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La France a-t-elle trahi le Mali?

21 mars 2013

L’armée française devrait commencer à se retirer du Mali dès le mois prochain puisque la souveraineté de ce pays sera très bientôt quasi-rétablie, si on en croit M. François Hollande qui s’est exprimé sur cette question devant ceux à qui il doit rendre compte chaque année.

Au dîner du CRIF: "Alors, j'ai bon ou pas bon?"

« Est-ce que je vais avoir une bonne note? »

C’est que la mission sera alors accomplie.

Reste à savoir de quelle mission il s’agit : restaurer l’intégrité territoriale malienne ou agir dans le sens des «intérêts de la France.»

Parce que, contrairement à ceux dont parlent les Beatles dans une de leurs chansons, ce ne sont pas forcément des mots qui vont très bien ensemble.

Et c’est en tout cas une opinion de plus en plus répandue au Mali où on s’interroge sérieusement sur les manigances de l’ancienne puissance coloniale que d’aucuns accusent d’encourager une partition de facto du pays.

Une telle partition du Mali pourrait être le prélude de bouleversements similaires dans d’autres pays de la région, dont l’Algérie.

Un scénario lourd de dangers que n’hésite pas à envisager Mohamed-Chafik Mesbah, un ancien officier de l’armée algérienne :

La situation actuelle dans le Sud de l’Algérie ne laisse rien présager de bon d’après l’ancien officier, qui craint que cette région ne vienne à bout des forces sécuritaires régionales. Il s’est également inquiété de l’intervention des puissances étrangères dans ces conflits africains, et va imaginer un scénario très pessimiste dans lequel l’Algérie serait soumise aux décisions des autres pays occidentaux et où elle ne pourrait plus exercer sa souveraineté nationale, dans la région du sud, et pourrait avoir comme conséquence la division du nord et du sud du pays. Un dessein de longue date, d’après Mohamed-Chafik Mesbah. « L’idée de diviser le pays et de ne libérer que sa partie nord, tout en continuant à occuper et à exploiter les champs pétrolifères et les autres richesses naturelles, remonte à la période de la guerre d’Indépendance », a-t-il affirmé. 

Si on en lit le portrait que Mohamed Sifaoui, le même qui pense que le régime sioniste est une démocratie, fait de Mohamed-Chafik Mesbah, on peut retirer au moins la certitude que les réflexions de cet ancien du DRS reflètent bien les préoccupations d’une partie des élites politiques et militaires du pays.

Et comme le remarque le blogueur El Erg Echergui (apparemment dans la veine du MAOL) qui réagit aussi à des propos de M. Mesbah, le régime algérien n’est pas pour rien dans les risques de fragmentation de la nation, comme d’ailleurs il n’a pas été pour rien dans le long processus de déstabilisation de la région. 

Qui qu’il en soit, l’écrasement de l’Irak, la partition du Soudan, la pseudo révolution libyenne et l’anarchie qui s’est saisie de ce pays ainsi que la destruction en cours de la Syrie incitent à ne pas écarter d’un revers de main les risques pour l’intégrité et l’unité territoriales de l’Etat algérien.

Et au Mali, ce sont d’abord les Maliens qui ont trahi. La France est par contre fidèle à ce qu’elle estime être l’intérêt de sa politique africaine et de ses grandes entreprises.

 

Le soutien tacite de la France aux séparatistes au Mali suscite colère et accusations de trahison

 La montée à nouveau en puissance  du Mouvement National [Targui] de Libération de l’Azawad suscite colère et interrogations chez les maliens quant au rôle de l’Europe et à son engagement à leurs sécurité et unité.

par Peter Tinti, Christian Science Monitor (USA) 20 mars 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Gao, Mali – Avec la baisse en intensité de la guerre pour éliminer les rebelles islamiques du Mali, un sentiment de frustration se fait jour au sujet d’une armée française perçue le plus souvent maintenant comme ayant pris parti pour une faction ethnique controversée qui avait auparavant coopéré avec al Qaïda.

Dans les villes de Gao et Tombouctou d’où les Français ont expulsé en janvier des groupes d’extrémistes, la colère monte par rapport au fait que les Français font s’accommodent d’une autre organisation séparatrice, le Mouvement National [Targui] de Libération de l’Azawad, ou MNLA.

Ces derniers jours, les séparatistes du MNLA, en majorité d’ethnie targuie, et qui il y a un an s’étaient emparés par la force du nord du pays et avaient collaboré récemment avec les extrémistes islamiques, ont commencé à exercer une autorité et revendiquent pouvoir et argent.

Des  documents de type official, par exemple, qui demandent aux véhicules et aux automobilistes qui entrent et sortent de la région nordique de Kidal de payer une taxe, sont un exemple parmi d’autres. Les documents sont cachetés avec un sceau marqué de la mention «Etat de l’Azawad», le logo du MNLA.

De nouvelles révélations sur la mise en place par le MNLA d’une administration parallèle sous les auspices de la France ont provoqué l’indignation, non seulement localement mais dans tout le Mali.

“Le MNLA a bénéficié de l’intervention plus que n’importe quelle autre organisation,” affirme Abba Maiga, un habitant de Gao. «Alors maintenant, je demande si la France est intervenue pour sauver le Mali ou si elle est intervenue pour sauver le MNLA ?»

Beaucoup de Maliens se demandent si la France a vraiment la volonté de restaurer l’intégrité territoriale du Mali. Et tandis que la France et ses alliés africains ont considérablement progressé dans l’expulsion des rebelles islamistes de leurs bastions, le fait demeure que la question du séparatisme targui reste une des graves pommes de discorde qui ont été à la racine de la plongée du Mali dans le chaos.

M. Maiga, a vécu à Gao au moment où elle avait été occupée pat le MNLA puis quand la ville est passée sous le contrôle d’organisations de rebelles islamistes qui ont été récemment chassées par les forces sous commandement français, explique que l’intervention française l’avait rendu d’abord fou de joie.

Mais aujourd’hui, il s’interroge sur les motivations derrière l’intervention. «Je ne leur fais plus confiance [aux Français]. Ils nous ont trahis,» dit-il.

Collaboration, pas confrontation

Le MNLA a fondu sur Kidal le mois dernier après que les rebelles liés à al Qaïda eurent abandonné la ville au lendemain des bombardements français. Depuis lors, le MNLA a mis en place des checkpoints et a averti la France et ses alliés africains que l’armée malienne n’est pas la bienvenue et sera traitée en ennemie.

mali

Pour l’instant, la France semble préférer collaborer avec le MNLA et se concentrer sur l’expulsion des rebelles de leurs bastions montagneux, plutôt qu’aider l’armée malienne à reprendre le territoire initialement tombé entre les mais du MNLA l’année dernière.

Et alors que la France soutient l’armée malienne dans sa volonté de consolider son contrôle sur les régions de Gao et Tombouctou, des indices de plus en plus nombreux indiquent qu’elle fait la même chose avec le MNLA à Kidal.

Des automobilistes qui se sont rendus récemment dans la région affirment que le MNLA  fait payer entre 60 et 80 dollars de taxe pour entrer dans la région et entre 80 et 200 dollars de plus pour accéder à la ville de Kidal. La même taxation s’applique quand on sort de Kidal.

Le formulaire du MNLA remis aux automobilistes montre l’exercice d’une autorité administrative: le document est bilingue arabe-français et porte un entête où on lit, «Etat de l’Azawad : Unité, Liberté, Sécurité,» l’identité du chauffeur, le type du véhicule, le nom propriétaire du véhicule et divers numéros d’immatriculation doivent être renseignés.

Au bas du formulaire, un cachet représente une carte avec les frontières revendiquées pour un Azawad indépendant qui comprend les régions de Gao et Tombouctou.

“Ils les Français] disaient que leur objectif était de combattre les islamistes et de restaurer l’intégrité territorial du Mali, mais maintenant ils aident les séparatistes,” déclare un élu municipal de Gao qui a souhaité garder l’anonymat. «Ils travaillent avec les terroristes !» clame-t-il en montrant le formulaire en question.

Des habitants de Gao craignent que l’argent obtenu avec les taxes de transit serve à financer une autre rébellion séparatiste ; le MNLA prétend qu’après les attentats suicides commis dans la ville et ses alentours, ces papiers et la taxation sont  nécessaires pour le maintien de la sécurité.

«Tous les véhicules à l’intérieur du territoire contrôlé par le MNLA doivent avoir ce document,» a déclaré à Reuters à Paris Moussa Ag Assarid, représentant en Europe du MNLA. «De la sorte, nous pouvons distinguer les terroristes et les trafiquants de droguer des chauffeurs ordinaires.»

Les liens antérieurs avec les islamistes

Le MNLA avait une première fois pris le contrôle du Nord Mali alors qu’il combattait aux côtés des rebelles islamistes – dont certains sont liés à al Qaïda – pour chasser l’armée malienne d’une immense étendue désertique à peu près de la taille du Texas.

Mais les séparatistes [Touareg] avaient vite été dominés – militairement et politiquement – par leurs allies de circonstance et avaient été chasses de grandes villes et agglomérations de la région.

 Mais pour la plupart des habitants de Gao – la plus grande ville du Nord Mali avec environ 85 000 habitants – la brève domination du MNLA était associée aux pillages systématiques, aux violations des droits de l’homme et perçue comme ayant permis la prise de contrôle par les islamistes.

Le MNLA prétend qu’on ne peut pas faire confiance à l’armée malienne à Kidal, évoquant l’histoire d’abus par le passé ainsi que des allégations sur de plus récentes exécutions extrajudiciaires de Touareg et d’Arabes par les forces maliennes.

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré a annoncé être ouvert à des négociations avec le MNLA pour peu qu’il renonce à ses appels à l’indépendance. De son côté, le MNLA a indiqué être prêt à accepter une forme négociée d’autonomie, mais a refusé de déposer les armes avant de discuter.

Quels lendemains de guerre au nord du Mali?

16 janvier 2013

Vous pouvez lire ici ou que le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA), par la voix de son porte parole, non seulement approuve l’intervention militaire française au Mali mais est disposé à prêter main forte au corps expéditionnaire français pour les combats au sol.

Ce n’est pourtant pas exactement ce que dit Moussa Ag Assarid, le porte parole de ce mouvement ainsi qu’on peut le constater en lisant une retranscription intégrale d’un entretien qu’il a accordé tout récemment à un journal espagnol.

Moussa Ag Assarid pose en effet un préalable non négligeable avant cette coopération : que le gouvernement malien engage des discussions sérieuses avec son mouvement sous l’égide de ce qu’il appelle la «communauté internationale.»

J’espère quand même qu’il sait que dans le cas du Mali, la communauté internationale se résume à  la France qui n’en fait qu’à sa tête.

Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA

Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA

Et en parlant de négociations avec le MNLA en relation avec la situation actuelle au nord du pays, c’est une éventualité qu’a explicitement écartée M. Tieman Hubert Coulibaly, le ministre Malien des affaires étrangères qui rejette ces «conditions posées à l’armée malienne.» Une formulation qui montre que la Mali n’a de gouvernement en ce moment que militaire.

On comprend donc que ce qui tient lieu de gouvernement en ce moment au Mali compte bien reprendre le contrôle des régions du nord du pays grâce à l’armée française, sans doute pour répéter une politique qui a entretenu une instabilité qui a débouché sur la situation actuelle à la faveur de l’intervention occidentale contre le régime de Mouammar Kadhafi.

François Hollande, porte parole du Mali, de l'Afrique en général et de la Syrie

François Hollande, porte parole du Mali, de l’Afrique en général et de la Syrie

Le pompier pyromane français qui ne semble pas satisfait du désastre qu’il a provoqué à la frontière orientale de l’Algérie s’attelle maintenant avec passion à continuer son sale boulot à la frontière sud du polygone étoilé.

Le porte-parole du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) admet qu’il faut négocier

Par Xavier Aldekoa, La Vanguardia (Espagne) 16 janvier 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), héritier de plusieurs mouvements de rébellion targuie dans le nord du Mali veut avoir un rôle clef dans la guerre. Son porte parole, Moussa Ag Assarid dit que la révolution indépendantiste a été détournée par des terroristes et il tend la main à la France. Mais avec des conditions.

Le MNLA est-il prêt à combattre au côté de la France contre les fondamentalistes ?

Notre position est claire. Nous voulons des droits pour le peuple de l’Azawad. Et nous luttons déjà contre les terroristes. Avant même que la France ait commencé à le faire nous les affrontions déjà. Nous connaissons ce territoire et ses gens. Nous avons des combattants expérimentés qui savent se battre. Qu’on nous laisse faire le travail. Ce n’est pas au mali de régler ça, ni à la Communauté Economique d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il faut négocier pour déterminer les conditions, et tout ce qui se passe sur le terrain, nous nous chargerons de le résoudre.

Mais pour Bamako, le MNLA est aussi l’ennemi.

Il ne faut pas faire l’amalgame entre de MNL   A et d’autres groupes armés. Nous ne sommes pas des terroristes ; nous voulons des droits sur nos territoires et nous demandons l’indépendance. Aujourd’hui, nous devons négocier avec Bamako pour déterminer notre rôle et les statut [du territoire) de l’Azawad.

Le MNLA a-t-il le sentiment que sa révolution targuie a été détournée ?

Tout à fait. Notre peuple vit dans la soumission depuis 50 ans. Depuis 1960, nous avons été massacrés, nous avons subi un génocide, et comme il n’y avait aucune volonté de trouver une solution politique, nous avons fait la guerre à Bamako pour la dignité de notre sang versé, de nos enfants et des milliers de réfugiés. La communauté internationale ne doit pas l’oublier. Il est inutile que le gouvernement malien ttente de récupérer le territoire de l’Azawad s’il ne s’assoit pas à la table de négociations. Les choses ne peuvent plus être comme avant, avec l’armée stationnée au nord tandis que les villes s développent au sud. Il y a un problème politique, il faut le résoudre et ensuite, nous nous impliquerons dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Et si le gouvernement malien ne cède pas à vos revendications ?

Sans solution politique, le Mali ne retrouvera pas la paix.

Quelle est cette solution : l’indépendance, une certaine autonomie ?

Il doit d’abord y avoir une négociation franche entre la communauté internationale, le MNLA et Bamako. Une fois la solution politique trouvée, nous verrons ce qui se passera. Cet accord sera déterminant pour la lutte contre le terrorisme.

Le MNLA peut-il vaincre les extrémistes ?

Nous disposons de plusieurs milliers d’hommes et de matériel qui nous permettent de nous adapter au terrain et de combattre dans un territoire que nous connaissons comme notre poche. En outre, la population est de notre côté et elle nous renseigne chaque jour sur leurs positions. Nous savons où sont les terroristes.

Après Sarkozy en Libye, Hollande victime d’un mirage au Mali

14 janvier 2013

Je ne sais pas quel jeu joue le gouvernement algérien qui a autorisé la France à faire transiter par son espace aérien ses avions se rendant au Mali.

Peut-être était-ce le prix à payer pour les déclarations alambiquées de François Hollande lors de son dernier déplacement à Alger, ou encore pour le remercier d’avoir écouté sans broncher la chorale féminine qui chantait ses louanges à Tlemcen.

En tout cas, même si l’engagement algérien ne va pas plus loin, c’est déjà une faute et un reniement des principes qui ont animé la lutte anticoloniale.

Quant à savoir ce qui a amené la France à intervenir sans mandat de l’ONU et prétendument à l’appel d’un gouvernement qui n’a d’autre légitimité que celle que lui a donné un coup d’Etat…

La France va essayer maintenant de régulariser sa situation à l’ONU, ce qui laisse sous-entendre qu’à paris on est quelque peu conscient de la faiblesse de l’habillage légal donné à son intervention.

Paris a aussi argué de la nécessité d’assurer la sécurité de ses ressortissants, ils sont quelques milliers, au Mali.

Un argument étrange qui sera peut-être utilisé par un des multiples pays d’origine des migrants qui résident en France en cas d’accession à l’Elysée d’un candidat extrémiste !

La vérité est que la France est partie en guerre pour défendre ses intérêts miniers et stratégiques et que si elle était disposée à laisser agir, sous son contrôle, une force africaine dominée par des représentants de la Françafrique, elle ne pouvait pas permettre à une autre puissance extra-africaine de prendre l’initiative militaire. Cette vérité est d’ailleurs affirmée clairement par le gouvernement français même si les journalistes la noient dans tout un fatras de considérations, notamment techniques et tactiques.

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François Hollande intervient militairement en Afrique au nom des intérêts de la France de de l’Europe

La France ne pouvait pas même laisser la première place aux Etats Unis qui s’échinent patiemment depuis des années à rogner la place de la France dans la région même si sa stratégie a été quelque peu perturbée par l’arrivée de ce nouvel acteur de premier plan qu’est la Chine. 

Et cette intervention française tombe finalement plutôt bien pour les Etats Unis et, si on en croit cet article du New York Times, les Américains ne sont tout de même pas fâchés de voir la France s’y coller parce qu’ils n’avaient pas vraiment envie d’y aller eux-mêmes : trop compliqué pour des résultats aléatoires.

Bien sûr, la France, avec le renfort éventuel de ses ‘’alliés’’ africains, a parfaitement les moyens de contenir, de repousser et d’infliger de lourdes pertes aux miliciens qui tiennent actuellement le nord du Mali (et aux populations civiles aussi soit dit en passant).

Et les choses peuvent même aller très vite.

Le problème étant justement celui de la durée. Sauf à occuper durablement le Sahara et la région sahélienne, en y installant des postes militaires, en y faisant circuler des unités motorisées et en patrouillant régulièrement l’espace aérien, les combattants qui se seront égayés dans la nature et au-delà du «limes» reviendront dès qu’ils auront reconstitué leurs forces.

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Le limes romain en Afrique

Et compte tenu de l’instabilité (à laquelle l’Etat algérien a malheureusement contribué), et de la pauvreté, qui règnent dans une région à l’économie de laquelle l’intervention en Libye (avec la France en pointe déjà) a porté un coup très dur, il n’y a aucune raison pour que ces forces ne se reconstituent pas dans des délais assez brefs.

Pour conclure, on dira qu’il est quand même piquant de voir François Hollande aller guerroyer contre des clones ce ceux qu’il soutient mordicus en Syrie.

NB : j’ai hésité dans la traduction du titre. Au lieu de «supplantent (ou remplacent) la prudence», j’ai préféré «contre la prudence.» Il me semble que dans le verbe supplanter il y une notion d’antagonisme ou d’opposition.

Les frappes françaises au Mali contre la prudence des Etats Unis

par ADAM NOSSITER, ERIC SCHMITT and MARK MAZZETTI.

The New York Times (USA) 13 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Bamako, Mali – Des avions de combat français ont frappé en profondeur au cœur des bastions rebelles du nord du Mali ce dimanche, mettant fin à des mois d’hésitation internationale au sujet d’une action militaire dans la région et après l’échec de toutes les autres tentatives des Etats Unis et de leurs alliés pour contrer les extrémistes.

Pendant des années, les États-Unis ont essayé d’enrayer la propagation du militantisme islamique dans la région en mettant en œuvre le plus ambitieux de ses programmes de lutte contre le terrorisme à travers ces vastes étendues turbulentes du Sahara.

Mais quand les insurgés se sont répandus dans tout le désert l’an dernier, les commandants des unités d’élite des armées de ce pays, entraînées minutieusement pendant des années par les Etats Unis  ont fait défection au moment où on avait le plus besoin d’eux – pour passer à l’ennemi en pleine bataille, avec leurs hommes, leurs fusils et leurs nouvelles compétences, selon des officiers supérieurs Maliens.

« Ce fut un désastre,” déclare un des officiers Maliens qui confirme les défections.

Puis, un officier formé par les Etats Unis a renversé le gouvernement élu du Mali, préparant le terrain pour que plus de la moitié du pays tombe entre les mains des extrémistes islamistes. Les avions espions et les drones de surveillance américains ont essayé de mettre de l’ordre dans cette pagaille, mais les officiels Américains et leurs alliés en sont encore à se triturer les méninges pour se faire une idée précise de ce qu’ils affrontent.

Maintenant, malgré les avertissements américains de longue date sur le risque qu’une attaque occidentale sur le bastion islamiste fasse affluer des djihadistes de partout dans le monde et encourage des attentats terroristes aussi loin qu’en Europe, les Français sont entrés d’eux-mêmes en guerre.

Ils ont d’abord freiné la progression islamiste, affirmant que le reste du Mali serait tombé entre les mains des militants en quelques jours. Puis, le dimanche, les avions de combat français sont passés à l’offensive, attaquant des camps d’entraînement, des dépôts et d’autres positions des militants loin à l’intérieur du territoire contrôlé par les islamistes, dans le but de déloger les militants qui ont créé là un des plus importants repaires au monde pour les djihadistes.

Certains officiels du Départment de la Défense, en particulier des officiers du Joint Special Operations Command au pentagone ont plaidé en faveur d’une campagne d’assassinats [lethal campaign] pour tuer les hauts responsables de deux des organisations extrémistes qui tiennent le nord du Mali, Ansar Dine et Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Tuer les chefs, soutenaient-ils, pourrait provoquer un effondrement interne.

 Mais son attention et ses ressources étant concentrées sur d’autres conflits comme le Pakistan, le Yémen, la Somalie et la Libye, l’administration Obama a rejeté ces frappes en faveur d’une stratégie plus prudente et une action indirecte : aider les nations africaines à repousser et à contenir la menace par elles-mêmes.

Ces quatre dernières années, les Etats Unis ont dépensé entre 520 et 600 millions de dollars dans un vaste effort pour combattre le militantisme islamiste dans la région sans faire des guerres comme celles qu’ils ont menées au Moyen Orient. Ce programme s’est étendu du Maroc au Nigeria et les officiels Américains présentaient l’armée malienne comme une partenaire exemplaire. Les forces spéciales américaines avaient formé les soldats Maliens au tir de précision, à la patrouille de frontière, à l’embuscade et à d’autres techniques du contreterrorisme.

Mais toute cette planification délibérée a rapidement volé en éclats quand des combattants islamistes aguerris et lourdement armés sont rentrés des combats en Libye. Ils se sont alliés avec des djihadistes comme Ansar Dine, ont mis en déroute des forces maliennes mal équipées et les ont démoralisées à tel point qu’il s’en est suivi une mutinerie contre le gouvernement dans la capitale, Bamako.

Une évaluation confidentielle à l’interne effectuée en juillet dernier par l’Africa Command (Africom) au Pentagone avait conclu que le coup d’Etat était allé trop vite pour que le commandement américain où les analystes du renseignement puissent en détecter de véritables signes avant coureurs.

Le coup d’Etat au mali est allé si vite et il y avait si peu de signaux d’alerte,» explique le colonel Tom Davis, un porte parole du commandement. «L’étincelle qui l’a déclenché s’est produite chez les officiers de niveau intermédiaire qui ont fini ar renverser le gouvernement, pas aux échelons supérieurs où on aurait pu plus aisément remarquer des signaux d’alerte »

Mais un officier des Forces d’Opérations Spéciales n’est pas d’accord, qui affirme, “Les choses fermentaient depuis cinq ans. Les analystes étaient trop complaisants dans leurs hypothèses et ils n’avaient pas vu les gros changements et leur impact, comme l’armement lourd en provenance de Libye et la nature différente, plus ‘’islamique’’ des combattants qui revenaient.

Les mêmes unités de l’armée entraînées par les Etats Unis et qu’on voyait comme la meilleure chance de repousser cette avance se sont avérées en fin de compte être à la base de la défaite militaire du pays. Les chefs de ces unités d’élite étaient des Touareg – de la même ethnique nomade qui envahissait le nord du Mali.

Selon un officier supérieur, les commandants Touareg des quatre unités maliennes combattant dans le nord à l’époque avaient fait défection en faveur de l’insurrection ‘’au moment crucial», emportant avec eux les combattants, les armes et un peu d’équipement. Il affirme qu’ils ont été rejoints par environ 1 600 autres transfuges de l’armée malienne, portant un coup sévère aux espoirs du régime de résister à l’offensive.

“L’aide des Américains s’est révélée sans utilité,” déclare un autre officier supérieur Malien, engagé en ce moment dans les combats. ‘’Ils ont fait les mauvais choix,’’ dit-il en s’appuyant sur des chefs d’un groupe [ethnique] qui est en rébellion contre l’Etat malien depuis cinquante ans.

Le quasi effondrement de l’armée malienne, y compris des unités entraînées par les forces spéciales américaines, suivi par un coup d’Etat avec à sa tête un officier formé par les Etats Unis, le capitaine Amadou Sanogo, a surpris et embarrassé le haut commandement militaire américain.

 ‘’J’ai été très déçu de voir un militaire avec qui nous étions en relation pour le former participer au renversement par l’armée d’un gouvernement élu,’’  a déclaré le général Carter F. Ham, commandant de l’Africom, dans un discours prononcé à la Brown University le mois dernier. ‘’On ne peut pas qualifier ça autrement que complètement inacceptable.’’

Les officiels Américains défendent leur entraînement de l’armée malienne, expliquant qu’il n’avait jamais eu pour but d’être aussi complet que ce que les Etats Unis ont fait en Irak et en Afghanistan. ‘’Nous avons entraîné cinq unités pendant cinq ans, mais est-ce que ça suffit à faire une véritable armée solide comme le roc ?’’ demande un officier de l’armée américaine bien au courant du dossier.

Après le coup d’Etat, les extrémistes ont rapidement écarté les Touareg dans le nord malien et appliqué une version dure de l’Islam à la population, coupant des mains, flagellant les habitants et poussant à la fuite des dizaines de milliers de personnes. Les pays occidentaux ont alors adopté une stratégie d’endiguement, exhortant les pays africains à boucler le nord du pays en attendant d’être en mesure de mobiliser une force armée pour chasser les islamistes à l’automne, au plus tôt. A cette fin, le Pentagone fournit à la Mauritanie des camions neufs et au Niger deux avions de reconnaissance Cessna, en plus de la formation militaire dispensée dans les deux pays.

Mais même ce plan de sauvetage a échoué car les islamistes ont progressé dans le sud en direction de la capital. Avec des milliers de citoyens Français au Mali, son ancienne colonie, la France a décidé qu’elle ne pouvait pas attendre plus longtemps et a bombardé les militants sur la ligne de front et en profondeur dans leur repaire.

Certains experts dissent que des troupes étrangères pourraient facilement reprendre les grandes villes du nord du Mali, mais que les combattants islamistes ont obligé des enfants à se battre pour eux, ce qui est dissuasif pour toute force d’invasion, et pourraient recourir à des tactiques insurrectionnelles meurtrières.

 ‘’Ils ont préparé ces villes pour en faire un piège mortel,’’ déclare Rudy Atallah, l’ancien directeur de la politique du contreterrorisme pour le Pentagone. ‘’Si une force d’intervention va là-bas, les militants en feront une guerre insurrectionnelle.’’

Adam Nossiter reported from Bamako, Eric Schmitt from Niamey, Niger, and from Washington, and Mark Mazzetti from Washington. Steven Erlanger contributed reporting from Paris.

L’Algérie partie prenante d’une intervention militaire au Mali?

30 octobre 2012

La crise au Mali donne lieu à de grandes manœuvres diplomatiques qui pourraient déboucher sur une intervention militaire d’Etats membres de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’OTAN en fait qui non seulement assurera la véritable direction des opérations mais en dictera l’objectif politique.

La nature de cet objectif reste mystérieuse car si on peut tomber d’accord pour dire que le Mali doit recouvrer son unité territoriale, il n’est pas du tout sûr qu’il y parvienne avec l’aide des pompiers pyromanes français ou américains.

C’est que la crise au Mali ne concerne pas que la partie nord du pays, elle touche également la partie méridionale qui est aussi la plus peuplée et celle qui donne le ton politiquement.

Avant tout processus de réunification, qu’il se fasse par la voie militaire ou autrement, il importe donc d’engager un processus politique qui permette de définir la relation qu’entretiendront les différentes régions du Mali dans le cadre d’un Etat unitaire.

Parce que si le mouvement touareg a dores et déjà fait savoir qu’il renonçait à une indépendance qui lui a de toute façon immédiatement été confisquée par ceux qui se présentent comme des émules d’al Qaïda, il n’empêche que la réalité sur le terrain montre que si ces « djihadistes » ont un comportement abject, il en va de même de l’armée malienne.

C’est cette réalité dont ne veulent pas tenir compte les autorités des pays occidentaux et que leurs medias tendent à ignorer superbement à la différence d’un Boulkindi COULDIATI qui écrit dans Le Pays, un journal burkinabé.

Le magazine Jeune Afrique parle aussi de ces huit ou neuf civils qui ont été massacrés récemment par l’armée malienne alors qu’ils étaient en chemin vers la Mauritanie.

En langue française, c’est à peu près tout ce que méritent ces pauvres bougres, de simples pasteurs éleveurs qui n’avaient que le tort d’être des Touareg

Il va donc sans dire qu’une intervention militaire serait pour le moins prématurée, si tant est même qu’elle ait une quelconque utilité, et qu’elle risquerait de plonger un peu plus la région dans le chaos.

On dit que Hillary Clinton s’est déplacée à Alger pour persuader le gouvernement algérien de s’ impliquer dans une telle opération militaire.

Incroyable, je lui ai demandé sa main et elle a dit oui!

Elle aurait obtenu ce qu’elle voulait nous dit le journal La Croix selon qui l’armée algérienne, sans intervenir directement, participera à la planification des opérations militaires de reconquête du nord Mali.

Si c’était le cas, ce serait une erreur de plus à mettre à l’actif de la diplomatie algérienne qui n’en finit pas de céder sur des questions qui la regardent pourtant plus que n’importe quel politicien américain ou parisien.

Curieusement, le journal algérien L’Expression nous chante apparemment une chanson très différente sur l’issue des discussions entre Mme Clinton et les autorités d’Alger. on comprend cependant que les Etats Unis attendent de l’Armée nationale Populaire qu’elle agisse en tant que force supplétive des Etats Unis dans la région.

De quoi flatter l’ego national avec un prétendu «axe Alger-Washington» par opposition bien entendu à un axe Paris-Washington.

Un sous-texte qui semble donc confirmer les informations du journal La Croix.

A Alger comme dans d’autres pays arabes, on aime à se bercer d’illusions…

Les conséquences désastreuses pour l’Afrique de l’intervention occidentale en Libye

17 février 2012

On nous parle de ce qui se passe en ce moment au Mali avec la lutte armée qui oppose le Mouvement de Libération de l’Azawad (Touareg) au pouvoir central.

Si dans un premier temps l’armée malienne a subi un coup sévère avec notamment une centaine de soldats qui auraient été purement et simplement massacrés, le gouvernement est passé à l’offensive et dit avoir infligé de lourdes pertes aux militants indépendantistes.

Dans le premier temps des affrontements, des soldats maliens n’ont semble-t-il dû leur salut qu’à la possibilité qui leur a été offerte de se réfugier dans l’Algérie voisine.

C’est dire que cette révolte Touareg est grosse d’importants risques de déstabilisation pour une région déjà fragilisée par les activités de bandes terroristes et de l’armée américaine qui ont porté un coup sévère au tourisme mais plus encore par les contrecoups de l’intervention occidentale en Libye. Oui, celle dont MM. Sarkozy et Cameron sont si fiers mais dont l’Afrique commence à payer le prix.

La guerre en Libye a en effet privé nombre de pays d’Afrique sub-saharienne d’un véritable poumon économique, entre les aides directes ou indirectes apportées par le gouvernement de Mouammar Kadhafi et l’argent envoyé aux familles par les centaines de milliers d’émigrés qui travaillaient en Libye.

C’est fini tout ça et il ne reste plus que de maigres ressources à partager et d’immenses étendues à parcourir pour des masses de réfugiés

On l’a vu, des soldats maliens ont dû se replier en Algérie et il est vrai que demain, l’Algérie, comme d’autres pays de cette région d’Afrique, risque de subir les conséquences de la destruction de la Libye. Et ces conséquences peuvent être extrêmement graves pour l’Algérie qui se mordra sans doute bientôt les doigts de ne pas avoir fait preuve de fermeté au moment de l’affaire libyenne.

Et franchement, quand j’apprends que l’Algérie vient de commander des blindés russes de dernière génération, je me demande sincèrement à quoi ils pourraient bien servir. A mon avis à rien du tout et sûrement pas à réprimer la population comme certains le prétendent de manière assez grotesque (pendant les années de guerre civile, les blindés lourds n’ont été utilisés que très ponctuellement voire pas du tout).

Denis Koné nous offre un très bon article dans lequel il met en cause directement la responsabilité de l’intervention occidentale en Libye dans la crise malienne. Un article qui explique mais qui se lit aussi comme un réquisitoire contre la passivité des gouvernements africains.

Crise au Nord Mali: La rançon de la crise libyenne

Par Denis Koné, Afrique en Ligne 16 février 2012

Sécurité au nord du Mali – L’Afrique et ses dirigeants ont vécu la crise libyenne comme un spectacle et dont les conséquences sont loin de se limiter de nos jours, à ce que nous vivons au Mali. Les dirigeants africains et leur organisation, l’Union africaine ont assisté passivement à la liquidation du régime du colonel Mouammar Kadhafi.

Pour le colonel Mouammar Kadhafi, la page s’est définitivement refermée le 20 octobre dernier. Tué ce jour-là, il en finissait définitivement avec les contradictions et les soucis de son existence de révolutionnaire ; mais pour bien d’autres États africains dont le Mali et les autres pays de l’espace Uémoa, les difficultés n’ont commencé que ce jour-là.

Il en est ainsi de la rébellion touarègue à laquelle nous assistons. Des experts en tout genre cherchent à trouver les raisons qui ravivent ce conflit que l’on croyait éteint suite à la signature du Pacte national. Mais le combat que les Touaregs mènent actuellement contre notre armée n’a rien d’identitaire. Il est existentiel. Il s’agit d’hommes et de femmes qui, estimant ne pas pouvoir trouver de quoi vivre chez eux-mêmes, avaient décidé d’aller voir ailleurs.

Le hasard les conduit alors en Libye où ils trouvent de quoi mener une existence à l’abri de l’indigence. Mais un beau jour, leur quotidien devait subitement être bouleversé. Plus parce que sa tête ne plaisait plus à certains que parce qu’il gérait mal son pays, le colonel voyait se lever contre lui une armée mondiale. L’issue fut tragique. Et pour les touaregs accusés à tort ou à raison de s’être rangés du côté du perdant, c’est la chasse aux sorcières, c’est le vandalisme, c’est le pillage des biens et c’est le retour forcé.

Retour d’émigrés démunis, pleins d’amertume mais puissamment armés. L’Etat ayant, à travers les autorités militaires ayant failli à leur devoir de désarmer les revenants, la crise était inévitable. Aujourd’hui, c’est la nation malienne qui est menacée dans son unité et son intégrité territoriale et le processus électoral jadis prometteur, est plus que compromis. On n’entend aucune des puissances impérialistes qui étaient intervenues en Libye, reconnaître leur part de responsabilité dans la crise actuelle que traverse le Mali et par ricochet, les pays comme le Niger, le Burkina Faso puisque ces pays accueillent de nombreux Maliens réfugiés.

L’Onu qui avait donné quitus à l’intervention, à travers sa fameuse résolution 1973 est muette de nos jours. Au Mali et à tous les autres pays sur lesquels se déversent actuellement les conséquences de cette crise libyenne de les gérer. Les autres avaient pour mission de tuer Kadhafi. Celle-ci accomplie, ils se sont retirés et tant pis pour le reste. Pauvre Afrique !

Et c’est là que se manifeste la responsabilité des dirigeants africains. Eux qui avaient laissé faire, ils avaient naïvement pensé que cela se limiterait à Kadhafi seulement. Eh bien, ils se sont dangereusement trompés. Parce qu’en réalité, la crise malienne ne sera certainement pas la seule conséquence fâcheuse que l’Afrique aura à déplorer, suite à son incapacité à se faire respecter par le monde entier.

Déjà, le fiasco enregistré lors de l’élection du président de la commission de l’Union africaine, est également à mettre au compte de ces conséquences malheureuses et regrettables. Car la gestion calamiteuse de l’interventionnisme occidental dans les crises ivoirienne et libyenne par Jean Ping est l’élément fondamental de l’inimitié absolue que l’Afrique du sud éprouve à son encontre.

Le 40e sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui s’ouvre aujourd’hui dans la capitale nigériane Abuja saura -t-il tirer une belle leçon de ce vécu ? Les sommets étant souvent de grandes rencontres au cours desquels des discours mielleux sont prononcés sans que des actes concrets ne s’en suivent.

Denis Koné

Les Echos du 16 Février 2012


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