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De quoi la « mère de toutes les batailles » va-t-elle accoucher?

7 juin 2014

Israël pivote vers la Chine et l’Inde en réaction à l’affaiblissement de l’influence américaine

par Shinya Oshino, Nikkei Asian Review (Japon) 10 mai 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le Caire – Israël s’efforce de tisser des liens économiques et sécuritaires plus étroits avec l’Inde et la Chine, dans le but d’élargir sa marge de manœuvre comme les Etats Unis, son allié le plus proche, commencent à jouer un rôle plus réduit sur la scène mondiale.

Israël attend beaucoup de la Chine pour traiter la question du programme iranien de développement d’armes nucléaires. « La Chine a un rôle central dans les efforts pour empêcher l’Iran d’acquérir une bombe nucléaire, » a dit le président israélien Shimon Peres à son homologie chinois Xi Jinping au cours d’un voyage en Chine au début du mois dernier..

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est rendu en Chine en mai dernier, et de hauts responsables militaires des deux pays ont approfondi leurs relations. Ces visites de haut niveau traduisent la volonté d’Israël d’améliorer sa position diplomatique à l’ONU en se rapprochant toujours plus de la Chine, un membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU.

L’Inde a accepté en février de travailler avec Israël à l’élaboration de mesures antiterroristes et au développement de systèmes de missiles de défense. Ils envisagent aussi la mise en place d’un fonds pour soutenir les partenariats entre les entreprises technologiques des deux pays.

Dans le même temps, un paysage politique mondial de plus en plus complexe a créé diverses sources de friction entre Washington et son allié au Moyen Orient.

Le 27 mars, l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté une résolution rejetant l’annexion de la Crimée par la Russie. Mais Israël s’est abstenu, choisissant de maintenir ses relations avec Moscou qui a une influence significative sur le cours de la guerre en Syrie et sur la situation iranienne, les deux affectant directement la sécurité nationale d’Israël.

L’attitude israélienne [par rapport à la Russie] a provoqué la colère des Etats Unis. Mais « nos intérêts en matière de sécurité ne devraient pas être définis comme identiques à ceux de n’importe qui d’autre, pas même les Etats Unis » a déclaré un haut responsable militaire israélien à un média local.

Le commerce d’Israël avec Pékin est aussi devenu une pomme de discorde. Les exportations israéliennes de produits de haute technologie vers la Chine ont bondi de 170 % en cinq ans pour atteindre 1,58 milliard de dollars en 2013. On a rapporté à la fin de l’année dernière que de la technologie avancée dans le domaine des missiles est parvenue en Chine via des entreprises israéliennes.

Dans les années 1990, un projet israélien de vente à la Chine d’un avion de surveillance avait été mis en échec par des pressions américaines. Si Israël continue de se rapprocher de pays comme la Chine et la Russie, il pourrait s’attirer à nouveau une ingérence de Washington.

Commentaire:

Saddam Hussein, le défunt président irakien, avait parlé de « mère de toutes les batailles » pour désigner la confrontation de son pays avec la coalition réunie par Washington en 1991.

Saddam Hussein ne croyait pas si bien dire puisque la guerre contre l’Irak marquait la prise en main pour longtemps de la politique étrangère des Etats Unis par une clique néoconservatrice imprégnéee d’un sionisme radical et qui avait commencé à s’épanouir pendant les années Reagan,

On connaît la suite avec l’invasion de l’Afghanistan, la deuxième guerre du Golfe et le démantèlement du régime baathiste conclu par l’exécution de Saddam Hussein, et plus récemment la destruction du régime libyen et l’assassinat de Mouammar Kadhafi.

A ces aventures militaires d’importance, il faut ajouter des interventions plus mineures, comme les bombardements réguliers ou intermittents au Yémen et en Somalie, la déstabilisation du Soudan qui a abouti à la partition de ce pays, le soutien politique et militaire à l’opposition armée au gouvernement syrien.

Il est frappant de constater qu’aucune de ces interventions n’a résulté en un gain net pour les Etats Unis, ni au plan politique, ni au plan économique,

Au contraire, les Etats Unis sortent de toutes ces batailles épuisés financièrement et moralement au moment où d’autres puissances émergent (ou réémergent), notamment la Russie et surtout la Chine, ce qui motive la stratégie de rééquilibrage vers l’Asie du déploiement politique et militaire des Etats Unis.

C’est cet accès de faiblesse des Etats Unis qui explique leur gestion en retrait [stay behind] de la crise libyenne, leur incapacité à passer par dessus l’obstacle russo-chinois pour obtenir l’éviction du Syrien Bachar al-Assad.

Ce qui ne les empêche pas d’essayer de poursuivre l’encerclement de la Russie en organisant un coup de force en Ukraine. L’effet immédiat de l’ingérence américaine aux frontières de la Russie aura cependant été de précipiter la signature d‘importants accords économiques entre Moscou et Pékin qui scellent ainsi une alliance eurasiatique qui ne fait finalement qu’aggraver le problème stratégique à résoudre par les Etats Unis.

Ces évolutions des rapports de force à l’échelle mondiale n’ont pas échappé non plus à l’entité sioniste dont la survie dépend du soutien d’un parrain étranger qui fut tour à tour [voire simultanément] la Grande Bretagne, l’URSS, la France puis les Etats Unis d’Amérique.

1955: réception symbolique d'un avion de combat Ouragan par Moshe Dayan et Shimon Peres en présence de Pierre Gilbert, ambassadeur de France à Tel Aviv

1955: réception symbolique d’un avion de combat Ouragan par Moshe Dayan et Shimon Peres  (lunettes noires)en présence de Pierre Gilbert, ambassadeur de France à Tel Aviv

L’analyse politique qui prévaut aujourd’hui est que Washington va tendre à se désintéresser de la situation au Moyen Orient où un règlement définitif est vivement souhaité, Il ne s’agit pour l’instant que de vélléités de la part de Washington où les néoconservateurs ultrasionistes représentés par Hillary Clinton et John McCain restent influents ; mais la tendance est là et elle veut, entre autres, que pour contrer la Chine, les Etats Unis ont besoin de se rapprocher de l’Iran.

Les sionistes de leur côté ne restent pas les bras croisés et ils agissent fidèlement à une version de l’histoire juive qui consiste à se mettre dans l’ombre du puissant du moment. C’est par exemple ce qui s’était passé au moment de la conquête de l’Espagne par les Arabes et que bien des portes de cités avaient été ouvertes par les Juifs présents sur place. Et comme on l’a vu et comme on le sait, c’est une caractéristique de l’histoire du mouvement puis de l’Etat sioniste.

Les priorités actuelles de l’entité sioniste sont la Chine et l’Inde. Ces deux pays n’ont pas grand chose à voir avec l’histoire de la persécution des Juifs par le nazisme. Les autorités sionistes essayent bien de les sensibiliser à la souffrance juive, mais c’est tout sauf évident d’autant qu’en dépit d’une présence juive anecdotique en Inde comme en Chine, ce dernier pays connaît des bouffées d’antisémitisme.

Non, les leviers principaux du régime sioniste résident dans les technologies militaires qu’il peut fournir à l’Inde et à la Chine, des technologies bien souvent américaines. Ce genre de commerce est déjà florissant avec les deux pays non sans provoquer le mécontentement de Washington en ce qui concerne les ventes à la Chine. On notera quand même l’atout que représente pour Tel Aviv la toute récente arrivée au pouvoir à New Delhi de Narendra Modi, chef des nationalistes hindous qui se sentent depuis longtemps des afffinités avec le sionisme.

Février 2013: encore premier ministre du Gujerat, Narendra Modi recevait Alon Ushpitz, ambassadeur sioniste et Orana Sagiv, consul de l'entité sioniste à Mumbai

Février 2013: encore premier ministre du Gujerat, Narendra Modi recevait Alon Ushpitz, ambassadeur sioniste et Orana Sagiv, consul de l’entité sioniste à Mumbai

Mais l’exécutif américain est dans une telle position de faiblesse face au lobby sioniste qu’il a bien du mal à se faire respecter sur la question des transferts de technologie militaire. On a vu un processus voisin, sur la plan politique cette fois, quand le régime sioniste a refusé d’aligner son vote à l’ONU sur celui des Etats Unis sur la question de Crimée.

Pensez bien que les Etats Unis n’ont pas hésité à s’humilier à plusieurs reprises pour faire barrage à des résolutions onusiennes favorables à la cause palestinienne ! Ils commencent à savoir ce qu’est l’amour vache des sionistes pour leurs alliés une fois le citron pressé.

Terroristes sionistes pressés d’aller sur les chemins de Katmandou.

8 avril 2014

 

Trop pressés d’aller sur les chemins de Katmandou.

Poursuites pénales contre trois diplomates israéliens à New Delhi

Daily News (Inde) 7 Avril 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

Une procédure pénale a été engagée contre trois diplomates israéliens pour avoir agressé un agent de la police de l’air et des frontières à l’aéroport international Indira Gandhi de Delhi, a indiqué la police aujourd’hui. Cependant, le trio n’a pas pu être arrêté par la police parce qu’ils jouissent de l’immunité diplomatique.

L’incident a eu lieu hier après-midi vers 13h30 au Terminal 3 de l’aéroport alors que les trois diplomates se dirigeaient vers Katmandou au Népal. Les trois jeunes diplomates avaient dû attendre pour laccomplir les formalités de sortie du territoire car il y avait du monde au guichet. Enfin, quand un fonctionnaire identifié sous le nom de Somveer les a accueillis, ils l’ont accusé d’être lent. Une altercation a éclaté au cours de laquelle l’un d’eux a giflé le fonctionnaire tandis que les deux autres le malmenaient, a indiqué la police.

La police, alertée par des responsables de l’aéroport, est rapidement arrivée sur place et a interrogé le trio qui leur a dit qu’ils étaient des diplomates israéliens en partance vers le Népal pour une mission diplomatique. La totalité de l’incident a été filmée par la caméra de vidéosurveillance et le film a été conservé par la police pour l’aider dans son enquête. « Des poursuites en vertu de l’article 186 (entrave à fonctionnaire dans l’exercice de sa mission) et 332 de l’IPC (coups et blessures volontaires pour dissuader les fonctionnaires de faire leur devoir) ont été engagées contre les trois diplomates », a déclaré le fonctionnaire.

La police a informé l’ambassade d’Israël à propos de l’incident.

Interrogé sur la suite de la procédure dans cette affaire, le sous-commissaire de la police (IGI Airport) MI Haider a déclaré: «Les enquêtes sont en cours conformément aux normes et aux lois en vigueur. C’est le premir incident de ce genre ici ici et de dire quoi que ce soi à ce sujet serait prématuré. Le ministère des Affaires extérieures sera contacté sur cette question « .

 

Les racines du dénouement en vue de la crise en Syrie et la chasse au Netanyahou

12 octobre 2013

J’étais parti pour faire une petite intro sur Yaïr lapid et Benjamin Netanyahou mais j’ai un peu dérivé… 

La crise syrienne a connu récemment un tournant décisif et ce tournant n’a pas été militaire mais politique,

On est en effet passé de l’exigence du départ du président Syrien Bachar al-Assad par les puissances occidentales (souvenons-nous de Laurent Roquet Fabius qui affirmait que le président syrien ne mériterait pas d’être sur la Terre) à l’exigence de la destruction des armes chimiques dont dispose l’armée syrienne,

C’est ce qu’on appelle un changement de paradigme, changement concocté par les Etats Unis, la Russie et ,,, le gouvernement syrien, prenant au dépourvu la Turquie et une diplomatie française ridiculisée dans sa vaine posture belliciste.

Le camouflet à répétition n’a pourtant apparemment pas suffi à vacciner Paris contre l’emploi d’un langage musclé qui n’est plus vraiment dans ses moyens et de toute façon ne sert pas ses intérêts.

Ne vient-on pas en effet de lire que François Hollande a assuré Benjamin Netanyahou de «toute sa fermeté» à l’égard de l’Iran?

Parce que l’élection de Hassan Rohani à la présidence de la république islamique d’Iran est aussi un des éléments qui ont joué dans l’évolution du traitement du dossier syrien. Non pas que le nouveau chef de l’Etat ait pris des positions radicalement différentes de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad, du moins sur les dossiers syrien et nucléaire, mais son image de modéré bien mise en avant dans la presse occidentale (malgré de vaines tentatives sionistes de le diaboliser comme on l’a fait pour Mahmoud Ahmadinejad) a donné l’opportunité aux Etats Unis de changer de ton à l’égard de l’Iran.

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Ahmadinejad et Rohani (faisant un salut nazi?)

La conséquence de ce changement de ton a été la rencontre entre les présidents Rohani et Hollande en marge de l’assemblée générale de l’ONU, et l’échange téléphonique entre Barack Obama et le président de la république islamique d’Iran. Il va sans dire que François Hollande avait été dûment autorisé par la maison Blanche à rencontrer son homologue iranien.

Ce rapprochement entre l’Iran et l’Occident a bien sûr pour conséquence que l’élimination du régime syrien n’a plus le caractère impérieux qu’elle avait il y a seulement quelques mois, d’autant qu’il apparaît clairement que la fraction de l’opposition polico-militaire tenue à bout de bras par Londres, Paris et Washington ne représente pratiquement rien, ni sur le terrain militaire, ni sur le terrain politique.

Un troisième facteur qui a joué un rôle absolument décisif dans le changement de posture des Etats Unis est la déposition du président Mohamed Morsi par l’armée égyptienne, un coup d’état qui était motivé entre autres par le refus d’un engagement militaire de l’Egypte contre le régime syrien, même par volontaires interposés, et qui a pu s’appuyer sur l’hostilité de l’Arabie Saoudite à l’égard des Frères Musulmans.

Il faut bien se figurer en effet que, vu de Riyad, les Frères Musulmans que nous qualifierions de bourgeois conservateurs, sont perçus comme de dangereux révolutionnaires, une véritable menace pour la monarchie (l’épisode de la proclamation d’une république au Yémen par les Frères Musulmans avec à leur tête l’Algérien Fodil El Ouartilani n’a sans doute pas été oublié en Arabie).

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Fodil al Ouartilani

Si le paysage reste confus, avec des retournements qui semblent fourmiller de contradictions, il est peut-être possible de mieux saisir sa logique globale en prenant de la hauteur, c’est-à-dire en examinant la situation dans la région asiatique dans son ensemble.

On le sait, le centre de gravité de l’économie mondiale est en train de se déplacer vers l’Asie orientale (Corée, Chine, Thaïlande) quoique d’autres pôles de puissance semblent émerger ailleurs (Inde, Brésil par exemple) et tôt ou tard le politique suivra. Des tentatives d’organisation autonome de ces espaces ont vu le jour comme le BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud) ou l’Organisation de Coopération de Shangaï.

Deux pays asiatiques retiendront notre attention ici: la Chine et l’Inde, Ces deux géants ont pour point commun d’avoir d’énormes besoins en énergie (pétrole, gaz) que la production nationale est absolument incapable de satisfaire, Ces deux pays se tournent donc vers des fournisseurs étrangers dont l’Iran fait partie. Mais ce rôle de fournisseur de l’Iran n’a en réalité pas vraiment de caractère déterminant dans les inflexions de la diplomatie des Etats Unis. Ce qui est important à cet égard, ce sont les réserves d’hydrocarbures présentes dans l’Asie Centrale ex soviétique et qui font l’objet de toutes les sollicitudes. Des réserves auxquelles la Chine peut accéder par voie terrestre moyennant des aménagements en infrastructures de transport qui existent déjà et d’autres qui sont en cours de réalisation ou à l’étude.

Pour l’Inde, les choses se présentent différemment puisque son accès terrestre à l’Asie Centrale est barré par le Pakistan, l’ennemi intime depuis la sécession de 1947.

L’accès de l’Inde à l’Asie Centrale passe donc par l’Iran où l’Inde investit 100 millions de dollars dans le port et la zone franche de Chabahar, des investissements qui complètent ceux effectués dans des infrastructures routières qui relient de grandes villes afghanes à l’Iran. De son côté,la Chine s’est ménagée une ouverture portuaire semblable au Pakistan qui lui offre une route sud-nord complémentaire à la route est-ouest,

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Nouvelles routes terrestres et maritimes en Asie

Et bien sûr, ces régions d’Asie, et peut-être l’Afghanistan une fois la paix revenue, seront des fournisseurs mais aussi des clients.

Cette partie du monde est donc à la veille d’un boom économique auquel l’Iran va participer ne serait-ce que par son positionnement géographique au débouché sud-ouest de ces régions.

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Transports de gaz et de pétrole en Asie centrale et au Moyen Orient

C’est là que se situent les enjeux majeurs pour le monde, pour l’Iran et par conséquent pour le Moyen Orient et non dans une prétendue lutte entre Islam chiite et sunnite,

L’affaire syrienne a été l’occasion pour les Etats Unis de jauger la volonté de la Russie et de la Chine quant au contrôle de l’accès aux ressources et aux marchés de l’Asie Centrale et du Moyen orient.

Et les Etats Unis ont semblé conclure que cette volonté était trop forte pour qu’ils puissent tenter quoi que ce soit de significatif sans en subir de conséquences, par exemple dans l’unique position clef qu’ils occupent encore, c’est-à-dire en Afghanistan.

Sous peine d’être à moyen terme exclus de la région, la solution qui s’est imposée à eux est celle d’un rapprochement avec l’Iran.

Ce rapprochement va sans doute prendre du temps, parce qu’on ne passe pas du jour au lendemain d’un langage belliqueux et menaçant à des relations amicales et surtout en raison de la présence de l’Etat prétendu juif qui torpille toute approche rationnelle de la part des Etats Unis dans la région.

L’analyse qui semble prévaloir à Washington est que c’est Benjamin Netanyahou qui représente un obstacle et la tête de ce dernier est en quelque sorte mise à prix par la Maison Blanche qui aimerait avoir un interlocuteur plus sensible aux intérêts de l’allié américain.

Cet interlocuteur pourrait être Yaïr lapid, l’actuel ministre des finances du cabinet Netanyahou qui vient d’être reçu très chaleureusement par Joe Biden malgré le Shutdown.

Pourtant, comme l’explique l’article que je vous propose, si Yaïr lapid a une autre prestance que Benjamin Netanyahou, il est fondamentalement sur la même ligne aussi bien sur la question des négociations avec les Palestiniens que sur le dossier iranien.

Yaïr Lapid a beaucoup plus de charme que Netanyahou, mais son message est le même

par Philip Weiss, Modoweiss (USA) 11 octobre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Yaïr Lapid, le ministre des Finances d’Israël et étoile montante centriste, est reçu comme une star aux Etats Unis. Lapid s’est entretenu hier, en plein Shutdown, avec le vice-président, ils se sont apparemment bien entendus. Le vice président a tweeté la photo ci-dessus et publié une déclaration selon laquelle ils avaient une « conversation sur de nombreux sujets », notamment sur l’Iran et les négociations avec les Palestiniens. Ils avaient été rejoints par le secrétaire au Trésor Jack Lew et le coordonnateur pour le Moyen-Orient à la Maison Blanche, Phil Gordon.

Lapid était une vedette de la télévision, et ça se voit. Charlie Rose a passé beaucoup de temps avec Lapid mardi. D’abord sur le Charlie Rose Show. Puis au centre culturel 92d Street Y pour une co-présentation avec une organisation pro-israélienne, l’Israeli Policy Forum.

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Yaïr Lapid interrogé par Charlie Rose

A 92d Street Y, Rose a présenté Lapid comme étant «un des Juifs les plus célèbres du monde.» L’interview (vidéo ici) était dans l’ensemble gentille et Lapid a pu contrôler aisément la situation, comme si c’atait lui qui animait le talk show.

Il a plaisanté avec naturel l’accent sudiste de Rose et l’a rembarré quand il lui a demandé s’il aspirait à être premier ministre, et il a moqué le New York Times qui cite les gens hors contexte. Mais ses positions ne sont guère différentes de celles de Netanyahou, et on n’a pas à attendre longtemps avant que Lapid commence à parler de la Cité de David [Jérusalem].

C’est un tenant d’une ligne dure sur Jérusalem.

“Jérusalem ne sera jamais divisée. Jérusalem est la capitale d’Israël. Les pays ne renoncent pas à leurs capitales… mais oui, il y aura – certains territoires qui seront restitués…”

Rose: “Vous n’êtes pas en faveur de Jérusalem comme capital pour les Palestiniens et les Israéliens.”

“Vrai.”

Gaza ne fait pas partie de l’Etat palestinien tel qu’il peut l’imaginer.

Gaza est hors jeu. Il n’y pas de négociations avec le Hamas. Le Hamas est une… organisation terroriste qui devrait être traitée comme telle.

La vallée du Jourdain est également exclue des négociations. «Sécurité.»

Il est aussi partisan d’une ligne dure sur l’Iran.

“Le problème que nous avons avec l’Iran…c’est qu’ils construisent des armes nucléaires… et que les Iraniens financent le Hamas et le Hezbullah… Je pense que la ruse et la fraude ont toujours fait partie des instruments de la stratégie |de l’Iran].”

Lapid dit que l’Iran doit faure deux chose simples pour une levée des sanctions. Renoncer aux centrifugeuses, il y en a 18 000, et fermer son réacteur au plutonium.“parce que personne n’utilise des réacteurs au plutonium à des fins pacifiques.”

Ses attitudes par rapport à Israël sont très marquées par un chauvunisme ethnique. Son père avait échappé à l’holocauste à Budapest et il aime vivre dans un Etat juif.

“Ecoutez, je ne cherche pas un mariage heureux avec les Palestiniens. Je veux un divorce. L’idée de gouverner… environ 3 millions de Palestiniens est problématique pour l’identité juive d’Israël, et je veux vivre dans un Etat juif.…”

Quel est votre principal motif d’inquiétude pour l’avenir d’Israël? lui a demandé Rose? Une bonne partie de la réponse de Lapid est: les Arabes.

“Je dirais l’éducation…. Cette année, 49 % des élèves qui entrent à l’école élémentaire sont soit des ultra orthodoxes, soit des Arabes. Je ne veux pas dire que c’est une menace existentielle mais c’est un changement existentiel pour Israël. Et nous devons faire en sorte que tous participeront à la société israélienne.. Donc oui, je crains plusles menaces internes que les menaces externes.”

Et quand Lapid dit qu’il tend constamment la main aux autres partis, pour travailler avec eux, il parle d’autres partis juifs, du Likoud au Foyer Juif en passant par les travaillistes. Pourquoi Charlie Rose ne luii demande-t-il pas s’il parle avec les partis palestiniens, et s’il ne le fait pas, pourquoi? Ros accepte ainsi le même genre de discrimination que celui auquel il s’opposait en Caroline du Nord dans son enfance.

Lapid dit de l’extrémiste de droite Naftali Bennett que c’est un ami, et que le gouvernement de Netanyahou ne tombera pas avant l’expiration de son mandat. “Il y a une bonne énergie et la volonté de travailler ensemble.”

La première question qui vient de l’auditoire est, “Pourquoi ne pouvez-vous pas diviser la ville de Jérusalem?”

La réponse référait à la doctrine ethno-religieuse, et était un peu effrayante:

“[si nous] posons que tout relève du rationnel… alors– je serais sans doute mieux à vivre à New York . Vous savez, Israël a été créé au début pour être un havre de sécurité pour les Juifs du monde. Je ne pense pas que c’est un lieu sûr. J’entends par là que New York est un endroit plus sûr quand on est juif. Je vis en Israël parce que je veux vivre dans un pays qui n’est pas seulement un territoire, mais aussi une idée. Et Jérusalem est l’essence de cette idée. Certes, il y a… des raisons logiques pour dire OK, je renonce à Jérusalem Est, mais un pays ne peut pas survivre sans un ethos et l’ethos d’Israël est à Jérusalem Est. C’est la cité du roi David. C’est – vous savez quoi, notre droit au retour doit aussi être pris en compte – et nous sommes revenus à Jérusalem. J’aime Tel Aviv, la ville où je vis mais nous ne sommes pas rentrés après 2 000 ans pour Tel Aviv, nous sommes rentrés pour Jérusalem.

Applaudissements nourris du public à 29 dollars la place.

Lapid dit aussi croire en Dieu et lire «beaucoup» la Bible. Parce que la Bible est pleine de héros et que notre monde est celui des «anti-héros », Oui, et il préférerait vivre dans une idée, pas dans un pays. Il y a chez lui beaucoup plus de vernis que chez Netanyahou, mais l’ethos est le même.

Afghanistan, Irak, Libye, Syrie: responsabilité de protéger ou droit de semer la mort et la désolation

13 mars 2013

Vijay Prashad nous parle des prétendues guerres humanitaires que livre ou entend livrer l’Occident.

Son article traite essentiellement de la Libye, exemple type d’une guerre meurtrière au prétexte de protéger une population qui avait déjà, affirmait la propagande, subi de lourdes pertes au moment où la décision d’intervenir avait été prise.

Mais il est clair que ce qu’écrit Vishay Prashad est parfaitement valable pour la situation actuelle en Syrie.

Le mythe des grands nombres

Par Vijay Prashad, The Hindu (Inde) 12 mars 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les Etats-Unis utilisent souvent des chiffres de victimes civiles exagérés pour plaider en faveur d’une intervention militaire dans les régions déchirées par des conflits

Depuis les années 1990, l’Occident a justifié ses interventions militaires par des motivations généreuses – pour destituer des dirigeants néfastes qui oppriment leur peuple ou qui ont commencé à pratiquer des politiques qui semblent génocidaire. Porté par l’intervention en Yougoslavie et mortifié par les massacres au Rwanda, l’Occident a incité en 2005 les Nations Unies à adopter une politique connue sous le nom de Responsabilité de Protéger (R2P). Si l’ONU établit qu’un génocide est imminent, elle a l’obligation de demander à ses Etats membres d’agir pour protéger les civils contre un tel danger. Les actions prévues comportent notamment « des démarches diplomatiques, humanitaires appropriées et d’autres moyens pacifiques » qui sont conformes avec  les chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies. Si ces mesures ne suffisent pas, l’ONU est enjointe d’agir sur la base du Chapitre VII, à savoir d’utiliser la force militaire. La R2P  a consacré la doctrine de l’intervention militaire altruiste [liberal] dans les principes de l’ONU.

Il ya un an, l’ambassadeur Indien à l’ONU, Hardeep Singh Puri, a fait une critique vigoureuse de la doctrine de la  R2P. L’ambassadeur Puri a souligné que l’ONU utilise la doctrine R2P de manière «sélective», et que quand l’ONU choisit d’intervenir dans un conflit, la phase armée est immédiate plutôt que «calibrée et progressive». La sélectivité est en fonction de ceux qui continuent à exercer leur pouvoir à travers les organes de l’ONU – c’est-à-dire que c’est l’Occident qui établit l’ordre du jour pour l’utilisation de la doctrine R2P.

L’ambassadeur Puri avait la Libye en tête à l’époque où il avait formulé ces observations. Le conflit en Libye a commencé en Février 2011. En une semaine, Ibrahim Dabbashi, le représentant adjoint de la Libye à l’ONU, avait fait défection pour rallier la rébellion et il était devant les caméras de télévision e 21 Février 2011.

“Nous nous attendons à un véritable génocide à Tripoli.” Deux jours plus tard, la télévision satellitaire Al-Arabiya, propriété de membres de la famille royale saoudienne, commençais à diffuser des informations selon lesquelles 50 000 personnes avaient été blessées et 10 000 tuées – toutes en l’espace d’une semaine, le régime Kadhafi assumant la part du lion dans la responsabilité des massacres.

La source de ces informations était Sayed al-Shanuka, le représentant de la Libye à la Cour Pénale Internationale, qui avait fait défection en faveur de la rébellion. Le britannique David Cameron et le Français Nicolas Sarkozy avaient commencé à appeler à une «zone d’exclusion aérienne» et à une certaine forme d’intervention militaire. La question de la R2P avait déjà été soulevée. Le président américain Barack Obama avait suivi, la Ligue arabe (sous la pression saoudienne) s’était alignée, l’ONU avait voté pour une intervention et les bombardiers français et les missiles de croisière américains avaient frappé. Quelques mois plus tard, le cadavre de Kadhafi était exposé dans les rues de Syrte.

Le problème est que, même en Février 2011, Human Rights Watch n’était pas été en mesure de confirmer plus que quelques centaines de morts. Néanmoins, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, avait commencé à parler d’«informations de la presse » sur l’utilisation d’hélicoptères par les autorités libyennes pour tuer un grand nombre de civils.

Le Secrétaire Américain à la Défense Robert Gates, et le président du commandement interarmes Mike Mullen avaient également parlé d’ »informations de la presse », mais quand il s avaient été mis en demeure de corroborer les informations des chaînes  satellitaires en s’appuyant sur tout l’arsenal des services de renseignement américains, ils avaient déclaré: «. Nous n’avons aucune confirmation » Une telle hésitation n’avait pas dissuadé les représentants qui siègent autour de la table en fer à cheval à New York de lever la main pour  voter oui à la résolution 1973, qui a permis à l’OTAN d’intervenir militairement en Libye.

 Tout le poids de la justification de la Résolution 1973 de l’ONU reposait sur ​​l’allégation de « lourdes pertes civiles ». On a aujourd’hui des informations provenant du ministère libyen des affaires des martyrs et des personnes disparues affaires selon lesquelles le nombre total des rebelles et des civils tués au cours du conflit de 2011 s’élève à 4,700 auxquels s’ajoutent 2.100 personnes disparues. Ce nombre ne comprend pas les morts parmi les troupes de Kadhafi (et probablement pas les victimes dans les bastions de Kadhafi, comme Syrte). Miftah Duwadi, N°2 de ce ministère, a déclaré au Libyan Herald du 7 Janvier que ce n’est pas encore un « chiffre exact », mais que c’est ce qu’ils ont pour le moment. Il est probable que les chiffres définitifs ne seront pas bien loin des chiffres provisoires.

Ces données de l’actuel gouvernement libyen contredisent en tout point les reportages d’Al-Arabiya et, bien sûr, les informations du Conseil National de Transition, qui avait affirmé constamment que des dizaines de milliers de civils avaient été tués par le régime de Kadhafi dès le premier mois de l’insurrection. Il semble maintenant que tel n’était pas le cas, et en effet, les chiffres n’ont rein à voir avec ceux d’un génocide. C’est un avertissement pour ceux qui acceptent sans mot dire ce qui leur vient de médias, qui ont des intérêts particuliers quant à l’issue des conflits. Il soulève également la question de savoir comment l’ONU arrive à certains de ses chiffres.

Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU avait aussi fait des affirmations sur des crimes contre l’humanité en février et en mars 2011. Il s’avère maintenant que la société privée qu’il avait engagée pour collecter, mais pas pour évaluer, les chiffres des victimes, est Benetech qui est financée en partie par le Département US de la Défense. Non seulement Benetech ne procède pas à une évaluation critique des chiffres qu’elle claironne, mais ses propres intérêts ne sont peut-être pas aussi scientifiques qu’elle le prétend.

 L’ONU a refusé d’ordonner une évaluation de l’intervention de l’OTAN sur la base d’informations sur les  victimes civiles de ses bombardements (comme je l’avais indiqué dans « Quand le Protecteur se mue en Tueur», The Hindu , 11 Juin, 2012). Rien n’indique que l’ONU envisage une évaluation de la manière dont sa doctrine R2P a été subornée pour créer une résolution de l’ONU afin de justifier l’intervention de l’OTAN, particulièrement à la lumière des récentes données chiffrées libyennes.

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Vijay Prashad

Vijay Prashad est professeur d’université à Hartford dans le Connecticut (USA). En 2013-2014, il occupera la chaire Edward Saïd à l’Université Américaine de Beyrouth.  Il est l’auteur entre autres d’Arab Spring, Libyan Winter (New Delhi: LeftWord, 2012)

L’Inde remet la Palestine à l’ordre du jour de l’ONU

27 septembre 2012

Vos journaux vous ont parlé du discours de François Hollande à l’ONU, devant une salle à moitié vide apparemment, et même de la logorrhée grotesque mais dangereuse de Benjamin Netanyahou, un des parrains de la pègre sioniste.

Vous avez compris, bande d’imbéciles?

Elle ne vous a cependant rien dit de l’intervention du premier ministre de la République Indienne.

Ben oui, pourquoi faire ? L’Inde n’est peuplée que d’un petit milliard et quelques d’habitants et n’a même pas le bon goût de pouvoir être qualifiée de dictature.

Alors ils peuvent causer les Indiens.

Ce qu’a dit le chef de la diplomatie indienne à l’ONU est cependant d’une grande importance. C’est tout d’abord lui qui a tenu à évoquer l’urgence d’une solution de la question palestinienne que d’aucuns voudraient mettre au énième plan au prétexte d’urgences plus récentes et plus importantes comme… la situation en Syrie, qui est précisément le dada enfourché par François Hollande.

Ce ministre a ensuite rappelé l’opposition de son pays à toute intervention militaire étrangère en Syrie.

Et s’il a salué les efforts de la Ligue Arabe pour une issue politique à la crise syrienne, il a aussi stigmatisé la sélectivité des puissances occidentales dans leur coopération avec la Ligue Arabe, allusion transparente encore à la mauvaise foi de l’Occident dans le traitement de la question de Palestine.

Son propos qui reflète les thèses défendues par le Mouvement des Non Alignés dont le dernier sommet s’est tenu en Iran (aucun pays membre des Non Alignés n’appartient à la fameuse communauté internationale, ça va de soi)est un signe de plus que les choses bougent sur la scène internationale.

Lentement certes, mais sûrement.

L’Inde soulève la question palestinienne

Correspondance particulière, The Hindu (Inde) 27 septembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’inde a mis en garde contre une mise à l’écart de la question palestinienne alors que la communauté mondiale se concentre sur d’autres points chauds dans la région. S’exprimant pendant la réunion du Conseil de Sécurité sur la situation en Asie Occidentale [appelée ici Moyen Orient, NdT], le ministre des affaires étrangères Ranjan Mathai a choisi de présenter le problème israélo-palestinien comme étant celui qui nécessitait une attention immédiate de la part aussi bien de la Ligue Arabe que de l’ONU.

Ranjan Mathai

«Cette question ne peut pas être ignorée alors que nous nous concentrons sur les développements récents dans la région. Il ne peut pas y avoir de paix durable en Asie occidentale sans un règlement juste et global sur la base de la réalisation du droit inaliénable du peuple palestinien à son propre Etat avec des frontières internationalement reconnues, vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité avec Israël,» a-t-il dit lors de la réunion à New York.

 «Nous exhortons donc le Conseil de Sécurité aussi bien que la Ligue Arabe à faciliter la reprise d’urgence du processus de paix au Moyen Orient [Asie occidentale],» a ajouté M. Mathai. Il a aussi salué le rôle de la Ligue Arabe pour résoudre la crise syrienne.

Mais l’Inde, a-t-il dit, rejette fermement toute intervention militaire.

Les organisations régionales

Parlant des organisations régionales, il a déclaré que la coopération avec elles, en particulier avec la Ligue Arabe, devait éviter d’être sélective.

Il a ajouté que la coopération avec une organisation régionale ne devait pas se faire au détriment d’une autre.

«L’objectif d’une résolution pacifique des conflits devrait déterminer les actions du Conseil de Sécurité. Toutes les activités de l’ONU, y compris sa coopération avec des organisations régionales, devraient être ne cohérence avec les dispositions de la Charte de l’ONU. Les deux types d’organisations [l’ONU et les organisations régionales] devraient se servir de tous les outils de la diplomatie pour aider les pays concernés à faire leur transition vers un système politique inclusif et participatif tout en maintenant la stabilité et la cohésion sociales,» a déclaré M. Mathai tout en soulignant que la particularité de chaque situation devait être gardée à l’esprit.

Avec les Sikhs, Obama a un problème de turban

8 août 2012

Après la tuerie d’Aurora dans le Colorado, pendant la projection du dernier Batman, un autre massacre a secoué l’Amérique.

Cependant, alors que les motifs du tueur d’Aurora restent flous, l’auteur de la tuerie d’Oak Creek dans le Wisconsin avait des motivations clairement racistes puisqu’il s’en est pris à des fidèles d’un lieu de culte sikh. Des fidèles qu’il aurait peut-être confondus avec des Musulmans compte tenu 1) de leur teint de peau souvent plus ou moins basané et 2) du fait que les Sikhs de sexe masculin ne se départissent jamais de leur turban.

 Comme l’explique Ali Abunimah, les choses sont peut-être un peu plus compliquées. Outre le fait que aucune communauté religieuse ou ethnique ne saurait être considérée comme collectivement coupable d’un crime quelconque (ici le 11 septembre), Ali Abunimah rappelle que les Sikhs sont victimes d’une montée généralisée du racisme aux Etats Unis.

Et que ce racisme n’a pas le temps de s’arrêter sur la question de savoir si les Sikhs sont ou pas une variété de Musulmans.

Et que, fait intéressant relevé par Ali Abunimah, le président Obama a lui-même entériné la  validité de la confusion musulmans/sikhs ainsi bien sûr que l’idée qu’il y aurait quelque chose de suspect à être de confession musulmane.

Abunimah en veut pour preuve qu’en 2010, pour son voyage en Inde,  le président Obama avait annulé la visite d’un lieu saint sikh, le Temple d’Or d’Amritsar, pour éviter d’avoir à porter un turban. Ce n’est là qu’une des démarches du marketing politique d’Obama pour éviter d’être confondu avec un Musulman, l‘auteur de l’article en donne d’autres exemples dans un de ses articles.

J’ai déjà ce qu’il me faut comme chapeau, merci.

Obama éprouve plus de sympathie pour les Israéliens tués en Bulgarie que pour les Sikhs Américains assassinés dans le Wisconsin

par Ali Abunimah, Electonic Intifada 6 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Dès que la nouvelle de l’attentat à la bombre qui avait tué des touristes Israéliens en Bulgarie le 18 juillet, le président US Barack Obama l’avait condamné dans les termes les plus vifs – même si on ignorait, et on ignore encore, qui en est l’auteur et ses motivations.

La déclaration d’Obama ne laisait place à aucune ambiguïté :

Je condamne fermement cet attentat terroriste barbare contre des Israéliens en Bulgarie. Mes pensées et mes prières vont aux familles de ceux qui ont été tués et blessés, et au peuple d’Israël, à celui de Bulgarie et à toute autre nation dont les citoyens ont été meurtris pas ce terrible évènement. Ces attaques contre des civils innocents, dont des enfants, sont absolument scandaleuses. Les Etats Unis se tiendront auprès de leurs alliés pour leur apporter toute l’assistance nécessaire pour identifier et traduire en justice les auteurs de cet attentat. Au moment où Israël est tragiquement une fois de plus la cible du terrorisme, les Etats Unis réaffirment leur engagement inébranlable pour la sécurité d’Israël et leur profonde amitié et solidarité avec le peuple israélien.

De tels sentiments vis-à-vis de cette tuerie de gens innocents sont compréhensibles. Mais pourquoi Obama s’est-il refusé jusqu’à présent à condamner dans des termes aussi forts le déchaînement meurtrier de Wade Michael page qui a tué hier six personnes au temple sikh d’Oak Creek dans le Wisconsin ?

Obama n’appellera pas ça du “terrorisme”

Dans une déclaration de la Maison Blanche diffusée hier, Obama a qualifié le massacre du Wisconsin d’“ acte de violence insensé. “ Dans une autre déclaration, il l’a qualifié de “fusillade tragique.”

Il a depuis été confirmé que le FBI traite cette attaque comme une affaire de “terrorisme domestique” et qu’il est maintenant clair que le tueur avait une longue histoire de militantisme et de conceptions suprématistes blancs.

Pourtant, dans d’autres propos tenus aujourd’hui, Obama a traité cette attaque simplement comme un autre (tout aussi horrible) massacre par arme à feu comme c’est arrivé le 20 juillet à Aurora dans le Colorado.

Ainsi que le rapporte ABC:

Le président Obama a déclaré aujourd’hui qu’il a le «cœur brisé» par les tirs meurtriers au centre religieux sikh et il a renouvelé son appel à réduire la violence à travers le pays.

 «Je pense que nous comprenons tous que ce genre d’évènements terribles et tragiques surviennent avec trop de régularité pour que nous ne nous livrions pas à une introspection et que nous n’examinions pas des moyens supplémentaires pour parvenir à réduire la violence, » a dit le président aux journalistes dans le bureau ovale quand on l’ questionné sur l’homme armé qui a tué six personnes à Oak Creek dimanche.

Le président avait tenu des propos semblables après la fusillade meurtrière d’Aurora dans le Colorado le mois dernier, mais il n’a pas proposé de renforcer le contrôle sur les armes. «Ce que je veux faire, c’est réunit les responsables du maintien de l’ordre, les leaders communautaires, les leaders religieux, les élus à tous les niveaux pour voir comment nous pouvons progresser durablement, » a-t-il déclaré aujourd’hui.

Obama hésite à montrer du doigt le racisme

Selon ABC, Obama a poursuivi:

 » Nous ne savons pas encore complètement ce qui a motivé cet individu dans l’accomplissement de cet acte terrible. S’il s’avère, comme les premières informations l’ont indiqué que cela a pu être motivé d’une quelconque manière par l’ethnie de ceux qui fréquentaient le temple, Je pense que le peuple américain a un sentiment immédiat de rejet de ce genre d’attitude», a déclaré le président. « Il sera très important pour nous de réaffirmer une fois de plus que dans ce pays, indépendamment de notre apparence, d’où nous venons, de qui nous adorons, nous sommes un seul peuple et nous sommes attentifs les uns aux autres et nous nous respectons mutuellement.

Les propos du président sont intervenus après qu’il ait signé le the “Honoring America’s Veterans and Caring for Camp Lejeune Families Act” à la Maison Blanche.

 Page était un ancien soldat de l’US Army.

Silence devant l’incitation au racisme

Cette honteuse timidité d’Obama à condamner sans détours ce qui s’est passé dans le Wisconsin n’est guère surprenante. Après tout, c’est un président qui a une liste de Musulmans à tuer, dont des citoyens Américains.

Mais ne serait-ce que pour les apparences, ne pouvait-il vraiment pas montrer pour ses concitoyens la même indignation que celle qu’il a manifestée pour des Israéliens ?

Est-il convenable qu’Obama condamne en tant que «terrorisme barbare» ce qui est arrivé à des israéliens en Bulgarie  tandis qu’il a seulement le «cœur bisé» par le carnage du Wisconsin, comme s’il n’était qu’un simple spectateur et non le président des Etats Unis ?

Quand Obama déclare que «nous sommes tous un seul peuple » où chacun doit être attentif aux autres indépendamment de notre apparence, c’est lui qui devrait mettre en  pratique ce qu’il prêche.

Obama a refusé avec constance d’affronter le racisme déchaîné par sa candidature et son élection subséquente qui était intervenue au moment du pic du dénigrement des Musulmans post-11 septembre et de la déshumanisation des gens de couleur inhérente au bellicisme à l’étranger.

Sa réponse aux accusations selon lesquelles il est musulman n’a jamais été ‘et alors quoi, si j’étais musulman ?’ mais toujours sur la ligne de ‘non, je suis un Chrétien comme vous.’

Il y a deux ans, des militants de droite avaient inventé la fausse controverse de la «mosquée de Ground Zero» pour créer de la peur et de la haine dans la marche vers les élections de mi-mandat. Ce que j’ai toujours trouvé plus effrayant que le tapage fait par ces clowns islamophobes, c’est le silence des responsables élus, particulièrement des Démocrates qui prétendent porter des valeurs libérales [progressistes]et inclusives.

Qui ne dit mot consent, et la montée des marchands de peur raciste – qui n’a pas visé que les Muaulmans – n’a cessé de s’amplifier.

Ni les Sikhs, ni les Musulmans ne sont collectivement coupables

Les Sikhs ont été parmi les premières victimes de la réaction raciste de l’après 11 septembre . Il est courant de dire qu’ils sont pris par erreur pour des musulmans qui sont les véritables cibles de ces attaques. Ceci est faux. Les musulmans ne sont pas plus coupables collectivement que les sikhs ou tout autre groupe. Mais, plus important, les brutes racistes ne sont pas intéressés par ces distinctions.

En 2010, lorsqu’il s’était rendu en inde, Obama avait refusé de visiter le principal lieu saint du sikhisme, le Temple d’Or d’Amritsar, parce qu’il ne voulait pas être photographié arborant une coiffe sikh (un turban) et être pris pour un Musulman par des Américains incultes à son retour au pays.

Obama avait cédé devant les racistes alors, comme il le fait maintenant de manière méprisable. La différence est que aujourd’hui du sang a été versé dans le Wisconsin, et le temps pour ce  genre de couardise aurait dû être révolu.

L’Iran, clef de la stratégie de développement de l’Inde

30 mars 2012

 Les Etats Unis, ainsi que l’Union Européenne, déploient une vaste stratégie d’étranglement économique de l’Iran pour sommer ce pays, non pas de stopper le développement d’un programme nucléaire militaire, mais d’accepter de placer son programme nucléaire sous la tutelle de l’Occident.

Ce qui reviendrait pour l’Iran à accepter une autre autorité que la sienne sur son territoire.

Des républiques bananières peuvent certes accepter ce genre de choses, mais pas l’Iran

Dans cette stratégie d’étranglement, les Etats Unis se distinguent par leur posture agressive puisqu’ils menacent de sanctions les entreprises et même les Etats qui ne respecteraient pas leurs exigences dont celle de l’arrêt des importations de pétrole iranien.

Certains pays ont obtempéré ou obtenu des dérogations à condition de montrer leur obéissance en réduisant ou en s’engageant à réduire leurs importations.

Mais ce genre de choses est beaucoup plus difficile à obtenir de la part de pays comme ceux qui appartiennent au groupe du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

Si on s’arrête sur le cas de l’Inde, non seulement les entreprises de ce pays se montrent particulièrement enthousiastes devant les perspectives offertes par le marché iranien, avec règlement au moins partiel en roupie, la monnaie indienne (un petit coup de canif au dollar), mais le gouvernement indien considère l’Iran comme un partenaire absolument stratégique sur un long terme qui verrait l’économie de l’Inde rayonner sur toute l’Asie Centrale.

Et justement, vu l’obstacle constitué par le frère ennemi pakistanais, l’Iran avec ses ports, ses routes et ses voies ferrées est la porte d’entrée idéale vers l’Asie Centrale et, plus tard, vers la Russie et l’Europe orientale.

D’où une opposition de l’Inde aux manœuvres américaine qui se fonde sur une prise en considération de ses intérêts en tant que nation en plein développement et en recherche de partenaires régionaux.

C’est la vision à long terme de l’Inde conte celle à court terme des Etats Unis (pressés de satisfaire les quatre volontés du gang de Tel Aviv).

Pourquoi l’Inde cherche à développer son commerce avec l’Iran

La création du Pakistan a coupé l’Inde des vieilles routes commerciales vers l’Asie Centrale et au-delà. L’Inde voit l’Iran comme un moyen de se reconnecter à  ces routes. malgré les sanctions américaines.

par Rebecca Byerly, The Christian Science Monitor (USA) 29 mars 2012

Alors que les USA isolent l’Iran en poussant les autres pays à réduire leurs achats de pétrole et d’autres marchandises auprès de la République Islamique, l’Inde est en train de construire de nouvelles relations commerciales là-bas, considérant que c’est par l’Iran que passe le chemin pour construire l’influence dont elle a besoin en Afghanistan et en Asie Centrale.

Avant la partition, le sous-continent indien avait des relations politiques et commerciales avec l’Asie Centrale et, par delà, avec la Russie et l’Europe. La création du Pakistan a coupé l’accès de l’Inde à la région et l’Inde voit depuis longtemps l’Iran comme une modalité de contournement.

Le gouvernement indien accueille cette semaine 14 pays pour une conférence visant à bâtir un nouveau réseau de transport, le Corridor International Nord-Sud qui passera par les ports, les routes et les chemins de fer iraniens. Le projet vise à relier l’Inde à certaines parties de l’Europe en moitié moins de temps qu’avec les routes commerciales actuelles qui passent par le canal de Suez en Egypte.

La conférence sur le transport intervient trois semaines après le retour d’Iran d’une délégation commercial soutenue par le gouvernement et l’annonce de nouvelles possibilités d’échanges commerciaux. Et la semaine dernière, des groupements d’exportateurs indiens ont déclaré que l’Iran avait fait de nouveaux achats d’aliments pour bétail et était en demande de blé, de sucre et de thé – le tout au moment même où les Etats Unis incitent l’Inde à réduire ses relations avec l’Iran.

Le rapprochement de l’Inde avec l’Iran crée un dilemme pour les USA. Alors que Washington s’est fait le champion de l’ascension de l’Inde en tant que puissance régionale et a salué son aide en Afghanistan, le programme nucléaire iranien demeure une priorité parmi ses préoccupations ne matière de politique étrangère.

La Secrétaire d’Etat Hillary Clinton a déclaré au Congrès lors d’une audition parlementaire en février que les Etats Unis avaient des discussions «très  intenses et très franches» avec l’Iran et d’autres pays comme la Chine et la Turquie pour qu’ils arrêtent leurs importations de pétrole iranien.

Mais les responsables Indiens sont restés réticents. Compte tenu de la position géopolitique de l’Inde vis-à-vis le l’Iran, de ses intérêts économiques et sécuritaires en Afghanistan, et de ses relations commerciales tumultueuses avec un Pakistan doté de l’arme atomique, l’Inde voit l’Iran comme un partenaire à long terme essentiel.

«Les Etats Unis ne considèrent que les avantages à court terme, explique le général Dipankar Banerjee, chercheur à l’Institute of Peace and Conflict Studies. «Nous comprenons l’intérêt qu’ont les Etats Unis à faire en sorte que l’Iran renonce à l’arme atomique, mais nous devons tenir compte des intérêts stratégiques de l’Inde qui consistent à avoir la sécurité et les échanges commerciaux dans la région après le retrait des forces américaines d’Afghanistan en 2014.»

Aves des réserves minérales inexploitées estimées à 300 milliards de dollars en Afghanistan, une route commerciale stable à travers ce pays apporterait les ressources nécessaires au développement économique de l’Inde. Banerjee pense qu’elle aiderait aussi à stabiliser l’économie afghane et ferait tampon contre la radicalisation.

En dehors du commerce, l’Inde a signé à un accord pour former les forces de sécurité afghanes en Inde et a fourni deux milliards de dollars d’aide au développement depuis la chute des Talibans. L’Inde a récemment utilisé pour la première fois  le port de Chabahar au sud-est de l’Iran qu’elle a contribué à aménager il y a une dizaine d’années – pour le transit de 100 000 tonnes de blé vers l’Afghanistan dans le cadre de l’aide humanitaire apportée à ce pays ravagé par la guerre.

Cependant, le développement économique et la stabilisation de l’Afghanistan dépendent de bien d’autres choses que l’implication de l’Inde et des difficultés créées par les sanctions US contre l’Iran.

 «Les sanctions contre l’Iran sont un facteur de complication dans la stratégie économique indienne à l’égard de l’Afghanistan. Mais elles ne son pas, même en faisant preuve de beaucoup d’imagination, le seul facteur de complication,» affirme Ellen Laipson, présidente et directrice du Stimson Center, un centre d’étude des politiques publiques sis à Washington.

Iran: tout le monde doit-il payer pour complaire à Tel Aviv?

28 mars 2012

Les Etats Unis jouent gros dans leur bras de fer avec l’Iran. 

Pour complaire au gang de Tel Aviv, eux et leurs alliés habituels (Canada, France, Grande Bretagne…), ont décidé d’infliger à l’Iran des sanctions économiques unilatérales, c’est-à-dire non prévues par des résolutions de l’ONU.

Le but est d’asphyxier l’économie iranienne pour provoquer par exemple des émeutes qui précipiteraient un changement de régime à Téhéran, ou encore affaiblir suffisamment ce pays pour qu’une intervention militaire s’effectue de manière plus aisée.

Cette stratégie a réussi au moins deux fois par le passé: contre l’Irak du président Saddam Hussein et contre le Chili de M. Salvador Allende  qui lui aussi avait subi un embargo commercial et financier de la part des mêmes qui menacent aujourd’hui l’Iran.

Les Etats Unis et les complices déjà cités ont notamment décidé d’interdire aux pays tiers l’achat de pétrole iranien sous peine de sanctions.

En dépit de jérémiades de certains pays comme la Grèce et l’Espagne, l’Occident a décidé de marcher au pas de l’oie et de ne plus importer de pétrole iranien d’ici quelques mois. Certains pays ont obtenu des dérogations sous réserve de diminuer sensiblement leurs importations en provenance  du pays mis sous embargo..

Mais tout le monde n’est pas prêt à obtempérer..

Si la Grèce et l’Italie ne peuvent pas refuser grand-chose à l’Oncle Sam, il en va différemment de pays comme la Chine, le Brésil ou l’Inde.

Ces deux pays viennent, avec les autres membres du BRICS, de faire savoir qu’ils n’étaient pas obligés d’appliquer les sanctions unilatérales décidées par les USA et l’UE.

C’est ce que j’appelle un camouflet pour la diplomatie des Etats Unis.

Cette prise de position ne signifie cependant pas que ces pays importeront toujours autant voire plus de pétrole iranien pour la simple raison qu’une partie de leur commerce se fait par le biais d’entreprises privées qui, elles, peuvent craindre le risque d’être sanctionnées par les Etats Unis.

D’autre part, si les pays du BRICS se disent imperméables aux menaces de sanctions, ils ne seraient sans doute pas complètement fermés à des contreparties politiques et commerciales que pourraient leur offrir les Etats Unis en échange de leur complaisance.

Dans un cas comme dans l’autre, le prix politique à payer par les Etats Unis sera élevé sans que le pour autant entraîner une baisse du prix de l’essence à la pompe à Chicago ou à San Francisco.

Pour conclure, je ne résiste pas à l’envie de parler d’une des conséquences cocasses des sanctions de l’UE et des USA. En effet, l’interdiction de traiter avec le système bancaire iranien et l’expulsion de l’Iran de systèmes d’échanges interbancaires fait que des compagnies européennes qui doivent de l’argent à l’Iran ne savent plus comment payer ce qu’elles doivent dans les délais contractuels (ce qui concerne aussi les contrats en cours de résiliation).

Le pétrolier anglo-néerlandais Shell se trouve précisément dans cette situation en ce moment…

Or, en cas de non paiement, la partie contractante iranienne pourra bien sûr exiger des pénalités, en passant éventuellement par les juridictions internationales compétentes.

Ces dernières ne pourront que donner raison à la partie iranienne puisque les sanctions décidées par l’UE et les USA ne correspondent à aucune résolution de l’ONU et sont postérieures à la signature des contrats…

Les BRICS ne sont pas ‘obligés’ de suivre les sanctions des USA contre l’Iran

PTI, The Hindu (Inde) 28 mars 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’Inde, la Chine et les autres pays du BRICS ont déclaré aujourd’hui qu’ils ne rompraient pas leurs relations commerciales avec le pays riche en pétrole qu’est l’Iran qui fait face à des sanctions des Etats Unis contre son programme nucléaire.

Cette question a été soumise à discussion lors d’une rencontre des ministres du commerce du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique su Sud (BRICS), à la veille d’un sommet du BRICS à New Delhi.

“Oui, la question a été discutée. Tous les membres du BRICS sont membres du Conseil de Sécurité de l’ONU. Nous respectons les résolutions de l’ONU… en même temps, les résolutions de l’ONU n’interdisent à aucun pays de se livrer à du commerce portant sur des produits essentiels et sur ce qui est nécessaire pour le bien des hommes, » a déclaré le ministre du commerce et de l’industrie Anand Sharma qui s’exprimait au cours d’une conférence de presse tenue en commun avec les autres ministres du commerce du BRICS.

Le ministre Chinois du commerce, Chen Deming, a déclaré que son pays n’est “pas obligé de respecter les lois et règlements internes de n’importe quel pays.»

M. Shama a expliqué que l’Iran est une source d’énergie importante, ajoutant que la montée en flèche des prix du pétrole a pesé sur les finances indiennes. « Nous regardons donc les choses de manière très pragmatique et nous restons dans le champ d’application de la résolution de l’ONU.»

L’Inde importe 12 % de son pétrole d’Iran tandis que la Chine dépend du brut iranien à hauteur de 20 % de ses besoins.

M. Deming a dit que la hausse des prix du pétrole “affecterait négativement” le BRICS ainsi que l’économie mondiale.

Les Etats Unis et les principaux pays européens ont imposé des sanctions à l’économie iranienne en raison du programme nucléaire de Téhéran.

Deux terroristes Italiens jugés en Inde

23 mars 2012

Jelestine and Ajesh Binki, 25 et 45 ans, étaient deux pêcheurs qui pratiquaient leur métier au large du Kerala, l’Etat de la république indienne dont ils étaient originaires.

Je parle au passé parce que ces deux pêcheurs ont été tués par balles par militaires qui se trouvaient à bord d’un navire marchand italien.

C’était le 15 février dernier.

Comme vous le savez, la région nord de l’océan indien connaît depuis quelques années une recrudescence de la piraterie qu’il faut mettre directement en lien avec la destruction des structures étatiques somaliennes par l’Occident ainsi qu’avec l’exploitation illégale des ressources maritimes de la Somalie que ce soit par la pêche ou le déversement de déchets.

Ces activités illégales sont bien entendu le fait d’entreprises appartenant à ces pays qui font respecter le droit partout dans le monde.

Et qui se chargent aussi de régler le problème de la piraterie et envisagent maintenant de mener des opérations militaires terrestres en Somalie.

Des pompiers pyromanes quoi… 

Mais l’Inde n’est pas exactement la Somalie et les autorités indiennes n’ont pas laissé couler et ont arraisonné le bateau italien et interpellé les soldats  italiens.

L’Italie a fait pression pour que ses deux ressortissants soient extradés pour être jugés dans leur pays, arguant en outre d’une immunité juridictionnelle liée à leur mission de protection officielle (un argument qui ne marche que pour les Occidentaux). Une démarche que n’acceptent que les pays soumis.

Pas l’Inde.

Et la haute cour du Kerala n’a pas hésité à qualifier ces deux meurtres d’acte terroriste puisque les agents italiens avaient tiré sans sommation sur des hommes désarmés qui ne les menaçaient aucunement. Leurs peaux basanées avaient cependant suffi à les confondre avec des pirates.


L’Inde et l’Iran face aux sanctions de l’Union Européenne et des Etats Unis

17 mars 2012

L’Iran vient d’être exclu d’un système international de transferts interbancaires (SWIFT), ce qui va rendre extrêmement difficile, impossible dans certains cas, la conclusion de marchés avec des clients à l’étranger.

Cette exclusion a été décidée par l’Union Européenne en vertu des sanctions qu’elle inflige à l’Iran pour amener ce pays à placer l’ensemble de son programme nucléaire sous contrôle occidental (c’est le but réel recherché).

Cette exclusion comme les sanctions unilatérales décidées par l’UE ou les Etats Unis sont bien entendu illégales et ne sont rien d’autres qu’une démarche guerrière qui vise à étrangler l’Iran et  placer  ce pays dans la situation qui est celle de la Corée du Nord.

Les sionistes n’ont-ils pas parlé d’affamer la population iranienne? Empêcher les entreprises iraniennes d’importer et d’exporter pourrait effectivement fort bien avoir ce résultat

Outre les sanctions décidées contre l’Iran, les Etats Unis exercent d’énormes pressions sur tous les pays ou entreprises qui commercent avec l’Iran et qui sont à leur tour menacés de sanctions.

Mais l’Iran n’est pas la Corée du Nord, un pays qui ne possède que du charbon et ne peut exporter guère autre chose que des armes, pour des montants qui restent finalement assez peu importants. L’Iran exporte en effet du pétrole et du gaz et possède de nombreux clients dans le monde.

Et si l’Iran va pâtir de son exclusion de SWIFT, ce sera aussi le cas de l’Espagne, un pays qui dépend assez fortement du pétrole iranien.

Aspect positif pour l’Espagne cependant, elle n’aura pas à attendre le délai que s’est fixé l’UE pour cesser d’importer  du pétrole iranien puisque très bientôt les transactions pour ce produit seront impossibles.

Et puis l’Iran a certains clients comme la Chine et l’Inde qui, même s’ils ne sont pas insensibles aux pressions des Etats Unis, ont quand même certains moyens de leur résister.

Par exemple l’Inde, qui a été fortement menacée de sanctions avant que les USA ne fassent machine arrière, est en train de monter avec l’Iran un dispositif qui lui permettra de régler ses importations de pétrole dans sa monnaie, la roupie. Un avantage très net pour l’Inde puisque l’Iran se verra quasi obligée d’utiliser ses roupies pour importer des marchandises en provenance de l’Inde dont les entreprises seront de plus protégées contre las aléas liés aux risques de change.

S’il n’y a pas de guerre contre l’Iran et si le régime iranien résiste avec succès à cette tentative d’étouffement systématique (qui est en fait une guerre sans canons ni fusils), les Etats Unis se retrouveront perdants à double titre : 1) ils auront perdu la face dans cette région du monde et 2) l’Inde et l’Iran auront montré au reste du monde qu’on peut se passer du dollar.

 

Plus de banques pour aider aux échanges commerciaux avec l’Iran

Par Sujay Mehdudia, The Hindu (Inde) 18 mars 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

En dépit des menaces par le gouvernement des Etats Unis d’imposer des sanctions contre l’Inde pour  le maintien de ses relations avec l’Iran, la délégation à haut niveau d’hommes d’affaires est rentrée au terme d’un séjour d’une semaine.

Elle est intarissable sur l’énorme potentiel que représente l’Iran pour les entreprises indiennes, particulièrement dans le domaine des céréales, du médicament, de l’énergie et dans le secteur de l’industrie agroalimentaire.

 

La délégation, forte de 80 membres, emmenée par le secrétaire général du ministère du commerce, Arvind Mehtan, et comprenant plusieurs organisations patronales, a qualifié son récent voyage à Téhéran de positif et fructueux.

«Nous avons discuté de possibilités énormes dans les domaines des céréales, du thé, de l’industrie agroalimentaire, dans le secteur de l’énergie électrique et d’autres domaines des échanges bilatéraux. L’Iran apporte à l’Inde un marché nouveau et important et tout doit être fait pour réaliser ce potentiel, » a déclaré à notre correspondant le président de la Federation of Indian Export Organisations (FIEO), Rafeeque Ahmed, qui conduisait la délégation.

M. Ahmed a expliqué que la question du règlement en roupies a été résolue et qu’un large consensus a été trouvé pour dire que plus de banques devraient y participer et que les marges des banques en Iran devraient être diminuées pour faciliter le commerce indo-iranien. « Les problèmes du mécanisme de paiement en roupies a été traité grâce à l’implication active de la FIEO, de l’UCO et de la Persian Bank. Quelques banques vont s’ajouter pour faciliter les transactions bancaires après les fêtes du nouvel an iranien, » a-t-il ajouté.

 

La Persian Bank a accepté de réduire sa de 120 à 10 % sa marge sur l’ouverture des letters de credit, ce qui représentera un grand pas en avant. « Traiter en roupies indiennes apportera une facilité pour les exportateurs et sera une protection naturelle contre les grosses fluctuations qu’on observe sur les devises étrangères, » a-t-il dit.

Il a affirmé que l’objectif de la délégation était de rechercher des relations d’affaires à long terme et non de se server de l’opportunité des sanctions contre des voisins avec lesquels nous entretenons une amitié séculaire.