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Guerre du Rif, guerre chimique et de la civilisation contre la barbarie

4 octobre 2013

Les investigations et les affirmations sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie ont amené As’ad AbuKhali, alias Angry Arab, à s’interroger sur l’emploi de telles armes pendant la guerre du Rif dans les années 1920. Angry Arab avait en effet entendu parler d’une telle utilisation d’armes chimiques, mais manquait d’éléments à ce sujet.

Un de ses lecteurs, sans doute Marocain, a bien voulu combler cette lacune et apporter des précisions très intéressantes ainsi qu’un renvoi à un travail universitaire sur cette question.

Comme beaucoup d’entre nous, Angry Arab était en effet perplexe voire outré par la posture moralisatrice de gouvernements occidentaux qui restent pour l’instant les plus grands utilisateurs d’armes chimiques comme on a pu le constater entre autres à Gaza en  2008 – 2009 et au Vietnam dans les années 1960-1970.

Ce post est en passant l’occasion de rappeler le rôle considérable dans l’histoire du nationalisme maghrébin et algérien de l’émir Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, dit Abdelkrim, le fondateur de la république du Rif en 1922. Ce même Abdelkrim qui animera bien des années plus tard le Comité de Libération du Maghreb Arabe au Caire qui sera le lieu de convergence des nationalistes Nord-Africains.

Sur la guerre chimique dans le Rif marocain
Angry Arab, 1er octobre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

De Mohamed: «J’ai lu avec intérêt votre post sur l’utilisation d’armes chimiques par l’Espagne dans le Rif marocain (région berbérophone marocaine bordée par la Méditerranée) pendant la guerre du Rif de 1921 à 1926. C’est quelque chose d’important parce que le bombardement aérien à l’arme chimique de populations civiles dans le Rif marcoain a été le premier dans l’histoire.

Comme vous le savez, les gaz toxiques avaient été utilisés auparavant à Ypres en Belgique pendant la première guerre mondiale et en Irak (1919) quand l’infâme Winston Churchill avait déclaré «Je ne comprends pas la sensiblerie par rapport à l’utilisation du gaz contre des tribus non civilisées» Mais dans ces utilisations précédentes, c’étaient des bombardements d’artillerie, pas d’aviation. L’Espagne n’a pas encore reconnu ce fait historique qui a été établi par l’historien Britannique Sebastian Balfour dans son livre ‘Etreinte mortelle: le Maroc et la route vers le guerre civile espagnole’ (chapitre V) et par l’historienne Espagnole Maria Rosa de Madariaga dans plusieurs ouvrages traitant de l’histoire du colonialisme espagnol dans la Maroc du nord (voir par exemple son long article ici). De fait, une pétition lancée par le parti catalan de la «Gauche Républicaine» pour soulever cette question au parlement avait été rejetée par la commission constitutionnelle du parlement en 2007.

Les premiers types de gaz employés dans le Rif furent le phosgène, le sisphogène et la chloropicrine qui avaient été fournis aux Espagnols par la France. Mais par la suite, la guerre chimique connut une escalade (en particulier à cause des défaites répétées contre le mouvement de résistance) avec l’utilisation de gaz moutarde fourni indirectement par l’Allemagne via le chimiste Hugo Stoltzenberg.

Les Allemands fournirent du gaz moutarde aux Espagnols tout en les aidant à établir des sites de production du gaz. La seule étude à ce jour sur cet épisode particulier reste le livre de Rudibert Kunz et Rolf-Dieter Muller (1990), ‘Giftgas gegen Abd el Krim: Deutschland, Spanien und der Gaskrieg in Spanisch-Marokko, 1922-1927’.
Des câbles diplomatiques montrent que la France comme la Grande Bretagne connaissaient et soutenaient l’utilisation de gaz moutarde par l’Espagne pendant la guerre (du Rif).

Quant à la position du régime marocain [par rapport à ces évènements], ses motivations ne sont pas aussi simples que ce qu’en dit votre lecteur de Berlin. La principale raison qui fait que ce sujet est tabou au Maroc est que l’ensemble de l’épisode historique de la résistance dans le nord du Maroc est tabou. Particulièrement sensible est l’appellation de «République du Rif» pour désigner l’entité politique qui est née de la guerre de libération du Rif, appellation qui reflétait la conception par le dirigeant du mouvement d’un Etat moderne inspiré essentiellement par l’idéologie réformiste islamique (Abduh, Kawakibi) et par l’Etat turc de style ataturkien ‘Abdelkrim était fasciné par l’expérience d’Ataturk).

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La république du Rif entre les protectorats espagnol et français au Maroc

Sans oublier que sous le protectorat protectorat, Français et Espagnols étaient supposés agir pour protéger le roi. En outre, certains soutiennent que le régime s’abstient de soulever cette question parce qu’il a lui-même employé du napalm dans sa brutale répression de la rébellion du Rif (désobéissance civile en réalité) pendant l’hiver 1958-1959.

Ces allégations restent cependant encore difficiles à prouver ou à étayer. La campagne (de l’hiver 1958-1959) avait été conduite par le prince héritier Hassan (qui deviendra Hassan II) et son bras droit, le général Oufkir (le même général qui avait pris la tête d’un coup d’état manqué en 1972).

Plus triste, le récent travestissement politique et journalistique de ce sujet le banalisent franchement au lieu de refléter une intention sérieuse d’affronter un chapitre important de l’histoire du Maroc. La question du gazage de la population civile rifaine est évoqué seulement à des fins politiques, particulièrement dans les moments de tension diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. Dans cette démarche, le régime marocain est épaulé par de nombreux acteurs dans la presse politique et du côté des ONG. Même les membres d’une ONG dont la conférence avait été annulée en 2001 (un groupe de poseurs pseudo-gauchistes) sont maintenant sur la ligne du régime. La plupart d’entre eux sont devenus membres du PAM (Parti de l’Authenticité et de la Modernité), un parti lancé il y a quelques années par un haut responsable du ministère de l’intérieur ami du roi. De fait, on appelle ce parti «le parti de l’ami du roi».» En fin de compte, beaucoup ici sont convaincus que le taux de prévalence du cancer incroyablement élevé dans le Rif (le plus élevé du Maroc) est dû à l’utilisation de gaz moutarde dans les années 1920. Il est certain que ce gaz cause le cancer chez des victimes qui y sont exposées directement à des doses suffisantes, mais aucune étude scientifique n’a encore établi de lien entre le gaz moutarde et les descendants des victimes.

Enfants soldats recrutés à l’étranger pour combattre en Syrie

3 avril 2013

On a pu voir dernièrement la photo d’un enfant soldat syrien posant cigarette au bec entre deux barbus en treillis engagés dans la lutte armée contre le régime en place et pour qui sa présence semble normale.

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Ce gamin s’appelle Ahmed, il a huit ans et ses parents auraient été tués dans un bombardement de l’armée syrienne sur Alep. Son père était lui-même engagé dans la guérilla contre le gouvernement. Ahmed est bien sûr incapable de se servir réellement du fusil de guerre dont on l’a doté mais ce ne sont certainement pas les occasions de risquer sa vie que lui refuseront ses deux camarades de combat.

On trouve d’autres images d’enfants soldats enrôlés par les forces hostiles au gouvernement, en général un peu plus âgés.

Par exemple celle-ci

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Ou celle-là

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Et on apprend que, non contents de recruter des enfants soldats en Syrie, on en recrute maintenant à l’étranger, comme cet adolescent parti de Ceuta pour lutter sur le «sentier de Dieu» contre le régime syrien.

Comme si c’était le régime syrien qui avait incarcéré son père !

 

Un jeune de Ceuta part en Syrie pour «combattre pour Dieu»

Les parents de Nourdine ont déposé plainte ce dimanche

Lundi, ils ont reçu un appel de leur fils leur confirmant qu’il était en Turquie

Par Ignacio Cembrero & Rocio Abad Madrid / Ceuta, El Pais (Espagne) 3 avril 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri 

Jusqu’à présent, seuls des adultes espagnols et musulmans s’étaient rendus en Syrie pour participer à la lutte armée contre le régime dictatorial de Bachar al-Assad, mais depuis la fin de la semaine dernière est venu s’ajouter un mineur, Nourdine âgé de 16 ans, selon des sources des services de sécurité espagnols. 

Nourdine a franchi, sans doute dans la soirée de samedi, la frontière avec le Maroc et c’est le lendemain matin que ses parents, Ahmed et Toria, ont découvert qu’il n’avait pas dormi dans leur maison du quartier du prince Alonso. Dans la soirée de ce même dimanche, ils ont déposé plainte au commissariat de police.   

Lundi dernier, les parents on reçu un appel de leur fils qui leur a expliqué les raisons de son départ. «Il nous a demandé pardon plusieurs fois, dit qu’il était en Turquie et qu’il allait en Syrie et qu’il n’allait pas rentrer,» a raconté le père au journal El Faro de Ceuta. Le jeune avait ajouté au téléphone qu’il «… allait combattre sur le sentier de Dieu.»

La surprise a été énorme parce que, selon ses parents, Nourdine était un adolescent tranquille qui n’avait jamais parlé du conflit syrien à la maison. Ahmed, son père, avait été lui-même arrêté et emprisonné en 2006 au cours de l’Opération Dune ordonnée par Baltasar Garzón qui était à l’époque juge de l’Audience nationale dans le cadre de la lutte antiterroriste. Nourdine était le plus petit des quatre enfants de la famille. 

Le délégué du gouvernement à Ceuta, Francisco Antonio González, a reconnu aujourd’hui devant la presse que des réseaux salafistes sont présents dans la ville, mais que l’adolescent a été pris en charge à Castillejos, la localité marocaine frontalière. Il a affirmé ne pas savoir combien d’habitants de Ceuta ont demandé à aller en Syrie pour se sacrifier et il a attribué son ignorance aux négligences du passé de la part de l’administration de l’Etat dans la traque des réseaux de recrutement. 

En juillet 2013, trois autres musulmans de Ceuta, dont Rachid Wahbi, 32 ans, père de famille et chauffeur de taxi, s’étaient eux aussi rendus en Syrie en passant par le Maroc où ils avaient été recrutés puis par la Turquie. Ils avaient fait le trajet en compagnie d’au moins une demi-douzaine de Marocains, selon des sources sécuritaires. Tous trois sont morts si on en croit des appels téléphoniques de condoléances en provenance de Syrie reçus par leurs proches à Ceuta. La police marocaine a démantelé plusieurs réseaux de recrutement de djihadistes, le plus récent l’ayant été le 19 janvier dernier selon un communiqué. 

Coïncidant avec l’annonce du départ pour la Syrie d’un adolescent de Ceuta, le Centre International d’Etudes de la Radicalisation, qui dépend du King’s College à Londres a rendu public un rapport dans lequel il assure que depuis début 2011, entre 135 et 590 – la fourchette est très large – musulmans européens ont rejoint l’insurrection en Syrie. Ils représentent de 7 à 11 % du total des combattants étrangers parce que la majorité de ces derniers vient de pays musulmans.

La majorité d’entre de ceux [des combattants venus d’Europe]  qui sont allés en Syrie sont partis du Royaume Uni, des Pays Bas, de France, de Belgique et d’Allemagne. L’Espagne figure en queue de peloton avec seulement six djihadistes, un chiffre qui a doublé depuis le départ des trois hommes partis de Ceuta pour la Syrie à l’été 2012. 

La ministre redevenue simple mère célibataire (ou les tribulations d’une Maghrébine ambitieuse)

3 octobre 2012

L’histoire de Rachida Dati et sa toute récente démarche en vue d’obtenir une reconnaissance de paternité par un homme d’affaires Français sont absolument emblématiques à plusieurs titres.

L’histoire de cette ancienne ministre était déjà assez singulière, en ce qu’elle était sans doute la première femme ministre à devenir mère célibataire alors qu’elle était en fonctions. Une situation qui, en dépit de l’élégance de sa mise et de l’importance de son poste ministériel, la renvoyait à sa condition originelle de femme d’origine étrangère et issue du prolétariat.

Parce que le statut de mère célibataire, avec ou sans connaissance officielle de l’identité du «père» est le lot de nombre de jeunes femmes d’origine maghrébine mais aussi de leurs consoeurs issues de catégories sociales marquées par la précarité et/ou la faiblesse des revenus.

En dépit de ce marqueur social qui la distinguait de toutes les autres femmes ministres, Mme Dati symbolisait, et symbolise encore, la success story d’une jeune femme qui grâce à un labeur acharné est parvenue à échapper aux déterminismes sociaux.

Bon, il a fallu quelque chose de plus que le labeur et les études, quelques rencontres décisives aux bons moments, comme celle avec Albin Chalandon, ancien ministre de la justice lui-même.

Un autre aspect emblématique de la trajectoire de Mme Dati, et qui est une leçon pour bien des politiciens, c’est qu’au moins jusqu’à un certain point, le bras de fer entre une femme politique et un homme d’affaires important s’apparente à la lutte du pot de terre contre le pot de fer.

J’en veux pour preuve les poursuites engagées par un magistrat Marocain contre Rachida Dati au motif puni par la loi de son pays (comme d’autres pays musulmans, précisons-le) de  relations sexuelles illicites.

Voyez-vous, le père présumé de l’enfant de Mme Dati possède des intérêts importants dans plusieurs pays dont le Maroc fait partie. Il est effectivement propriétaire de deux établissements luxueux à Marrakech, un «spa» et un hôtel. Il est par ailleurs un ami de Sarkozy qu’il a accompagné lors de déplacements au Maroc et dans… l’entité sioniste.

Certes, l’hôtel en question n’est pas la fameuse Mamounia chère à Bernard-Botul-Henri Lévy et aux amateurs de prix littéraires à la gomme. Mais c’est un établissement qui fait partie du même système d’intérêts qui lie de riches hommes d’affaires Français et le Makhzen.

Je crois que t’as besoin d’un protecteur comme les civils en Syrie et en Libye

Alors si l’ordre d’engager des poursuites contre Mme Dati n’a peut-être pas été suggéré directement par un appel depuis l’administration de cet hôtel, il est clair que les poursuites ont un rapport avec la complicité entre la monarchie et certains milieux d’affaires et politiques français.

A quelque chose, malheur est bon. Ce coup de semonce judiciaire incitera peut-être Rachida Dati à réfléchir à la nature de ses commentaires sur l’évolution politique au Maroc.

Je cite :

[Rachida Dati relève] la détermination de S.M. le Roi à garantir l’Etat de droit pour tous les Marocains et à tenir compte de leurs préoccupations.

et

« Le Maroc est devenu une référence pour le monde arabe en matière de réformes »

 La vérité, c’est qu’il y a d’une part les Marocains et les hommes d’affaires (Marocains ou pas), et d’autre part les hommes et les femmes, les Marocaines étant moins bien loties que leurs consoeurs Françaises non d’origine marocaine.

C’est la petite leçon que je me permets d’adresser à une ancienne ministre de la justice qui n’est après tout qu’une femme issue du prolétariat maghrébin en France.

Le Maroc se mobilise pour la Palestine, contre le sionisme

26 mars 2012

Il n’y a pour l’instant que le site JSS (Je Suis un Salaud) pour en parler en français.

Et c’est plus qu’étonant parce que l’évènement a eu lieu à Rabat, au Maroc, c’est-à-dire un pays bien connu en France pour diverses raisons.

Mais comme nous le savons, la couverture médiatique du Maroc par la presse française semble avoir des lacunes qu’on a du mal à s’expliquer.

Ce sont pourtant des dizaines de milliers de personnes, peut-être 100 000, qui ont manifesté à Rabat pour demander la libération des prisonniers Palestiniens détenus par l’entité sioniste.

Dimanche25 mars: Rabat défilait pour la Palestine

Ces manifestants protestaient aussi contre la présence d’un représentant de l’entité sioniste à une conférence sur la coopération euro-méditerranéenne qui se tenait au siège du parlement marocain.

Pas une ligne dans vos journaux !       

Un diplomate Israélien exfiltré du Maroc. On m’a dit de quitter la conférence

David Saranga affirme ne jamais s’être senti menacé dans les locaux du parlement à Rabat alors qu’ne foule énorme manifestait dehors en soutien aux prisonniers Palestiniens, il explique qu’un participant Tunisien à la confére »nce ‘avait cessé de sourire lorsqu’il a appris qu’il était Israélien.’

 Par Yitzhak Benhorin, Yediot Ahronoth (Sionistanà 26 mars 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

WASHINGTON – “On m’a dit d’aller à l’aéroport le vite possible et de quitter le Maroc, » a déclaré lundi au Yediot le vieux routier de la diplomatie israélienne David Saranga, un jour après que une manifestation qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes qui protestaient contre sa présence à Rabat.

Pendant cette marche, les manifestants brandissaient des drapeaux palestiniens et scandaient “Le people veut libérer al-Aqsa » et « un million de martyrs vont aller à Jérusalem.» Ils ont aussi brûlé des drapeaux israéliens.

Le quotidien Yedioth Ahronoth rapport que Saranga qui se trouvait à Rabat pour une conférence sur le partenariat euro-méditerranéen a été évacué du siège du parlement par une porte dérobée de crainte que les manifestants à l’extérieur s’attaquent à lui.

Saranga, chef du département de liaison avec le parlement européen à la mission israélienne auprès de l’Union Européenne est rentré sain et sauf à Bruxelles lundi.

“Nous avions des discussions au siège du parlement à Rabat alors que des milliers de personnes à l’extérieur protestaient contre la présence d’un représentant israélien,” a déclaré Saranga au Yediot.

“Dès samedi, alors que nous parlions environnement, énergie et droits des femmes, je pouvais voir des gens manifester dehors. Le représentant Tunisien m’a dit qu’ils demandaient la libération de prisonniers Palestiniens. Il a cessé de sourire quand il s’est rendu compte que j’étais Israélien,»  rapporte le diplomate.

“Il y avait peut-être 100 000 manifestants qui criaient et brandissaient des symboles. – et c’était ça.”

Pendant les discussions de dimanche, un représentant de l’Union Européenne a attire l’attention de Saranga sur l’agitation à l’extérieur. « J’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu des milliers de personnes. Les portes du siège du parlement étaient fermées et nous étions donc protégés, mais depuis les fenêtres du deuxième étage j’ai vu des swastikas et des gens en train de brûler des drapeaux israéliens, » dit-il.

«Les discussions à l’intérieur se poursuivaient comme prévu, mais tout le monde regardait de temps en temps à la fenêtre pour voir ce qui se passait,» se souvient Saranga. « A l’intérieur du siège du parlement, les photographes ont commencé à se concentrer sur moi, et j’ai demandé conseil au personnel de la sécurité.

Ils m’ont dit d’aller à l’aéroport aussi vite que possible et de quitter le Maroc.»

En une heure, les organisateurs de la conférence avaient une équipe de gardes du corps prête à escorter Saranga à son hôtel. « Ils m’ont conduit hors de l’immeuble par une porte dérobée, mais je ne me suis senti menacé à aucun moment. Après avoir récupéré mes affaires à l’hôtel, j’ai été rapidement emmené à l’aéroport où j’ai embarqué dans le premier avion pour Paris.,» dit-il.

L’incident a été une source de déception pour le diplomate Israélien. « Il est honteux que, au lieu d’avoir un retour positif , nos projets qui promeuvent la paix et la compréhension mutuelle attirent des manifestations hostiles au dialogue.»

 

Hillary Clinton et le leadership du Maroc, Alger et son rêve futile d’un axe algéro-américain

27 février 2012

Mme Clinton était tout récemment en Algérie et sa visite a inspiré au quotidien algérois L’Expression ce titre suggestif :

 L’axe algéro-américain se précise

J’ignore comment on peut parler d’axe formé par deux Etats aussi dissemblables, l’un étant un  pays de plus de 313 millions d’habitants, avec une économie qui, même si elle semble sur le déclin, reste au 1er rang mondial et doté d’une puissance militaire inégalée, tandis que l’autre est un pays de 37 millions d’habitants, encore sous-développé et dont la puissance militaire tient peut-être plus de l’inventaire de matériels que de réelles capacités combatives.

Rien dans le discours de Mme Clinton ne peut suggérer l’existence d’un tel axe même si elle a exprimé son

 «plaisir personnel et profond d’être en Algérie et d’avoir l’occasion de représenter le Président Barack Obama et le gouvernement des Etats-Unis en Algérie».

(Ouf, pas de révolution du nar-nar en vue en Algérie)

et indiqué que sa visite en Algérie avait pour objet

«d’évoquer des questions communes, de  discuter du renforcement de la coopération bilatérale  et d’échanger les idées sur les événements qui se déroulent actuellement dans la région».

De là à parler d’un «axe», il y a un pas que je me garderais bien de franchir.

Il faut quand même relever que Mme Clinton, si elle a parlé d’Algérie, a fait référence à un «peuple maghrébin ».

Vous me direz que ce peuple maghrébin existe et je suis d’accord. L’existence d’un peuple maghrébin ancré dans un territoire et cimenté par une histoire et une culture communes est une réalité qui n’a pas encore de traduction politique.

Mais cette traduction politique est l’affaire des intéressés, pas de Mme Clinton. Or, son emploi de l’expression «peuple maghrébin» est tout sauf innocent et nous donne sans doute une indication sur les desseins de Washington pour la région maghrébine : une intégration politique sous la houlette et dans l’intérêt des Etats Unis qui passera par la réactivation opportune d’une Union du Maghreb Arabe maintenant dominée par les véritables amis de Washongton, à savoir le Maroc, la Tunisie et la Libye « révolutionnaire ».

Ecoutons Henry S. Ensher, ambassadeur des États-Unis à Alger, interviewé par Hadjer Guenanfa pour Tout sur l’Algérie :

Q- On parle de plus en plus de l’ouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc. Vous avez même proposé, dans une déclaration à la presse, une médiation américaine…
R- Jamais ! Il n’y aura pas de médiation. Les Algériens sont nos amis et les Marocains aussi. La décision relève des prérogatives des deux gouvernements. Cela dit, on pense que la consolidation des relations entre ces deux pays sera bénéfique pour eux mais aussi pour les États-Unis
Q- L’ouverture des frontières permettra de relancer l’Union du Maghreb arabe. Comment voyez‑vous cette relance ?
R- L’Union du Maghreb arabe (UMA) aura un rôle significatif en matière de sécurité, de développement économique et d’intégration régionale. Le rôle de l’UMA sera bénéfique.

De fait, Mme Clinton est arrivée à Alger en provenance de Tunis avant de conclure son périple à Rabat.

Rabat où Hillary Clinton a consacré le leadership marocain selon le journal L’Economiste.

Mais leadership de quoi au juste ? Du fameux axe ?

Pas vraiment puisque selon Mme Clinton,

«Le Maroc est aujourd’hui en pôle position pour jouer le rôle de leadership afin de mettre fin à ce qui se passe en Syrie»

Le leadership marocain n’a donc rien à voir avec le fameux «axe» et assez peu de choses à voir avec le « peuple maghrébin » mais bien plutôt avec la volonté hégémonique des Etats Unis dans le monde arabe.

Donc leadership signifie ici, le plus fidèle des serviteurs des intérêts des américains dans l’Occident et l’Orient arabes.

On pourrait ajouter que ce leadership concerne aussi la démocratisation puisque :

L’Administration américaine, a-t-elle ajouté, oeuvre avec les gouvernements de la région arabe dans le but d’enclencher une dynamique de réformes

Et à ce propos, le journal L’Economiste nous précise que

L’exemple marocain en matière de réformes et de démocratie a d’ailleurs été salué par la secrétaire d’Etat américaine. Dans la foulée, elle a rendu hommage à la jeunesse marocaine et au Roi qui a su répondre très tôt à ses attentes.

Le roi Mohamed VI explique sa vision de la démocratie à Hillary Clinton

Mme Clinton n’a pas dit ce qu’elle comptait faire pour la démocratisation du royaume de Jordanie sans parler de celui d’Arabie Saoudite…

En attendant, la rencontre qu’elle devait avoir avec des représentants de la société civile marocaine a été annulée sans qu’on en connaisse la raison.

Elle n’a pas évoqué, comme de juste, le sort des deux jeunes condamnés pour atteinte au caractère sacré de la personne du monarque.

Un jeune Marocain en grève de la faim depuis plus de cinquante jours. Pourquoi vos journaux n’en parlent-ils pas?

23 février 2012

C’est bizarre, en dehors d’un blog sur Mediapart, nos journaux n’en parlent pas. 

EN GRÈVE DE LA FAIM DEPUIS 54 JOURS

Un étudiant marocain en «danger de mort»

L’Expression (Algérie)  23 février 2012

Un jeune étudiant, qui observe en prison au Maroc une grève de la faim depuis plus de 50 jours, est aujourd’hui en danger de mort, ont indiqué hier son père et une ONG marocaine de défense des droits de l’homme. Ezedine Erroussi, un Marocain appartenant à un mouvement de gauche et étudiant à l’université de Taza (nord-est), observe une grève de la faim depuis le 19 décembre 2011 après son arrestation avec quatre de ses camarades 20 jours auparavant.

«J’ai vu mon fils lundi dernier et je peux vous dire qu’il est en danger de mort à cause de la grève de la faim qu’il observe depuis le 19 décembre» pour protester contre sa détention, a déclaré à l’AFP Driss Erroussi, le père de l’étudiant. Les cinq étudiants arrêtés le 1er décembre à l’intérieur de la faculté alors qu’ils protestaient contre leur condition de vie à la cité universitaire, ont été condamnés à quatre mois de prison ferme.

Silence radio: trois ans de prison pour insulte au roi du Maroc

15 février 2012

Je vous ai parlé récemment de Walid Bahmane, ce jeune homme qui est actuellement détenu au Maroc pour outrage à la sacralité du roi Mohamed VI.

Figurez-vous qu’un autre jeune sujet Marocain vient d’être condamné à trois années de prison pour des faits similaires.

Comme je l’écrivais précédemment, ce ne sont pas ces arrestations ou ces condamnations qui étonnent. Ce qui surprend dans les deux affaires, c’est le silence de la presse française pourtant prompte à défendre la liberté d’expression un peu partout. D’autant qu’il s’agit de deux cas que M. Bernard-Botul-Henri Lévy pourrait régler facilement, par exemple en menaçant de ne plus payer la taxe foncière pour le riad qu’il possède à Marrakech.

Maroc : Un jeune homme condamné à 3 ans de prison pour insulte au roi

Ya Biladi 14 février 2012

Un jeune homme a été condamné à trois ans de prison pour avoir insulté la personne du roi. Le verdict est tombé au tribunal de première instance de Taza lundi 13 février. Pour l’heure, les circonstances de son procès restent floues.

Abdessamad Haydour, 24 ans, a vu son quotidien basculer en l’espace de quelques jours. Il a été condamné lundi 13 février à 3 ans de prison par le tribunal de première instance de Taza pour insulte à la personne du roi Mohammed VI.

La vidéo qui trahit

C’est dans une vidéo publiée sur internet que les autorités ont reconnu le jeune Abdessamad, proférant certains propos à l’endroit du roi. Soutenant avec un de ses compagnons que le Maroc subit encore la colonisation, en estimant que les décisions prises par le royaume sont dictées par Paris ou encore par Tel-Aviv. Le principal mis en cause affirme ensuite : « le colonisateur est représenté actuellement par Mohammed VI » qu’il n’a pas hésité à qualifier de « dictateur », de « tueur » et de « chien ».

Il reconnait les faits

Devant le juge, le jeune homme a reconnu les faits qui lui étaient reprochés. Selon Lakome.com, les avocats auraient refusé d’assurer la défense d’Abdessamad. Un avocat dépêché par l’Association Marocaine des Droits l’Homme (AMDH), pour défendre le jeune prévenu, n’a pas assisté à l’audience. La Cour n’aurait pas non plus désigné un avocat commis d’office pour défendre l’accusé conformément à la législation marocaine. La présidente de l’AMDH, Khadija Riyadi, indique à Yabiladi qu’ « il parait qu’il voulait se défendre seul. Il ne voulait pas d’avocat ». « Il aurait été préférable qu’il ait un avocat, comme ça nous aurions eu le temps d’enquêter et d’essayer de le défendre au mieux », déclare-t-elle.

Procès trop expéditif

«Il [Abdessamad Haydour, ndlr] a été arrêté juste avant le weekend, entre jeudi et vendredi, et lundi il est condamné ? », s’interroge Mme Riyadi. « On ne met pas les gens comme ça derrière les barreaux, même s’il a refusé un avocat ! Il y a beaucoup de zones d’ombres dans cette affaire. La loi est-elle vraiment respectée ? Est-ce que trois ans de prison est une sanction juste ? Je ne peux faire aucun commentaire pour l’instant, étant donné que je n’ai pas encore les détails de l’affaire », conclut-elle.

Le jeune de 18 ans Walid Bahmane, également arrêté pour insulte à la personne du roi dans une vidéo publiée sur Facebook, le 24 janvier dernier à Rabat, est encore en détention, il a déjà comparu une fois devant les tribunaux, le 9 février dernier. Son procès aura lieu jeudi 16 février. Toutes ces arrestations et les sanctions qui sont accordées soulèvent la question de la justice. Car la nouvelle constitution qui bannit toute référence à la sacralité de la personne du roi stipule bien, dans son article 46 que « la personne du Roi est inviolable, et respect lui est dû ». Mais le texte ne prévoit aucune sanction pour celui qui violerait la loi.

Par ailleurs, cette condamnation risque de soulever à nouveau la ville de Taza secouée depuis quelques temps par des émeutes. Ces derniers n’ont pas hésité, à plusieurs reprises, à s’en prendre aux forces de l’ordre pour se faire entendre. De plus, ces émeutes ont coûté la prison à cinq d’entre eux. Dix-sept autres attendent leur sentence ce mardi 14 février. Des jeunes internautes ont créé une page Facebook « Pour la libération d’Abdessamad Haydour». A l’heure qu’il est, 541 personnes sont mobilisées.

Walid Bahmane, 18 ans, le prisonnier d’opinion Marocain qui n’intéresse pas la presse française

8 février 2012

 J’ignore pourquoi, mais vos journaux ne parlent pas de ce jeune marocain qui a été arrêté dans son pays pour outrage au caractère sacré de la personne du roi Mohamed VI.

La presse espagnole en parle cependant, comme le journal ABC ou encore El Mundo selon l’article que je vous propose et qui est tiré du site Yabiladi.com.

Mais vous l’aurez compris, ce qui m’étonne n’est pas la réaction des autorités marocaines, mais le silence de la presse française.

Un jeune marocain arrêté pour atteinte à la personne du roi sur facebook

par Ghita Ismaili, yabiladi.com (Maroc)  8 février 2012

Walid Bahmane, un jeune étudiant marocain de 18 ans, risque de passer un bon bout de temps derrière les barreaux. Arrêté le 24 janvier dernier à Rabat, Walid Bahmane est accusé, selon le journal espagnol El Mundo, d’avoir insulté la personne du roi, et ce sur le réseau social facebook. Pour sa maman, il s’agit là d’un coup monté par un des amis de l’accusé.

Walid Bahmane, 18 ans, accusé d’outrage à la personne du roi

Une lourde accusation pèse sur lui. Walid Bahmane, un étudiant marocain de 18 ans, est en réalité accusé d’outrage à la sacralité de la personne du roi, révèle aujourd’hui, mercredi 8 février, le quotidien espagnol El Mundo.

Le jeune est soupçonné d’avoir posté sur facebook,  il y a sept mois, une video compromettante dans laquelle il aurait insulté le roi Mohammed VI. Mais ce n’est pas tout. Walid Bahmane est également accusé d’avoir piraté le compte facebook de son ami pour y publier la vidéo mise en cause. Arrêté le 24 janvier dernier, à Rabat, Walid Bahmane devrait comparaitre demain, jeudi 9 fevrier, devant le tribunal de première instance de la capitale.

La vidéo en question comporterait des caricatures du monarque marocain, accompagnées d’une voix off prononçant des expressions jugées insultantes. Selon des sources de l’Association marocaine des droits de l’Homme, citées par El Mundo, l’auteur de la vidéo aurait prononcé des phrases telles que « Le roi déteste son peuple »,  « le peuple est nul »,  ou encore « Le peuple est là pour obéir ».

Une « arrestation arbitraire » ?

Nadia Belhafsa, la mère de l’accusé est convaincue que son fils n’a rien à voir dans cette affaire. Interrogée par le quotidien espagnol,  elle dénonce une « arrestation arbitraire ». Pour elle, Walid s’est fait avoir par un ami à lui qui, suite à une dispute banale, est allé voir la police pour y dénoncer un outrage à la personne du roi. Elle raconte : « Il a vendu à mon fils un ordinateur qui ne fonctionnait pas correctement. Ils ne sont pas parvenus à trouver un accord pour le prix. Après une dispute, son ami est parti voir la police accusant mon fils de lui avoir piraté son compte (facebook) et d’avoir posté en son nom la vidéo du roi », explique-t-elle.  Le prétendu ami a affirmé à la police que Walid connaissait « son mot de passe » et qu’il en a usé pour poster la video sur son compte pour lui faire porter le chapeau.

Que dit la nouvelle constitution ?

Adoptée par un référendum le 1er juillet dernier, la nouvelle Constitution marocaine stipule que la personne du Roi demeure bel et bien intouchable. Bien que toute référence à la sacralité de la personne du roi ait été bannie du nouveau texte constitutionnel, l’article 46 affirme que « la personne du Roi est inviolable, et respect lui est dû ». Le texte ne précise pas, cependant, les sanctions prévues pour celui qui ne respecterait pas cet article. A noter que dans l’ancien texte, l’article 23 stipulait que « la personne du Roi est inviolable et sacrée ».


Des manifestations au Maroc? Circulez, y’a rien à voir.

24 octobre 2011

Je n’avais pas vraiment l’intention de parler de la situation politique au Maroc car l’actualité de ce pays, appartenant comme l’Algérie à l’ancienne sphère coloniale française, est habituellement largement couverte par la presse française et francophone.

Mais pas toujours, puisque nos media semblent tarder à parler des manifestations qui viennent de se dérouler dans plusieurs grandes villes du royaume.

Ces manifestations ont eu lieu à l’appel du mouvement d’opposition du 20 février et dénoncent les prochaines élections parlementaires qui doivent se tenir dans ce pays. La police est intervenue et des coups de matraque ont été distribués.

Nous n’en sommes pas à la répression qu’ont connu ou connaissent encore d’autres pays arabes, mais il semble que les choses ne soient pas si consensuelles qu’on veut bien le dire dans cet Etat du Maghreb.

L’absence ou la rareté de la couverture médiatique de ce qui se passe à Casablanca ou à Safi nous montre d’abord que les opposants Marocains ne disposent pas du soutien dont bénéficient d’autres opposants dans d’autres pays arabes. 

On voit mal par exemple MM. Sarkozy et Bernard-Botul-Henri Lévy convoquer une réunion à Paris pour tenter d’unifier l’opposition marocaine. M. Lévy n’a semble-t-il même pas envisagé d’inviter certains responsables de l’opposition à boire le thé avec lui dans le riad qu’il possède au pays de l’arganier.

Pourtant la manifestation de Rabat avait de quoi piquer l’intérêt d’une presse occidentale qui s’est étendue sur le message que les images de la mort de Mouammar Kadhafi constituait pour un autre dirigeant Arabe, le président Syrien Bachar al-Assad pour être précis.

Et justement les manifestants de Rabat arboraient des photos du corps du dirigeant Libyen tout en scandant «C’est ce qui arrive aux despotes.»

Sauf erreur de ma part, ces manifestants ne parlaient pas du président al-Assad.

Les Marocains contestent les élections, violence dans la capitale

Par Souhail Karam, Reuters, 23 octobre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

 Rabat – Des milliers de Marocains ont manifesté dans les villes du pays ce dimanche, appelant à un boycott des élections législatives anticipées du mois prochain dont le résultat sera décisif pour l’avenir des réformes élaborées par le palais royal.

Ces manifestations sont les dernières en date d’une série de manifestations du mouvement d’opposition du 20 février dominé par la jeunesse, inspiré par les soulèvements qui ont renversé les dirigeants en Tunisie et en Egypte, pour exiger une monarchie parlementaire et la punition des officiels accusés de corruption.

Dans la capitale Rabat, un journaliste de Reuters a vu des dizaines de policiers anti-émeute frappant à coup de matraque et à coups de pieds des manifestants qui s’étaient rassemblés devant le siège du parlement, au terme d’une marche qui avait rassemblé environ 3 000 personnes.

Un élu local de la mairie de Casablanca, la plus grande ville du pays, a déclaré qu’environ 8 000 personnes ont pris part à une manifestation semblable dans cette ville. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans d’autres villes comme à Fez et à Tanger.

“Ces manifestations nationales avait pour mot d’ordre commun un appel au boycott des élections législatives du 25 novembre,” explique Omar Radi, un militant du comité local du mouvement du 20 février à Rabat.

“Il est évident que ces élections remettront au pouvoir les mêmes personnages qui pillent les richesses du pays depuis des années et ont pris en otage l’avenir de la population marocaine, » ajoute-t-il.

Dans des discours récents, le roi Mohamed a promis que les élections seraient honnêtes et transparentes. La principale force d’opposition le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a critiqué la législation électorale récemment adoptée parce qu’elle ne fait pas assez pour prévenir l’achat de votes.

En vertu des réformes approuvées par referendum en juillet, le roi Mohamed cèdera certains de ses pouvoirs à des responsables élus mais aura toujours le dernier mot pour les décisions stratégiques. Le nouveau gouvernement élaborera des lois consacrant une nouvelle constitution.

En mars, le monarque âgé de 48 ans avait réagi promptement aux manifestations inspirées par la contestation en Tunisie et en Egypte, et avait promis une limitation de ses pouvoirs via des changements constitutionnels. Le scrutin parlementaire prévu en septembre 2012 avait été convoqué de manière anticipée.

Mais les manifestants de Rabat, rejoints pour la première fois cette semaine par des centaines de diplômés au chômage, scandaient « Les élections sont une mascarade, on ne se fera pas avoir cette fois. »

“L’argent et le pouvoir doivent être séparés,” lisait-on sur une pancarte portée par les manifestants, tandis que de nombreux autres brandissaient des photos du corps de Mouammar Kadhafi, le dirigeant déposé et tué en Libye, avec cette légende : «C’est ce qui arrive aux despotes.»

La charte propose par le roi avait reçu un soutien presque unanime lors d’un referendum tenu en juillet dont ses détracteurs avaient dit qu’il avait été trop précipité pour permettre un véritable débat.

Des élections parlementaires ont lieu au Maroc depuis près de cinquante ans et sont souvent considérées comme une mise en scène de façade destine aux allies occidentaux de la monarchie. Le roi et une élite secrète proche de la cour nommaient le gouvernement et  prenaient les décisions politiques importantes.

Leur mainmise sur le pouvoir a été facilitée par un fort taux d’analphabétisme et la déférence bien ancrée à l’égard d’une dynastie qui dit descendre du prophète Mohamed et contrôle les media.

Le ministère de l’intérieur a recouru à une tactique où se mêlent la répression et le diviser pour régner afin de mater la dissidence politique. Ce qui a conduit de nombreux Marocains à se désintéresser de la politique : le taux de participation au dernier scrutin législatif avait été officiellement de 37 %.