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Que dit le Hamas du 7 octobre?

12 février 2024

Il arrive qu’on entende sur les ondes en France ou dans d’autres pays européens des voix palestiniennes, le plus souvent des membres de l’OLP ou des personnalités liées à l’Autorité Palestinienne dirigée par Abou Mazen.

Leurs prises de parole sont souvent très intéressantes mais ne sont évidemment pas celles du mouvement Hamas, du Djihad Islamique ou du FPLP, ce dernier étant le seul mouvement dépourvu de religiosité dans son approche de la lutte, les trois organisations impliquées à des degrés divers dans les combats en cours dans la bande de Gaza.

Il n’y a pas de journalistes étrangers dans la bande de Gaza où ils courraient sans doute le risque d’être tués par la Haganah comme des dizaines de leurs confrères palestiniens l’ont été. Mais les journalistes ne semblent pas non plus intéressés à s’entretenir avec des cadres militants du Hamas à l’étranger, ce qui est difficilement compréhensible quand on voit l’étendue des prises de parole des sionistes, dirigeants ou militants, civils ou militaires, dans les médias occidentaux, français tout particulièrement. Le Hamas est certes considéré comme une organisation terroriste par les pays membres de l’UE mais l’un de ces derniers a-t-il jamais été attaqué par cette organisation? La réponse est dans la question: jamais.

Ainsi, et quel que soit le jugement qu’on porte sur le Hamas, son idéologie et ses actions, on n’a pas son point de vue sur ce qui s’est passé le 7 octobre alors que nous avons eu droit au défilé quasi ininterrompu des menteurs et affabulateurs sionistes sur tous les plateaux de radio et de télévision.

Le Hamas a pourtant donné son point de vue dans un mémorandum rendu public en langue anglaise. A ma connaissance, aucun exposé, avec ou sans commentaires, de ce mémorandum n’a été diffusé dans la presse.

Le média libanais Al  Mayadeen propose une synthèse du mémorandum du Hamas que je vous livre en langue française.

Vous trouverez un lien vers le texte intégral en fin d’article

Le Hamas explique: Il n’y avait pas d’autre choix que le 7 octobre

Par Al Mayadeen, 21 janvier 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le mouvement de résistance palestinienne du Hamas explique les raisons de l’opération al-Aqsa Flood d’un point de vue historique, politique et humanitaire, alors qu’il cherche à démystifier les mensonges israéliens sur l’opération.

L’Opération Inondation d’Al-Aqsa était une étape nécessaire et une réponse normale pour faire face à toutes les conspirations israéliennes contre le peuple palestinien et sa cause ; un acte défensif dans le cadre de la libération de la Palestine de l’occupation israélienne, du recouvrement des droits des Palestiniens et du chemin vers la libération et l’indépendance comme tous les peuples du monde, a déclaré le mouvement palestinien de résistance Hamas.

Le Hamas a publié dimanche un mémorandum intitulé : « Notre récit… de l’opération al-Aqsa », dans lequel le mouvement de résistance explique les raisons et les motivations de l’opération du 7 octobre, ainsi que son contexte général concernant la cause palestinienne et une démystification du récit israélien et des accusations portées contre la résistance palestinienne.

Le mouvement de la Résistance a expliqué que de nombreuses raisons l’ont poussé à mener cette opération, notamment :

– La judaïsation projetée par Israël de la mosquée al-Aqsa et et les tentatives de la diviser.

–  Les actions du gouvernement israélien d’extrême droite, qui prend des mesures pratiques pour usurper l’intégralité de la Cisjordanie et d’Al-Qods [Jérusalem, NdT] occupée dans le cadre de projets d’expulsion des Palestiniens de leurs foyers.

– Les milliers de Palestiniens injustement détenus par l’occupation israélienne, privés de leurs droits les plus fondamentaux et sont l’objet d’agressions et d’humiliations extrêmes.

–  Le blocus aérien, maritime et terrestre injuste imposé à la bande de Gaza depuis 17 ans.

– L’expansion à un niveau sans précédent  des colonies israéliennes à travers la Cisjordanie.

– L’ escalade quotidienne des violences perpétrées par les colons contre les Palestiniens.

– Les sept millions de Palestiniens déplacés qui vivent dans des conditions effroyables dans des camps de réfugiés et souhaitent retourner sur leurs terres.

– L’échec de la communauté internationale à créer un État palestinien et la complicité des grandes puissances pour empêcher la création d’un État palestinien.

Le Hamas fait valoir que l’on ne pouvait pas s’attendre à ce que le peuple palestinien continue d’attendre et de compter sur les Nations Unies, qu’il a qualifiées d’ impuissantes», affirmant que sa seule option était de « prendre l’initiative de défendre le peuple palestinien, ses terres, ses droits et leur caractère sacré ». « . Le Hamas souligne que ses actions relèvent de la légitime défense, qui est un droit inscrit dans les lois et conventions internationales.

Ça n’a pas commencé le 7 octobre

Comme s’en font l’écho les partisans de la Résistance palestinienne et de la cause palestinienne, le Hamas souligne que la situation critique de la cause de la libération n’a pas commencé le 7 octobre ; « mais cela a commencé il y a 105 ans, dont 30 ans de colonialisme britannique et 75 ans d’occupation sioniste. »

Le mémorandum rappelle qu’en 1918 le peuple palestinien possédait 98,5 % des terres de la Palestine tout en représentant 98 % de la population avant que les sionistes, venus dans le cadre d’une coordination entre les autorités coloniales britanniques et le mouvement sioniste, ne parviennent à prendre le contrôle de 6 % au maximum des terres de la Palestine alors qu’ils représentaient 31 % de la population avant 1948, c’est-à-dire avant la déclaration de création d’un « Israël ».

« A cette époque, le peuple palestinien s’est vu refuser le droit à l’autodétermination et les bandes armées sionistes se sont engagées dans une campagne de nettoyage ethnique contre le peuple palestinien visant à l’expulser de ses terres et de ses régions », ajoute le long texte.

Les bandes armées sionistes ont déplacé 57 % de la population palestinienne et détruit plus de 500 villages et villes palestiniens tout en commettant des dizaines de massacres contre le peuple palestinien, ce qui a conduit à la création d’«Israël» en 1948. « Poursuivant l’agression, les forces israéliennes ont occupé en 1967 le reste de la Palestine, y compris la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem, en plus de territoires arabes autour de la Palestine. »

Tout au long de la longue histoire de l’occupation de la Palestine, le peuple palestinien a souffert de toutes les formes d’oppression, d’injustice et de privation de ses droits fondamentaux, souligne le Hamas, citant Gaza comme exemple lorsqu’en 2007, elle a été soumise à un blocus étouffant toujours en vigueur à ce jour, ce qui en fait la plus grande prison à ciel ouvert du monde. 

Le mouvement de la Résistance rappelle également que : «Le peuple palestinien de Gaza a également souffert de cinq guerres/agressions destructrices où « Israël » était l’agresseur.»

En un peu plus de deux décennies, entre janvier 2000 et septembre 2023, l’occupant israélien  a tué 11 299 Palestiniens et en a blessé 156 768 autres, dont une écrasante majorité de civils ajoute le Hamas. Pendant ce temps, «l’administration américaine et ses alliés n’ont pas prêté attention aux souffrances du peuple palestinien au cours des dernières années, mais ont couvert l’agression israélienne ».

« L’administration américaine a fourni un soutien financier et militaire aux massacres commis par l’occupant israélien contre les civils palestiniens et à l’agression brutale contre la bande de Gaza, et pourtant, les responsables américains continuent d’ignorer les massacres commis par les forces d’occupation israéliennes à Gaza »,  observe  le mémo.

De même, commentant les accords d’Oslo de 1993 signés par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’occupant israélien sous les auspices des États-Unis, le Hamas souligne que les accords stipulaient la création d’un État palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, un processus qui été « systématiquement détruit » par «Israël» à travers «une vaste campagne de construction de colonies et de judaïsation des terres palestiniennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem».

En réponse à toutes ces injustices, le Hamas a demandé : « Qu’attendait-on du peuple palestinien après tout cela ?

Le 7 octobre visait l’armée israélienne

Le mouvement de la Résistance en vient à expliquer que son opération du 7 octobre visait à attaquer des sites militaires israéliens et à faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles concluent un accord d’échange de prisonniers afin de libérer les Palestiniens des prisons israéliennes. L’accent était mis sur la destruction de la division de Gaza et des sites militaires des forces d’occupation israéliennes à proximité des colonies autour de Gaza.

Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont souligné leur engagement à éviter de porter atteinte aux civils, en particulier aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées. Elles ont déclaré que tout ciblage accidentel de civils s’était produit lors d’affrontements avec les forces israéliennes.

Le Hamas, depuis sa création en 1987, s’est engagé à éviter de porter atteinte aux civils. Il a évoqué des initiatives visant à épargner les civils des combats, mais celles-ci auraient été ignorées par l’occupant israélien.

Le document reconnaît des failles potentielles de l’opération Al-Aqsa Flood dues à l’effondrement rapide du système de sécurité israélien. Le mouvement Hamas a souligné qu’il traitait correctement les civils détenus dans Gaza, cherchant à négocier leur libération pendant une trêve humanitaire en échange de femmes et d’enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

La Résistance palestinienne a étayé ses efforts visant à cibler uniquement l’appareil militaire avec de nombreux éléments de preuve, soulignant que « des clips vidéo pris ce jour-là – le 7 octobre – ainsi que les témoignages des Israéliens eux-mêmes qui ont été publiés plus tard ont montré que les combattants des brigades Al-Qassam n’ont pas ciblé les civils et que de nombreux Israéliens ont été tués par l’armée et la police israéliennes en raison de leur état de confusion. »

L’affirmation selon laquelle « 40 bébés avaient été décapités » par des combattants palestiniens a été fermement contredite, même des sources israéliennes la rejettent. Malheureusement, de nombreux médias occidentaux ont adopté et promu cette fausse allégation, lit-on dans le document.

Les allégations selon lesquelles des combattants palestiniens, y compris des membres du mouvement Hamas, auraient violé des femmes israéliennes, ont été complètement démenties. Un reportage du 1er décembre 2023 de Mondoweiss soulignait l’absence de preuves du prétendu « viol de masse» du 7 octobre, suggérant qu’« Israël » a utilisé cette accusation pour aggraver la situation à Gaza.

Selon les informations du journal israélien Yedioth Ahronoth du 10 octobre et de Haaretz du 18 novembre, un hélicoptère militaire israélien a tué de nombreux colons israéliens, notamment ceux du festival de musique Nova près de Gaza, où 364 colons sont morts. Les combattants du Hamas, ignorant l’existence du festival, ont été pris pour cible par l’hélicoptère. Pour empêcher de nouvelles infiltrations depuis Gaza, les forces d’occupation israéliennes ont frappé plus de 300 cibles dans les zones environnantes.

Les témoignages israéliens ont confirmé que les raids et opérations militaires ont tué à la fois les prisonniers israéliens et leurs ravisseurs. La directive Hannibal des forces d’occupation israéliennes met l’accent sur la préférence pour un captif ou un soldat mort plutôt qu’emmené vivant pour éviter les échanges de prisonniers avec la résistance palestinienne.

Les autorités d’occupation ont révisé le nombre de leurs soldats et civils tués de 1 400 à 1 200 après avoir découvert que 200 cadavres brûlés appartenant à des combattants palestiniens étaient mélangés à des cadavres israéliens. L’armée israélienne, qui possède des aéronefs militaires, est responsable des destructions du 7 octobre.

Les raids aériens intensifs des forces d’occupation israélienne sur Gaza ont entraîné la mort de près de 60 prisonniers israéliens, ce qui témoigne d’un mépris pour leur vie, souligne le Hamas.

Le Hamas ajoute également que le nombre de morts « civils » était exagéré car de nombreux colons israéliens tués au cours de l’opération étaient armés et combattaient aux côtés des forces d’occupation israéliennes, et pourtant ils ont été enregistrés comme « civils » après avoir été tués au combat.

« Ceux qui soutiennent l’agression israélienne ne regardent pas les événements de manière objective mais justifient plutôt le massacre de Palestiniens par Israël en disant que les victimes parmi les civils en cas d’attaque contre les combattants du Hamas sont collatérales », peut-on lire dans le mémorandum.

Appel à la justice

Le Hamas, mettant en doute l’engagement de certains pays, à savoir les États-Unis, l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, envers la justice, le mouvement a exhorté le procureur de la CPI et son équipe à se rendre rapidement en Palestine occupée pour examiner les crimes et les violations des droits humains, plutôt que de s’appuyer sur des observations à distance ou de céder aux restrictions israéliennes.

En décembre 2022, l’Assemblée générale de l’ONU a demandé l’avis de la Cour Internationale de Justice sur les conséquences juridiques de l’occupation illégale « israélienne », demande soutenue par près de 100 pays,  souligne le mouvement de résistance. Les pays qui soutiennent l’occupation ont rejeté cette décision, entravant les efforts visant à poursuivre les criminels de guerre israéliens par le biais de la compétence universelle des tribunaux européens.

Les événements du 7 octobre doivent être compris dans le contexte plus large des luttes contre le colonialisme et l’occupation, ajoute le texte. Des luttes similaires démontrent que l’oppression exercée par les occupants suscite des réponses correspondantes de la part des personnes sous occupation.

Les gens du monde entier prennent conscience des mensonges des gouvernements qui soutiennent le discours israélien, dans le but de justifier des positions partiales et de dissimuler les crimes israéliens. Ces nations négligent les causes profondes du conflit : l’occupation et le déni du droit des Palestiniens à vivre dignement sur leurs terres. Ils montrent également leur indifférence face au blocus injuste imposé à des millions de personnes à Gaza et au sort des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, où les droits fondamentaux sont bafoués

Le Hamas, en conclusion du mémorandum, a appelé à l’arrêt immédiat de l’agression israélienne à Gaza, à la mise en cause d’Israël pour les souffrances humaines causées par l’occupation, au soutien à la résistance palestinienne et à la solidarité des nations du monde entier contre le deux poids, deux mesures.

Le mouvement de résistance poursuit en exigeant la fin du fait que les grandes puissances fournissent une protection à « Israël », en rejetant toute décision prise par les puissances étrangères concernant l’avenir de Gaza et en s’opposant aux tentatives d’expulsion de la population de Gaza par Israël. Le Hamas appelle à une pression mondiale continue pour mettre fin à l’occupation, à une résistance à la normalisation avec le régime israélien et à un boycott global de l’occupation et de ses partisans.

Lien vers le PDF complet du mémorandum

Quelques notes et photos sur le rassemblement pour Gaza qui s’est tenu le 16 juillet à Lyon

17 juillet 2014

Hier a eu lieu à Lyon un deuxième rassemblement de solidarité avec Gaza assiégée et bombardée par les terroristes sionistes.  Ce rassemblement qui a commencé à 18h se tenait place des Terreaux au pied de l’Hôtel de Ville.

Plusieurs centaines de personnes étaient présentes, on était loin des milliers du rassemblement précédent. On peut imputer ce relativement faible effectif à l’heure tardive et à la chaleur pesante de nature à dissuader une partie des jeûneurs en ce mois de Ramadan.

Ou encore aux images de la manifestation parisienne où on a pu voir des casseurs sionistes agresser des manifestants pro-palestiniens sous les yeux et semble-t-il avec l’aval de la police. De fait, aucun de ces casseurs miliciens affiliés à la Ligue de Défense Juive n’a été interpellé. C’est au contraire dans les rangs des agressés que la police a procédé à des arrestations, une des personnes arrêtées ayant même été condamnée à quatre mois de prison ferme.

Il y avait sans doute autre chose qui a à voir avec des divergences entre les organisations qui forment l’ossature du Collectif 69 et une partie des sympathisants de la cause palestinienne qui  récusent le terme de guerre pour décrire l’agression contre une population dépourvue d’armée et de refuge où fuir  perpétrée par un régime sioniste, doté d’une armée moderne dont la puissance de feu dans le domaine aérien et terrestre se compare à celle de pays comme le Royaume Uni ou la France.

Il y a aussi cette irritation devant le fait que le droit des Palestiniens à se défendre n’est pas clairement affirmé par des associations membres d’un Collectif, sauf tout le respect que je leur dois, dont les difficultés de positionnement renvoient à la division des Palestiniens, avec en gros le Hamas d’une part et le Fatah d’autre part.

Dans cette affaire, il vaudrait sans doute mieux s’en tenir aux principes, qui sont ceux de l’autodétermination et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un droit auquel malheureusement l’OLP a largement renoncé le jour où feu Yasser Arafat a déclaré que la Charte de l’OLP était caduque.

Il faut pourtant relire cette charte  pour s’apercevoir qu’elle reste d’actualité et que si par malheur elle devenait vraiment caduque (ou si elle était abrogée, ce qui n’est pas le cas), les Juifs ou prétendus tels n’auraient strictement aucun avenir au Proche Orient.

Revenons à la manifestation elle-même. Le journal Le Progrès a couvert cet événement et en rend compte dans l’article reproduit ci-dessous:

Le Progrès - 17 juillet 2014

Le Progrès – 17 juillet 2014

La coupure que j’évoquais entre les différentes catégories de sympathisants de la cause palestinienne est bien apparue hier. On l’a constatée par exemple au moment de la prise de parole de l’avocat lyonnais Gilles Devers qui a eu bien du mal à réajuster son propos devant des auditeurs qui attendent une prise de parole non seulement sur le registre juridique et humanitaire mais surtout sur le registre politique.

On l’a constaté aussi avec ce qui est relaté dans l’article de presse avec le départ d’une partie de l’assemblée qui a improvisé un défilé vers la place Bellecour puis la place Gabriel Péri (place du Pont) sur la rive gauche du Rhône (la place des Terreaux est rive droite). Pour ceux qui ne connaissent pas Lyon, la place du Pont, c’est un peu l’équivalent de Barbès à Paris.

J’étais avec un de mes frères et ni lui, ni moi ne nous étions aperçus de la formation de cette manifestation spontanée. C’est sur le chemin du retour, à hauteur de la rue de la Barre, qu’une jeune femme nous a interrogés sur la manifestation place Bellecour. Comme nous écarquillions les yeux, elle nous a dit que les manifestants avaient des emblèmes comme celui qu’arborait mon frère. Nous avons alors décidé d’aller voir et c’est là que nous avons croisé des jeunes gens qui se dirigeaient vers le pont de la Guillotière. Des policiers à pied, en deux roues et en voiture les suivaient de près.

Nous les avons donc suivis mais il faut dire qu’ils allaient très vite et comme nous avions fait la connaissance d’un monsieur bien dans la cinquantaine, nous avons traîné un peu et nous les avons perdus de vue alors qu’ils s’étaient engagés dans la rue Paul Bert.

En revenant vers le Cours Gambetta et la place Gabriel Péri, nous avons pu voir pas mal de véhicules de police ainsi que des policiers à moto positionnés sur l’important carrefour formé par le Cours Gambetta,la rue Paul Bert, la rue de Marseille et la Grande rue de la Guillotière.

Les policiers étaient interpellés par des jeunes, debout ou assis à une terrasse de café (mais sans café cause jeûne du mois de Ramadan) qui leur lançaient des cris d’animaux, genre cris de volaille quoique je n’ai pas pu vraiment distinguer précisément compte tenu du bruit ambiant dans ce secteur où la circulation est importante et où une masse humaine est engagée dans une foule de conversations.

Ces jeunes signifiaient simplement aux policiers que ce qui s’était passé à Paris avec la passivité/complicité des forces de l’ordre devant les casseurs de la Ligue de Défense Juive ne leur avait pas échappé.

De fait, on peut se dire que si Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira avaient eu l’intention de discréditer pèle-mêle l’Etat français, la police et la justice françaises, ils ne s’y seraient pas pris autrement que ce qu’ils ont donné à voir dimanche dernier.

Allez, quelques photos d’hier (malheureusement j’an ai raté beaucoup, ça m’apprendra à changer d’appareil au dernier moment).

J'arrivé à 17 h 40, en retard à cause d'un ralentissement dû à un accident sur l'autoroute

J’arrive par la rue Joseph Serlin à 17 h 40, en retard à cause d’un ralentissement dû à un accident sur l’autoroute

Le rassemblement se tenais devant l'Hôtel de Ville deLyon

Le rassemblement se tenait devant l’Hôtel de Ville de Lyon

L'ambiance est pacifique mais l'indignation et la colères sont très présentes

L’ambiance est pacifique mais l’indignation et la colères sont  palpables

Que faisaient-ils là?

Que faisaient-ils là?

Sur ce cliché on voit au premier plan une personne enveloppée dans le drapeau du Conseil National Syrien. Au fond, face au portail de la mairie, on voit flotter l’emblème de l’Etat islamique en Irak et au Levant. Le porteur de ce drapeau était seul, je ne suis pas parvenu à décider si c’était un Maghrébin ou un autre type d’arabe  ou encore un Européen. Ce qui est sûr, c’est qu’il a bien arboré son drapeau pour que tout un chacun puisse le voir, puis il est reparti discrètement, seul.

Prise de parle de Me Gilles Devers

Prise de parole de Me Gilles Devers

Un autre plan sur Me Gilles Devers

Un autre plan sur Me Gilles Devers

Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) était présent

Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) était présent

Cette militante a un rôle très important depuis quelques années mais je ne sais toujours pas qui c'est!

Cette militante  qui prend la parolea un rôle très important depuis quelques années mais je ne sais toujours pas qui c’est! Son discours fait mouche!

Elle est floue mais je l'aime bien quand même

Elle est floue mais je l’aime bien quand même

Une inscription qui traduit bien les sentiments de beaucoup

Une inscription qui traduit bien les sentiments de beaucoup

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18h40, ça bouchonne rue de la Barre et Pont de la Guillotière à cause du déploiement policier

Les jeunes de la manifestation improvisée place Bellecour se dirigent vers le Pont de la Guillotière

Les jeunes de la manifestation improvisée place Bellecour se dirigent vers le Pont de la Guillotière

Le gros de la troupe arrive

Le gros de la troupe arrive

Même les traînardes ont finalement été plus rapides que nous

Même les traînardes ont finalement été plus rapides que nous

La police escorte les manifestants

La police escorte les manifestants

Le gros des forces de police  positionnées en arrière de la manifestation

Le gros des forces de police positionnées en arrière de la manifestation

Cours Gambette direction Place Dupont

Cours Gambetta direction Place  du Pont

Entrée de la rue Paul Bert. La plupart des gens sont des chalands, la rue Paul Bert est extrêmement fréquentée pendant Ramadan

Entrée de la rue Paul Bert. La plupart des gens sont des chalands, la rue Paul Bert est extrêmement fréquentée pendant Ramadan

Motards de la police à l'entrée de la rue Paul Bert

Motards de la police à l’entrée de la rue Paul Bert

Motards de la police au carrefour rue de Marseille - Cours Gambetta

Motards de la police au carrefour rue de Marseille – Cours Gambetta

De nombreux véhicules de police arrivent dans le secteur de la place Gabriel Péri On voit que deux d'entre eux étaient déjà stationnés sur l'es voies en sens inverse du Cours Gambetta. Un de ces véhicules est stationné à contresens.

De nombreux véhicules de police arrivent dans le secteur de la place Gabriel Péri On voit que deux d’entre eux étaient déjà stationnés sur l’es voies en sens inverse du Cours Gambetta. Un de ces véhicules est stationné à contresens.

L’émir du Qatar à Gaza: les dessous d’un flop

24 octobre 2012

La presse nous parle abondamment de la visite de l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, dans la bande de Gaza.

Prêts à accueillir l’émir du Qatar

On peut lire que

 Yigal palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, s’est dit « atterré » que le Qatar ait pris le parti d’une formation considérée par les Etats-Unis et l’Union européenne comme une organisation terroriste.

Il est cependant évident que cet évènement qu’on ne saurait minimiser n’a pu se produire que grâce à l’assentiment des autorités sionistes. Ces dernières ont d’ailleurs tenu à montrer, avant et après cette visite, qu’elles restaient maîtresses du jeu en bombardant ce territoire comme elles ont coutume de le faire.

On ne peut pas préjuger des conséquences diplomatiques de cette visite dont l’objectif est avant tout de renforcer la position du Hamas, moins face au régime sioniste que face à l’Autorité Palestinienne et s’inscrit dans la recomposition du paysage politique arabe recherchée par les Etats Unis et les monarchies (démocratiques) du Golfe.

Le fait que le Hamas soit classé par les Etats Unis parmi les organisations terroristes ne constitue en rien une entrave à cette recomposition palestinienne. Les Etats Unis n’ont en effet pas hésité à s’allier avec ce qu’on appelle des djihadistes en Libye et même en Syrie, et ils se sont longtemps servis des Moudjahidine Khalq iraniens, pourtant inscrits sur la liste des organisations terroristes il y a peu de temps encore.

Le Qatar entend sans doute remercier le Hamas pour s’être démarqué du régime syrien qui offrait encore tout récemment à ce mouvement les moyens de son déploiement vers les Palestiniens de l’extérieur et vers des pays amis de la cause palestinienne.

De fait, le soutien à la cause palestinienne est un des paramètres de la légitimité de tout gouvernement arabe et c’est cet attribut qu’entend s’accaparer l’émir du Qatar après en avoir supposément privé le régime de Damas.

Comme il se doit,

Le Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a dénoncé la visite, appelant les pays arabes à « ne pas poursuivre la politique d’établissement d’une entité séparatiste dans la bande de Gaza, qui sert fondamentalement les desseins israéliens ».

De fait, ce qu’on a du mal à percevoir, c’est ce que retirera le projet national palestinien de cette visite et de ces annonces. Elle enfonce un coin supplémentaire entre l’OLP et le Hamas, c’est un des buts recherchés, alors qu’il faudrait au contraire rapprocher ces deux organisations et éloigner l’OLP de l’entité sioniste.

C’est tout le contraire qui va se passer et le risque est bien présent de confirmer le régime sioniste dans la possibilité de constituer des Bantoustans palestiniens, l’un sous la dépendance du Qatar et de l’Egypte, l’autre directement supervisé par le régime sioniste et la Jordanie à un moindre degré. Jusque à l’expulsion complète et progressive des Palestiniens de Cisjordanie qui céderont toute la place aux colons.

L’émir a, nous dit-on, inauguré un certain nombre de projets et annoncé des centaines de millions de dollars d’investissements dans la bande de Gaza, pour construire des routes et des logements notamment.

Faute de règlement politique, ces réalisations seront détruites lors de la prochaine offensive sioniste contre Gaza. Et l’émir est peut-être venu avec de l’argent mais sans proposition politique correspondant aux aspirations nationales du peuple palestinien. Exactement comme lors de sa première visite à Gaza en 1999.

Et la solution des bantoustans, même avec un soupçon de prospérité, ne répondra pas aux aspirations du peuple palestinien qui la rejettera nécessairement.

 Côté Hamas, l’heure est à l’enthousiasme apparemment puisque :

Acclamé par des milliers de Palestiniens, alors que sa limousine cahotait sur la chaussée défoncée qu’il a promis de reconstruire, l’émir a ensuite été accueilli avec les honneurs par Ismaïl Haniyeh, Premier ministre de l’administration mise sur pied par le mouvement islamiste.

Et peut-on lire aussi :

« Aujourd’hui, vous annoncez officiellement la levée du blocus politique et économique imposé à la bande de Gaza », a dit à cheikh Hamad le chef du gouvernement du Hamas Ismaïl Haniyeh, à l’occasion de la pose à Khan Younès (sud) de la première pierre d’un projet immobilier destiné à des familles défavorisées, qui portera le nom de l’émir.

« Aujourd’hui, nous abattons le mur du blocus (israélien) grâce à cette visite historique et bénie », a-t-il ajouté.

L’émir n’a pourtant rien annoncé de tel. Il a simplement dit qu’il allait un peu dorer la cage dans laquelle sont enfermés les habitants de Gaza, dont la plupart sont des réfugiés ou descendants de réfugiés d’autres régions de la Palestine.

Si la direction du Hamas et certains Palestiniens semblent se bercer d’illusions sur l’impact de la visite de l’émir, l’opinion palestinienne fait preuve semble-t-il de plus de maturité. Et c’est sans doute pour cette raison que l’engouement populaire pour cette visite est plus apparent que réel.

 Vous voulez une preuve ?

L’émir du Qatar annule son discours dans le stade de Gaza

par Ibrahim Barzak | Associated Press –  23octobre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Ville de Gaza, Bande de Gaza – L’émir de Qatar a annulé un discours qu’il devait prononcer devant les Palestiniens dans le plus grand stade de football de la ville de Gaza.

Les responsables du Hamas présents dans le stade ont annoncé l’annulation et ordonné aux milliers de personnes présentes ce mardi de rentrer chez elles.

Ce discours était le point d’orgue de la visite historique de l’émir dans la bande de Gaza.

Le Hamas a invoqué l’emploi du temps chargé de l’émir quand il a annoncé le changement. Mais le stade n’était plein qu’à environ un cinquième de sa capacité au moment de l’annonce de l’annulation.

A la place, l’émir a prononcé un discours devant un auditoire beaucoup plus réduit à l’université de Gaza.

Comme on le voit, pas plus l’OLP que le Hamas ou l’émir du Qatar ne doivent se faire d’illusions quant à leur popularité réelle auprès de la population palestinienne. Tous incarnent, à des degrés divers, l’incapacité des élites politiques arabes à être à la hauteur des enjeux.

L’OLP va peut-être commencer à en prendre conscience suite à son échec aux élections municipales en Cisjordanie. Il faudra sans doute un peu plus de temps à un Hamas grisé par son succès diplomatique pour comprendre qu’une légitimité acquise dans les urnes il y a quand même quelques années, ne signifie pas un blanc seing ou une adhésion unanime à des démarches qui contribuent à diviser les Palestiniens et à mettre en échec leur projet national.

Le déblocage de la situation s’amorcera peut-être une fois que la crise syrienne s’apaisera au profit, je l’espère, d’une solution conforme à l’intérêt national syrien et arabe. Après tout, c’est bel et bien avec les basses manœuvres du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et des Etats Unis que s’est nouée cette évolution inattendue et funeste de la scène politique palestinienne.

Le Hamas qui incarnait jusque là l’esprit de résistance a pris le chemin du renoncement pour une poignée de dollars. Il lui reste quand même encore un petit bout de chemin à faire pour rejoindre l’OLP dans l’abjection.