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Disloquer la Syrie, pérenniser l’occupation du Golan

8 mai 2016

Eric Margolis est un journaliste américain bien connu dont la longue et multiforme carrière inclut des années de collaboration avec les journaux canadiens du groupe Sun. Si l’essentiel de sa carrière est désormais derrière lui, il n’en continue pas moins à collaborer avec différents médias comme le Khaleej Times (Emirats Arabes Unis), Dawn (Pakistan) et TV Ontario.

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Eric Margolis collabore aussi avec Russian TV

Farouchement anticommuniste, ce membre de l’International Institute for Strategic Studies de Londres, très au fait des affaires du Moyen Orient et internationales en général porte un regard très critique sur la politique de son pays non seulement sur la question de Palestine mais aussi sur les troubles en Syrie.

Selon lui, la guerre en Syrie a été fomentée [instigated] par les puissances occidentales que sont la Grande Bretagne, les Etats Unis et la France en association avec l’Arabie Saoudite.

Et le conflit qui ravage la Syrie fait bien l’affaire de l’Etat sioniste qui ne se gêne pas pour intervenir discrètement en soutien de ceux qui combattent le gouvernement syrien et espère même en tirer un profit territorial et stratégique.

Vous vous souvenez du plateau du Golan?

par Eric Margolis, 30 avril 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Pendant la guerre israélo-arabe de 1973, l’armée syrienne avait surpris Israël et s’était rapidement rapprochée des limites du plateau du Golan conquis par Israël pendant la guerre de 1967. Il semblait alors que l’infanterie et les blindés syriens allaient reprendre le Golan puis dévaler sur la Galilée en territoire israélien.

Les satellites de reconnaissance soviétiques avaient observé qu’Israël avait sorti des missiles à tête nucléaire Jéricho de 500 kilomètres de portée de leurs abris souterrains pour les installer sur des rampes de lancement. Au même moment, on observait Israël en train d’armer de bombes atomiques ses avions de combat F-4 (Phantom) de fabrication américaine sur la base de Tel Nof.

Convaincu qu’Israël était sur le point de se servir d’armes nucléaires contre l’Egypte et la Syrie, Moscou fit pression sur ces deux pays pour qu’ils freinent la progression de leurs forces. Damas, déjà à portée des tirs de l’artillerie israélienne du Golan, ordonna à ses unités blindées sur le Golan de stopper leur avancée, ce qui permit à Israël d’organiser une puissante contre-offensive et de reprendre les hauteurs stratégiques.

En 1981, Israël a officiellement annexé la portion de 580 Km2 du Golan qu’il occupe. Cette annexion illégale a été condamnée par les Nations Unies, les Etats Unis et les puissances européennes. Mais Israël est resté au Golan et y a installé 50 000 colons dans quelque 41 colonies financées par l’Etat.

Le monde semble avoir complètement oublié à quel point il a été proche d’une guerre nucléaire en 1973 pour le Golan. Le plateau du Golan était devenu un des premiers déclencheurs potentiels de guerre nucléaire avec le Cachemire, la trouée de Fulda en Allemagne et la zone démilitarisée, frontière entre les deux Corées.

La Golan a récemment refait surface dans les informations quand le premier ministre israélien d’extrême droite Benjamin Netanyahou a dit au président russe Vladimir Poutine que son pays ne rendrait jamais le Golan à la Syrie. Dans un discours prononcé peu de temps après, Netanyahou a fait le serment qu’Israël garderait le Golan pour « toute l’éternité ». Il avait aussi reconnu pour la première fois qu’Israël avait effectué des « dizaines » d’attaques sur la Syrie, de l’autre côté de la frontière.

Le long plateau de basalte a effectivement une grande valeur. Il s’étend du Mont Hermon avec son sommet enneigé à 2814 mètres au nord au lac de Tibériade et à la rivière Yarmouk au sud. Le Golan représente 15 % des ressources limitées en eau d’Israël et il recèle peut-être du pétrole et du gaz.

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Exploitation des eaux du Golan par le régime sioniste

L’artillerie israélienne positionnée sur le Golan peut frapper la capitale syrienne, Damas ; les capteurs électroniques israéliens surveillent Damas et tous les mouvements de troupes syriennes en contrebas. Ayant circulé dans une bonne partie du Golan, côté syrien comme côté israélien, je peux attester de son importance militaire remarquable et de la puissance de ses défenses.

Après la guerre de 1967, Israël a nettoyé ethniquement le Golan, en rasant au bulldozer son chef-lieu, Kouneitra, et en expulsant la presque totalité de ses 130 000 habitants arabes et druzes. Des colons juifs ont été amenés pour les remplacer. Les Etats Unis ont protégé Israël de l’action de l’ONU et de la protestation internationale.

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Avant 2011, Israël avait laissé entendre qu’il restituerait le Golan à la Syrie dans le cadre d’un accord de paix global – à condition que Damas cesse de soutenir les revendications des Palestiniens sur leurs terres perdues Mais une fois que la guerre civile en Syrie s’est opportunément déclenchée, on n’a plus parlé du Golan.

En fait, il est assez évident qu’Israël a nourri silencieusement le conflit syrien par un discret soutien logistique et en armement à ce qu’on appelle rebelles syriens « modérés » et en faisant du lobbying pour la guerre à Washington et dans les médias américains. Netanyahou a même dit – sans sourciller – qu’Israël ne pouvait pas restituer le Golan, ni même négocier, tant que le calme n’est pas revenu en Irak et en Syrie.

Il est clair que Netanyahou suit la grande stratégie élaborée par le fondateur de son parti de droite, le Likoud, Zeev Jabotinsky, un sioniste russe militant. Jabotinsky faisait valoir que les Etats arabes étaient une mosaïque fragile de tribus arabes inamicales [les unes à l’égard des autres].

Frappez les suffisamment fort, soutenait Jabotinsky, et ils se fragmenteront en petits morceaux, laissant Israël maître du Levant. La destruction de l’Irak et de la Syrie a confirmé la théorie de Jabotinsky.

Par conséquent, Israël est ravi de voir la Syrie, un de ses principaux ennemis, tomber en ruines suite à la guerre civile provoquée par les Etats Unis, la Grande Bretagne, la Turquie, l’Arabie Saoudite et la France. Damas n’est absolument pas en mesure d’exiger la restitution du Golan et le reste du monde s’en fiche.

La destruction de la Syrie en tant qu’Etat unitaire offre au gouvernement expansionniste Likoud maintes opportunités pour étendre son influence en Syrie – comme ce fut le cas pendant la sanglante guerre civile libanaise de 175 à 1990. Ou même d’enlever plus de territoire à la Syrie « pour protéger la sécurité d’Israël. »

Les paroles du père fondateur d’Israël, David Ben Gourion résonnent encore : l’Etat d’Israël est un projet en cours et ses frontières ne doivent pas être fixées, ni même définies. Notamment les frontières avec la Jordanie et la Syrie.

Selon le Sénateur John McCain le modèle afghan doit inspirer les Etats Unis en Ukraine

3 mars 2015

John McCain, ce Sénateur américain qui a été le concurrent Républicain malheureux de Barack Obama dans la course à la présidentielle de 2008 s’est montré un des politiciens américains parmi les plus belliqueux.

Il a ainsi joué un rôle important en Libye et en Syrie en tant que représentant du parti de la guerre, un parti qui réunit indifféremment des Démocrates et des Républicains.

John McCain décore un "djihadiste" en Syrie

John McCain décore un « djihadiste » en Syrie

Tout naturellement, il tient un rôle semblable en ce qui concerne la crise ukrainienne pour laquelle il se montre un chaud partisan de la livraison d’armes « létales » au gouvernement fantoche de Kiev.

McCain fait partie de ces gens qu’on considère comme des patriotes aux Etats Unis, en particulier du fait de sa participation à la guerre du Vietnam où il fut fait prisonnier après la destruction en vol du bombardier qu’il pilotait.

John McCain aux commandes d'un avion de combat

John McCain aux commandes d’un avion de combat

Mais si on peut penser qu’il a été patriote, peut-on affirmer qu’il l’est encore aujourd’hui ?

Rien n’est moins sûr quand on voit avec quels arguments il plaide en faveur de la livraison d’armes à l’armée ukrainienne. En effet, le Sénateur donne comme exemple d’une stratégie de ce type réussie celui du soutien apporté par les Etats Unis et leurs amis aux forces qui combattaient les Soviétiques et le régime pro-soviétique en Afghanistan.

Or nous savons qui étaient ces miliciens soutenus par l’Occident en qualité de combattants de la liberté : le Talibans, Ben Laden et al Qaïda et une série de seigneurs de la guerre âpres au gain.

Les mêmes que les Etats Unis affirment combattre aujourd’hui dans le cadre de la guerre contre le terrorisme !

Les mêmes que le parti de la guerre dont la figure patriotique est John McCain soutient en Syrie !

Citant les moudjahidine soutenus par Ben Laden, McCain donne les pires arguments possibles en faveur de livraisons d’armes à l’armée ukrainienne

par Sam Sacks, The District Sentinel (USA) February 26, 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

En essayant de ridiculiser un officiel de l’armée pendant une audition devant la Commission sénatoriale des Forces Armées, le Sénateur John McCain (Républicain, Arizona) a proposé une analyse incroyablement inexacte de l’histoire récente pour justifier la livraison d’armes offensives au gouvernement ukrainien pour combattre les séparatistes soutenus par la Russie.

« C’est un défi à la logique, » a déclaré jeudi le Sénateur McCain pendant l’audition, en référence à l’assertion du Général Vincent Stewart selon laquelle les Etats Unis ne se seraient pas en mesure de livrer suffisamment rapidement des armes offensives à l’armée de Kiev pour changer le sort des armes en Ukraine orientale.

« Nous pouvons les mettre dans des avions et les envoyer là bas – comment pouvez vous justifier une telle déclaration ? a ajouté McCain.

Stewart, qui s’exprimait au côté du Directeur du renseignement national à l’audition sur les menaces mondiales, a présenté une analyse qui donne matière à réflexion sur la situation à laquelle les Etats Unis seront confrontés s’ils décident d’inonder d’armes supplémentaires le champ de bataille déjà meurtrier du Donsbass.

« La Russie et les séparatistes ont des lignes en profondeur qui leur permettent de rééquiper beaucoup plus vite avec des armes plus lourdes que ce que nous pouvons livrer, » a déclaré le Général Stewart au Sénateur.

« Ce serait une course pour voir qui peut armer et je pense qu’avec leurs lignes terrestres ils auraient un avantage significatif sur le terrain, » a-t-il ajouté.

Irrité par l’analyse du Général, McCain a évoqué l’intervention militaire soviétique en Afghanistan dans les années 1980 comme une histoire réussie de ce qui se passe quand les Etats Unis livrent des armes dans une guerre par procuration contre les Russes.

« Je suis sûr que les Russes disposaient d’un avantage significatif quand ils ont envahi l’Afghanistan. Je suis sûr que nous avons vu quelles ont été les conséquences tout au long de l’histoire, quand nous avons aidé des peuples qui avaient été envahis et opprimés et quand nous ne l’avons pas fait. »

Dans le cas de l’Afghanistan, les conséquences, qui ont été rapportées de manière exhaustive furent l’ascension des Talibans et des décennies de guerre, avec plus de 13 ans d’engagement militaire des Etats Unis contre exactement les mêmes gens que ceux que le Pentagone avait armé secrètement dans les années 1980 – des militants parmi lesquels Ben Laden en personne.

Si la livraison d’armes aux rebelles afghans a sans doute contribué à l’effondrement de l’Union Soviétique suite à sa mésaventure militaire, elle a aussi semé les graines qu’ont suivies les Etats Unis des années plus tard quand ils sont partis sur les traces des Soviétiques pour aller en guerre en Afghanistan, à ce jour la plus longue guerre de l’histoire de notre pays.

L’histoire récente, en Irak, en Libye et en Syrie prouve à nouveau que inonder le monde avec des armes a débouché sur des conséquences imprévues et, tragiquement, à plus d’effusion de sang dans les conflits.

En effet, nous avons vu quelles ont été les conséquences, Monsieur le Sénateur.

Mur de Berlin, mur de la honte?

12 novembre 2014

Un article qui apporte un éclairage pour moi inédit sur les circonstances qui ont abouti à la construction du fameux « mur de la honte » à Berlin. Ce mur séparait des gens qui ne différaient que sur le plan du régime politique sous lequel ils vivaient, à l’exclusion de considérations ethniques ou religieuses. Par ailleurs, il n’empiétait sur le territoire de personne et n’interdisait pas complètement l’établissement de citoyens d’un côté ou de l’autre de la frontière. L’autre mur de la honte érigé en Palestine occupée empiète sur le territoire reconnu comme devant revenir à un futur Etat palestinien, sépare des gens qui sont concrètement administrés par le même Etat, administration civile d’un côté du mur, militaire de l’autre. Une partie de la population de la partie occupante est par ailleurs autorisée à s’établir dans le territoire de la population occupée et dispose de ses propres routes et a un statut différent de la population occupée.

A côté, le mur de Berlin c’était le mur du respect.

A l'est, il faut compter avec la proximité de l'Alaska (USA) et du Japon

A l’est, il faut compter avec la proximité de l’Alaska (USA) et du Japon

Quand on lit cet article et qu’on voit ce qui se passe aujourd’hui avec l’encerclement de la Russie, qui n’est plus communiste, par les puissances de l’OTAN, on se dit qu’il y a là matière à réflexion. Une réflexion que le président russe Vladimir Poutine a té obligé de faire à la lumière des événements en Ukraine, lui qui vient de dire ne pas voir ce qu’il y avait de mal dans le pacte Molotov-Ribbentrop conclu en 1938  entre l’Union Soviétique et l’Allemagne nazie.

Sinon, comment expliquer que le même Vladimir Poutine avait condamné, de manière nuancée certes, ce pacte en 2009? 

Le Mur de Berlin, un autre mythe de la Guerre Froide

par William Blum, Counter Punch (USA) 22 octobre 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le 9 novembre marquera le 25ème anniversaire de la démolition du Mur de Berlin. Le battage extravagant a débuté il y a plusieurs mois à Berlin. Aux Etats Unis, on peut s’attendre à voir débités tous les clichés sur le Monde Libre contre la tyrannie communiste avec la répétition de l’histoire toute simple sur la construction du mur : en 1961, les communistes de Berlin Est avaient édifié un mur pour empêcher leurs citoyens opprimés de fuir vers Berlin Ouest et la liberté. Pourquoi ? Parce que les cocos n’aiment pas que les gens soient libres, apprennent la « vérité ». Quelle autre raison sinon ?

Tout d’abord, il faut rappeler qu’avant la construction du mur en 1961, des milliers d’Allemands de l’est faisaient la navette quotidiennement pour aller travailler à l’ouest et rentraient à l’est dans la soirée ; beaucoup d’autres allaient et venaient pour faire des emplettes ou pour d’autres raisons. Ils n’étaient donc évidemment pas retenus contre leur gré à l’est. Alors pourquoi le mur a-t-il été construit ? Il y avait deux grandes raisons :

1) L’Occident affaiblissait l’Est avec une vigoureuse campagne de recrutement en Allemagne de l’Est de professionnels et d’ouvriers qualifiés qui avaient été formés aux frais du gouvernement communiste. Ce qu a fini par aboutir à une grave crise de l’emploi et de la production dans l’Est. Comme indication de cela, le New York Times rapportait en 1963: «Berlin-Ouest a souffert économiquement du mur par la perte d’environ 60 000 ouvriers qualifiés qui faisaient tous les jours l’aller-retour entre leur domicile à Berlin-Est et leur lieu de travail à Berlin-Ouest. »

Il est à noter qu’en 1999, USA Today rapportait que: «Lorsque le mur de Berlin s’est écroulé [1989], les Allemands de l’Est imaginaient une vie de liberté où les biens de consommation étaient abondants et où les difficultés s’estomperaient Il est remarquable que dix ans plus tard, un 51% des Allemands de l’est disent avoir été plus heureux avec le communisme. » Des sondages antérieurs auraient probablement montré plus que 51% exprimant un tel sentiment étant donné qu’en dix ans beaucoup de ceux qui se souvenaient vie en Allemagne de l’Est avec une certaine tendresse étaient décédés; pourtant, encore 10 ans plus tard, en 2009, le Washington Post pourrait écrire: «[les Occidentaux à Berlin] disent qu’ils en ont assez de la tendance de leurs compatriotes de l’Est de ressasser avec nostalgie l’époque communiste. »

C’est dans la période post-unification qu’un nouveau proverbe russe et européen de l’Est est né: «Tout ce que les communistes disaient sur le communisme était un mensonge, mais tout ce qu’ils disaient à propos du capitalisme s’est trouvé être vrai. »

Il convient de noter en outre que la division de l’Allemagne en deux Etats en 1949 – ouvrant la voie aux 40 ans d’hostilité de la guerre froide – était une décision américaine, pas soviétique.

2) Dans les années 1950, les combattants américains de la guerre froide en Allemagne de l’Ouest avaient lancé une campagne brutale de sabotage brut et de subversion contre l’Allemagne orientale dans le but de dérégler machine économique et administrative de ce pays. La CIA et d’autres services de renseignements américains dont ceux de l’armée recrutaient, équipaient, entraînaient et finançaient des individus et des groupes d’activistes allemands de l’Ouest et de l’Est, pour mener des actions dont l’éventail allait de la délinquance juvénile au terrorisme; tout pour rendre la vie difficile à la population de l’ Allemagne de l’Est et affaiblir leur soutien au gouvernement; tout ce qui pouvait donner une mauvaise image des cocos.

Ce fut une entreprise remarquable. Les Etats-Unis et leurs agents recouraient aux explosifs, aux incendie criminels, aux courts-circuits, et à d’autres méthodes pour endommager les centrales électriques, les chantiers navals, les canaux, les quais, les bâtiments publics, les stations d’essence, les transports publics, les ponts, etc; ils faisaient dérailler des trains de marchandises, blessant grièvement des travailleurs; faire brûler 12 wagons d’un train de marchandises et détruire les tuyaux d’air comprimé des autres; utiliser acides pour endommager des machines vitales dans l’industrie; mettre du sable dans la turbine d’une usine pour la mettre à l’arrêt; mettre le feu à une usine de production de tuiles; promouvoir le ralentissement de l’activité dans les usines; tuer 7.000 vaches d’une laiterie coopérative par empoisonnement; ajouter du savon au lait en poudre destiné aux écoles d’Allemagne orientale; des personnes étaient en possession, lors de leur arrestation, d’une grande quantité de cantharidine, une substance toxique avec laquelle il était prévu de fabriquer des cigarettes empoisonnés pour tuer des leaders est-allemands; placer des boules puantes pour perturber des réunions politiques;essayer de perturber le Festival mondial de la jeunesse à Berlin-Est en envoyant de fausses invitations, de fausses promesses de gîte et de couvert, de faux avis d’annulation, etc .; mener des attaques contre les participants avec des explosifs, des bombes incendiaires et de matériel pour crever les pneus; imprimer et distribuer de grandes quantités de fausses cartes de rationnement alimentaire pour causer de la confusion, des pénuries et du ressentiment; envoyer de faux avis d’imposition de faux et d’autres faux documents et directives du gouvernement pour favoriser la désorganisation et l’inefficacité dans l’industrie et les syndicats … tout cela et bien plus encore.

Le Woodrow Wilson International Center for Scholars, de Washington, DC, un centre conservateur de combattants de la guerre froide, observe dans un de ses documents de travail pour une histoire internationale de la guerre froide (#58, p.9) : « La frontière ouverte à Berlin exposait la RDA [Allemagne de l’Est] à un espionnage massif et à la subversion et, comme le montrent deux documents en annexe, sa fermeture a apporté une plus grande sécurité à l’Etat communiste. »

Tout au long des années 1950, les Allemands de l’Est et l’Union soviétique ont à plusieurs reprises déposé des plaintes avec les anciens alliés des Soviétiques auprès des Occidentaux et des Nations Unies au sujet précisément de ces activités de sabotage et d’espionnage et avaient appelé à la fermeture des bureaux [d’ONG] en Allemagne de l’Ouest qui revendiquaient les actions, et pour lesquelles ils avaient fourni noms et adresses. Leurs plaintes restaient lettre morte. Inévitablement, les Allemands de l’Est ont commencé à freiner les entrées dans le pays en provenance de l’Ouest, conduisant finalement au mur tristement célèbre. Cependant, même après la construction du mur, l’émigration légale de l’est vers l’ouest restait courante quoique limitée. En 1984, par exemple, l’Allemagne de l’Est avait permis à 40.000 personnes de quitter le pays. En 1985, les journaux est-allemands affirmaient que plus de 20 000 anciens citoyens qui s’étaient installés à l’Ouest voulaient rentrer chez eux après avoir perdu leurs illusions sur le système capitaliste. Le gouvernement ouest-allemand avait signalé que 14 300 Allemands de l’Est étaient rentrés au cours des 10 années précédentes.

N’oublions pas non plus que tandis que l’Allemagne de l’Est était complètement dénazifiée, plus de dix ans après la guerre, de nombreux anciens nazis occupaient à l’ouest des postes de très haut rang dans les branches exécutives, législatives et judiciaires du pouvoir

On doit enfin se souvenir que l’Europe orientale était devenue communiste parce que Hitler, avec l’approbation de l’Occident, s’en était servi comme boulevard pour atteindre l’Union Soviétique et balayer le bolchevisme pour toujours, et que les Russes ont perdu environ 40 millions de personnes parce que l’Occident a utilisé ce boulevard pour attaquer la Russie. On ne devrait donc pas être surpris si, après la seconde guerre mondiale, l’Union Soviétique était déterminée à fermer ce boulevard.

Pour une vision complémentaire et très intéressante de l’anniversaire du Mur de Berlin, consultez l’article « Humpty Dumpty and the Fall of Berlin’s Wall » de Victor Grossman. Grossman (né Steve Wechsler) avait déserté de l’armée américaine en Allemagne sous la pression des menaces de l’ère McCarthy et était devenu journaliste et écrivain pendant ses années vécues en République Démocratique Allemande (Allemagne de l’Est). Il réside toujours à Berlin d’où il publie à un rythme irrégulier sa lettre électronique, le « Berlin Bulletin » sur la situation en Allemagne. Vous pouvez y souscrire à wechsler_grossman@yahoo.de. Son autobiographie : « Crossing the River : a Memoir of the American Left, the Cold War and Life in East Germany » a été publié par l’University of Massachusetts Press. Il affirme être la seumle personne au monde à être diplômée à la fois de Harvard et de l’université Karl Marx à Leipzig.

William Blum

William Blum

William Blum est l’auteur de Killing Hope: U.S. Military and CIA Interventions Since World War II, Rogue State: a guide to the World’s Only Super Power . Son dernier livre est: America’s Deadliest Export: Democracy.

Quand l’évocation de Juifs combattant aux côtés des soldats nazis débouche sur une argumentation islamophobe!

16 mars 2014

Ce n’est pas un fait abondamment couvert par le presse française, mais d’anciens membres lettons de la Waffen SS viennent dé défiler à Riga comme ils le font chaque année depuis que la Lettonie n’est plus une république membre de l’Union Soviétique.

Défilé d'anciens combattants de la Waffen SS à Riga

16 mars 2014: défilé d’anciens combattants de la Waffen SS à Riga

La Légion lettone de la Waffen SS continue de déchaîner les passions, aussi bien dans ce pays balte de 2 millions d’habitants qu’à l’étranger, notamment au sein de la communauté juive. Moscou et la minorité russe de Lettonie y voient une glorification du nazisme, alors que les anciens combattants et leurs partisans affirment que les légionnaires n’étaient pas des nazis, mais qu’ils se battaient pour l’indépendance.

Le ministre letton en charge de l’environnement, Einars Cilinskis , a participé à ce rassemblement, ce qui lui a quand même valu d’étre évincé du gouvernement.

Einars Clinkis, ex ministre de l'environnement de Lettonie

Einars Clinkis, ex ministre de l’environnement de Lettonie

A la différence de l’Ukraine, on note ici que communauté juive et communauté russe sont sur la même longueur d’onde pour stigmatiser cette marche de commémoration.

Une marche qui nous vaut un excellent numéro de pilpoul de la part du Centre Simon Wiesenthal (Marque déposée).

« Dans les pays baltes, beaucoup de ceux qui ont lutté contre le communisme ont aussi assassiné des juifs. De ce point de vue, ils ne méritent pas d’être les héros de la nouvelle et démocratique Lettonie », a déclaré le directeur du centre Simon Wiesenthal à Jérusalem. « Ce qui se passe en Ukraine reste évidemment en rapport avec ce qui se passe ici. Si des gens sont inquiets ici, je comprends parfaitement qu’ils ont raison de l’être. Une marche nazie ici ne peut que nourrir la propagande de Poutine », a-t-il ajouté.

On aimerait connaître la position du Centre Simon Wiesenthal sur le sujet dont je vous entretins dans ce post.

On savait que des soldats « juifs » avaient combattu dans les rangs de l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale.

On apprend maintenant que des Juifs avaient aussi servi et combattu dans l’armée finlandaise aux côtés des troupes allemandes. A l’époque l’Union Soviétique était l’ennemi commun de l’Allemagne et de la Finlande.

Cette histoire est relatée dans un long article du Daily Telegraph, un article qui étonne pour certaines raisons.

La première est que justement, l’auteur ne s’étonne pas plus que ça de l’implication de soldats finlandais de confession juive aux côtés de l’armée allemande. En effet, non seulement les Allemands savent (assez souvent apparemment) qu’ils combattent avec des Juifs mais ces derniers étaient aussi informés de la politique antisémite du Reich.

Et comme on le voit dans l’article, la relation entre les uns et les autres est pour le moins cordiale, au point que des soldats allemands assistent par exemple à un office religieux dans une synagogue dressée non loin du théâtre des combats..

Si l’article explique corrrectement les motivations des soldats juifs finlandais, patriotisme et défense du pays, il n’explique pas le comportement des militaires allemands qui apparemment se laissent éjecter sans broncher d’un commerce tenu par un Juif ! Et qui accordent la distinction prestigieuse qu’est la Croix de Fer à trois citoyens finlandais dont ils n’ignorent pas qu’ils sont juifs !

Le deuxième – et principal en réalité – motif d’étonnement est que cet article qui soulève d’importantes questions sur le rapport des Juifs à l’Allemagne et de l’Allemagne aux Juifs à l’époque glisse finalement vers un argumentaire islamophobe et à la gloire des Juifs si ce n’est du judaïsme.

On se demande effectivement par quel chemin tortueux l’auteur de l’article, qui semble ignorer que des centaines de milliers de soldats musulmans ont contribué à la défaite du nazisme, en vient à comparer la position de l’Islam qui chercherait à modifier les lois du pays où ses adeptes sont installés et le judaïsme qui exhorterait ses fidèles à adhérer aux lois du pays et à prouver qu’ils sont parmi les « meilleurs citoyens ».

On aurait aimé que le journaliste nous cite les extraits du Talmud qui invitent les Juifs à s’intégrer, tel est le mot qui convient, dans les sociétés où ils vivent. Eh bien non, puisqu’il choisit ce citer une femme rabbin d’une synagogue libérale, c’est-à-dire un courant du judaïsme minoritaire, sauf peut-être aux Etats Unis et qui jusqu’à la seconde guerre mondiale était défavorable à l’idéologie sioniste. Par ailleurs, ce judaïsme libéral (ou réformé) est un courant tout à fait récent et n’est en rien caractéristique essentielle du judaïsme dans le rapport avec la société où il est présent.

Ce qui n’empêche pas l’auteur de conclure que, [excellent] citoyen ou pas, le Juif restera toujours fondamentalement séparé du non juif.

Autant dire qu’il n’y a pas de remède possible à l’antisémitisme hormis l’émigration en Palestine occupée.

Un article qui, en fin de compte, nous rappelle qu’il serait salutaire de revisiter l’histoire de la seconde guerre mondiale et des événements qui ont abouti à son déclenchement, Et que l’inversion de « l’antisémitisme » délirant « en un « philosémitisme » tout aussi dénué de raison, permet au racisme, contre les Musulmans notamment, de s’exprimer en toute bonne conscience.

 Les Juifs qui combattaient pour Hitler : «’Nous n’aidions pas les Allemands. Nous avions un ennemi commun’

Ils combattaient à leurs côtés , les soignaient et se liaient souvent d’amitié avec eux. Mais quel est aujourd’hui le sentiment des Juifs finlandais sur leur troublante – et rarement mentionnée – alliance avec les Nazis ?

Par Paul Kendall, The Daily Telegraph (UK) 14 mars 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

En Septembre 1941, un médecin a effectué un acte si héroïque, qu’il a été décoré de la Croix de Fer par le haut commandement allemand. Au mépris de sa propre sécurité, et en sous un intense bombardement soviétique, le Major Leo Skurnik, un médecin généraliste qui avait autrefois ambitionné de devenir pianiste de concert, avait organisé l’évacuation d’un hôpital de campagne à la frontière russo-finlandaise, sauvant la vie de plus de 600 hommes, y compris des membres de la SS.

Skurnik était loin d’être le seul soldat à avoir reçu la Croix de Fer au cours de la Seconde Guerre mondiale . Plus de quatre millions de personnes ont reçu cette décoration. Mais Skurnik avait une particularité remarquable: il était juif. Et Skurnik n’était pas le seul Juif à combattre au côté des Allemands. Plus de 300 d’entre eux faisaient équipe avec les Nazis lorsque la Finlande, qui avait un ennemi commun en l’Union soviétique, est entrée à son tour en guerre en Juin 1941.

L’alliance entre Hitler et la race qu’il voulait anéantir – le seul exemple de Juifs combattant pour un allié de l’Allemagne – est un des plus extraordinaires aspects de la seconde guerre mondiale, et pourtant, très peu de gens, y compris en Finlande, en ont une connaissance quelconque.

« J’ai vécu 25 ans ici avant d’en avoir entendu parler, et je suis juif, » déclare John Simon, un Newyorkais qui s’est établi à Helsinki en 1982. « Ce n’est pas une histoire dont on parle beaucoup. »

Les raisons pour lesquelles on en parle rarement racontées touchent au cœur même de ce que signifie être juif et la quête d’acceptation par cette race [juive!] pour être acceptée dans une longue série de pays d’accueil peu enthousiastes. Les anciens combattants juifs – une poignée d’entre eux est encore en vie aujourd’hui – insistent pour dire qu’ils n’ont pas honte de ce qu’ils ont fait. Mais passez une soirée en leur compagnie et parlez à d’autres membres de la communauté qui ont étudié les événements en détail, et vous comprendrez vite que «le compromis », un Choix de Sophie sur le champ de bataille, a laissé de profondes cicatrices psychologiques.

C’est en 1939 qu’Aron Livson connut son baptême du feu. A l’âge de 23 ans, ce fils de chapelier de la ville de Vyborg avait été incorporé dans l’armée quand l’armée soviétique envahit la Finlande. Comme beaucoup de Juifs, il était déterminé à accomplir son devoir au mieux de ses capacités, et à donner sa vie pour son pays si nécessaire.

Presque sans exception, les Juifs de Finlande étaient des descendants de soldats russes qui avaient été affectés dans la région pendant leur service militaire. (Sous la domination russe, les Juifs étaient enrôlés de force dans l’armée dès l’âge de 10 et devaient servir jusqu’à 25 années). Ils étaient considérés avec suspicion par le reste de la Finlande, qui avait elle-même été gouvernée par la Russie jusqu’à son indépendance en 1917, et la guerre qui a éclaté en 1939, connue en Finlande sous le nom de guerre d’hiver, avait été considéré par la petite population juive comme une chance de prouver qu’ils étaient de loyaux citoyens finlandais .

Livson avait combattu dans l’isthme de Carélie et, quoique l’armée finlandaise avait dû finalement battre en retraite devant des forces russes beaucoup plus importantes, il avait combattu si vaillamment, faisant preuve d’une grande compétence et initiative, qu’il avait été promu sergent.

Pendant un certain temps, une paix fragile régna entre la Finlande et l’Union soviétique, mais, quand Hitler lança l’opération Barbarossa , l’invasion surprise de l’État communiste, la Finlande vit une occasion de reprendre le territoire qu’elle avait perdu dans la guerre d’Hiver et elle unit donc ses forces avec Allemagne.

Comme tous les Juifs, Livson avait entendu les diatribes venimeuses de Hitler contre son peuple. Il avait entendu parler de la Nuit de Cristal , des attaques contre les maisons, les entreprises, les écoles et les synagogues des Juifs allemands en Novembre 1938. Mais, quand il reçut l’ordre de rejoindre la lutte contre la Russie, il n’envisagea pas un instant de désobéir.

Livson a 97 ans aujourd’hui et il na plus grand chose du rude soldat difficile qu’i il était à l’époque, mais sa voix reste forte et claire, sa poignée de main ferme et ses opinions inébranlables.

«Je faisais mon devoir, comme tout le monde, » dit-il. «Nous n’étions pas des Juifs qui combattaient dans une armée finlandaise – nous étions des Finlandais, des soldats finlandais, combattant pour notre pays. » Nous nous sommes rencontré dans la cafétéria au sous-sol de la synagogue de Helsinki, en présence de l’épouse de Livson et d’autres membres de l’association des anciens combattants juifs finlandais. L’ambiance était conviviale, joviale même, comme c’est parfois le cas dans les discussionss entre anciens combattants, mais on ne pouvait pas se méprendre sur le sérieux de Livson. Quand il évoque un point important, il martèle le sol avec sa canne pour souligner chaque mot.

 En plus d’avoir fait leur devoir de soldats et d’avoir prouvé leur loyauté envers leur pays, les anciens combattants insistent pour dire qu’ils étaient heureux de se battre pour une autre raison: de leur point de vue, la Finlande et l’Allemagne menaient deux guerres distinctes, disent-ils, la Finlande une guerre d’auto-défense et l’Allemagne une guerre de conquête. «Je n’avais rien à voir avec les Allemands», dit Livson. « Il n’y avait pas d’Allemands là où je servais. Ils étaient 200 km au nord de mon régiment ».

Mais tous les Juifs n’ont pas été aussi chanceux. A la frontière avec la Russie, dans la région de Carélie, les troupes finlandaises et allemandes combattaient côte à côte et les Juifs devaientcomposer avec deux ennemis : un en face d’eux et l’autre dans leurs rangs.

Ils vivaient dans la crainte permanente que leur identité soit révélée, mais, fait incroyable, quand c’était le cas où il était, les soldats allemands ont pris l’affaire plus loin. Les hommes étaient finlandais, ils avaient l’entier soutien de leurs officiers supérieurs, et les Allemands – bien que souvent choqués de se retrouver à combattre aux côtés de Juifs – n’avaient pas le pouvoir de s’en prendre à eux. En fait, quand ils [les Allemands] se retrouvaient face à un officier juif supérieur en grade, ils étaient obligés de saluer.

Il y avait certes eu des soldats allemands en Finlande et un commandement allemand ainsi que la Gestapo à Helsinki, mais la Finlande rejeta les demandes de Hitler d’introduction de lois anti-juives. Lorsque Heinrich Himmler , l’architecte de la solution finale, vint en Finlande en Août 1942 et interrogea le Premier ministre Jukka Rangell sur la « question juive », Rangell répondit: «Nous n’avons pas de question juive».

« Il faut savoir», dit John Simon, qui a interviewé pendant plusieurs années des anciens combattants au sujet de la guerre pendant plusieurs années, « que seulement 20 ans avant, la Finlande avait connu une horrible guerre civile qui avait coupé la société en deux. Par la suite, il y avait eu un effort concerté, mené par quelques brillants hommes politiques, pour unir le pays – pour que les Rouges et les Blancs [communistes et non communistes, NdT] vivent ensemble.Les Juifs faisaient partie de cette action de rassemblement de tout le peuple.

«Les responsables politiques étaient déterminées à protéger tous les citoyens, même les anciens communistes. S’ils avaient fait une exception, même pour les Juifs, ils auraient détruit leur propre raisonnement. « 

Un général, Hjalmar Siilasvuo, était ouvertement fier de l’origine juive de ses soldats. Dans les mémoires de Salomon Klass, un autre soldat juif qui a été décoré de la Croix de Fer, Klass, qui avait perdu un oeil dans la guerre d’hiver, raconte une histoire sur le général lui demandant de venir à une une réunion et le présentant aux officiers allemands présents comme « un de mes meilleurs commandants de compagnie « . « Le Général Siilasvuo savait très bien qui j’étais et à quelle partie de la population j’appartenais », écrit Klass. Les Allemands n’avaient rien dit.

Leo Skurnik, (à g.), et Salomon Klass

Leo Skurnik, (à g.), et Salomon Klass

Plus troublants peut-être, étaient ces histoires d’amitiés nouées entre des juifs et de simples soldats de la Wehrmacht, révélées par l’historien finlandais Hannu Rautkallio,

« J’ai entendu une histoire à propos d’un soldat juif qui faisait le chemin de retour au camp [militaire] avec un Allemand de même grade, » dit Simon. «Le Juif a dit à l’allemand,« Quand nous serons de retour au camp, il ne faut pas dire aux gens que je suis juif.  » L’allemand lui a répondu: «Mais rien ne va t’arriver – tu es un soldat finlandais. C’est moi qui aurais des ennuis.  » « 

Les sentiments étaient particulièrement vifs chez les blessés. Un album qui appartenait à Chaje Steinbock, une infirmière juive du principal hôpital de Oulu, à près de 400 kilomètres au nord d’Helsinki, contient plusieurs messages sincères de patients allemands. « Pour ma chérie, ce que vous êtes pour moi, je vous l’ai dit, » commence un d’un soldat qui se fait appeler Rudy. « Ce que je suis pour vous, je ne l’ai jamais demandé. Je ne veux pas le savoir, je ne veux pas pas l’entendre parler, parce que trop savoir peut détruire le bonheur. Je vais vous dire une seule chose: je voudrais vous donner tout ce que votre coeur désire. Vous êtes la femme la femme que j’ai aimée par dessus tout. Jusqu’à présent, je n’avais jamais cru que cela puisse exister. « 

journal infirmière

L’album de Chaje Steinbock

Une autre femme, Dina Poljakoff, qui travaillait comme aide-soignante, aurait fait une telle impression sur ses patients allemands que, comme Skurnik et Klass, elle a reçu la Croix de fer (la troisième et dernière des Juifs finlandais à avoir été décorée de cette médaille). « Les femmes non-aryennes n’étaient pas supposées soigner des hommes aryens et les Allemands savaient que ma mère était juive, mais en dépit de tout cela, ils l’aimaient, » dit Aviva Nemes-Jalkanen, la fille de Steinbock.

On rapporte même que lesAllemands auraient visité une synagogue de campagne installée à proximité de la ligne de front. «C’était une image incroyable, » disait Rony Smolar, le fils de Isak Smolar, l’homme qui avait fondé la synagogue, lors d’une conférence aux États-Unis en 2008. « Les soldats allemands en uniforme, assis coude à coude avec les hommes juifs priant. Les fidèles juifs avaient même remarqué que certains Allemands témoignaient d’un certain respect pour l’office religieux juif ».

Synagogue de campagne dressée près de la ligne du front finno-soviétique

Synagogue de campagne dressée près de la ligne de front finno-soviétique

Bien sûr, de nombreux détails de l’Holocauste étaient alors encore secrets. Les soldats juifs ne connaissaient pas les chambres à gaz et les horreurs d’Auschwitz, de Dachau et Bergen-Belsen. Mais la plupart étaient en contact avec des parents en Pologne et dans d’autres pays d’Europe orientale.

«Ils recevaient des lettres», explique Simo Muir, professeur adjoint d’études juives à l’Université d’Helsinki. «Ils étaient au courant des déportations. »

Leo Skurnik était certainement conscient des dangers. Scientifique de talent dont la carrière avait été bloquée par l’antisémitisme en Finlande, il avait dans sa famille des commis voyageurs qui lui avaient écrit sur les nuages qui s’amoncelaient sur l’Europe. « Il en savait assez pour avoir peur», dit son fils, Samuli. Néanmoins, en tant que médecin en charge de soldats allemands et finlandais, il a refusait de discriminer.”

« Si vous voulez décrire mon père, la seule caractéristique vraiment saillante chez lui était son humanité. Il avait fait le serment d’Hippocrate et c’est pourquoi il ne  seserait jamais détourné d’un homme blessé, quelle que soit sa nationalité « .

Et il y avait beaucoup d’Allemands blessés qui avaient besoin de son aide. Le secteur où Skurnik était stationné a vu certains des combats les plus féroces de la guerre et aussi bien son régiment, le 53e d’infanterie, que la division SS allemande avec laquelle il combattait, avaient subi de lourdes pertes.

«C’était vraiment horrible», dit Samuli. « Il y avait beaucoup de victimes et mon père n’avait pas assez de médicaments. » Mais Skurnik n’a jamais renoncé. A un moment, il s’est même aventuré dans un no man’s land pour sauver des soldats allemands blessés quand aucun autre officier n’osait le faire. Enfin, comme il n’y avait aucun signe d’accalmie dans le bombardement russe, il prit la décision d’évacuer l’hôpital de campagne. Cette opération, à travers près d’une dizaine de kilomètres de tourbières, lui a valu la Croix de fer, mais, comme Klass, qui a remporté sa décoration pour avoir ouvert la voie à un assaut allemand à flanc de colline, et Dina Poljakoff, Skurnik la refusa.

«Quand les Allemands ont décidé qu’ils aimeraient donner cette décoration à mon père, ils l’ont fait savoir au général Siilasvuo. Il l’a alors dit à mon père qui pensait que ce devait être une erreur et avait décidé de voir ce qui se passerait lorsque Berlin aura découvert qu’il était juif. Mais, après un certain temps, le général Siilasvuo revint vers mon père et lui a dit que la décision avait été approuvée. Il a dit au général: «Mon bon ami, pensez-vous que je peux prendre ce genre de décoration? Faites savoir à vos collègues allemands que je me torche le cul avec! Le général leur a répété, mot pour mot, ce que mon père avait dit. « Les Allemands, furieux, ont alors dit à Siilasvuo de leur livrer Skurnik pour qu’il soit puni peine, mais il a refusé.

 Il y eut beaucoup d’autres actes de mini-rébellion pendant la guerre. Un médecin en poste à Oulu, qui avait moins – ou plus, diront certains – de principes que Skurnik, qui avait refusé de soigner les Allemands avait été transféré à un autre secteur. Sissy Wein, une chanteuse juive qui était la réponse de la Finlande à Vera Lynn, refusait de chanter pour les soldats allemands. Et le père et le frère de Aron Livson, stationné dans la ville de Kotka affichaient au quotidien leur dédain pour leurs soi-disant « alliés ». « Mon frère, qui était un sergent dans la défense anti-aérienne, refusait de saluer les Allemands et mon père mettait les Allemands dehors quand ils venaient dans sa boutique», dit Livson. Un tel comportement dans une autre partie de l’Europe aurait signifié une mort certaine.

Néanmoins, après la guerre, quand les horreurs de l’Holocauste se révélèrent, un malaise relatif à leur traitement de faveur se répandit tant parmi les Juifs finlandais eux-mêmes que dans la communauté juive dans son ensemble. Lors d’une réunion d’anciens combattants à Tel Aviv en 1946, les Finlandais avaient presque été rejetés comme des traîtres. Ne leur était-il jamais venu à l’esprit, leur avait-on demandé, qu’en aidant Hitler, ils avaient prolongé la durée de son pouvoir et ainsi permis que plus de Juifs aillent dans les chambres à gaz que s’ils s’étaient comportés autrement?

Ce malaise est encore décelable aujourd’hui. Quand je le répète le passage sur la Finlande « aidant l’Allemagne », je sens la température baisser dans la pièce où nous sommes.

« Nous n’avons pas aidé les Allemands, » jette Kent Nadbornik, le président de la Guilde des anciens combattants finlandais juifs. «Nous avions un ennemi commun qui était les Russes et c’est tout. »

Sémantique mise à part, une autre justification essentielle pour les anciens combattants – que preuve a été faite de leur loyauté envers l’Etat finlandais – a également été l’objet de critiques au cours de ces dernières années. La « ligne officielle » est que la présence des Juifs dans l’armée a non seulement mis à mal l’antisémitisme dans le pays, mais qu’elle a également protégé de l’Holocauste l’ensemble de la population juive de Finlande.

La réalité d’une phrase très importante citée ci-après et qui aurait été, suppose-t-on, dite par le commandant en chef de l’époque de la guerre  Gustav Mannerheim à Himmler – « Alors que des juifs servent dans mon armée, je ne vais pas permettre leur expulsion » – a été mise en doute par les historiens, qui pensent maintenant que Mannerheim ne savait même pas que des Juifs avaient combattu dans l’armée finlandaise avant une visite pour un service commémoratif dans une synagogue d’Helsinki en 1944. «Peut-être que», explique Simo Muir, « dans la période de l’après-guerre, la valeur des juifs [sic] qui ont combattu pour la Finlande a été surestimée. » S’ils étaient coupables de quelque chose, c’est d’avoir fait trop d’efforts pour s’adapter.

Contrairement à l’islam, qui exhorte ses disciples à réformer la loi de leur pays d’accueil afin qu’elle se conforme à la loi musulmane, les textes principaux du judaïsme soulignent l’importance d’adhérer à la loi du pays, même si la société est laïque [secular]. Des centaines d’années de persécution et un désir d’échapper aux ghettos, d’aller à l’université et de jouer un rôle actif dans la politique et la société, ont ajouté au fort désir d’adaptation des Juifs.

« Au long des siècles, les Juifs ont voulu prouver qu’ils étaient parmi les meilleurs citoyens, » affirme Lea Mühlstein, une femme rabbin de la synagogue libérale Northwood and Piner. « Il voulaient montrer qu’il n’y avais pas de conflit entre être un Juif et être un patriote, qu’il n’y avait pas de double loyauté. »

Mais les Juifs finlandais étaient dans une mission impossible.Quoiqu’ils aient pu faire, il y avait toujours une différence incontournable [inescapable] entre eux et leurs compatriotes finlandais : ces derniers se battaient pour leur destin, mais si Hitler avait gagné, les soldats juifs n’auraient eu aucun avenir. Qu’étaient-ils supposés faire ? C’est la question à laquelle personne en peut répondre.

Le pays où on identifie les Juifs par l’ADN

19 août 2013

On peut être certain que si l’Allemagne nazie avait eu connaissance des tests ADN, elle les aurait mis en pratique pour distinguer le bon grain de l’ivraie.

De fait, comme on le sait, l’idée que les Juifs auraient un profil génétique particulier est régulièrement dénoncée comme une manifestation abjecte d’antisémitisme

 

Les russophones qui souhaitent faire l’aliya pourraient être obligés de subir un test ADN

Le cabinet du premier ministre déclaré que les candidats à l’immigration originaires de l’ex Union Soviétique pourraient se voir demander de prouver leur lignage juif.

Par Asher Zeiger et rédaction, Times of Israel (Sionistan) 29 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un certain nombre d’habitants de l’ex-Union soviétique qui souhaitent immigrer en Israël pourrait être soumis à des tests ADN pour prouver leur judéité, a déclaré dimanche le bureau du Premier ministre.

Cette procédure a été signalée par Maariv ce lundi, au lendemain de l’information révélée par ce journal israélien sur une jeune femme de 19 ans originaire de l’ex Union Soviétique qui a dû se soumettre à un test ADN en vue d’être admise à un voyage de découverte d’Israël [les Birthright trips sont des séjours de découverte réservés à de jeunes juifs en vertu de leur droit « naturel », de naissance, afin de renforcer leur attachement à l’entité sioniste et de les encourager à participer à l’œuvre coloniale, note de Djazaïri].

Les services du premier ministre ont confirmé que de nombreux Juifs de l’ex Union Soviétique qui sont nés hors mariage peuvent se voir exiger de confirmer par la génétique leur appartenance juive afin d’avoir l’autorisation d’immigrer en tant que juif.

Une source auprès des services du premier ministre a déclaré à Maariv que la procédure consulaire, approuvée par le département juridique du ministère de l’intérieur dispose qu’un enfant russophone n’ hors des liens du mariage est éligible à un visa d’immigration en Israël si  la naissance a été enregistrée avant le troisième anniversaire. Si ce n’est pas le cas, un test génétique pour prouver la filiation juive est nécessaire.

Un porte parole du ministère des affaires étrangères a expliqué que la décision d’exiger un test AND pour les Juifs russes est basée sur une recommandation de Nativ, un programme éducatif place sous les auspices du bureau du premier ministre pour aider les Juifs de l’ex Union Soviétique à immigrer en Israël.

Cette affaire touche au cœur de la loi du retour en Israël qui permet à toute personne qui a un parent, un grand parent ou un époux juif d’aller en Israël et d’accéder à la citoyenneté. Déterminer qui est un Juif – une définition qui a évolué avec les nombreux courants de la religion – a conduit le ministère de l’intérieur à créer un système byzantin de vérifications et de règles qui a parfois amené les candidats [à l’immigration], les convertis tout particulièrement, à aller devant les tribunaux israéliens pour [faire reconnaître] leur droit à immigrer.

Dans son article initial, Maariv révélait que le problème pour Mashah Yakerson, la participante au programme Birthright, tenait au fait que sa naissance n’avait été enregistrée [auprès des services consulaires] qu’à l’âge de trois ans, jetant ainsi un doute sur sa filiation. Mais selon l’article de lundi, l’affaire avait été compliquée parle fait qu’elle était née hors mariage.

Birthright propose des séjours gratuits de dix jours en Israël pour de jeunes adultes Juifs âgés entre 18 et 26 ans qui ne se sont jamais rendus dans le pays dans un contexte éducatif.

Le Dr. Shimon Yakerson [le père de Mashah, NdT] a déclaré qu’après avoir contesté la décision, on lui a répondu que sans un test ADN sa fille n’aurait pas l’autorisation de participer au programme ou d’immigrer en Israël.

“C’est du racisme flagrant à l’égard des Juifs russes,” a déclaré Shimon Yakerson à Maariv.

Yakerson a déclaré que la naissance de sa fille avait été déclarée tardivement parce qu’il travaillait dans une faculté rabbinique aux Etats Unis quand elle est née.

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Selon le traité du Dr Yakerson, vos chapeaux ne prouvent pas que vous êtes juifs!

Des officiels du ministère des affaires étrangères ont déclaré dimanche à Maariv que l’exigence d’un test ADN les laissait perplexes parce que selon la Loi du Retour, même des enfants adoptés par des Juifs sont éligibles à la citoyenneté israélienne.

Yakerson a une fille plus âgée, Dina, qui a immigré en Israël en vertu de la Loi du Retour en 1990.


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