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Une délégation saoudienne en visite à Jérusalem

22 juillet 2016

Ceux qui observent les événements en Syrie constatent généralement le soutien apporté par l’Occident aux forces qu’on appelle communément « djihadistes », c’est-à-dire l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daesh) et al Qaïda.

Ce soutien habituellement éludé par la grande presse, à quelques exceptions près, n’a cependant pas manqué d’être relevé suite à l’assassinat par décapitation en Syrie d’un enfant (présenté comme un soi-disant enfant soldat d’une milice palestinienne pro-gouvernementale) par des combattants appartenant à une organisation soutenue par les Etats Unis ainsi que l’a reconnu le Pentagone.

On évoque par contre moins souvent le soutien apporté aux « djihadistes » par le régime sioniste, un soutien qui est particulièrement apparent dans la région du Golan et qui ne se borne pas comme certains le croient à une aide médicale.

Ce soutien de l’entité sioniste aux « djihadistes » en Syrie est bien entendu cohérent avec celui qu’apportent les pays occidentaux mais il l’est aussi avec la politique de la monarchie saoudienne qui est leur principal parrain dans la région.

Et en effet, le régime sioniste comme l’Arabie Saoudite ont un intérêt commun à affaiblir l’axe qui réunit le Hezbollah, la Syrie et l’Iran et à essayer d’éliminer le dernier régime qui se réclame du nationalisme arabe

Cette communauté d’intérêt s’est traduite par un certain nombre de signaux adressés au régime sioniste par le biais de la presse saoudienne, puis de rencontres discrètes et lus tard ouvertes sur des thématiques non directement politiques et dans des pays tiers.

 Nous sommes aujourd’hui arrivés à un stade avancé du rapprochement entre la monarchie saoudienne et le régime sioniste puisqu’une délégation saoudienne dirigée par un ancien officier supérieur de l’armée et ancien diplomate vient de séjourner dans l’entité sioniste où elle a pu rencontrer un carde du ministère des affaires étrangères et quelques députés d’opposition.

Le but de la visite était, selon ce qu’en ont dit certains députés de l’entité sioniste, d’encourager un dialogue chez les parlementaires autour de l’initiative arabe de paix.

Un prétexte qui laisse perplexe. En effet, si c’était là le véritable objectif de la visite, il aurait fallu que les rencontres ne se limitent pas à quelques députés d’une opposition marginale.

Par ailleurs, le simple fait que cette visite ait eu lieu adresse au régime sioniste le signal que le rapprochement se fera de toute façon puisqu’elle n’a pas été assortie de contreparties. En tout cas pas des contreparties en relation avec les droits du peuple palestinien.

 

Un ancien Général saoudien séjourne en Israël et rencontre le Directeur Général pour le Moyen-Orient du ministère des affaires étrangères

Pendant ce voyage des plus inhabituels, le Général en retraite Anwar Eshki a également rencontré un groupe de membres de la Knesset pour encourager le dialogue en Israël sur l’initiative arabe de paix.

Par Barak Ravid, Haaretz (Sionistan)  22 juillet 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le Général en retraite saoudien a visité Israël cette semaine et a rencontré le Directeur général du ministère des Affaires étrangères Dore Gold et le Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires, le Général-Major. Yoav Mordechai.

Eshki, qui conduisait une délégation d’universitaires et d’hommes d’affaires saoudiens a aussi rencontré un groupe de membres de la Knesset pour encourager le dialogue en Israël sur l’initiative arabe de paix.

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L’ex général saoudien Anwar Eshki à la rencontre de députés sionistes

Eshki a occupé des fonctions importantes dans l’armée saoudienne et au ministère des affaires étrangères et il dirige actuellement un institut de recherche. On ignore son degré de proximité avec les responsables du gouvernement de Ryad et du palais royal. Même si ce n’était pas une visite officielle, elle était des plus inhabituelles car Eshki ne pouvait pas s’être rendu en Israël dans l’approbation du gouvernement saoudien.

Eski et Gold avaient participé à une manifestation conjointe médiatisée dans un institut de recherche à Washington en juin 2015 après plusieurs rencontres en privé dans des contextes universitaires l’année qui avait précédé. Gold avait assisté à cette manifestation quelques jours avant d’assumer le rôle de Directeur-général au ministère des affaires étrangères.

Eshki et sa délégation sont arrivées en Israël en début de semaine. Ils ont aussi rencontré le Président palestinien Mahmoud Abbas et d’autres hauts responsables du gouvernement de Ramallah.

Leurs rencontres avec les deux officiels israéliens – Gold et Mordechai – n’ont pas eu lieu dans un bureau du gouvernement mais à l’hôtel King David à Jérusalem.

L’ancien Général et les délégués ont rencontré vendredi des députés d’opposition. La rencontre a été organisée par le député du Meretz Esawi Freige et elle a vu la participation des députés Michael Rozin, du même parti, de Ksenia Svetlova et Omer Bar-Lev de l’Union Sioniste. Freige a déclaré à Haaretz que les délégués avaient aussi rencontré mardi le président de Yash Atid, Yair Lapid. Il a dit que Lapid voulait que deux membres de son parti, les députés Jacob Perry et Ofer Shelah assistent à la réunion de vendredi mais que àa n’a pas marché à cause de problèmes d’agendas.

Freige, Svetlova et Rozin ont déclaré lors de conversations avec Haaretz que Eshki et les délégués avaient voulu rencontrer des parlementaires israéliens afin d’encourager le dialogue en Israêl sur l’initiative arabe de paix. Ils ont ajouté que pendant la réunion de vendredi, les membres de la Knesset avaient proposé qu’Eshki invite les députés israéliens qui soutiennent l’initiative à une réunion en Arabie Saoudite. « Les Saoudiens veulent s’ouvrir à Israël, » a déclaré Freige. « C’est une étape stratégique pour eux. Ils disent qu’ils veulent poursuivre de que l’ancien président égyptien Anouar Sadate avait commencé. Ils veulent se rapprocher d’Israël. C’est tout à fait évident. »

Pendant la réunion, le général saoudien en retraite a parlé aux députés de sa relation avec Gold, observant que le Directeur-Général du ministère des affaires étrangères avait écrit un livre anti-saoudien intitulé « Le royaume de la haine » il y a une dizaine d’années. Eshki a dit aux membres de la  Knesset que, au cours d’une de leurs rencontres, Gold avait présenté des excuses pour ses accusations contre l’Arabie Saoudite et avait dit qu’une partie de ce qu’il avait écrit était faux et il avait souligné qu’il souhaitait renforcer les relations entre les deux pays.

Les racines du dénouement en vue de la crise en Syrie et la chasse au Netanyahou

12 octobre 2013

J’étais parti pour faire une petite intro sur Yaïr lapid et Benjamin Netanyahou mais j’ai un peu dérivé… 

La crise syrienne a connu récemment un tournant décisif et ce tournant n’a pas été militaire mais politique,

On est en effet passé de l’exigence du départ du président Syrien Bachar al-Assad par les puissances occidentales (souvenons-nous de Laurent Roquet Fabius qui affirmait que le président syrien ne mériterait pas d’être sur la Terre) à l’exigence de la destruction des armes chimiques dont dispose l’armée syrienne,

C’est ce qu’on appelle un changement de paradigme, changement concocté par les Etats Unis, la Russie et ,,, le gouvernement syrien, prenant au dépourvu la Turquie et une diplomatie française ridiculisée dans sa vaine posture belliciste.

Le camouflet à répétition n’a pourtant apparemment pas suffi à vacciner Paris contre l’emploi d’un langage musclé qui n’est plus vraiment dans ses moyens et de toute façon ne sert pas ses intérêts.

Ne vient-on pas en effet de lire que François Hollande a assuré Benjamin Netanyahou de «toute sa fermeté» à l’égard de l’Iran?

Parce que l’élection de Hassan Rohani à la présidence de la république islamique d’Iran est aussi un des éléments qui ont joué dans l’évolution du traitement du dossier syrien. Non pas que le nouveau chef de l’Etat ait pris des positions radicalement différentes de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad, du moins sur les dossiers syrien et nucléaire, mais son image de modéré bien mise en avant dans la presse occidentale (malgré de vaines tentatives sionistes de le diaboliser comme on l’a fait pour Mahmoud Ahmadinejad) a donné l’opportunité aux Etats Unis de changer de ton à l’égard de l’Iran.

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Ahmadinejad et Rohani (faisant un salut nazi?)

La conséquence de ce changement de ton a été la rencontre entre les présidents Rohani et Hollande en marge de l’assemblée générale de l’ONU, et l’échange téléphonique entre Barack Obama et le président de la république islamique d’Iran. Il va sans dire que François Hollande avait été dûment autorisé par la maison Blanche à rencontrer son homologue iranien.

Ce rapprochement entre l’Iran et l’Occident a bien sûr pour conséquence que l’élimination du régime syrien n’a plus le caractère impérieux qu’elle avait il y a seulement quelques mois, d’autant qu’il apparaît clairement que la fraction de l’opposition polico-militaire tenue à bout de bras par Londres, Paris et Washington ne représente pratiquement rien, ni sur le terrain militaire, ni sur le terrain politique.

Un troisième facteur qui a joué un rôle absolument décisif dans le changement de posture des Etats Unis est la déposition du président Mohamed Morsi par l’armée égyptienne, un coup d’état qui était motivé entre autres par le refus d’un engagement militaire de l’Egypte contre le régime syrien, même par volontaires interposés, et qui a pu s’appuyer sur l’hostilité de l’Arabie Saoudite à l’égard des Frères Musulmans.

Il faut bien se figurer en effet que, vu de Riyad, les Frères Musulmans que nous qualifierions de bourgeois conservateurs, sont perçus comme de dangereux révolutionnaires, une véritable menace pour la monarchie (l’épisode de la proclamation d’une république au Yémen par les Frères Musulmans avec à leur tête l’Algérien Fodil El Ouartilani n’a sans doute pas été oublié en Arabie).

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Fodil al Ouartilani

Si le paysage reste confus, avec des retournements qui semblent fourmiller de contradictions, il est peut-être possible de mieux saisir sa logique globale en prenant de la hauteur, c’est-à-dire en examinant la situation dans la région asiatique dans son ensemble.

On le sait, le centre de gravité de l’économie mondiale est en train de se déplacer vers l’Asie orientale (Corée, Chine, Thaïlande) quoique d’autres pôles de puissance semblent émerger ailleurs (Inde, Brésil par exemple) et tôt ou tard le politique suivra. Des tentatives d’organisation autonome de ces espaces ont vu le jour comme le BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud) ou l’Organisation de Coopération de Shangaï.

Deux pays asiatiques retiendront notre attention ici: la Chine et l’Inde, Ces deux géants ont pour point commun d’avoir d’énormes besoins en énergie (pétrole, gaz) que la production nationale est absolument incapable de satisfaire, Ces deux pays se tournent donc vers des fournisseurs étrangers dont l’Iran fait partie. Mais ce rôle de fournisseur de l’Iran n’a en réalité pas vraiment de caractère déterminant dans les inflexions de la diplomatie des Etats Unis. Ce qui est important à cet égard, ce sont les réserves d’hydrocarbures présentes dans l’Asie Centrale ex soviétique et qui font l’objet de toutes les sollicitudes. Des réserves auxquelles la Chine peut accéder par voie terrestre moyennant des aménagements en infrastructures de transport qui existent déjà et d’autres qui sont en cours de réalisation ou à l’étude.

Pour l’Inde, les choses se présentent différemment puisque son accès terrestre à l’Asie Centrale est barré par le Pakistan, l’ennemi intime depuis la sécession de 1947.

L’accès de l’Inde à l’Asie Centrale passe donc par l’Iran où l’Inde investit 100 millions de dollars dans le port et la zone franche de Chabahar, des investissements qui complètent ceux effectués dans des infrastructures routières qui relient de grandes villes afghanes à l’Iran. De son côté,la Chine s’est ménagée une ouverture portuaire semblable au Pakistan qui lui offre une route sud-nord complémentaire à la route est-ouest,

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Nouvelles routes terrestres et maritimes en Asie

Et bien sûr, ces régions d’Asie, et peut-être l’Afghanistan une fois la paix revenue, seront des fournisseurs mais aussi des clients.

Cette partie du monde est donc à la veille d’un boom économique auquel l’Iran va participer ne serait-ce que par son positionnement géographique au débouché sud-ouest de ces régions.

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Transports de gaz et de pétrole en Asie centrale et au Moyen Orient

C’est là que se situent les enjeux majeurs pour le monde, pour l’Iran et par conséquent pour le Moyen Orient et non dans une prétendue lutte entre Islam chiite et sunnite,

L’affaire syrienne a été l’occasion pour les Etats Unis de jauger la volonté de la Russie et de la Chine quant au contrôle de l’accès aux ressources et aux marchés de l’Asie Centrale et du Moyen orient.

Et les Etats Unis ont semblé conclure que cette volonté était trop forte pour qu’ils puissent tenter quoi que ce soit de significatif sans en subir de conséquences, par exemple dans l’unique position clef qu’ils occupent encore, c’est-à-dire en Afghanistan.

Sous peine d’être à moyen terme exclus de la région, la solution qui s’est imposée à eux est celle d’un rapprochement avec l’Iran.

Ce rapprochement va sans doute prendre du temps, parce qu’on ne passe pas du jour au lendemain d’un langage belliqueux et menaçant à des relations amicales et surtout en raison de la présence de l’Etat prétendu juif qui torpille toute approche rationnelle de la part des Etats Unis dans la région.

L’analyse qui semble prévaloir à Washington est que c’est Benjamin Netanyahou qui représente un obstacle et la tête de ce dernier est en quelque sorte mise à prix par la Maison Blanche qui aimerait avoir un interlocuteur plus sensible aux intérêts de l’allié américain.

Cet interlocuteur pourrait être Yaïr lapid, l’actuel ministre des finances du cabinet Netanyahou qui vient d’être reçu très chaleureusement par Joe Biden malgré le Shutdown.

Pourtant, comme l’explique l’article que je vous propose, si Yaïr lapid a une autre prestance que Benjamin Netanyahou, il est fondamentalement sur la même ligne aussi bien sur la question des négociations avec les Palestiniens que sur le dossier iranien.

Yaïr Lapid a beaucoup plus de charme que Netanyahou, mais son message est le même

par Philip Weiss, Modoweiss (USA) 11 octobre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Yaïr Lapid, le ministre des Finances d’Israël et étoile montante centriste, est reçu comme une star aux Etats Unis. Lapid s’est entretenu hier, en plein Shutdown, avec le vice-président, ils se sont apparemment bien entendus. Le vice président a tweeté la photo ci-dessus et publié une déclaration selon laquelle ils avaient une « conversation sur de nombreux sujets », notamment sur l’Iran et les négociations avec les Palestiniens. Ils avaient été rejoints par le secrétaire au Trésor Jack Lew et le coordonnateur pour le Moyen-Orient à la Maison Blanche, Phil Gordon.

Lapid était une vedette de la télévision, et ça se voit. Charlie Rose a passé beaucoup de temps avec Lapid mardi. D’abord sur le Charlie Rose Show. Puis au centre culturel 92d Street Y pour une co-présentation avec une organisation pro-israélienne, l’Israeli Policy Forum.

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Yaïr Lapid interrogé par Charlie Rose

A 92d Street Y, Rose a présenté Lapid comme étant «un des Juifs les plus célèbres du monde.» L’interview (vidéo ici) était dans l’ensemble gentille et Lapid a pu contrôler aisément la situation, comme si c’atait lui qui animait le talk show.

Il a plaisanté avec naturel l’accent sudiste de Rose et l’a rembarré quand il lui a demandé s’il aspirait à être premier ministre, et il a moqué le New York Times qui cite les gens hors contexte. Mais ses positions ne sont guère différentes de celles de Netanyahou, et on n’a pas à attendre longtemps avant que Lapid commence à parler de la Cité de David [Jérusalem].

C’est un tenant d’une ligne dure sur Jérusalem.

“Jérusalem ne sera jamais divisée. Jérusalem est la capitale d’Israël. Les pays ne renoncent pas à leurs capitales… mais oui, il y aura – certains territoires qui seront restitués…”

Rose: “Vous n’êtes pas en faveur de Jérusalem comme capital pour les Palestiniens et les Israéliens.”

“Vrai.”

Gaza ne fait pas partie de l’Etat palestinien tel qu’il peut l’imaginer.

Gaza est hors jeu. Il n’y pas de négociations avec le Hamas. Le Hamas est une… organisation terroriste qui devrait être traitée comme telle.

La vallée du Jourdain est également exclue des négociations. «Sécurité.»

Il est aussi partisan d’une ligne dure sur l’Iran.

“Le problème que nous avons avec l’Iran…c’est qu’ils construisent des armes nucléaires… et que les Iraniens financent le Hamas et le Hezbullah… Je pense que la ruse et la fraude ont toujours fait partie des instruments de la stratégie |de l’Iran].”

Lapid dit que l’Iran doit faure deux chose simples pour une levée des sanctions. Renoncer aux centrifugeuses, il y en a 18 000, et fermer son réacteur au plutonium.“parce que personne n’utilise des réacteurs au plutonium à des fins pacifiques.”

Ses attitudes par rapport à Israël sont très marquées par un chauvunisme ethnique. Son père avait échappé à l’holocauste à Budapest et il aime vivre dans un Etat juif.

“Ecoutez, je ne cherche pas un mariage heureux avec les Palestiniens. Je veux un divorce. L’idée de gouverner… environ 3 millions de Palestiniens est problématique pour l’identité juive d’Israël, et je veux vivre dans un Etat juif.…”

Quel est votre principal motif d’inquiétude pour l’avenir d’Israël? lui a demandé Rose? Une bonne partie de la réponse de Lapid est: les Arabes.

“Je dirais l’éducation…. Cette année, 49 % des élèves qui entrent à l’école élémentaire sont soit des ultra orthodoxes, soit des Arabes. Je ne veux pas dire que c’est une menace existentielle mais c’est un changement existentiel pour Israël. Et nous devons faire en sorte que tous participeront à la société israélienne.. Donc oui, je crains plusles menaces internes que les menaces externes.”

Et quand Lapid dit qu’il tend constamment la main aux autres partis, pour travailler avec eux, il parle d’autres partis juifs, du Likoud au Foyer Juif en passant par les travaillistes. Pourquoi Charlie Rose ne luii demande-t-il pas s’il parle avec les partis palestiniens, et s’il ne le fait pas, pourquoi? Ros accepte ainsi le même genre de discrimination que celui auquel il s’opposait en Caroline du Nord dans son enfance.

Lapid dit de l’extrémiste de droite Naftali Bennett que c’est un ami, et que le gouvernement de Netanyahou ne tombera pas avant l’expiration de son mandat. “Il y a une bonne énergie et la volonté de travailler ensemble.”

La première question qui vient de l’auditoire est, “Pourquoi ne pouvez-vous pas diviser la ville de Jérusalem?”

La réponse référait à la doctrine ethno-religieuse, et était un peu effrayante:

“[si nous] posons que tout relève du rationnel… alors– je serais sans doute mieux à vivre à New York . Vous savez, Israël a été créé au début pour être un havre de sécurité pour les Juifs du monde. Je ne pense pas que c’est un lieu sûr. J’entends par là que New York est un endroit plus sûr quand on est juif. Je vis en Israël parce que je veux vivre dans un pays qui n’est pas seulement un territoire, mais aussi une idée. Et Jérusalem est l’essence de cette idée. Certes, il y a… des raisons logiques pour dire OK, je renonce à Jérusalem Est, mais un pays ne peut pas survivre sans un ethos et l’ethos d’Israël est à Jérusalem Est. C’est la cité du roi David. C’est – vous savez quoi, notre droit au retour doit aussi être pris en compte – et nous sommes revenus à Jérusalem. J’aime Tel Aviv, la ville où je vis mais nous ne sommes pas rentrés après 2 000 ans pour Tel Aviv, nous sommes rentrés pour Jérusalem.

Applaudissements nourris du public à 29 dollars la place.

Lapid dit aussi croire en Dieu et lire «beaucoup» la Bible. Parce que la Bible est pleine de héros et que notre monde est celui des «anti-héros », Oui, et il préférerait vivre dans une idée, pas dans un pays. Il y a chez lui beaucoup plus de vernis que chez Netanyahou, mais l’ethos est le même.

L’équation politique sioniste: de la surprise laïque au cauchemar laïque

23 janvier 2013

J’écoutais tout à l’heure «Le téléphone sonne» une émission de France Inter consacrée au résultat des élections qui viennent de se tenir dans l’entité sioniste.

Des interlocuteurs, notamment un professeur d’université, étaient en duplex depuis l’entité sioniste pour répondre aux questions des journalistes et des auditeurs Français.

Ce qui m’a frappé tout d’abord dans les échanges, c’est une espèce de consensus non dit entre la rédaction parisienne et ses interlocuteurs sionistes : l’entité sioniste est un pays «normal» et si elle est traitée de manière privilégiée par des puissances occidentales qu’elle tend de plus en plus à exaspérer, c’est du fait des menaces incessantes dont elle fait l’objet : le nucléaire iranien, l’hostilité de l’environnement immédiat sans oublier ces foutus Palestiniens qui, non contents de ne pas renoncer au droit au retour des réfugiés, s’entêtent à ne pas vouloir reconnaître l’entité comme un Etat « juif».

Le tout sans rencontrer aucune objection, ni appel à la nuance de la part de journalistes complaisants qui étaient surtout intéressés par la nouvelle étoile montante de la classe politique sioniste, le journaliste Yaïr Lapid.

Le plus curieux étant d’entendre décrire Yaïr Lapid comme une espèce de laïque (Le Nouvel Observateur écrit même une «surprise laïque») qui a su cependant s’entourer de rabbins pour ratisser plus large au niveau électoral.

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Yaïr Lapid est la « surprise laïque »  de ce scrutin

Et Avigdor Lieberman, ne serait-il pas pour sa part un «épouvantail laïque» ?

Je demande quand même ce que peut bien être un Juif «laïque» quand son action, son idéologie et ses buts politiques reposent sur le principe d’appartenance à un peuple élu qui est revenu vivre dans la terre à lui promise par Dieu.

Je vous laisse cogiter tranquillement.

D’autant que la «surprise laïque» va dès maintenant pactiser avec Benjamin Netanyahou que le Nouvel Observateur aurait pu qualifier de «cheval de retour laïque» ou quelque chose d’approchant vu que je n’ai jamais entendu dire que le premier ministre était également rabbin.

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Avigdor, je suis laïque, tu es laïque, n’est-ce pas merveilleux? Oui, Chéri-Bibi, mais nous sommes surtout laids.

De fait, l’essence du système idéologique et politique sioniste est bien différente de ce qui peut s’observer dans des pays comme la France, l’Italie, le Royaume Uni etc. avec les notions d’élection divine et de supériorité raciale (de fait, même quand vous ne lui avez rien demandé, n’importe quel crétin sioniste vous donnera une liste de Juifs lauréats du prix Nobel).

Eh oui, les seules autres personnes à se livrer à ce genre de pratique sont les antisémites!

Gilad Atzmon nous explique pourquoi il faut renoncer à analyser les scrutins dans l’entité sioniste à l’aune de catégories non opératoires comme celles de Droite et de Gauche, faucons ou colombes.

Les élections israéliennes: il est temps de mettre au placard la terminologie droite – gauche

par Gilad Atzmon, gilad.co.uk 23 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

La plupart des commentateurs de la scène politique israélienne est incapable de s’apercevoir que les notions de Droite et de Gauche n’ont à peu près aucune pertinence pour comprendre la vie politique israélienne. Israël se définit lui-même en tant que l’Etat juif et, les années passant, Israël devient en fait de plus en plus juif. Naftali Bennett qui, pendant un temps, était apparu comme l’étoile montante du scrutin qui vient d’avoir lieu, ne l’a compris que trop bien. Il a réinventé le Foyer National Juif, un parti politique qui célèbre l’aspiration d’Israël à accomplir son véritable destin juif. Il promettait à ses partisans de pouvoir vivre en tant qu’élus dans leur Etat exclusivement juif, en faisant abstraction de préoccupations morales ou éthiques.

Pourtant, la grande majorité, si ce n’est l’ensemble, des participants Juifs au jeu politique israélien sont engagés par le rêve de ‘l’Etat juif.’ Ils diffèrent certes sur quelques aspects  pratiques mineurs ou en matière de pragmatisme, mais ils sont clairement d’accord sur le fond. Voici une vieille blague israélienne : ‘Un colon Israélien propose à son ami aux idées de gauche que «l’été prochain, nous mettions tous les Arabes dans des bus et le fassions partir de notre terre.» L’homme de gauche : «OK, mais on s’assurera que les bus sont climatisés.»

En Israël, il n’y a pas des colombes ou des faucons. Au contraire, tout ce que nous avons est un débat feutré entre quelques interprétations du tribalisme, du nationalisme et du suprématisme juifs. Certains Juifs veulent être entourés par les murs imposants du ghetto – ils aiment ça, c’est confortable, on se sent en sécurité – d’autres préfèrent s’appuyer sur la capacité de dissuasion de l’armée israélienne. Certains seraient favorables à un large usage du phosphore blanc, d’autres voudraient que l’Iran soit rayé de la carte.

L’hypothèse d’une division politique en Israël n’est qu’un mythe auquel les goyim sont contents de croire parce qu’il donne l’impression de la possibilité d’un changement politique et même d’une transformation spirituelle. Mais la triste vérité est que, quand on en vient aux vrais fondamentaux, les Israéliens sont à peu près unis : la présidente du parti travailliste Shelly Yachimovich et la criminelle de guerre Tzipi Livni ont toutes deux été de ceux qui s’étaient empressés de soutenir l’opération Pilier de défense décidée par Benjamin Netanyahou. Yaïr Lapid, le chef du deuxième plus gros parti politique israélien, considéré aussi comme étant de centre gauche, ne refuserait pas un poste ministériel dans un gouvernement Netanyahou. Même s’il reste un parti sioniste, Meretz qui est le seul parti juif en Israël à avoir ne serait-ce qu’une trace d’éthique, de pensée universelle et de valeurs d’égalité ne représente toujours qu’à peine 6 membres du parlement sur 110 députés Juifs.

Donc, si nous voulons comprendre la scène politique israélienne, nous devons mettre au placard notre terminologie archaïque du 19ème siècle sur une Gauche et une Droite et commencer à fouiller dans la véritable culture et idéologie qui anime l’Etat juif. Israël, avec pas un seul parti juif pour inclure une empathie envers les Palestiniens dans son agenda politique défie la notion même d’égalité universelle. Israël se soucie uniquement des intérêts du peuple élu et les résultats des élections israéliennes le confirment. Tout ce à quoi nous assistons, c’est à une compétition entre différents discours judéocentriques.


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