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La veuve d’un savant iranien assassiné par le Mossad parle

1 août 2014

Même si l’actualité et nos cœurs restent du côté de Gaza, cet article porte sur un sujet moins brûlant mais qui a en définitive à voir avec la Palestine, comme beaucoup de choses qui se passent dans le monde arabe et plus largement dans le monde musulman.

Je ne publierai normalement plus rien avant fin août parce que je pars à l’étranger et que je n’aurai certainement pas la possibilité matérielle de bloguer.

Un article original, et même intéressant, qui donne la parole à l’épouse d’un des savants iraniens assassinés par les services secrets sionistes pour essayer de mettre en difficulté le programme nucléaire iranien et éventuellement décourager ceux qui collaborent à ce programme.

On regrettera cependant que l’auteur du papier parle de représailles iraniennes qui se seraient par exemple exercées en Inde contre un diplomate sioniste. Des représailles qui n’avaient fait que des blessés légers et tué personne.

La lgique commande pourtant à l’Iran de s’abstenir de faire des coups tordus dans un pays comme l’Inde qui est pour lui un partenaire absolument stratégique. Et l’accession récente au pouvoir à New Delhi du BJP, conservateur et nationaliste hindou, ne change rien à cette donnée parce que vu depuis Mumbai ou Delhi, l’Iran est aussi perçu comme un partenaire essentiel : rien moins que son accès aux marchés et aux ressources de l’Asie centrale ! Sans parler de l’intérêt du marché iranien lui-même.

Guerre secrèrt contre les savants atomistes iraniens : une veuve se souvient

L’épouse du premier scientifique à avoir été assassiné parle des craintes de plus en plus fortes de son mari vis-à-vis d’une nasse qui se refermait sur lui – et de sa rencontre peu avant son exécution avec le meurtrier formé par les Israéliens.

par Scott Peterson, Christian Science Monitor (USA) 17 juillet 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Tout semblait normal le matin de l’assassinat.

Le savant iranien Masoud Ali Mohammadi et son épouse s’était réveilles un peu avant l’aube et avaient prié ensemble. Puis elle avait préparé le petit déjeune tandis qu’il faisait la liste de ce qu’il avait à faire dans la journée.

« C’était quelqu’un de très minutieux et il voulait toujours que tout aille comme sur des roulettes, » se rappelle Mansoureh Karami à propos de son mari.

Mansoureh Karami

Mansoureh Karami

Ce matin là, M. Ali Mohammadi – un homme à la chevelure dégarnie, à la moustache épaisse, les yeux rapprochés et une dizaine de publications universitaires à son actif – avait dit au revoir trois fois à son épouse : quand elle lui avait remis son panier repas, quand il avait lacé ses souliers, et quand il étai sorti de sa voiture pour fermer le portail de la maison derrière lui . [voyez la photo et comparez avec la description du journaliste!]

C’est alors que l’explosion se produisit.

Une bombe actionnée à distance fixée à une motocyclette non loin tuait ce physicien spécialiste des particules d’une volée de billes métalliques, donnant à l’Iran son premier « martyr du nucléaire » et envoyant une onde de choc dans toute la communauté scientifique et nucléaire iranienne.

Masoud Ali Mohammadi

Masoud Ali Mohammadi

Quand le cinquième scientifique iranien a été assassiné, il y avait eu moins de surprise. Ceux qui travaillaient au programme nucléaire iranien étaient sur leurs gardes depuis des années.

La guerre secrète menée par les États Unis et Israël contre le programme nucléaire iranien a vu l’assassinat de cinq scientifiques iraniens, des virus informatiques malveillants comme Stuxnet, de l’espionnage et des explosions inexpliquées ainsi que plusieurs tentatives iraniennes de riposter avec des opérations le plus souvent ratées en Inde, en Géorgie et en Thaïlande.

Les « martyrs du nucléaire » de l’Iran ont été pendant des années un point de consensus sur le programme nucléaire du pays et son « droit » à l’enrichissement de l’uranium, quel que soit le prix à payer par des sanctions. Les négociations en cours à Vienne cherchent à limiter ce programme pour garantir qu’il ne puisse jamais servir à produire une arme nucléaire – objectif que l’Iran affirme rejeter.

DEMANDE DE PARDON

Ali Mohammadi craignait d’être visé pour son travail clandestin, même si peu de gens en dehors de son épouse savaient qu’il était autre chose qu’un conférencier, ou qu’il avait une quelconque expertise nucléaire.

Ali Mohammadi avait remarqué un intérêt pour son travail à l’étranger, ce qui l’avait incité à moins voyages.

Son assassin était un agent iranien formé par le Mossad, l’agence israélienne d’espionnage. Des informations de la presse israélienne indiquent que la confession de Majid Jamali Fashi diffusée par la télévision d’État iranienne début 2011 était véridique. S’exprimant depuis la prison Evin à Téhéran, le jeune homme avait décrit son entraînement – qui comprenait un travail avec deux nouveaux modèles de motocyclettes iraniennes, et une réplique parfaite de la rue et de la maison d’Ali Mohammadi – dans une site du Mossad près de l’autoroute Tel Aviv – Jérusalem à l’est de l’aéroport Ben Gourion.

M. Fashi avait plaidé coupable devant le tribunal et avait été condamné à mort. Avant son exécution, cependant, Karami l’avait rencontré en face à face à la prison Evin.

« Il y avait tant de choses qui me traversaient l’esprit, d’être vengée, » a déclaré Karami au Christian Science Monitor.

Elle avait apporté la serviette en cuir que son mari avait emporté le jour de sa mort. Les yeux emplis de larmes, elle l’avait déballée pour montrer les trous qu’avaient faits les billes de métal dans une thèse de doctorat reliée d’un de ses étudiants et l’étui à lunettes déchiré de part en part, avec les verres cassés.

Avant la rencontre, Karami s’était jurée de « planter à coups de marteau autant de clous dans la tête de cette personne » que son mari avait reçu de billes de métal dans la tête. Mais quand elle rencontra Fashi, elle se trouva en face d’un homme brisé qui implorait pardon, pleurant si fort qu’il avait vidé toute une boîte de mouchoirs.

« Quand je l’ai vu, je l’ai vu dans un état d’impuissance et si petit. J’ai dit que ce serait gâcher mes efforts que de dépenser toute cette énergie [à lui planter des clous] », se souvient Karami. Elle a deux grands enfants, un diplôme en psychologie, et prépare actuellement un master en études féminines.

« Je ne lui pardonnerai jamais – il n’y a pas de place pour le pardon. Parce que je ne pense pas qu’il a fait du mal seulement à ma famille, mais à tout le pays, » explique Karami, avec de la détermination dans le regard de se yeux marron foncé. « Tous les peuples du monde – quelles que soient leurs convictions – respectent toujours leur pays, et il a trahi son pays. »

UNE PEUR QUI MONTE

Ali Mohammadi avait une vie publique en tant que maître de conférence et chercheur en physique quantique qui a écrit sur des sujets allant de physique des masses condensées aux trous noirs. Mais il y avait de nombreux signes que son activité nucléaire « top secrète » – ignorée même de sa mère et de sa sœur, dit Karami – avait attiré l’attention hors d’Iran.

« Il était toujours fier du fait que les 55 articles qu’il avait donnés à publier n’avaient rien à voir avec don travail nucléaire, ce qui faisait disait-il qu’il y avait toujours un doute qui existait quant à ce qu’il faisait, » explique Karami. Elle fait écho à la parole officielle iranienne quand elle ajoute que la République Islamique ne cherche pas l’arme nucléaire – seulement le développement scientifique.

Ali Mohammadi savait qu’il était surveillé par certains pays occidentaux et par les Mojahidine-e Khalq (MKO/MEK) d’opposition qui avaient divulgué pour la première fois en 2002 l’existence du programme iranien d’enrichissement de l’uranium.

En 2006, par exemple, un collègue participant à une conférence en Grande Bretagne avait été interrogé pendant 24 heures sur les activités nucléaires de Mohammadi. En 2008, un autre collègue avait été interrogé pendant 48 heures, peut-être en Italie.

Et en 2009, pendant un pèlerinage à La Mecque, Ali Mohammadi « s’était rendu compte que des gens le filmaient et qu’il était suivi, » explique Karami. « Il a fait plus attention après, et sortait beaucoup moins. » Un mois avant sa mort, il avait fait part de sa crainte d’être enlevé au cours d’un voyage en Jordanie et était tombé malade [une maladie physique] avant son départ.

Le couple n’avait pas arrêté ses longues promenades quotidiennes dans leur quartier traditionnel de Gheytariyeh, à Téhéran nord, ni ses longues randonnées en montagne les week-ends, mais Ali Mohammadi prenait des précautions.

« Avant sa mort, il m’avait donné le numéro de téléphone de quelqu’un, et m’avait dit : « Si jamais je ne rentre pas à la maison, si quelque chose m’arrive, appelle ce numéro avant d’appeler la police, » se souvient Karami.

Quand le moment fatidique arriva, elle dit que ses mais tremblaient si violemment que son fils avait dû composer le numéro à sa place.

LA FABRICATION DES HEROS DE LA NATION

L’assassin Fashi était l’un des 10 agents travaillant pour le Mossad, dont l’arrestation avait été annoncée par le ministère iranien du renseignement en Janvier 2011. leur arrestation avait été annoncée comme un «triomphe remarquable » qui montrait « la suprématie des services de enseignements sur le système d’espionnage du régime sioniste. »

Dans sa confession télévisée, Fashi avait dit que, après son recrutement hors d’Iran dans un consulat israélien, il était parti en Israël, on lui avait montré une maquette de la maison de Ali Mohammadi, exacte dans les moindres détails de l’arbre et de l’asphalte jusqu’au trottoir de la rue. Début 2012, le magazine Time citant des « sources de renseignement » en Israël, confirmant «La participation [de Fashi] à une cellule du Mossad dont les sources affirment qu’elle a été révélée à l’Iran par un pays tiers. »

Fashi avait déclaré dans sa confession, « Ils m’avaient dit que la personne qui faisait l’objet de l’opération était impliquée dans la fabrication d’une bombe atomique et que l’humanité est en danger et que vous êtes son sauveur. »

Fashi avait dit après l’attentat, « Je suis très fier d’avoir fait quelque chose d’important pour le monde et puis j’ai soudain réalisé que ce ce à quoi je croyais était un mensonge. »

Quatre autres assassinats de scientifiques associés au programme nucléaire iranien avaient suivi, trois avec des bombes fixées magnétiquement sur leur voiture par des assaillants à moto qui agissaient quand les voitures étaient bloquées dans la circulation.

On considère généralement que l’Iran a essayé de répliquer par des attentats du même genre. Une bombe magnétique fixée par un motocycliste sur la voiture de l’épouse de l’attaché militaire israélien à New Delhi l’avait blessée ainsi que trois autres personnes en février 2012. Le même jour, une bombe du même type avait été trouvée fixée à un véhicule à côté de l’ambassade israélienne à Tbilissi en Géorgie. Elle avait été désamorcée.

Les assassinats ont contribué à faire du programme nucléaire une question de « dignité nationale, » déclare Karami. Les portrait des scientifiques tués ont souvent été montrés pendant les conférences de presse tenues par Saed Jalili, l’ancien négociateur en chef iranien pour le nucléaire, et sont souvent exposées lors de fêtes nationales comme l’anniversaire de la révolution. Ils ont accédé au statut de héros en Iran, rejoignant les martyrs les plus révérés de la guerre Iran – Irak des années 1980.

« Je connais beaucoup de gens dans mon quartier qui ne sont pas pour la révolution. Mais maintenant [après l’assassinat], sur la question du nucléaire, ils sont à fond avec le gouvernement, » affirme Karami. « Je suis certaine que nos dirigeants n’oublieront pas nos martyrs. »

Un regard optimiste sur les discussions sur le nucléaire iranien

20 avril 2012

Patrcik Seale est un spécialiste reconnu des affaires du Moyen Orient. Ce Britannique qui collabore avec divers organes de presse nous propose sa lecture des récentes discussions sur le nucléaire iranien qui se sont tenues à Istanbul.

Selon lui, ces discussions ont marqué, peut-être définitivement, l’ échec du clan belliciste occidental et de son mentor, le sieur Benjamin Netanyahou, chef du gang de Tel Aviv.

Il en veut pour indice probant le fait que Catherine Ashton qui est à la tête de la diplomatie européenne a admis que les négociations devaient se faire sur la base du Traité de Non Prolifération Nucléaire dont l’Iran est partie prenante et qui reconnaît le droit à l’exploitation et à l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles.

Un regard optimiste dont on saura bientôt si la suite des discussions lui donnera raison.

Ce qu’on ne peut qu’espérer.

Surprises dans le duel israélo-iranien

En dehors de l’ oppression et de la dépossession ininterrompues des Palestiniens, Israël a un long palmarès d’assassinat de ses opposants politiques, et on pense généralement que ce pays est responsable de l’assassinat de cinq scientifiques nucléaires Iraniens ces deux dernières années, ainsi que de l’introduction du virus Stuxnet dans les réseaux informatiques iraniens – des actes  qui sont clairement du terrorisme d’Etat, observe Patrick Seale.

Middle East Online (UK), 17 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Même s’il est trop tôt pour en juger, on dirait que la politique israélienne vis-à-vis de l’Iran connaît des ratées et pourrait aboutir à une issue bien différente de celle que le premier ministre Benjamin Netanyahou recherchait depuis longtemps.

Ces trois dernières années, Israël considérait que des sanctions punitives, la guerre cybernétique et l’assassinat de savants atomistes Iraniens devaient finir par obliger une république islamique paralysée à accepter le «zéro enrichissement» de l’uranium – ce qui signifierait le démantèlement complet du programme nucléaire. Ce qui, espérait-on [à Tel Aviv] ouvrirait la voie à un ‘changement de régime’ à Téhéran.

Pour parvenir à une pression suffisamment forte sur l’Iran, la stratégie israélienne a été de menacer de passer à l’attaque. Le calcul israélien était – à raison comme il s’est avéré – que les Etats Unis et leurs alliés n’oseraient pas prétendre qualifier leur attitude de bluff. Au contraire – pour parer à une attaque israélienne dont ils craignaient qu’elle déclenche une guerre  régionale aux conséquences imprévisibles et potentiellement catastrophiques – ils ont travaillé à mettre l’économie iranienne à genoux.

La stratégie israélienne fonctionnait. Tout semblait marcher comme sur des roulettes. Les sanctions punitives contre l’Iran commençaient à faire mal. Dans leur impatience pour un changement de régime, les propagandistes pro-Israël aux Etats Unis avaient même commencé à appeler à des actions secrètes en soutien à l’opposition iranienne.

Catherine Ashton,la chef de la diplomatie européenne, est alors entrée dans la mêlée.

Au grand dam des faucons, elle a fait une offre de reprise des négociations à l’Iran, en recourant à un ton conciliant assez différent du ton menaçant qui était celui de Londres, Washington et Paris, et en complète discordance avec les incessantes rodomontades d’Israël.  L’Iran a répondu positivement à l’invitation d’Ashton. Sa première réunion avec les P5 + 1 (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne) a eu lieu le 14 avril à Istanbul et, selon tous les observateurs, ce fut un succès surprenant.

Saeed Jalili, le chef négociateur Iranien – qui a rencontré Catherine Ashton pour un dîner informel au consulat iranien la veille au soir – a parlé d’une «approche positive.» Mme Ashton a, à son tour, qualifié les discussions de « constructives et utiles.» Pour cadrer les discussions, elle a énuméré un certain nombre de principes qui ont dû rassurer les Iraniens et provoquer des grincements de dents chez les faucons Israéliens.

Le Traité de Non Prolifération nucléaire TNP), a-t-elle déclaré, doit être le fondement absolu des discussions. Mais le TNP permet aux signataires d’enrichir l’uranium sur leur territoire à hauteur de 3,5 % pour la production d’électricité et d’autres fins pacifiques. Il semble donc qu’Ashton a ainsi envoyé le message selon lequel le droit de l’Iran à le faire serait reconnu. C’était comme si les P5 + 1 avaient abandonné l’exigence israélienne de zéro enrichissement. On a eu au contraire l’impression que l’intérêt allait se porter sur l’arrêt par l’Iran de l’enrichissement de l’uranium à 20 % dès lors qu’on lui en aura garanti la fourniture pour le réacteur de recherche de Téhéran qui a besoin d’uranium enrichi à ce niveau pour produire des isotopes nécessaires au traitement des patients Iraniens atteints d’un cancer. Le président Ahmadinejad ayant dit à plusieurs reprises que l’Iran cesserait de produire de l’uranium à 20 % si on l’assurait de lui en fournir de l’étranger, l’esquisse d’un accord semblait en vue.

En outre, Catherine Ashton a aussi déclaré que las négociateurs seraient “guidés par le principe d’une démarche pas à pas et la réciprocité. » Cette référence à une approche progressive et à des concessions mutuelles est une forte indication d’une levée probable des sanctions par étapes quand l’Iran aura présenté des preuves convaincantes qu’il ne cherche pas à obtenir l’arme nucléaire et qu’il acceptera des inspections intrusives de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Elle a à l’évidence décidé d’accorder un certain crédit à la fatwa de 2005 promulguée par le guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, par laquelle il interdisait la production, le stockage et l’utilisation d’armes atomiques.

A la clôture des dix heures de réunion à Istanbul, l’Iran et les P5 + 1 ont convenu de tenir leur prochaine réunion le 23 mai à Bagdad, pour ce qui promet d’être une série prolongée  de discussions.

La réaction de colère de Netanyahou a été absolument typique du personnage. « L’Iran a reçu un ‘billet de faveur’ a-t-il déclaré avec amertume, «pour continuer l’enrichissement sans aucune limitation, aucune inhibition. L’Iran devrait prendre des mesures immédiates,»  a-t-il tempêté pour « arrêter tout enrichissement, retirer tout le matériel d’enrichissement et démanteler l’installation nucléaire de Qom. Je crois que le plus grand adepte mondial du terrorisme ne doit pas avoir la possibilité de développer des bombes atomiques.»

Ces cris d’orfraie font penser à l’hôpital qui se fout de la charité. En dehors de l’ oppression et de la dépossession ininterrompues des Palestiniens, Israël a un long palmarès d’assassinat de ses opposants politiques, et on pense généralement que ce pays est responsable de l’assassinat de cinq scientifiques nucléaires Iraniens ces deux dernières années, ainsi que de l’introduction du virus Stuxnet dans les réseaux informatiques iraniens – des actes qui sont clairement du terrorisme d’Etat

Avec l’aide décisive de la France, Israël a fabriqué ses premières bombes atomiques dans les années 1960, il y a près d’un demi-siècle. Si les choses avaient mal tourné, les israéliens étaient prêts à s’en servir pendant la guerre de 1967 qu’ils avaient déclenchée contre les Arabes cette année là. La plupart des spécialistes estiment aujourd’hui que l’arsenal israélien comporte entre 75 et 150 têtes nucléaire. Israël dispose aussi d’une possibilité de deuxième frappe [en cas de neutralisation ou de destruction de son potentiel militaire] sous la forme de missiles à tête nucléaire qui arment ses sous-marins de construction allemande.

Netanyahou soutient que la République Islamique pose une ‘menace existentielle’ pour Israël. Il n’y a pas la moindre preuve pour étayer cette affirmation. Le président Iranien a dit quelque chose du genre qu’Israël serait un jours « effacé des pages du temps» – une phrase dont Israël a fait une traduction tendancieuse, sans doute à des fins propagandistes, en parlant d’un plan pour « rayer Israël de la carte.» C’est plutôt le contraire et l’Iran qui risquerait l’annihilation si elle essayait d’attaquer Israël. En plus de son important arsenal nucléaire et de vecteurs sophistiqués (missiles, sous-marins), Israël a un potentiel militaire conventionnel beaucoup plus puissant que l’Iran, en grande partie fourni par les Etats Unis. Les Etats Unis se sont en fait engagés à maintenir la supériorité militaire d’Israël sur tous les Etats de la région – ce qu’ils appellent l’avantage militaire qualitatif – un engagement qui force de loi aux Etats Unis.

Quelle est donc alors la raison de l’anxiété d’Israël ? Israël craint que si l’Iran était en mesure de fabriquer une arme nucléaire – ou acquérait simplement la capacité d’en fabriquer – la liberté d’action d’Israël en serait restreinte. Israël ne serait plus capable de frapper ses voisins à volonté sans risquer des représailles. La simple vérité est qu’Israël veut nier à ses voisins la capacité à se défendre. Personne n’a le droit de se doter d’une capacité de dissuasion ! Israël déteste le Hezbollah ai Liban et le Hamas à  Gaza parce que ces mouvements de résistance ont acquis une capacité limitée de riposter aux agressions israéliennes. C’est pour cette raison qu’Israël les qualifie d’organisations terroristes et accuse l’Iran de les armer.

Netanyahou s’oppose depuis longtemps à des pourparlers entre l’Iran et la communauté internationale, et il doit certainement prier pour qu’ils échouent. Le lobby pro-israélien aux Etats Unis va très probablement se mobiliser dans ce but. Mais si Catherine Ashton fait valoir ses vues, si les négociations avec l’Iran réussissent et que le spectre de la guerre est écarté, Israël pourrait devoir vivre avec une suprématie régionale légèrement écornée.

Le Britannique Patrick Seale est un spécialiste de premier plan du Moyen Orient. Son dernier livre est « The Struggle for Arab Independence : Riad el-Solh and the Makers of the Modern Middle East (Cambridge University Press).


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