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Le chef de la diplomatie brésilienne à l’Occident: ‘Quand respecterez-vous le droit international?’

6 février 2013

Je vous propose un article du genre plutôt rare dans la grande presse en Occident. En effet, en dépit de son nom, le quotidien espagnol (catalan) La Vanguardia n’est pas du tout l’organe d’un obscur parti d’extrême gauche (ou droite) ni un représentant le la presse alternative.

Diffusée nationalement, La Vanguardia est en fait le journal le plus vendu en Catalogne et se positionne politiquement au centre droit.

Quand je dis que cet article est rare, je veux dire par là qu’il s’attaque ouvertement à ce qu’on peut appeler la suffisance des puissances occidentales, une suffisance que le correspondant du journal catalan qui a couvert la conférence de Munich sur la sécurité résume dans ce qu’il qualifie de monologue.

Fait rare, l’article de Rafael Poch nous livre essentiellement l’analyse d’un diplomate Iranien sur le dossier de la «menace» que poserait le programme nucléaire de son pays sans lui opposer à aucun moment d’arguments qui émaneraient par exemple du gouvernement espagnol, de celui des Etats Unis sans bien entendu parler de l’entité sioniste.

Ce qui veut dire que le journaliste considère le point de vue iranien comme sensé, surtout si on veut bien se souvenir qu’il critique le fameux monologue de l’Occident.

Je dirai quand même que le clou de cet article, c’est débord la restitution d’une partie de la participation du ministre Brésilien des affaires étrangères aux débats qui se permet de demander à un «expert» Occidental quand les pays occidentaux se décideront à respecter le droit international.

Des propos qui, sauf erreur de ma part, n’ont été repris par aucun autre journal.

 La menace iranienne dans le monologue de Munich

Téhéran pourrait sortir du Traité de Non Prolifération nucléaire si ses installations sont attaquées

Par Rafael Poch, La Vanguardia (Espagne) 5 février 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri

La présence d’une poignée d’invités venus des pays en voie de développement parmi les 500 participants euratlantiques qui dominent l’évènement est ce qui sauve de l’inutilité complète ce monologue qu’est chaque année la conférence sur la sécurité qui s’est achevée dimanche à Munich.

 «L’Irak et l’Afghanistan démontrent les limites de l’action militaire occidentale et l’urgence de l’alternative représentée par la diplomatie et la coopération,» a expliqué samedi le ministre Brésilien des affaires étrangères, Antonio de Aguiar Patriota.

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Antonio de Aguiar Patriota

Cette observation élémentaire a été contestée par l’animateur du débat, un expert Australien, qui a demandé : «Les BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), c’est-à-dire les grandes puissances émergentes, se comporteront-ils conformément aux normes internationales ?»

Patriota a répondu : «je vous renvoie la question : quand respecterez-vous le droit international ?» Aucun sujet ne résume mieux ce malentendu que celui du danger nucléaire iranien..

L’opinion publique occidentale croit que l’Iran a un programme d’armement atomique, qu’elle n’autorise pas l’accès de son territoire aux inspecteurs de l’Agence Internatonale de l’Energie Atomique (AIEA) et qu’elle est la plus grande menace à la sécurité du Moyen orient et qu’elle mérite d’être sanctionnée, encerclée militairement et attaquée.

La vérité est qu’il n’existe pas le moindre indice d’un programme nucléaire militaire et que la doctrine nucléaire de l’Iran se résume à une fatwa de son leader religieux, Ali Khamenei, qui affirme que tout usage d’armes de destruction massive est «un péché énorme et impardonnable» et à la proposition depuis des dizaines d’années d’un Moyen Orient qui serait une «région dénucléarisée» à laquelle s’opposent Israël, seule puissance nucléaire dans la région, et ses parrains occidentaux.

Cent mille Iraniens ont péri du fait des armes chimiques utilisées par Saddam Hussein dans une guerre contre l’Iran qui avait le soutien des puissances occidentales dans les années 1980, a expliqué Ali Asghar Soltanieh l’ambassadeur d’Iran auprès de l’AIEA.

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Ali Asghar Soltanieh exhorte les sionistes à signer le TNP

Evidemment, tout pays qui maîtrise le cycle de l’uranium est techniquement proche d’une capacité nucléaire militaire, mais l’Iran n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres. Y a-t-il un danger particulier ?

Israël a attaqué l’Egypte en 1956 et en 1967. Et aussi le Liban en 1982 et en 2006. La liste des agressions militaires menées par l’autre adversaire de l’Iran, les Etats Unis, est impressionnante. Tous deux possèdent des armes nucléaires et l’Iran n’a agressé personne dans son histoire récente.

Dans la pire des hypothèses, absolument plausible, son ambition nucléaire se situerait à l’avenir dans le sillage des étapes franchies par s’autres pays, Israël une fois encore, mais aussi l’Inde et le Pakistan, sans conséquences, ni sanctions.

Ces dernières années, l’Iran a accepté de nombreuses inspections de l’AIEA dans ses établissements scientifiques et militaires, au total 7500 Jours/ personne, avec 16 sites contrôlés rien qu’en 2011 et près de cent visites impromptues (annoncées seulement deux heures à l’avance), sans que les appareils et les détecteurs employés aient pu déceler le moindre indice que ce qui se fait dans le domaine du nucléaire en Iran ait un caractère militaire, déclare Soltanieh.

L’AIEA est dominée par les puissances occidentales, notamment les Etats Unis qui veulent modifier son mandat pour la transformer en «une agence d’espionnage sans restriction aucune relativement à la sécurité nationale de certains Etats membres, en majorité des pays en voie de  développement,» explique l’ambassadeur.

La majorité des experts en sécurité de l’AIEA qui ont accès aux informations confidentielles et sont rémunérés par leurs pays d’origine sont Etatsuniens.

La direction de l’AIEA n’a pour l’instant pas condamné les menaces israéliennes continuelles d’attaquer des sites nucléaires en Iran. Quand Israël avait bombardé en Syrie, l’AIEA avait demandé à inspecter les endroits bombardés au lieu de demander des explications à l’agresseur, déclare l’ambassadeur.

Les pressions pour que l’Iran abandonne un programme nucléaire qu’il définit comme civil sont extraordinaires et comprennent des sanctions économiques, de menaces d’attaques militaires contre ses installations nucléaires et «l’assassinat barbare de savants atomistes,» explique Soltanieh.

Quelles seraient les conséquences d’une attaque militaire contre les sites nucléaires iraniens ?: «En plus d’une forte réaction contre l’agresseur, notre gouvernement subira d’énormes pressions internes pour installer les centrifugeuses dans des lieux plus sûrs, le parlement obligerait probablement à l’arrêt de toutes les inspections de l’AIEA et même, dans le pire des scénarios à sortir du TNP,» déclare l’ambassadeur.

En dialoguant avec l’Iran, l’Argentine fait enrager le régime sioniste

4 novembre 2012

Emilio Marin est un journaliste argentin qui publie depuis 1987 un édito hebdomadaire dans le journal La Arena qui parait dans la ville de Santa Rosa dans la Pampa. Emilio Marin collabore aussi avec un certain nombre d’organes de presse, le plus souvent de gauche mais aussi de type universitaire.

Emilio Marin

Il nous propose un article extrêmement intéressant dans lequel il offre un aperçu assez complet de l’évolution des relations entre l’Argentine et l’Iran à partir de l’attentat contre l’AMIA (l’association mutuelle israélite de Buenos Aires) à la  récente relance des discussions entre les deux pays.

Emilio Marin n’est ni chiite, ni crypto chiite (sa barbe renvoie plus sûrement à Fidel Castro et Che Guevara). Il n’empêche qu’il expédie rondement les accusations contre l’Iran dans l’affaire de l’AMIA qui reposent sur une enquête bâclée à dessein sur fond de corruption du pouvoir et de manœuvres américaines et sionistes.

Emilio Marin évoque une des raisons de cette reprise des relations : un Iran qui cherche à rompre son isolement et une Argentine en quête de débouchés pour ses productions, agricoles notamment.

Il y a bien sûr d’autres aspects qu’Emilio Marin ne fait en fin de compte que suggérer qui sont ceux de la réorientation de la diplomatie argentine vers une plus grande autonomie à l’égard de Washington dans un processus qui travaille une bonne partie de l’Amérique latine, et une volonté de rejeter les oukases imposés par la finance mondiale. Et qui dit finance mondiale, dit FMI, Banque Mondiale, dollar et donc Etats Unis et le reste du monde capitaliste.

Aussi bien sur le volet diplomatique qu’économique, l’Argentine joue une partie serrée dans laquelle les adversaires de sa politique utiliseront  tous les moyens qu’ils jugent bons pour la ramener dans ce qu’ils estiment être le droit chemin.

Un dialogue irano-argentin cordial à Genève

Les deux pays en avaient décidé ainsi aux Nations Unies et ils ont tenu leur première réunion à Genève. L’objectif est d’apurer les conflits et de trouver une solution au contentieux sur l’AMIA. Une décrispation des relations qui a deux ennemis puissants.

Par Emilio Marin, La Arena (Argentine) 3 novembre 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Les relations entre l’Argentine et l’Iran se sont améliorées petit à petit depuis 2010. Les deux parties ont cherché à surmonter les obstacles qui se dressent entre elles depuis que, en juillet 1994, s’était produit un attentat brutal à Buenos Aires contre l’AMIA, une association israélite. 85 personnes avaient trouvé la mort. Une enquête judiciaire avec une forte interférence des services secrets d’Israël et des Etats Unis avait accusé sans preuves l’Iran d’être le présumé responsable. C’est alors qu’avait commencé le déclin de cette relation et la méfiance entre les deux pays.

L’Argentine avait réclamé en 2006 auprès d’Interpol l’extradition de hauts responsables accusés d’être les commanditaires de l’attentat. Parmi eux, entre autres, l’ex président Ali Rafsandjani, l’actuel ministre de la défense Ahmad Vahidi, l’ambassadeur de l’époque à Buenos Aires, Hadi Soleimanpour, qui est maintenant vice ministre des relations extérieures, chargé des affaires africaines. Téhéran avait rejeté cette demande et les relations furent de fait réduites au minimum.

Les représentations diplomatiques des deux pays ont été ramenées au niveau de chargés d’affaires. A Buenos Aires, c’est Ali Pakdaman qui représente l’Iran.

Ces requêtes judiciaires infondées résultaient de l’instruction menée par le magistrat Juan José Galeano, en pleine époque menemiste (du président Carlos Menem) qui ne se distinguait pas précisément par la qualité ou par l’indépendance de la justice. Galeano avait fini par être destitué par le Conseil de la magistrature et ce qu’on lui reprochait avait en partie à voir avec sa gestion de ce dossier. Il avait payé 400 000 dollars, sur des fonds réservés à la SIDE (services secrets argentins) à Carlos Telleldín un des prisonniers [en relation avec l’attentat] afin qu’il charge certains accusés et qu’il en disculpe d’autres. A la fin, tous s’étaient retrouvés libres mais un des éléments de ce dossier scandaleux restait inchangé : l’accusation selon laquelle l’attentat avait été décidé par l’Iran et exécuté par ses agents du Hezbollah libanais. Les pièces de ce puzzle ne s’emboîtaient pas, mais la SIDE, la CIA et le Mossad firent en sorte qu’on les voie comme allant bien ensemble. Galeano limogé de ses fonctions à la justice le dossier sera repris tel quel par Rodolfo Canicoba Corral et le procureur de la république Alberto Nisman, qui maintiendront la pression judiciaire contre Téhéran.

On avait atteint le fond en matière de relations entre les deux pays. Le commerce bilatéral était tombé moins de 50 millions de dollars, presque rien. Le président Néstor Kirchner, puis Cristina Fernández étaient allés à l’Assemblée générale de l’ONU avec des dirigeants de la communauté israélite dans leurs délégations officielles. Et dans leurs discours, ils avaient réclamé les extraditions à Téhéran. En l’absence de réponse positive, à l’instar des Etats Unis et d’Israël, la représentation argentine avait quitté l’Assemblée Générale au moment où le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad avait commencé son discours. L’Argentine participait au boycott et aux sanctions de l’ONU sur l’accusation contre l’Iran pour un autre fait non démontré : que son programme nucléaire pacifique aurait des visées militaires.

Parlons un peu

Après ce tableau peu reluisant, a commencé à poindre un vent contraire dans les relations bilatérales à partir de 2010. Comme tout est lié, les choses avaient commencé par le commerce et les nécessités économiques. Les exportations argentines étaient en augmentation, passant à 84 millions de dollars en 2008, 371 millions en 2009, 1 455 millions en 2010 et 1 189 millions en 2011. Le chiffre sera supérieur en 2012.

La république achète surtout des denrées alimentaires, de la farine et de l’huile de soja, du blé, du maïs et d’autres produits. Et le gouvernement argentin, heureux d’un fort excédent dans les échanges, a en vue un dispositif semblable à celui qui le lie au Venezuela. L’Iran est un grand producteur de pétrole dont le client principal était jusqu’alors l’Union Européenne. Les multiples sanctions imposées par ce bloc impérialiste, aligné sur les Etats Unis, laisse une partie de la production iranienne disponible pour d’autres marchés comme la Chine ou ceux d’autres pays membres du Mouvement des Non Alignés.

Ce ne sont pas seulement les échanges avec l’Iran qui se sont améliorés mais aussi les relations politiques. A la 66ème Assemblée Générale de l’ONU, en 2011, Cristina Fernández avait proposé à son homologue de tenir le procès des responsables de l’attentat contre l’AMIA dans un pays tiers. Même si l’Iran n’a pas donné de suite favorable, insistant sur le fait qu’il n’avait rien à voir avec cet acte, cela revenait dans les faits à un assouplissement de l’exigence par Buenos Aires d’obtenir l’extradition d’un ancien président et d’un ministre en exercice, entre autres accusés.

Cristina Fernandéz et Hector Timerman

A la veille de la 67ème Assemblée, en septembre dernier, Ahmadinejad avait demandé à l’Argentine une réunion au niveau ministériel pour essayer de trouver une solution à ce différend. Il trouva un écho chez la présidente Argentine qui dans son discours à l’Assemblée répondit favorablement à cette demande. Et le 27 septembre, dans le palais de cristal newyorkais, les deux chefs de la diplomatie, Héctor Timerman et Alí Akbar Salehi, ainsi que le vice ministre des affaires étrangères Eduardo Zuain et un autre fonctionnaire Iranien.

Revenir en arrière du chemin vers la mésentente n’est jamais facile. A cette occasion, les diplomates ont dialogué et consigné leur accord de principe dans un document qui disait deux choses. Qu’ils chercheraient une solution légale compatible avec la législation de chaque pays. Et qu’ils poursuivraient le dialogue par l’intermédiaire dé délégués au siège genevois de l’ONU, jusqu’à aboutir à un accord sur le dossier de l’AMIA.

Le premier dialogue en territoire suisse a eu lieu le 29 octobre. La délégation venue de Buenos Aires comprenait le vice ministre des affaires étrangères Zuain, la responsable du Trésor [avec rang de ministre] Angelina Abbona et la directrice du service juridique du ministère des affaires étrangères, Susana Ruiz Cerutti.

Il n’y a pas eu de grandes nouveautés, ni d’informations précises de ce qui a été discuté. Ce n’est pas de l’excès de zèle mais plutôt un signe de responsabilité de la part des deux parties, pour avancer pas à pas et éviter de faire capoter un processus très compliqué, avec des ennemis puissants à l’affût. Ce qui est positif, c’est qu’ils se sont parlé à nouveau, sans que personne ne quitte la partie.

Oiseaux de mauvais augure.

Un certain nombre d’oiseaux de mauvais augure machinent et manœuvrent pour que rien de positif ne sorte de Genève.

L’un d’entre eux est le gouvernement des Etats Unis, qui a intérêt à isoler, à sanctionner et éventuellement à agresser l’Iran sous le prétexte jamais démontré d’un programme nucléaire à visées militaires. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), dirigée par le japonais Yukiya Amano, n’a pas été en mesure de dissiper tous les doutes en dépit de l’autorisation par Téhéran d’une inspection de tous les sites nucléaires.

On peut comparer avec Israël, l’autre grand ennemi de la réconciliation irano-argentine, qui ne montre pas ses installations nucléaires à Dimona et dans d’autres centrales, alors qu’on sait avec une quasi certitude qu’elle dispose de 200 armes nucléaires.

Le Département d’Etat a été un peu plus discret dans son travail de sape contre le dialogue de Genève et celui qui l’a précédé à New York. Mais il n’y a pas eu de changement de politique. Il y a plutôt une division du travail avec son allié sioniste qui a endossé le rôle du «méchant» qui lui va si bien.

Quand Timerman a rencontré à New York son collègue Israélien Avigdor Lieberman le 28 septembre, à peine 24 heures après en avoir fait de même avec son homologue Iranien, il fut surpris parce que l’ambassade d’Israël à Buenos Aires avait diffusé un document déplorant la rencontre entre officiels Argentins et Iraniens. Le communiqué parlait de «la grande désillusion» israélienne du fait de cette rencontre, ce qui revenait à une ingérence dans les affaires intérieures de notre pays et ç une attitude déloyale à l’égard de Timerman qui représentait habituellement le point de vue le plus pro-israélien au palais San Martin.

A l’approche de la date de la réunion des délégués Argentins et Iraniens à Genève, le 29 octobre, Israël a recommencé à tirer à l’artillerie lourde contre cette démarche. Le même calibre, ou à peu près, que celui qu’elle utilise pour bombarder les Palestiniens à Gaza.

C’est l’ambassadrice de Tel Aviv à Buenos Aires, Dorit Shavit, qui avait parlé en premier pour chicaner les autorités argentines : «nous attendons que vous ne soyez pas naïfs avec l’Iran» (La Nacion, 14/10).

Puis était arrivé au siège du ministère des affaires étrangères le directeur général du Département Amérique latine du ministère israélien, Itzhak Shoham, qui avait fait pression contre le dialogue avec la république islamique. Il avait été reçu par le sous-secrétaire à la politique latino-américaine au ministère, Diego Tettamanti et par le directeur du Département Afrique du Nord et Moyen Orient, Hernán Plorutti.

Finalement, le jour même où les délégations se sont rencontrées au Palais des Nations de Genève, on a pu entendre «La Nacion» (29/10) tirer à boulets rouges avec un éditorial. Les deux premières lignes disaient : «la décision du gouvernement de négocier avec le régime de Téhéran viole la constitution, affecte notre souveraineté et profite aux auteurs de l’attentat.»

Il aurait aussi bien pu être écrit par Benjamin Netanyahou et publié dans une gazette de l’armée israélienne. Cet éditorial se résumait à une défense inconditionnelle de l’Etat sioniste et à une critique féroce de Cristina [Fernandéz, la présidente]. Résultat : objectivité zéro, comme chez les dirigeants de l’AMIA et de la DAIA [équivalent du CRIF en Argentine].

Bonne idée: retransmettre en direct les négociations sur le programme nucléaire iranien

3 novembre 2012

J’avais entendu parler de Press TV, la chaîne de télévision iranienne anglophone, interdite de retransmission maintenant en Europe (la liberté d’interdire fait partie de la liberté, n’est-ce-pas ?) mais pas d’Hispan TV, son pendant en langue castillane.

Justement, Hispan TV nous gratifie d’une information intéressante et d’une proposition qui devrait faire jubiler François Hollande qui est plus que d’accord avec Benjamin Netanyahou sur la nécessité de faire plier l’Iran sur le dossier nucléaire. François Hollande ne sait peut-être pas (je suis sans doute naïf) que pour les sionistes, faire plier l’Iran signifie détruire ce pays.

En tout cas, la proposition iranienne présentée par Hispan TV aurait le mérite de permettre à chacun de décider qui est de mauvaise foi sur le dossier nucléaire iranien.

L’Iran veut retransmettre en direct le dialogue entre l’Iran et le G5+1

Hispan TV (Iran) 3 novembre 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

La République islamique d’Iran a agi en toute transparence dans les négociations avec le groupe 5 +1 (comprenant les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine, la Russie, plus l’Allemagne) et c’est pourquoi il demande une retransmission en direct des négociations, a a déclaré samedi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères,

Ramin Mehmanparast

Lors d’un entretien accordé à l’agence de presse iranienne Fars, en marge de la 19ème Exposition internationale « Presse et agences de presse » qui s’est tenue à Téhéran, la capitale iranienne, M. Mehmanparast a évoqué les négociations entre l’Iran et le groupe 5 +1 sur le programme nucléaire iranien. « Dans ces négociations, l’Iran a agi en toute transparence, outre des propositions concrètes, plaide pour une diffusion en direct des négociations», a-t-il observé. Mehmanparast a souligné que les pourparlers entre l’Iran et le G5 +1 ne sont ni techniques ni juridiques, et que les accusations contre le programme nucléaire de Téhéran sont motivées politiquement.

« Ils ont décidé que l’Iran ne devait pas accéder aux technologies nucléaires de pointe et devait limiter ses capacités, car eux seuls ont droit à ces avancées techniques « , a déclaré le diplomate iranien.

« Actuellement, l’expérience des scientifiques de notre pays a atteint un tel niveau qu’il [l’Occident] ne pourra extirper ces connaissances acquises par le peuple iranien,» a-t-il ajouté.

Sur certaines déclarations sur l’abandon par l’Iran de son programme nucléaire en échange d’une levée des sanctions, il a assuré que les mesures anti-iraniennes de ces trente dernières années démontrent clairement que le dossier nucléaire iranien n’est rien d’autre qu’un prétexte.

Enfin, il a signalé que du moment que l’Iran se trouve dans le collimateur des pays occidentaux, sous la forme de sanctions injustes, on se demande ce qui motive de tels embargos et pressions puisque si ils sont en vigueur en ce moment l’ont été dès la victoire de la révolution islamique, à une époque où l’Iran n’avait en fait aucun type d’activité nucléaire.

Les Etats Unis et le régime israélien, ainsi que leurs alliés, accusent l’Iran de poursuivre des objectifs belliqueux avec son programme d’énergie nucléaire.

L’Iran rejette pour sa part de telles accusations et soutient avoir le droit d’utilise la technologie nucléaire à des fins pacifiques puisqu’il est signataire du Traité de Non Prolifération (TNP) et est membre de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).

La radio iranienne francophone traite aussi de ce sujet, mais de manière trop succincte à mon goût.

Un regard optimiste sur les discussions sur le nucléaire iranien

20 avril 2012

Patrcik Seale est un spécialiste reconnu des affaires du Moyen Orient. Ce Britannique qui collabore avec divers organes de presse nous propose sa lecture des récentes discussions sur le nucléaire iranien qui se sont tenues à Istanbul.

Selon lui, ces discussions ont marqué, peut-être définitivement, l’ échec du clan belliciste occidental et de son mentor, le sieur Benjamin Netanyahou, chef du gang de Tel Aviv.

Il en veut pour indice probant le fait que Catherine Ashton qui est à la tête de la diplomatie européenne a admis que les négociations devaient se faire sur la base du Traité de Non Prolifération Nucléaire dont l’Iran est partie prenante et qui reconnaît le droit à l’exploitation et à l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles.

Un regard optimiste dont on saura bientôt si la suite des discussions lui donnera raison.

Ce qu’on ne peut qu’espérer.

Surprises dans le duel israélo-iranien

En dehors de l’ oppression et de la dépossession ininterrompues des Palestiniens, Israël a un long palmarès d’assassinat de ses opposants politiques, et on pense généralement que ce pays est responsable de l’assassinat de cinq scientifiques nucléaires Iraniens ces deux dernières années, ainsi que de l’introduction du virus Stuxnet dans les réseaux informatiques iraniens – des actes  qui sont clairement du terrorisme d’Etat, observe Patrick Seale.

Middle East Online (UK), 17 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Même s’il est trop tôt pour en juger, on dirait que la politique israélienne vis-à-vis de l’Iran connaît des ratées et pourrait aboutir à une issue bien différente de celle que le premier ministre Benjamin Netanyahou recherchait depuis longtemps.

Ces trois dernières années, Israël considérait que des sanctions punitives, la guerre cybernétique et l’assassinat de savants atomistes Iraniens devaient finir par obliger une république islamique paralysée à accepter le «zéro enrichissement» de l’uranium – ce qui signifierait le démantèlement complet du programme nucléaire. Ce qui, espérait-on [à Tel Aviv] ouvrirait la voie à un ‘changement de régime’ à Téhéran.

Pour parvenir à une pression suffisamment forte sur l’Iran, la stratégie israélienne a été de menacer de passer à l’attaque. Le calcul israélien était – à raison comme il s’est avéré – que les Etats Unis et leurs alliés n’oseraient pas prétendre qualifier leur attitude de bluff. Au contraire – pour parer à une attaque israélienne dont ils craignaient qu’elle déclenche une guerre  régionale aux conséquences imprévisibles et potentiellement catastrophiques – ils ont travaillé à mettre l’économie iranienne à genoux.

La stratégie israélienne fonctionnait. Tout semblait marcher comme sur des roulettes. Les sanctions punitives contre l’Iran commençaient à faire mal. Dans leur impatience pour un changement de régime, les propagandistes pro-Israël aux Etats Unis avaient même commencé à appeler à des actions secrètes en soutien à l’opposition iranienne.

Catherine Ashton,la chef de la diplomatie européenne, est alors entrée dans la mêlée.

Au grand dam des faucons, elle a fait une offre de reprise des négociations à l’Iran, en recourant à un ton conciliant assez différent du ton menaçant qui était celui de Londres, Washington et Paris, et en complète discordance avec les incessantes rodomontades d’Israël.  L’Iran a répondu positivement à l’invitation d’Ashton. Sa première réunion avec les P5 + 1 (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne) a eu lieu le 14 avril à Istanbul et, selon tous les observateurs, ce fut un succès surprenant.

Saeed Jalili, le chef négociateur Iranien – qui a rencontré Catherine Ashton pour un dîner informel au consulat iranien la veille au soir – a parlé d’une «approche positive.» Mme Ashton a, à son tour, qualifié les discussions de « constructives et utiles.» Pour cadrer les discussions, elle a énuméré un certain nombre de principes qui ont dû rassurer les Iraniens et provoquer des grincements de dents chez les faucons Israéliens.

Le Traité de Non Prolifération nucléaire TNP), a-t-elle déclaré, doit être le fondement absolu des discussions. Mais le TNP permet aux signataires d’enrichir l’uranium sur leur territoire à hauteur de 3,5 % pour la production d’électricité et d’autres fins pacifiques. Il semble donc qu’Ashton a ainsi envoyé le message selon lequel le droit de l’Iran à le faire serait reconnu. C’était comme si les P5 + 1 avaient abandonné l’exigence israélienne de zéro enrichissement. On a eu au contraire l’impression que l’intérêt allait se porter sur l’arrêt par l’Iran de l’enrichissement de l’uranium à 20 % dès lors qu’on lui en aura garanti la fourniture pour le réacteur de recherche de Téhéran qui a besoin d’uranium enrichi à ce niveau pour produire des isotopes nécessaires au traitement des patients Iraniens atteints d’un cancer. Le président Ahmadinejad ayant dit à plusieurs reprises que l’Iran cesserait de produire de l’uranium à 20 % si on l’assurait de lui en fournir de l’étranger, l’esquisse d’un accord semblait en vue.

En outre, Catherine Ashton a aussi déclaré que las négociateurs seraient “guidés par le principe d’une démarche pas à pas et la réciprocité. » Cette référence à une approche progressive et à des concessions mutuelles est une forte indication d’une levée probable des sanctions par étapes quand l’Iran aura présenté des preuves convaincantes qu’il ne cherche pas à obtenir l’arme nucléaire et qu’il acceptera des inspections intrusives de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Elle a à l’évidence décidé d’accorder un certain crédit à la fatwa de 2005 promulguée par le guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, par laquelle il interdisait la production, le stockage et l’utilisation d’armes atomiques.

A la clôture des dix heures de réunion à Istanbul, l’Iran et les P5 + 1 ont convenu de tenir leur prochaine réunion le 23 mai à Bagdad, pour ce qui promet d’être une série prolongée  de discussions.

La réaction de colère de Netanyahou a été absolument typique du personnage. « L’Iran a reçu un ‘billet de faveur’ a-t-il déclaré avec amertume, «pour continuer l’enrichissement sans aucune limitation, aucune inhibition. L’Iran devrait prendre des mesures immédiates,»  a-t-il tempêté pour « arrêter tout enrichissement, retirer tout le matériel d’enrichissement et démanteler l’installation nucléaire de Qom. Je crois que le plus grand adepte mondial du terrorisme ne doit pas avoir la possibilité de développer des bombes atomiques.»

Ces cris d’orfraie font penser à l’hôpital qui se fout de la charité. En dehors de l’ oppression et de la dépossession ininterrompues des Palestiniens, Israël a un long palmarès d’assassinat de ses opposants politiques, et on pense généralement que ce pays est responsable de l’assassinat de cinq scientifiques nucléaires Iraniens ces deux dernières années, ainsi que de l’introduction du virus Stuxnet dans les réseaux informatiques iraniens – des actes qui sont clairement du terrorisme d’Etat

Avec l’aide décisive de la France, Israël a fabriqué ses premières bombes atomiques dans les années 1960, il y a près d’un demi-siècle. Si les choses avaient mal tourné, les israéliens étaient prêts à s’en servir pendant la guerre de 1967 qu’ils avaient déclenchée contre les Arabes cette année là. La plupart des spécialistes estiment aujourd’hui que l’arsenal israélien comporte entre 75 et 150 têtes nucléaire. Israël dispose aussi d’une possibilité de deuxième frappe [en cas de neutralisation ou de destruction de son potentiel militaire] sous la forme de missiles à tête nucléaire qui arment ses sous-marins de construction allemande.

Netanyahou soutient que la République Islamique pose une ‘menace existentielle’ pour Israël. Il n’y a pas la moindre preuve pour étayer cette affirmation. Le président Iranien a dit quelque chose du genre qu’Israël serait un jours « effacé des pages du temps» – une phrase dont Israël a fait une traduction tendancieuse, sans doute à des fins propagandistes, en parlant d’un plan pour « rayer Israël de la carte.» C’est plutôt le contraire et l’Iran qui risquerait l’annihilation si elle essayait d’attaquer Israël. En plus de son important arsenal nucléaire et de vecteurs sophistiqués (missiles, sous-marins), Israël a un potentiel militaire conventionnel beaucoup plus puissant que l’Iran, en grande partie fourni par les Etats Unis. Les Etats Unis se sont en fait engagés à maintenir la supériorité militaire d’Israël sur tous les Etats de la région – ce qu’ils appellent l’avantage militaire qualitatif – un engagement qui force de loi aux Etats Unis.

Quelle est donc alors la raison de l’anxiété d’Israël ? Israël craint que si l’Iran était en mesure de fabriquer une arme nucléaire – ou acquérait simplement la capacité d’en fabriquer – la liberté d’action d’Israël en serait restreinte. Israël ne serait plus capable de frapper ses voisins à volonté sans risquer des représailles. La simple vérité est qu’Israël veut nier à ses voisins la capacité à se défendre. Personne n’a le droit de se doter d’une capacité de dissuasion ! Israël déteste le Hezbollah ai Liban et le Hamas à  Gaza parce que ces mouvements de résistance ont acquis une capacité limitée de riposter aux agressions israéliennes. C’est pour cette raison qu’Israël les qualifie d’organisations terroristes et accuse l’Iran de les armer.

Netanyahou s’oppose depuis longtemps à des pourparlers entre l’Iran et la communauté internationale, et il doit certainement prier pour qu’ils échouent. Le lobby pro-israélien aux Etats Unis va très probablement se mobiliser dans ce but. Mais si Catherine Ashton fait valoir ses vues, si les négociations avec l’Iran réussissent et que le spectre de la guerre est écarté, Israël pourrait devoir vivre avec une suprématie régionale légèrement écornée.

Le Britannique Patrick Seale est un spécialiste de premier plan du Moyen Orient. Son dernier livre est « The Struggle for Arab Independence : Riad el-Solh and the Makers of the Modern Middle East (Cambridge University Press).

Le soutien de Juan Goytisolo à Günter Grass

17 avril 2012

Günter Grass est âgé et n’a plus grand-chose à attendre de la vie. C’est pour cette raison qu’il s’est permis d’écrire ce poème qui lui a valu les foudres de toute la valetaille au service du sionisme.

Pourtant son poème se voulait simplement une mise en garde sur les conséquences d’une attaque «préventive» de l’entité sioniste contre l’Iran en même temps qu’une réaction à la vente à l’armée sioniste par son pays d’un sixième sous-marin capable de transporter des charges nucléaires. Le risque d’attaque préventive n’est pas une invention de M. Grass puisque les responsables sionistes ne cessent de crier sur les toits qu’ils ont le droit d’attaquer l’Iran pour, disent-ils, empêcher ce pays de se procurer l’arme atomique (l’Iran étant signataire du Traité de Non Prolifération, ce qui n’est pas le cas de l’Etat juif).

Les conséquences évoquées par le poème sont d’abord celles en termes de victimes et de destructions pour le peuple iranien dont Günter Grass semble être un des rares occidentaux à se préoccuper.

Et les conséquences ensuite pour la paix mondiale.

A aucun moment l’écrivain Allemand ne met en question le droit à l’existence ou à la sécurité de l’Etat prétendu juif.

Son délit, ce qui fait de lui aux yeux de certains un antisémite, c’est qu’il ose demander qu’on applique aux installations nucléaires de l’Etat juif, les mêmes contrôles que ceux mis en place ou qu’on prétend mettre en place pour celles de l’Iran.

Oui, il a osé le faire : mettre sur le même plan que les Nations ce qu’il aurait dû considérer comme une « Lumière parmi les Nations ».

Poutant si on se limite aux « Nations », force est de constater que la « Lumière » est particulièrement agressive et belliqueuse, jugez-en : elle a rayé de la carte la nation palestinienne après avoir entre autres fait sauter l’hôtel King David à Jérusalem et assassiné le Comte Bernadotte, représentant de l’ONU en Palestine, participé en 1956 à une opération de grand banditisme contre l’Egypte aux côtés de la Grande Bretagne et de la France, occupé militairement en 1967 la Cisjordanie, le Golan et le Sinaï, abattu un avion civil libyen, envahi le Liban en 1982, bombardé le siège de l’OLP à Tunis, bombardé un site nucléaire irakien, agressé le Liban à nouveau en 2006, Gaza fin 2008, début 2009… La liste n’est ni exhaustive ni close.

A moins d’être miro ou domestiqué par le sionisme, on voit bien où est la menace !

Le grand écrivain Français Bernard-Botul-Henri Lévy vient d’écrire quelque chose sur la «première mort» de Günter Grass. Un tel titre n’est pas anodin, il signifie bien entendu que celui qui est désigné par le lobby sioniste comme un ennemi (nécessairement antisémite) est «mort» symboliquement, c’est-à-dire qu’il n’a plus droit de cité et que, s’il est écrivain, il aura du mal à se faire publier et, si par hasard il était quand même publié, il aurait aussi du mal à faire diffuser ou promouvoir son livre.

Günter Grass ne risque rien de ce côté-là : trop vieux. Tout ce qu’il ratera peut-être ce sont des obsèques  avec un hommage unanime de tout le Gotha politique et intellectuel de son pays.

En attendant, Günter Grass vient de recevoir un soutien de grande qualité (autre chose que le Botul Henri-Lévy) de la part de l’écrivain Espagnol Juan Goytisolo, excusez du peu !

Juan Goytisolo

Juan Goytisolo défend Günter Grass et lui dédie le prix Spiros Vergos

Agence EFE, La Informacion (Espagne) 17 avril 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

L’écrivain Espagnol Juan Goytisolo a défendu aujourd’hui son collègue  Allemand Günter Grass à qui il a dédié son prix Spiros Vergos  de la liberté d’expression qui lui a été décerné par le « Festival des Ecrivains de Prague ».

« Il a absolument le droit au respect de ses opinions. Il m’a semblé juste de le lui dédier, bien qu’il aille à contre-courant, » a déclaré l’écrivain Barcelonais qui s’était exilé volontairement au Maroc dans les années 1960 à cause de des divergences avec le régime franquiste.

Le célèbre auteur de «Pièces d’identité,» qui a reçu récemment le prix Formentor (2012), le Prix International Don quichotte de la Manche (2010) et le prix National des Lettres (2008) a fait cette déclaration lors d’une réunion informelle à l’Institut Cervantes de Prague.

Il faisait ainsi allusion au prix Vergos qu’il a reçu dimanche dans la capitale tchèque.

Goytisolo, dont l’œuvre a été interdite en Espagne de 1962 à 1976, s’est répandu en éloges sur le poème polémique intitulé « Was gesagt werden muss » («Ce qui doit être dit») que l’auteur Allemand a publié début avril ; et qui a suscité une avalanche de controverses et de critiques.

 « Je suis toujours allé à contre-courant, » a-t-il ajouté dans son apologie de Grass, prix Nobel de littérature 1999 qui, dans le poème en question paru le 4 avril, il s’en est pris à une possible «attaque préventive» contre l’Iran par Israël, pays qui a réagi en interdisant l’entrée sur son territoire de l’auteur du roman «Le tambour».

Pour Goytisolo, c’est une « persécution » qui s’exerce contre l’octogénaire Grass et c’est pour cette raison que l’Espagnol a souhaité se solidariser avec son collègue écrivain.

Goytisolo a reçu le prix tchèque créé en l’honneur du poète Grec Spiros Vergos au moment de l’inauguration du Festival des Ecrivains de Prague, une rencontre internationale de romanciers, poètes et éditeurs qui se tient chaque année  dans la capitale tchèque.

(Agencia EFE)

Le rapport de l’AIEA sur l’Iran auquel même Washington ne croit pas

9 novembre 2011

Je vous avais déjà proposé un article de ce genre sur l’imminence toujours plus proche d’un danger nucléaire iranien qui, si on en croit les cassandre, aurait dû se concrétiser il y a plus de vingt ans.

Le récent rapport de l’AIEA vient redonner du grain à moudre ç ceux qui veulent l’apocalypse pour le Moyen orient et peut-être pour le monde entier. Au nom de la protection du peuple juif contre la pire menace d’annihilation depuis Hitler.

Oui, c’est toujours la même rengaine ; tuer les Irakiens pour neutraliser le nouvel Hitler Saddam, tuer des Libanais pour neutraliser la nouvelle Waffen SS qu’est le Hezbollah, vider la Palestine de ses habitants parce que ces derniers veulent une Palestine Judenrein, bombarder l’Iran qui se prépare à « rayer » l’entité sioniste de la carte.

Le paradoxe étant qu’on parle de menace iranienne alors que ce sont les sionistes et leurs amis, dont celui qui ne peut plus supporter benjamin Netanyahou (élu par le suffrage populaire) qui menacent régulièrement et depuis des années de bombarder l’Iran.

Rappelez-moi la dernière fois que l’Iran a lancé une guerre d’agression ? Ah oui, vous avez du mal à trouver et c’est normal parce que l’Iran moderne n’a jamais été un pays très agressif. Au contraire de cette saloperie d’entité sioniste et de ses amis civilisés qui sèment la mort au moindre prétexte.

Bon, le rapport de l’AIEA est truqué et les Etats Unis le savent. Il sert avant tout à entretenir une stratégie de tension et à détourner l’attention des problèmes économiques qui sont beaucoup plus susceptibles de précipiter le monde dans la guerre que l’obsession holocaustique de l’Etat prétendu juif.

A moins que ces cinglés ne commettent l’irréparable tant ils sont sûrs que les pays occidentaux les suivront dans la guerre et qu’ils pourraient ainsi échapper à la riposte de l’Iran.

En tout cas, les Etats Unis ne croient pas à la véracité du rapport de l’AIEA et ne veulent pas risquer la guerre sur des mensonges aussi éhontés que ceux qui avaient justifié la guerre contre l’Irak

Vos media n’en parlent pas, bien entendu car ils sont trop occupés à participer à la propagande sioniste (comme Nadine Epstein sur France Culture ce matin, Ca ressemble à du journalisme, ça sonne comme quelque chose d’objectif, mais ce n’est que de la propagande, subtile il est vrai car nous sommes en démocratie).

Voilà pourtant ce qu’on peut lire en titre du National Journal, un organe de presse spécialisé dans les activités politiques de la beltway, c’est-à-dire là où se trouvent les centres de pouvoir US :

 Maison Blanche: le rapport de l’AIEA ne modifie pas notre évaluation des ambitions nucléaires de l’Iran

La Maison Blanche a déclaré que le dernier rapport sur le programme nucléaire iranien par les inspecteurs en armement de l’ONU n’indique pas que l’Iran a avancé dans ses efforts pour fabriquer ou obtenir de l’explosif nucléaire.

« L’AIEA n’affirme pas que l’Iran a repris un programme d’armes nucléaires d’envergure, ni qu’elle a un tel programme ou sur son réel état d’avancement, » a déclaré aux journalistes un haut responsable de l’administration lors d’une téléconférence.   

Voilà, il n’y a donc rien de nouveau, en dehors d’une nouvelle escalade propagandiste pour exciter les ardeurs belliqueuses à Washington qui résiste encore, mais pour combien de temps ?

Une menace nucléaire iranienne imminente? Une chronologie des alertes depuis 1979

Les prédictions alarmistes selon lesquelles la république islamique sera bientôt en capacité nucléaire ou –pire – de réaliser une vraie bombe atomique, ne sont pas une nouveauté.

Pendant plus d’un quart de siècle, des officiels occidentaux ont affirmé de manière répétée que l’Iran était tout près de rejoindre le club nucléaire. Une telle situation est toujours déclarée « inacceptable » et susceptible de motiver une action militaire avec « toutes les options sur la table » pour empêcher  une remise en cause de l’équilibre stratégique du Moyen Orient dominé par les Etats Unis et Israël.

Et pourtant, toutes ces prédictions n’ont fait qu’aller et venir au fil des années. Cette chronique des prédictions passées situe dans une perspective historique la rhétorique actuelle sur l’Iran.

par Scott Peterson, The Christian Science Monitor (USA) 8 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

1. Premiers avertissements: 1979-1984

La crainte d’une arme nucléaire iranienne est antérieure à la révolution islamique de 1979, quand le Shah pro-occidental Mohammad Reza Pahlavi était en négociations approfondies avec la France, les Etats Unis et l’Allemagne pour un énorme investissement dans l’énergie nucléaire avec un programme de construction de 20 réacteurs.

Fin 1970, les Etats Unis reçoivent des informations selon lesquelles le Shah “avait mis en place un programme clandestin de développement d’armes nucléaires.”

1979: le Shah est renversé par la révolution iranienne qui institue la république islamique. Après l’éviction du Shah, les Etats Unis ont cessé de fournir de l’uranium hautement enrichi à l’Iran. Le gouvernement révolutionnaire guidé par l’ayatollah Ruhollah Khomeiny condamnait les armes et l’énergie nucléaires et, pendant un temps, stoppait tout les projets.

1984: Peu de temps après la visite par des ingénieurs d’Allemagne de l’Ouest du chantier inachevé du réacteur nucléaire de Bushehr. Jane’s Defence cite des sources des services secrets d’Allemagne de l’Ouest qui affirment que  la production par l’Iran d’une bombe « entre dans sa phase finale. » Le sénateur US Alan Cranston prétend que l’Iran est à sept années d’être en mesure de fabriquer une arme.

2. Israël fait le portrait de l’Iran comme l’Ennemi No. 1: 1992

Quoiqu’Israël ait commercé secrètement avec la république islamique après la révolution de 1979, cherchant ainsi à entretenir un coin perse contre ses ennemis arabes dans la région, le début des années 1990 a vu un effort cohérent de Tel Aviv pour décrire l’Iran comme étant une nouvelle menace existentielle.

1992: Le député Israélien Benjamin Netanyahou dit à ses collègues que l’Iran est à 3 ou 5 ans d’être en capacité de produire une arme nucléaire – et que cette menace devait être « extirpée par un front international dirigé par les Etats Unis.»

Le premier ministre Israélien Shimon Peres déclaré à la télévision française que l’Iran va avoir des têtes nucléaires en 1999. «L’Iran est la plus grande menace et plus grand problème au Moyen Orient » avait averti Peres, parce qu’elle vise l’option nucléaire tout en conservant une dangereuse  position de militantisme religieux extrémiste.»

1992: Joseph Alper, in ancien cadre du Mossad, les services secrets israéliens, dit:  “L’Iran doit être identifiée comme Ennemi N°1. » L’embryon de programme nucléaire iranien disait-il au New York Times, « donne vraiment la frousse à Israël. »

3. Les Etats Unis s’associent aux avertissements: 1992-97

La même sonnette d’alarmé avait déjà été tirée à Washington où, début 1992, un groupe de travail du Republican Research Committee de la Chambre des Représentants avait soutenu avoir la « certitude à 98 % que l’Iran disposait déjà de tous (ou presque) les composants nécessaires pour deux ou trois bombes nucléaires opérationnelles. »

Des prédictions du même genre avaient eu droit aux antennes, dont une faite par le chef de la CIA à l’époque, Robert Gates, selon qui le programme nucléaire iranien pourrait être un « problème grave » dans cinq ans voire moins.  La bureaucratie avait cependant mis un certain temps à s’adapter au discours sur la menace iranienne.

1992: La divulgation d’un document confidentiel du Pentagone sur la « Stratégie de défense pour les années 1990 » ne fait guère référence à l’Iran alors qu’il brosse plusieurs scénario de conflits futurs potentiels qui vont de l’Irak à la Corée du Nord.

1995: Le New York Times répercute les craintes de hauts responsables US et Israéliens pour qui “l’Iran est beaucoup plus près de produire des armes atomiques qu’on ne le pensait auparavant.’ –  environ cinq ans – et que la bombe nucléaire iranienne est « en haut de la liste » des dangers de la décennie à venir. L’article parle d’une « accélération du programme nucléaire iranien » et soutient que l’Iran « a commencé un programme intensif pour développer et acquérir des armes nucléaires » en 1987 et explique qu’in « croit » que l’Iran a recruté des conseillers scientifiques de l’ex Union Soviétique et du Pakistan.

Le Christian Science Monitor rapporte que les pressions des Etats Unis sur les fournisseurs de l’Iran dans le domaine nucléaire ont «forcé l’Iran à adapter ce qu’on soupçonne être son calendrier pour une bombe. Les spécialistes disent maintenant que l’Iran ne sera sans doute pas en mesure d’acquérir des armes nucléaires avant huit ou dix ans.»

4. Escalade rhétorique contre ‘l’axe du mal’: 1998-2002

Mais l’Iran rassemblait les pièces de son puzzle stratégique. Un satellite espion US détectait le lancement d’un missile iranien de moyenne portée, alimentant les spéculations sur le danger posé à Israël.

1998: Le New York Times expliquait qu’Israël était moins en sécurité suite à ce lancement même si Israël restait le seul Etat à posséder aussi bien des armes nucléaires que des missiles à longue portée pour les larguer n’importe où. « La principale réaction à ce fait viendra d’Israël, et nous devons nous inquiéter de l’action que les Israéliens entreprendront, » déclarait un ancien officiel du renseignement cité par le New York Times. Un expert non identifié déclarait : « Ce test [de missile] montre que l’Iran est déterminé à acquérir des armes nucléaires, parce que personne ne construit un missile de 1000 kilomètres de portée pour envoyer des charges militaires conventionnelles.»

1998: La même semaine, l’ancien Secrétaire d’Etat à la défense Donald Rumsfeld déclare au Congrès que l’Iran pourrait construire un missile balistique intercontinental – qui pourrait atteindre les Etats Unis – dans les cinq ans. La CIA donnait une échéance à douze ans.

2002: La CIA avertit que le danger de missiles à ogive nucléaire, notamment d’Iran et de Corée du Nord, est plus élevé que celui encouru pendant la guerre froide. Robert Walpole, le plus haut responsable de la CIA pour le dossier des programmes nucléaires et stratégiques, déclare à une commission sénatoriale que les capacités de l’Iran en matière de missiles se sont accrues plus vite que prévu les deux années précédentes – et se trouvent à parité avec celles de la Corée du Nord. La menace « continuera à s’accroître avec la maturation des capacités des adversaires potentiels, » dit-il.

2002: George W. Bush qualifie l’Iran de membre de “l’axe du mal,” avec l’Irak et la Corée du Nord.

5. Révélations venues de l’intérieur de l’Iran: 2002-2005

En août 2002, le mouvement d’opposition iranien Moudjahidine Khalk (MEK ou MKO) annonce que l’Iran est en train de construire une installation souterraine d’enrichissement de l’uranium à Natanz et un réacteur à eau lourde à Arak. On considère généralement que les informations ont été transmises au MEK par les services secrets israéliens.

Les réacteurs nucléaires et l’enrichissement de l’uranium ne sont pas interdits à l’Iran qui est signataire du Traité de Non prolifération nucléaire (TNP), mais le fait de ne pas révéler les travaux provoque alors l’envoi d’une mission d’enquête de l’AIEA et une surveillance plus rapprochée.  L’Iran insiste sur le caractère pacifique de ses activités mais se trouve mise en défaut par rapport à ses engagements envers l’AIEA qui l’accuse de « procédures de dissimulation.»

2004: Colin Powell, alors Secrétaire d’Etat, dit à des journalistes que l’Iran a travaillé sur la technologie pour placer une ogive nucléaire sur un missile. « Nous parlons d’une information qui non seulement dit qu’ils ont des missiles mais qui suggère qu’ils travaillent d’arrache-pied pour associer les deux, {le missile et la charge atomique] » affirmait-il.

2005: Les Etats Unis présentent un millier de pages de schémas et d’autres documents dont ils prétendent qu’ils ont été extraits d’un ordinateur portable en Iran l’année précédente et dont on dit qu’ils traitent en détail de tests d’explosifs super puissants et de têtes de missiles aptes à recevoir une charge nucléaire. Ces « supposées études », comme on les a appelées depuis, sont rejetées par l’Iran comme fabriquées par des services secrets hostiles.

6. On calme le jeu avec l’évaluation [estimate]: 2006-2009

2006: Les tambours de la guerre accélèrent leur rythme après la citation par Seymour Hersh du New Yorker de sources US qui disent qu’une frappe contre l’Iran est tout sauf inévitable et qu’il existe des plans pour utiliser des armes nucléaires tactiques contre les sites iraniens souterrains.

2007: Le président Bush avertit qu’un Iran dote de l’arme nucléaire pourrait déboucher sur une “troisième guerre mondiale.” Le vice président Dick Cheney avait prévenu auparavant de «conséquences graves»  sir l’Iran ne renonce pas à son programme nucléaire.

2007: Un mois plus tard, une évaluation non classifiée des services de renseignements nationaux (National Intelligence Estimate, NIE) prête à controverse parce qu’elle juge avec un « niveau de confiance élevé » que l’Iran a abandonné son programme d’armement nucléaire à l’automne 2003.

Le rapport, qui visait à synthétiser les informations provenant des 16 services d’espionnage des Etats Unis met sens dessus dessous des dizaines d’années de postulats posés par Washington. Le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad qualifie le rapport de « victoire pour la nation iranienne.» Le rédacteur en chef d’un journal iranien dit au Christian Science Monitor, « Les conservateurs … sentent que le risque de guerre contre eux a disparu. »

Juin 2008: John Bolton, alors ambassadeur US aux Nations Unies, prédit qu’Israël attaquera l’Iran avant janvier 2009, pour profiter de l’espace laissé avant la prise de fonctions du prochain président des Etats Unis.

Mai 2009: Le rapport de la commission sénatoriale des affaires étrangères déclare : « Il n’y a aucun indice que les dirigeants Iraniens ont ordonné la conception d’une bombe. »

7. L’échéance à un an établie par Israël démentie par les faits: 2010-2011

Malgré les rapports et les évaluations qui disent le contraire, Israël et de nombreux responsables US continuent à poser que l’Iran est décidé à avoir des armes nucléaires le plus vite possible.

Août 2010. Un article de Jefffey Goldberg dans le numéro de septembre de The Atlantic est publié sur le web et présente le scenario qu’Israël choisirait pour lancer une attaque unilatérale contre l’Iran avec une centaine d’avions, « parce qu’un Iran nucléaire pose la plus grande menace depuis Hitler pour la survie physique du peuple juif.»

S’appuyant sur des entretiens avec “environ quarante décideurs Israéliens passés et présents, à propos d’une frappe militaire’ ainsi qu’avec des responsables Américains et Arabes, M. Goldberg prédit le lancement d’une frappe vers juillet 2011. L’article rappelle des frappes précédentes sur des sites nucléaires en Irak et en Syrie et cite le premier ministre Israélien qui déclare : « On ne veut pas d’un culte messianique et apocalyptique doté de bombes atomiques. Quand un croyant inconditionnel a la main sur  les rênes du pouvoir et des armes de destruction massive, alors le monde devrait commencer à se faire du souci et c’est ce qui se passe en Iran. »

2010: Des officiels US constatent que le programme nucléaire de l’Iran a été ralenti par quatre jeux de sanctions du Conseil de Sécurité de l’ONU et par une série de mesures adoptées par les Etats unis et l’Union Européenne. Le virus informatique Stuxnet a aussi fait des dégâts en 2011 sur les milliers de centrifugeuses qui enrichissent l’uranium.

Janvier 2011:  Quand Meir Dagan démissionne du poste de directeur du Mossad, les services secrets israéliens, il dit que les Iraniens ne seront pas capables de produire une arme nucléaire avant 2015. « Israël ne devrait pas se précipiter pour attaquer l’Iran, et ne le faire que quant elle aura le couteau sous la gorge, » avertissait M. Dagan. Il a dit ensuite qu’une attaque contre l’Iran serait une « idée stupide.  Israël se trouverait devant une situation régionale impossible.»

Janvier 2011: Un rapport de la Federation of American Scientists sur l’enrichissement de l’uranium en Iran affirme qu’il est « hors de question » que Téhéran dispose déjà de la capacité technique à fabriquer un engin nucléaire « rudimentaire.’

Février 2011: Le directeur national du renseignement James Clapper affirme en témoignant devant le Congrès que « l’Iran maintient l’option du développement d’armes nucléaires en partie par le développement de diverses capacités nucléaires et en se mettant en meilleure position de produire de telles armes si elle en décidait ainsi. » M. Clapper déclare, « Nous ne savons cependant pas su l’Iran décidera finalement de produire des armes nucléaires. »

Novembre 2011: L’AIEA affirme pour la première fois que l’Iran travaille depuis des années  sur des activités en relation avec le militaire, publiant des informations détaillées basées sur plus de 1000 pages de documentation technique dont elle dit qu’elle est corroborée par les données de dix Etats membres et ses propres entretiens et investigations.


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