La situation en Palestine, à Gaza précisément, est à l’origine d’une sérieuse crise politique au Royaume Uni. En effet, en sa qualité de parti d’opposition et troisième force politique représentée à la House of Commons, l’équivalent de l’Assemblée Nationale française, le Parti National Ecossais bénéficie de «fenêtres» parlementaires qui lui permettent de soumettre des textes au vote. Et le parti écossais a choisi de proposer au vote une motion exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Devant le risque qu’un certain nombre d’élus travaillistes votent cette motion, le leader du Labour Party, Keir Starmer (une sorte de Manuel Valls anglais) a négocié avec Lindsay Hoyle, le président du parlement, la mise au vote préalable d’une motion travailliste appelant mettant des conditions (à remplir par les Palestiniens) pour un arrêt de la guerre.
Le problème est que cette démarche est absolument contraire aux règles de fonctionnement du parlement britannique qui est, rappelons-le, le plus ancien parlement encore en activité avec des règles et des usages multiséculaires. Le résultat est que l’acceptation de la proposition travailliste par le président du parlement a provoqué la colère de nombreux députés et irrité jusqu’au gouvernement.
Nous avons avec Starmer l’exemple d’un responsable politique d’opposition d’une vieille démocratie parlementaire qui est prêt à fouler aux pieds les règles que se ancêtres ont établies et maintenues pour complaire au régime sioniste.
C’est dire l’ampleur du problème que pose le sionisme à ces pays dont els dirigeants élus se mettent sans trop d’états d’âme au service d’une puissance étrangère.
On note que Starmer dit ne pas avoir menacé le président du parlement pour qu’il accède à sa requête. On se demande pourquoi il dit ça!
Plus de 60 députés signent une motion de censure contre Sir Lindsay Hoyle
Par Jim Pickard , Lucy Fisher et George Parker, Financial Tiimes (UK) 22 février 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri
Sir Lindsay Hoyle s’est accroché à son poste après que plus d’un dixième des députés ont signé une motion de censure à l’encontre du président de la Chambre des communes à propos de sa gestion d’un débat chaotique sur la guerre à Gaza.
Hoyle, qui a présenté ses excuses aux députés vers la fin du débat mercredi soir, les a réitérées jeudi, tandis que le Premier ministre Rishi Sunak a noté que le Président allait « réfléchir à ce qui s’est passé ». Mais son poste pourrait être à nouveau menacé la semaine prochaine.
Le président a rompu avec les règles parlementaires mercredi pour permettre le vote d’un amendement travailliste à une motion du Parti National Écossais [Scottish National Party, SNP, NdT] exigeant un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas .
Hoyle a affirmé avoir voulu permettre aux députés de s’exprimer clairement en leur permettant de voter sur différentes propositions du Labour, du SNP et du gouvernement, dans l’espoir de limiter les risques pour leur sécurité.
« Je ne veux surtout pas me retrouver dans une situation où je décroche le téléphone pour apprendre qu’un ami, quel que soit son camp, a été assassiné par des terroristes », a-t-il déclaré dans une déclaration émouvante.
Mais la volonté de Hoyle de contourner les règles des Communes, prétendument en raison d’une menace d’intimidation ou de violence, a rendu furieux de nombreux députés et a été critiquée par Sunak [Rishi Sunak, le premier ministre, NdT].
« Je pense que le point important ici est que nous ne devrions jamais laisser les extrémistes nous intimider et nous amener à changer la manière dont le Parlement fonctionne », a déclaré le Premier ministre.
Mais Hoyle a échappé à des critiques plus cinglantes de la part du gouvernement, ce qui aurait pu signifier la fin immédiate de son mandat à la présidence des Communes, poste qu’il occupe depuis 2019
Penny Mordaunt, ministre chargée des relations avec la Chambre des Communes, et d’autres ministres ont dirigé davantage leurs tirs sur Sir Keir Starmer, le leader travailliste, qui, selon eux, avait fait pression sur Hoyle pour qu’il autorise un vote sur l’amendement du parti sur Gaza.
Mordaunt a déclaré que Starmer avait « affaibli le bureau du Président» et fait passer les intérêts de son parti avant « l’homme honnête qui occupe le fauteuil de Président ».
Cependant, la position de Hoyle reste menacée après que Stephen Flynn, leader du SNP à Westminster, a déclaré que son parti n’avait plus confiance en lui. Jeudi à 18 heures, un total de 67 députés du SNP et des députés conservateurs avaient signé une motion de censure.
Si le nombre de signataires augmente dans les prochains jours – ou même reste à ce niveau – alors Mordaunt sera sous pression pour accorder un temps à un vote de confiance formel aux Communes.
Hoyle – un ancien député travailliste – occupe une position de neutralité en présidant les débats à la Chambre des Communes, mais sa gestion du débat sur Gaza a été considérée par ses détracteurs comme partisane.
Il a permis aux députés travaillistes de voter en premier sur un amendement appelant à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » déposé par Starmer, qui n’était pas formulé aussi fermement que la motion du SNP.
Alors que le SNP appelait à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, l’amendement travailliste contenait des réserves, notamment la remise des otages israéliens par le Hamas. L’amendement travailliste a finalement été adopté par les Communes sans vote.
De nombreux députés travaillistes qui n’ont pas appelé à un cessez-le-feu à Gaza ont fait l’objet de menaces et d’intimidations de la part de manifestants.
Starmer, s’exprimant lors d’une visite dans le Sussex jeudi, a démenti «catégoriquement » avoir fait pression sur Hoyle lors d’une réunion mercredi avant le débat, ajoutant qu’il « n’a pas menacé le Président de quelque manière que ce soit ».
Un membre du gouvernement a suggéré qu’il était peut-être trop tard pour que Hoyle puisse sauver son poste. Il a souligné que l’un de ses prédécesseurs, Michael Martin, avait démissionné de son poste de président en 2009 , le jour même où 23 députés signaient une motion de censure à son encontre. Le Président a proposé au SNP un autre débat sur Gaza à la Chambre des Communes, mais le parti n’a pas encore précisé s’il l’accepterait car il s’agirait d’un « débat d’urgence » qui pourrait ne pas comporter de question de fond.