lignes rouges parce que ses amis et patrons de l’OTAN ne sont pas intéressés par un conflit à grande échelle.

Pas plus que les Turcs eux-mêmes ainsi que viennent de le rappeler des citoyens à Istanbul :

des milliers de personnes ont convergé vers la fameuse place Taksim d’Istanbul pour participer à une puissante manifestation anti-guerre. Les militants de la paix scandaient : «Non à la guerre§ La paisx maintenant ! Nous ne serons pas les soldats de l’impérialisme !»

Bien sûr, ce sont là des sympathisants de l’opposition au gouvernement turc, mais au delà de l’opposition l’opinion turque est majoritairement contre un conflit armé avec le voisin syrien. Et à mon avis, ils étaient plus de 5 000 contrairement à ce que disent nos journaux: 

Manifestation contre la guerre le 4 octobre à Istanbul

Sans préjuger des aspects purement militaires, un tel conflit aurait des conséquences à court et à moyen terme considérables pour la Turquie où, comme on l’a dit, les forces qui pourraient se mobiliser contre le pouvoir actuel sont considérables, entre les Arabes Alaouites du Hatay, les Alévis et bien sûr les Kurdes.

Pas sûr donc que le jeu en vaille la chandelle, même pour Erdogan.


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