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Un débat sur Gaza provoque une crise parlementaire au Royaume Uni

22 février 2024



La situation en Palestine, à Gaza précisément, est à l’origine d’une sérieuse crise politique au Royaume Uni. En effet, en sa qualité de parti d’opposition et troisième force politique représentée à la House of Commons, l’équivalent de l’Assemblée Nationale française, le Parti National Ecossais bénéficie de «fenêtres» parlementaires qui lui permettent de soumettre des textes au vote. Et le parti écossais a choisi de proposer au vote une motion exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Devant le risque qu’un certain nombre d’élus travaillistes votent cette motion, le leader du Labour Party, Keir Starmer (une sorte de Manuel Valls anglais) a négocié avec Lindsay Hoyle, le président du parlement, la mise au vote préalable d’une motion travailliste appelant mettant des conditions (à remplir par les Palestiniens) pour un arrêt de la guerre.

Le problème est que cette démarche est absolument contraire aux règles de fonctionnement du parlement britannique qui est, rappelons-le, le plus ancien parlement encore en activité avec des règles et des usages multiséculaires. Le résultat est que l’acceptation de la proposition travailliste par le président du parlement a provoqué la colère de nombreux députés et irrité jusqu’au gouvernement.

Lindsay Hoyle

Nous avons avec Starmer l’exemple d’un responsable politique d’opposition  d’une vieille démocratie parlementaire qui est prêt à fouler aux pieds les règles que se ancêtres ont établies et maintenues pour complaire au régime sioniste.

C’est dire l’ampleur du problème que pose le sionisme à ces pays dont els dirigeants élus se mettent sans trop d’états d’âme au service d’une puissance étrangère.

On note que Starmer dit ne pas avoir menacé le président du parlement pour qu’il accède à sa requête. On se demande pourquoi il dit ça!

Le président de la Chambre des communes se bat pour garder son poste après un débat chaotique sur Gaza

Plus de 60 députés signent une motion de censure contre Sir Lindsay Hoyle

Par Jim Pickard , Lucy Fisher et George Parker, Financial Tiimes (UK) 22 février 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Sir Lindsay Hoyle s’est accroché à son poste après que plus d’un dixième des députés ont signé une motion de censure à l’encontre du président de la Chambre des communes à propos de sa gestion d’un débat chaotique sur la guerre à Gaza.

Hoyle, qui a présenté ses excuses aux députés vers la fin du débat mercredi soir, les a réitérées jeudi, tandis que le Premier ministre Rishi Sunak a noté que le Président allait « réfléchir à ce qui s’est passé ». Mais son poste pourrait être à nouveau menacé la semaine prochaine.

Le président a rompu avec les règles parlementaires mercredi pour permettre le vote d’un amendement travailliste à une motion du Parti National Écossais [Scottish National Party, SNP, NdT] exigeant un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas .

Hoyle a affirmé avoir voulu permettre aux députés de s’exprimer clairement en leur permettant de voter sur différentes propositions du Labour, du SNP et du gouvernement, dans l’espoir de limiter les risques pour leur sécurité.

« Je ne veux surtout pas me retrouver dans une situation où je décroche le téléphone pour apprendre qu’un ami, quel que soit son camp, a été assassiné par des terroristes », a-t-il déclaré dans une déclaration émouvante.

Mais la volonté de Hoyle de contourner les règles des Communes, prétendument en raison d’une menace d’intimidation ou de violence, a rendu furieux de nombreux députés et a été critiquée par Sunak [Rishi Sunak, le premier ministre, NdT].

« Je pense que le point important ici est que nous ne devrions jamais laisser les extrémistes nous intimider et nous amener à changer la manière dont le Parlement fonctionne », a déclaré le Premier ministre.

Mais Hoyle a échappé à des critiques plus cinglantes de la part du gouvernement, ce qui aurait pu signifier la fin immédiate de son mandat à la présidence des Communes, poste qu’il occupe depuis 2019

Penny Mordaunt, ministre chargée des relations avec la Chambre des Communes, et d’autres ministres ont dirigé davantage leurs tirs sur Sir Keir Starmer, le leader travailliste, qui, selon eux, avait fait pression sur Hoyle pour qu’il autorise un vote sur l’amendement du parti sur Gaza. 

Mordaunt a déclaré que Starmer avait « affaibli le bureau du Président» et fait passer les intérêts de son parti avant « l’homme honnête qui occupe le fauteuil de Président ».

Cependant, la position de Hoyle reste menacée après que Stephen Flynn, leader du SNP à Westminster, a déclaré que son parti n’avait plus confiance en lui. Jeudi à 18 heures, un total de 67 députés du SNP et des députés conservateurs avaient signé une motion de censure.

Si le nombre de signataires augmente dans les prochains jours – ou même reste à ce niveau – alors Mordaunt sera sous pression pour accorder un temps à un vote de confiance formel aux Communes.

Hoyle – un ancien député travailliste – occupe une position de neutralité en présidant les débats à la Chambre des Communes, mais sa gestion du débat sur Gaza a été considérée par ses détracteurs comme partisane.

Il a permis aux députés travaillistes de voter en premier sur un amendement appelant à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » déposé par Starmer, qui n’était pas formulé aussi fermement que la motion du SNP.

Alors que le SNP appelait à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, l’amendement travailliste contenait des réserves, notamment la remise des otages israéliens par le Hamas. L’amendement travailliste a finalement été adopté par les Communes sans vote.

De nombreux députés travaillistes qui n’ont pas appelé à un cessez-le-feu à Gaza ont fait l’objet de menaces et d’intimidations de la part de manifestants.

Starmer, s’exprimant lors d’une visite dans le Sussex jeudi, a démenti «catégoriquement » avoir fait pression sur Hoyle lors d’une réunion mercredi avant le débat, ajoutant qu’il « n’a pas menacé le Président de quelque manière que ce soit ».

Un membre du gouvernement a suggéré qu’il était peut-être trop tard pour que Hoyle puisse sauver son poste. Il a souligné que l’un de ses prédécesseurs, Michael Martin, avait démissionné de son poste de président en 2009 , le jour même où 23 députés signaient une motion de censure à son encontre. Le Président a proposé au SNP un autre débat sur Gaza à la Chambre des Communes, mais le parti n’a pas encore précisé s’il l’accepterait car il s’agirait d’un « débat d’urgence » qui pourrait ne pas comporter de question de fond.

Inclusivité et laïcité

13 juin 2022

Le Royaume Uni n’est pas un État laïque puisque la religion anglicane  est religion d’État en Angleterre et que l’église presbytérienne a un statut officiel en Écosse.

Il n’en reste pas moins que la liberté de conscience et de culte est une réalité dans ce pays où des cultes non chrétiens sont aussi présents avec des immigrants Musulmans, Sikhs ou Hindouistes originaires des anciennes colonies.

La façon d’aborder ces cultes non chrétiens est, disons, plus décontractée que dans la France laïque. Non seulement le pays est depuis longtemps doté de mosquées bien établies, avec parfois la permission d’effectuer des appels à la prière, mais les tenues qui posent problème en France, robes longues, hidjab, turban chez les Sikhs, font partie du décor. Il n’est par exemple pas rare de voir des agents de police de religion sikh portant le turban, ou des femmes agents de police ou présentatrices à la télévision vêtues du hidjab.

Il semble que l’idée dominante en Grande Bretagne soit celle de l’inclusion, c’est-à-dire une démarche qui consiste à penser la différence pour la prendre en compte dans un vivre ensemble qui concerne tous les membres de la société. La démarche inclusive ne doit pas être confondue avec celle d’intégration qui pose le principe d’une norme absolue à laquelle les individus doivent se conformer comme s’ils étaient à priori extérieurs à la société avant cette étape de de conformation.  L’inclusion pose le principe que l’individu fait partie de la société et que cette dernière par l’intermédiaire de ses agents, école, administrations, associations… doit faire en sorte que cette place soit reconnue.

L’exemple de ce club de surf à Bristol en Angleterre en est une parfaire illustration. Plutôt qu’exiger une tenue standard et en quelque sorte immuable de la surfeuse, la direction du club s’est posée la question de savoir comment faire vivre ses principes d’inclusivité avec les femmes qui, pour des raisons religieuses ou autres, souhaitent pratiquer cette activité aquatique dans des tenues qui ne heurtent ni leurs opinions religieuses ni leur  désir pour des raisons qui leur sont propres (embonpoint  ou crainte de s’exposer au soleil par exemple) de dissimuler leurs formes corporelles aux yeux de tiers.

ITV rend compte d’une démarche qui ferait polémique en France mais qui semble tout à fait normale outre Manche. La laïcité de l’État devrait permettre en France le même regard calme qu’en Grande Bretagne, or ce n’est pas le cas.

La nouvelle combinaison marine lancée à The Wave à Bristol aide plus de femmes à profiter de l’eau

Par Naryan Branch, ITV (UK) 12 juin 2022 traduit de l’anglais par Djazaïri

Une combinaison marine a été lancée pour encourager des personnes venues d’horizons différents à se mettre au surf.

Le costume a été à l’origine conçu par des étudiants de Falmouth et de Plymouth pour aider les femmes musulmanes à profiter de la mer.

Mais depuis qu’il a commencé à être testé et utilisé à The Wave à Bristol, les femmes de taille plus ont également fait l’éloge de la combinaison pour son inclusivité.

Bryony Lewis, de la Fondation Finisterre, a déclaré : « La combinaison a été conçue comme un produit culturel qui cacherait la silhouette.

« Le concept, c’est que lorsque vous êtes dans l’eau, la tenue ne doit pas mouler le corps – vous devriez donc pouvoir porter un maillot de bain et une combinaison par dessus. »

Sabinah Janally de Women Adventurers of Color a déclaré que ce costume aide les gens à se sentir « partie de quelque chose ».

« Cela signifie que nous pouvons profiter au maximum du sport sans être gênées ni avoir l’impression de ne pas être à notre place » [culturally inappropriate], a-t-elle déclaré.

La combinaison marine a été conçue par des étudiants de l’Université de Falmouth et du Plymouth College of Art, inspirés par l’athlète iranienne Shirin Gerami.

La triathlète iranienne Shirin Gerami

Elle a déclaré: « J’espère simplement que cela créera une possibilité pour un plus grand nombre de femmes d’accéder aux sports, d’accéder à l’eau, de pouvoir être actives et de rechercher la joie que procure l’eau. »

Elle est également utilisée par les femmes qui souhaitent le porter pour des raisons de confiance en leur corps et de santé, comme éviter de s’exposer au soleil.

S’exprimant lors du lancement de la combinaison à The Wave, la surfeuse Zara Wold a déclaré : « Je voulais vraiment surfer, je voulais cette joie de voler dans l’eau.

« Cela m’a fait réaliser que je peux le faire – je n’ai pas besoin d’être mince, je n’ai pas besoin d’être jeune, je n’ai pas besoin d’être quoi que ce soit. Nous pouvons tous entrer dans l’eau. »

.Abby Richardson, de The Wave, a ajouté : « Nous travaillons beaucoup à Bristol et avec des organisations qui essaient de changer d’angle de vue sur la diversité et de rendre les sports, et en particulier les sports nautiques, plus ouverts à  la diversité.

« Si une chose qui peut aider consiste à changer les options vestimentaires qui s’offrent à eux, alors c’est un énorme pas en avant. »

Combien de temps faudra-t-il au gouvernement pour comprendre que les Musulmans connaissent bien leurs propres communautés ? (à propos de la condamnation d’Anjem Choudary)

18 août 2016

Le prédicateur Anjem Choudary vient d’être condamné par un tribunal londonien pour soutien à l’Etat Islamique (Daesh). On lui reproche notamment d’avoir prêté allégeance à l’organisation susmentionnée dans une vidéo diffusée sur YouTube et d’avoir encouragé son auditoire à aller combattre en Syrie.

Tout cela paraît assez logique et normal. Ce qui l’est moins, c’est que Anjem Choudary et son acolyte Mohammed Rahman, condamné lui aussi, tenaient des discours incendiaires depuis dix ans.

Comme le remarque Siema Iqbal dans l’article que je vous propose, Anjem Choudary n’avait qu’une audience extrêmement limitée dans la communauté musulmane qui s’était détournée de ses « prêches » quand il s’exprimait dans la rue tandis que les mosquées lui avaient fermé leurs portes.

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Le Dr Siema Iqbal

Ce n’est donc pas à son influence sur la communauté musulmane qu’il devait sa notoriété mais au fait qu’il avait été désigné par les grands médias (journaux, radio et télévision) comme étant représentatif, voire le représentant, de l’Islam en Grande Bretagne.

C’est-à-dire que des médias puissants ont donné à cet individu marginal dans sa propre communauté la possibilité de distiller un message haineux et violent supposé correspondre aux dispositions d’esprit des musulmans de ce pays.

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Selon Anjem Choudary, la charia va dominer le monde. La faible profondeur de champ sur la photo laisse supposer une foule là où il n’y a peut-être que dix personnes

Dans le même temps, des personnalités musulmanes plus qualifiées étaient mises à l’écart, une législation anti-terroriste venant à point nommé les dissuader de se mettre en avant.

A y regarder de près, c’est la situation que nous connaissons en France avec un système politico-médiatique qui s’acharne à trouver et désigner des personnalités supposées représentatives de l’Islam sans se préoccuper de savoir quelle est leur légitimité. On pense immédiatement à l’imam Hassen Chalghoumi ou à Tareq Oubrou. La différence étant évidemment que ces derniers ne se livrent pas à des discours violents mais appellent plutôt les Musulmans à être des Juifs ou des Chrétiens comme les autres.

Cette ficelle est cependant tellement usée et le personnel tellement médiocre que le masque vient récemment de tomber et que le gouvernement fait appel à un non musulman, Jean-Pierre Chevènement pour présider la Fondation de l’Islam de France chargée de l’organisation de l’Islam en France.

Et si ces gens ont les faveurs des médias, c’est parce que tels sont le choix et la volonté des pouvoirs publics en place. La chose est vraie en France avec ces espèces de harkis post-indépendances et elle est vraie aussi en Grande Bretagne où les prêcheurs violents assument une fonction qui ne peut se comprendre, ainsi que le laisse entendre Siema Iqbal, que par les orientations de la politique étrangère britannique. En gardant à l’esprit que la Grande Bretagne est un pays dont les organes médiatiques, presse écrite et audiovisuelle, ont un écho considérable, peut-être inégalé, dans les pays anglophones, Etats Unis compris.

Ces « imams » prêcheurs de haine et de violence sont comme les terroristes sur le terrain : on les utilise aussi longtemps que les avantages qu’on en retire sont significativement supérieurs aux inconvénients. Cet Anjem Choudary rendait de bons services quand la politique britannique consistait à favoriser le départ de combattants pour grossir les rangs des milices qui luttent contre le gouvernement syrien. Si la Grande Bretagne n’a as encore complètement écarté l’idée d’un changement de régime en Syrie, l’envoi de combattants a montré ses aspects négatifs et n’est donc plus d’actualité.

Alors à la trappe M. Choudary comme Abou Qatada avant lui.

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Abou Qatada et son célèbre hérisson

Des harangues dans la rue à BBC News : comment les médias ont créé Anjem Choudary

Par Siema Iqbal, Middle East Eye (UK) 18 août 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les gros titres des médias versaient dans la délectation mercredi pour saluer le sort fait à Anjem Choudary qui, avec son camarade militant à al-Muhahiroun Mohamed Rahman, encourt jusqu’à dix ans de prison pour avoir exhorté à soutenir l’organisation de l’Etat Islamique dans des vidéos YouTube.

.Je me suis également réjouie : cette grande gueule va enfin être réduite au silence.

C’est cet homme dont les Musulmans se sont éloignés et auquel les mosquées ont fermé leurs portes. Beaucoup avaient appelé à son arrestation depuis des années.

Mais c’est aussi l’homme qui n’avait pas besoin de mégaphone pour diffuser son message quand on commença à l’éviter aux coins des rues. Au contraire, les médias, la télévision et les journaux nationaux lui donnèrent une bien plus vaste plateforme pour lui permettre de prêcher son message en faveur du terrorisme sans qu’il puisse être contredit par la partie vulnérable et marginalisée de la société [la minorité musulmane, NdT]. Plus la communauté le réduisait au silence, plus les médias lui donnaient la parole.

Il est certainement temps pour les médias de rendre des comptes et d’être l’objet d’une enquête sur leur rôle décisif de contribution à la dissémination du message que Choudary désespérait de transmettre, ce qu’il n’aurait jamais pu faire aussi facilement si les journalistes et les médias ne lui avaient pas offert une tribune.

Il était évident que pour les médias, Choudary était la personne ressource. Je pouvais être certaine que, pour n’importe quelle histoire sur la radicalisation, l’extrémisme ou même parfois l’Islam, je devrais voir son visage sur mon écran de télévision, sur internet ou dans le journal.

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Anjem Choudary invité de Newsnight sur la BBC

En fait, depuis vingt ans il se délectait de l’attention que lui accordaient des médias comme la BBC, Fox News et CNN qui tous lui donnaient une plateforme à partir de laquelle il pouvait amplifier son message. Il jouait volontiers et avec un cynisme parfait le rôle du méchant, devenant un nom familier associé au visage d’un « extrémiste » musulman vivant en Grande Bretagne, « parmi nous ». Il était la figure emblématique de l’extrémisme pour les médias.

Ce qui, bien sûr, a renforcé son statut à un niveau encore plus élevé aux yeux de ses partisans et de ses groupies.

Les médias doivent répondre à des questions

Choudary a pris de l’importance en 2001 quand il avait refusé de condamner les attentats du 11 septembre – mais pourquoi son point de vue a-t-il eu droit à du temps d’antenne ? Pratiquement tous les Musulmans condamnaient les attentats, pourtant ils n’avaient pas eu droit à la même publicité que lui.

Quand les Muslims Against Cusades [Musulmans contre les Croisades] avaient manifesté et brûlé un coquelicot [le coquelicot symbolise les soldats tués à la guerre] en 2010, menaçant de scander des slogans et de perturber la minute de silence du Dimanche du Souvenir, les médias avaient couvert l’événement. Ce faisant, ils avaient relié Choudary à un groupe de manifestants d’à peine 35 personnes alors que près de trois millions de Musulmans vivent en Grande Bretagne.

Les informations dans les médias avec Choudary comme personnage principal n’ont rien fait d’autre que d’attiser la division et d’instiller du poison entre les Musulmans et le reste de la communauté nationale, surtout quand ses points de vue sont assimilés à ceux des Musulmans ordinaires. Les présentateurs de la BBC, de Radio 4 comme John Humphreys affirmaient qu’il était « représentatif d’une partie de la communauté musulmane », ce qui avait évidemment suscité l’indignation dans la communauté musulmane.

Dans mon esprit, il ne fait pas de doute que les médias sont complices d’avoir aidé Choudary à diffuser son message sans lui opposer de contradiction et que la politique étrangère britannique était l’oxygène qui alimentait ce récit médiatique. Oui, les méchants font les gros titres et font vendre les journaux, mais à quel prix ? L’impact de tout cela n’apparaîtra qu’avec le temps. Même après sa condamnation, il est encore trompeusement présenté comme « un savant musulman » par certains médias.

Beaucoup de questions tournent autour de cette affaire, y compris celle de la raison pour laquelle il avait été autorisé à prêcher si longtemps des messages si haineux tandis que ceux qui le condamnaient lui et son discours sont maintenant marginalisés suite à une législation anti-terroriste mal conçue.

La communauté musulmane avait reconnu en Choudary un extrémiste et s’en était éloignée depuis des années. Combien de temps faudra-t-il au gouvernement pour comprendre que les Musulmans connaissent bien leurs propres communautés ? Travailler avec elles, au lieu de les intimider avec la législation anti-terroriste, voilà la marche à suivre.

Les médias devraient répondre de leurs actions, qu’elles consistent à donner une tribune à des prêcheurs de haine qui ont été mis au ban de leurs propres communautés ou à répandre la haine à travers des titres qui sèment le division. La propagation de la haine a des conséquences : des leçons doivent être tirées et personne ne devrait échapper à ses responsabilités.

– Siema Iqbal est une mère de famille, médecin et musulmane britannique engagée qui vit à Manchester. Elle fait actuellement partie et est formatrice du groupement de praticiens médicaux de Manchester Nord. Elle a le goût de l’écriture et s’exprime souvent en public en faveur d’oeuvres caritatives au Royaume Uni et à l’étranger.

Le lobby sioniste passe directement à l’action pour essayer de neutraliser Jeremy Corbyn

14 juillet 2016

La politique britannique est décidément passionnante. On l’a vu avec le référendum sur le Brexit mais c’est surtout en réalité au sein du labour Party que se joue quelque chose d’absolument essentiel.

En effet, l’arrivée de Jeremy Corbyn à la tête du Parti Travailliste est sans doute le signal d’un changement fondamental que serait la réappropriation par les militants et la base de gauche de ce parti qui était depuis Tony Blair passé sous la coupe des néoconservateurs.

La contestation contre Corbyn ne faiblit cependant pas, que ce soit du côté de la droite [les Tories et le patronat] ou dans les rangs travaillistes

Du côté travailliste, la contestation vient essentiellement des parlementaires qui, s’ils ne représentent absolument pas les sentiments de la base du parti, ont une capacité de nuisance importante par leur accès aux médias qui leur permet de donner l’impression d’un Jeremy Corbyn aux abois.

Ce qui n’est cependant pas le cas car Jeremy Corbyn, comme on l’a dit ici, s’appuie sur la base des militants et sympathisants et c’est pour cette raison qu’il a refusé de démissionner.

Il pourrait cependant avoir à remettre en jeu son mandat dans le cadre d’un nouveau scrutin de désignation du leader du parti. On voit mal Corbyn, qui a été élu avec une majorité très confortable, refuser de se plier à une telle procédure.

La seule solution pour ses opposants serait que Jeremy Corbyn ne puisse pas se présenter à sa propre succession. Malheureusement pour ces derniers, les instances du parti viennent de décider que, en tant que leader sortant, Corbyn serait automatiquement autorisé à être candidat sans passer par l’investiture d’un certain nombre de parlementaires.

C’en est trop pour ses ennemis qui pensaient tenir là le moyen d’empêcher une candidature de Corbyn dans la mesure où les parlementaires sont à la tête de la fronde contre Corbyn.

Fort des grosses sommes d’argent qu’il a données au Labour Party, un des opposants à Corbyn a cru bon d’aller au tribunal pour que la justice dise si la désignation automatique de Jeremy Corbyn par les instances nationale du parti est conforme ou non à son règlement.

Ce généreux donateur, Michael Foster, n’est autre qu’un représentant du lobby sioniste dans le Labour Party qui en veut particulièrement au leader travailliste dont le soutien à la cause palestinienne ne s’est pas démenti avec son arrivée à la direction du parti.

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Michael Foster

Ce qui oblige le lobby a intervenir de plus en plus ouvertement dans la vie politique britannique, permettant à tout un chacun de constater l’influence de ces représentants de l’étranger.

Un donateur du Labour Party va contester en justice le mode de désignation des candidats à la direction du parti

Michael Foster veut que la haute cour examine la décision du parti de permettre à Jeremy Corbyn de se présenter au scrutin

Par Jessica Elgot, The Guardian (UK) 14 juillet 2016 taduit de l’anglais par Djazaïri

Un donateur du Labour va contester au tribunal la décision du comité directeur national du parti de désigner automatiquement Jeremy Corbyn comme candidat à la prochaine compétition pour la direction du parti.

Michael Foster, un ancien candidat aux élections législatives, va introduire sa requête auprès de la haute cour jeudi après-midi.

« Le problème soulevé par ma requête près la haute cour est celui de l’interprétation correcte du règlement du parti, » a-t-il déclaré sur BBC Radio, affirmant que la présence automatique de Corbyn sur la liste des candidats à l’élection à la direction du parti était « fondamentalement un problème de légalité. »

Le comité directeur national du parti a entendu trois avis juridiques contradictoires mardi soir, dont celui de Michael Mansfield QC [Queen’s Counsel] qui a conclu que seuls ceux qui briguaient le poste avaient besoin d’être désignés et celui de James Goudie QC selon qui tous les candidats devraient avoir l’investiture des parlementaires travaillistes.

« Trois avis juridiques ont été présentés par des QCs, et tous étaient à contre-courant [sic] et aucune des personnes [du comité directeur] présentes n’était impartiale par rapport à ces avis, » a affirmé Foster.

« Tout ce que je dis est que l’avis qui a été retenu n’a pas été examiné avec le regard expert qui serait celui d’un juge en haute cour. Chaque personne présente [au comité directeur] avait un agenda politique différent. »

Tom Watson, vice-président Parti Travailliste a déclaré que la démarche de Foster était mal venue: « Cette contestation en justice n’est d’aucune utilité et peut déstabiliser la labour Party. Le comité directeur national a pris une décision. Il a conclu que Jeremy Corbyn était automatiquement sur la liste des candidats. Nous devons respecter cette décision et donner à nos membres un choix de candidats aussi vite que possible. »

Foster a précisé qu’il n’avait pas voté pour Corbyn à la dernière élection pour la direction du parti mais il a soutenu que la règle ne devait pas être fonction de circonstances politiques particulières et devrait être arbitrée par une instance neutre.

« Je n’ai pas voté pour Corbyn quand il s’est présenté, mais ça n’a rien à voir avec la politique, et à l’heure actuelle je pense moi aussi que Jeremy devrait avoir le droit de figurer parmi les candidats mais pas de manière automatique, » a-t-il dit.

Le jugement de l’affaire sera une question de jours, pas de semaine, si la haute cour décide d’entendre les arguments des uns et des autres, a déclaré Foster.

Foster est un ancien agent du showbiz qui a donné plus de £400 00 (un peu moins de 500 000 euros) au parti depuis 2010 et a gagné en importance au cours de la dernière conférence du Labour Party après s’être confronté à Corbyn pendant une réception des Labour Friends of Israel [amis travaillistes de l’entité sioniste] en manifestant sa colère à cause de l’absence du mot « Israël » dans le discours qu’il avait prononcé à cette réunion.

« Dites le mot Israël », avait-il crié à Corbyn qui est un militant de longue date en faveur de la cause palestinienne. (à 8’25″sur la vidéo)

L’Ecossais Terry Kelly donne une nouvelle preuve de la résistance des travaillistes britanniques au lobby sioniste

13 juillet 2016

L’arrivée de Jeremy Corbyn à la tête du Parti Travailliste en Grande Bretagne a mis fin à la domination de ce parti par le courant néoconservateur incarné par Tony Blair. C’est grâce à un nouveau mode de désignation par les adhérents et sympathisants que Corbyn a pu s’emparer de la direction du parti, au grand dam des représentants du blairisme.

Ces derniers ont immédiatement déterré la hache de guerre contre le nouveau leader travailliste qui a été élu pour réorienter le parti à gauche. Il va sans dire que la faction travailliste hostile à Corbyn a dès le début pu compter sur les prédictions catastrophistes de tout ce que le royaume compte de conservateurs aussi bien sur la scène politique que dans la presse. Et le résultat du référendum sur la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne a donné lieu à un regain d’attaques et d’appels à la démission, auxquels même le premier ministre conservateur David Cameron, le grand perdant du scrutin sur le Brexit, s’est associé !

Mais la première véritable attaque contre Jeremy Corbyn est venue du lobby sioniste qui, très inquiet des prises de position ouvertement pro-palestiniennes du nouveau leader a commencé à lancer des accusations d’antisémitisme aussi bien contre le chef du Labour que contre des militants.

C’est ainsi que l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone, a pu être visé par cette accusation tout comme Bob Campbell, un militant appartenant à la base du parti.

Le but du lobby sioniste est d’amener la direction travailliste à sanctionner ceux qu’il accuse et d’inciter Jeremy Corbyn à condamner leurs propos et/ou prises de position. L’objectif ultime étant que le leader travailliste finisse par comprendre que l’accès au poste de premier ministre passe par des déclarations d’attachement à l’entité sioniste.

Ces manoeuvres ont pour l’heure échoué puisque si quelques militants, comme la députée Naz Shah ont pu être suspendus dans l’attente des conclusions de commissions d’enquête, aucun n’a été sanctionné. Et certes Naz Shah a présenté des excuses pour les propos qu’elle a tenus, mais sans renoncer à manifester de fortes convictions en faveur de la justice en Palestine et en remettant aux calendes grecques le voyage à Auschwitz qui lui était proposé comme remède à la maladie antisémite qui la ronge.

L’article que je vous propose nous donne un autre exemple d’un antisioniste plutôt virulent qui vient d’être réintégré sans autre forme de procès dans le parti après deux mois de suspension.

Le conseiller travailliste Terry Kelly réintégré dans le Parti après une controverse sur le sionisme

Par Dan Vevers, Scotland on TV (UK) 12 juillet 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le conseiller de circonscription du Renfrewshire avait été suspendu suite à une série de blog posts critiques à l’égard d’Israël.

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Centre historique de l’industrie textile écossaise, le Renfrewshire balance entre la travaillisme encore majoritaire et le nationalisme

Le conseiller de circonscription du Renfrewshire a été réintégré dans le Scottish Labour après avoir été suspendu pour des propos présumés antisémites.

Kelly a écrit pendant des années des séries de messages sur un blog dans lesquels il critique Israël, le sionisme et le « lobby juif », mais il affirme n’être « en aucune façon antijuif ».

Un de ses posts a été écrit en soutien aux propos tenus par Ken Livingstone par lesquels l’ancien maire de Londres suggérait que Hitler soutenait le sionisme.

Les propos de Livingstone avaient conduit à sa suspension du Labour Party et suscité une controverse sur l’antisémitisme à l’intérieur du parti qui avait vu un certain nombre d’autres personnalités travaillistes suspendues en attendant les résultats des enquêtes en cours, comme dans le cas de la députée Naz Shah.

Kelly avait été suspendu le 4mai.

Il a révélé que sa suspension du parti avait été levée dans un blog post de jeudi dernier dans lequel il qualifiait la controverse sur l’antisémitisme de « politique de caniveau dans toute sa bassesse. »

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Terry Kelly

Kelly écrit: « C’était de la classique diffamation contre moi et d’autres membres du parti par une coalition constituée de sionistes extrémistes israéliens, de Tories de droite opportunistes et des habituels suspects puants du SNP (Scottish National Party).

« Ils ont échoué assez spectaculairement. Ils étaient voués à échouer parce qu’ils ont visé des membres du Labour Party qui ont une solide réputation pour avoir milité toute leur vie contre le racisme et l’intolérance.

« Au cours de mes 43 années au Parti travailliste, je n’ai pas entendu tenir un seul propos antisémite, c’était de la politique de caniveau dans toute sa bassesse. »

Dans des blog posts antérieurs, Kelly qui représente la circonscription de Paisley Nord-Ouest prétendait que les Oscars sont manipulés per le « puissant lobby juif » et que ce même lobby a dicté sa politique étrangère au président Obama, affirmant : « Le lobby juif américain est extrêmement puissant et la nuque d’Obama est sous sa botte. »

Le leader du Conseil du Renfrewshire et le groupe travailliste ont confirmé la réintégration de Kelly.

 

Le leader travailliste britannique Jeremy Corbyn affronte la cabale des néonconservateurs de droite et de gauche et du lobby sioniste

8 juillet 2016

Le vote majoritaire des électeurs britanniques en faveur de la sortie de leur pays de l’Union Européenne (Brexit) est un événement considérable qui a et aura des répercussions politiques et économiques au Royaume Uni et bien sûr en Europe. A en croire le catastrophisme des commentateurs juste après les résultats du scrutin, on aurait même pu imaginer que la Grande Bretagne allait être submergée par la mer ou, pire, allait cesser d’être une île sous l’effet d’un séisme qui serait venu la coller au continent européen.

Mais le vote des sujets de Sa majesté est aussi le résultat de la situation politique en Europe et en Grande Bretagne, avec la poussée du néolibéralisme en matière économique et le recul du contrôle des nations sur leurs destins.

Si David Cameron a logiquement décidé de présenter sa démission suite à la victoire du Brexit, on assiste de manière plus surprenante à des appels insistants à la démission de Jeremy Corbyn de la direction du Parti Travailliste. Non seulement la grande majorité des députés travaillistes ainsi que l’ancien chef du gouvernement Tony Blair l’ont explicitement appelé à remettre son mandat mais, fait singulier, ils ont été rejoints en ce sens par l’actuel premier ministre conservateur.

Vous me direz : de quoi se mêle ce ministre quand il vient s’ingérer dans les affaires internes du principal parti opposé à sa politique ?

La réponse à cette question doit être recherchée dans les mutations qu’a connues la vie politique en Europe depuis la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS et la marginalisation de l’idéologie communiste. En l’absence d’alternative systémique, les partis politiques se sont transformés avant tout en machines à propulser au pouvoir des équipes qui défendent peu ou prou les mêmes visions de la société qui perdurent malgré les alternances dans l’accès aux fonctions gouvernementales.

La France en est un bon exemple avec la continuation de politiques libérales après la victoire à l’élection présidentielle de 2012 d’un candidat qui laissait entrevoir à ses électeurs une autre approche des questions sociales et économiques.

De fait, les courants néo-libéraux voire néoconservateurs sont désormais très présents sur tout l’échiquier politique où ils dominent les appareils des grandes organisations politiques.

Ils le sont aussi évidemment dans le Parti Travailliste britannique.

A la différence près que le leader de ce parti, Jeremy Corbyn, n’a pas été coopté par une nomenklatura prétendument de gauche, mais a été élu par les adhérents et sympathisants travaillistes. Et il a été élu à une large majorité pour orienter le parti à gauche, c’est-à-dire dans le sens de l’intérêt des travailleurs et des personnes les plus fragiles.

De fait, Jeremy Corbyn est un véritable homme de gauche. A ce titre, il a toujours été eurosceptique même s’il avait appelé du bout des lèvres à voter contre le Brexit.

C’est cette mollesse de son engagement qui lui est reprochée et qui serait la cause de la défaite du camp du maintien dans l’UE.

Et les appels à sa démission suite au résultat du référendum sur le Brexit viennent à peu près des mêmes cercles et personnes qui ont récemment attaqué Jeremy Corbyn et d’autres militants et cadres du Labour Party en les accusant avec insistance d’antisémitisme au motif de leurs prises de position pro-palestiniennes. Le cas le plus fameux est celui de l’ancien maire travailliste de Londres Ken Livingstone qui a eu le tort d’évoquer les accointances bien établies par les historiens [pas des cinéastes, des historiens !] entre le mouvement sioniste et les autorités nazies.

Il est remarquable de constater que Jeremy Corbyn,  Ken Livingstone et d’autres militants travaillistes n’ont pas cédé aux pressions du lobby sioniste, même quand, comme l’ancien maire de Londres, ils en ont subi des conséquences dans des activités à caractère professionnel.

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Le soutien de Jeremy Corbyn à la cause palestinienne est ancré dans ses valeurs de gauche et non affaire de circonstances

Jeremy Corbyn a très bien vu le coup venir et il a eu tôt fait d’informer ses ennemis qu‘il ne démissionnerait pas.

Même s’il est lâché par la majorité des députés de son parti, Corbyn sait qu’il peut compter sur le soutien de la base populaire, un soutien qui non seulement ne s’est pas démenti mais s’est encore renforcé depuis que les néolibéraux, sionistes et autres va-t-en-guerre ont juré ouvertement sa perte.

Le Labour Party enregistre 100 000 nouvelles adhésions alors que la crise au sommet s’approfondit

Il semble que les nouveaux membres se préparent à voter pour maintenir Jeremy Corby à la direction du Labour Party, en opposition aux parlementaires du parti.

Par Adam Lusher, The Independent (UK) 6 juillet 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le Parti Travailliste a enregistré 100 000 nouvelles adhésions depuis le référendum sur l’UE [Brexit], ce qui correspondrait à des démarches de partisans de la base du parti pour maintenir Jeremy Corbyn à sa tête en opposition à la volonté de la grande majorité de ses députés au parlement.

On soupçonne que la plupart des 100 000 nouveaux adhérents ont rejoint le parti Travailliste depuis le 23 juin dans l’intention expresse de défier les parlementaires travaillistes et de voter pour Jeremy Corbyn dans toute élection relative à la direction du parti.

La hausse du nombre d’adhérents intervient au milieu de ce que certains qualifient de tentative de coup de force contre Corbyn à l’instigation des députés du parti. Il y a eu les démissions en masse du cabinet fantôme de M. Corbyn, les membres sortants l’appelant à démissionner, et un vote de défiance par lequel les députés travaillistes au parlement se sont opposés à leur leader à une majorité écrasante avec 172 contre 40.

Le vieux routier de la gauche a cependant refusé de démissionner et pourrait être en mesure de s’accrocher au pouvoir contre la volonté de ses députés grâce aux votes des membres de la base du parti.

Si les choses se passaient ainsi et que le bond des 100 000 nouvelles adhésions faisait écho aux événements des élections de septembre à la direction du parti qui avaient vu plus de 100 000 personnes payer 3 £ pour s’inscrire comme sympathisants du Parti Travailliste et obtenir ainsi la possibilité de voter.

Corbyn avait remporté une victoire écrasante avec 59,5 % des voix des adhérents, contre 19 % pour son plus proche rival, Andy Burnham.

Pourtant M. Corbyn n’avait reçu que peu de soutien de la part des députés travaillistes. Il avait d’abord dû batailler pour obtenir les 35 signatures nécessaires pour se présenter, et il n’y était parvenu que parce que certains députés travaillistes lui avaient « apporté » leur soutien pour « élargir le débat. » Une parlementaire dans ce cas, l’ex Secrétaire aux affaires étrangères Margaret Beckett, a admis avoir été une « imbécile. »

HuffPost UK a rapporté que le nombre d’adhérents au Labour Party a maintenant atteint environ 500 000 membres – dépassant largement le record précédent de 405 000 qui datait de l’époque où Tony Blair dirigeait le parti.

Cette fois-ci, par contre, la hausse des adhésions semble être un symptôme d’une crise interne au Labour Party dans laquelle le leader est coupé de ses députés mais soutenu par la base.

L’ancienne ministre du commerce du cabinet fantôme, Angela Eagle, est considérée comme la rivale la plus probable de Jeremy Corbyn dans une élection à la direction du parti. Elle a la confiance de ses collègues parlementaires mais il est beaucoup moins certain qu’elle puisse être en capacité de persuader les membres ordinaires du parti de voter pour elle et contre M. Corbyn.

Et si M. Corbyn est réélu à la direction du Parti Travailliste, l’hostilité à son égard de la grande majorité des parlementaires pourrait bien rendre inévitable une scission dans le parti.

La crainte d’une telle éventualité est si forte que, comme l’a révélé The Independent, de hauts responsables du Labour ont même commencé à chercher à savoir qui possède la dénomination du parti, son logo, son siège londonien et ses bureaux dans les régions.

Le vice leader du Labour, Tom Watson, a eu des discussions en tête-à-tête avec Len McCluskey, le leader d’Unite, le plus important syndicat britannique, pour trouver un compromis qui résoudrait la crise, mais les chances d’accord semblent lointaines.

Il semble que les syndicats tiennent à ce que M. Corbyn garde la direction du parti tandis que M. Watson leur a dit que la ligne rouge pour les parlementaires travaillistes est que M. Corbyn doit s’en aller.

The Sun, petites pépées et islamophobie

25 novembre 2015

Le Sun est un journal anglais dont il n’existe pas d’équivalent en France. Ses titres racoleurs secondés utilement par la photo d’une femme aux formes et au sourire prometteurs sont au service d’un agenda politique néoconservateur qui est celui de son propriétaire, le magnat de la presse Rupert Murdoch.

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Rupert Murdoch et sa nouvelle compagne, Jerry hall (ex Mme Jagger)

Outre le Sun, le groupe News Corp de Rupert Murdoch est propriétaire du Times, le légendaire journal londonien, du New York Post, un tabloïd à grande diffusion, du Wall Street Journal, des chaînes de télévision et des studios de cinéma Fox etc.

Et ce n’est là qu’un modeste aperçu de cet empire qui s’étend sur tous les continents.

Le Guardian démonte ici les ressorts d’un titre racoleur du Sun destiné à induire le lecteur pressé en erreur et à exciter l’islamophobie.

Les affirmations du Sun sur la sympathie des Musulmans pour les djihadistes ont-elles un fondement ?

Un coup d’œil sur les données de l’enquête derrière le gros titre du tabloïd remet en question la façon dont le journal a interprété les chiffres

par Pamela Duncan, The Guardian (UK) 23 novembre 2015 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le Sun a mis en une ce titre racoleur : « Un Musulman britannique sur cinq a de la sympathie pour les djihadistes, » mais cette affirmation est-elle fondée ?

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Un coup d’œil aux données qui sont derrière le gros titre de lundi remet en question la manière dont le journal a interprété les chiffres.

Le gros titre et l’article en pages intérieures sont basés sur une enquête téléphonique conduite par Sturvation la semaine dernière. On ne sait pas vraiment comment l’échantillon de Musulmans britanniques a été constitué par Sturvation ni s’il peut être considéré comme représentatif de l’ensemble de la communauté.

La question particulière qui est à l’origine du titre la une demandait aux répondants qu’ils étaient d’accord avec une liste de déclarations.

Seulement 5 % des répondants étaient d’accord avec la déclaration : « J’ai beaucoup de sympathie pour les jeunes Musulmans qui quittent le Royaume Uni pour rejoindre les combattants en Syrie. » 14,5 % des répondants ont dit avoir « une certaine sympathie » pour eux. Ces chiffres additionnés font un total de 19,5 % qui motivent la tournure de l’article du Sun.

Même en acceptant ces données telles quelles, elles occultent le fait que près de 71,5 % des sondés ont dit ne pas avoir de sympathie pour les jeunes Musulmans qui quittent le Royaume Uni pour rejoindre les combattants en Syrie.

La question posée par Sturvation ne mentionne aucunement les djihadistes, l’État Islamique (Daesh) et la raison pour laquelle les combattants vont en Syrie. En outre, la question ne précise pars qui sont les « combattants en Syrie » – des combattants de Daesh ou éventuellement ceux d’autres groupes rebelles.

Étant donné qu’on a eu des exemples d’individus partis en Syrie pour lutter contre Daesh (par exemple avec un reportage de Channel 4 qui suivait trois anciens soldats partis combattre les miliciens de Daesh en Syrie), il est concevable que certains des sondés aient pu avoir en tête ces exemples plutôt que les gens qui s’en vont pour soutenir Daesh.

Le second problème est que le terme « sympathie » prête le flanc à une mauvaise interprétation : tandis qu’une personne peut l’employer pour signifier qu’il est d’accord avec ceux qui partent se battre, une autre personne peut simplement vouloir dire qu’elle comprend à un niveau émotionnel qu’une personne puisse faire ce choix. On peut éprouver de la sympathie pour une prise de position sans pour autant la partager.

De fait, un sondage antérieur effectué par le même institut en mars pour Sky News avait montré que 4,3 % des non Musulmans exprimaient « beaucoup de sympathie pour les jeunes Musulmans qui quittent le Royaume Uni pour rejoindre les combattants en Syrie. » Dans le même temps, 9,4 % exprimaient une « certaine sympathie », ce qui suggère que les attitudes des Musulmans et des non musulmans ne sont pas différentes quand on leur pose ces questions.

D’autres détails sur le sondage mené par Survation peuvent être trouvés ici tandis que l’intégralité des chiffres peut être trouvée ici.

La victoire juridique de l’Iran et la déconfiture de David Cameron

19 juin 2013

Le premier ministre Britannique David Cameron semble aller de déconvenue en déconvenue en ce moment.

Non seulement son pays est touché par une grave affaire d’espionnage de dirigeants politiques étrangers qui avaient participé à un sommet du G20 en 2009 à Londres, mais M. Cameron vient de se faire rappeler à l’ordre en matière de respect du droit international par Vladimir Poutine qui a signifié une nouvelle fois son refus d’un armement des opposants qui combattent militairement le  régime de Damas ainsi que son refus d’une zone d’exclusion aérienne même limitée au-dessus du territoire syrien.

Et comme si ce n’était pas suffisant, voilà que la Cour Suprême de Grande Bretagne ajoute son grain de sel en annulant les sanctions contre une banque privée iranienne au nom du respect de la règle de droit que les autorités britanniques s’estiment fondées à bafouer en fonction de ce qu’elles considèrent être leurs intérêts.

Qu’on ne s’y trompe pas, l’arrêt de la cour britannique est avant tout un signe de la volonté chez d’éminents juristes et magistrats de donner un coup d’arrêt à des procédures d’exception qui s’appliquent en dehors de toute nécessité, sauf celle de dissimuler une insuffisance criante de preuves.

Ces procédures touchent certes aujourd’hui une entreprise étrangère mais leur spectre d’utilisation sera forcément amené à s’élargir, comme c’est déjà le cas aux Etats Unis, pour toucher toutes sortes d’institutions ou de  personnes au gré de la raison d’Etat.

La décision de la Cour Suprême britannique qui fera date intervient après un arrêt d’une juridiction européenne affirmant le caractère abusif des sanctions adoptées au niveau européen contre la même banque.

Le moindre des paradoxes n’étant pas, vu la propagande occidentale sur l’Iran, que c’est ce dernier pays qui s’appuie sur le droit tandis que les autorités britanniques ont besoin  de recourir à de graves entorse à ce même droit.

La Cour Suprême annule les sanctions contre une banque iranienne et critique les audiences secrètes.

Le ministère des finances reçoit l’ordre de lever les sanctions contre la banque Mellat et des voix critiques préviennent que la transparence de la justice et la règle de droit sont les victimes des tribunaux secrets.

Par Owen Bowcott, correspondant affaires juridiques, The Guardian (UK) 19 juin 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’enthousiasme du gouvernement pour les tribunaux secrets a été refroidi après que les juges de la plus haute juridiction britannique  ont annulé des sanctions antiterroristes imposées à une banque iranienne et écarté en les qualifiant de dérisoires les renseignements qui les étayaient.

Dans deux arrêts connexes, la Cour Suprême a ordonné au Trésor de lever les sanctions contre la Banque Mellat et affirmé que, à l’avenir, les audiences en appel pourraient se tenir à huis clos «seulement quand il a été démontré de manière convaincante que c’était vraiment nécessaire pour l’intérêt de la justice.»

La banque dont le siège est à Téhéran se bat depuis 2009 pour obtenir une levée des sanctions.

Le ministère britannique des finances soutenait que la banque a financé des entreprises qui participent au programme nucléaire militaire de l’Iran.

Pour justifier ces allégations, le ministère des finances avait demandé pour la première fois à la Cour Suprême de siéger en session secrète en avril dernier.

Dans le premier jugement, lu par Lord Neuberger, le président de la Cour Suprême, les magistrats ont déclaré : « Ayant tenu une audience à huis clos, il s’est avéré que rien ne motivait un jugement à huis clos par la Cour Suprême [par rapport aux informations des services secrets] parce qu’il n’y avait rien [dans ces informations] de nature à affecter notre raisonnement quant à l’appel sur le fond ».

Le juge Lord Neuberger

Le juge Lord Neuberger

“Une audience ne devrait se tenir à huis clos que quand il a été prouvé de manière convaincante qu’elle était vraiment nécessaire dans l’intérêt de la justice. Si la cour soupçonne fortement que rien dans les documents secrets n’est susceptible d’affecter le résultat de l’appel, elle ne devrait pas ordonner une audience à huis clos.»

L’organisation Liberty est intervenue dans ce dossier. Corinna Ferguson, conseillère juridique de cette organisation des droits de l’homme a affirmé :  » Les grands principes de la transparence de la justice et de l’Etat de droit sont atteints quand cette maladie de la justice secrète infecte la plus haute juridiction du pays. Le jugement en forme de douche froide d’aujourd’hui étale au grand jour  les arguments du gouvernement et met à nu sa volonté de mettre l’accent sur l’importance du secret au service de ses propres fins ».

«Compte tenu des récentes révélations sur l’espionnage et les écoutes, on a vraiment l’impression qu’il y a une loi pour l’Etat, et une loi pour tous les autres – aucun contrôle sur eux [l’Etat] ; pas de sphère privée pour nous.»

Sarosh Zaiwalla, de la société d’avocats Zaiwalla & Co Solicitors, qui représentait la Banque Mellat a déclaré : «La décision d’aujourd’hui est une victoire pour le droit autant que pour la Banque Mellat. Le jugement va donner une énorme confiance en l’indépendance du système judiciaire britannique et constitue un exemple de ce que même des litiges controversés peuvent être résolus en appliquant le principe de la primauté du droit par les tribunaux britanniques.»

La Banque Mellat a toujours nié avoir soutenu le programme nucléaire militaire iranien.

Reda Hassaine, l’agent triple zéro du MI5 et les zombies du djihad de Tony Blair

11 avril 2012

Certains organes de presse algériens s’appuyaient à l’occasion sur des informations fournies par un certain Reda Hassaine

Par exemple le journal Le Matin publiait en 2008 une lettre dans laquelle Reda Hassaine parlait de ses déboires avec un certain Hichem Aboud qui était, je crois, un ancien cadre de la sécurité militaire en Algérie (DRS, Direction du Renseignement et de la Sécurité).

Hassaine indiquait être journaliste d’investigation pour le journal The Times (propriété, rappelons-le de Rupert Murdoch). De fait Reda Hassaine est un journaliste Algérien qui travaillait en Algérie pour le quotidien du soir Horizons (propriété de l’Etat algérien).

La presse française avait aussi parlé de Reda Hassaine. Ainsi, en 2007, Le Figaro évoquait une sombre histoire d’enlèvement qu’aurait ourdi, selon Reda Hassaine, la DGSE contre le prédicateur Abou Hamza spécialiste des prêches enflammés dans les rues de Londres.

Contrairement à ses habitudes, «La « piscine» avait catégoriquement démenti et on comprend pourquoi : la simple rumeur d’un projet d’enlèvement en Angleterre était de nature à nuire gravement aux relations avec un allié, et non des moindres :

Reda Hassaine est décrit comme un homme prolixe dont les propos sont toujours composés «d’un peu de vrai et de beaucoup de faux». Le projet d’enlèvement d’Abou Hamza est, en revanche, catégoriquement nié. Et la DGSE n’est pas seule à le faire. Un haut fonctionnaire de la police nationale, en poste à l’époque, affirme «n’en avoir jamais entendu parler», précisant qu’on «imagine mal les Français enlever un citoyen britannique sur son propre sol pour le juger en France ou pour l’éliminer»

 En passant, la DGSE confirmait avoir été en contact avec Reda Hassaine.

Ce qui nous amène à une info plus récente mais où il est toujours question d’Abou Hamza (alias Capitaine Crochet)  et d’Abou Qatada, un autre prédicateur à la barbe ébourrifée.

Abou Hamza en plein radio-crochet

En effet, une procédure d’extradition vers les Etats Unis est en cours pour Abou Hamza  qui est détenu au Royaume Uni depuis 2006 pour incitation au meurtre et à la haine raciale et la Cour Européenne des Droits de l’Homme vient de la déclarer légale sous réserve du respect de la procédure d’appel.

Washington reproche à Abou Hamza:

 d’avoir pris part à l’enlèvement de seize touristes occidentaux au Yémen en 1998, dont quatre étaient morts lors d’une opération de l’armée yéménite.
 Il aurait aussi facilité la mise en place d’un camp d’entraînement terroriste aux Etats-Unis en 2000-2001 et aidé le financement de candidats au djihad désireux de se rendre au Proche-Orient pour y subir un entraînement à des actes terroristes.
Il est visé en tout par onze chefs d’accusation liés au terrorisme.

Ce sont des accusations graves et qui justifient évidemment des poursuites judiciaires.

Mais, je le dis en passant, les britanniques devraient faire attention car on extrade ainsi un de leurs concitoyens (même si cette pensée peut être désagréable) dans un pays tiers. Seuls les pays sous la coupe des USA acceptent une telle exigence ; un pays comme la France, même sarkozyste, ne l’accepterait pas, et les Etats Unis refuseraient évidemment la réciproque.

Deux autres sujets de sa Majesté, dont l’étudiant Richard O’Dwyer et l’homme d’affaires Christopher Tappin, qui vient d’être livré aux Etats Unis, font en ce moment les frais de cette procédure au grand dam de leurs famille et d’une bonne partie de l’opinion publique qui réclame l’abolition de ces dispositions.

Bon, recausons de Reda Hassaine, notre journaliste d’investigation, car son nom revient dans l’actualité au moment où Capitaine Crochet et ses acolytes refont parler d’eux.

C’est le Daily Mail qui nous entretient de la complainte de Reda Hassaine qui était, je cite, «un agent infiltré pour le compte du gouvernement britannique», une mission qu’il aurait exercée à partir de 1994 :

Hassaine avait signalé à la Branche Spéciale de Scotland Yard et au service de la sécurité intérieure, le MI5, qu’Abou Qatada et son acolyte, le religieux au crochet Abou Hamza, incitaient à des attentats terroristes à Londres.
Il avait vu les deux hommes collecter des milliers de livres sterling auprès de leurs congrégations pour envoyer de jeunes musulmans Britanniques à l’étranger pour s’entraîner à l’attentat suicide avant de revenir ici.

Mais, selon le Daily mail, les avertissements émis par l’agent infiltré Reda Hassaine sont tombés dans l’oreille de sourds.

Le Daily Mail peut révéler que les informations capitales transmises par l’agent secret ont été ignorées à cause d’un accord très peu connu présenté comme un ‘pacte de sécurité’ passé entre les services de sécurité et les islamistes extrémistes au Royaume Uni.
Le pacte non écrit autorisait de manière cynique les clercs extrémistes à orchestrer et encourager des attentats islamistes à l’étranger. Le bourrage de crâne qu’ils pratiquaient sur de jeunes Musulmans nés ici était toléré par les services secrets dans l’espoir qu’il n’y aurait pas d’attaques contre des cibles en Grande Bretagne.

L’ironie amère veut que le pacte a complètement échoué à éviter les attentats de Londres de 2005, tout en permettant à Qatada, hamza et à d’autres extremists comme eux de comploter et de faire du prosélytisme pendant des années tout en vivant en Grande Bretagne sans travailler – d’allocations financées par les contribuables.
Aujourd’hui, cet accord a coûté cher à la Grande Bretagne. Le gouvernement se bat pour renvoyer Abou Qatada dans son pays, la Jordanie, où il doit être jugé pour une série d’atrocités qu’il a perpétrées là-bas..
Et hier, la famille d’Abou Hamza a annoncé une procedure d’appel (qui pourrait prendre des mois)…

Et pendant que nos barbus se la coulaient douce aux frais du trésor public de Sa Majesté, la vie était par contre on ne peut plus difficile pour Reda Hassaine qui, en tant qu’agent du MI5, ne comprend pas pourquoi ces gens ont pu rester sur le territoire britannique en dépit de leurs activités (il oublie qu’on peut aussi être en prison sur un certain territoire et qu’Abou Hamza est un sujet de Sa majesté).

 Exemple des désagréments subis par Reda Hassaine, en 2000, quelques minutes après avoir observé une prière :

Hassaine avait été battu par des hommes de main d’Abou Qatada.
Hassaine se souvient : ‘Un acolyte de Qatada avait appris que j’étais un espion et avait signalé ma présence après le sermon . A ce moment là, Qatada avait commencé à réciter une prière spéciale de djihad pour encourager l’assassinat de quiconque menace l’Islam. J’avais immédiatement compris que j’étais dans le pétrin.

Reda Hassaine, agent triple double au temps où le « djihad » était fun


Après le service religieux, je suis vite allé vers la sortie et j’ai récupéré mes chaussures. A ce moment, j’ai reçu un coup très fort au visage, un autre sur la tête. Un groupe d’hommes d’Abou Qatada me donnait des coups de poings et me frappait. Ils m’ont fait rentrer les dents derrière la tête [ !]. J’ai réussi à me faufiler dans la rue. La première chose que j’ai faite, alors que j’avais la bouche pleine de sang, c’est de téléphoner à mon opérateur du MI5.’

Suit toute une litanie d’accusations fondées ou pas contre Abou Hamza et Abou Qatada, certaines débouchant sur des condamnations puisque Abou Hamza est actuellement en détention.

On nous dit que Abou Hamza, né en Egypte , s’est établi en Angleterre au début des années 1980 et qu’il a obtenu la citoyenneté britannique par mariage .

On peut suivre son édifiante biographie dans France Soir qui nous apprend que ce monsieur 

avait travaillé comme videur dans une boîte de peepshow.

Et cékoidonc un peepshow ?

Un peepshow est un spectacle généralement de type érotique ou pornographique qui ne peut être vu que par un spectateur à la fois à travers une ouverture (judas). Un point commun entre Abou Hamza et Avigdor Liebeman, le ministre sioniste des affaires étrangères!

Selon France-Soir :

il a ensuite épousé les thèses islamistes et rejoint les moujahidines luttant contre les Soviétiques en Afghanistan. C’est sur ces champs de bataille qu’en 1993 il a perdu un oeil et une main dans l’explosion d’une mine, selon ses dires. Il était par la suite revenu au Royaume-Uni et avait pris la tête de la mosquée de Finsbury Park

 Abou Hamza était donc à ce moment là, aussi bien vu de Londres, que de la BHLerie ou de Washington, un combattant de la liberté contre la dictature communiste et l’occupation soviétique en Afghanistan.

Tiens tiens !

Nous avons donc là un journaliste qui a fui l’Algérie pour devenir, selon ses dires et ceux du Daily Mail, un agent, ou prétendu tel au service de la couronne britannique. Et qui aurait aussi été approché par les services secrets français et algériens.

A moins que ce soit plutôt l’inverse parce que je le vois bien, ce Reda Hassaine, faire le siège  de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un policier chargé de l’antiterrorisme ou à un membre des services secrets.

Jusqu’à leur donner le tournis et la migraine !

Parce que les prêches d’Abou Qatada et d’Abou Hamza n’avaient rien de secret puisque nous avons eu assez souvent l’occasion de voir et d’entendre à la télévision français le Capitaine Crochet en train de clamer ses diatribes dans la rue.

Abou Qatada et son légendaire hérisson

Si des gens étaient réellement au rôle de la police et des services secrets britanniques, c’étaient bien Abou Qatada et Abou Hamza.

Depuis que l’Afghanistan est libérée du communisme et vit sous la félicité des bombes de l’OTAN, on n’a plus besoin d’eux. Il fallait simplement trouver le moyen de s’en débarrasser en douceur et, si possible légalement. Ils ont quand même rendu de foutus bons services, haven’t they ?

Aussi bien en tant que militants anticommunistes qu’en qualité d’idiots utiles donnant un spectacle grotesque qui avait le mérite d’engendrer la peur de l’autre côté de la Manche

Et le politicien qui maîtrise la peur dispose d’un atout très utile dans de nombreux domaines de l’exercice du pouvoir.

Appartenant à une époque désormais révolue, comme d’autres reliquats de l’ère Tony Blair, ils peuvent donc désormais passer à la trappe. 

PS: en voyant les photos des trois lascars, on se dit qu’ils ont tous des têtes de clowns.

Les « révolutionnaires » Libyens remercient David Cameron en profanant le cimetière militaire britannique de Benghazi

4 mars 2012

Vous ne trouverez rien, du moins sur internet, dans la grande presse française à ce sujet. Le site come4news en parlait dès le 25 février pour contextualiser de manière ironique la récente visite en Libye de Gérard Longuet venu chercher le fameux « retour sur investissement » promis par Alain Juppé : 

des tombes de militaires alliés de la Seconde Guerre ont été profanées et brisées à Benghazi.

 Parmi les tombes profanées au cimetière militaire de Benghazi, celles de fameux « Rats du désert » tant vantés par le maréchal Monty Montgomery lors de la campagne d’Afrique en 1942. Une vision édifiante pour le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, qui se trouve en Libye pour tenter d’établir des protocoles de collaboration entre une armée et une police quasiment inexistantes et diverses sociétés françaises. Gérard Longuet doit en effet visiter Benghazi, Misrata et Tripoli au cours de cette fin de semaine.

Reuters ne rapporte pas si des tombes de soldats français de la division Leclerc ayant combattu à Tobrouk et ailleurs ont été la cible des vandales des milices islamistes. Il semble que ces actes fassent suite aux accusations visant les troupes américaines en Afghanistan qui auraient brulé des exemplaires du coran.

Le cimetière militaire de Benghazi regroupe 1 214 tombes et stèles, dont celles de soldats alliés (Canadiens, Britanniques, Français…).

En Angleterre, c’est par contre une autre paire de manches et, avec un peu de retard il est vrai, la presse s’est emparée de cette affaire qui provoque un choc émotionnel réel.

Ainsi le Daily Mirror (proche du parti travailliste) titre :

Insulte à nos soldats tués à la guerre: une vidéo choquante montre des rebelles Libyens en train de profaner un cimetière militaire britannique (du Commonwealth plus exactement, NdT)).

Le Daily Mail fait deux titres sur cette information (le 1er est celui de la rubrique commentaire de la rédaction, le deuxième celui de l’article proprement journalistique): 

Sans honte et sans gratitude dans une Libye sans lois: les atteintes extrêmement choquantes contre des tombes de tués à la guerre

 et:

Profanées: la vidéo choquante des tombes des Rats du Désert de Churchill réduites à l’état de décombres… par les Libyens que nous avons aidés à se libérer.

La presse britannique propose des photos des profanations comme celle-ci:

Peut-être la tombe d'au arrière grand oncle de David Cameron?

Ou celle là,

Pour remercier Bernard-Botul-Henri Lévy?

Ainsi qu’une séquence vidéo

Il faut quand même savoir que ces tombes sont restées intactes depuis l’indépendance de la Libye et pendant toute la période pendant laquelle Mouammar Kadhafi, un ardent anticolonialiste pourtant, a été au pouvoir.

Ce sont donc ceux pour lesquels la France et le Royaume Uni ont déchaîné leurs bombardements destructeurs qui se livrent à ces déprédations.

Eh bien, voilà qui va peut-être contribuer à ouvrir les yeux de ceux qui ont cru benoîtement que David Cameron et Nicolas Sarkozy avaient pris le parti de la liberté, de la démocratie et donc des valeurs qui vont avec.

Il faut dire que ces profanations sont supposées être une réaction à celle du Coran par des militaires US à Kaboul.

Mais d’une part, comment peut-on prétendre demander l’aide de l’OTAN dans son propre pays et réagir de la sorte à ce que fait l’OTAN dans un autre pays ?

Et surtout, on ne profane pas les tombes de qui que ce soit, même de celui qui a été un ennemi de son vivant. C’est là un principe des plus élémentaires qui participent à nous situer en tant qu’humains.

Mus peut-être ces incidents déplorables donneront-ils lieu à une réflexion en Occident sur le sens de l’action de l’OTAN en Libye ?

Pas en France en tout cas, si on en croit l’absence de couverture médiatique de ces profanations.

Quand on pense que ce sont à peu près les mêmes gens que Sarkozy veut porter au pouvoir en Syrie!