Archive for the ‘nakba’ Category

Le livre pour enfants qui fait peur aux sionistes

2 décembre 2017

Un beau texte de Steven Salaita, un universitaire américano-palestinien dont la carrière avait été mise à mal du fait de ses prises de position hostiles au régime sioniste au moment où ce dernier agressait Gaza une fois de plus en 2014 [opération dite Bordure Protectrice].

Résultat de recherche d'images pour "Steven Salaita"

Steven Salaita

On avait présenté sa critique des agissements criminels de l’entité sioniste comme une manifestation d’antisémitisme…

Salaita nous parle ici d’un petit livre pour enfants des iraniennes Golbarg Bashi et Golrokh Nafisi  en forme d’abécédaire et titré P est pour la Palestine.

Evidemment.

Et M est pour Meftah, la clef de leurs maisons que les palestiniens ont emportée avec eux dans leur exil.

Un abécédaire de la Palestine

Ce petit livre a pourtant suscité des réactions fortes aussi bien dans la presse juive que dans la presse d’extrême-droite et la presse tabloïd newyorkaise.

Steven Salaita nous explique pourquoi ce livre fait peur à ceux qui soutiennent l’entité sioniste.

Pourquoi un livre pour enfants fait-il perdre la tête aux sionistes ?

Par Steven Salaita, MondoWeiss (USA) 1er décembre 2017, traduit de l’anglais par Djazaïri

En ces temps de prolifération nucléaire, de brutalité policière, de résurgence du nazisme et d’énormes inégalités, les sionistes ont réussi à trouver le véritable ennemi : un livre pour enfants. Le titre incriminé, P is for Palestine [P pour Palestine], a récemment été publié par Golbarg Bashi et Golrokh Nafisi après une longue campagne de financement participatif. Les sionistes ont réagi comme si c’était la charte du Hamas.

golbarg bashi-tile

Golbarg Bashi et Golrokh Nafisi

Ma femme et moi avons acheté le livre pour notre fils de cinq ans. C’était un achat logique. Deux de ses grands-parents sont palestiniens, après tout. Le gamin n’était pas particulièrement excité par le livre, mais il l’aime. Je ressens la même chose. Le texte est un inventaire d’objets culturels et géographiques en ordre alphabétique, encadré par des illustrations (souvent belles). Rempli d’une imagerie culturelle romantique il faut environ cinq minutes pour le lire.

En d’autres termes, c’est un livre pour enfants typique. La seule façon dont il diffère de ses nombreux pairs sur le marché de la «diversité» est que le pays étranger qu’il magnifie est la Palestine. Par conséquent, il est ipso facto intolérable aux organisations professionnelles sionistes.

Nous pourrions simplement relier ce nouvel accès d’angoisse sioniste à un sentiment accru d’inquiétude devant le net déclin du prestige d’Israël dans le monde, poussé par un mouvement BDS [Boycott, Désinvestissement, Sanctions] en plein essor. Cela aide à expliquer la réaction excédée à un document politique écrit au crayon de couleur.

Il y a plus que ça à l’œuvre, cependant. Quelque chose à propos du P pour la Palestine a touché une corde sensible. Depuis quand parle-t-on d’un livre pour enfants dans le New York PostPage Six », un magazine people, pas moins), Forward , Ha’aretz , le New York Daily News et Breitbart ? Chaque fois que les partisans d’Israël se fâchent, de nombreuses publications se font une joie d’amplifier leurs griefs. Le fait que l’indignation ait commencé immédiatement après la publication du livre illustre comment la Palestine peut brusquement créer ou modifier un cycle de l’information aux États-Unis.

Mais quelque chose semble un peu plus désespéré dans ce procédé, presque comme si une Palestinienne en images dessinées avait la capacité spéciale de faire survenir une maladie grave et mortelle. Cela a probablement à voir avec la nature du genre. Les livres pour enfants ne sont pas simplement un divertissement précieux ; nous les imaginons comme des conduits pour la transmission de certaines valeurs. Depuis la prédiction dramatique de David Ben Gourion selon laquelle les futures générations d’enfants palestiniens oublieraient la Nakba [catastrophe de la proclamation de l’Etat juif et de l’exode palestinien], enseigner et apprendre sur la Palestine a été un point sensible pour les sionistes (voyez comment la chose est abordée dans les écoles secondaires et les universités).

Dit simplement, rien ne menace plus Israël que la survie de l’identité palestinienne à travers les générations successives, ce qui est exactement ce que le P est pour la Palestine essaye d’accomplir. Les sionistes ne s’opposent pas à son contenu ; ils s’opposent à sa simple existence comme document de la mémoire historique. Les sionistes expriment constamment leur mépris pour les Palestiniens qui refusent de valider Israël. Même les keffiehs et les falafels en caricature deviennent une menace existentielle.

M est pour Meftah, la clef de la maison perdue mais qu’on espère retrouver

P est pour la Palestine rend manifeste quelque chose que les sionistes craignent mais ne peuvent pas contrôler : de Santiago à Toronto, d’Athènes à Oslo, d’Abou Dhabi à Alep, les Palestiniens continuent de réclamer et d’honorer leur terre ancestrale. Les sionistes le savent et ne peuvent rien faire pour l’empêcher. Le livre fournit une cible visible à leur angoisse existentielle.

Israël possède une armée dévastatrice, d’une base territoriale sans cesse plus importante et d’une économie avancée, mais il est affligé d’un psychisme remarquablement fragile. Il n’y a pas d’autre raison pour que ses fidèles piquent une crise sur un livre pour enfants en autoédition. Les sondages ont montré à maintes reprises que l’attachement des Juifs américains à Israël, en particulier les jeunes, est en déclin. Dans le même temps, les Palestiniens sont unis par le désir de récupérer leur patrie.

Nous ne devons pas non plus négliger le public auquel P est pour la Palestine est destiné. Pendant 70 ans, Israël a infligé une misère indicible aux enfants palestiniens. Le désir de l’État [juif] de pureté ethnique a politisé les notions d’enfance dans l’imaginaire dominant. Le livre transforme vraisemblablement les enfants palestiniens en le genre de créatures politiques que les sionistes sont obligés de haïr.

Les États-nations sont fragiles. L’indigénéité ne l’est pas. Elle s’affirme constamment devant les forces qui veulent sa destruction. À son tour, elle s’attribue sans cesse le pouvoir de détruire – et elle le fait sans armes ou sans tromperie, mais avec la simple intemporalité de l’être.

P est aussi pour la paranoïa. Dans la mesure où le fétichisme politique de certains exige que les Palestiniens capitulent ou disparaissent, cet état [de paranoïa] est parfaitement justifié.

Licencié de Yad Vashem pour faute professionnelle

23 avril 2009

On le sait, l’Institut Yad Vashem, dédié à la mémoire de l’holocauste, est un passage obligé pour les dirigeants qui visitent l’entité sioniste. Il s’agit d’un institut voué à la mémoire, à ne pas confondre avec l’histoire, des persécutions subies par les Juifs du fait du régime nazi. La mémoire est toujours orientée et subjective, elle ne sélectionne que ce qui est conforme avec nos actions présentes et ce que nous envisageons pour l’avenir. Quand je dis « nous,» ce nous n’embrasse pas toute l’humanité mais seulement des personnes particulières ou des groupements particuliers.

Yad Vashem est l’illustration même de cette mémoire particulière et par essence orientée, sauf que dans ce cas précis il est question de transformer cette mémoire particulière en phénomène universel.

Or, ce qui vient de se passer à Yad Vashem illustre fort bien tout cela. En effet, cette institution vient de renvoyer un de ses guides car ce dernier, dans l’animation pédagogique des visites, évoquait la présence antérieure aux sionistes du peuple Palestinien, avec comme illustration de ses propos les ruines du village de Deir Yacine visibles lorsqu’on quitte l’institut Yad Vashem.

Donc, ce guide a un gros problème de mémoire, ce qui est une faute professionnelle. D’autant qu’il est inacceptable de comparer l’holocauste à un autre événement.

Oui, car l’holocauste est un phénomène anhistorique, imperméable à l’analyse rationnelle et qui ne peut donc faire l’objet que d’une approche en termes religieux. Je ne vous dirai pas selon les termes de quelle religion.

Yad Vashem licencie un employé qui a comparé l’holocauste à la nakba

par Yoav Stern, Haaretz (Sionistan) 23 avril 2009 traduit de l’anglais par Djazaïri

Yad Vashem a licencié un guide-instructeur qui a comparé le traumatisme des survivants de l’holocauste des juifs avec le traumatisme vécu par le peuple palestinien pendant la guerre d’indépendance d’Israël.

Itamar Shapira, 29 ans, de Jérusalem, a été licencié avant la Pâque juive de son poste de guide à l’Autorité pour la Mémoire des Martyrs et héros de l’holocauste après un dépôt de plainte par un enseignant qui accompagnait des élèves d’une yeshiva (école talmudique) d’Efrat. Shapira travaillait à Yad Vashem depuis trois ans et demi.

C’est la première fois que Yad Vashem renvoie un guide pour des divergences politiques, a affirmé un responsable de l’institution ce mercredi.

Shapira a confirmé, dans une conversation téléphonique avec Haaretz, qu’il avait parlé à des visiteurs du massacre de 1948 à Deir Yacine.
Il a dit l’avoir fait parce que les ruines du village arabe, aujourd’hui, une partie du quartier Guivat Shaoul de Jérusalem, peuvent être vues quand on quitte Yad Vashem.

« Yad Vashem parle de l’arrivée des survivants de l’holocauste et de la création ici d’un refuge pour les Juifs du monde. J’ai dit il y avait des gens qui avaient vécu sur cette terre et indiqué qu’il existe d’autres traumatismes qui donnent à d’autres nations des sources de motivation », a déclaré Shapira.

« L’holocauste nous motivés pour créer un État juif et le traumatisme de la nation palestinienne du traumatisme la motive dans sa recherche de l’autodétermination, de l’identité, de la terre et de la dignité, comme le sionisme l’a fait», dit-il.

Un responsable de Yad Vashem explique que l’institution est opposée à tout usage politique de l’holocauste, particulièrement par un guide spécialisé dans ce domaine.


La position de l’institution est que l’holocauste ne peut être comparé à aucun autre événement et que chaque visiteur doit tirer ses propres conclusions politiques.


Iris Rosenberg, porte parole de Yad Vashem, a déclaré qu’après avoir reçu Shapira dans une audience au cours de laquelle il a refusé d’accepter les instructions de sa hiérarchie et de changer ses méthodes pédagogiques, il a été décidé de mettre un terme à son emploi comme guide à l’école d’études de l’holocauste dépendante de l’institut.

« Yad Vashem n’aurait pas agi de manière professionnelle si Itamar Shapira avait poursuivi son travail éducatif pour l’institut, » a déclaré Rosenberg.

Yad Vashem emploie des salariés et des bénévoles venus de tous les horizons politiques, qui savent séparer leurs opinions personnelles de leur travail, a-t-elle ajouté.

Shapira affirme que Yad Vashem ne choisit d’examiner que certains des événements qui se sont déroulés pendant la guerre d’indépendance. « C’est de l’hypocrisie. J’ai seulement tenté de mettre les visiteurs devant des faits et non des conclusions politiques. Si Yad Vashem choisit d’ignorer les faits, par exemple le massacre de Deir Yacine, ou la nakba [« la catastrophe », le terme palestinien pour ce qui leur est arrivé après 1948], cela veut dire que l’institution a peur de quelque chose et que son approche historique est partiale, » déclare Shapira.

>Licencié de Yad Vashem pour faute professionnelle

23 avril 2009

>

On le sait, l’Institut Yad Vashem, dédié à la mémoire de l’holocauste, est un passage obligé pour les dirigeants qui visitent l’entité sioniste. Il s’agit d’un institut voué à la mémoire, à ne pas confondre avec l’histoire, des persécutions subies par les Juifs du fait du régime nazi. La mémoire est toujours orientée et subjective, elle ne sélectionne que ce qui est conforme avec nos actions présentes et ce que nous envisageons pour l’avenir. Quand je dis « nous,» ce nous n’embrasse pas toute l’humanité mais seulement des personnes particulières ou des groupements particuliers.

Yad Vashem est l’illustration même de cette mémoire particulière et par essence orientée, sauf que dans ce cas précis il est question de transformer cette mémoire particulière en phénomène universel.

Or, ce qui vient de se passer à Yad Vashem illustre fort bien tout cela. En effet, cette institution vient de renvoyer un de ses guides car ce dernier, dans l’animation pédagogique des visites, évoquait la présence antérieure aux sionistes du peuple Palestinien, avec comme illustration de ses propos les ruines du village de Deir Yacine visibles lorsqu’on quitte l’institut Yad Vashem.

Donc, ce guide a un gros problème de mémoire, ce qui est une faute professionnelle. D’autant qu’il est inacceptable de comparer l’holocauste à un autre événement.

Oui, car l’holocauste est un phénomène anhistorique, imperméable à l’analyse rationnelle et qui ne peut donc faire l’objet que d’une approche en termes religieux. Je ne vous dirai pas selon les termes de quelle religion.

Yad Vashem licencie un employé qui a comparé l’holocauste à la nakba

par Yoav Stern, Haaretz (Sionistan) 23 avril 2009 traduit de l’anglais par Djazaïri

Yad Vashem a licencié un guide-instructeur qui a comparé le traumatisme des survivants de l’holocauste des juifs avec le traumatisme vécu par le peuple palestinien pendant la guerre d’indépendance d’Israël.

Itamar Shapira, 29 ans, de Jérusalem, a été licencié avant la Pâque juive de son poste de guide à l’Autorité pour la Mémoire des Martyrs et héros de l’holocauste après un dépôt de plainte par un enseignant qui accompagnait des élèves d’une yeshiva (école talmudique) d’Efrat. Shapira travaillait à Yad Vashem depuis trois ans et demi.

C’est la première fois que Yad Vashem renvoie un guide pour des divergences politiques, a affirmé un responsable de l’institution ce mercredi.

Shapira a confirmé, dans une conversation téléphonique avec Haaretz, qu’il avait parlé à des visiteurs du massacre de 1948 à Deir Yacine.
Il a dit l’avoir fait parce que les ruines du village arabe, aujourd’hui, une partie du quartier Guivat Shaoul de Jérusalem, peuvent être vues quand on quitte Yad Vashem.

« Yad Vashem parle de l’arrivée des survivants de l’holocauste et de la création ici d’un refuge pour les Juifs du monde. J’ai dit il y avait des gens qui avaient vécu sur cette terre et indiqué qu’il existe d’autres traumatismes qui donnent à d’autres nations des sources de motivation », a déclaré Shapira.

« L’holocauste nous motivés pour créer un État juif et le traumatisme de la nation palestinienne du traumatisme la motive dans sa recherche de l’autodétermination, de l’identité, de la terre et de la dignité, comme le sionisme l’a fait», dit-il.

Un responsable de Yad Vashem explique que l’institution est opposée à tout usage politique de l’holocauste, particulièrement par un guide spécialisé dans ce domaine.


La position de l’institution est que l’holocauste ne peut être comparé à aucun autre événement et que chaque visiteur doit tirer ses propres conclusions politiques.


Iris Rosenberg, porte parole de Yad Vashem, a déclaré qu’après avoir reçu Shapira dans une audience au cours de laquelle il a refusé d’accepter les instructions de sa hiérarchie et de changer ses méthodes pédagogiques, il a été décidé de mettre un terme à son emploi comme guide à l’école d’études de l’holocauste dépendante de l’institut.

« Yad Vashem n’aurait pas agi de manière professionnelle si Itamar Shapira avait poursuivi son travail éducatif pour l’institut, » a déclaré Rosenberg.

Yad Vashem emploie des salariés et des bénévoles venus de tous les horizons politiques, qui savent séparer leurs opinions personnelles de leur travail, a-t-elle ajouté.

Shapira affirme que Yad Vashem ne choisit d’examiner que certains des événements qui se sont déroulés pendant la guerre d’indépendance. « C’est de l’hypocrisie. J’ai seulement tenté de mettre les visiteurs devant des faits et non des conclusions politiques. Si Yad Vashem choisit d’ignorer les faits, par exemple le massacre de Deir Yacine, ou la nakba [« la catastrophe », le terme palestinien pour ce qui leur est arrivé après 1948], cela veut dire que l’institution a peur de quelque chose et que son approche historique est partiale, » déclare Shapira.