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Traduction de l’article du New Yorker: « Comment le scandale Tariq Ramadan a fait dérailler le mouvement #Balancetonporc en France »

2 décembre 2017

L’affaire Harvey Weinstein a amené une certaine libération de la parole aux Etats Unis chez des femmes, comédiennes, journalistes etc., qui ont été victimes d’abus sexuels, allant de la main aux fesses au viol caractérisé, de la part d’hommes puissants, producteurs, présentateurs TV, politiciens et même acteurs.

Cette libération de la parole a traversé l’Atlantique pour s’inviter en France mais, du fait de la personnalité d’un des hommes ciblés par une puis plusieurs accusations, le débat public a rapidement dérivé de l’oppression exercée sur des femmes par des hommes puissants, le plus souvent avec la complaisance du système politico-médiatique, vers la stigmatisation d’une oppression de la gent féminine qui serait une spécificité de l’Islam.

L’accusé en question est évidemment Tariq Ramadan, bête noire de la droite traditionnelle mais aussi de la gauche laïcarde qu’incarnent des personnalités comme Caroline Fourest et manuel Valls.

Cette dérive est analysée de manière précise par Adam Shatz dans un article qui a rencontré un écho certain chez ceux qui, tout en admettant évidemment que M. Ramadan soit sanctionné pénalement si les faits qui lui sont reprochés sont avérés, n’acceptent pas que les errements réels ou supposés de l’islamologue suisse soient l’occasion d’une accentuation de la campagne qui vise à stigmatiser la communauté musulmane française ou même au rejet de toute démarche venue de l’intérieur de l’Islam visant à mobiliser les membres d’une communauté en vue de l’exercice d’une citoyenneté respectueuse des lois du pays tout en vivant harmonieusement sa foi.

Je le dis d’autant plus aisément que, même si je ne suis pas du tout musulman pratiquant, je comprends parfaitement les enjeux considérables qu’a pointés mieux que beaucoup d’autres Tariq Ramadan. Adam Shatz rappelle à juste titre que ce qui a suscité la haine féroce que vouent des personnes comme Caroline Fourest à l’encontre de Tariq ramadan c’est qu’il a souligné la possibilité de concilier citoyenneté française et spiritualité musulmane sur la base du fait que l’Islam et la communauté musulmane, les Musulmans eux-mêmes, sont des données de la société française et non des éléments allogènes.

Or la représentation de l’Islam comme un phénomène allogène est ce qui permet à certains d’en parler en des termes qui scandaliseraient s’ils portaient sur une autre communauté religieuse et d’exiger, eux les « laïques », que cette religion se naturalise en quelque sorte.

Les accusations contre Tariq Ramadan, si elles correspondent à la réalité, et même si ce n’est pas le cas sans doute, risquent de porter un coup fatal à une approche qui, loin du prétendu double-discours dénoncé par Caroline Fourest, propose un socle minimal pour que tous les habitants de ce pays puissent cheminer ensemble quelles que soient leurs convictions religieuses.

Cette affaire a cependant permis aussi de constater de manière claire que Tariq Ramadan n’a pas que des amis parmi les Musulmans. Son discours est en effet jugé trop conservateur pour ceux qui prétendent concilier leur foi avec des valeurs de gauche, trop progressiste pour d’autres tel le fameux « Etat Islamique » pour qui M. Ramadan est un apostat.

J’ignore si M. Ramadan est coupable d’un ou plusieurs des crimes et délits dont on l’accuse. J’espère que non, mais la justice doit passer et si crime il y a il ne doit pas rester impuni.

Certes, M. Ramadan ne renvoie pas l’image d’un agresseur sadique mais c’est le propre de certains délinquants, sexuels ou autres, de renvoyer une image lisse et de garder un calme semble-t-il à toute épreuve tant que leur culpabilité n’a pas été démontrée. Et encore…

Comment le scandale Tariq Ramadan a fait dérailler le mouvement #Balancetonporc en France

par Adam Shatz, The New Yorker (USA) 29 novembre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Peu après la formation du mouvement #MeToo aux Etats Unis, en réaction au scandale Harvey Weinstein, « #Balancetonporc  » a surgi en France. L’effet en a été un coup sans précédent porté à ce que Sabrina Kassa  a appelé le « ventre patriarcal » d’un pays où le harcèlement et d’autres crimes sexuels ont souvent été dissimulés ou balayés par un discours gaulois sur le flirt et le libertinage.. En 2008, Dominique Strauss-Kahn, qui était le Président Directeur Général du Fonds Monétaire International (FMI), avait été l’objet d’une enquête interne du FMI suite à des allégations selon lesquelles il aurait contraint une subordonnée à avoir des relations sexuelles avec lui. Bien qu’il se soit excusé pour une « erreur de jugement », la presse française avait célébré en lui « le grand séducteur. » S’il n’avait pas été arrêté à New York en 2011 sur des accusations (qui seront ensuite abandonnées) d’avoir violé Nefissatou Diallo, une femme de chambre, dans la suite présidentielle de l’hôtel Sofitel, Strauss-Kahn, une personnalité influente du Parti Socialiste, aurait pu être élu président de la France en 2012.

Le mouvement #Balancetonporc a dénoncé des personnalités du monde des affaires, du divertissement et des médias, mais le scandale le plus médiatisé a été celui de Tariq Ramadan, un intellectuel et activiste musulman accusé de viol et d’abus sexuels par plusieurs femmes. (Ramadan nie toutes ces allégations) Ramadan est une figure controversée en France depuis plus d’une vingtaine d’années – une sorte écran projectif, ou de test de Rorschach pour les angoisses nationales autour de la « question musulmane ». Comme Strauss-Kahn, il a souvent été dépeint comme un séducteur, mais cette caractérisation n’était pas entendue comme un compliment : il est accusé depuis longtemps d’avoir dangereusement envoûté les jeunes membres de la population musulmane française, fragilisant ainsi leur acceptation es normes françaises, en particulier celles qui touchent à la laïcité, au genre et à la sexualité.

Né en 1962 en Suisse, Ramadan est le fils de Saïd Ramadan, un dirigeant exilé des Frères Musulmans qui était le gendre d’Hassan al-Banna, le fondateur de la confrérie. Tariq Ramadan, qui n’est pas membre des Frères Musulmans, est néanmoins un conservateur religieux – un « salafiste réformiste » selon ses propres termes – qui prêche depuis longtemps les vertus de la pudeur chez les femmes dans l’habillement et le comportement sexuel. (Son frère Hani Ramadan est connu pour son approbation de la lapidation des femmes adultères, sa haine des homosexuels et sa conviction que les attentats du 11 septembre étaient une conspiration occidentale)

Dans les années 1990, Tariq ramadan a attiré un public parmi les Musulmans français, aussi bien dans les banlieues que dans les classes moyennes. Son message était simple, révolutionnaire et électrisant : l’islam faisait déjà partie de la France, et donc les citoyens musulmans n’avaient nulle obligation de choisir entre leurs identités. Ils pouvaient pratiquer leur foi librement, même de façon stricte, et pourtant rester Français tant qu’ils respectaient les lois du pays. Les Musulmans français, soutenait-il, devaient dépasser leur « mentalité de victimes » et se prévaloir en même temps de leur foi et de leur francité. Dans le même temps, la France devrait reconnaître que l’islam est une religion française ; les citoyens musulmans n’ont guère besoin d' »assimilation » dans un pays qui est déjà le leur, une notion paternaliste enracinée dans l’histoire coloniale de la France. Il ne contestait pas la laïcité, la modalité française de la sécularisation, mais il affirmait qu’elle était appliquée de manière discriminatoire contre les Musulmans, en particulier en matière de port du foulard qui a été en définitive interdit dans les écoles publiques en 2004.

Ramadan, avec sa barbe élégamment taillée, ses vestes de sport et ses chemises ouvertes, offre une silhouette charismatique et plutôt lisse. (Il a sans doute l’inspiré le personnage de Mohamed Ben Abbes, le Musulman qui devient président de la France dans le roman de Michel Houellebecq  » Soumission. »)  Sorte de Bernard-Henri Lévy musulman, il semblait être aussi à l’aise avec le jargon de l’intellectualisme parisien qu’avec celui du Coran. Bien que n’étant pas de gauche, Ramadan a gagné le respect de certaines de ses personnalités les plus prestigieuses, dont Edwy Plenel, l’ancien rédacteur en chef du Monde et fondateur et rédacteur en chef de Mediapart ; Alain Gresh, l’ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique ; et le sociologue Edgar Morin. Lorsque Ramadan prenait la parole, des politiciens et des journalistes, des célébrités et des commerçants musulmans, des imams et des militants altermondialistes l’écoutaient. Au début des années 2000, il jonglait avec tant de publics que, comme l’avait dit l’expert de l’Islam Bernard Godard, un ancien fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, il semblait être en même temps « partout ». . . et nulle part.

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Puis, en 2003, au sommet de son influence, la démarche de Ramadan pour se rapprocher de l’intelligentsia française a commencé à se déliter. Il avait d’abord provoqué un tollé avec un article accusant un groupe d’intellectuels « juifs » de renom – dont l’un n’était pas, en fait, juif – d’avoir abandonné les principes universalistes pour défendre les intérêts juifs et israéliens. L’indignation avait été encore plus forte quand, pendant un débat télévisé avec Nicolas Sarkozy, qui était alors ministre de l’Intérieur, il avait déclaré être en faveur d’un « moratoire », mais pas d’une interdiction, de la lapidation des femmes en cas d’adultère. Ramadan avait dit clairement être personnellement opposé à cette pratique mais, en tant que théologien musulman avait-il expliqué, « Vous ne pouvez pas décider tout seul d’être progressiste sans les communautés, c’est trop facile. »

Dans « Frère Tariq », un livre publié en 2004, la journaliste Caroline Fourest avait dressé le portrait scabreux d’un Ramadan membre irréductible des Frères Musulmans qui « joue sur la faiblesse de la démocratie pour promouvoir un projet politique totalitaire ». Peu importe si Ramadan n’a pas fait mystère de ses convictions, même sur ce problème controversé de la lapidation : il pratiquait ce que Mme Fourest qualifiait de « double discours ». S’il plaidait pour le respect de la loi française à côté de l’observance de l’Islam, c’était une preuve supplémentaire de ses intentions malveillantes. Depuis lors, l’élite française en est venue à considérer Ramadan comme un danger, qui pousse les Musulmans marginalisés des banlieues agitées à l’islamisation et même vers le djihadisme. Ramadan a eu des difficultés à organiser des réunions publiques avec ceux qui le soutiennent en France ; sa tentative l’an dernier de demander la citoyenneté française (sa femme est de nationalité française) a échoué. En 2009, il a pris une chaire à Oxford – financée par l’émirat du Qatar à travers une de ses fondations – et il passe maintenant beaucoup de temps à Doha où il dirige un centre de droit et d’éthique islamiques subventionné par le gouvernement. Ces temps-ci, ses interlocuteurs ont plus de chance d’être des clercs orthodoxes que des intellectuels européens.  La plupart des Musulmans français se sont soit lassés de son culte de la personnalité un peu lourd, soit détournés de lui. Quant aux djihadistes de l’Etat Islamique (Daesh) avec lesquels certains théoriciens du complot de droite pensent qu’il est de mèche, ils l’ont condamné pour apostasie à cause de sa croyance en la démocratie.

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Caroline Fourest

Ramadan semblait sur le point de devenir un has-been-quoique avec deux millions de fans sur Facebook – quand, le 20 octobre, une musulmane de quarante ans nommée Henda Ayari l’a publiquement accusé, entre autres, de l’avoir violée dans une chambre d’hôtel à Paris en 2012. Mme Ayari, qui a depuis reçu des menaces de mort, est une ancienne salafiste qui a rompu avec l’Islam et est devenue une féministe engagée et laïque à la française. Elle est une sorte d’héroïne dans les cercles d’extrême-droite de la fachosphère, où l’islamophobie est un ticket d’entrée. (« Soit tu es voilé, soit tu es violée », a-t-elle dit sur la condition des femmes dans l’Islam.) Les affiliations politiques d’Ayari ont fait se froncer quelques sourcils, mais une semaine plus tard, une femme identifiée par le prénom « Christelle », une Française convertie à l’Islam, affirmait que Ramadan l’avait violée dans une chambre d’hôtel en 2009. Sept jours plus tard, de nouvelles accusations ont été portées, cette fois par trois anciennes étudiantes de Ramadan que ce dernier aurait violées quand elles étaient âgées entre quinze et dix-huit ans. Selon de nombreuses sources, les récits [d’agressions sexuelles] se multiplient.

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Henda Ayari avant (à droite) et après

Et pourtant, l’affaire Ramadan n’a jamais porté simplement sur le fait de savoir si Ramadan avait ou non commis les crimes dont il est accusé, ni même sur les souffrances qu’il aurait infligées à ses accusatrices. Ramadan, qui s’est mis en congé d’Oxford, dit être victime d’une campagne de diffamation. Ses plus proches partisans ont hurlé à la conspiration sioniste, une théorie reprise par Hani, son fondamentaliste de frère. Les adversaires de Ramadan dans l’establishment français ont vite fait de s’emparer de ces accusations comme d’une bonne occasion pour discréditer leurs propres détracteurs. Le 5 novembre, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre, sous la présidence de François Hollande, dénonçait les intellectuels qui dialoguaient avec Ramadan comme «complices» de ses crimes présumés. Valls, fils d’immigrants espagnols, est un laïciste intransigeant qui a contribué à introduire la démagogie antimusulmane, ainsi que des préjugés anti-Roms, dans le Parti Socialiste. (Il a présenté le concept même de l’islamophobie comme étant le «cheval de Troie» des salafistes.) En tant que Premier ministre, il a aidé à faire adopter les mesures d’urgence temporaires annoncées après les attentats terroristes de 2015, dont certaines ont été transcrites dans la loi. Et donc normalisées, sous le président Emmanuel Macron.

© MARTIN BUREAU / AFP

Manuel Valls est aujourd’hui un islamologue réputé

Valls n’avait jamais auparavant exprimé beaucoup d’inquiétude pour les victimes de crimes sexuels commis par des hommes puissants. En fait, il avait déploré la «cruauté insupportable» de l’arrestation de Strauss-Kahn à New York. (Quelques membres du Parti socialiste, dont Strauss-Kahn lui-même, ont prétendu avoir été victimes d’un complot orchestré par le président Sarkozy, qui voyait Strauss-Kahn comme une menace à sa réélection. Sarkozy a nié ces allégations). Mais début octobre, Valls a condamné les journalistes de Mediapart en tant que compagnons de route de gauche de l’Islam politique ; par la suite, il a insinué que Plenel avait délibérément caché ce qu’il savait des dépravations sexuelles de Ramadan. (Valls n’a proféré aucune accusation publique contre Bernard Godard, qui travaillait sous son autorité au ministère de l’Intérieur, ou Caroline Fourest, bien que tous deux aient admis avoir au courant des rumeurs sur les mauvais traitements infligés aux femmes par Ramadan.) Ce n’est peut-être pas une coïncidence si Plenel, le président de Mediapart», avait étrillé Valls dans son livre de 2014, «Pour les musulmans», une critique éloquente de l’islamophobie dans la vie publique française, inspirée par le « Pour les juifs » d’Emile Zola publié en 1896, une dénonciation de l’antisémitisme. En fait, Plenel a pris la responsabilité de publier un portrait en cinq parties de Ramadan, par Mathieu Magnaudeix, qui le dépeint comme un « show man » autoritaire et égoïste qui « construit sa renommée sur un mélange de mauvais buzz (contre l’élite) et une séduction digne des meilleurs télévangélistes

Plenel a insisté sur le fait qu’il n’avait rien su de l’inconduite de Ramadan, ajoutant que l’un des dossiers les plus complets sur ce que Mediapart a appelé le « système Ramadan » était paru dans Mediapart à peine une semaine après le scandale. Mais le magazine satirique français Charlie Hebdo a promptement recyclé les accusations de Valls contre Plenel. Depuis le massacre perpétré dans ses locaux, en janvier 2015, Charlie Hebdo a acquis une auréole de martyre, et  » Je Suis Charlie » est devenu une devise presque aussi sacrée que » liberté, égalité, fraternité « . En même temps, le magazine est devenu de plus en plus provocateur dans sa parodie de tout ce qui touche aux musulmans ou à l’islam. La couverture du numéro du 8 novembre comportait une grille de quatre caricatures de Plenel, sous le titre « affaire Ramadan, Mediapart révèle : » Nous ne savions pas.  » Dans les dessins, il couvre sa bouche, cache ses yeux et se bouche les oreilles, les trois singes qui ne parlent pas, ne voient pas, n’entendent pas le mal. (Charlie a également publié une couverture sur laquelle Ramadan se déclare le « sixième pilier de l’Islam », tandis qu’une énorme érection gonfle son pantalon.) En quelques semaines, l’affaire Ramadan s’est transformée en l’affaire Plenel-Valls- Charlie : un débattre qui porte moins sur Ramadan et son traitement des femmes que sur des intellectuels français, leurs relations avec Ramadan et leurs points de vue sur l’islam dans la société française.

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Philippe Val, ancien rédac chef de Charlie Hebdo, aurait appris par la police que son ami et collaborateur Patrick Font était un pédophile

Sur Twitter, Plenel a tourné en dérision la caricature comparée à une  » affiche rouge », par allusion à la fameuse affiche rouge placardée par les occupants allemands à Paris, en 1944, dans le cadre de leurs efforts pour dénigrer un groupe de résistants présenté comme une « conspiration étrangère contre la vie française.  » La première page de Charlie, soutenait-il, était le prolongement d’une » campagne générale « . . . de guerre contre les Musulmans « en France. En réponse, Laurent (Riss) Sourisseau, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, a accusé Plenel de « condamner Charlie à mort une seconde fois ». Accuser Charlie d’exciter la haine antimusulmane, comme l’a fait Plenel, c’est risquer d’être accusé d’incitation [à la haine raciale], comme Valls le savait sûrement quand, le 15 novembre, il déclara au sujet, de Mediapart : « Je veux qu’ils soient écartés du débat public ».

Pour beaucoup en France, la culpabilité présumée de Ramadan n’était pas tant la preuve de la prévalence d’un comportement misogyne en France, ni d’une trahison de ses obligations religieuses, mais la preuve en fait qu’il n’était pas différent des autres «obscurantistes islamiques» qui prêchaient la pudeur aux femmes tout en en tirant cruellement avantage, comme le soutenait Sylvie Kauffmann, directrice éditoriale du Monde , dans une tribune pour le New York Times. Ce prisme a une histoire aussi vieille que le colonialisme français. Comme l’explique Joan Wallach Scott dans son nouveau livre, « Sex and Secularism », la représentation du patriarche musulman répressif et pourtant lubrique a longtemps servi à détourner l’attention de la discrimination subie par les femmes dans la société française, tout comme la prétendue « situation abjecte » des femmes musulmanes tenait lieu d' »‘antithèse de tout ce que » l’égalité « signifie en Occident. »

Ces dernières années, les Musulmans en France ont découvert qu’il ne suffit pas de respecter les lois françaises : pour appartenir vraiment à la France, ils doivent dénoncer les mauvais musulmans, rendre grâce à Charlie et autres démonstrations de loyauté, tout comme leurs ancêtres dans l’Afrique coloniale du Nord et de l’Ouest avaient appris à honorer «nos ancêtres, les Gaulois». Plus ils sont français, plus leur francité, leur capacité à «s’assimiler» semble être mise en question, ce qui a accentué leur sentiment d’aliénation. Les organisations et les institutions musulmanes se sont largement abstenues de commenter le scandale Tariq Ramadan – un silence qui, pour certains, vaut expression de solidarité avec un compatriote musulman longtemps dénigré en France. Les autres qui ont été invités à commenter publiquement l’affaire du Ramadan ont choisi de rester silencieux à cause de leur sentiment de malaise, ou peut-être d’irritation, d’être convoqués pour passer un autre test décisif pour prouver leur valeur en tant que citoyens, ou à cause de l' »islamisation » de l’affaire. Une affaire dans laquelle Ramadan est soit perçu comme la victime d’une conspiration antimusulmane, soit comme un symbole de la violence sexuelle musulmane.

Lallab, une association féministe musulmane, n’a jamais été invitée à commenter #balancetonporc, mais a immédiatement été soumise à la pression des médias pour répondre aux accusations contre Ramadan. C’était, a écrit une porte-parole, « comme si nous étions musulmanes avant d’être des femmes. . . Comme si nous avions seulement le droit légitime de dénoncer la violence commise par d’autres Musulmans. »

Un autre produit de cette aliénation historique fut la naissance, en 2005, du Parti des Indigènes de la République, un groupuscule composé en grande partie de militants originaires d’Afrique du Nord et de l’Ouest qui brandissent leur aliénation de la société française comme un titre de fierté. Le PIR considère les musulmans français et les autres personnes de couleur comme des citoyens colonisés à l’intérieur, d’éternels citoyens de seconde zone, et préconise une politique de séparatisme beaucoup plus radicale que le message d’inclusion de Ramadan. Houria Bouteldja, la porte-parole charismatique du Parti, a connu la notoriété ces dernières années pour sa défense des hommes musulmans accusés de violences sexuelles. Elle a fait valoir que, face à la «virilité alimentée par la testostérone chez les hommes indigènes», les femmes de couleur devraient rechercher son côté rédempteur, «la partie qui résiste à la domination coloniale», et rester avec leurs frères. Mais les nombreuses accusations portées contre « Frère Tariq » semblent avoir amené Bouteldja à faire une pause. Dans une déclaration laconique et inhabituellement mesurée sur Facebook, elle a mis en garde contre « l’instrumentalisation raciste de cette affaire » mais dit aussi que la justice devra décider « si les faits sont avérés et si Henda Ayari a été honnête dans sa démarche. »

Alors que la plupart des commentateurs de l’affaire Ramadan ont été – comme c’est souvent le cas avec les discussions sur l’islam, la laïcité et le terrorisme en France – blancs et masculins, certaines des idées les plus importantes sur le scandale viennent des féministes musulmanes qui sont consternés par les préjugés de Valls et de Charlie, et déçues par l’apparente indifférence de Bouteldja envers les victimes d’abus sexuels. Pour elles, le scandale exemplifie la nécessité d’une sorte d’«intersectionnalité» ou de compréhension de la nature imbriquée de l’oppression raciste et sexiste, qui fait partie du discours féministe aux États-Unis depuis la fin des années quatre-vingt. Comme l’écrit Souad Betka dans un essai publié dans le magazine en ligne Les Mots Sont Importants, «nous les féministes musulmanes refusons de sacrifier la lutte contre le sexisme et la violence patriarcale à celle contre le racisme. » «Depuis plus de cinq ans, de nombreuses militantes associatives musulmanes de mon entourage m’ont témoigné avoir été victimes d’insultes, de manipulation et de harcèlement sexuel de la part de cet homme» [Tariq Ramadan]. Mais les organisations antiracistes dans lesquels militaient ces femmes avaient choisi d’ignorer la violence sexuelle perpétrée par des hommes «indigènes» par crainte d’attiser l’islamophobie française. Il n’est dès lors pas surprenant que des femmes musulmanes comme Henda Ayari cherchent auprès d’écrivains comme «Caroline Fourest le soutien que d’autres, plus proches, tardent à leur apporter.». Pour une grande partie de la société française, écrit Betka : « un homme musulman est toujours plus qu’un homme. Il est l’arbre qui représente la forêt, faute de la cacher. Il est la forêt. »

Pour Manuel Valls et Charlie Hebdo, Ramadan représente la menace de la conquête islamique ; pour les partisans musulmans de Tariq Ramadan, il représente l’Oumma elle-même. Pour ceux qui sont coincé entre la manipulation raciste par Valls des crimes présumés de Ramadan et le déni des partisans de ce dernier, la position la plus radicale consiste à souligner le fait qu’il n’est qu’un homme.

« Je ne suis pas une musulmane modérée. Et je n’ai nul désir de l’être »

10 mars 2017

Aux Etats Unis, il existe une presse étudiante très vivante dont le niveau éditorial n’a souvent rien à envier aux médias professionnels (ce serait même parfois l’inverse).

Cette presse étudiante à l’intérêt particulier de mettre en évidence ce que pensent les jeunes dont beaucoup feront partie de l’élite américaine et auront donc un poids particulier dans la vie publique de leur pays.

C’est le cas du Harvard Crimson, journal d’une université parmi les plus prestigieuses des Etats Unis, membre de l’Ivy League qui rassemble huit universités de renom dont certaines au nom évocateur comme Princeton ou Yale.

Shireen Yunus est une jeune éditorialiste qui collabore au Harvard Crimson où elle nous propose un article dans lequel elle dénonce avec talent la quête perpétuelle dans les médias dominants et dans le discours des politiques du « Musulman modéré », cet individu marginal voire introuvable face à la horde des Musulmans extrémistes assoiffés de violence.

Shireen

Shireen Younus

A cette demande des médias dominants, Shireen Younus a finalement choisi de répondre par une fin de non-recevoir.

Un propos qu’on peut et doit évidemment considérer comme valable pour la situation en France.

Je ne suis pas une Musulmane modéré

Par Shirenn Younus, Rédaction de The Harvard Crimson (USA) 9 février 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

A l’âge de quatre ans, ma mère m’apprit à lire le Coran. Nous commençâmes avec l’alphabet arabe. Je me souviens avoir appris comment prononcer la lettre « alif », la première lettre du mot « Allah » (Dieu), et « sheen », le première lettre de mon propre nom. Comme je grandissais, ma mère m’apprit comment placer mes mais pour la prière, mon père me parla du courage et de la piété des premiers Musulmans, mes parents m’emmenèrent dans une petite mosquée qui devait devenir comme une deuxième maison pour moi.

Je sais que mes expériences sont différentes. Je couvre mes cheveux avec un foulard. Mon livre sacré se lit de droite à gauche. Et je vais à la mosquée, pas à l’église. Mais je sais aussi qu’il n’y a là rien d’extrémiste. Ma foi m’a enseigné aussi les mêmes règles morales de base : la bonté, l’honnêteté et le respect.

C’est seulement à l’âge adulte que j’ai réalisé que, pour certains, mon enfance et mon identité n’étaient pas seulement différents mais dangereuses. Dans le monde post 11 septembre, la langue que j’ai apprise à côté de l’Anglais est associée au terrorisme, mon foulard est un autre symbole de mon altérité et la mosquée où j’avais noué des amitiés et joué à la balançoire est le signe d’une atteinte malvenue à la société américaine. C’est aussi à ce moment que j’avais réalisé qu’être Musulman ne suffisait pas – je devais me définir comme une « Musulmane modérée. »

Je dus commencer à endurer les blagues sur les terroristes et rester calme devant des accusations insultantes. Je commençais à faire ouvertement acte de contrition et à m’interroger sur comment mes erreurs avaient pu aboutir à la généralisation de stéréotypes négatifs sur les Musulmans. A l’époque, ça paraissait logique. J’entendais partout l’Amérique en appeler à des voix « musulmanes modérées. » C’était ce qui apparaissait comme la voie la plus évidente pour distinguer les convictions pacifiques de l’idéologie pervertie de ceux que je voyais à la télévision.

Même ma connaissance de l’Islam avait été affectée par mes tentatives pour être modérée. Au lieu d’aller dans le sens de ma curiosité naturelle pour la religion, j’appris comment être sur la défensive. Aujourd’hui, je suis capable de parler de l’histoire islamique des droits des femmes et de la signification du mot « djihad ». Je peux expliquer comment l’Islam valorise la modération dans la pratique religieuse. Je peux vous dire que le Coran ne prescrit pas la peine de lapidation, que la première université dans le monde fut fondée par une femme musulmane et que le mot « infidèle » n’appartient pas à la tradition musulmane.

Cependant, dans mes vaines tentatives pour être modérée, j’ai appris qu’un Musulman modéré est bien plus qu' »un Musulman qui n’est pas un terroriste. » Un Musulman modéré est plus « laïque » [secular] – moins ouvertement religieux. Un Musulman modéré doit se montrer aveuglément patriote et reconnaissant à l’égard des Etats Unis en dépit de politiques intérieures et extérieures bi-partisanes qui font quotidiennement du mal aux Musulmans partout dans le monde. Un Musulman modéré doit constamment coller au stéréotype du « Musulman libéral [au sens américain] et laïque [secular] qui est tout aussi peu nuancé que le stéréotype du « Musulman terroriste dangereux ». Un Musulman modéré ne se voir accorder qu’un minimum d’espace par les médias et par l’Amérique. Un Musulman modéré est une personne diminuée.

Je ne suis pas une Musulmane modérée. Et je n’ai nul désir de l’être.

Le qualificatif « modéré » suggère qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement violent dans l’Islam. Il pousse à conclure à tort qu’un petit groupe de « modérés » se situe en opposition à de grandes bandes d’extrémistes violents qui soutiennent Daesh. Ce n’est tout simplement pas vrai parce que la réalité est complètement à l’opposé. Quand les médias parlent de « Musulmans modérés », ils propagent un discours dangereux selon lequel l’Islam est une religion violente qui n’est pas compatible avec la société américaine.

L’expression « Musulman modéré » présume qu’être musulman n’est pas suffisant. Qu’être musulman est une menace. Elle enjoint aux Musulmans de s’abstenir de lutter pour les droits de l’Homme et un respect élémentaire. Elle nous enseigne à associer notre propre foi et nos propres mois à la violence, bien que nous sachions à quel point ce mythe est faux. Elle fait que nous nous retrouvons sans cesse à condamner le terrorisme et à nous attribuer la charge de la preuve en réaffirmant que nous sommes des gens bons, pacifiques et libéraux.

C’est épuisant, et contraignant, et j’en ai assez. Je ne pense pas qu’il soit de ma responsabilité individuelle de réaffirmer constamment mon humanité. Je ne crois pas que réaffirmer l’humanité de milliards de Musulmans dans le monde entier relève de ma responsabilité.

Mon identité, comme l’identité de tout individu musulman est diverse. Oui, je prie cinq fois par jour et le mois de Ramadan est ma période de l’année préférée. Mais je suis une inconditionnelle de Beyoncé et j’ai une propension à zapper sur Netflix. Je ne devrais pas avoir à sacrifier une quelconque partie de moi-même pour mériter votre respect.

Shireen Younus,’20 ans, est une éditorialiste du Crimson qui vit à Greenough

Selon un pasteur chrétien, le gouvernement devrait condamner à mort les homosexuels

15 juin 2016

La tuerie du Pulse Bar,  une boîte pour homosexuels d’Orlando en Floride a d’abord été à l’origine d’un débat et de doctes interventions dans les médias sur la place des homosexuels dans la religion musulmane.

La rapide découverte que le tueur, Omar Mateen, était lui-même homosexuel et fréquentait la boîte en question depuis trois ans, n’a cependant pas découragé les pseudo spécialistes et les politiciens. Le massacre a fonctionné au fond comme un prétexte pour lancer les sommations à une réforme de l’Islam sur tel ou tel aspect et ce pseudo débat vit finalement sa propre vie en réalité indépendante du crime lui-même.

Si on en vient à l’Islam lui-même et s’il est certain que la doctrine musulmane condamne l’homosexualité, les sociétés musulmanes se sont généralement accommodées des homosexuels, comme ces derniers se sont en général accommodés des sociétés musulmanes.

Les problèmes pour les homosexuels commencent en réalité quand leur identité sociale est définie par leur pratique sexuelle et qu’ils se constituent ainsi en communauté.

A y regarder de près, c’est une idée étrange car l’homosexuel peut être un homme, une femme, un paysan, un médecin etc. Il peut être riche, pauvre, citoyen d’un pays ou résident étranger.

Et s’il existe une communauté homosexuelle (ou LGBT comme on dit), existe-t-il une communauté hétérosexuelle avec les « bi » faisant le pont entre l’une et l’autre?

Qui dit communauté, dit traits caractéristiques de cette communauté. Mais en quoi une pratique sexuelle peut-elle fonder une communauté?

A moins qu’il existe une culture homosexuelle ? Mais si c’est le cas, en quoi consiste-t-elle?

Autant de questions pour lesquelles je n’ai pas de réponses à ce stade de mes réflexions.

Mais revenons à cette question du regard de la religion musulmane sur l’homosexualité, interrogé avec insistance par les commentateurs dans nos journaux et nos radios.

J’ai juste envie de demander ce qu’il en est dans la religion chrétienne.

Les Etats Unis nous ont donné au moins deux exemples de l’attitude du christianisme à l’égard de l’homosexualité. Ces réactions émanent de pasteurs protestants et on sait que le protestantisme, éclaté en de multiples obédiences, est la principale acception chrétienne aux Etats Unis et est en pleine expansion dans sa version évangélique. Les pasteurs de ces églises ont une plus grande liberté de ton que les prêtres catholiques qui s’inscrivent dans une hiérarchie ecclésiastique stricte.

Le premier de ces pasteurs est Steven Anderson d’une église baptiste dans les environs de Phoenix en Arizona. Steven Anderson se flatte d’avoir été traduit en plus d’une centaine de langues !

On peut lire dans le Phoenix New Times qui se réfère à une vidéo diffusée par le pasteur :

« La bonne nouvelle est qu’il y a 50 pédophiles de moins dans ce monde, » affirme dans la vidéo Anderson, le pasteur de la Tempe’s Faiithful Word Baptist Church. « Parce que ces homosexuels sont une bande de pervers dégoûtants et de pédophiles. Voilà qui était la victime ici – juste une bande d’homosexuels dégoûtants dans un bar gay. »

Et « la mauvaise nouvelle, c’est que beaucoup d’homos dans le bar sont encore vivants… »

Anderson says the French deserved terrorist attacks on their civilians because, duh, they're French.

Le Pasteur Steven Anderson

On va dire que c’est juste un siphonné. Et c’est vrai qu’il n’en est pas à sa première déclaration choquante. Il s’était ainsi réjoui de la tuerie du Bataclan le 13 novembre 2015.

Mais enfin, il a quand même ses sources n’est-ce-pas puisqu’il se réfère au Lévitique 20 : 13

« Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux. »

Le Lévitique est un des cinq livres qui forment l’Ancien Testament ou Pentateuque.

L’autres pasteur protestant, un Baptiste également, qui s’est illustré par ses réactions à la tuerie prêche en Californie à la Verity Baptist Church de Sacramento [Sacramento est la capitale de la Californie].

Le pasteur Roger Jimenez a lui aussi diffusé une vidéo qui a rencontré un nombreux public. Il déclare entre autres ce qui suit :

« En tant que Chrétiens, nous ne devrions pas déplorer la mort de 50 sodomites. Je vais être franc et direct. En tant que Chrétiens, nous ne devrions pas être attristés ou bouleversés. »

Pastor Roger Jimenez (Photo: capture d'écran)

Le Pasteur Roger Jimenez

La vidéo du pasteur Jimenez ayant été retirée de YouTube pour cause d’infraction au règlement de ce média, l’homme d’église n’en a pas moins confirmé sa façon de voir dans un entretien accordé à ABC10 News:

« La Bible enseigne que l’homosexualité mérite la peine de mort, » a-t-il dit, reconnaissant qu’il ne regrettait pas son sermon. « Le lévitique 20:13 dit que si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable et seront certainement mis à mort. Romains 1 [partie des Evangiles] dit que ceux qui font de telles choses méritent la mort. »

Roger Jimenez semble se rattraper un peu en disant qu’il n’incite pas à tuer des homosexuels et que le tueur d’Orlando a eu ce qu’il méritait en tombant sous les balles de la police.

Mais en réalité, il aggrave son cas en concluant ainsi:

« Ce serait bien si le gouvernement était celui qui condamnerait les LGBT à mort. « Je serais complètement d’accord avec ça, si le gouvernement le faisait. C’est ce qu’il ferait si nous vivions dans une nation vertueuse. »

Comme on le voit, les deux phénomènes s’appuient sur des textes qui sont sacrés aussi bien pour le christianisme que pour le judaïsme et dont le langage est on ne peut plus clair sur la question de l’homosexualité masculine.

 

Une prosélyte aux arguments frappants

16 février 2015

Aux Etats Unis, qui sont un pays laïque (certainement plus que la France) la religion est une donnée importante, y compris dans sa dimension prosélyte.

En effet, nombre de croyants , le plus souvent des pasteurs, se font un devoir de rappeler le message du Christ ou de le propager auprès des mécréants. Toutes les techniques de prédication sont utilisées, les plus spectaculaires étant les méga-rassemblements ou la prédication télévisée.

Mais chaque croyant peut aussi considérer comme de son devoir de transmettre le message aux incrédules.

C’est ce qu’a entrepris Marguerite Haragan, une fidèle de Boise dans l’Idaho, qui a cherché les arguments les plus frappants pour amener à Jésus une de ses concitoyennes de confession juive.

Situation de l'Idaho

Situation de l’Idaho

Le procureur explique qu’une femme de Boise a menacé et agressé une femme juive

par Erin Fenner, Idaho Statesman (USA) 13 février 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

Boise – Marguerite Haragan a appuyé son pied sur la gorge d’une femme juive tout en lui disant qu’elle « ferait mieux d’accepter Jésus », a expliqué un procureur du Comté d’Ada pendant la mise en accusation de Haragan jeudi.

Boise est la capitale de l'Idaho et le siège du Comté d'Ada

Boise est la capitale de l’Idaho et le siège du Comté d’Ada

Haragan est sous le coup de deux chefs d’inculpation pour harcèlement malveillant. Elle a d’abord essayé de renoncer à son droit à un avocat car, disait-elle, elle était « lucide » et comprenait ses droits ; Mais le juge a insisté sur l’intérêt pour elle d’être représentée par un avocat du fait de la « gravité » des deux chefs d’inculpation retenus contre elle, selon les minutes de la mise en accusation.

Haragan se livrait déjà à du harcèlement verbal contre la femme – identifiée au tribunal par ses initiales « AG » – y compris par téléphone, selon le procureur. Mais le 5 février, elle se serait livrée à une escalade violente.

Selon le procureur, AG a rapporté que Haragan s’était présentée à son domicile ce jour là, avait frappé à la fenêtre de devant et crié qu’elle « ferait mieux de croire en Jésus, et qu’elle ne partirait pas tant qu’elle ne l’aurait pas fait. »

Marguerite Haragan

Marguerite Haragan

AG avait ouvert la porte pour relever la plaque minéralogique de Haragan et lui demander de s’en aller, a déclaré le procureur. Haragan aurait alors giflé AG au visage, lui aurait tiré les cheveux, l’avait jetée au sol pour lui donner des coups de pied dans le ventre et sur les cuisses. Haragan criant que AG devait croire en Jésus pour que cessent les coups, a expliqué le procureur. Haragan avait plaqué son pied sur le cou de AG et lui tirait les cheveux, provoquant une blessure au cou encore douloureuse, selon le procureur.

« Finalement, la victime a du s’exécuter » pour mettre fin à l’agression, a indiqué le procureur.

Mais le 7 février, Haragan est revenue chez AG et a gravé le mot « Mort » sur sa boîte à lettres, selon le procureur.

Le juge a ordonné l’interdiction de tout contact de Haragan avec ZG et a fixé le montant de la caution à 100 000 dollars. Haragan était toujours dans la prison du Comté vendredi matin. Sa prochaine comparution en audience préliminaire se teindra le 26 février, mais ces audiences sont parfois reportées ou annulées.

David Ward, le député Anglais qui n’a rien compris à « l’holocauste »

26 janvier 2013

Un de plus!

A la veille de la journée de commémoration de «l’holocauste», David Ward, un député Libéral Démocrate défraie la chronique en Grande Bretagne pour son propos sur ces juifs qui, quelques années seulement après avoir été libérés des camps de concentration, se sont livrés eux-mêmes à des exactions à l’encontre du peuple palestinien.

Ce propos porte d’autant plus à polémique que le parti Libéral démocrate fait partie de la coalition actuellement au pouvoir en Grande Bretagne.

Face au tollé suscité par la prise de position de M. Ward, son parti va sans doute engager une procédure disciplinaire contre lui.

Ce qui ne serait pas forcément une bonne idée, car une telle procédure donnerait non seulement au député l’occasion de  défendre et d’argumenter sa position, mais contraindrait aussi son parti à expliquer en quoi M. Ward tient des propos scandaleux ou non conformes à la vérité.

D’autant qu’on aurait de la peine à faire passer David Ward pour un négateur de «l’holocauste », lui qui a fait deux fois le pèlerinage à Auschwitz et est au contraire un adepte fervent et sincère  de ce culte.

Trop sincère peut-être puisqu’il croit que les leçons morales tirées de l’holocauste sont universelles et doivent concerner l’humanité entière.

Oui, l’humanité entière, Juifs compris, puisque comme nombre d’esprits humanistes, David Ward considère que les Juifs font partie de l’humanité.

Et c’est précisément ce que semblent lui reprocher certains esprits et organisations communautaristes qui ont exprimé, ainsi que nous le dit The Guardian, leurs critiques « dans les médias sociaux et ailleurs.»

On aimerait bien avoir des précisions sur ce que recouvre cet «ailleurs.»

Le député Lib Dem David Ward défend ses propos sur Israël

Par Ben Quinn, The Guardian (UK)25 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Ward est très critiqué depuis qu’il a accusé ‘les Juifs’ d’infliger au quotidien des atrocités aux Palestiniens

Un député Lib Dem qui encourt une procédure disciplinaire au sujet de propos sur le traitement par Israël des Palestiniens qu’il a tenus à la veille de la Journée de Commémoration de l’Holocauste a annoncé qu’il défendrait sa prise de position devant le chef du groupe parlementaire de son parti.

David Ward a posté un texte sur son site internet sur le respect dû à ceux qui ont été persécutés et tués pendant l’holocauste mais qui accuse aussi «les Juifs» d’infliger des atrocités aux Palestiniens au quotidien.»

Malgré les vives critiques exprimées dans les médias sociaux et ailleurs, le député a maintenu sa prise de position et a indiqué qu’il la présenterait en détail s’il devait faire l’objet d’une procédure disciplinaire. «J’essayerai d’expliquer ma position. Aucun doute sur le fait que le chef de groupe expliquera pourquoi il a le sentiment que ce que j’ai fait est mal,» a-t-il ajouté.

Les propos initiaux sont contenus dans un post sur le site internet de Ward qui porte sur la signature qu’il a apposée à un livre d’engagement qui avait été placé à la Chambre des Communes par l’Holocaust Educational Trust pour donner aux députés une occasion d’honorer ceux qui ont souffert et sont morts.

Pour David Ward, la leçon de l'holocauste s'applique à tous

Pour David Ward, la leçon de « l’holocauste » s’applique à tous

Le post contenait le propos suivant du député:

« Ayant visité Auschwitz par deux fois – une fois avec ma famille et une fois avec des élèves de ma circonscription – je suis peiné de voir que les Juifs, qui ont souffert de persécutions à un niveau incroyable pendant l’holocauste, ont pu, quelques années à peine après avoir été libérés des camps de la mort, infliger des atrocités aux Palestiniens dans le nouvel Etat d’Israël et continuent à le faire au quotidien en Cisjordanie et à Gaza. »

Réagissant à la controverse, Karen Pollock, directrice de l’Holocaust Educational Trust, a declare: Je suis profondément attristée qu’en ce moment de recueillement en mémoire de ceux qui ont été assassinés par les nazis, M. Ward attaque délibérément la mémoire de l’holocauste, causant une profonde souffrance et indignation – ces propos sont écoeurants et inadmissibles et n’ont aucune place dans la vie politique britannique.»

Ward a été critiqué particulièrement fortement sur Twitter. Il a été accusé de «antisémitisme ordinaire» par Rachel Wenstone, vice-présidente de la National Union of Students pour les étudiants du supérieur, et de «racisme» par Ian Austin, un député travailliste.

Un porte parole du parti Libéral Démocrate a affirmé:

C’est une affaire que nous prenons extrêmement au sérieux. Les Libéraux démocrates regrettent profondément et condamnent la déclaration faite par David Ward et sont utilisation d’un langage inacceptable. »

Les victimes de l’holocauste et de la persécution nazie marqueront l’Holocaust Memorial Day ce dimanche, même si des manifestations se sont tenues avant le weekend.

 Ward a mis à jour son site web après la montée en puissance de la controverse, ajoutant ce qui suit :

«Tout au long de ma carrière politique, j’ai lutté contre les préjugés. Je rentre à l’instant de la manifestation qui s’est tenue au mémorial de l’holocauste de Bradford où des gens de toutes cultures et confessions se sont rassemblés pour dire ‘Nous portons témoignage des horreurs de l’holocauste et n’en oublierons jamais ses leçons.»

Interrogé par  Sky News pour savoir s’il maintenait ses propos, Ward a répondu que c’était « juste un état de fait.»

A la question de savoir s’il accusait les Juifs plutôt que l’Etat israélien d’infliger des persécutions aux Palestiniens, il a répondu :

«J’accuse les Juifs qui l’ont fait, donc si vous êtes un Juif et que vous n’y avez pas participé, je ne vous accuse pas. Je dis que les juifs qui ont fait ça et qui continuent à le faire n’ont pas retenu ces leçons [de l’holocauste, NdT]. Si vous êtes un Juif qui ne fait pas ces choses et n’a jamais fait ces choses, il va alors de soi que ce n’est pas vous que je critique.»


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