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De deux explications (et non justifications), l’antisémitisme est la plus simple à Jersey City comme ailleurs

21 décembre 2019

Cet article traite d’une polémique consécutive à l’attaque qui a visé un magasin casher à Jersey City, une des deux plus grandes villes de l’Etat du New Jersey aux Etats Unis.

L’attaque qui a causé la mort de 6 personnes (un policier, trois civils et les deux assaillants) a été menée par un homme et une femme présentés, à tort semble-t-il, comme liés à une organisation nommée Black Israelites qui soutient que les véritables israélites sont noirs. Un tel lien aurait été commode parce qu’il pouvait permettre de donner un mobile idéologique à l’attaque, c’est-à-dire agresser de «faux israélites» sur la base d’une idéologie haineuse.

Dire autre chose impose cependant d’aller vers un peu de complexité et c’est précisément ce qu’a fait une élue locale de Jersey City qui siège au conseil chargée des affaires scolaires. Cette personne, Joan Terrell Paige a ainsi expliqué sur Facebook que l’attaque avait une motivation plus concrète et immédiate qui tient au démarchage agressif de promoteurs immobiliers juifs dans un quartier noir de la ville. L’élue locale donne d’ailleurs un aperçu des méthodes employées.

joan terrell paige

Joan Terrell Paige

Ce que l’article ne dit pas, c’est que l’objectif des promoteurs est non seulement d’acquérir toutes les maisons mais aussi de constituer un ensemble d’habitation au peuplement homogène.

A aucun moment, évidemment, Mme Terrell Paige ne justifie le meurtre sur une base antisémite ou autre. Son propos est plutôt de demander qu’on analyse la situation concrète des habitants de la ville afin de mettre fin à des pratiques qui génèrent d’énormes tensions dont on a vu une conséquence tragique. Ses propos lui valent d’être dénoncée comme antisémite et sommée de démissionner de sa fonction élective.

Invoquer l’antisémitisme est certes facile et assez confortable intellectuellement. Mais on a quand même du mal à comprendre comment une communauté très influente dans un Etat (le New Jersey est souvent appelé ironiquement le Jew Jersey) pourrait se présenter comme une minorité persécutée et en danger.

Ceux qui sont en danger sont peut-être plus ceux dont parle Joan Terrell Paige.

Appels à la démission de l’élue de Jersey City qui a critiqué les Juifs après la fusillade antisémite

par Jack Davis, The Western Journal (USA) 19 décembre 2019 traduit de l’anglais par Djazaïri

Des élus locaux et au niveau de l’État exigent la démission d’une membre du conseil de l’éducation de Jersey City qui s’en est prise à la communauté juive de la ville après les tirs du 10 décembre contre un supermarché casher.

Un agent de police et trois autres personnes avaient été tuées après que les tireurs présumés, David Anderson et Francine Graham eurent ouvert le feu – d’abord sur un cimetière et ensuite au JC Kosher Supermarket.

Les deux assaillants étaient noirs. Des officiels ont affirmé que l’attaque était motivée par l’antisémitisme.

Le post retiré depuis de Joan Terrell Paige, qui est noire, sur Facebook a été sauvegardé sur des captures d’écran, selon Fox News.

«Où étaient toute cette foi et cet espoir quand des propriétaires noirs ont été menacés, intimidés et harcelés par des brutes «JE VEUX ACHETER VOTRE MAISON» de la communauté juive? a écrit Terrell Paige. «Ils venaient avec effronterie dans les propriétés des noirs du quartier Ward F et agitaient des sacs d’argent.»

Teerrel Paige qui affirmait dans le message sur Facebook s’exprimer à titre personnel et non en qualité de membre du Conseil de l’Éducation de Jersey City, expliquait que les propriétaires noirs de maisons dans le secteur étaient menacés, intimidés et harcelés par des nouveaux venus juifs qui, disait-elle, avaient promis de «RAMENER DES TRAFIQUANTS DE DROGUE ET DES PROSTITUÉES POUR VIVRE A CÔTÉ DE VOUS» si les propriétaires ne vendaient pas leurs maisons.

Dans le post, elle disait que la fusillade avait été organisée avec une valeur de déclaration politique.

«M. Anderson et Mlle Graham sont allés directement au supermarché casher,» a-t-elle écrit. «Je pense qu’ils savaient qu’ils n’en sortiraient qu’en body bag.

«Quel message envoyaient-ils? Sommes-nous assez courageux pour explorer la réponse à leur message? Sommes-nous assez courageux pour faire cesser les agressions contre les quartiers noirs aux Etats Unis? avait-elle ajouté.

«Mon peuple a droit au respect et à vivre en paix dans cette ville.»

Joan Terrell est un membre élu du Conseil de l’éducation de Jersey City, elle dit que les meurtres des Juifs à Jersey City peuvent être justifiés@jcps_district pic.twitter.com/H5o0yqpcnO

– Reagan Battalion (@ReaganBattalion) 17 décembre 2019

Le maire de Jersey City Steven Fulop a exprimé son indignation totale; il a appelé Terrell Paige à démissionner et a qualifié ses propos «d’ignorance».

J’ai vu ça et je suis peiné par l’ignorance que démontrent ses propos. Ses propos ne représentent ni Jersey City ni les sentiments dans la communauté. La communauté afro-américaine à Greenville a été tout simplement incroyable par l’aide qu’elle a apporté à ses voisins la semaine dernière.

— Steven Fulop (@StevenFulop) December 17, 2019

J’ai aussi dit que je n’allais pas mâcher mes mots. Mon opinion est qu’elle devrait démissionner. Ce genre de langage n’a pas de place dans nos écoles et pas de place parmi des officiels élus. Imaginez qu’elle ait dit ça à propos de n’importe quelel autre communauté – quelle aurait été la réaction? Le même standard devrait s’appliquer ici.

— Steven Fulop (@StevenFulop) December 17, 2019

https://t.co/QMLOlBuarR

Le gouverneur démocrate Phil Murphy a aussi appelé à la démission de Terrell Paige.

«Nous ne laisserons pas l’antisémitisme et la haine rester sans réponse dans nos quartiers,» a-t-il dit. A la lumière des propos de Mlle Terrll-Paige, je l’exhorte à démissionner immédiatement du Conseil de l’Education de Jersey City.»

— Governor Phil Murphy (@GovMurphy) December 18, 2019

Ils n’ont pas été les seuls à aller sur les réseaux sociaux pour dire leur colère suite aux propos [de Terrell-Paige]

La longue diatribe de Joan Terrell, membre élue du Conseil de l’Éducation de Jersey City, ne fait que montrer l’ancrage d’un antisémitisme sordide dans cette ville! @jcps district devrait y être attentif – est-ce ainsi que vous voulez être représentés?!

Il y a des gens vraiment malades par ici.pic.twitter.com/FipklqzSvv

— Dov Hikind (@HikindDov) December 17, 2019

[Dov Hikind nous est quelqu’un de familier]

Le président du Conseil de l’Éducation, Sudhan Thomas, a déclaré que Terrell Paige ne reflète pas le point de vue du Conseil de l’Éducation.

La haine et n’importe quelle forme d’intolérance n’ont leur place à Jersey City,» a affirmé Thomas dans un communiqué.

Mais Terrell-Paige a refusé de s’excuser, selon Politico.

A la question de savoir si elle regrettait ses propos, elle répondu à Politico, «Non, je ne les regrette pas.»

Le nazi qui avait voulu se convertir au judaïsme

23 décembre 2018

Les médias anglophones mainstream parlent bien de cette histoire d’un couple anglais qui a baptisé son fils Adolf en référence à Hitler et vient d’être condamné à de la prison ferme pour adhésion à un parti d’extrême droite illégal.

La presse française en parle aussi tout comme un journal francophone du Sionistan.

Mais ce journal sioniste d’expression française comme les autres grands médias anglophones tait un aspect de la biographie d’un des condamnés, à savoir Adam Thomas, le père du petit Adolf.

C’est en effet par la presse communautariste qu’on apprend que ce dernier a essayé de se convertir au judaïsme et même qu’il a une excellente connaissance de la Torah.

La démarche d’Adam Thomas n’étonnera que ceux qui ignorent ce qu’a fait l’entité sioniste de la religion juive. On sera par contre circonspect sur ce qui a motivé son exclusion de l’école religieuse qu’il fréquentait à Jérusalem. Adam Thomas était un simple agent de gardiennage, un profil peu favorable à l’aboutissement d’un processus de conversion.

Le néo-Nazi qui avait essayé de se convertir au judaïsme incarcéré pour son adhésion à la National Action

Par Ben Welch, The Jewish Chronicle (UK) 18 décembre 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le mois dernier, la Jewish Chronicle avait révélé qu’Adam Thomas avait passé plusieurs mois en Israël à l’époque où il essayait de se convertir au judaïsme, avant de rejoindre une organisation antisémite.

Un couple qui a baptisé leur bébé Adolf en référence à Hitler a été emprisonné après avoir été reconnu coupable d’appartenance à un parti néonazi illégal.

Adam Thomas, 22 ans, et Claudia Patatas, 38 ans, de Waltham Gardens à Banbury dans l’Oxfordshire, étaient parmi les six personnes condamnées par le tribunal de Birmingham pour appartenance à la National Action.

Mardi matin, Thomas a été condamné à six années et demi de prison et Patatas  cinq années

Les jurés ont pu entendre qu’ils avaient donné à leur bébé le prénom Adolf par « admiration » pour le dictateur nazi et qu’ils avaient décoré leur domicile avec des croix gammées et de l’iconographie du Ku Klux Klan.

Adam Thomas, 22, and Claudia Patatas, 38, holding a swastika flag whilst holding their baby

Adam Thomas, Claudia Patatas et le petit Adolf

Des photographies retrouvées dans leurs appareils électroniques montraient Thomas portant son jeune fils au domicile avec la robe à capuche du Ku Klux Klan.

Le mois dernier, la JC a révélé que Thomas avait séjourné plusieurs mois en Israël à l’époque où il essayait de se convertir au judaïsme, fréquentant même une yeshiva (école religieuse juive) à Jérusalem avant d’en être exclu.

Un porte-parole de la yeshiva Machon Meir avait dit à l’époque : « Nous confirmerons qu’il a essayé d’étudier au Département des Conversions de Machon Meir.

« Mais nous avions senti au bout d’un moment qu’il était vraiment bizarre. Ce n’était pas tout de suite évident. Il connaissait très bien la Torah, il avait un caractère doux et même assez agréable.

« Il avait une mémoire extraordinaire et était passionné par la connaissance de la Torah. Il avait aussi un côté sombre et une tendance à l’extrémisme. Quand ce côté est apparu, nous savions qu’il n’était pas digne des études de giur [conversion]. »

Machon Meir a confirmé que Thomas s’était inscrit sous le nom de « Avi Thomas », tandis que ses condisciples disaient qu’il se faisait appeler « Avi ben Abraham. »

Thomas et Patatas, qui est d’origine portugaise, ont été jugés en même temps que d’autres néo-nazis, Darren Fletcher, Daniel Bogunovic, Joel Wilmore et Nathan Pryke.

Dans une conversation avec un autre membre de la National Action, Patatas avait dit que « tous les Juifs doivent être mis à mort, » tandis que Thomas avait dit une fois à sa compagne qu’il « considérait qu’on ne pouvait pas tolérer les non blancs. »

En condamnant Patats, le juge Melbourne Inman a déclaré: « vous êtes aussi extrémiste que Thomas dans vos idées comme dans vos actions.

« Vous avez agi ensemble dans tout ce que vous avez pensé, dit et fait, en choisissant le prénom de votre fils et avec les photos troublantes de votre fils entouré de symboles du nazisme et du Ku Klux Klan. »

Le juge a dit de la National Action : « Ses buts et objectifs sont la mise à bas de la démocratie dans ce pays par de graves actes de violence et le meurtre, et l’imposition d’un Etat de type nazi qui éradiquerait des pans entiers de la société par cette violence et des tueries de masse.

« L’éradication de ceux que vous considérez comme inférieurs simplement à cause de leur couleur de peau ou de leur religion. »

Le Congrès Juif Européen appelle à signaler les contenus antisémites du Coran

26 novembre 2018

On se souvient qu’en avril 2018, 250 personnalités dont l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, le chanteur Charles Aznavour, les comédiens Zabou Breitman et Gérard Depardieu et les inévitables Yann Moix ou Frédéric Haziza avaient signé un manifeste « contre le nouvel antisémitisme » proposé par Philippe Val pour dénoncer une « épuration ethnique à bas bruit » qui serait le fait d’un antisémitisme musulman qui se fonderait sur le texte coranique lui-même. Les victimes de cette épuration ethnique seraient les Français de confession juive, on l’aura compris.

D’où la demande formulée dans le texte publié par le journal « Aujourd’hui en France » (Le Parisien Libéré) :

En conséquence, nous demandons que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémite catholique aboli par Vatican II, afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime

Il est vrai que par endroits, on a trouvé des autorités chrétiennes pour réécrire des passages du Nouveau Testament.

Le texte exprimait une attente particulière vis-à-vis de « l’Islam de France » :

Nous attendons de l’islam de France qu’il ouvre la voie.

Qu’il ouvre la voie par rapport à quoi et à qui ?

Comme on l’a vu et comme on le sait, les Chrétiens ont soit expurgé leurs textes, soit les ont réinterprétés, notamment pour laver les Juifs de l’accusation de déicide, accusation qui a valu bien des désagréments aux Juifs en Europe Sur ce point précis, on peut lire dans un article intéressant de la revue juive américaine Forward:

le Talmud ne fuit pas la responsabilité de la mort de Jésus. Au contraire, il dit qu’il l’avait méritée et qu’elle est l’œuvre des juifs eux-mêmes

Donc la voie a déjà été ouverte par les autorités chrétiennes , l’église catholique américaine étant même allée jusqu’à retirer le mot « holocauste » de sa traduction anglaise de la Bible pour complaire à une organisation de survivants et descendants de « l’holocauste », celui auquel on doit mettre un H majuscule.

Un article qui vient de paraître dans un journal anglais nous éclaire peut-être à ce sujet. On apprend en effet qu’une conférence organisée tout récemment en Autriche par le Congrès Juif Européen a arrêté un certain nombre de mesures à proposer aux politiques pour enrayer, voire faire disparaître l’antisémitisme.

Parmi ces mesures, l’exigence de faire accompagner toute nouvelle édition de la Bible (entendue comme Nouveau Testament) et du Coran d’un avertissement et de notes relatives au caractère antisémite de tel ou tel passage. Et l’affirmation par les autorités religieuses du rejet de ces passages.

Nous sommes donc exactement dans la même logique que le texte publié en France en avril. Un texte qui voulait que la France, et ses Musulmans, donnent l’exemple aux autres pays, un exemple qui aurait été bien utile en guise de preuve pour les conférenciers de Vienne.

La seule question qu’on peut se poser est de savoir si c’est Philippe Val qui a inspiré le Congrès Juif Européen ou si c’est l’inverse.

Exploring the Qur'an

On notera que l’article donne très brièvement la parole à Muhammad Abdul Haleem , un universitaire spécialiste du Coran, pour lui faire dire que « le Coran est entièrement négatif à l’égard des Juifs. » Ce n’est pourtant pas ce qu’il dit dans cette longue interview

 

Les leaders juifs appellent à de nouvelles éditions de la Bible et du Coran avec un texte d’avertissement mettant en évidence les passages antisémites

Un catalogue de politiques de lutte contre l’antisémitisme présente de nombreuses propositions

Il a été élaboré suite à une conférence organisée par le Congrès Juif Européen

La conférence a discuté de l’antisémitisme sur Internet et dans divers textes religieux

Les dirigeants se sont rencontrés en début de semaine à Vienne pour discuter des nouvelles propositions de politiques

Par James Woods, The Daily Mail (UK) 23 novembre 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les dirigeants juifs appellent à ce que les nouvelles éditions de la Bible et du Coran contiennent des messages d’avertissement pour mettre en évidence les passages antisémites des textes sacrés.

Les recommandations ont été formulées dans un nouveau document intitulé « La fin de l’antisémitisme ! Un catalogue de politiques de lutte contre l’antisémitisme ».

Il a été élaboré au terme d’une conférence internationale organisée par le Congrès Juif Européen, qui a vu des universitaires se réunir pour discuter de la manière dont peuvent être combattus les préjugés et la discrimination.

Ariel Muzicant, Vice-President of the European Jewish Congress, and co-author of the new document holds it up, showing the title 'An End to Antisemitism! A Catalogue of Policies to Combat Antisemitism'

Ariel Muzicant, vice-président du Congrès Juif Européen présente le rapport dont il est un co-auteur

Parmi les actions mentionnées dans le document figurait l’idée de messages d’avertissement dans les éditions des textes sacrés, thème qui est abordé dans un chapitre intitulé «Recommandations concernant les groupes et institutions religieux».

On peut lire ce qui suit dans le document : ‘Les traductions du Nouveau Testament, du Coran et d’autres textes de la littérature chrétienne ou musulmane ont besoin de mentions marginales et d’introductions soulignant la continuité du christianisme et de l’islam avec l’héritage juif et mettant en garde les lecteurs contre leurs passages antisémites.

« Bien que certains efforts aient été faits en ce sens dans le cas du christianisme, ils doivent être étendus de la même façon dans les deux religions ».

Plusieurs passages du Nouveau Testament ont été critiqués parce qu’ils ont servi à justifier des attitudes antisémites.

Parmi ces passages, ceux qui blâment les Juifs pour la mort de Jésus, pour leur nature apparemment têtue et la déloyauté du peuple juif envers Dieu.

Et il y a quelques propos négatifs sur les Juifs dans le Coran et des représentations négatives du peuple juif.

L’Archevêque de Canterbury, Justin Welby, s’est exprimé il y a quelques temps sur la manière dont des textes religieux peuvent être exploités ou mal interprétés pour promouvoir des attitudes discriminatoires.

S’exprimant dans une collection d’essais publiée en 2016, il écrivait : « C’est une vérité honteuse, par ses enseignements théologiques, l’église qui aurait dû offrir un antidote, a aggravé la propagation de ce virus.

« Le fait que l’antisémitisme a infecté le corps de l’Eglise est quelque chose dont nous, Chrétiens, devons profondément nous repentir. Nous vivons avec les conséquences de notre histoire de déni et de complicité. »

Le document, qui a été rédigé par des universitaires, dont Dana Porat et Lawrence H. Schiffman, appelle aussi à ce que tous les textes et passages antisémites qui figurent dans le corpus du Christianisme et de l’Islam « soient identifiés et rejetés. »

Une autre recommandation demande que les penseurs et dirigeants religieux « dénoncent publiquement comme impies » des écrits canoniques ou quasi-canoniques de religieux antisémites..

Ce qui justifie ces changements, explique le document, est que ces messages sont toujours communiqués par le truchement d’êtres humains et donc sujets à erreur.

On lit dans le document : «La révélation de Dieu est ainsi entachée par la faillibilité humaine. À partir du Nouveau Testament, la révélation divine s’exprime dans des textes sacrés chrétiens qui expriment également une forme de haine.

« Les manifestations de cette haine se sont traduites par une tradition d’antisémitisme qui a légitimé moralement les crimes contre le peuple juif, dont la quintessence est la Shoah ».

Austrian Chancellor Sebastian Kurz, Moshe Kantor, President of the European Jewish Congress, and Manfred Weber, Chairman of the European People's Party, are pictured during a conference on anti-Semitism in Vienna, Austria. The conference followed the publication of a document outlining a number of policy suggestions 

Au centre, Moshe Kantor, président du Congrès Juif Européen et le premier ministre autrichien  Sebastian Kurz (de profil) et Manfred Weber, membre de la CSU (Allemagne) et président du groupe  Parti Populaire Européen au Parlement Européen

Dès lors que « les contenus antisémites d’un patrimoine religieux sont identifiés, » les dirigeants et les adeptes de cette religion doivent en être informés, conclut le document.

D’autres aspects ont été mis en évidence suite à la conférence, dont la réponse à l’antisémitisme en ligne et à l’intérieur des institutions universitaires et des organismes de recherche.

Ce qui inclut de veiller à ce que que les moteurs de recherche sur Internet privilégient les représentations positives du judaïsme et des descriptions exactes de l’histoire de l’antisémitisme.

Des universitaires ont réagi aux recommandations exposées dans le document.

Le Dr Christine Joynes, professeure de théologie à Oxford, a déclaré au Times qu’elle avait une « certaine sympathie » pour la suggestion d’une Bible annotée.

Mais, dit-elle, « C’est toute la Bible qui a besoin d’un avertissement salutaire pour qu’elle soit lue à travers un regard critique et en contexte historique. »

Pour sa part, Muhammad Abdel Haleem, professeur d’études islamiques à l’Université de Londres, s’exprimant lui aussi devant le Times, déclare que le Coran est entièrement négatif à l’égard des Juifs.

Le professseur Muhammad Abdel Haleem

Selon lui, « Si quelqu’un veut se comporter de manière antisémite ou anti-islamique, il le fera que vous mettiez ou des avertissements et des notes de bas de page. »

La tuerie de la synagogue de Pittsburgh et les racines politiques des discours de haine aux Etats Unis

31 octobre 2018

Quelques jours nous séparent maintenant de la tuerie qui a été perpétré dans une synagogue de Pittsburgh aux Etats Unis. Robert Bowers, l’assaillant, tenant d’une idéologie d’extrême-droite, s’est rendu à la police après avoir été blessé mais non sans avoir auparavant assassiné 11 fidèles au simple motif qu’ils étaient juifs et que les Juifs, selon lui, sont une menace pour la survie de son propre peuple, c’est-à-dire les Américains blancs et chrétiens.

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Blessé, Robert D. Bowers a néanmoins pu être présenté à un juge

Les commentateurs, en France comme aux Etats Unis, n’ont pas tardé à mettre ce crime au compte de Donald Trump et de sa rhétorique xénophobe, voire antisémite (au sens d’anti-juive). Alors même que chacun sait que Donald Trump a un gendre de confession juive, que sa fille Ivanka s’est convertie au judaïsme et qu’elle-même et son mari jouent un rôle politique significatif notamment sur les questions relatives au Proche Orient.
Cet état de fait aurait dû amener les commentateurs à s’interroger sur la relation en quelque sorte « constructive » entre sionisme et antisémitisme.
Ce n’est cependant pas le cas car il est des couvercles qu’on se garde bien de soulever de peur qu’ils se referment sur ses doigts.

Le blogueur Moon of Alabama nous a proposé dès le lendemain des faits une lecture politique de ce  crime. Et Moon of Alabama nous montre que ce crime, tout abject qu’il soit, s’inscrit dans une logique profonde de la vie et du discours politiques aux Etats Unis, et pas seulement dans la mouvance dite Alt-Right (droite alternative) mais dans le discours des grands partis et de responsables politiques de premier plan. Hillary Clinton nous l’a rappelé à deux reprises, en 2016 et tout récemment.

A cet égard, Donald Trump ne déroge pas à la règle.

Ces exploitations de l’attentat de Pittsburgh se moquent des victimes

Moon of Alabama (USA) 28 octobre 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’attaque terroriste d’hier contre une synagogue de Pittsburgh a été commise par un homme aux opinions extrêmement anti-juives et anti-immigration. C’est la troisième attaque contre un lieu de culte en trois ans.

Comme les incidents précédents, c’est un crime odieux aux motivations ignominieuses.

Mais il y a peu de bonnes raisons de blâmer Trump pour cet incident. Il ne justifie pas non plus de prétendre faussement à un « antisémitisme accru ». L’exploiter pour une cause coloniale à caractère raciste revient à se moquer des victimes.

Le New York Times rapporte:

Armé d’un fusil d’assaut de type AR-15 et d’au moins trois armes de poing, un homme criant des insultes antisémites a ouvert le feu à l’intérieur d’une synagogue de Pittsburgh, tuant au moins 11 fidèles et en blessant deux autres ainsi que quatre policiers, ont annoncé les autorités.

L’assaillant, identifié par les responsables de la police comme répondant au nom de Robert D. Bowers, a tiré pendant plusieurs minutes et quittait la synagogue lorsque des agents, en tenue d’intervention et armés de fusils, l’ont rencontré à la porte. Selon la police, M. Bowers aurait échangé des coups de feu avec les policiers avant de se replier à l’intérieur et de se barricader dans une pièce au troisième étage. Il s’est finalement rendu.

En lisant entre les lignes, nous apprenons que le tueur n’est pas un musulman. Sinon, il aurait été qualifié de « terroriste ». Nous pouvons également conclure que le tueur était blanc. Sinon, la police l’aurait tué

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Fusil AR-15 est une déclinaison du M-16, fusil standard de l’armée américaine

Le meurtrier était extrêmement anti-juif. C’était un suprématiste blanc qui s’imaginait que les personnes de confession juive étaient à l’origine de tous les problèmes qu’il voyait :

Le suspect de la fusillade meurtrière dans une synagogue de Pittsburgh a déclaré aux policiers que les Juifs étaient en train de commettre un génocide et qu’il voulait qu’ils meurent tous, selon un document de l’accusation rendu public dans la matinée de dimanche.

Les fidèles « ont été brutalement assassinés par un homme armé qui les visait simplement en raison de leur confession « , a déclaré Bob Jones, responsable du bureau du FBI à Pittsburgh, qui a cependant averti que le mobile du tireur n’était pas encore entièrement connu.

Les publications de Robert Bowers sur les réseaux sociaux montrent que la raison immédiate de l’attaque contre la synagogue a été la cérémonie nationale de Shabbat organisée par la Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS – Société Hébraïque pour l’assistance aux immigrants) :

Quelques heures avant la fusillade du samedi matin, un nouveau message était publié à partir de son compte |sur les réseaux sociaux]: « HIAS aime faire venir des envahisseurs pour tuer notre peuple. Je ne peux pas rester assis et regarder mon peuple se faire massacrer. Fini de jouer [le tueur emploie l’expression « screw your optics » qu’on pourrait traduire par « bloquez vos FPS, le FPS étant le tireur virtuel qui est à la place du joueur dans un jeu vidéo, note de Djazaïri], j’y vais. »

HIAS est une organisation fondée il y a 137 ans par et pour les juifs qui fuyaient les pogroms en Russie. Elle assiste aujourd’hui tous les réfugiés. La haine de l’assassins pour HIAS, souligne la proximité idéologique des suprématistes blancs et des sionistes :

À l’extrême droite juive, la Zionist Organization of America a attaqué HIAS et d’autres organisations juives pour avoir fait pression pour l’admission de réfugiés syriens aux États-Unis et a accusé HIAS de le faire dans un but lucratif.

Le New York Times tente de relier l’incident à Trump :

 [L’agression] a également eu lieu à la suite de l’arrestation vendredi matin d’un homme qui, selon les autorités, aurait envoyé plus d’une douzaine de bombes artisanales à des détracteurs de M. Trump, dont plusieurs importantes personnalités démocrates.

Les bombes artisanales, qui n’auraient pu tuer personne, ont été envoyées de Floride par un paumé pro-Trump. Toutes  ce bombes ont été détectés avant d’atteindre leur cible.

Le tueur de Pittsburgh détestait Trump. Il mobilisait contre lui sur les réseaux sociaux en expliquant qu’il [Trump] était contrôlé par des Juifs. Il a écrit qu’il n’avait pas voté pour lui. Extrait de ses tweets archivés ( partie 1 , partie 2 ):

Trump est un mondialiste, pas un nationaliste. Il n’y a pas de #MAGA [Make America Great Again, rendre sa grandeur à l’Amérique, slogan de Trump] tant qu’il y a une infestation de kikes [péjoratif: Juifs, NdT].

Mais l’article du New York Times ignore la position anti-Trump du tueur. L’incident est ensuite imputé à la rhétorique de Trump:

L’émotion soulevée par le massacre de samedi a exacerbé le sentiment de malaise national face à une rhétorique politique de plus en plus hostile. Les détracteurs du président Trump ont fait valoir qu’il était en partie responsable des récents actes de violence parce qu’il avait excité la fibre nationaliste sur Twitter et lors de ses meetings, accusations que M. Trump a rejetées.

C’est ignorer que Trump recourt à la même rhétorique nationaliste qu’utilisent tous les présidents des Etats Unis :

Obama a déclaré sans équivoque à l’US Military Academy  l’année dernière: «Je crois en l’exceptionalisme américain avec toutes les fibres de mon être».

Pas plus que les positions anti-immigration ne sont particulières à Trump. C’est Obama qu’on appelait « l’expulseur en chef » :

Plus de 2,8 millions d’immigrants sans papiers ont été expulsés au cours des huit dernières années, [les deux mandats de M. Obama],…

Le nationalisme extrême et les positions anti-immigration sont aussi américains que la tarte aux pommes. La rhétorique hostile [à l’immigration aux Etats Unis n’est certainement pas le propre d’un seul camp. C’était Hillary Clinton qui parlait de citoyens comme de gens « minables » [elle avait décrit ainsi la moitié des électeurs de Trump caractérisés comme racistes, islamophobes, sexistes etc.] C’est seulement le style de Trump, pas ce qu’il dit, qui différencie sa manière « d’exciter » l’opinion de celle d’autres politiciens. Blâmer Trump pour cet incident est une tentative d’empêcher de prendre conscience de cela.

Le New York Times amalgame le mobile anti-immigration du tueur avec l’antisémitisme quand il cite les statistiques mensongères de l’ADL [Anti Defamation League, équivalent américain de la LICRA ] :

 [Le massacre] a eu lieu dans un climat d’inquiétude croissante à propos de l’immigration clandestine et dans une décennie qui a vu une augmentation des crimes de haine [hate crime: le hate crime va de la mauvaise blague raciste  à l’assassinat, NdT]. Selon le rapport annuel publié par l’Anti-Defamatiojn League plus tôt cette année, le nombre de signalements d’incidents antisémites aux Etats Unis a bondi de 57 % en 2017, la plus forte hausse en une seule année depuis que l’ADL a commencé à recenser ce genre de délits en 1979.

L’ADL ne recense pas « ce genre de délits », mais tout incident qu’elle perçoit comme étant du harcèlement, une menace ou « antisémite ». La forte augmentation dans les statistiques de 2017 de l’ADL n’a été constatée que parce que l’ADL a truqué les chiffres, comme l’ont relevé de manière critique d’autres organisations juives, en incluant les centaines de menace qu’un adolescent juif instable a faites contre des institutions juives :

L’augmentation présumée de l’antisémitisme selon l’ADL est une « histoire de requins« 

Un homme, américano-israélien, âgé de 19 ans a été reconnu coupable d’avoir proféré des centaines de menaces d’attentats à la bombe contre des centres communautaires juifs et des écoles juives aux États-Unis, ainsi que des compagnies aériennes.

Les fausses alertes visant les centres communautaires juifs et d’autres institutions juives au cours des trois premiers mois de 2017 ont provoqué de nombreuses évacuations et fait craindre une recrudescence de l’antisémitisme. Les parents et l’avocat de Kadar n’ont pas contesté son implication dans les menaces d’attentats à la bombe, mais ont affirmé pour sa défense qu’il souffrait d’une tumeur au cerveau et d’un faible QI.

Non seulement l’ADL truque ses chiffres , mais confond  ostensiblement la haine contre des personnes de confession juive et l’activisme antisioniste comme le Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) .

Kenneth Marcus du Centre Louis D. Brandeis pour les droits de l’homme a déclaré que certains signalements d’incidents antisémites « sont ce qu’on pourrait appeler des histoires de « requins », évoquant les les informations des médias sur des attaques de requins il y a quelques étés de cela. Beaucoup de gens, avait-il dit, craignaient que les attaques de requins se multiplient tandis que les experts cherchaient à en comprendre la raison. En fin de compte, il s’était avéré que ces attaques n’étaient pas du tout en augmentation – on en avait beaucoup plus parlé dans les médias parce que ces histoires de requins avaient attiré l’attention de rédacteurs en chef et de médias influents. »

Robert D. Bowers était actif sur les plateformes de réseaux sociaux Facebook et Gab , un service comparable à Twitter avec un minimum de censure. Il a posté et reposté beaucoup de calomnies anti-juives. Gab, qui est souvent utilisé par des personnes censurées ailleurs, a réagi immédiatement après l’incident. Il a archivé et fermé le compte et informé la police. Néanmoins, il a été immédiatement censuré. Paypal, qui servait à collecter les dons, a fermé son compte sans donner de raison particulière. Une telle réaction déraisonnable ne fera que renforcer le sentiment de persécution de l’extrême droite.

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Hommage aux victimes devant la synagogue de Pittsburgh

 

Le gouvernement israélien va envoyer son membre probablement le plus raciste, le ministre de l’Education, Naftali Bennet, exploiter cet incident pour sa colonisation de la Palestine. Bennet s’est vanté d’avoir tué des Arabes :

« J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie – et cela ne pose aucun problème. »

Il appelle les réfugiés qui sont venus en Israël « des infiltrés ». Il aurait applaudi le meurtrier si la cible avait été un autre groupe religieux :

Le ministre de l’Education, Naftali Bennett, a obtenu jeudi le soutien d’un important militant anti-immigration clandestine, après s’être engagé à bloquer le projet de régularisation de centaines d’infiltrés soudanais.

Jeudi, [..], le parti de du Foyer Juif, dirigé par le ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, a annoncé qu’il bloquerait l’application du plan du ministère de l’Intérieur visant à accorder des permis de séjour aux 300 Soudanais.

« Rien ne justifie d’absorber ces infiltrés en Israël. »

Israël s’est déclaré Etat d’apartheid . Son gouvernement a les mêmes opinions d’extrême droite contre les « autres » que l’assaillant de Pittsburgh. Comme lui, il confond les croyants juifs avec une race. Comme lui, il se mobilise contre l’immigration. Envoyer Bennet pour exploiter l’attaque terroriste, c’est se moquer de ses victimes.

L’islamophobie sera le nouvel antisémitisme selon le Professeur John L. Esposito

20 avril 2018

Le point de vue exposé ici est celui d’un Chrétien qui professe dans une prestigieuse université catholique de Washington aux Etats Unis. Quelqu’un qui est donc solidement ancré dans ses convictions chrétiennes, ce qui ne l’empêche pas de constater la réalité de l’islamophobie.

Il est détesté par les islamophobes qui lui reprochent notamment ses prises de position jugées trop favorables à la cause palestinienne. De fait, s’il est franchement abusif d’affirmer que derrière chaque islamophobe se cache un Juif, on peut dire que bien souvent se cache un sioniste ou une officine sioniste.

Le professeur Esposito ne propose malheureusement pas  une analyse des causes internes de la montée de l’islamophobie dans les sociétés occidentales. Mais peut-être que cette interview n’était pas le lieu adéquat pour ce genre de développement ?

« L’islamophobie sera le nouvel antisémitisme »

Rencontre avec John L. Esposito, professeur à l’université de Georgetown

Par Rosa Meneses, El Mundo (Espagne) 20 avril 2018 traduit de l’espagnol par Djazaïri

John L. Esposito (né en 1940 à New York), professeur à l’Université de Georgetown , est l’un des plus grands spécialistes mondiaux du dialogue interreligieux et un auteur prolifique, avec plusieurs livres consacrés à la connaissance de l’islam. Parmi ses anciens étudiants figurent le roi Philippe VI d’Espagne, le roi Abdullah de Jordanie ou l’ancien président américain Bill Clinton. Mercredi, Esposito a été nommé docteur ‘honoris causa’ par l’Université Pontificale Comillas ICAI-ICADE et hier, juste avant de partir pour la Malaisie, il a donné une interview à EL MUNDO.

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Le Professeur John L. Esposito

L’université [pontificale] vous a distingué pour votre travail en faveur du dialogue inter-religieux, en particulier entre Christianisme et Islam. Après des siècles d’existence, nous n’avons toujours pas appris à vivre ensemble ?

Je pense que nous avons bien réussi en termes de coexistence, mais au cours de ces dernières années, il y a eu des reculs importants. Si nous regardons, par exemple, la situation politique mondiale, nous voyons de grandes divisions entre l’Europe, les États-Unis, la Russie ou la Chine. Nous vivons dans un monde globalisé et, que cela plaise ou non, nous sommes interdépendants culturellement, politiquement et économiquement. Mais aujourd’hui, nous voyons comment les politiciens d’extrême droite aux États-Unis et en Europe prêchent un discours d’exclusion, contre les immigrés et les musulmans. Et à titre d’exemple, nous avons la situation ridicule de pays comme la République tchèque, la Pologne et la Hongrie [qui connaissent une poussée xénophobe, NdT] où il n’y a même pas un grand nombre de musulmans ou d’immigrés. Je pense que la coexistence est un défi et je n’exagère pas quand je dis que ce sont des temps dangereux à vivre.

De Donald Trump à Marine Le Pen ou Viktor Orban, nous assistons à la montée du populisme dans le monde. Pourquoi leur discours commun est-il une réaction contre l’Islam ?

Oui, il y a une réaction contre les musulmans, mais cela fait partie d’une réaction générale contre les immigrants. Nous oublions que, pour de nombreuses personnes en Europe et aux États-Unis, leurs relations avec l’islam et les musulmans ont commencé avec la révolution islamique iranienne en 1979. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme en 1974, l’islam et les musulmans étaient invisibles. Après la Révolution de 1979 – qui a été suivie par l’assassinat de [le président égyptien, Anouar] Sadate et ensuite par la montée d’Al-Qaïda – les musulmans ont été vus d’une fenêtre très étroite à travers laquelle on généralise. Les problèmes survenus en 1979 avaient eu une couverture médiatique qui avait vraiment exacerbé la situation.

Sommes-nous, nous les médias, responsables de la mauvaise image de l’islam et des Musulmans ?

Non, les terroristes sont responsables. Mais les médias ont une grande influence. Je ne dis pas qu’ils offrent une image négative d’une manière délibérée, mais c’est une réalité. Il existe une très grande disparité entre la couverture médiatique des sociétés musulmanes et la couverture médiatique de l’extrémisme. Dans une étude réalisée en 2015 et 2016 au Royaume-Uni et en Allemagne, huit reportages sur dix étaient négatifs et traitaient de l’extrémisme religieux. Les dirigeants politiques et les élites éduquées ont une vision de la réalité basée sur celle fournie par la télévision, les médias et même les réseaux sociaux. Le problème est lorsque cette vision est utilisée comme une arme par des politiciens qui jouent avec la peur parce qu’elle leur donne des votes et de l’argent.

Pensez-vous que l’islamophobie est devenue un problème dans nos sociétés actuelles tout comme l’antisémitisme le fut dans l’Europe des années 1930 ?

Il y a un risque que l’islamophobie devienne le nouvel antisémitisme. C’est une idée sur laquelle j’ai mis en garde dans mes écrits depuis des années. Aux Etats-Unis, il y a même des organisations juives qui ont reconnu ce problème et qui, ces dernières années, ont soutenu des projets contre l’islamophobie, parce qu’elles voient une ressemblance qui leur est familière avec ce qui s’est passé en Europe. Des études publiées en 2015 et 2016 montrent que l’islamophobie est là pour rester et qu’elle est également en cours de normalisation dans le sens que vous pouvez dire des choses contre les musulmans et l’islam publiquement (dans les médias, etc.) en bénéficiant de la liberté d’expression, alors que ce ne serait pas admis si ces choses visaient d’autres groupes parce qu’elles seraient considérées comme racistes. Et cela conduit à un discours de haine ou à des crimes de haine comme les attaques contre des mosquées qui ont eu lieu au Royaume-Uni. Nous sommes restés sourds à ces signaux.

L’islam politique a-t-il changé suite aux révolutions arabes ?

Pas tellement l’islam politique. Je crois que ce qui s’est passé est qu’une partie de la vague de changement a rendu certains pays plus autoritaires. L’Egypte ou les pays du Golfe, par exemple. La Tunisie est un bon exemple de ce que l’islam politique peut faire. En Egypte, il y a eu beaucoup d’erreurs mais le moyen de canaliser la situation avec Mohamed Morsi, qui a été élu démocratiquement, aurait dû être d’attendre les élections. Cependant, les militaires [égyptiens] craignaient ce qui pouvait résulter des élections. Donc, ce que nous voyons maintenant, c’est qu’ils ont géré les élections comme auparavant, quand le leader se présente et obtient 97% des voix. Quand les islamistes sont autorisés à participer au système politique comme n’importe quel autre groupe de citoyens et qu’il existe une vaste société civile, vous pouvez voir comment ils sont intégrés dans ce système. Au cours des 20 dernières années, nous avons vu des élections en Jordanie, au Koweït, en Malaisie, en Indonésie, au Sénégal, au Maroc, où les islamistes participent au système. Mais cela est caché à la fois par les politiciens et les médias de droite, qui mettent tous les islamistes dans le même sac et, au lieu de parler de leur participation à la société, ils concentrent leur attention uniquement sur Al-Qaïda et l’État islamique. .

L’Islam a-t-il besoin d’une réforme religieuse pour s’adapter à l’époque?

J’ai écrit beaucoup de livres à ce sujet. La réalité est que les réformateurs ont toujours existé, mais que leur démarche été entravée. Il est très difficile de préconiser des réformes dans les pays autoritaires, surtout s’il est question de réformer les traditions religieuses parce que tout ce qui affecte la société en termes culturels et politiques est une menace pour les régimes autoritaires. D’un autre côté, il y a des chefs religieux conservateurs qui bloqueront tout changement à cet égard. Pour que les réformes puissent se frayer un chemin, elles ont besoin d’une société ouverte.

Avons-nous surmonté le discours du «choc des civilisations»?

Huntington et moi avons débattu ensemble plusieurs fois. L’expression «choc des civilisations» a beaucoup été utilisée au fil des années, mais elle a signifié différentes choses. Parce que la question est : « quelle est la direction de ce choc ? » La notion de «confrontation» est utilisée par les deux parties ; elle est également utilisée par les extrémistes musulmans. D’un autre côté, j’ai travaillé pendant de nombreuses années avec Gallup et dans nos études nous voyons que les musulmans admirent beaucoup de choses de l’Occident : les libertés, l’éducation, la démocratie, l’économie, par exemple … Mais ils critiquent le double standard en termes de la défense de la démocratie. Ils disent que l’Occident ne fait que promouvoir la démocratie pour lui-même, alors que pour le Moyen-Orient, il préfère promouvoir la sécurité et les affaires, comme George W. Bush l’a fait et comme le fait maintenant Trump. La sécurité est à nouveau l’axe des relations entre les États-Unis et l’Union européenne avec les pays du Moyen-Orient. Trump est revenu pour articuler cette politique dans laquelle on dit aux autocrates : « Ce que vous faites dans votre pays est votre affaire ».

L’entité sioniste exaspère l’UE selon le chef de la diplomatie allemande

4 février 2018

L’exaspération monte en Europe face à la politique de l’entité sioniste qui rend plus impossible chaque jour une solution à deux Etats fans le conflit qui oppose l’occupant sioniste au peuple indigène palestinien.

C’est le chef de la diplomatie allemande qui le dit, pas moi.

On comprend mieux pourquoi les sionistes tendent à préférer le parti néo-nazi allemand aux formations politiques qui se sont partagé le pouvoir en Allemagne depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Le ministre allemand avertit Israël de l’exaspération grandissante de l’Europe

Rédaction, Reuters (UK) 31 janvier 2018

Tel Aviv (Reuters) – Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a averti mercredi Israël qu’il était confronté à une exaspération grandissante en Europe devant les inquiétudes concernant l’avenir d’une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien.

Gabriel a adopté un ton nettement différent de celui du vice-président américain Mike Pence qui, lors d’une visite en Israël la semaine dernière, a approuvé l’annonce par le président Donald Trump le 6 décembre que son administration reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël et qu’il transférerait son ambassade dans cette ville.

« En ce qui concerne les Palestiniens et la question de l’Iran, les Américains prennent votre parti plus clairement que jamais auparavant. Mais est-ce vraiment une bonne chose ?  « a déclaré Gabriel à Tel Aviv.

Citant les succès passés de la diplomatie américaine dans la région, il a demandé : « Les Américains peuvent-ils encore jouer un tel rôle s’ils prennent si ouvertement parti? Est-ce que les autres vont essayer de leur emboîter le pas ? »

Dans une menace à peine voilée de couper l’aide [européenne], il a déclaré que certains membres du cabinet israélien étaient « explicitement contre la solution à deux Etats » mais qu’une telle solution « a toujours été le fondement de notre engagement pour la paix israélo-palestinienne et  du montant de l’engagement financier « de l’Allemagne et de l’Europe.

« Ces signaux – au mieux mitigés – ne passent pas inaperçus en Europe, où il y a clairement une exaspération grandissante face aux actions d’Israël », a-t-il déclaré lors d’une conférence sur la sécurité en Israël. Gabriel a cité des désaccords au sein même de son propre parti social-démocrate à propos de ce que certains considèrent comme un traitement « injuste » des Palestiniens.

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Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a l’air franchement exaspéré devant Benjamin Netanyahou

« PAS DE RACCOURCI »

« Il est de plus en plus difficile pour des gens comme moi de leur expliquer les raisons pour lesquelles notre soutien à Israël doit persister », a-t-il déclaré. Gabriel a souligné les préoccupations concernant la violence, la haine et la construction de colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés que les Palestiniens où les Palestiniens veulent pour un futur État indépendant.

« L’Allemagne attend avec impatience le jour où elle sera en mesure de transférer son ambassade en Israël à Jérusalem. Mais laissez-moi ajouter : dans deux états avec Jérusalem comme capitale. Il n’y a pas de chemin plus court. « 

Les Palestiniens veulent Jérusalem-Est, qui a été conquise par les Israéliens pendant la guerre de 1967, pour leur future capitale. Israël considère Jérusalem comme sa capitale éternelle et indivisible.

Gabriel a pris la parole après des entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas.

Plus tôt dans la journée, Netanyahu a reprécisé sa position lors d’une conférence de presse conjointe avec son visiteur allemand après que Gabriel s’est dit encouragé par le fait que le gouvernement Netanyahu soutenait une solution à deux Etats « avec des frontières sûres pour Israël ».

« Que nous exercions le contrôle de la sécurité à l’ouest du fleuve Jourdain. C’est la première condition, » a objecté Netanyahou, coupant Gabriel avant d’ajouter, « Qu’on puisse le définir comme un Etat alors que nous exerçons le contrôle militaire est une autre affaire. Je ne discute pas d’étiquettes mais de la substance. »

Gabriel a suggéré que la discussion soit reconsidérée une autre fois, « beaucoup plus tard. »

Gabriel a été un partisan résolu de plus grands efforts pour lutter contre l’antisémitisme en Allemagne, y compris avec la création d’un poste de commissaire gouvernemental pour superviser de telles initiatives.

Dans le même temps, il est sous pression dans son pays pour qu’il adopte une ligne plus ferme au sujet de la construction ininterrompue de colonies israéliennes en violation du droit international.

Extrême-Droite: philosémitisme et islamophobie

24 octobre 2017

La digue intellectuelle et morale qui contrariait la montée de l’extrême-droite en Europe est en passe d’être bientôt contournée, voire retournée par les partis représentatifs de ce courant de pensée.

Cette digue, c’était l’antisémitisme professé plus ou moins ouvertement par ces mouvements, un antisémitisme qui n’avait en principe plus droit de cité depuis la deuxième guerre mondiale et la déportation quasi-systématique des Juifs européens par le Troisième Reich.

Cette marginalisation de l’extrême-droite était-elle basée sur un principe humaniste intangible, à savoir l’égalité foncière de tous les hommes, qui avait été bafoué par le régime nazi ? Ou reposait-elle sur la stigmatisation d’un crime contre une population particulière sans qu’il en découle un principe général applicable à toutes les populations minoritaires ?

On a longtemps pu croire à la réalité du principe intangible. Mais ces dernières années nous ont au contraire apporté la preuve, s’il en fallait une, que tel n’était pas le cas et que c’est au contraire le caractère relatif du souvenir du sort des Juifs qui prévaut.

Cette démonstration nous est apportée par l’évolution de l’extrême-droite européenne qui a renoncé, à un rythme différent selon les pays, à l’antisémitisme qui la caractérisait, pour passer au « philosémitisme », tout en élaborant son discours islamophobe.

En soi, cela ne suffit pas à gagner des électeurs. Mais ça suffit à vous ouvrir la porte des studios des radios et des télévisions sans lesquels les messages politiques restent lettre morte dans les sociétés de communication de masse que sont les nations occidentales.

L’islamophobie n’a par contre évidemment pas cette vertu d’endiguement que possède l’antisémitisme.

L’article que je vous propose fait le point sur cette thématique du nouveau philosémitisme et de l’islamophobie qui caractérisent l’extrême-droite européenne actuelle.

On reprochera peut-être à l’auteur sa grande naïveté, ou pseudo naïveté car si je veux bien croire que l’extrême droite instrumentalise les juifs et le sionisme à ses propres fins, il aurait peut-être dû se poser la question du rôle du lobby sioniste et de l’entité sioniste elle-même dans l’ascension de l’extrême-droite et dans la promotion des discours islamophobes produits dans des cercles qui vont au-delà de cette mouvance politique.

Ce qui vaut pour l’Europe vaut aussi pour ses développements américain et australien.

La montée de la nouvelle extrême-droite : les ‘philosémites’ européens utilisent les Juifs pour combattre les Musulmans

L’extrême-droite redéfinit les Juifs comme les ‘victimes exemplaires de la menace de l’Islam,’ ainsi que l’affirme un analyste, le soutien à Israël en étant le corollaire. Mais l’antisémitisme reste très présent.

Par Michael Colborne, Haaretz (Sionistan) 21 octobre 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Il y a près d’une trentaine d’années, Heinz-Christian Strache était arrêté lors d’une marche aux flambeaux avec une organisation inspirée de la Jeunesse Hitlérienne. Mais ces jours-ci, le dirigeant du mouvement autrichien d’extrême droite Parti de la Liberté, – qui, après le scrutin de dimanche, devrait entrer dans le nouveau gouvernement de droite de l’Autriche – a l’air de vouloir devenir le meilleur ami d’Israël.

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Heinz-Christian Strache du FPÖ (Parti de la Liberté Autricien)

Strache s’est rendu à plusieurs reprises en Israël au nom du Parti de la Liberté, mais les responsables gouvernementaux d’Israël ont évité de rencontrer le chef d’un parti dont le premier dirigeant était un ancien officier SS. Strache a même écrit au Premier Ministre Benjamin Netanyahou plus tôt dans l’année, promettant de transférer l’ambassade d’Autriche de la banlieue de Tel Aviv vers Jérusalem, et de soutenir le droit d’Israël à construire dans les colonies de Cisjordanie.

Israël a « le droit de construire partout où c’est nécessaire sur la terre d’Israël, » écrivait Strache.

 

Strache est loin d’être le seul leader européen d’extrême droite qui soit perçu comme étant devenu un adepte du prétendu philosémitisme. Selon Geert Wilders, porte-drapeau des islamophobes néerlandais, Israël est « la première ligne de défense de l’Occident » contre l’islam. Selon sa propre compte, Wilders a visité Israël plus de 40 fois. En France, la dirigeante du Front National d’extrême droite, Marine Le Pen, a déclaré aux membres de la plus importante communauté juive d’Europe que son parti était «le meilleur bouclier pour vous protéger».

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Geert Wilders

Mais que ce soit en Autriche, en Allemagne, en France ou même en Bulgarie – où un parti ouvertement d’extrême-droite fait partie du gouvernement depuis mai – les dirigeants d’extrême droite utilisent les communautés juives, réelles ou imaginaires, comme des instruments pour diaboliser les musulmans et les autres minorités.

Cette évolution des extrémistes de droite vers le philosémitisme est cependant en grande partie une nouveauté, compte tenu en particulier du fait que beaucoup de ces partis comportent encore beaucoup d’éléments antisémites qui ne cessent de se manifester.

« Les positions pro-israéliennes et le philosémitisme sont relativement récents au sein de la droite radicale européenne, même pour la partie occidentale de l’Europe », a déclaré à Haaretz par courrier électronique Cas Mudde, professeur de sciences politiques à l’Université de Géorgie (USA).

Mudde, qui étudie les mouvements d’extrême droite en Europe, note également que les partis d’extrême droite comme le Parti de la liberté et le Front national qui ont adopté des positions philosémites «les ont développées dans le cadre de leur programme islamophobe».

Il y a plus de dix ans, Mudde écrivait dans une étude sur les partis populistes de la droite radicale en Europe, soulignant la position de nombreux extrémistes de droite sur les Juifs. Les Juifs, dit Mudde, sont considérés comme incarnant une modernité à défendre. D’autre part, l’importante minorité Rom d’Europe est considérée comme une population barbare vivant en marge de la modernité, tandis que les Musulmans sont considérés comme des barbares vivant dans la modernité – l’ennemi déjà présent à l’intérieur, selon l’extrême droite.

Par conséquent, le «tournant philosémite» de nombreux partis d’extrême droite, selon les mots du sociologue Rogers Brubaker, provient directement des préoccupations de ces partis à l’égard de l’islam. Ecrivant plus tôt cette année, Brubaker soutient que l’extrême droite en est venue à redéfinir les juifs en tant que «Européens» et «victimes exemplaires de la menace de l’islam»

L’antisémitisme fait encore rage

Mais tout le monde dans ces nouveaux partis philosémites ne semble pas avoir reçu la consigne. Avant les élections présidentielles françaises d’avril et de mai, Marine Le Pen a dû repousser les accusations selon lesquelles deux de ses compagnons de route étaient des sympathisants nazis qui organisaient des soirées «pyjama rayé» – en référence aux vêtements que les Juifs étaient obligés de porter dans les camps de concentration.

En Autriche, Strache fait semblant de dénoncer l’antisémitisme qui règne encore dans son parti ; ce mois-ci, il a dû suspendre un conseiller local du Parti de la Liberté qui a fait un salut nazi. En plus de cela, des militants autrichiens ont récemment publié une liste de ce qu’ils disent être plus de 60 incidents antisémites et racistes impliquant des personnalités du Parti de la liberté depuis 2013.

« S’il [le Parti de la Liberté] a vraiment changé d’idéologie, est une question à laquelle lui seul peut répondre, » a déclaré la politologue Alexandra Siegl à l’Agence France-Presse.

Mais parfois le masque semble glisser un peu. Quelques jours avant le vote autrichien qui a vu le Parti de la Liberté égaler son meilleur résultat, Strache a interrogé les motivations de l’un des donateurs du futur Chancelier Sebastian Kurz – l’homme d’affaires juif Georg Muzicant, fils de l’ancien président de la communauté juive de Vienne.

Strache a déclaré que le soutien financier de Muzicant pour Kurz était une preuve de Verstrickungen – enchevêtrements – un mot dans ce contexte impliquant une conspiration juive. Pour sa part, Kurz a déclaré que les commentaires de Strache étaient « déshonorants », bien qu’il semble toujours susceptible de former un gouvernement de coalition avec lui.

Fort en Bulgarie

En Bulgarie, sur les frontières souvent oubliées de l’Europe, un parti d’extrême-droite siège déjà dans un gouvernement de coalition – un parti qui utilise l’expérience de la Bulgarie pendant l’Holocauste pour attaquer les minorités les plus dénigrées du pays.

Les Patriotes Unis de Bulgarie, une coalition de trois partis d’extrême-droite, se sont frayés un chemin jusqu’au gouvernement après que les élections de cette année ont laissé le Premier Ministre Boyko Borisov, qui sortait de son troisième mandat, sans autre partenaire possible pour une coalition.

Patriotes Unis et leurs dirigeants islamophobes et anti-Roms sont de fiers promoteurs du rôle de la Bulgarie dans la sauvetage des Juifs des camps de la mort en Allemagne. En mars 1943, Boris III, le roi de la Bulgarie alliée aux nazis, refusa que les 50 000 Juifs bulgares soient déportés dans les camps. Presque tous ont survécu à la guerre et, avec le temps, sont partis pour Israël.

Aujourd’hui, il y a à peine 2 000 Juifs en Bulgarie et seulement deux synagogues an activité. Pourtant, les leaders de la communauté juive ont alerté cette année sur une augmentation des propos et des incidents antisémites, notamment la destruction de pierres tombales juives dans le cimetière central de Sofia le mois dernier et des manifestations en mémoire d’un général nazi notoire, Hristo Lukov.

Rien de tout cela n’a découragé les patriotes unis.

« Les Juifs en Bulgarie sont un exemple d’intégration réussie », a déclaré un député de Patriotes Unis au parlement bulgare à l’occasion de Rosh Hashanah, en lisant une déclaration du parti. Les Juifs, a déclaré le député, sont « un exemple que tous les groupes minoritaires de notre patrie devraient suivre », faisant un reproche subtil aux Roms et aux Turcs de Bulgarie, qui représentent ensemble près de 20% de la population bulgare.

Mais l’approche de l’histoire des Juifs en Bulgarie par Patriotes Unis occulte quelques points essentiels. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs bulgares ont été forcés de porter des étoiles jaunes, de respecter des couvre-feux stricts et de remettre bijoux et autres objets de valeur. Et pendant la guerre, la Bulgarie a occupé la Macédoine, la Thrace et une partie de la Serbie – et n’a rien fait pour empêcher 11 000 juifs de ces régions d’être envoyés à la mort.

Ce n’est pas quelque chose dont Patriotes Unis aime parler.

Dans une déclaration, le parti a affirmé qu’aujourd’hui « les ennemis de la Bulgarie, activement soutenus par bezrodnitsi  » – un terme poétique pour les gens qui se sont éloignés de la nation – « tentent de lancer une accusation honteuse contre les Bulgares » en attirant l’attention sur ces 11 000 Juifs qui ont été déportés vers la mort.

C’est une attitude qui déconcerte la communauté juive actuelle de la Bulgarie. Tom Junes, historien et membre de la Fondation d’Etudes Sociales et Humaines de Sofia, un think-tank non gouvernemental, a rapporté à Haaretz quelque chose qu’un collègue juif bulgare lui avait dit : « Si j’ai cinq enfants et que tu en tues un, Je suis censé te remercier de ne pas avoir tué les quatre autres?

Patriotes Unis devra s’habituer à entendre plus de questions comme celle-ci. Le 75e anniversaire du refus de Boris III d’expulser les Juifs de Bulgarie tombe en mars, juste au moment où la Bulgarie assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, suivie, par coïncidence, par l’Autriche. Certains des politiciens d’extrême droite les plus fervents d’Europe pourraient se retrouver eux-mêmes et leur philosémitisme ostensible, à être plus observés que ce à quoi ils s’attendaient.

L’escroc juif devenu danseur de swing, ou les mésaventures d’un sandwich

26 juin 2017

Pour ceux qui connaissent Lyon, Minnesota State Fair est  quelque chose qu’on pourrait comparer à Eurexpo qui accueille, entre autres, la Foire Internationale de Lyon. Mais Minnesota State Fair est une plus grosse organisation puisque c’est un des tous premiers centres d’exposition commerciale/foire des Etats Unis.

Comme partout où on accueille des visiteurs, la nourriture est présente que ce soit à la vente pour emporter ou pour consommer sur place.

C’est la nourriture qui fait l’objet de l’article que je vous propose. Il est en effet question d’un sandwich antisémite du fait de son nom : The Swindler [l’escroc].

On dira qu’il est intéressant de constater que l’association entre ce mot et les Juifs est faite par des Juifs, une association peut-être facilitée par le fait que le sandwich en question est au saumon  et que le saumon serait une denrée caractéristique de l’alimentation juive.

Mais peut-être que d’autres populations consomment su saumon,. Je pense au hasard aux Norvégiens (juifs ou pas), aux Ecossais (juifs ou pas).

Cette association entre le mot « escroc » et les Juifs est d’autant plus curieuse que l’entreprise qui produit le sandwich s’appelle The Hideaway Speakeasy, c’est-à-dire le tripot clandestin et que les noms de ses produits font tous référence à l’époque des gangsters et de la prohibition dans les années 20, des années qui swinguaient dans tous les sens du terme à Minneapolis et Saint Paul, les deux grandes villes voisines du Minnesota..

A côté des escrocs, à l’époque on trouvait les bootleggers, les trafiquants d’alcool qui ont aussi donné leur nom à un produit de The Hideaway Speakeasy.

Si ce nom n’a pas sonné l’alarme à l’antisémitisme, c’est bien normal : la mémoire collective qui a bien retenu le rôle des trafiquants italiens [Al Capone, Frank Nitti en particulier] a par contre oublié, malgré la littérature, que les principaux bootleggers, pourvoyeurs des mafieux italo-américains, étaient juifs.

Le sandwich de State Fair rebaptisé après des plaintes pour antisémitisme

Par Nancy Ngo, Pioneer Press (USA) 20 juin 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Peu après la communication de la nouvelle gamme d’aliments de la Minnesota State Fair Foods mardi matin, des plaintes ont commencé à s’élever au motif que le nom d’un des nouveaux plats était antisémite

Des inquiétudes avaient été signalées au site internet TCJewFolk.com et relayées auprès des officiels de State Fair. Les propriétaires de The Hideaway Speakeasy [le fournisseur du sandwich] ont promptement rebaptisé un sandwich au saumon fumé et au miel dans du pain de seigle, en changeant son nom original, The Swindler [l’escroc] en Swing Dancer après avoir été informés des plaintes.

Swing Dancer Sandwich

L’Escroc [juif] est devenu un Danseur de swing

Une déclaration de State Fair précise que les propriétaires n’avaient pas eu l’intention de faire injure en baptisant le sandwich. Le Hideaway Speakeasy est un nouveau commerçant présent à la foire cette année et les noms de ses plats font référence aux années folles [années 1920] et à l’époque des gangsters à Saint Paul. Parmi les plats proposés, le Fall Guy [la bonne poire] Breakfast les paninis Boss Man, le caviar Mobster [truand] ainsi que les sandwichs Bootlegger [trafiquant d’alcool] et Gambler [joueur de jeux d’argent].

« Nous regrettons que le nom du sandwich Swindler au sein de la gamme 2017 de la Minnesota State Fair New Foods ait été accueilli négativement. Il n’a jamais été dans l’intention du fournisseur ou de State Fair de faire injure. La réaction du fournisseur a été immédiate et il a rebaptuisé le produit, » lit-on dans la déclaration de State Fair qui ajouté avoir changé ses matériels afin de porter le nouveau nom.

Le saumon fumé est une des denrées courantes dans l’épicerie fine juive.

 

Qui mieux qu’un Juif pour répandre et attiser la haine antisémite?

16 janvier 2017

On apprend ici que l’animateur d’un média néo-nazi sur le web est en fait marié à une juive et réside dans le Upper East Side, le quartier le plus chic de Manhattan où résident des personnalités aussi connues que Madonna, Rupert Murdoch, Spike Lee, Woody Allen ou encore George Soros (source Wikipédia). Le quartier compte 11 lieux de culte chrétiens (toutes obédiences confondues, Témoins de Jéovah et Scientologues exclus), 9 synagogues et une mosquée.

Bon, on nous dit qu’il est marié avec une femme juive. Je vous fiche mon billet qu’il est en réalité lui-même membre de la tribu (et certes il l’est bel et bie).

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Visez la gueule de l’Aryen Mike Peinovich alias Mike « Enoch »

L’animateur d’un média néo-nazi vit-il dans le Upper East Side avec une épouse juive?

par Dan Friedman, The Jewish Forward (USA) 15 janvier 2017 traduit de l’anglais par Djazaïri

Un des principaux animateurs d’un média néo-nazi – jusqu’alors anonyme – réside-t-il dans le Upper East Side de Manhattan avec son épouse juive? C’est ce que rapportent des informations qui émanent de factions racistes rivales dans la nébuleuse du mouvement « alt-right » [droite alternative, fachosphère].

Mike « Enoch » dirige le site néo-nazi The Right Stuff qui met en ligne les podcasts « The Daily Shoah » [le quotidien de la Shoah] et « Fash the Nation ». Celui qui est plus connu pour avoir développé le plugin échoes ((())) [pour identifier les Juifs sur les réseaux sociaux] répond en réalité au nom de Mike Peinovich, un développeur logiciel originaire de Montclair dans le New Jersey.

En retirant judicieusement certaines lettres de son nom de famille, Peinovich est devenu, selon ces informations, « Enoch » – en référence au politicien britannique partisan de la séparation des races Enoch Powell.

Rien de ce qui se passe dans la nébuleuse « allt-right » de misogynes, d’antisémites et suprématistes blancs ne peut rester longtemps caché, semble-t-il. Ce qui semble s’être passé, c’est que suite à une querelle (sur Red Ice Radio) qui portait sur le fait même d’envisager la question de parler à des Juifs, l’équipe de The Right Stuff s’est prise de bec avec un groupe 8Chan [plateforme de forum] appelé Baphomet.

Baphomet a réagi en attaquant le site de The Right Stuff également en révélant les noms, les adresses et les familles d’un certain nombre de membres importants de « l’alt-right » connus auparavant par leurs pseudonymes, dont Enoch qui semble avoir reconnu la véracité de l’accusation.

PS: ces informations sont confirmées et précisées sur d’autres sites d’information grand public

L’étoile dite de David, symbole du judaïsme ou du sionisme et des antisémites?

14 janvier 2017

L’article date certes quelque peu puisqu’il a été publié en pleine campagne électorale aux Etats Unis mais il traite de questions historiques qui débordent largement l’actualité immédiate.

L’article parle en effet de ce qu’on appelle l’étoile de David qui est considérée habituellement comme le symbole du judaïsme et nous explique que ce n’est qu’assez récemment que les communautés juives ont commencé à adopter ce symbole.

D’abord imposé par Charles IV, le souverain de Prague, cette étoile se généralisera bien plus tard, au 19ème siècle, chez les Juifs allemands émancipés qui voulaient ainsi avoir un signe pour se distinguer de leurs compatriotes chrétiens qui pour leur part disposaient du symbole de la croix.

Le svastika, ou croix gammée, aurait pu devenir le symbole du judaïsme, si Charles IV en avait décidé ainsi!

Vous tirerez les conclusions que vous voudrez

Qu’est-ce que l’Etoile de David et quelle est sa signification pour les Juifs?

par Lauren Markoe, Religion News Service, Deseret News (USA) 6 juillet 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’utilisation récente par Donald Trump d’une étoile à six branches dans un tweet considéré généralement comme antisémite a soulevé de nombreuses questions sur l’Etoile de David, un symbole du judaïsme. Elle orne les synagogues dans le monde entier et est au centre du drapeau israélien. Mais elle a longtemps été utilisée pour dénigrer les Juifs.

D’où vient cette étoile et en quoi est-elle juive? Explications.

Q – Cette étoile remonte-t-elle au roi David de la Bible?

R – C’est ça. Mais n’allez pas chercher dans la Bible des références à l’Etoile de David. Selon la légende [biblique], c’est le « Magen David », le « bouclier de David » en hébreu qui avait la forme d’une étoile à six branches ou qui avait un motif avec cette forme par repoussage Mais on n’en a aucune preuve pour l’attester, qu’elle soit écrite ou archéologique. Et pendant des centaines d’années, c’est la menorah [chandelier] qui a été le symbole le plus habituel du judaïsme.

Q – Alors d’où vient cette étoile?

R – « Le triangle symétrique entrecroisé était un symbole répandu au Proche Orient dans l’antiquité, » explique le rabbin hassidique Pinchas Taylor dans une vidéo sur ses origines. On peut en trouver des exemples dans les cultures anciennes hindoue, perse et shinto entre autres – et dans des anciens décors juifs également. Elle semble pointer à la fois en direction du ciel et de la terre, de Dieu et de l’humanité et de tous les côtés de l’univers. Les mystiques pensaient qu’elle avait des pouvoirs spéciaux [magiques, NdT].

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Le chandelier (menorah) est le symbole le plus ancien du judaïsme

Q: Quand les Juifs ont-ils commencé à se servir de l’étoile?

R – Certains Européens, notamment à Prague, l’utilisaient dans les années 1600. Mais son adoption généralisée par les communautés juives n’intervint pas avant le début du 19ème siècle, d’abord chez les Juifs allemands, selon Jonathan Sarna, professeur d’histoire juive à l’université Brandeis.

« Les chercheurs pensent que les Juifs allemands récemment émancipés adoptèrent le symbole par opposition à la croix qui symbolisait si visiblement le christianisme allemand, » écrit Sarna dans son livre « American Juidaism ». L’Etoile de David fit sa première apparition dans le vitrail d’une fenêtre à la Baltimore Hebrew Congregation en 1845. Peu après, « elle devint une affirmation visible de judéité » sur les livres, les objets de cérémonie et les pierres tombales.

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Le vitrail de la synagogue de la Baltimore Hebrew Congregation

Q: Est-ce pour cette raison que les Nazis s’en servirent pour identifier les Juifs?

R – Oui, mais les Nazis ne furent pas du tout les premiers à faire porter aux Juifs un signe d’identification. Dans le monde islamique, le Calife Omar II (qui régna de 717 à 720) obligea les juifs, comme les Chrétiens, à porter des « signes distinctifs ». Dans toute l’Europe médiévale, les Juifs devaient porter des écussons – souvent jaunes – et parfois des chapeaux pointus.

Les nazis obligeaient les Juifs à porter des écussons jaunes, bien que la couleur était parfois différente dans certains territoires sous contrôle du IIIème Reich. L’étoile séparait et isolait les Juifs, les désignant ainsi pour la déportation vers les camps de concentration. Un Juif découvert sans son étoile jaune pouvait écoper d’une amende, mis en prison ou tué.

Q – Quel est le lien entre l’étoile et Israël?

R – Le mouvement sioniste adopté l’Etoile de David pour symbole en 1897. Il devint le drapeau de l’Etat d’Israël peu de temps après sa création en 1948. L’étoile est représentée entre une bande bleue sur le dessus et une autre en dessous qui sont supposées évoquer le tallit, le châle de prière juif, qui est habituellement bleu et blanc.

Q – Qu’en est-il de l’affirmation de Trump selon qui il n’y a rien d’antisémite dans l’étoile à 6 branches tweetée par son équipe de campagne?

R – L’équipe de campagne de Trump a écrit les mots « Candidate la plus corrompue de l’histoire! » à l’intérieur d’une étoile à six branches sur fond de billets de banque et à côté d’une photo d’Hillary Clinton. Etant donné qu’une bonne partie du discours antisémite reproche aux Juifs de manipuler l’économie mondiale, la présence de l’étoile associée à de l’argent a été immédiatement vue par les Juifs ainsi que par les non Juifs comme franchement antisémite.

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Le tweet litigieux du candidat Donald Trump

Pour être plus précis, l’image provenait d’un forum de discussion où s’expriment volontiers les poncifs et les diatribes des antisémites et des suprématistes blancs

L’explication fournie par l’équipe de campagne, une étoile de shériff, a été largement tournée en ridicule.

 


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