Posts Tagged ‘sionisme’

Vers la fin du « rêve » sioniste

3 Mai 2024

Le musicien Gilad Atzmon nous donne son analyse de la situation en Palestine occupée. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas optimiste puisqu’il prévoit la fuite en masse des Juifs ashkénazes vers l’Europe, fuite qui aurait commencé.

Atzmon sait sans doute de quoi il parle puisque lui-même a quitté définitivement  l’entité il y a a un certain nombre d’années tout en renonçant au judaïsme.

Gilad Atzmon

Il est aujourd’hui citoyen britannique et, en marge de son travail artistique, il dénonce de manière radicale le sionisme.

Il publie aujourd’hui seulement sur X (ex Twitter) et sur Facebook

Une leçon de privilège

Par Gilad Atzmon 28 avril 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Dans ce court article, nous découvrirons la dynamique par laquelle les Juifs ashkénazes sionistes ont forcé les Juifs arabes à quitter leur pays et à faire l’Aliya pour être la chair à canon d’Israël. Mais aujourd’hui, alors que la situation est fatale, les descendants de ces sionistes ashkénazes fuient vers l’Europe, laissant derrière eux les Juifs arabes pour faire face au désordre qu’ils ont eux-mêmes créé.

Le sionisme est né en Europe. Il s’agissait essentiellement d’un mouvement de libération ashkénaze. Certains agitateurs juifs européens laïcs reconnaissaient que la culture juive européenne n’était pas saine : elle était trop capitaliste, exploiteuse, non productive, détachée du sol et aliénée de la condition humaine générale.

Les premiers sionistes ont juré d’arranger tout ça par le biais du «retour à la maison». Ils croyaient que les Juifs européens sont ce qu’ils sont parce qu’ils n’ont pas de terre à eux.

Les Juifs arabes ne faisaient pas partie des premières révolutions sionistes. Ils ont prospéré dans le monde musulman et arabe pendant des centaines d’années. Ils n’ont pas subi de persécutions, encore moins de pogroms ou d’holocaustes, mais cela était sur le point de changer.

En 1948, Ben Gourion, le premier Premier ministre israélien, réalisa qu’il avait besoin de beaucoup plus de soldats juifs pour soutenir le rêve d’une patrie juive. Les Juifs américains n’avaient pas l’intention de quitter leur Médina dorée et de faire leur Aliya. Faire venir les Juifs arabes était la seule voie praticable pour le jeune Israël.

Dans les années 1950, Israël a investi beaucoup d’efforts pour forcer les Juifs arabes à faire leur Aliya depuis le Yémen, l’Irak, du Maroc, la Tunisie, etc. Lorsque les Juifs arabes étaient réticents à rejoindre le rêve sioniste, les Ashkénazes privilégiés du Mossad posaient des bombes dans leurs synagogues pour les pousser dans la ‘bonne direction’. Si vous ne me faites pas confiance sur ce point, recherchez Naeim Giladi sur le net. Vous pouvez lire son récit à ce sujet.

Naeim Giladi

Les Juifs arabes ont été amenés en Israël comme chair à canon. Le jeune Israël avait besoin de gens pour vivre dans les nouvelles villes frontalières. Il fallait beaucoup plus de soldats pour défendre le nouvel État juif. Et il fallait beaucoup de Juifs pour constituer une majorité démographique. Les Juifs arabes étaient soumis à une vile discrimination raciste de la part de leurs « frères » sionistes ashkénazes. Les Juifs yéménites ont été soumis à des expériences médicales extrêmes et non consenties. Leurs bambins étaient emmenés par des Ashkénazes privilégiés et vendus à de riches juifs. Encore une fois, si vous pensez que j’invente ces histoires, recherchez « l’affaire des enfants yéménites ». Les Juifs arabes étaient surnommés le deuxième Israël, même à l’époque où ils devenaient la grande majorité.

Mais le programme ashkénaze n’a pas fonctionné comme prévu. Les Juifs arabes, une fois en Israël, n’ont pas adhéré au projet sioniste travailliste. Ils ont dû faire un effort supplémentaire pour se distinguer de « l’ennemi », c’est-à-dire des Arabes. Ils sont devenus des sionistes d’extrême droite. Ils sont devenus l’épine dorsale du parti Likoud et d’autres partis israéliens anti-arabes. Pourtant, petit à petit, ils sont devenus plus influents politiquement et culturellement, ce qui est en fait une bonne chose pour Israël.

Ce changement en Israël n’a pas été bien accueilli par les Ashkénazes privilégiés et leur progéniture ultra-privilégiée. Ils n’aimaient pas que le deuxième Israël devienne le premier. Ils n’aimaient pas l’influence croissante des Juifs arabes et Israël devenant de plus en plus oriental. Au cours des deux dernières décennies, la plupart des Juifs ashkénazes ont réussi à obtenir des passeports européens ou étrangers en fonction de leur ascendance. Étant privilégiés, ils s’achetaient une voie de sortie de la région, acceptant l’idée  qu’il n’y avait pas d’avenir pour le pays que leurs parents et ancêtres prétendaient posséder. 

Les juifs iraniens, irakiens, syriens ou yéménites ne bénéficient pas de ce privilège. Ils ont été violés jusqu’à faire l’Aliya par leurs frères ashkénazes. Ils se retrouvent désormais avec le monstre créé par le sionisme. Ils devront faire face à la colère des Arabes. Ils sont seuls face à cette situation alors que leurs frères ashkénazes partent en masse, acceptant que le désastre qu’ils ont créé ne peut pas être corrigé

Quand un provocateur sioniste hurle « Tuez les Juifs! »

28 avril 2024

Le monde universitaire nord-américain est saisi par une série de mobilisations étudiantes inédites en faveur de la Palestine. Ces mobilisations touchent même des universités prestigieuses comme Emory à Atlanta ou Columbia à New York, ce qui a le dont de rendre furieux les soutiens du régime sioniste qui réclament répression et sanctions contre les étudiants et tancent durement les présidents d’université qu’ils jugent laxistes.

Bien entendu, pour ces partisans du colonialisme et du suprémacisme sionistes, la remise en cause par les étudiants, rejoints par un nombre non négligeable d’enseignants et chercheurs, de la coopération universitaire avec l’entité sioniste et surtout des investissements opérés par ces universités, souvent privées, dans l’entité sioniste ne peut résulter que d’une logique antisémite.

Or l’antisémitisme est un délit réprimé par la loi dans la plupart des pays et il n’est évidemment pas possible de laisser des propos antisémites s’exprimer sans vergogne.

Las, les manifestants aux Etats Unis comme ailleurs, font bien la différence entre hostilité au sionisme et antisémitisme et leurs mots d’ordre n’ont rien à voir avec des appels à la haine des Juifs ou l’expression de stéréotypes racistes.

Alors comment faire pour justifier la répression d’une manifestation pacifique qui dérange ceux qui soutiennent la politique coloniale et génocidaire du régime sioniste?

A Boston, la solution a été trouvée.

Un agitateur pro-israélien crie « Tuez les Juifs » et fait arrêter tous les autres

HATE SPEECH

par Edith Olmsted, The Daily Beast (USA) 27 avril 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Environ une centaine de manifestants pacifiques ont été arrêtés samedi par la police de l’Université Northeastern dans le campement pro-palestinien de son campus de Boston, affirmant que des informations faisaient état de manifestants utilisant des insultes antisémites; mais selon des témoins, le manifestant qui a vociféré des discours de haine était un contre-manifestant pro- israélien .

Samedi matin, la vice-présidente chargée de la communication de l’Université Northeastern, Renata Nyul, a publié une déclaration annonçant que la manifestation sur Centennial Common serait dispersée par la police du campus et les forces de l’ordre locales. Dans la déclaration, elle a expliqué que la raison pour laquelle ils évacuaient  le campement était les discours de haine tenus sur le site.

« Ce qui a commencé comme une manifestation étudiante il y a deux jours a été infiltré par des organisateurs professionnels sans affiliation avec Northeastern. Hier soir, le recours à des propos antisémites virulents, notamment « Tuez les Juifs », a dépassé les bornes », a-t-elle déclaré. « Nous ne pouvons pas tolérer ce genre de haine sur notre campus. »

Dans tout le pays, les administrateurs universitaires et les politiciens ont rendu publiques des informations faisant état de discours antisémites lors de manifestations menées par des étudiants, justifiant ainsi l’arrestation d’étudiants et la dispersion des manifestations exhortant les universités à cesser leurs relations avec Israël. Ces versions diffèrent souvent de celles de témoins oculaires des manifestations pacifiques.

Tori Bedford de GBH a confirmé qu’elle avait entendu quelqu’un dire « Tuez les Juifs», mais qu’il ne s’agissait pas d‘un des manifestants pacifiques pro-palestiniens. Le slogan venait d’un agitateur pro-israélien qui avait rejoint la foule vendredi soir.

Dans une vidéo de cet incident consternant, fournie par un organisateur de Huskies for a Free Palestine et publiée sur X par Bedford, un leader de la protestation s’est préparé à lancer un chant. « Vous répétez après moi ce que je dis. Compris? » ils crient.

« Tuez les Juifs », a crié une personne brandissant un drapeau israélien. « Il y a quelqu’un? Il y a quelqu’un ?» Il était l’un des deux contre-manifestants qui s’étaient installés au milieu de la foule, debout sur des chaises de jardin, admonestant les manifestants autour d’eux.

La foule des manifestants a immédiatement hué le jeune homme. Les manifestants ont commencé à scander « Nous allons les laisser partir », étouffant les cris des deux contre-manifestants.

Après minuit, les deux contre-manifestants étaient partis, selon nos informations.

Le lendemain matin, des dizaines de policiers du NUPD [de l’université] et de la ville de Boston ont arrêté une centaine de manifestants, mais pas celui dont les propos haineux ont provoqué la fin du rassemblement. Après avoir mis les étudiants arrêtés dans des fourgons, des étudiants ont formé une barrière empêchant ainsi les véhicules de quitter le campus pendant des heures, selon The Huntington News .

Le professeur Matthew Noah Smith, qui a participé jeudi à la manifestation de Northeastern, a observé une manifestation très différente de celle décrite par l’administration. «J’espère que Northeastern n’utilise pas l’antisémitisme comme une arme pour justifier l’arrestation des étudiants qui manifestent », a-t-il écrit dans un article sur X. « J’ai passé toute la journée de jeudi avec les étudiants là-bas et ils sont clairement opposés à toutes les formes de haine et de violence. »

Le plaidoyer antisioniste de Naomi Klein

25 avril 2024

Un beau texte de Naomi Klein en forme de plaidoyer passionné contre le sionisme sur la base des valeurs du judaïsme.

C’est la première fois que je traduis un de ses textes. J’ai vérifié qu’il n’était pas déjà traduit mais il se peut qu’entre ma vérification et l’achèvement de ma traduction, ce texte ait été publié par un autre site.

J’aurais quand même eu le plaisir de traduire ce texte que j’ai trouvé très fort comme celui de Philip Weiss il y a quelques années.

Nous avons besoin d’un exode du sionisme

En cette Pâque, nous n’avons pas besoin ni ne voulons de la fausse idole du sionisme. Nous voulons nous libérer du projet qui commet un génocide en notre nom.

Par Naomi Klein, The Guardian (UK) 24 avril 2024 traduit d el’anglais par Djazaïri

J’ai pensé à Moïse et à sa colère lorsqu’il descendit de la montagne pour trouver les Israélites adorant un veau d’or.

L’écoféministe en moi a toujours été mal à l’aise face à cette histoire : quel genre de Dieu est jaloux des animaux ? Quel genre de Dieu veut s’approprier tout le caractère sacré de la Terre ?

Naomi Klein

Mais il existe une manière moins littérale de comprendre cette histoire. Il s’agit de fausses idoles. De la tendance humaine à vénérer ce qui est profane et brillant, à regarder vers le petit et le matériel plutôt que vers le grand et le transcendant.

Ce que je veux vous dire ce soir, lors de ce Seder révolutionnaire et historique dans les rues, c’est qu’un trop grand nombre parmi notre peuple adore une fois de plus une fausse idole. Ils en sont sous l’enchantement. Ivres d’elle. Souillés par elle.

Cette fausse idole s’appelle le sionisme.

C’est une fausse idole qui prend nos histoires bibliques les plus profondes de justice et d’émancipation de l’esclavage – l’histoire de la Pâque elle-même – et les transforme en armes brutales de vol colonial de terres, en feuilles de route pour le nettoyage ethnique et le génocide

C’est une fausse idole qui a pris l’idée transcendante de la terre promise – une métaphore de la libération humaine qui a traversé de multiples confessions aux quatre coins du monde – et a osé en faire un acte de vente pour un ethno-État militariste.

La version de la libération selon le sionisme politique est elle-même profane. Dès le début, elle nécessitait l’expulsion massive des Palestiniens de leurs foyers et de leurs terres ancestrales dans la Nakba.

Depuis le début, le sionisme est en guerre contre les rêves de libération. Lors d’un Seder, il convient de rappeler que sont inclus les rêves de libération et d’autodétermination du peuple égyptien. Cette fausse idole du sionisme assimile la sécurité israélienne à la dictature égyptienne et aux États clients.

Dès le début, le sionisme a produit une hideuse forme de liberté qui considérait les enfants palestiniens non pas comme des êtres humains mais comme des menaces démographiques – tout comme le pharaon du Livre de l’Exode craignait la population croissante des Israélites et ordonnait donc la mise à mort de leurs fils.

Le sionisme nous a amenés à notre présent moment  de cataclysme et il est temps que nous le disions clairement : il nous a toujours conduit dans cette direction.

C’est une fausse idole qui a conduit beaucoup trop de nos concitoyens sur une voie profondément immorale et qui les amène désormais à justifier la mise en pièces des commandements fondamentaux : tu ne tueras point. Tu ne voleras pas. Tu ne convoiteras pas.

C’est une fausse idole qui assimile la liberté juive aux bombes à fragmentation qui tuent et mutilent les enfants palestiniens.

Le sionisme est une fausse idole qui a trahi toutes les valeurs juives, y compris la valeur que nous accordons au questionnement – une pratique ancrée dans le Seder avec ses quatre questions posées par le plus jeune enfant.

Y compris l’amour que nous portons en tant que peuple aux textes et à l’éducation.

Aujourd’hui, cette fausse idole justifie le bombardement de toutes les universités de Gaza ; la destruction d’innombrables écoles, d’archives, d’imprimeries ; le meurtre de centaines d’universitaires, de journalistes, de poètes – c’est ce que les Palestiniens appellent le scolasticide, la destruction des moyens d’éducation.

Pendant ce temps, dans cette ville, les universités font appel à la police de New York et se barricadent contre la grave menace que représentent leurs propres étudiants qui osent leur poser des questions fondamentales, telles que : comment pouvez-vous prétendre croire en quoi que ce soit, et encore moins en nous, pendant que vous permettez, investissez et collaborez avec ce génocide ?

La fausse idole du sionisme a pu se développer sans contrôle pendant bien trop longtemps.

Alors ce soir on dit : ça s’arrête là.

Notre judaïsme ne peut pas être contenu dans un ethno-État, car notre judaïsme est internationaliste par nature.

Notre judaïsme ne peut pas être protégé par le déchaînement de l’armée de cet État, car tout ce que fait cette armée, c’est semer le deuil et récolter la haine – y compris contre nous en tant que Juifs.

Notre judaïsme n’est pas menacé par des personnes qui élèvent la voix en solidarité avec la Palestine, sans distinction de race, d’origine ethnique, d’aptitudes physiques, d’identité de genre et de générations.

Notre judaïsme est l’une de ces voix et il sait que dans ce chœur résident à la fois notre sécurité et notre libération collective.

Notre judaïsme est le judaïsme du Seder de Pâque : le rassemblement en cérémonie pour partager de la nourriture et du vin avec des êtres chers et des étrangers, le rituel qui est intrinsèquement mobile, suffisamment léger pour être porté sur notre dos, n’ayant besoin que les uns des autres : non des murs, pas de temple, pas de rabbin, un rôle pour chacun, même – surtout – pour le plus petit des enfants. Le Seder est une technologie de la diaspora s’il en est, conçue pour le deuil collectif, la contemplation, le questionnement, la mémoire et la renaissance de l’esprit révolutionnaire.

Alors regardez autour de vous. Voilà notre judaïsme. Alors que les eaux montent et que les forêts brûlent et que rien n’est sûr, nous prions sur l’autel de la solidarité et de l’entraide, quel qu’en soit le prix.

Nous n’avons pas besoin ni ne voulons de la fausse idole du sionisme. Nous voulons nous libérer du projet qui commet un génocide en notre nom. Se libérer d’une idéologie qui n’a pas d’autre plan de paix que celui de traiter avec les pétro-États théocratiques meurtriers d’à côté, tout en vendant au monde les technologies de l’assassinat robotisé.

Nous cherchons à libérer le judaïsme d’un ethno-État qui veut que les Juifs aient perpétuellement peur, qui veut que nos enfants aient peur, qui veut nous faire croire que le monde est contre nous afin que nous courions vers sa forteresse et sous son dôme de fer, ou à au moins maintenir le flux des armes et de l’argent.

C’est la fausse idole.

Et ce n’est pas seulement Netanyahou, c’est le monde qu’il a créé et qui l’a fait – c’est le sionisme.

Que sommes-nous? Nous, dans ces rues depuis des mois et des mois, sommes l’exode. L’exode du sionisme.

Et aux Chuck Schumer(s) [de confession juive, Schumer est le chef de file des Démocrates au Sénat] de ce monde, nous ne disons pas : « Laissez partir notre peuple ».

Nous disons : « Nous sommes déjà partis. Et vos enfants ? Ils sont avec nous maintenant.»

Fosses communes et objectif commun des Etats Unis et du régime sioniste

24 avril 2024

Le World Socialist Web Site nous donne un bon compte rendu de la découverte de fosses communes a proximité de l’hôpital Nasser à Gaza. Des fosses communes où des centaines de civils, hommes, femmes et enfants, ont été ensevelis par les forces terroristes sionistes.

Certains corps étaient menottés, certains étaient clairement des patients arrachés à leur lit d’hôpital, d’autres des médecins enterrés dans leur tenue de travail. Des organes auraient été prélevés sur certaines dépouilles.

Le régime sioniste nie évidemment toute responsabilité pour les charniers découverts à Gaza. Raison pour laquelle il faudrait créer une commission d’enquête internationale afin d’établir les responsabilités et, le cas échéant, verser de nouveaux éléments pour les juridictions internationales que sont la Cour Internationale de Justice et la Cour Pénale Internationale.

Il n’y aura évidemment pas de telle commission d’enquête parce que le régime sioniste et les États Unis s’y opposeront.

Ce qui intéresse en ce moment le régime sioniste et ses alliés à Washington, c’est de persévérer dans le crime en lançant une offensive sur Rafah dans le cadre d’un plan conjoint, en réalité un plan conçu conjointement pour atteindre l’objectif commun qui est de détruire le Hamas.

Si les sionistes sont enfermés dans leur logique meurtrière démentielle, force est de constater que les élites dirigeantes des Etats Unis n’ont tiré aucune leçon de leurs échecs en Afghanistan, en Irak, au Yémen ou au Vietnam.

 

Près de 300 corps découverts dans des charniers à l’hôpital Nasser de Gaza

Par Andre Damon, WSWS (USA) 23 avril 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Près de 300 corps ont été découverts dimanche et lundi dans une série de fosses communes près de l’hôpital Nasser, dans le sud de Gaza. Parmi les morts figurent des hommes, des femmes et des enfants, ainsi que des personnes dont il semble clairement qu’il s’agisse de patients de l’hôpital. Certains ont été découverts menottés, ce qui indique que les victimes ont été tuées lors d’exécutions sommaires massives.

 Après la découverte de charniers similaires à l’hôpital Shifa de Gaza le mois dernier, le charnier de l’hôpital Nasser présente une preuve supplémentaire que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont transformé les hôpitaux de Gaza en champs de bataille dans le cadre de leur génocide en cours contre les Palestiniens de l’enclave.

Exhumation de corps près de l’hôpital Nasser

La journaliste palestinienne Bisan Owda a visité le charnier lundi, rapportant que « certains corps » ont été retrouvés « sans organes, ni peau, ni tête ».

Bisan a pointé la caméra vers l’un parmi des centaines de corps en décomposition éparpillés dans le terrain où elle se trouvait. Les jambes du corps étaient bandées, ce qui suggère que la victime était un patient de l’hôpital. «Il ou elle a été blessé. Et l’armée israélienne l’a tué et enterré dans une fosse commune », a-t-elle déclaré.

 Lundi, le colonel Yamen Abu Suleiman, directeur de la protection civile à Khan Younis, a déclaré à CNN que « 73 corps avaient été retrouvés » lundi, portant le nombre total à 283.

Suleiman a déclaré à CNN que certains corps avaient été découverts avec les mains et les pieds liés, évoquant des exécutions sommaires. « Nous ne savons pas s’ils ont été enterrés vivants ou exécutés. »

Le Dr Mads Gilbert, un médecin norvégien qui a travaillé à l’hôpital Shifa, a déclaré à The Young Turks [média US progressiste] que le massacre est une «faillite morale».

Gilbert a condamné les « massacres impitoyables de civils non armés dans les hôpitaux » par Israël. Il a déclaré que ces lieux étaient «des sanctuaires pour protéger la vie et pour donner un abri aux gens lorsqu’ils sont blessés ou malades. L’armée d’occupation israélienne a utilisé ces lieux pour perpétrer les plus horribles et les plus sadiques massacres de Palestiniens .»

L’Organisation de la Coopération Islamique a réagi à cette découverte en appelant à une enquête sur les crimes de guerre, déclarant qu’Israël avait commis « d’horribles massacres ».Elle a ajou : « Des centaines de personnes déplacées, blessées, malades et des équipes médicales ont été soumises à la torture et aux abus avant d’être exécutées et enterrées collectivement. »

Les médias étatsuniens ont fait le choix conscient et délibéré de minimiser et de dissimuler la découverte des charniers, les trois principaux journaux américains – le New York Times , le Washington Post et le Wall Street Journal – n’en ayant pas parlé, malgré la couverture médiatique par CNN. .

En effet, de nouvelles révélations sur les crimes de guerre israéliens saperaient la campagne menée par l’ensemble de l’establishment politique américain pour diffamer les opposants au génocide de Gaza en les traitant d’antisémites, campagne qui est utilisée pour justifier la répression contre les  étudiants qui manifestent à travers les États-Unis. Et tout reportage de ce type révélerait leur complicité dans ces crimes : samedi, la Chambre des représentants américaine a voté à une écrasante majorité en faveur d’une nouvelle aide militaire de 26 milliards de dollars à Israël, en plus de 61 milliards de dollars pour l’Ukraine et de 8 milliards de dollars pour Taiwan.

Les charniers sont découverts alors que la famine massive à Gaza s’aggrave dans un contexte d’intensification du blocus israélien. Lundi, Tlaleng Mofokeng, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé, a déclaré : « Non seulement Israël tue et cause des dommages irréparables aux civils palestiniens avec ses bombardements, mais lui et ses alliés imposent également sciemment et intentionnellement la famine, la malnutrition prolongée, et la déshydratation.

Lundi, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé que 54 personnes avaient été tuées par des attaques israéliennes au cours des dernières 24 heures.

Mais le désastre ne fera que s’aggraver au moment où Israël se prépare à lancer une offensive sur Rafah, où sont réfugiés plus de 1,5 million de déplacés Gazaouis.

Dans un communiqué publié lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est engagé à «porter des coups supplémentaires et douloureux».

« Dans les prochains jours, nous accroîtrons la pression militaire et diplomatique sur le Hamas car c’est le seul moyen de libérer nos otages et d’obtenir notre victoire », a déclaré dimanche Netanyahou.

Au cours du week-end, des dizaines de personnes ont été tuées dans des frappes aériennes à Rafah, portant le bilan officiel du génocide israélien à Gaza à plus de 34 000 morts et des dizaines de milliers de disparus.

Jeudi, les États-Unis et Israël ont eu des discussions de haut niveau sur la planification des opérations américaines dans le sud de Gaza, au cours desquelles les États-Unis ont approuvé les plans d’Israël visant à « vaincre » le Hamas à Rafah.

Dans son compte-rendu de la réunion, la Maison Blanche a déclaré : « Les deux parties se sont mises d’accord sur l’objectif commun de voir le Hamas vaincu à Rafah. »

La semaine dernière, des publications israéliennes et arabes ont rapporté que l’administration Biden avait donné son feu vert à Israël pour mener une attaque contre Rafah.

Lundi, le Wall Street Journal a rapporté qu’Israël allait bientôt commencer à déplacer la population de Rafah en préparation d’une attaque contre la ville qui durerait des semaines.

Le journal a rapporté : « Israël se prépare à déplacer des civils de Rafah vers Khan Younis et d’autres régions voisines, où il prévoit d’installer des abris avec des tentes, des centres de distribution de nourriture et des installations médicales telles que des hôpitaux de campagne, selon des responsables égyptiens informés des plans israéliens.»

Il concluait : « Cette opération d’évacuation devrait durer deux à trois semaines et serait effectuée en coordination avec les États-Unis, l’Égypte et d’autres pays arabes tels que les Émirats arabes unis, ont indiqué les responsables égyptiens. Ils ont déclaré qu’Israël prévoyait de déplacer progressivement ses troupes vers Rafah, en ciblant les zones où Israël pense que les dirigeants et les combattants du Hamas se cachent. Les combats devraient durer au moins six semaines, ont-ils indiqué.

 

Réflexions sur le sionisme d’Ariella Aïsha Azoulay, juive palestinienne

21 avril 2024

Avec Ariella Aïsha Azoulay, on a en quelque sorte le chaînon manquant dans la compréhension du sionisme et de l’antisionisme. C’est du moins le cas pour moi.

Ceux qui s’intéressent à la situation du peuple palestinien connaissent généralement le(s) point(s) de vue des sionistes, ne serait-ce que ce qu’on peut lire dans la presse grand public; ils connaissent le(s) point(s) de vue des Palestiniens, celui des Juifs antisionistes (par exemple Ilan Halevi) ou post-sionistes (par exemple Shlomo Sand) mais la découverte pour moi c’est Ariella Aïsha Azoulay qui se définit comme de mère juive palestinienne (son père était un Juif originaire d’Algérie).

Ariella Aïsha Azoulay

Ariella Aïsha Azoulay développe une approche qui, de mon point de vue, comporte des aspects particulièrement originaux. Celui qui m’a le plus frappé c’est ce qu’elle écrit sur l’exceptionnalisation de la souffrance des Juifs comme pendant de l’exceptionnalisation de la violence génocidaire du nazisme, la victoire sur ce dernier faisant de l’entité sioniste l’emblème de la puissance occidentale. Un grand récit de la lutte du bien contre le mal qui a contraint les Juifs à se transformer de «survivants traumatisés en bourreaux»: victime – bourreau simultanément, c’est bien ce que nous entendons quand nous écoutons les sionistes se présenter en victimes tout en exposant ce qu’ils considèrent être leur force et leur capacité à en user comme ils le font en ce moment en  massacrant des civils à Gaza.

Le sionisme a tué le monde judéo-musulman

Un entretien avec Ariella Aïsha Azoulay, Jacobin (USA) 11 avril 2024, traduit de l’anglais par Djazaïri

Dans une interview avec Jacobin , la cinéaste et universitaire Ariella Aïsha Azoulay retrace comment l’exploitation du sionisme par les puissances occidentales a conduit non seulement au nettoyage ethnique de la Palestine, mais aussi à la disparition des communautés juives à travers le Moyen-Orient.

Entretien conduit par Linda Xheza

Née en Israël, Ariella Aïsha Azoulay, cinéaste, commissaire d’exposition et universitaire, rejette l’identité israélienne. Avant de devenir Israélienne à dix-neuf ans, sa mère était simplement juive palestinienne. Pendant une grande partie de l’histoire, cette combinaison de mots n’avait rien d’inhabituel. En Palestine, une minorité juive a vécu en paix aux côtés de la majorité musulmane pendant des siècles.

Cela a changé avec le mouvement sioniste et la fondation d’Israël. Le nettoyage ethnique des Juifs d’Europe conduira, grâce aux sionistes européens, non seulement à celui des musulmans de Palestine mais aussi à celui des Juifs du reste du Moyen-Orient, avec près d’un million de personnes fuyant à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948, dont beaucoup vers Israël.

Dans une interview avec Jacobin , Azoulay replace le génocide israélien à Gaza dans le contexte de l’histoire longue de l’impérialisme européen et américain. Azoulay est professeur de littérature comparée à Brown [université de la côte est des États Unis] et auteur de Potential History: Unlearning Imperialism (Verso, 2019).

LINDA XHEZA

Vous vous identifiez comme juive palestinienne. Pourriez vous nous en dire plus à ce sujet ? Pour beaucoup de gens, ces mots s’opposent.

ARIELLA AÏSHA AZOULAY

Que ces termes soient compris comme s’excluant mutuellement, ou en opposition, comme vous le suggérez, est le symptôme de deux siècles de violence. En quelques générations, des Juifs de diverses origines vivant partout dans le monde ont été privés de leurs divers attachements à la terre, aux langues, aux communautés, aux professions et aux formes de partage du monde.

La question qui devrait nous préoccuper n’est pas de savoir comment donner un sens à la prétendue impossibilité de l’identité juive palestinienne, mais plutôt l’inverse : comment se fait-il que l’identité fabriquée, connue sous le nom d’Israélienne, ait été reconnue comme  chose ordinaire par beaucoup à travers le monde après la création de l’État en 1948  ? Non seulement cette identité obscurcit l’histoire et la mémoire des diverses communautés et formes de vie juives, mais elle obscurcit également l’histoire et la mémoire de ce que l’Europe a fait aux Juifs en Europe, en Afrique et en Asie dans ses projets coloniaux.

Israël a en partage avec ces puissances impériales l’intérêt d’occulter le fait que «l’État d’Israël n’a pas été créé pour le salut des Juifs ; il a été créé pour le salut des intérêts occidentaux », comme l’écrivait James Baldwin en 1979 dans sa « Lettre ouverte aux Born Again ». Dans sa lettre, Baldwin compare lucidement le projet colonial euro-américain pour les Juifs avec le projet américain pour les noirs au Libéria : « Les Américains blancs responsables de l’envoi d’esclaves noirs au Libéria (où ils travaillent toujours pour la plantation de caoutchouc de Firestone) n’ont pas fait cela pour les libérer. Ils les méprisaient et voulaient s’en débarrasser.»

Juifs dans la ville de Buqei’a en Palestine vers 1930

Avant la proclamation de l’État d’Israël et sa reconnaissance immédiate par les puissances impériales, l’identité juive palestinienne était l’une des nombreuses identités qui existaient en Palestine. Le terme « Palestinien » n’avait pas encore de connotation racialisée. Mes ancêtres maternels, qui ont été expulsés d’Espagne à la fin du XVe siècle, se sont retrouvés en Palestine avant que le mouvement euro-sioniste ne commence ses actions là-bas et avant que le mouvement ne commence progressivement à confondre l’aide aux Juifs en réponse aux attaques antisémites en Europe avec l’imposition d’un projet de colonisation sur le modèle européen auquel les Juifs pourraient participer – un projet non seulement interprété comme un projet de libération juive mais fondé sur une croisade européenne contre les Arabes. La décolonisation nécessite de retrouver les identités plurielles qui existaient autrefois en Palestine et dans d’autres endroits de l’Empire ottoman, notamment ceux où coexistaient juifs et musulmans.

LINDA XHEZA

Dans votre film le plus récent,  «Le monde comme un joyau dans la main», vous évoquez la destruction d’un monde islamo-juif partagé. Vous mettez en avant un appel lancé par des Juifs qui, à la fin des années 1940, ont rejeté la campagne sioniste européenne et ont exhorté leurs compatriotes juifs à résister à la destruction de la Palestine. Compte tenu de la récente destruction de vies, d’infrastructures et de monuments à Gaza, pensez-vous qu’il est encore possible pour les juifs et les musulmans de récupérer leur monde commun ?

ARIELLA AÏSHA AZOULAY

Tout d’abord, la partie historique. Les sionistes ont cherché à effacer à jamais cet appel des Juifs antisionistes de nos mémoires. Ces anciens juifs faisaient partie d’un monde judéo-musulman et ils ne voulaient pas en sortir. Ils ont mis en garde contre le danger que le sionisme représente pour les Juifs comme eux dans ce monde qui existait entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, y compris en Palestine.

Nous devons rappeler que jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le sionisme était un mouvement marginal et sans importance parmi les populations juives du monde entier. Ainsi, jusqu’à cette époque, nos aînés n’avaient même pas à s’opposer au sionisme ; ils pouvaient simplement l’ignorer. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, alors que les Juifs survivants en Europe – qui n’étaient pour la plupart pas sionistes avant la guerre – n’avaient presque nulle part où aller, que les puissances impériales euro-américaines ont saisi l’opportunité de soutenir le projet sioniste. Pour eux, il s’agissait d’une alternative viable au maintien des Juifs en Europe ou à leur migration vers les États-Unis, et ils ont utilisé les organismes internationaux qu’ils ont créés pour accélérer sa réalisation.

Ce faisant, ils ont propagé le mensonge selon lequel leurs actions constituaient un projet de libération juive, alors qu’en réalité, ce projet a poursuivi l’éradication de diverses communautés juives bien au-delà de l’Europe. Et pire encore, la libération juive a été utilisée comme une autorisation et une raison pour détruire la Palestine. Cela n’aurait pas pu être entrepris sans qu’un nombre croissant de Juifs ne deviennent les mercenaires de l’Europe : les Juifs qui avaient émigré en Palestine alors qu’ils fuyaient ou après avoir survécu au génocide en Europe, les Juifs palestiniens qui ont précédé l’arrivée des sionistes et les Juifs qu’on a persuadés de venir en Palestine ou laissés sans autre choix que de quitter le monde judéo- musulman depuis qu’Israël a été créé, avec le programme clair d’être un État anti-musulman et anti-arabe – tous ont été encouragés par l’Europe et les sionistes européens à voir les Arabes et les musulmans comme leurs ennemis.

Il ne faut pas oublier que les musulmans et les Arabes n’ont jamais été les ennemis des Juifs et, par ailleurs, qu’un grand nombre de ces Juifs vivant dans le monde à majorité musulmane étaient eux-mêmes Arabes. Ce n’est qu’avec la création de l’État d’Israël que ces deux catégories – Juifs et Arabes – sont devenues mutuellement exclusives.

La destruction de ce monde judéo-musulman après la Seconde Guerre mondiale a permis l’invention d’une tradition judéo-chrétienne, qui deviendra dès lors une réalité, puisque les Juifs ne vivent plus en dehors du monde chrétien occidental. La survie d’un régime juif en Israël nécessitait davantage de colons, et les Juifs du monde juif musulman furent donc contraints de partir pour faire partie de cet ethno-État. Détachés et privés de leurs histoires riches et diverses, ils pourraient être socialisés à ce rôle que leur assigne l’Europe – mercenaires de ce régime colonial de peuplement pour restaurer la puissance occidentale au Moyen-Orient.

Comprendre ce contexte historique ne réduit pas la responsabilité des auteurs sionistes pour les crimes qu’ils ont commis contre les Palestiniens au fil des décennies ; cela rappelle plutôt le rôle de l’Europe dans la destruction et l’extermination des communautés juives principalement, mais pas seulement, en Europe, et son rôle dans la remise de la Palestine aux sionistes, les représentants présumés des survivants de ce génocide qui formaient un avant-poste occidental. pour ces mêmes acteurs européens au Moyen-Orient

Paradoxalement, le seul endroit au monde où Juifs et Arabes – dont la plupart sont musulmans – partagent aujourd’hui le même morceau de terre se trouve entre le fleuve Jourdain et la mer. Mais depuis 1948, ce lieu est marqué par la violence génocidaire. Les questions urgentes sont désormais de savoir comment mettre fin au génocide et comment arrêter l’introduction d’armes supplémentaires dans cette région.

Dans Eichmann à Jérusalem , Hannah Arendt décrit les sentiments contradictoires ressentis par les survivants juifs de l’Holocauste au cours des années qu’ils ont passées dans les camps de personnes déplacées en Europe. D’un côté, dit-elle, la dernière chose qu’ils pouvaient imaginer était de vivre à nouveau avec les agresseurs ; d’un autre côté, dit-elle, ce qu’ils désiraient le plus était de retourner chez eux. Il ne faut pas s’étonner qu’après le génocide de Gaza, les Palestiniens ne puissent plus imaginer partager un monde avec leurs bourreaux, les Israéliens. Pour autant, est-ce une preuve que ce monde, où Arabes et Juifs sionistes se sont retrouvés ensemble, doit également être détruit pour reconstruire la Palestine sur ses cendres ? Ce n’est que grâce à l’imagination politique impériale euro-américaine qu’une tragédie de l’ampleur de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste aurait pu se terminer par des solutions aussi brutales que les partitions, les transferts de population, l’ethno-indépendance et la destruction de mondes.

Nous, à l’échelle mondiale, avons l’obligation de revendiquer ce que j’appelle le droit de ne pas être un fauteur de violences et de l’exercer de toutes les manières possibles. Les dockers qui refusent d’expédier des armes en Israël, les étudiants qui s’engagent dans des grèves de la faim pour faire pression sur leurs universités afin qu’elles désinvestissent, les Juifs qui perturbent leurs communautés et leurs familles et réclament leurs droits ancestraux d’être et de parler en tant qu’antisionistes, les manifestants qui occupent les bâtiments de l’État. et les gares et risquent d’être arrêtés — ils sont tous motivés par ce droit même s’ils ne l’articulent pas en ces termes. Ils comprennent le rôle que jouent leurs gouvernements, et plus largement les régimes sous lesquels ils sont gouvernés en tant que citoyens, dans la perpétuation de ce génocide, et ils comprennent, comme le dit le slogan bien connu, que cela est commis en leur nom.

LINDA XHEZA

Ceux qui réclament un cessez-le-feu sont également juifs. Mais même les voix juives sont réduites au silence. En Allemagne, par exemple, le travail d’artistes juifs bien établis a été censuré. Pensez-vous qu’il y a un intérêt à renforcer un discours dominant mis en place depuis 1948 par l’Occident et l’État d’Israël tout en réprimant les voix juives qui s’opposent à la violence perpétrée en leur nom ?

ARIELLA AÏSHA AZOULAY

Il est vrai que des voix juives sont réduites au silence, mais cela n’a rien de nouveau. Les voix juives ont été réduites au silence immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les survivants n’ont eu d’autre choix que de rester des années déracinés dans des camps. Pendant cette période, les biens pillés au sein de leurs communautés, plutôt que d’être restitués dans les endroits d’Europe d’où ils ont été pillés, ont été partagés comme des trophées par la Bibliothèque nationale de Jérusalem et la Bibliothèque du Congrès de Washington. Et non seulement le traumatisme collectif des survivants – et de nous, leurs descendants – n’a pas été pris en compte, mais nous avons été réduits au silence par ce mensonge d’un projet de libération fondé sur un récit sioniste de libération par la colonisation de la Palestine, qui à son tour fournirait aux puissances euro-américaines une nouvelle colonie pour servir leurs intérêts impériaux.

L’exceptionnalisation de la souffrance des Juifs n’était pas un projet discursif juif mais occidental, faisant pendant à l’exceptionnalisation de la violence génocidaire des nazis. Dans le grand récit du triomphe occidental sur cette force ultime du mal, l’État d’Israël est devenu un emblème de la force de l’Occident et a marqué la pérennité du projet impérial euro-américain. Dans le cadre de ce grand récit, les Juifs ont été contraints de se transformer de survivants traumatisés en bourreaux. Des Juifs du monde entier ont été envoyés [en Palestine] pour gagner une bataille démographique, sans laquelle le régime israélien ne pourrait pas durer. Les deuxième et troisième générations nées de ce projet sont nées sans histoire ni souvenir de leurs ancêtres antisionistes ou non sionistes, et encore moins de souvenirs des autres mondes dont faisaient partie leurs ancêtres. De plus, ils étaient totalement dissociés de l’histoire de ce qu’était la Palestine et de sa destruction. Ils étaient donc des proies faciles pour un État-nation vendu par les sionistes et les puissances euro-américaines comme le point culminant de la libération juive.

La Nakba, en ce sens, n’était pas seulement une campagne génocidaire contre les Palestiniens mais aussi, en même temps, contre les Juifs, à qui l’Europe a imposé une autre «solution» après la finale. Sans le financement et l’armement massifs par les puissances impériales, les massacres à Gaza auraient cessé en peu de temps, et les Israéliens devraient se demander ce qu’ils faisaient, comment ils en sont arrivés à ce point, et seraient obligés de réfléchir sur le 7 octobre et se demander pourquoi cela s’est produit et comment parvenir durablement à ce que tous puissent vivre entre le fleuve et la mer.

Les voix juives dans des pays comme l’Allemagne ou la France continuent d’être les premières à être réduites au silence afin de maintenir à la fois la colonie sioniste et la cohésion fabriquée d’un seul peuple juif qui pourrait être représenté par des forces soutenant le projet euro-américain de suprématie blanche. Rien d’autre. La nature génocidaire du régime israélien est apparue au grand jour et ne peut plus être cachée à personne.

LINDA XHEZA

Pensez-vous qu’il y a encore une possibilité d’espoir pour les Palestiniens et pour ceux d’entre nous qui voulons revendiquer un monde à partager avec les autres ?

ARIELLA AÏSHA AZOULAY

S’il n’y a aucun espoir pour les Palestiniens, il n’y a aucun espoir pour aucun d’entre nous. La bataille de Palestine dépasse la Palestine, et tous ceux qui protestent partout dans le monde le savent.

CONTRIBUTRICES

Ariella Aïsha Azoulay est essayiste cinématographique, commissaire d’exposition et professeur de culture moderne et de littérature comparée à l’Université Brown.

Linda Xheza écrit sur la photographie et l’immigration à l’École d’analyse culturelle d’Amsterdam, Université d’Amsterdam.

La plupart des Juifs sont des voleurs?

2 avril 2024

Cet article parle d’un livre publié par Adam Raz, un historien, en rapport avec l’expulsion des Palestiniens de chez eux par les sionistes.

Adam Raz

Le point de départ en est une citation de David Ben Gourion, un des pères fondateurs de l’entité coloniale, un habitué des postures à la fois du dirigeant pétri de morale et de celui qui se contrefiche de la morale. Un Dr Jekyll qui cohabite avec son double Mr Hyde en quelque sorte. Sauf que si en réalité on n’a pas beaucoup vu le Dr Jekyll qui sommeillait peut-être en Ben Gourion, Mr Hyde  était lu en revanche parfaitement éveillé et actif..

Les fondateurs d’Israël étaient des «voleurs» affirme un historien israélien

Middle East Monitor,  6 octobre 2020 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les premiers colons juifs en Palestine « ont pillé les biens arabes », selon un nouveau livre d’un historien israélien, ajoutant que « les autorités ont fermé les yeux ».

Dans ce qui a été décrit comme la «toute première étude approfondie,» l’historien israélien Adam Raz décrit « l’ampleur du pillage des biens arabes par les Juifs» lors des attaques des gangs juifs  en 1948  contre les Palestiniens et leurs maisons, et il explique pourquoi Ben Gourion a dit : « la plupart des Juifs sont des voleurs ».

La revue critique dans Haaretz du livre de Raz par Ofer Aderet était intitulée : « Des soldats et  des civils  juifs  ont pillé en masse les biens  de leurs voisins  arabes  en 1948. Les  autorités  ont fermé  les  yeux . »

Une autre grande plume de  Haaretz , Gideon Levy,  a relevé  que les mots «la plupart des Juifs sont des voleurs » «n’ont pas été prononcés par un dirigeant antisémite, un haineux contre les Juifs ou un néo-nazi, mais par le fondateur de l’État d’Israël , deux mois après sa création.»

Gideon Levy a déclaré que les autorités israéliennes « ont fermé les yeux et ont ainsi encouragé le pillage, malgré toutes les dénonciations, les faux-semblants et quelques procès ridicules ».

Il expliquait:

Le pillage servait un objectif national : achever rapidement le nettoyage ethnique des Arabes dans la majeure partie du pays et veiller à ce que 700 000 réfugiés n’imaginent même pas pouvoir retourner chez eux.

Le journaliste israélien ajoutait : « Avant même qu’Israël ne parvienne à détruire la plupart des maisons et à effacer de la surface de la terre plus de 400 villages, il y a eu ce pillage massif pour les vider, afin que les réfugiés n’aient aucune raison de revenir. »

Levy a également déclaré que les pillards « n’étaient pas seulement motivés par l’avidité de posséder des biens volés juste après la fin de la guerre, des biens appartenant dans certains cas à des personnes qui étaient leurs voisins la veille encore, et pas seulement par le désir de s’enrichir rapidement en pillant des articles ménagers et des ornements, dont certains étaient très coûteux…, mais ils ont servi, consciemment ou inconsciemment, le projet de purification ethnique qu’Israël a vainement tenté de nier au fil des années.»

Il ajoutait: « Presque tout le monde a participé » au pillage, à ce qui «était le petit pillage, celui qui a prouvé ne serait-ce que pour un instant que ‘la plupart des Juifs sont des voleurs’, comme le disait le père fondateur. Mais il s’agissait là d’un minipillage comparé au pillage institutionnalisé des propriétés, des maisons, des villages et des villes – le pillage des terres. »

« Le déni et la répression » font partie des raisons pour lesquelles les chefs de la communauté juive ont autorisé le pillage des biens arabes en Palestine. Il déclare : « La soif de vengeance et l’ivresse de la victoire après une guerre difficile pourraient peut-être expliquer, même en partie, la participation d’un si grand nombre de personnes. »

Levy a déclaré que « le pillage reflète non seulement une faiblesse humaine momentanée, mais est destiné à servir un objectif stratégique clair – purifier le pays de ses habitants – les mots échouent à rendre la réalité ».

En conclusion de son article, Levy écrivait : « Quiconque croit qu’une solution sera un jour trouvée au conflit sans une expiation et une compensation appropriées pour ces actes vit dans l’illusion. »

Il demandait à Israël de « réfléchir aux sentiments des descendants, des Arabes d’Israël et des réfugiés palestiniens, qui vivent avec nous et à nos côtés. Ils voient les images et lisent ces choses – qu’est-ce qui leur passe par la tête ?

Il répondait : « Ils ne pourront jamais revoir les villages de leurs ancêtres : Israël a démoli la plupart d’entre eux, pour n’en laisser aucune trace », notant qu’« un petit souvenir volé dans la maison perdue pourrait faire couler une larme. »

Ajoutant : « Demandez simplement aux Juifs furieux à propos de tout bien juif volé. »

Le jour d’après la défaite stratégique de l’entité sioniste

26 février 2024

Si on prête quelque attention à ce qui se passe en France, chacun peut constater une promotion organisée du Rassemblement National qui va au delà d’une simple banalisation. Les cadres de ce parti fondé par des anciens de l’Organisation Armée Secrète (OAS), nostalgiques de l’Algérie française, ont renoncé à l’antisémitisme et ont en parallèle pris position en faveur du régime sioniste. Un changement qui est le fruit d’un travail initié il y a des années par Louis Alliot, l’ex compagnon de Marine Le Pen, lui-même fils d’une mère issue de la communauté juive d’Algérie.

Avec et à côté de la promotion du RN, on est bien obligé de constater la mise en pratique d’une islamophobie d’État avec la fameuse loi sur le «séparatisme»,  des expulsions d’imams, la résiliation du contrat d’association du lycée Averroès dans le département du Nord et la menace de fermeture du collège privé hors contrat Avicenne à Nice. Vendue comme mesure contre le « séparatisme » musulman, cette loi participe aussi de la répression de ceux qui déplaisent au gouvernement [ » Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste….. »]

Ce ne sont là que quelques aspects très visibles d’une politique qui avance de manière méthodique en tordant le bras au droit et en travestissant la réalité.

A cet égard la France n’est pas un cas isolé même si elle a peut-être pris un peu d’avance sur d’autres pays occidentaux..

Si on en croit l’article que je vous propose, ce n’est là qu’un début qui se transformera, puisque les Musulmans sont présentés comme des envahisseurs venus remplacer les «Français»,  en une espèce de Reconquista, c’est-à-dire en déportation ou en obligation pour les Arabo-Musulmans de se transformer en conversos, ici de la République, là de l’acceptation de l’unbreakable bond  [le lien indissoluble] avec l’entité sioniste.

Selon l’auteur de l’article, les choses s’accéléreront quand les Occidentaux auront pris conscience de la défaite qu’est en train de subir le régime sioniste en Palestine. Une défaite stratégique s’entend parce que, en matière de destructions, de femmes et d’enfants tués, le régime sioniste reste imbattable.

 Les grands perdants de la victoire de Gaza

Par Ahmed, MENA Unleashed, 25 février 2024 Traduit de l’anglais par Djazaïri

Les plus grands perdants de la victoire de Gaza seront les Arabes et les Musulmans libéraux qui résident en Occident. J’éprouve sincèrement de la tristesse pour eux parce qu’ils sont les moins conscients du danger qui les guette. Pour la première fois depuis des siècles, des Arabes musulmans sunnites gagnent des guerres et sont sur le point de retirer une pièce centrale de l’Occident dans la région. Non seulement ça, mais ils le font en alliance avec des Arabes chiites et le soutien de l’Iran.

Yahia Sinwar, chef du Hamas à Gaza dont
la tête est mise à prix par le régime sioniste

A cause du bruit des combats, les Arabes et Musulmans libéraux en Occident et les opinions publiques occidentales pensent que le Hamas est en train de perdre et que c’en est fini de la Palestine. D’où le fait que la conversation se concentre sur la déploration et les lamentations sur la défaite supposée. Cependant, tout cela va changer quand la victoire palestinienne deviendra évidente. Quelle sera selon vous la réaction des élites occidentales face à cette défaite civilisationnelle ? Elles vont revenir sur le contrat social qui permettait aux Arabes et Musulmans libéraux de vivre en Occident ces dernières dizaines d’années. Ce mouvement a déjà commencé. Les Républicains aux États-Unis et les conservateurs au Royaume Uni préparent leurs opinions publiques en ce sens. Une fois que la défaite israélienne sera reconnue officiellement, les attaques commenceront contre ces minorités. Les expulsions et les confiscations de biens deviendront une exigence populaire. Avec l’approfondissement de la crise en Occident, les élites dirigeront le mécontentement populaire vers les Musulmans et se serviront de la victoire palestinienne pour mobiliser pour la guerre avec l’aide de l’extrême droite israélienne et des accusations de soutien au terrorisme.

Les Arabes et Musulmans libéraux en Occident devraient prendre cette menace extrêmement sérieusement. La menace qui se profile ne viendra pas de secteurs marginaux de l’Occident mais des courants dominants. Comme je l’ai dit dès le début de la guerre, il faudra une dizaine d’années pour que les gens se fassent à l’idée qu’Israël a perdu et que la Palestine a gagné. Je crains que d’ici là, il ne soit trop tard pour agir

Un antisémite chargé de lutter contre l’antisémitisme à Harvard?

25 février 2024

On se souvient de la chasse au sorcières qui a visé des présidents d’universités aux Etats Unis, accusés de laxisme face à l’antisémitisme qui caractériserait les  manifestations croissantes de solidarité des étudiants avec la Palestine.

Les principales cibles de cette chasse aux sorcières ont été trois femmes présidentes d’universités parmi les plus prestigieuses des États Unis Liz Magill (Penn), Claudine Gay (Harvard) et Sally Kornbluth (MIT), les deux premières ayant été contraintes à la démission et la troisième s’est pliée aux exigences du lobby sioniste. Il s’avère, est-ce un hasard, que c’est la seule juive parmi les trois présidentes. Mais ne soyons pas mauvaise langue…

Parmi les mesures souhaitées par le lobby sioniste, la mise en place ou le durcissement de l’action de commissions ou groupes de travail sur l’antisémitisme à l’université, l’antisémitisme étant entendu comme le soutien au peuple palestinien.

Ainsi, le président par intérim de Harvard a créé un groupe de travail dont il a confié la responsabilité à Derek Penslar, un historien.

Le Professeur Derek Penslar

Las! Le lobby considère que Derek Penslar est antisémite. Ce qu’on peut comprendre parce que Penslar est un spécialiste internationalement reconnu de l’histoire du sionisme et qu’accessoirement il est juif.

Mais avec les sionistes, être juif, pratiquant ou non, de père et de mère ou de mère seulement ne vous prémunit pas contre l’accusation d’être un antisémite.

Opinion : Comment la lutte contre l’antisémitisme est désormais utilisée pour promouvoir un programme « anti-woke »

Par David N. Myers, Los Angeles Times (USA) 24 janvier 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Lorsque des agitateurs ineptes accusent Derek Penslar d’antisémitisme, vous savez que quelque chose a complètement déraillé. Soyons clairs : ce qu’ils attaquent, ce n’est pas seulement un éminent universitaire, mais plus largement l’université américaine en tant que lieu d’expertise et de pensée critique.

Penslar, professeur d’histoire à Harvard, est l’incarnation de l’expertise. Il a été nommé la semaine dernière par le président par intérim de cette institution, Alan Garber, pour co-présider un groupe de travail sur l’antisémitisme à l’université. En réponse à cette annonce, les médias de droite, notamment le New York Post et la National Review, ont réagi avec indignation, suggérant que Penslar n’était pas apte à cette tâche car, comme le dit la National Review, il « s’est montré critique à l’égard d’Israël ».

Dans ce cas – et en fait, avec cette accusation particulière – nous pouvons voir à quel point ces détracteurs de droite sont ouvertement hypocrites. Ils affirment souvent que la critique de la politique gouvernementale israélienne n’est pas nécessairement antisémite. Mais soit ils ne croient pas à leurs affirmations, soit ils les déploient de manière stratégique pour faire avancer leur agenda qui vise à faire taire ceux avec lesquels ils ne sont pas d’accord.

Avec Penslar, ils ont tout simplement choisi la mauvaise personne. C’est un juif profondément engagé et un érudit exceptionnel, bien connu et respecté pour sa sagesse,  sa nature pondérée, bienveillante et sa pondération. Au cours de sa carrière, il a acquis la réputation d’être l’un des principaux historiens du sionisme dans le monde.

Les œuvres majeures de Penslar, depuis son premier livre « “Zionism and Technocracy» jusqu’à son livre le plus récent «Zionism: An Emotional State», portent la marque d’une rigueur conceptuelle, d’un examen minutieux des preuves et d’une écriture claire. Sa réputation s’étend jusqu’à Israël, où il est bien connu et largement admiré par les universitaires. En effet, il a joué un rôle majeur dans la croissance et l’expansion des études sur Israël en Amérique du Nord et en Europe.

Une grande partie de ce qui nourrit ’attaque contre Penslar ne résulte pas de quelque chose qu’il a écrit mais plutôt de quelque chose qu’il a signé : la lettre «Elephant in the Room», qui a obtenu le soutien de près de 3 000 universitaires et intellectuels. Rédigée en août, bien avant le 7 octobre, la lettre appelait Israël à faire des avancées significatives vers la démocratie en mettant fin à l’occupation du territoire palestinien.

La lettre qualifiait le contrôle israélien sur la Cisjordanie de «régime d’apartheid». Même s’il s’agit là d’un langage indéniablement sévère, il rend compte des réalités dures et souvent brutales auxquelles sont confrontés les Palestiniens de Cisjordanie, qui se voient refuser l’accès aux mêmes droits, services et installations que les Juifs israéliens qui y vivent.

C’est le mot utilisé par l’ancien directeur du Mossad, Tamir Pardo, pour décrire la mainmise d’Israël. Et c’est un mot qu’un bon nombre d’organisations de défense des droits de l’homme, y compris de grandes ONG israéliennes, ont elles-mêmes utilisé. Ces individus et organisations font référence à l’apartheid non pas parce qu’ils sont motivés par l’antisémitisme, mais parce que c’est le mot qui, selon eux, décrit le mieux le système de justice à deux vitesses avec lequel les Palestiniens doivent vivre en Cisjordanie.

L’ancien président de Harvard, Lawrence Summers, et le directeur général de l’Anti-Defamation League [équivalent de la LICRA, NdT ), Jonathan Greenblatt, se  sont désormais joints à la mêlée. Greenblatt accuse Penslar d’être quelqu’un qui «diffame l’État juif». Mardi, la représentante au Congrès Elise Stefanik (RN.Y.) a dépassé les limites en le fustigeant pour  «ses opinions et déclarations antisémites méprisables ».

Ces détracteurs ne semblent pas se soucier du fait qu’ils soient utilisées par des militants de droite tels que Christopher Rufo et le Claremont Institute, déterminés à s’attaquer au «wokisme » de l’université américaine et à mettre en place un nouveau type d’institution marqué par le conservatisme. , le manque de diversité et, pour tout dire, la médiocrité.

La stratégie de ces acteurs consiste à relever des termes tels que la théorie critique de la race, la justice sociale et la DEI (diversité, équité et inclusion), à en retirer toute nuance ou vertu, puis à les utiliser pour caricaturer excellentes facultés et universités comme étant à peine plus que «camps de rééducation» à la manière de la Révolution culturelle chinoise.

Pour Rufo et le Claremont Institute, l’objectif est de mettre fin à des décennies de multiculturalisme, d’affirmative action [en faveur des minorités] et d’efforts en faveur de la diversité qui ont profondément enrichi l’enseignement supérieur américain. Ils préfèrent des institutions telles que le Hillsdale College ou le New College relooké, qui évitent fièrement toute forme de diversité en faveur d’un programme idéologique conservateur et anti-woke.

Les facultés et les universités ne sont pas des institutions parfaites ;elles sont confrontés à leurs propres défis pour naviguer entre la liberté d’expression et le discours respectueux. Mais ceux d’entre nous qui se soucient de l’intégrité et de l’excellence du système d’enseignement supérieur aux États-Unis doivent prendre conscience de la réalité de la puissance croissante de cette campagne de destruction menée par la droite. Les attaques contre Derek Penslar, qui le présentent comme insuffisamment attentif à l’antisémitisme, montrent jusqu’où ce mouvement est prêt à aller . Son programme hautement partisan a déjà fait tomber plusieurs cibles importantes. Ne lui permettons pas de contrôler l’avenir de l’université américaine.

David N. Myers est titulaire de la chaire Kahn d’histoire juive à l’UCLA et dirige le Luskin Center for History and Policy ainsi que l’UCLA Initiative to Study Hate.

Le plus grand stock de peau humaine du monde se trouve dans l’entité sioniste

23 février 2024

Comment est-il possible qu’un État peuplé de moins de dix millions d’habitants puisse entretenir une banque de peau plus importante que celle des Etats Unis avec leurs 330 millions d’habitants? Banque de peu créée en 1986 alors qu’elle l’a été en 1949 aux Etats Unis?

Et que l’entité sioniste est un des endroits dans le monde où les gens sont les plus réticents face au don d’organes?

Cet article propose une réponse à cette question.

La banque de peau israélienne soulève des préoccupations éthiques sur le consentement au prélèvement d’organes

Jordan News, 17 novembre 2023

GAZA – Israël possède la plus grande banque de peau au monde, un établissement médical qui stocke la peau humaine pour une utilisation ultérieure dans le traitement des brûlures et des cancers de la peau. Cette banque a été créée en 1986 sous la tutelle du service de santé militaire de l’armée d’occupation, qui propose ses services à l’international, pour répondre notamment  aux demandes des pays occidentaux. Les autorités d’occupation israéliennes ont volé des organes sur les corps de Palestiniens morts, une pratique criminelle odieuse qui a été révélée dans plusieurs rapports et à travers les témoignages de médecins israéliens qui ont participé à cette pratique horrible qui viole l’éthique professionnelle et constitue un crime contre l’humanité,  rapporte Al-Ghad [version arabophone de Jordan News]. En revanche, cette banque israélienne se distingue des autres banques du monde entier dans la mesure où son approvisionnement en organes vitaux ne provient pas uniquement de donneurs volontaires. Au lieu de cela, des cas documentés de vol de peau sur les corps de Palestiniens ont été enregistrés, des individus dont les organes sont également volés. Il existe des preuves irréfutables que les Israéliens se livrent au trafic de ces organes volés, ce qui fait de l’entité le plus grand marché d’organes au Moyen-Orient.

D’où Israël a-t-il obtenu ce stock ?


L’’expert des affaires israéliennes Anas Abu Arqoub déclare : « La banque de peau israélienne est la plus grande au monde, surpassant la banque de peau américaine qui a été créée 40 ans avant elle, notant que la population d’Israël est beaucoup moins nombreuse que celle des États-Unis.

Arqoub souligne que le vol d’organes sur des corps palestiniens n’est pas que de l’ordre du soupçon, déclarant : « Même les médias israéliens reconnaissent qu’il s’agit d’un processus de prélèvement à l’insu des familles des défunts ».

La réserve de peau humaine détenue par l’État d’occupation israélien, équivalente à 170 mètres carrés, stockée au sein de la banque de peau israélienne, confirme le récit d’Arqoub. Ce chiffre est considéré comme déraisonnable étant donné qu’Israël se place au troisième rang pour le refus de dons d’organes par la population, refus attribué aux croyances religieuses juives [ ou croyance populaire car la position officielle des religieux juifs n’est pas de s’opposer au don d’organes, NdT].

Remettre des corps palestiniens à leurs familles sans organes !

Les détails de cette histoire remontent à 2001, lorsque le journaliste d’investigation suédois Donald Boström a publié une enquête révélant le vol d’organes sur les corps de martyrs palestiniens et leur trafic par des entités israéliennes. C’était la première fois que ce crime était révélé à l’opinion internationale.
Boström n’en est pas resté là et a publié une autre enquête sur le même sujet en 2009 dans les pages du magazine suédois « Aftonbladet ». L’enquête observait que le ministère israélien de la Santé avait lancé une campagne nationale pour encourager le don d’organes en 1992. Cependant, malgré cela, un écart important persistait entre la demande et l’offre de dons.
Coïncidant avec cette campagne d’encouragement au don d’organes, des cas de disparition de plusieurs jeunes Palestiniens ont commencé qui revenaient ensuite dans des cercueils scellés. Les autorités israéliennes avaient imposé à leurs familles de les enterrer la nuit sans funérailles.

Boström a déclaré : « J’étais dans la région à ce moment-là et à plusieurs reprises, des employés de l’ONU m’ont contacté, inquiets de l’évolution de la situation. Les personnes qui m’avaient contacté disaient que des vols d’organes avaient certainement eu lieu, mais qu’on les empêchait de faire quoi que ce soit à ce sujet.»
Ces contacts ont incité le journaliste à approfondir le sujet et à aller interroger les familles des défunts qui ont confirmé le vol des organes de leurs fils avant leur assassinat. Parmi eux se trouvait le fils du martyr Bilal Ahmed Ghannan, âgé de 19 ans lorsque l’armée israélienne l’a arrêté dans le village d’Um al-Tut en Cisjordanie en 1992. Il est revenu avec un corps sans organes internes, du cou jusqu’en dessous de l’abdomen.

Les autorités médicales israéliennes n’ont pas démenti la torture et le vol des organes de Bilal. À l’époque, le directeur de l’Institut israélien de médecine légale, Chen Kugel, avait déclaré que la famille de Bilal pouvait avoir raison car on « avait pris tout ce qui pouvait être pris sur tous les corps qui arrivaient à l’Institut de médecine légale », sans le consentement des familles. Sa famille n’a reçu aucune explication, excuse ou compensation pour ce qui s’est passé.

Aveux israéliens de vols d’organes sur des Palestiniens

Dans un documentaire de 2009 sur la question, on trouve des aveux de l’ancien directeur de l’Institut israélien de médecine légale, Yehuda Hiss, confirmant le vol d’organes sur les corps de Palestiniens dans l’institut. Hiss a déclaré : « Nous avons pris des cornées, de la peau, des valvules cardiaques et des os… Presque tout a été fait officieusement dans une large mesure… et la permission n’a pas été demandée aux familles. »

Dans son étude sur le traitement des corps des Palestiniens au centre de médecine légale Abu Kabir à Tel Aviv, publiée dans un livre intitulé « Sur leurs corps », l’anthropologue Meirav Feis a déclaré avoir été témoin « de la façon dont ils prélèvent des organes sur les corps des Palestiniens ». En revanche,  les corps des soldats [de l’armée sioniste, NdT] étaient laissés intacts . »

Le chercheuse ajoutait : « Ils prélèvent les cornées, la peau et les valvules cardiaques de manière à ce que l’absence de ces organes passe inaperçue des non-spécialistes. Ils remplacent les cornées par des pièces en plastique et enlèvent la peau du dos afin que la famille ne voie pas. En outre, les corps des morts sont utilisés dans les facultés de médecine des universités israéliennes à des fins de recherche.

Feis a déclaré : « Lors de la première Intifada, l’armée a effectivement autorisé l’institut à prélever des organes sur des Palestiniens selon une procédure militaire qui nécessitait la dissection des corps de prisonniers palestiniens. La procédure d’autopsie était accompagnée du prélèvement d’organes utilisés par la banque de peau israélienne créée en 1985 pour soigner les brûlures subies par les soldats israéliens.»

Trafic d’organes de victimes palestiniennes


Israël est l’un des plus grands marchés de trafic d’organes humains au monde et le plus grand du Moyen-Orient. Les médias ont révélé que l’entité israélienne est impliquée dans le meurtre de Palestiniens afin de voler illégalement leurs organes internes et de les échanger au sein d’un réseau international illégal.

En 2009, le FBI américain a arrêté un colon israélien nommé Levy Izhak Rosenbaum. Après enquête, il a été révélé qu’il jouait le rôle d’un courtier dans des opérations de vente d’organes aux États-Unis au profit d’une cellule criminelle dirigée par des rabbins, des hommes politiques et des officiels du gouvernement israélien.

Dans son enquête mentionnée précédemment, le journaliste Donald Boström,  suggère l’existence d’un lien entre ce réseau et le vol d’organes de martyrs palestiniens ayant lieu en « Israël ». Boström a déclaré : « La moitié des reins transplantés aux Israéliens depuis le début de la première décennie du 21e siècle ont été achetés illégalement. Les autorités sanitaires israéliennes sont parfaitement au courant de cette activité mais ne font rien pour l’arrêter. »

Dans un article publié par le journal israélien « Haaretz » en 2016, Israël a admis avoir perdu des dizaines de corps de Palestiniens. Le journal cite des déclarations de sources de l’appareil judiciaire et sécuritaire israélien concernant la perte de 121 corps de Palestiniens détenus par les autorités d’occupation depuis les années 1990.

Les vols d’organes continuent

Après l’explosion du scandale des vols d’organes en 2009, le gouvernement israélien a tenté d’échapper aux accusations avérées portées contre lui. Le porte-parole du ministère israélien de la Santé de l’époque, Einav Shimron Greenboim, a publié une déclaration disant : « La pratique mentionnée dans l’enquête est une vieille histoire qui a pris fin depuis des années. »

Des doutes persistent quant à la poursuite de ces pratiques contraires à l’éthique et violant les droits de l’homme, comme le montre la persistance de la détention par les autorités israéliennes de dizaines de corps de Palestiniens morts, la justifiant comme une mesure punitive.

Selon Abdel Nasser Farwana, chef de l’unité d’études et de documentation à la Commission des prisonniers et ex-prisonniers palestiniens, Israël détient toujours plus de 370 corps de Palestiniens et d’Arabes morts dans des circonstances différentes et à des années d’intervalle. Il a ajouté : « La liste de ces martyrs détenus comprend des individus décédés entre les années 1970 et jusqu’en 2023 environ ».

Canada: l’essor du soutien populaire à la Palestine

22 février 2024

Un article dans un média que je ne connaissais pas fondé par un fils d’immigrants indiens aux Etats Unis dont l’histoire personnelle correspond en gros au mythe du self-made man dans un pays plein d’opportunités.

Sakchi Khandelwal

L’article parle du développement au Canada d’un mouvement de solidarité avec le peuple palestinien dont la particularité est de ne pas être initié par des partis ou des syndicats mais de résulter de la dynamique des relations interpersonnelles, des conversations que les gens plus ou moins ordinaires peuvent entretenir au quotidien.

Du sionisme à la solidarité : comment le point de vue d’un professeur canadien sur la Palestine a changé

Découvrez le parcours personnel de David Kahane, un professeur juif d’Edmonton qui est passé d’une position pro-israélienne à la défense des droits des Palestiniens au Canada. Soyez témoin du pouvoir de l’activisme populaire et des relations interpersonnelles dans la conduite du changement social.

Par Sakchi Khandelwal, BNN (USA-Hong Kong) 21 février 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Au cœur d’Edmonton, une ville plus connue pour ses hivers glaciaux que pour sa ferveur politique, David Kahane, professeur juif de sciences politiques âgé de 61 ans, se retrouve à l’avant-garde d’un mouvement qui remodèle le paysage du militantisme canadien. Éduqué dans une famille résolument pro-israélienne, le parcours de Kahane pour devenir membre actif d’Independent Jewish Voices Edmonton et défendre les droits des Palestiniens n’est pas seulement une histoire de transformation personnelle, mais le reflet d’un éveil plus large à travers le Canada.

Une conversation qui a tout changé

Le catalyseur du changement de Kahane était apparemment banal : une conversation avec un voisin qui a mis à nu les complexités du conflit israélo-palestinien. Cette rencontre l’a amené à remettre en question les récits avec lesquels il avait grandi et à explorer les réalités de ce qu’il appelle aujourd’hui le régime d’apartheid israélien. Son implication auprès d’Independent Jewish Voices Edmonton a commencé peu de temps après, marquant le début d’un engagement dans des manifestations, des événements éducatifs et des actions de solidarité qui l’entraîneront dans un débat national, voire international, sur la justice et les droits de l’homme

La montée de l’activisme populaire

Depuis l’attaque israélienne contre Gaza en octobre, le Canada a été témoin d’une recrudescence des actions de solidarité pour la Palestine, avec des organisations comme Independent Jewish Voices et le Mouvement de la jeunesse palestinienne qui connaissent une croissance sans précédent. Cette vague de soutien ne se limite pas aux marges de l’activisme politique mais couvre un large spectre de la population canadienne. Des personnes d’horizons divers, dont beaucoup avaient auparavant des opinions neutres, voire favorables au sionisme, ont été stimulées à agir. Ce phénomène est en partie motivé par une prise de conscience collective de l’interdépendance de leur histoire avec la colonisation et l’oppression, parallèlement à une prise de conscience croissante du pouvoir des mouvements populaires pour mettre en œuvre un changement social.

Construire des ponts grâce à des connexions personnelles

Au cœur de ce mouvement à l’échelle nationale se trouve le pouvoir transformateur des relations interpersonnelles. L’histoire de Kahane est emblématique de la façon dont les prises de conscience individuelles peuvent catalyser l’action collective. Partout au Canada, ceux qui ont rejoint les rangs du mouvement «Palestine libre» citent souvent des histoires personnelles d’éveil et de solidarité qui les ont poussés à agir. Ces récits soulignent une vérité cruciale : face à l’injustice systémique, les histoires personnelles et les liens peuvent non seulement inspirer, mais aussi combler les fossés, favorisant un sentiment d’humanité et d’objectif partagés.

À mesure que le mouvement « Palestine libre » continue de croître, il met les Canadiens au défi d’affronter des vérités inconfortables sur l’oppression et la complicité. Pourtant, il offre également une lueur d’espoir, démontrant que le changement est possible lorsque les individus sont prêts à remettre en question des croyances profondément ancrées et à se montrer solidaires avec ceux qui luttent pour leurs droits. La transformation de David Kahane, d’une éducation pro-israélienne à ardent défenseur des droits des Palestiniens, n’est qu’une histoire parmi tant d’autres, mais elle témoigne du pouvoir de l’ouverture d’esprit et du potentiel de changement social profond qui réside en chacun de nous.