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Que dit le Hamas du 7 octobre?

12 février 2024

Il arrive qu’on entende sur les ondes en France ou dans d’autres pays européens des voix palestiniennes, le plus souvent des membres de l’OLP ou des personnalités liées à l’Autorité Palestinienne dirigée par Abou Mazen.

Leurs prises de parole sont souvent très intéressantes mais ne sont évidemment pas celles du mouvement Hamas, du Djihad Islamique ou du FPLP, ce dernier étant le seul mouvement dépourvu de religiosité dans son approche de la lutte, les trois organisations impliquées à des degrés divers dans les combats en cours dans la bande de Gaza.

Il n’y a pas de journalistes étrangers dans la bande de Gaza où ils courraient sans doute le risque d’être tués par la Haganah comme des dizaines de leurs confrères palestiniens l’ont été. Mais les journalistes ne semblent pas non plus intéressés à s’entretenir avec des cadres militants du Hamas à l’étranger, ce qui est difficilement compréhensible quand on voit l’étendue des prises de parole des sionistes, dirigeants ou militants, civils ou militaires, dans les médias occidentaux, français tout particulièrement. Le Hamas est certes considéré comme une organisation terroriste par les pays membres de l’UE mais l’un de ces derniers a-t-il jamais été attaqué par cette organisation? La réponse est dans la question: jamais.

Ainsi, et quel que soit le jugement qu’on porte sur le Hamas, son idéologie et ses actions, on n’a pas son point de vue sur ce qui s’est passé le 7 octobre alors que nous avons eu droit au défilé quasi ininterrompu des menteurs et affabulateurs sionistes sur tous les plateaux de radio et de télévision.

Le Hamas a pourtant donné son point de vue dans un mémorandum rendu public en langue anglaise. A ma connaissance, aucun exposé, avec ou sans commentaires, de ce mémorandum n’a été diffusé dans la presse.

Le média libanais Al  Mayadeen propose une synthèse du mémorandum du Hamas que je vous livre en langue française.

Vous trouverez un lien vers le texte intégral en fin d’article

Le Hamas explique: Il n’y avait pas d’autre choix que le 7 octobre

Par Al Mayadeen, 21 janvier 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le mouvement de résistance palestinienne du Hamas explique les raisons de l’opération al-Aqsa Flood d’un point de vue historique, politique et humanitaire, alors qu’il cherche à démystifier les mensonges israéliens sur l’opération.

L’Opération Inondation d’Al-Aqsa était une étape nécessaire et une réponse normale pour faire face à toutes les conspirations israéliennes contre le peuple palestinien et sa cause ; un acte défensif dans le cadre de la libération de la Palestine de l’occupation israélienne, du recouvrement des droits des Palestiniens et du chemin vers la libération et l’indépendance comme tous les peuples du monde, a déclaré le mouvement palestinien de résistance Hamas.

Le Hamas a publié dimanche un mémorandum intitulé : « Notre récit… de l’opération al-Aqsa », dans lequel le mouvement de résistance explique les raisons et les motivations de l’opération du 7 octobre, ainsi que son contexte général concernant la cause palestinienne et une démystification du récit israélien et des accusations portées contre la résistance palestinienne.

Le mouvement de la Résistance a expliqué que de nombreuses raisons l’ont poussé à mener cette opération, notamment :

– La judaïsation projetée par Israël de la mosquée al-Aqsa et et les tentatives de la diviser.

–  Les actions du gouvernement israélien d’extrême droite, qui prend des mesures pratiques pour usurper l’intégralité de la Cisjordanie et d’Al-Qods [Jérusalem, NdT] occupée dans le cadre de projets d’expulsion des Palestiniens de leurs foyers.

– Les milliers de Palestiniens injustement détenus par l’occupation israélienne, privés de leurs droits les plus fondamentaux et sont l’objet d’agressions et d’humiliations extrêmes.

–  Le blocus aérien, maritime et terrestre injuste imposé à la bande de Gaza depuis 17 ans.

– L’expansion à un niveau sans précédent  des colonies israéliennes à travers la Cisjordanie.

– L’ escalade quotidienne des violences perpétrées par les colons contre les Palestiniens.

– Les sept millions de Palestiniens déplacés qui vivent dans des conditions effroyables dans des camps de réfugiés et souhaitent retourner sur leurs terres.

– L’échec de la communauté internationale à créer un État palestinien et la complicité des grandes puissances pour empêcher la création d’un État palestinien.

Le Hamas fait valoir que l’on ne pouvait pas s’attendre à ce que le peuple palestinien continue d’attendre et de compter sur les Nations Unies, qu’il a qualifiées d’ impuissantes», affirmant que sa seule option était de « prendre l’initiative de défendre le peuple palestinien, ses terres, ses droits et leur caractère sacré ». « . Le Hamas souligne que ses actions relèvent de la légitime défense, qui est un droit inscrit dans les lois et conventions internationales.

Ça n’a pas commencé le 7 octobre

Comme s’en font l’écho les partisans de la Résistance palestinienne et de la cause palestinienne, le Hamas souligne que la situation critique de la cause de la libération n’a pas commencé le 7 octobre ; « mais cela a commencé il y a 105 ans, dont 30 ans de colonialisme britannique et 75 ans d’occupation sioniste. »

Le mémorandum rappelle qu’en 1918 le peuple palestinien possédait 98,5 % des terres de la Palestine tout en représentant 98 % de la population avant que les sionistes, venus dans le cadre d’une coordination entre les autorités coloniales britanniques et le mouvement sioniste, ne parviennent à prendre le contrôle de 6 % au maximum des terres de la Palestine alors qu’ils représentaient 31 % de la population avant 1948, c’est-à-dire avant la déclaration de création d’un « Israël ».

« A cette époque, le peuple palestinien s’est vu refuser le droit à l’autodétermination et les bandes armées sionistes se sont engagées dans une campagne de nettoyage ethnique contre le peuple palestinien visant à l’expulser de ses terres et de ses régions », ajoute le long texte.

Les bandes armées sionistes ont déplacé 57 % de la population palestinienne et détruit plus de 500 villages et villes palestiniens tout en commettant des dizaines de massacres contre le peuple palestinien, ce qui a conduit à la création d’«Israël» en 1948. « Poursuivant l’agression, les forces israéliennes ont occupé en 1967 le reste de la Palestine, y compris la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem, en plus de territoires arabes autour de la Palestine. »

Tout au long de la longue histoire de l’occupation de la Palestine, le peuple palestinien a souffert de toutes les formes d’oppression, d’injustice et de privation de ses droits fondamentaux, souligne le Hamas, citant Gaza comme exemple lorsqu’en 2007, elle a été soumise à un blocus étouffant toujours en vigueur à ce jour, ce qui en fait la plus grande prison à ciel ouvert du monde. 

Le mouvement de la Résistance rappelle également que : «Le peuple palestinien de Gaza a également souffert de cinq guerres/agressions destructrices où « Israël » était l’agresseur.»

En un peu plus de deux décennies, entre janvier 2000 et septembre 2023, l’occupant israélien  a tué 11 299 Palestiniens et en a blessé 156 768 autres, dont une écrasante majorité de civils ajoute le Hamas. Pendant ce temps, «l’administration américaine et ses alliés n’ont pas prêté attention aux souffrances du peuple palestinien au cours des dernières années, mais ont couvert l’agression israélienne ».

« L’administration américaine a fourni un soutien financier et militaire aux massacres commis par l’occupant israélien contre les civils palestiniens et à l’agression brutale contre la bande de Gaza, et pourtant, les responsables américains continuent d’ignorer les massacres commis par les forces d’occupation israéliennes à Gaza »,  observe  le mémo.

De même, commentant les accords d’Oslo de 1993 signés par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’occupant israélien sous les auspices des États-Unis, le Hamas souligne que les accords stipulaient la création d’un État palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, un processus qui été « systématiquement détruit » par «Israël» à travers «une vaste campagne de construction de colonies et de judaïsation des terres palestiniennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem».

En réponse à toutes ces injustices, le Hamas a demandé : « Qu’attendait-on du peuple palestinien après tout cela ?

Le 7 octobre visait l’armée israélienne

Le mouvement de la Résistance en vient à expliquer que son opération du 7 octobre visait à attaquer des sites militaires israéliens et à faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles concluent un accord d’échange de prisonniers afin de libérer les Palestiniens des prisons israéliennes. L’accent était mis sur la destruction de la division de Gaza et des sites militaires des forces d’occupation israéliennes à proximité des colonies autour de Gaza.

Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont souligné leur engagement à éviter de porter atteinte aux civils, en particulier aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées. Elles ont déclaré que tout ciblage accidentel de civils s’était produit lors d’affrontements avec les forces israéliennes.

Le Hamas, depuis sa création en 1987, s’est engagé à éviter de porter atteinte aux civils. Il a évoqué des initiatives visant à épargner les civils des combats, mais celles-ci auraient été ignorées par l’occupant israélien.

Le document reconnaît des failles potentielles de l’opération Al-Aqsa Flood dues à l’effondrement rapide du système de sécurité israélien. Le mouvement Hamas a souligné qu’il traitait correctement les civils détenus dans Gaza, cherchant à négocier leur libération pendant une trêve humanitaire en échange de femmes et d’enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

La Résistance palestinienne a étayé ses efforts visant à cibler uniquement l’appareil militaire avec de nombreux éléments de preuve, soulignant que « des clips vidéo pris ce jour-là – le 7 octobre – ainsi que les témoignages des Israéliens eux-mêmes qui ont été publiés plus tard ont montré que les combattants des brigades Al-Qassam n’ont pas ciblé les civils et que de nombreux Israéliens ont été tués par l’armée et la police israéliennes en raison de leur état de confusion. »

L’affirmation selon laquelle « 40 bébés avaient été décapités » par des combattants palestiniens a été fermement contredite, même des sources israéliennes la rejettent. Malheureusement, de nombreux médias occidentaux ont adopté et promu cette fausse allégation, lit-on dans le document.

Les allégations selon lesquelles des combattants palestiniens, y compris des membres du mouvement Hamas, auraient violé des femmes israéliennes, ont été complètement démenties. Un reportage du 1er décembre 2023 de Mondoweiss soulignait l’absence de preuves du prétendu « viol de masse» du 7 octobre, suggérant qu’« Israël » a utilisé cette accusation pour aggraver la situation à Gaza.

Selon les informations du journal israélien Yedioth Ahronoth du 10 octobre et de Haaretz du 18 novembre, un hélicoptère militaire israélien a tué de nombreux colons israéliens, notamment ceux du festival de musique Nova près de Gaza, où 364 colons sont morts. Les combattants du Hamas, ignorant l’existence du festival, ont été pris pour cible par l’hélicoptère. Pour empêcher de nouvelles infiltrations depuis Gaza, les forces d’occupation israéliennes ont frappé plus de 300 cibles dans les zones environnantes.

Les témoignages israéliens ont confirmé que les raids et opérations militaires ont tué à la fois les prisonniers israéliens et leurs ravisseurs. La directive Hannibal des forces d’occupation israéliennes met l’accent sur la préférence pour un captif ou un soldat mort plutôt qu’emmené vivant pour éviter les échanges de prisonniers avec la résistance palestinienne.

Les autorités d’occupation ont révisé le nombre de leurs soldats et civils tués de 1 400 à 1 200 après avoir découvert que 200 cadavres brûlés appartenant à des combattants palestiniens étaient mélangés à des cadavres israéliens. L’armée israélienne, qui possède des aéronefs militaires, est responsable des destructions du 7 octobre.

Les raids aériens intensifs des forces d’occupation israélienne sur Gaza ont entraîné la mort de près de 60 prisonniers israéliens, ce qui témoigne d’un mépris pour leur vie, souligne le Hamas.

Le Hamas ajoute également que le nombre de morts « civils » était exagéré car de nombreux colons israéliens tués au cours de l’opération étaient armés et combattaient aux côtés des forces d’occupation israéliennes, et pourtant ils ont été enregistrés comme « civils » après avoir été tués au combat.

« Ceux qui soutiennent l’agression israélienne ne regardent pas les événements de manière objective mais justifient plutôt le massacre de Palestiniens par Israël en disant que les victimes parmi les civils en cas d’attaque contre les combattants du Hamas sont collatérales », peut-on lire dans le mémorandum.

Appel à la justice

Le Hamas, mettant en doute l’engagement de certains pays, à savoir les États-Unis, l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, envers la justice, le mouvement a exhorté le procureur de la CPI et son équipe à se rendre rapidement en Palestine occupée pour examiner les crimes et les violations des droits humains, plutôt que de s’appuyer sur des observations à distance ou de céder aux restrictions israéliennes.

En décembre 2022, l’Assemblée générale de l’ONU a demandé l’avis de la Cour Internationale de Justice sur les conséquences juridiques de l’occupation illégale « israélienne », demande soutenue par près de 100 pays,  souligne le mouvement de résistance. Les pays qui soutiennent l’occupation ont rejeté cette décision, entravant les efforts visant à poursuivre les criminels de guerre israéliens par le biais de la compétence universelle des tribunaux européens.

Les événements du 7 octobre doivent être compris dans le contexte plus large des luttes contre le colonialisme et l’occupation, ajoute le texte. Des luttes similaires démontrent que l’oppression exercée par les occupants suscite des réponses correspondantes de la part des personnes sous occupation.

Les gens du monde entier prennent conscience des mensonges des gouvernements qui soutiennent le discours israélien, dans le but de justifier des positions partiales et de dissimuler les crimes israéliens. Ces nations négligent les causes profondes du conflit : l’occupation et le déni du droit des Palestiniens à vivre dignement sur leurs terres. Ils montrent également leur indifférence face au blocus injuste imposé à des millions de personnes à Gaza et au sort des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, où les droits fondamentaux sont bafoués

Le Hamas, en conclusion du mémorandum, a appelé à l’arrêt immédiat de l’agression israélienne à Gaza, à la mise en cause d’Israël pour les souffrances humaines causées par l’occupation, au soutien à la résistance palestinienne et à la solidarité des nations du monde entier contre le deux poids, deux mesures.

Le mouvement de résistance poursuit en exigeant la fin du fait que les grandes puissances fournissent une protection à « Israël », en rejetant toute décision prise par les puissances étrangères concernant l’avenir de Gaza et en s’opposant aux tentatives d’expulsion de la population de Gaza par Israël. Le Hamas appelle à une pression mondiale continue pour mettre fin à l’occupation, à une résistance à la normalisation avec le régime israélien et à un boycott global de l’occupation et de ses partisans.

Lien vers le PDF complet du mémorandum

Le viol comme arme de guerre (de la propagande sioniste)

4 janvier 2024

Après les accusations d’enfants décapités, de bébé cuit au four, accusations fantaisistes et jamais étayées par le moindre début de preuve, la propagande sioniste a lancé une campagnee qui dure encore à ce jour d’accusations de viols commis par les combattants palestiniens et même de viols systématiques. Cette campagne est la plus importante pour la propagande sioniste parce qu’elle est supposée mobiliser les opinions publiques féminines et, en leur sein, les féministes dont l’opinion peut exercer une influence considérable sur les médias, auxquels elles ont largement accès, et ainsi, sur les responsables politiques.

Le problème pour les propagandistes sionistes est que ces accusations de viols, et surtout de viols systématiques, ne sont pas étayées non plus par des preuves et que le régime sioniste a refusé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante.

Sur cette affaire des viols, c’est le New York Times qui a été l’instrument principal de la machine propgandiste sioniste par le recours à une technique banale de la manipulation des opinions: en enumérant dans un article des cas de viols présumés (ou hypothétiques) et en les rendant crédibles aux yeux du lectorat par la présentation d’un cas emblématique qui mêle témoignages et imagerie de sorte à faciliter son maintien dans la mémoire du lecteur par la juxtaposition de l’image et de l’émotion.

Le problème principal de cet article dit d’investigation est qu’il n’est pas conforme aux faits, ce qui a particulièrement contrarié la famille de la victime mise en exergue dans l’article, victime qui a bien été tuée mais certainement pas violée.

Ceci dit la propagande n’a rien à faire de la véracité de ce qu’elle raconte. Il lui suffit qu’un premier article ou une première émission de télévision parle d’un fait pour qu’il soit repris à l’unission par les petits télégraphistes de la hasbara un peu partout dans le monde. Aucun démentin aucune contradition ne fera bouger ceux qui comme Goebbels pense qu’il suffit de répéter un menseonge autrant de fois qu’il faudra pour qu’il passe pour une vérité.

La famille d’une victime emblématique dans un article du New York Times sur les violences sexuelles du 7 octobre réfute l’article et affirme que les journalistes l’a manipulée.

Un article du New York Times faisant état de violences sexistes systématiques le 7 octobre s’articulait autour de l’histoire de Gal Abdush. Mais la famille Abdush affirme qu’il n’y a aucune preuve qu’elle a été violée et que les journalistes du Times a interviewé ses membres sous de faux prétextes.

Par The Short String, Mondoweiss (USA), 3 janvier 2024,

Le 28 décembre, le New York Times a publié un article « d’investigation » sur les violences basées sur le genre qui auraient été commises par des Palestiniens lors de l’attaque du 7 octobre. Le journal affirmait que son article s’appuyait sur plus de 150 entretiens menés par le journaliste Jeffrey Gettleman, lauréat du prix Pulitzer, avec Anat Schwartz et Adam Sella. L’article concluait que les combattants du Hamas s’étaient livrés à des viols et à des violences sexuelles systématiques contre des femmes israéliennes.

L’article lui-même reprenait des témoignages du 7 octobre qui avaient été publiés précédemment et déjà été démystifiés et discrédités, mais l’ enquête du Times s’articulait principalement sur un récit central, l’histoire du viol de « Gal Abdush », qui était présentée par le Times comme « la femme ». dans la robe noire.

Bien que prétendant que son article prouve que « les agressions contre les femmes n’étaient pas des événements isolés mais faisaient partie d’un schéma plus large de violence sexiste le 7 octobre », la véracité de l’histoire du New York Times a été mise à mal presque aussitôt qu’elle a été publiée, y compris par la famille Abdush elle-même qui affirme qu’il n’y a aucune preuve que Gal Abdush a été violée et que le New York Times les a interviewés sous de faux prétextes.

La version des événements selon le New York Times

Une photo poignante de la famille de Gal Abdush – une famille juive mizrahi [Juifs orientaux] de la classe ouvrière qui a perdu sa fille et son gendre, Nagi Abdush – est apparue à la une du journal qui a consacré un tiers de son article à l’affaire Abdush. Le reportage était centré sur une vidéo filmée le 8 octobre par une femme appelée Eden Wessely, et publiée sur ses comptes de réseaux sociaux. Selon le Times , « la vidéo est devenue virale, avec des milliers de personnes qui ont réagi, inquiets de savoir si la femme en robe noire était leur amie, sœur ou fille disparue. » Le journal n’a pas mis de lien vers la vidéo mais en a publié une image lointaine et indistincte qui ne révélait rien. On ne sait pas comment le Times a confirmé l’existence de ces réactions puisque le compte Instagram de Wessely a été interdit et qu’elle a en a créé un nouveau à la mi-décembre.

Le journal relate la tragédie des membres de la famille, comment ils ont appris le sort de leur fille et comment la vidéo et leur fille sont devenues connues sous le nom de « la femme à la robe noire ». Le Times indique que son mari, Nagi Abdush, qui a également été tué, avait envoyé son dernier message à 7h44 précises, demandant à la famille de prendre soin de leurs enfants. Ce que le journal a omis d’écrire, et que la famille a confirmé plus tard, c’est que le mari les avait contactés à 7 heures du matin et leur avait annoncé le décès de sa femme.

Le Times affirme que la famille a vu l’enregistrement vidéo et « avait craint qu’elle n’ait été violée » en raison de l’état du corps. Le Times déclare également que la police israélienne a utilisé la vidéo comme preuve d’un viol : « Les vidéos ont également attiré l’attention des responsables israéliens – très rapidement après le 7 octobre, ils ont commencé à rassembler des preuves d’atrocités. Ils ont inclus des images du corps de Mme Abdush dans une présentation destinée aux gouvernements étrangers et aux médias, utilisant Mme Abdush comme représentation des violences commises contre les femmes ce jour-là.»

Il n’existe actuellement aucune trace de la vidéo sur Internet, même si le Times affirme qu’elle est « devenue virale ». De plus, la presse israélienne, malgré des centaines d’articles sur les victimes du 7 octobre, n’a jamais mentionné « la femme en robe noire » ne serait-ce qu’une seule fois avant l’article du 28 décembre. Il ne semble pas que la vidéo soit en fait devenue le symbole largement diffusé selon le Times . Quoi qu’il en soit, moins d’un jour après la publication de l’article, des faits ont commencé à émerger qui ont fragilisé la version du Times .

« Une invention des médias« 

Le 29 décembre, le site israélien « YNET » a publié une interview d’Etti Brakha, la mère de Gal Abdush. Dans l’interview, la mère dit que la famille ne savait rien de la question de l’agression sexuelle jusqu’à la publication de l’article dans le Times : « Nous n’étions pas du tout au courant du viol. Nous ne l’avons su qu’après qu’un journaliste du New York Times nous a contactés. Ils ont dit avoir recoupé les preuves et conclu qu’elle avait été agressée sexuellement.»

Puis, le 1er janvier, Nissim Abdush, le frère de Nagi, est apparu dans une interview sur la chaîne israélienne 13. Au cours de l’interview d’une durée de 14 minutes, Nissim a nié à plusieurs reprises que sa belle-sœur avait été violée. Il a expliqué que son frère Nagi l’avait appelé à 7 heures du matin pour lui dire que sa femme avait été tuée et qu’il était à côté de son corps. Il a ensuite continué à communiquer jusqu’à 7 h 44 et n’a jamais mentionné quoi que ce soit en rapport avec une agression sexuelle. Nissim a également déclaré qu’aucun organisme  officielle ne les avait informés de ces doutes ou de cette enquête, ni la police ni les médecins légistes. Dans l’interview, Abdush a réitéré que la femme de son frère n’avait pas été violée et que « c’était une invention des médias ».

Les sœurs de Gal ont également rejeté les allégations de viol. Sa sœur Tali Barakha a posté sur Instagram en disant : « Personne ne peut savoir ce que Gal a vécu là-bas ! Aussi, ce que Nagi a vécu, mais je ne peux pas aller dans le sens de ceux qui disent beaucoup de choses qui ne sont pas vraies. Je vous supplie d’arrêter de répandre des mensonges, il y a une famille et des enfants derrière eux, personne ne peut savoir s’il y a eu un viol ou si elle a été brûlée vive. Es tu devenu fou? J’ai parlé personnellement à Nagi ! À 7 heures, Gal a été tuée par ces animaux et ils lui ont tiré une balle dans le cœur. Nagi était en vie jusqu’à huit heures et quart… »

TALI BARAKHA INSTAGRAM POST.

De même, Miral Altar, la sœur de Gal, a écrit un commentaire sur Instagram en réponse à une vidéo d’un compte propagandiste . Altar a déclaré : « Je ne peux pas comprendre toutes ces informations. Il y a eu beaucoup d’histoires difficiles, pourquoi cette histoire en particulier ? C’est basé sur une seule vidéo publiée à l’insu de la famille… C’est vrai que les scènes de la vidéo ne sont pas faciles, mais il est clair que la robe est relevée vers le haut et pas dans son état naturel, et la moitié de sa tête est brûlée parce qu’ils ont lancé. une grenade sur la voiture. Je ne veux pas être compris comme si je justifiais ce qu’ils ont fait ; ce sont des animaux, ils ont violé et décapité des gens, mais dans le cas de ma sœur, ce n’est pas vrai. À 6h51, Gal nous a envoyé un message sur WhatsApp disant « nous sommes à la frontière et vous ne pouvez pas imaginer les bruits d’explosions autour de nous ». À 7 heures, mon beau-frère a appelé son frère et lui a dit qu’ils avaient tiré sur Gal et qu’elle était mourante. Cela n’a aucun sens qu’en quatre minutes, ils l’aient violée, massacrée et brûlée ?»

MIRAL ALTAR INSTAGRAM COMMENT

D’autres commentaires d’amis et de proches de la famille Abdush (dont a réalité des relations a été confirmée via les réseaux sociaux) suggèrent également que la vidéo « La femme en robe noire » elle-même n’apporte pas assez d’informations pour étayer l’allégation de viol

Shiran Maluka, l’amie de Miral, a écrit : « Sur la base de quoi Eden Wessely conclut-elle qu’elle a été violée ? D’après la vidéo qu’elle a prise, il n’y a aucune preuve, ce n’est pas vrai que la moitié de son corps a été brûlée, seulement son visage, et il n’y a rien d’autre qu’une robe remontée. Un autre ami, Almog Peretz Hemo, a écrit un commentaire similaire.

De nombreux commentaires émanant de la famille Abdush et de son entourage soulignent le rôle d’Eden Wessely dans la promotion des allégations de viol. Bien que les citations de Wessely dans le Times ne contiennent pas de description explicite, ses déclarations par la suites aux médias israéliens étaient très explicites et indiquaient clairement que selon elle Abdush avait été violé, brûlée et assassinée. Ceux qui ont été échaudés par cette histoire semblent croire que c’est en fait le témoignage et l’interprétation personnelle d’Eden Wessely qui ont initialement soulevé ces allégations de violences sexuelles plutôt que la vidéo elle-même. Ils soutiennent que le témoignage de Wessely est inexact et ne correspond pas à ce que l’on voit dans la vidéo.

Un coup d’œil sur le compte Facebook d’Eden Wessely révèle ses opinions d’extrême droite.

Par exemple, au début de la guerre, Wessely a publié de fausses nouvelles, démenties par les médias israéliens, sur « des traîtres israéliens qui ont soutenu les combattants du Hamas lors de l’attaque du 7 octobre ». Wessely a également partagé de nombreux messages de l’organisation d’extrême droite « Im Tirtzu » et des messages du rappeur d’extrême droite « Hatzel », considéré comme un symbole du fascisme raciste israélien. Dans un autre article, Wessely a partagé une photo de l’avocate israélienne des droits de l’homme Lea Tsemel, l’appelant : « Le diable incarné ».

Instrumentaliser « la femme à la robe noire » [l’article utilise le verbe « weaponize » qui signifie transformer en arme, NdT]

Les témoignages de la famille confirment sans équivoque que les autorités israéliennes n’ont pas eu la décence d’informer la famille de l’enquête sur le viol d’un membre de leur famille. Mais trois mois après sa mort, les autorités israéliennes et la police israélienne transforment son cas en arme et utilisent la mort de Gal Abdush comme instrument de propagande pour obtenir du soutien et justifier le génocide contre les Palestiniens à Gaza.

De même, le  New York Times  s’est également associé à l’exploitation de la famille d’une manière absolument contraire à l’éthique journalistique. Bien qu’ils aient mentionné l’élément du viol à la famille, les journalistes du Times n’ont pas précisé que c’était là le sujet de l’article et les ont évidemment amenés à accepter de participer en disant qu’ils voulaient présenter la tragédie familiale. Selon la sœur d’Abdush, Miral Alter, c’est la raison pour laquelle la famille a accepté de parler au journaliste. Comme Alter l’explique dans le commentaire Instagram ci-dessus, les journalistes du Times « ont indiqué qu’ils voulaient écrire un article à la mémoire de Gal, et c’est tout, si nous avions su que le titre parlerait de viol et de boucherie, nous n’aurions jamais accepté ça ».

En fin de compte, il semble que le New York Times ait manipulé une famille ouvrière Mizrahi pour le compte de la hasbara israélienne afin de réaliser un «coup» journalistique, qui n’est en réalité rien d’autre que la répétition de fausses nouvelles et de propagande gouvernementale.

De la fonction des accusations de viols par la propagande sioniste

9 décembre 2023

Dans cet article Kareena Pannu s’intéresse aux accusations de viols qu’auraient commis les militants du Hamas à l’encontre de victimes ressortissantes de l’entité sioniste. De telles accusations avaient été énoncées peu de temps après l’irruption des militants palestiniens en Palestine occupée le 7 octobre mais, sans avoir jamais disparu totalement du récit, elles étaient restées en arrière-plan. Mais depuis quelques jours on assiste, ainsi que l’observe l’auteure de l’article à un retour de ces accusations avec une force nouvelle, d’abord dans les relais de la hasbara, aussi bien journaux que télévisions et comptes sur les réseaux sociaux puis dans l’ensemble des médias occidentaux. La simultanéité et la similarité des messages sur les réseaux sociaux est tout à fait évidente en plus de leur caractère absolument massif.

Ces accusations ont une fonction très claire pour les Goebbels sionistes: enrôler les féministes occidentales aux côtés du régime sioniste et rejeter la lutte palestinienne de la sphère des combats légitimes.

Malgré le manque de preuves, les allégations de « viols massifs » commis par le Hamas justifient le génocide israélien à Gaza

L’absence de toute preuve de « viols massifs » perpétrés par des membres du Hamas le 7 octobre n’a pas empêché Israël d’utiliser ces accusations comme arme pour légitimer son génocide des Palestiniens à Gaza.

Par Karrena Pannu, Mondoweiss (USA) 8 décembre 2023 traduit de l’anglais par Djazaïri

Après une accalmie, les allégations israéliennes de violences sexuelles commises par le Hamas sont revenues en force pour faire la une des journaux internationaux. Alors que l’ONU est sujette à une pression accrue pour condamner les violences sexuelles présumées du Hamas, le regain soudain et massif d’attention des médias et de la communauté internationale près de deux mois après le 7 octobre appelle la question : pourquoi maintenant ?

En effet, les récits de violence sexuelle ont non seulement réapparu, mais ils l’ont fait avec vigueur. Des histoires sinistres de viols collectifs, de mutilations et même de nécrophilie ont été diffusées par les médias. Cela s’est produit malgré l’absence de preuves substantielles d’agressions sexuelles apportées par les forces d’occupation israéliennes [FOI]. A plusieurs reprises, Israël a manqué à fournir des preuves médico-légales, des preuves photographiques concrètes ou des témoignages de victimes aux agences de presse au-delà des conclusions établies par les équipes médico-légales israéliennes . En effet, le Times of Israel affirme que les FOI ne fourniront jamais de preuves médico-légales parce que « les preuves physiques d’agressions sexuelles n’ont pas été recueillies sur les cadavres par les morgues surchargées d’Israël », et il serait désormais trop tard pour rassembler des preuves concluantes. 

Actuellement, le dossier à charge d’Israël consiste en un témoignage oculaire montré en privé à des  journalistes par la police israélienne, des témoignages de « ramasseurs de corps », d’équipes médico-légales et de l’état-major de l’armée, des photographies prises sur des sites suggérant que des femmes pourraient avoir été agressées sexuellement, et des témoignages de combattants du Hamas obtenus par le Shin Bet [Sécurité intérieure], dont le recours à la torture est notoire. Les témoignages des victimes ne seront pas partagés ; la police n’a interrogé aucune victime survivante et, selon May Golan, ministre israélienne des droits des femmes, les très rares victimes qui ont survécu reçoivent un traitement psychiatrique et sont donc, c’est bien commode, incapables de parler. 

On est loin des efforts persistants des Palestiniens, obligés de filmer leurs proches assassinés, leurs enfants brûlés et mutilés, ainsi que leurs amis et leur famille dans leurs moments de deuil les plus terribles, le tout dans une tentative désespérée de montrer au monde ce qui se passe, ce qu’ils subissent. C’est peut-être à cela que ressemble un privilège, où la dignité des victimes israéliennes est préservée, et la dignité des victimes palestiniennes doit être rejetée dans une démarche désespérée pour faire connaître leurs souffrances, parfaitement conscients que la survie du peuple palestinien en dépend. 

Le maintien du secret par Israël reste assourdissant ; les FOI ont projeté en exclusivité une compilation de 47 minutes de « séquences brutes » aux journalistes invités, au lieu de partager les séquences avec les agences de presse pour qu’elles en rendent compte et les vérifient de manière indépendante (les journalistes d’Al Jazeera, notamment, n’ont pas été invités à y assister). Parmi les invités, le journaliste Owen Jones n’a vu aucune « preuve concluante » de torture, de violence sexuelle, de viol ou de décapitation. De plus, bien qu’il ait appelé l’ONU à condamner les actes de violence sexuelle du Hamas, Israël refuse de coopérer avec une commission d’enquête de l’ONU sur les violences sexuelles commises par le Hamas sur la base ridicule que l’ONU a « un parti pris anti-israélien ». 

Néanmoins, malgré le manque de preuves, Israël a renouvelé ses allégations d’actes de violence sexuelle commis par le Hamas, mais avec une nouvelle contextualisation; ces violences faisaient désormais partie d’une tactique systématique et concertée de viols massifs, a affirmé le Dr Elkayam-Levy, chef de la « Commission civile sur les crimes du 7 octobre commis par le Hamas contre les femmes et les enfants » et professeur de droit à l’histoire troublé de violations des droits de l’homme et des liens étroits avec le «Conseil national de sécurité ». Ce narratif a été repris par le Département d’État américain, dont le porte-parole, Matt Miller, a allégué que « l’une des raisons pour lesquelles [le Hamas] ne veut pas livrer les femmes qu’il a prises en otage, et la raison pour laquelle la trêve a été interrompue c’est qu’ils [le Hamas] ne veulent pas que ces femmes puissent parler de ce qui leur est arrivé pendant leur détention.»

A l’inverse, en l’absence de preuves concrètes d’agressions sexuelles, que peut-on savoir sur la manière dont le Hamas traite les femmes ? On peut dire que les otages nous fournissent la preuve la plus claire du comportement du Hamas envers les femmes, puisque nous disposons d’images directes de leur libération. Le gouvernement israélien a affirmé, de manière assez absurde, que les otages étaient sous tranquillisants  au moment de leur libération, ce qui expliquerait leurs adieux amicaux aux membres du Hamas avec des poignées de main, des blagues et des sourires. La majorité des otages n’ont pas encore été interviewés publiquement, à l’exception de Mia Leimberg , qui est sortie de captivité avec son chien Bella. Les expériences des otages varient ; tandis que la lettre virale de Daniel Aloni remerciait le Hamas pour le traitement qu’il avait réservé à elle et à sa fille, lors d’une réunion entre des membres du cabinet de guerre israélien et des otages libérés, un otage anonyme aurait raconté des incidents d’attouchements. Cependant, les preuves auxquelles nous avons directement accès, qui comprennent des images de la libération des otages et des vidéos TikTok publiées par les otages libérés, montrent que les otages sont souriants et en assez bonne condition.

Cette dernière action propagandiste témoigne du désespoir de la machine de propagande israélienne. Des militants [pro-Palestiniens, NdT] et des journalistes ont souligné à juste titre comment le gouvernement israélien a utilisé les allégations d’agressions sexuelles comme une arme, en fonction d’arrière-pensées plutôt que par véritable préoccupation pour les femmes et les enfants, étant donné le bilan horrible d’Israël en matière de viols et d’abus sexuels, et en outre, sa censure active des organisations de défense des droits de l’homme qui enquêtent sur les agressions sexuelles sur des enfants palestiniens, ce que Josh Paul , ancien directeur au Département d’État américain, a reconnu sur CNN. 

L’affirmation infondée du Département d’État américain selon laquelle le cessez-le-feu a pris fin en raison des désirs barbares du Hamas à l’égard des femmes manque de crédibilité. Cependant, l’instigation et la montée en puissance d’une tempête médiatique sensationnaliste autour du 7 octobre ont permis au gouvernement israélien de réaffirmer son hégémonie sur les récits qui entourent les événements de cette journée. Les descriptions farfelues des attaques du Hamas remettent le focus sur le Hamas, nuisant ainsi à l’impact de nouvelles enquêtes menées par les agences de presse qui ne vont pas dans le sens du narratif du gouvernement israélien sur une attaque impitoyable menée par le Hamas et s’intéressent à la responsabilité des forces d’occupation israéliennes dans le massacre de civils israéliens et suggèrent que l’attaque aveugle de l’armée israélienne contre le Hamas pourrait avoir également causé la mort de citoyens israéliens .

En outre, l’accent mis sur la brutalité et l’inhumanité des attaques du Hamas le 7 octobre sert de plus en plus à légitimer la vengeance israélienne. L’offensive d’Israël n’a aucun semblant de proportionnalité, puisque le nombre de morts dépasse les 16 000 et que de nombreuses vidéos choquantes documentent, de manière approfondie et détaillée, l’anéantissement des Palestiniens, y compris l’incinération de nourrissons et de jeunes enfants. Exagérer l’inhumanité des attaques du Hamas suggère qu’il existe une équivalence dans la réponse israélienne ; même si sl’ampleur n’est pas la même, il s’agit de suggérer que l’offensive d’Israël est de même nature et brutalité, et que par conséquent, la vengeance contre une population de 2,2 millions de personnes est logique..

Mais les choses vont plus loin que cela. Le recours aux caricatures orientalistes faciles représentant les hommes arabes en tant que prédateurs sexuels sauvages est à la fois sournois et destructeur. La suggestion selon laquelle la brutalité et la dépravation sexuelle sont des caractéristiques intrinsèques des hommes et du peuple arabes suggère que les Palestiniens sont, de manière inhérente et irrémédiable, une race perverse et que leur annihilation totale est donc justifiable. Fabriquer le consentement à un génocide ne fonctionne que lorsque le génocide d’un peuple n’est pas considéré comme une perte, et que l’éradication de sa culture, de son histoire et de son humanité est un acte qui rend le monde meilleur. La stigmatisation et la déshumanisation des hommes indigènes et des hommes de couleur ne sont pas nouvelles. C’est un procédé qui n’est que trop familier et nous devons y résister.

Pour la majorité des étudiants juifs américains, l’Etat « juif » n’est pas civilisé.

24 février 2016

Le site de Philip Weiss reste une des sources les plus riches quand on s’intéresse à l’actualité relative à la cause palestinienne. [vous pouvez aller directement à l’article qui se trouve à la fin de mon texte]

Il le prouve une nouvelle fois en révélant l’essentiel de la teneur d’une conférence qui s’est tenue à Jérusalem dans l’objectif de trouver les moyens d’une propagande efficace en faveur de l’entité sioniste et de contrer le mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions)

On sait que faute d’arguments légitimes, les partisans de l’entité sioniste en sont désormais le plus souvent réduits à faire pression sur les gouvernements étrangers pour qu’ils adoptent des dispositions qui rendent l’appel au boycott illégal. C’est déjà le cas en France avec la circulaire Alliot-Marie que Sainte Christiane Taubira s’est bien gardée d’abroger. Ailleurs, comme au Canada, c’est une motion motion votée au parlement tandis que le Royaume Uni se prépare à légiférer pour interdire le BDS…

Ce qui n’empêchera pas le mouvement de boycott de prendre de l’ampleur tout comme l’impopularité ou du moins le scepticisme à l’égard de l’entité sioniste.

Ainsi, les conférenciers sionistes ont pu avoir un état des lieux inquiétants sur la perception de l’entité sioniste par les étudiants juifs américains. Ces derniers non seulement ne sont pas une majorité à penser que l’entité sioniste veut la paix, mais ils sont à peine 38 % à considérer que nous parlons d’un Etat « civilisé ».

Ce qui ne signifie bien sûr pas qu’ils renoncent nécessairement à soutenir l’entité sioniste mais qui donne à penser que ce soutien n’est pas un acquis intangible.

Et c’est là un gros problème pour le régime sioniste. En effet, cette entité coloniale s’est elle-même mise sous la coupe d’une métropole en obtenant la protection des Etats Unis. Au fil des ans, la colonie juive a su construire tout un dispositif de propagande, d’influence et de contrôle qui lui permet d’influer fortement sur la politique de la métropole, du moins quand cette politique est en rapport avec sa sécurité et sa prospérité.

Ce contrôle n’est pas absolu et il peut être mis en échec à force de patience et d’habileté, ce qu’ont su démontrer Barack Obama et John Kerry dans le dénouement de la crise avec l’Iran. Une démarche qui n’a été possible que parce que Barack Obama effectue son deuxième et dernier mandat présidentiel !

Un des instruments de ce contrôle est la communauté juive, ou plus exactement les organisations communautaires juives qu’elles agissent dans le domaine social, culturel, religieux ou politique. C’est par leur intermédiaire que l’actions sioniste peut se déployer verticalement, vers les couches dirigeantes (élus municipaux, gouverneurs d’Etats, sénateurs etc.) et horizontalement (vers les citoyens ordinaires).

L’animation et les relais de ces organisations, aussi bien verticalement qu’horizontalement, est le plus souvent assurée par des membres de l’élite, c’est-à-dire des gens qui occupent des postes à responsabilité dans les domaines de l’économie, de la culture, de l’information, de la religion etc. Ces gens ont généralement été formés à l’université [il n’existe pas de « grandes écoles » aux Etats Unis] où ils ont acquis non seulement des compétences et des connaissances mais aussi une vision de la vie et de la politique au sens large parfois sur la base d’engagements pour telle ou telle cause.

L’état moral de cette frange de la population étudiante donne donc une indication sur les orientations que pourrait prendre cette population une fois arrivée à l’âge de maturité et de la participation active à la vie publique locale, régionale ou nationale.

Et quand on s’intéresse à la population étudiante juive, cet état moral semble des plus préoccupants si on en croit un spécialiste des enquêtes d’opinion qui participait à la conférence de Jérusalem.

 La majorité des étudiants juifs américains ne voit pas Israël comme un pays « civilisé » ou une « démocratie » affirme Luntz lors d’une conférence secrète anti-BDS

par Ofer Neiman, Mondoweiss (USA) 2 février 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le lien vers l’information en hébreu. En résumé :

Le ministre Gilad Erdan [ministre de la sécurité publique, des affaires stratégiques et de l’information] a organisé une conférence secrète à Jérusalem, qui a réuni 150 partisans influents d’Israël.

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Gilad Erdan et son complice Benjamin Netanyahou

Le spécialiste des sondages d’opinion Frank Luntz, marqué politiquement à droite, [qui avait auparavant affirmé que sionisme était devenu un gros mot pour les élites des Etats Unis] a présenté des statistiques :

_ La tentative du ministère du tourisme pour vendre Israël comme une destination sympa [filles et bikinis] a échoué.

– Les étudiants juifs américains ont une image de plus en plus négative d’Israël

– Ils ne sont que 42 % à croire qu’Israël veut la paix.

-Seulement 38 % d’entre eux pensent que ‘Israël est civilisé et occidental”.

-31% seulement considèrent qu’Israël est une démocratie.

– Pas moins de 21 % d’entre eux pensent que les Etats Unis devraient prendre le parti des Palestiniens.

Le nouvel agenda, pas si nouveau que ça, proposé par Luntz et Cie : les partisans d’Israël doivent dire qu’ils sont pour le dialogue et un processus de paix qui passe par la diplomatie, et ils doivent accuser ceux qui soutiennent le BDS de faire obstacle au dialogue et de répandre la haine.

J’irai cracher sur vos tombes au cimetière de La Mouche

22 septembre 2014

La commémoration de la mort d’innocents tués au nom d’une idéologie barbare devrait être pour tous une occasion non seulement de recueillement mais de rassemblement. Ce devrait par exemple être le cas avec la cérémonie qui s’est tenue le 21 septembre au cimetière israélite de La Mouche à Lyon en hommage,je cite l’article du Progrès reproduit un peu plus loin,, « aux martyrs de la Soha privés de sépulture. »

Le problème est qu’il n’en fut rien puisque le rabbin Richard Wertenschlag, préposé à la cérémonie, n’a rien trouvé de mieux à faire qu’e d’évoquer le conflit qui oppose Palestiniens et sionistes dont il trouve injuste le traitement par les médias qui présentent selon lui les victimes comme des bourreaux.

Comme quoi, il y a bien une exploitation du souvenir des victimes de la seconde guerre au service d’une idéologie qui n’a rien à envier au nazisme et d’un Etat scélérat et criminel.

Quelqu’un avait écrit quelque chose comme « J’irai cracher sur vos tombes ». Un certain rabbin l’a fait.

Le Progrès - 22 septembre 2014

Le Progrès – 22 septembre 2014

La lutte contre le sionisme est aussi celle de la vérité contre le mensonge

25 juillet 2014

Une analyse intéressante sur les changements en train de s’opérer dans le traitement du conflit palestino-sioniste par les grands médias, notamment ce qu’on appelle « corporate media » aux Etats Unis,

L’auteur expose les procédés en usage dans la propagande sioniste avec l’inflexion qui leur a été donnée après l’opération Plomb Durci fin 2008 – début 2009.

L’auteur, Deepa Kumar, insiste sur deux points : le rôle d’Internet et des réseaux sociaux qui permettent non seulement de véhiculer très rapidement hors de Gaza des images tournées sur place par des habitants mais aussi de faire connaître des points de vue différents et enfin de mobiliser la sphère des pro-palestiniens sur Internet pour exercer des pressions sur certains médias.

L’autre point tient à la présence de journalistes étrangers à l’intérieur de la bande de Gaza. Comme l’explique, Deepa Kumar, confrontés à la réalité de ce que subissent les habitants de la bande de Gaza, s’ils « ont un coeur et un cerveau, ils [les journalistes] ne peuvent faire autrement que considérer la propagande sioniste pour ce qu’elle est », c’est-à-dire une contre-vérité.

Deepa Kumar est une universitaire spécialisée dans les médias

Deepa Kumar est une universitaire spécialisée dans l’analyse des médias

Je conclurai comme l’auteur de l’article en disant que si les Palestiniens n’ont pas à leur disposition les think-tanks et les équipes rémunérées pour intervenir dans les forums de discussion et commenter les articles de presse, ils ont l’allié le plus précieux : la vérité.

« Plus ils ont de morts, mieux c’est » : les revers d’Israël dans sa guerre médiatique

Alors que le monde regarde horrifié le massacre des Palestiniens, la guerre de propagande d’Israël est contestée

par Deepa Kumar, Salon (USA) 23 juillet 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

La guerre de propagande d’Israël a franchi une nouvelle étape dans la bassesse. Alors que le monde essayait encore d’encaisser le choc du meurtre de masse à Shejaiya, Benjamin Netanyahou s’est montré devant les caméras de CNN pour affirmer que le Hamas se sert des « télégéniquement morts » pour promouvoir « sa cause. » Il a ajouté que pour le Hamas : « Plus il y a de morts, mieux c’est. » Même si Netanyahou avait suivi le script prévu par la propagande qui consiste d’abord à montrer de la sympathie et à exprimer des regrets, en réduisant les Palestiniens tués à des sessions photographiques, il a montré comment fonctionne son esprit.

Il existe un script standard pour la manière de parler des victimes palestiniennes. Après qu’Israël a tué quatre garçons sur une plage de Gaza le 16 juillet, la classe médiatique américaine s’est alignée sur le canevas de la communication israélienne : reconnaître la tragédie mais faire porter le chapeau au Hamas. C’est exactement ce qu’a fait Mark Regev, le porte parole israélien, quand il a été soumis à un feu roulant de questions par le journaliste présentateur John Snow sur Channel 4 News. (Angleterre). C’est également ainsi que le porte parole du Département d’Etat US Jen Psaki a répondu, utilisant le même argumentaire mot pour mot

Ce canevas, ce cadre argumentatif, a été développé en 2009 et est exposé dans le Global Language Dictionary de l’Israel Project. Ce manuel orwellien propose une méthode détaillée sur la manière de « communiquer efficacement pour soutenir Israël. »

Un de ses premiers commandements est que les propagandistes po-israéliens doivent montrer de l’empathie. Le manuel souligne qu’ils doivent « montrer de l’empathie pour les DEUX camps » (en majuscules dans le texte original) comme moyen de gagner en crédibilité et en confiance. Pour s’assurer que ce point sera bien compris, le manuel répète encore (en gras souligné cette fois) l’instruction «utilisez l’Empathie » – l’idée étant que l’empathie est un outil important à utiliser dans la guerre de propagande.

Quand des femmes et des enfants palestiniens innocents sont tués, la première réponse doit consister à faire preuve d’empathie ; la suivante est de reformuler lle problème en observant qu’on ne peut pas en faire reproche à Israël qui ne fait que se défendre et qui veut seulement la paix. Même quand pleuvent mort et destruction, le manuel est clair : « Rappelez à l’auditoire – encore et toujours – qu’Israël veut la paix. »

Elaboré après la guerre contre Gaza en 2008, à un moment où les Américains commençaient à montrer une plus grande sympathie pour les Palestiniens, ce manuel de propagande essaye de combler certaines des insuffisances [de la propagande, NdT] pendant l’opération Plomb Durci. Parmi les diverses améliorations qu’il propose, le manuel note qu’il est important de faire la distinction entre le peuple palestinien et le Hamas. Ayman Molhyeldin, un des rares journalistes internationaux à avoir couvert Plomb Durci, avait observé qu’Israël cherchait à « présenter tout le monde à Gaza comme des sympathisants du Hamas, des sympathisants terroristes » comme moyen de justifier les tirs meurtriers aveugles.

Le manuel de 2009 va au rebours de cette stratégie, en affirmant que bien que les Américains « saisissent » que le « Hamas est une organisation terroriste… s’ils ont l’impression que vous attaquez le peuple palestinien ;;; vous perdrez du soutien. » Le manuel souligne encore : « En ce moment même, beaucoup d’Américains ont de la sympathie pour le sort des Palestiniens et cette sympathie va se renforcer si vous ne parvenez pas à différencier le peuple de ses dirigeants. »

En d’autres termes, si on veut le recul de la sympathie pour le peuple palestinien, de nouveaux procédés sont nécessaires pour en compléter d’autres plus anciens.

La propagande israélienne a une longue histoire. En 1982, l’invasion du Liban avait suscité la condamnation internationale. En particulier, le massacre de Palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila avaient nui à son image auprès de l’opinion publique. Israël avait alors crée un organisme de relations publiques dont la mission était d’entretenir une bonne image médiatique aux Etats Unis. Le projet de Hasbara propagande] comprenait la formation des diplomates et des attachés de presse israéliens à parler d’une manière qui garantisse une couverture médiatique favorable.

L’observatoire des médias, le Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America (CAMERA), fut crré pour assurer une veille médiatique et répondre au traitement médiatique « injuste » d’Israël.

Mais le traitement médiatique d’Israël n’est pas simplement le produit de bons argumentaires, il est plutôt le résultat de la « relation spéciale » entre les Etats Unis et Israël et de leurs intérêtes mutuels au Moyen Orient. C’est out sauf une coïncidence si Psaki utilise les même langage que Mark Regev. ou si John Kerry fait écho à Netanyahou.

L’élite politique américaine, l’élite israélienne et les propriétaires des grands médias ont en commun un ensemble d’intérêts politiques et économiques qui garantit la domination de la propagande israélienne dans les médias établis. Si les journalistes et les médias s’écartent trop du script, diverses organisations pro-israéliennes comme CAMERA déclenchent un tir de barrage et mobilisent suffisamment de pression sur les rédactions et les journalistes pour qu’ils rentrent dans le rang.

Comme Glenn Greenwald l’a observé récemment, les personnalités et les cadres dirigeants des médias ont plus « peur » de traiter d’Israël que de n’importe quel autre sujet. Jon Stewart a dit la même chose sur un ton comique dans son sketch ‘Nous devons parler d’Israël.’

Le résultat est qu’au final, le traitement par la presse du conflit israélo-palestinien suit un patron [pattern ou modèle] qui est schématisé par Sut Jhally, un universitaire spécialiste des médias, dans une vidéo éducative qu’il a produite intitulée Peace, Propaganda and the Promised Land, US Media and the israeli-Palestinian Conflict.

Fissures dans la machine de propagande

Mais quelque chose de nouveau s’est produit dans les médias établis, particulièrement depuis la tragédie du 16 juillet. Ayman Mohyeldin, qui travaille actuellement pour NBC [un grand network américain], a assisté et a rendu compte de l’assassinat de sang froig par Israël de 4 petits garçons palestiniens qui jouaient au football sur la plage. Le reportage de Mohyeldin était poignant mais avait néanmoins été diffusé par NBC.

Cependant, NBC avaut immédiatement rappelé Molhyedin, sans donner d’explication sur pourquoi son meilleur journaliste sur ce sujet (Mohyeldne avaiit déjà travaillé à Gaza, parle arabe et a une bonne connaissance de la situation politique au Moyen Orient) devait être retiré de la bande de Gaza.

C’est la procédure standard dans l’establishment médiatique. Mais ce qui s’est passé par la suite est tout sauf standard.

Suite à un article de Glenn Greenwald sur cette situation |le rappel du journaliste] dans Intercept, de nombreuses personnes, surtout à travers les réseaux sociaux, ont mis la pression sur NBC. A la différence des procédures habituelles où la pression vient seulement d’organisations pro-israéliennes bien dotées financièrement, cette fois ce sont des gens ordinaires ébranlés par le nombre de tués palestiniens qui ont organisé leur dissidence..

Le résultat a été que Mohyeldin a été rétabli à son poste. Il a tweeté : « Merci pour tout ce soutien. Je retourne à #Gaza pour rendre compte [de la situation]. Je suis fier de l’engagement constant de NBC pour couvrir le côté #palestinien de l’histoire. »

De la même manière, l’indignation suscité par Diane Sawyer d’ABC [autre grand network américain] qui avait présenté comme israéliennes des victimes affligées par le deuil et la souffrance alors qu’elles étaient palestiniennes, a eu pour résultat, chose rare, que ce grand média pro-israélien a présenté des excuses.

« La dynamique à l’oeuvre est la suivante : En premier lieu, des médias indépendants ont joué un rôle décisif en contrant la propagande israélienne et en proposant des versions alternatives [des événements]. En second lieu, les médias sociaux ont fourni un forum qui a permis de véhiculer le travail de journalistes indépendants ainsi que des témoignages de première main émanant de Palestiniens à Gaza. Troisièmement, dans ces espaces Israël est en train de perdre la bataille de la propagande malgré ses vastes ressources en spécialistes de la désinformation. Quatrièmement, des militants de terrain qui utilisent les réseaux sociaux ont été en mesure de faire exercer des pressions sur l’establishment médiatique. Cinquièmement, ce climat a mis les journalistes des grands médias présents sur le terrain à parler plus ouvertement des horreurs que subit Gaza.

Ainsi, Tyler Hicks, journaliste photo pour le New York Times, qui a aussi assisté à l’attaque israélienne sur la plage, a eu l’autorisation de publier un article dans le New York Times sur cette expérience. Qualifiant de mensonge les déclarations israéliennes selon lesquelles seul le Hamas est visé par les bombardements, il écrit : « Une petite cabane en métal dépourvue d’électricité et d’eau courante sur une jetée en bord de mer sous un soleil de plomb ne semble par le genre de le lieu fréquenté par des militants du Hamas, lles cibles expressément visées par l’armée israélienne. Des enfants, mesurant un peu plus d’un mètre, habillés en tenue d’été, fuyant une explosion, ne correspondent pas non plus à la description de combattants du Hamas. »

Présent sur la plage quand cette tragédie s’est produite, Hicks demande : « Si des enfants sont tués, qu’est-ce qui pourra me protéger, ou protéger n’importe qui d’autre ? »

Ben Wedemen, correspondant à l’étranger chevronné pour CNN, a pu découvrir par lui-même que rien ne peut protéger les journalistes. Il a été touché à la tête par une balle israélienne en caoutchouc. Après cet incident, il a fait un reportage en direct sur une famille de Gaza qui évacuait son quartier en prévision d’une attaque israélienne. Le cri d’horreur d’une fillette entendant une frappe de missile près de là où elle se trouvait a rempli les écrans des téléspectateurs de CNN.

C’est peut-être la première fois que les Américains sont informés de la souffrance du peuple palestinien par la presse de l’establishment ? Même si le cadre de référence qui consiste à « accuser les Hamas » domine la couverture de la situation par les médias dominants, l’humanité des Palestiniens fraie son chemin à travers les fissures d’une propagande pro-israélienne bien installée depuis de dizaines d’années.

Et comment pourrait-il en être autrement ? Quand l’expérience réelle des journalistes contredit le discours propagandiste, s’ils ont un coeutr et un cerveau, ils ne peuvent faire autrement que considérer la propagande sioniste pour ce qu’elle est. C’est sans doute pour ça qu’Israël avait tenu à l’écart les journalistes étrangers êndant l’opération Plomb Durci en 2008.

Une autre journaliste de CNN, Diana Magnay, qui entendait les applaudissements des Israéliens quand les Palestiniens étaient bombardés, a dit spontanément en direct – « c’est vraiment stupéfiant, macabre et vraiment quelque chose de vraiment horrible de voir ce spectacle des flammes dans le ciel. » Journaliste expérimentée, elle semble s’être auto-censurée et avoir substitué les mots « spectacle des flammes » à ceux qui traduisaient vraiment sa pensée sur les gens qui applaudissaient : « salauds », le mot qu’elle tweetera par la suite.

Magnay avait écrit : « Des Israéliens sur la colline qui surplombe Sderot applaudissent quand des bombes tombent sur Gaza ; ils menacent de « détruire notre voiture si je dis quelque chose de mal.’ Salauds »

En dépit des fortes tentatives d’intimidation que subissent les journalistes, ici de faire sauter la voiture de Magnay si elle dit seulement un »mot de mal », ce genre de pressions semble de moins en moins efficace. Si Magnay a été éloignée de Gaza par CNN, des réseaux sociaux vigilants ont combiné leurs effets aux manifestations de masse dans le monde entier pour créer un climat dans lequel si les médias veulent garder leur crédibilité ils doivent au moins donner l’impression d’avoir une position équilibrée.

C’est l’ouverture que  les militants en faveur des droits des Palestiniens doivent exploiter afin de recadrer le débat. S’ils manquent d’organisations de lobbying, d’observatoires de surveillance de la presse, de trolls rémunérés, de spécialistes de la désinformation et des vastes ressources financières dont dispose le camp israélien, ils ont une chose pour eux  – la vérité.

Deepa Kumar is a professor of Media Studies at Rutgers University. She is on Twitter @ProfessorKumar. She is the author, most recently, of Islamophobia and the Politics of Empire. You can follow her work at Deepakumar.net.

Tel Aviv menace ouvertement la presse internationale: « le Hamas se sert des journalistes comme de boucliers humains »

20 juillet 2014

Des menaces accueillies avec indifférence par la corporation journalistique française puisque l’information est peu reprise par la presse française. Personnellement je n’ai pu la trouver que sur le site de Zone Bourse :

Israël appelle les journalistes étrangers à la prudence

19/07/2014 | 23:27

Le bureau de presse du gouvernement israélien a averti samedi les journalistes étrangers qu’il n’était pas responsable de leur sécurité dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne mène depuis jeudi soir une opération terrestre.

« Gaza et ses alentours sont un champ de bataille. Couvrir les hostilités expose les journalistes à un danger qui peut être mortel », précise le bureau de presse dans un communiqué.

« Israël n’est en aucun cas responsable des blessures ou des dégâts qui pourraient résulter de reportages sur le terrain. »

Depuis le 8 juillet, les bombardements puis l’opération terrestre menée par Tsahal dans la bande de Gaza ont fait 336 morts côté palestinien, en majorité des civils. Les Israéliens ont eu cinq morts, trois militaires et deux civils. (Maayan Lubell, Guy Kerivel pour le service français)

Pour ce que j’en sais, Zone Bourse est, comme son nom le suggère, un site d’information spécialisé dans la finance et qui n’est pas rattaché à un groupe de presse.

Le petit article de Zone Bourse s’appuie sur une dépêche de Reuters, ce qui nous permet d’avoir un aperçu du fonctionnement de la désinformation en économie de marché.

La première option est de se taire, de ne pas relayer une information gênante. Ce qu’ont fait la majorité des organes de presse habituellement sourcilleux quant à liberté de travailler des journalistes (sauf dans le cas du conflit du Proche Orient où ils se plient en réalité sans broncher à la censure sioniste).

L’autre option consiste à édulcorer et à occulter ce qui gêne.

Et ça on le constate dès le titre de l’entrefilet de Zone Bourse :

« Israël appelle les journalistes étrangers à la prudence »

alors que le corps de l’article nous dit que cet appel à la « prudence » est en fait un avertissement donné aux journalistes par les autorités sionistes qui indiquent n’être pas responsables de leur sécurité dans la bande de Gaza. »

La notion d’avertissement est pourtant contenue dès le titre de la dépêche originale de Reuters :

Israel warns foreign journalists covering Gaza fighting

« Israël n’est en aucun cas responsable des blessures ou des dégâts qui pourraient résulter de reportages sur le terrain. » lit-on sur Zone Bourse comme sur la dépêche originale.

Ce qui en langage sioniste signifie que les journalistes sont des cibles comme les autres puisqu’ils se trouvent dans une zone où l’armée et la police sionistes ne peuvent pas imposer de censure et doivent s’en remettre à l’autocensure ou au parti pris pro Tel Aviv des journalistes ou de leurs rédactions.

Ce qui marche assez souvent mais peut être sujet à des ratés comme on a pu le voir avec l’assassinat de gamins sur une plage de Gazas sous les yeux de la presse internationale ou avec Diana Magnay, cette journaliste américaine choquée par le comportement des habitants de Sderot qui exultent en regardant les missiles de leur armée exploser sur Gaza (elle a été mutée en urgence à Moscou).

Ce n’est bien sûr pas cet argument que mobilise le service sioniste chargé du contrôle de la presse. En effet, si on se reporte à la dépêche de l’agence Reuters, les journalistes occidentaux sont en fait des cibles pour l’armée sioniste exactement pour la même raison que les civils palestiniens :

le « Hamas se sert des journalistes comme de boucliers humains ».

Les journalistes doivent donc prendre « toutes les précautions possibles. »

C’est exactement ce qui a été dit à ces femmes, ces enfants, ces civils dont les corps ont été déchiquetés ou écrasés par les bombes sionistes.

un gilet pare-balle n'est d'aucune utilité contre un obus de 155

un gilet pare-balle ne sera d’aucune utilité à  Ayman Molhyeldin contre un obus de 155 mm

Je vous traduis  donc ce que signifie le mot « précaution » en novlangue sioniste : il signifie tout simplement que les journalistes doivent quitter la bande de Gaza sous peine de risquer des traumatismes pouvant aller jusqu’à une mort violente.

NB: Ayman Molhyeldin est un des  journalistes qui avaient assisté au massacre des gosses palestiniens sur une plage de Gaza. Il a bien sûr rendu compte de ce drame, ce qui a valu à ce journaliste chevronné d’être rappelé par la chaîne NBC afin qu’il ne couvre plus les événements à Gaza. Une forte mobilisation du public, via les réseaux sociaux, a contraint NBC à revenir sur sa décision.

Ci-dessous l’intégralité de la dépêche Reuters en anglais

Israel warns foreign journalists covering Gaza fighting 19 juillet 2014

JERUSALEM (Reuters) – Israel’s Government Press Office on Saturday warned foreign journalists it was not responsible for their safety in the Gaza Strip, where the Jewish state has launched an offensive against Palestinian militants.

Israel sent ground forces into Hamas-dominated Gaza on Thursday after heavy air and naval barrages failed to stop rocket fire from the Palestinian territory. Gaza officials said at least 335 Palestinians, many of them civilians, have been killed in the 12-day conflict.

« Gaza and its vicinity are a battleground. Covering the hostilities exposes journalists to life-threatening danger, » an e-mailed Government Press Office (GPO) statement said.

« Israel is not in any way responsible for injury or damage that may occur as a result of field reporting. »

The GPO, which accredits journalists based in Israel, many of whom also cover events in the Palestinian Territories, charged Islamist group Hamas was using journalists as human shields and advised reporters to take « every possible precaution. »

The Israeli military said that since the July offensive began, it has struck over 2,300 sites in the densely populated enclave and that more than 1,663 rockets have been launched by Palestinian militants toward its territory.

Its land incursion into Gaza has so far failed to subdue Hamas and its allies, who fired more than 90 rockets into Israel on Saturday, the Israeli army said. Three Israeli soldiers and two civilians have been killed.

(Writing by Maayan Lubell; Editing by Sandra Maler)

 

L’espion Belge et la controverse des deux soleils de Sion

1 octobre 2013

Un espion Iranien détenteur d’un passeport belge aurait été arrêté par les autorités sionistes. Si l’arrestation est intervenue le 11 septembre, elle n’a été rendue publique que dimanche dernier, de sorte à bien sûr précéder de peu le passage de Benjamin Netanyahou à la tribune de l’ONU et sa rencontre subséquente avec le président des Etats Unis.

Histoire de mette la pression sur un chef de l’Etat américain qui a eu le front de passer un coup de téléphone à son homologue Iranien Hassan Roahani qui venait d’être la vedette de ce show politique qu’est l’Assemblée Générale des nations Unies.

On peut lire dans la presse belge  les éléments fournis par les services secrets sionistes sur ce supposé espion qui s’intéressait particulièrement à l’ambassade des Etats Unis à Tel Aviv.

Faut vraiment être belge (au sens de Coluche) pour faire le déplacement dans l’entité sioniste pour fureter autour d’une ambassade américaine alors qu’on est d’origine iranienne et qu’il existe des ambassades et consulats des Etats Unis à peu près partout.

L’article du journal belge Le Soir comme celui du torchon sioniste Aliya Express sont illustrés de la photo ci-dessous dans laquelle Alex Manes (Manes est un nom assez typiquement juif)  alias Ali Mansouri pose sous la lumière du soleil de Palestine.

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Alex Manes alias Ali Mansouri

Alex (Ali) avait alors l’air très confiant dans son short belge iranien. Au fait qui a pris la photo? Un complice ou simplement quelqu’un qui passait par là?

Pourtant cette photo pose problème et la nature de ce problème n’a pas échappé au blogueur Imgur qui publie un billet joliment intitulé:

Jésus en Judée!

En effet Imgur observe que si on en croit cette photo, il y a deux soleils dans le ciel de la Palestine occupée.

Regardez: la direction de l’ombre des jambes du prétendu espion, face à lui, à comparer avec la direction de l’ombre du poteau sur la gauche de l’image.

Si vous ne voyez pas ce que je veux dire, Imgur guide notre regard:

ombres

Ombre N°1 (poteau) et ombre N°2 (jambes). Info dernière: la Palestine occupée à deux soleils dans son ciel

Retouche photo au service de la propagande antisyrienne

16 septembre 2013

Un lecteur du blogueur américano-libanais As’ad AbuKhalil (Angry Arab) attire notre attention sur une image trafiquée par la chaîne télévisée saoudienne Al Arabiya.

En effet cette dernière a publié en arrière-plan de sa page « Syrie » une photo où on voit une jeune syrienne pointer un doigt peint aux couleurs du drapeau de la Syrie mandataire adopté par l’opposition au pouvoir en place.

La jeune fille porte un hidjab rose. La partie droite de l’écran est recouverte des couleurs de ce même drapeau avec la bande supérieure verte et une seule étoile visible (le drapeau de la Syrie mandataire en comporte trois) de couleur rouge alors que le drapeau en vigueur actuellement  comporte deux étoiles de couleur verte.

Le correspondant d’Angry Arab s’est cependant souvenu avoir déjà vu le visage de cette jeune fille. C’était le 17 janvier 2012 et la photo illustrait un article de l’agence Reuters. La jeune fille présentait deux doigts peints aux couleurs du drapeau officiel de la Syrie (rouge blanc noir) devant son visage, avec deux étoiles, une par doigt, 

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La page d’Al Arabiya est datée du 17 septembre 2013 (décalage horaire oblige).

 

La guerre contre la Syrie ou le mensonge comme vertu

5 septembre 2013

Voilà maintenant un moment que j’ai commencé à traduire le texte que je vous propose, mais mon ordinateur n’a pas arrêté de me faire des misères, s’arrêtant souvent de manière impromptue et refusant obstinément de rédémarrer.

J’espère ne pas trop m’avancer en écrivant que j’arrive finalement au bout de cet article qui reste néanmoins intéressant parce que c’est un des rares articles de la presse grand public américaine qui met sérieusement en question les rapports des services secrets occidentaux supposés justifier une agression contre la Syrie.

Ce n’est donc pas pour rien si Vladimir Poutine a traité John Kerry de menteur, un menteur étant une personne qui assène une contre vérité en toute connaissance de cause.

Il aurait pu en dire autant du pitoyable Jean-Marc Ayrault qui cherche à embarquer la France dans une action criminelle et qui, dans ce but, se sert du chiffre proche de 1500 morts (1429) annoncé par le gouvernement des Etats Unis, mettant ainsi au placard les estimations de ses propres services.

Quitte à proférer un mensonge en effet, autant en proférer un très gros. 

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Alors, convaincus les enfants?

La décision par la France d’une action militaire (illégale) est donc soumise non seulement au bon vouloir des autorités américaines, mais aussi aux pseudo preuves produites par l’appareil de propagande de Washington. 

Aux yeux de certains, il y a trop de trous dans le dossier de l’attaque à l’arme chimique en Syrie

par Hannah Allam et Mark Seibel | McClatchy (USA) 3 septembre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le dossier rendu public par l’administration Obama pour [justifier] une attaque contre la Syrie est truffé d’incohérences et repose principalement sur des preuves indirectes, ce qui nuit aux efforts de cette semaine pour rallier le soutien de l’opinion publique aux Etats Unis et à l’étranger pour une frappe contre le régime de Bachar al-Assad.

Le dossier exposé par le Secrétaire d’Etat John Kerry vendredi contenait des assertions qui ont été contestées par les Nations Unies, incohérent dans certains de ses aspects avec les rapports des services de renseignements français et britannique, ou n’ayant pas la transparence suffisante pour être pris pour argent comptant par les spécialistes de l’armement chimique.

Après les affirmations mensongères sur les armes [de destruction massive] qui avaient précédé l’invasion de l’Irak sous le commandement des Etats Unis, on attend des preuves extrêmement solides pour tout soutien à une intervention militaire. Et si peu contestent l’utilisation d’un agent chimique pendant l’attaque du 21 août dans la périphérie de Damas – et sans doute à une plus petite échelle auparavant –de nombreux secteurs de l’opinion demandent des preuves scientifiques et indépendantes avant de soutenir la version des Etats Unis selon laquelle le régime d’Assad a utilisé du gaz sarin dans une opération qui a tué 1429 personnes, dont plus de 400 enfants.

Quelques un des arguments des Etats Unis qui posent question:

L’administration Obama a rejeté la validité d’une équipe d’inspection de l’ONU en soutenant que ces enquêteurs étaient arrivés trop tard pour que leurs conclusions soient crédibles et qu’ils n’apporteraient aucune information dont les Etats Unis ne disposaient pas déjà.

Le porte  parole de l’ONU Farhan Haq a rétorqué qu’il était  «rare» qu’une telle enquête débute dans un laps de temps aussi court et il a affirmé que «ce genre de  délai d’à peine quelques jours n’affecte pas la possibilité de collecter des échantillons exploitables» selon le site web de l’ONU. Par exemple, a ajouté Haq, le sarin peut être décelé dans des prélèvements biomédicaux plusieurs mois après son utilisation.

Les Etats Unis affirment que du sarin a été utilisé lors de l’attaque du 21 août, citant à l’appui des tests positifs sur le sang et les cheveux des premières personnes à porter secours – des échantillons «qui ont été fournis aux Etats Unis,» a déclaré Kerry dimanche à la télévision sans préciser les modalités de recueil des échantillons.

Les spécialistes dissent que les preuves se dégradent avec le temps, mais il est tout simplement faux de prétendre qu’une enquête conduite cinq jours après une attaque présumée serait sans valeur. Comme l’observait un article du New York Times, deux organisations de défense des droits de l’homme avaient dépêché une équipe de médecine légale dans le nord de l’Irak en 1992 et avaient trouvé des traces probantes de gaz sarin ainsi que de gaz moutarde – quatre ans après une attaque à l’arme chimique.

Les assertions américaines ont aussi été contestées dans une synthèse des services de renseignements que le gouvernement britannique a rendue publique la semaine dernière. «Il n’y a pas de délai connu au-delà duquel des échantillons environnementaux ou physiologiques seraient dégradés au point de ne plus être exploitables,» selon le rapport qui a été distribué au parlement avant le vote qui a refusé une participation de la Grande Bretagne à toute frappe [contre la Syrie].

Un autre point contesté est celui du bilan des victimes causes par les attaques présumés du 21 août. Ni les propos de Kerry, ni la version déclassifiée du rapport des services secrets sur lequel il s’appuie n’expliquent comment il est parvenu à un bilan de 1429 morts, dont 426 enfants. L’unique référence [pour ce bilan] était «une évaluation gouvernementale préliminaire.»

Anthony Cordesman, un ancien haut fonctionnaire de la défense qui collabore maintenant avec le Center for Strategic and International Studies de Washington, s’est intéressé à ces discordances dans un essai publié dimanche.

Il a critiqué Kerry pour s’être «fourvoyé en donnant le chiffre beaucoup trop précis» de 1429, et il a observé que ce chiffre ne correspondait pas avec l’estimation britannique de «au moins 350 tués» ou avec celles d’autres sources de l’opposition syrienne, plus exactement de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme qui a confirmé 502 morts dont près d’une centaine d’enfants et des «dizaines» de combattants rebelles, et il [Cordesman] a exigé que Kerry divulgue les noms des victimes prises en compte dans le bilan établi par les USA.

“Le président Obama a alors été obliqé d’arrondir le nombre à ‘bien plus de 1 000 personnes’ – créant ainsi un nœud de contradictions sur les faits les plus basiques,» écrit Cordesman. Il ajoute que cette bévue n’était pas sans rappeler «les erreurs que les Etats Unis avaient commises en préparant le discours sur l’Irak  du Secrétaire d’Etat ‘Colin° Powell à l’ONU en 2003.

Une version déclassifiée d’un rapport des services de renseignements français sur la Syrie qui a été rendu public lundi n’a pas vraiment clarifié les choses; la France a confirmé seulement 281 tués même si elle partage largement l’avis des Etats Unis sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime pour l’attaque du 21 août.

Une autre assertion de l’administration américaine qui fait sourciller est celle selon  laquelle les services de renseignements US ont «recueilli de nombreux renseignements humains, électroniques et spatiaux » qui montrent que le régime avait préparé son attaque trois jours à l’avance. Le rapport US affirme que des militaires gouvernementaux se trouvaient dans une zone connue pour servir à «mélanger des armes chimiques, dont le sarin» et que les forces du régime s’étaient préparées pour l’attaque du 21 août en mettant des masques à gaz.

Cette affirmation soulève deux questions: pourquoi les Etats Unis n’ont-ils pas prévenu les rebelles de l’attaque imminente et sauvé ainsi des centaines de vies? Et pourquoi l’administration [Obama] est-elle restée silencieuse sur cette activité suspecte quand au moins en une occasion précédente les officiels US avaient provoqué un remue ménage international après avoir observé des agissements semblables ?

Le 3 décembre 2012, après que des officiels américains eurent affirmé avoir décelé que la Syrie mélangeait des ingrédients pour des armes chimiques, le président Barack Obama avait à nouveau averti Assad que l’utilisation de telles armes serait l’inacceptable franchissement de la ligne rouge qu’il avait imposée l’été de cette année là. La secrétaire d’Etat de l’époque, Hillary Clinton avait renchéri, et l’ONU avait retiré de Syrie ses personnels non indispensables.

L’activité suspecte du mois dernier n’a cependant été évoquée publiquement qu’après l’attaque meurtrière. Et des personnalités de l’opposition affirment que les rebelles n’avaient pas été avertis à l’avance afin de pouvoir protéger les civils du secteur.

“Quand j’ai lu le memo de l’administration, c’était très convaincant, mais ils étaient au courant trois jour savant l’attaque et ils n’ont jamais prévenu personne dans le secteur,” déclare Radwan Ziadeh, un militant syrien d’opposition qui anime le Syrian Center for Political and Strategic Studies à Washington. «Tout le monde [à Washington] avait cette preuve mais ils n’ont rien fait ? »

Chez les spécialistes en armes chimiques et d’autres analystes qui ont étudié de près le champ de bataille syrien, la principale réserve quant aux affirmations des Etats Unis, tient au fait qu’ils ne comprennent pas la méthodologie derrière le recueil d’informations. Ils disent que les preuves présentées indiquent l’utilisation d’une substance chimique, mais ils considèrent que des questions demeurent sur la manière dont les renseignements ont été collectés, l’intégrité de la chaîne de transmission des échantillons ainsi que sur les laboratoires impliqués.

Eliot Higgins, un Britannique qui fait la chronique de la guerre civile en Syrie sur la blog Brown Moses, une ressource documentaire fréquemment citée sur les armes observées sur le champ de bataille syrien, a écrit lundi un poste où il énumère en détail les photographies et les vidéos qui semblent étayer la thèse des USA selon laquelle le régime d’Assad dispose de munitions qui peuvent servir de vecteurs pour des armes chimiques. Mais il n’est pas allé jusqu’à franchir le pas.

Sur le blog, Higgins demande: “Comment savons-nous que ce sont des armes chimiques? C’est ce que nous ne savons pas. Comme je l’ai dit tout le temps, ce sont des munitions qu’on a lié à de présumées attaques chimiques, pas des munitions chimiques utilisées dans des attaques chimiques. Il revient en définitive à l’ONU de confirmer l’utilisation d’armes chimiques.»

Les lacunes du dossier ont déjà permis à la Russie de rejeter les preuves américaines comme «non concluantes,» le ministre des affaires étrangères Serguei Lavrov déclarant dans un discours lundi qu’on avait montré à Moscou «quelques éléments mais qu’il n’y avait rien de concret, pas de coordonnées géographiques ou de détails.. et aucune preuve que les tests [en laboratoire] avaient été pratiqués pas des professionnels » selon l’agence officieuse de presse RT news.

“Quand nous demandons plus d’éclaircissements, nous recevons la réponse suivante: ‘vous savez que ce sont des informations classifies; alors nous ne pouvons pas vous les montrer,’” a déclaré Lavrov. « Il n’y a donc toujours pas de faits concrets.»

Les propos de Lavrov venaient rappeler que la Russie, un des derniers alliés d’Assad, était lin d’être suffisamment convaincue pour  mettre un terme à ses blocages répétés des résolutions onusiennes contre le régime syrien.

Mais le scepticisme existe aussi chez des pays armes des Etats Unis, comme la Jordanie qui a refusé d’approuver une action [militaire] tant qu’elle n’aura pas étudié les conclusions des inspecteurs en armement chimique de l’ONU, et le Royaume Uni où le parlement a voté contre une intervention avant même la divulgation par les Etats Unis d’un rapport des services de renseignements qui contredisaient celui rendu public la veille par les autorités britanniques.

On ne sait pas trop quel a été le poids des preuves fournies dans la décision du parlement ; on est aussi très préoccupé [en Grande Bretagne] par toute éventuelle intervention conduite par les Etats Unis après l’expérience irakienne.

Les Etats Unis ont reçu un coup de pouce lundi donné par le chef de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, qui a déclaré à une conférence de presse qu’il avait vu des « informations concrètes » qui l’ont convaincu de la responsabilité du régime d’Assad pour ce qui ressemble à une attaque chimique qui a tué des centaines de personnes en août.

Rasmussen a dit que si le monde ne réagissait pas, il enverrait un «signal dangereux aux dictateurs,» mais il a laissé aux Etats membres de l’OTAN le soin de décider de leurs propres réponses et il n’a pas plaidé pour une action autre que la protection de l’Etat membre qu’est la Turquie frontalière de la Syrie.

Les allies des Etats Unis dans le monde arabe et en Europe ont annoncé qu’ils préféraient repousser le moment d’une éventuelle frappe militaire après la publication de ses conclusions par l’équipe d’inspection de l’ONU. L’ONU a pour mandat de déterminer si des armes chimiques ont été utilisées, mais pas de désigner le coupable. Les officiels de l’ONU ont indiqué qu’ils essayaient d’accélérer l e travail de l’équipe d’inspection tout en assurant l’intégrité de la procédure.