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L’Etat et le régime turcs à l’épreuve de la Syrie

20 janvier 2014

Un petit article qui en dit long : des gendarmes Turcs, donc des militaires, interceptent des camions chargés d’armes destinées à la Syrie,

Et l’équipage de ces camions n’est pas constitué de membres d’une quelconque milice du genre Jabhat al-Nosra mais tout simplement d’agents secrets agissant sur ordre des autorités de leur pays,

L’incident décrit ici attire notre attention sur l’hypocrisie du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan mais surtout sur le manque de confiance et même l’animosité qui règnent dans l’appareil d’Etat turc.

 La gendarmerie turque fouille des camions près de la frontière avec la Syrie

Hürriyet (Turquie) 19 janvier 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri

ADANA – Des équipages de gendarmerie ont intercepté trois camions dans la province méridionale d’Adana le 19 janvier suite à un renseignement reçu selon lequel ils transportaient des armes et des munitions.

Le bureau du gouverneur d’Adana a publié un communiqué indiquant que les personnes qui se trouvaient dans les camions appartenaient aux services de renseignements turcs ((MİT) et étaient en mission officielle.

Les camions sont repartis après la fouille, ajoute le communiqué.

Les services de sécurité ont saisi des armes dans les camions, selon le quotidien Radikal.

Les camions avaient été interceptés au péage de Ceyhan sur la route principale entre les provinces d’Adana et de Gaziantep.

Adana et Gaziantep sont deux pièces maîtresses du dispositif militaire de l'OTAN en Turquie

Adana et Gaziantep sont deux pièces maîtresses du dispositif militaire de l’OTAN en Turquie

Plus tard dans la même journée, le nombre de camions interceptés par les services de sécurité était monté jusqu’à sept, selon les informations de presse.

Des mesures de sécurité auraient été prises contre le risque d’explosion pendant l’opération, avec des dispositifs de brouillage déployés sur place.

La police a arrêté au moins deux journalistes qui avaient pris des photos des camions, a indiqué Doğan News Agency.

Début janvier, le gouverneur du Hatay, Celalettin Lekesiz, avait empêché la fouille d’un camion en prétextant que son chargement était un secret d’Etat. Le camion avait continué sa route après que le procureur avait pris note de cet élément.

Le gouvernement avait ensuite annoncé que le camion transportait de l’aide pour les Turkmènes en Syrie.

« Il y a des Turkmènes [en Syrie]. L’aide est pour eux. Chacun doit savoir ce qu’il a à faire ; » avait dir le ministre de l’intérieur Efkan Ala sans donner de précisions sur la nature de cette aide.

Les membres des services de sécurité qui avaient intercepté le camion avaient été par la suite relevés de leurs fonctions.

Scandale dans le scandale en Turquie: la police protège al Qaïda!

28 décembre 2013

Le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan a fait beaucoup pour contribuer à la chute du régime syrien. Or, non seulement ce régime est toujours en place, avec Bachar al-Assad à sa tête, mais il a engrangé et continue à engranger des gains substantiels aussi bien sur le terrain politique que sur le terrain militaire.

Tandis que le pouvoir du premier ministre turc est en train de vaciller, ébranlé par un scandale politico-financier de grande ampleur qui a déjà entraîné la démission de trois ministres et un profond remaniement du gouvernement.

En admettant qu’il ne soit pas contraint à remettre sa démission, on voit mal, dans ces conditions, comment M. Erdogan pourrait briguer un mandat présidentiel lors des élections de 2014 d’autant, nous dit-on, que le mouvement religieux de Fethullah Gülen est entré en opposition ouverte contre lui (Gülen avait contribué à la victoire électorale d’Erdogan).

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Recep Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen

Le scandale ne se limite cependant pas à des affaires strictement turques mais concerne aussi l’action du gouvernement AKP (Parti de la Justice et du Développement) dans la Syrie voisine. En effet, parmi les personnes recherchées par la justice, on compte deux ressortissants Arabes présentés comme membres d’al Qaïda, c’est-à-dire en réalité des services secrets saoudiens.

Ces deux personnages sont actuellement en fuite, une fuite qui a été permise par une police dirigée désormais par des fidèles du gouvernement et qui se permet de ne pas appliquer les ordres des magistrats.

Yusuf Al Qadi et Osama Khoutub ne menaient pas une existence clandestine en Turquie où ils avaient au contraire l’oreille de hauts responsables politiques .

Il fallait bien ça pour organiser le transit de ces milliers de combattants européens vers le champ de bataille syrien.

Des suspects membres d’al Qaïda fuient après le blocage par le gouvernement turc d’une descente de police

Eaman (Turquie) 26 décembre 2013traduit de l’anglais par Djazaïri

Selon des informations, Yusuf Al Qadi et Osama Khoutub qui sont liés à al Qaïda et figurent parmi les suspects dans une importante affaire de corruption, auraient fui la Turquie après que le Parti de la Justice et du Développement (AKP au pouvoir) a bloqué une descente de police mercredi, le police d’Istanbul ayant refusé d’exécuter les ordres donnés par des magistrats afin d’arrêter plusieurs suspects dans le second volet de l’enquête,

Le bureau du procureur d’Istanbul a ordonné l’arrestation de 30 suspects, dont un certain nombre de parlementaires et d’hommes d’affaires, Le département de police d’Istanbul qui a connu unevaste purge au niveau de ses officiers supérieurs la semaine dernière, ne s’est cependant pas conformé aux instructions.

Les informations de presse laissent entendre que quand la liste des 30 suspects a été révélée aux médias mercredi, certains des suspects ont pris des mesures de précaution pour éviter de laisser des éléments à charge contre eux en cas de descente de police chez eux où dans leurs bureaux.

Et certains suspects ont fui la Turquie, dont les agents d’al Qaïda pour la Turquie, Al Qadi et Khoutub, après que le gouvernement a bloqué l’enquête par le truchement de chefs de la police récemment nommés qui ont refusé de se conformer à la décision de justice.

Le procureur Muammer Akkaş, qui conduisait la deuxième phase de l’enquête, a été dessaisi du dossier. «L’ensemble de mes collègues et l’opinion publique devraient savoir qu’on m’a empêché en tant que procureur d’effectuer l’enquête, » a expliqué jeudi le procureur dans une déclaration, ajoutant qu’une entrave à l’action judiciaire a été exercée aussi bien par le bureau du procureur général que par la police, donnant ainsi l’occasion aux suspects de détruire les preuves.

Akkaş a déclaré que malgré la délivrance de mandats d’arrêt et de perquisition à l’encontre des suspects et leur transmission mercredi matin aux services de police d’Istanbul, ces derniers n’ont pas respecté ses ordres.

«En n’appliquant pas les décisions de justice, les chefs de la police ont commis un délit. Une occasion a été offerte aux suspects de prendre des dispositions, de fuir ou d’altérer des éléments à charge,» a-t-il dit.

 Les avoirs en Turquie de l’homme d’affaires saoudien Al Qadi ont été gelés après sa désignation comme financier du terrorisme international. Des articles de presse observent que le suspect d’appartenance à al Qaïda est autorisé à entrer librement en Turquie et a accès à des diplomates et à des responsables sécuritaires de haut niveau, comme le sous-secrétaire des services de renseignements (MİT) Hakan Fidan.

Selon des allégations, l’ancien ministre de la justice Sadullah Fergin, qui a quitté son poste mercredi suite à un important remaniement ministériel, avait demandé au procureur général de fermer le dossier.

Commercer ou s’indigner (de l’attitude du gouvernement turc vis-à-vis de l’Etat sioniste)

20 octobre 2013

Réflexion inspirée par une information déjà ancienne.

S’il est une personnalité du Moyen Orient qui aura déçu, c’est bien le premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan.

Ce dernier avait en effet suscité beaucoup d’espoirs quand il avait exprimé sans ménagement son indignation à la face du chef du gang sioniste Shimon Peres suite à l’opération dite « Plomb durci » menée par les terroristes sionistes contre Gaza fin 2008 – début 2009.

C’était une réaction émotionnelle et sans doute sincère mais qui n’a pas résisté aux nécessités politiques du gouvernement turc, le tournant pouvant être situé au moment où la Turquie, après de fortes réticences, avait accepté d’apporter sa contribution à l’effort de guerre contre la Libye.

Le fait est que, même après l’arraisonnement sanglant par les tueurs sionistes (9 morts, tous Turcs dont un américano-turc) de la flottille humanitaire emmenée par le Mavi Marmara, et en dépit d’une crise diplomatique sans précédent, les échanges commerciaux entre les deux pays ont non seulement continué mais ont atteint un niveau record.

Cette logique profonde des relations entre la Turquie d’Erdogan et l’entité sioniste est en quelque sorte un démenti par les faits des postures indignées du chef du gouvernement turc.

On peut comparer cette manière de récompenser l’Etat prétendu juif avec l’attitude intransigeante et agressive qu’a adoptée M. Erdogan à l’égard des autorités syriennes qui n’ont pourtant assassiné aucun ressortissant turc.

Des députés de l’opposition turque font éclater aujourd’hui au grand jour l’hypocrisie de M. Erdogan dont le fils ne s’est pas gêné pour profiter du boom des échanges entre l’Etat prétendu juif et la Turquie.

L’info est reprise par un journal sioniste selon le bon vieux principe en vigueur à Tel Aviv qu’il faut écraser impitoyablement ses ennemis et humilier ses amis car l’humiliation a la vertu paradoxale de les rendre encore plus dociles (pour ceux que ça intéresse, allez voir du côté de la théorie de la dissonance cognitive de Leon Festinger).

Selon l’opposition: le fils de M. Erdogan fait des affaires avec Israël

 Des membres de l’opposition turque affirment qu’un bateau appartenant au fils dy premier ministre a accosté au port d’Ashdod trois mois avant la réconciliation entre les deux pays

 par Itamar Eichner, Yediot Aharonot (Sionistan) traduit de l’anglais par Djazaïri

 Des membres de l’opposition turque ont mis dans l’embarras le premier ministre Recep Tayyip Erdogan en révélant que durant ces trois dernières années, alors que les relations entre Tel Aviv et Ankara étaient au plus bas, son fils avait continué à faire des affaires avec Israël.

Le fils, Ahmet Burak Erdogan, est propriétaire de la MB Shipping company qui possède deux navires cargos. L’un d’entre eux, le Safran-1, a relié des ports turcs et israéliens plusieurs fois, transportant des marchandises dans les deux sens.

Le bateau qui mesure 95 mètres de long a accosté au port d’Ashdod le 12 janvier – environ trois mois avant la fin de la crise entre les deux pays.

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Erdogan père et fils avaient un petit bateau

Lors d’une conférence de presse à Ankara, l assistant du président du Parti Républicain du Peuple (CHP), le principal mouvement d’opposition à Erdogan au parlement, a pourfendu le premier ministre Turc pour son «hypocrisie.»

D’autres membres de l’opposition ont posé une série de questions à Erdogan: «Votre fils avait-il été exempté de l’embargo commercial contre Israël? Est-ce que c’est moral? Quelle a été la part prise par le bateau dont votre fils est propriétaire dans le commerce avec Israël?»

 Les parlementaires Turcs se sont pourtant trompés: en fait, la Turquie n’a jamais proclamé un embargo commercial contre Israël même au plus fort de la crise diplomatique. Erdogan avait bien annoncé qu’il suspendait les relations économiques avec Israël, mais il avait ensuite précisé qu’il ne parlait que des échanges en matière de défense.

Pendant la crise entre Israël et la Turquie, les échanges commerciaux entre les deux pays ont prospéré et atteint le niveau record de 4 milliards de dollars – une augmentation de 30%.

Turquie: le retour de flamme d’une politique syrienne désastreuse

30 juillet 2013

Recep Tayyip Erdogan brigue le poste de président de la république turque, une ambition somme toute justifiée pour quelqu’un qui ne passe pas inaperçu sur la scène internationale.

A son actif, on considère généralement qu’il a placé l’économie de son pays sur de bons rails et mis en route un processus qui devrait aboutir à la paix avec les rebelles kurdes.

Il estime aussi avoir posé la Turquie en exemple de démocratie dont pourraient s’inspirer d’autres pays musulmans, notamment ceux qui ont été concernés par le fameux «printemps» arabe. Et c’est sa position sur les évènements dans la Syrie voisine qui est supposée démontrer la profondeur de l’engagement d’Erdogan en faveur de la démocratie dans les pays arabes : accueil de réfugiés syriens, soutien à la direction politique de l’opposition syrienne, bases de repli en territoire turc pour les milices syriennes, facilités pour l’entraînement et le renseignement.

Côté passif, si on veut bien considérer qu’une fois élu un chef de l’Etat doit incarner une figure rassembleuse, son bilan sera lourdement grevé par la mobilisation d’une partie importante de l’opinion déclenchée par un projet de construction d’un centre commercial sur un des rares espaces verts d’Istanbul, la capitale économique et culturelle du pays.

Je ne vais pas parler du bilan économique du gouvernement Erdogan. Il faut par contre souligner que les acquis de sa politique aussi bien avec les Kurdes qu’avec la Syrie ne tarderont sans doute pas à apparaître pour ce qu’ils sont en réalité : des échecs cuisants qui ne seront pas sans conséquences en Turquie même.

Pour comprendre ce que je veux dire, il suffit de parcourir Hürriyet, un journal turc indépendant du pouvoir qui nous propose ce titre aujourd’hui (traduit de l’anglais par Djazaïri) :

Les soldats turcs tirent des grenades lacrymogènes sur 2 000 contrebandiers à la frontière syrienne

 

Les soldats turcs ont tire des coups de semonce et utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser une foule d’environ 2 000 contrebandiers qui essayaient d’entrer en Turquie depuis le territoire syrien,  a déclaré l’armée turque aujourd’hui.

Selon un communiqué écrit de l’état-major, des militaires ont lancé des avertissements au groupe [de contrebandiers] aussi bien en arabe qu’en turc, cependant le groupe a refusé de se disperser près de la ville frontalière d’Oğulpınar, dans la province méridionale du Hatay. 

Dans le même temps, un groupe de 350 muletiers dans un autre secteur à proximité ont jeté des pierres sur lés véhicules de patrouille de l’armée avant que les soldats tirent en l’air, a indiqué l’armée. La déclaration précise aussi qu’il n’y a pas eu de victimes. 

Cet incident est intervenu au lendemain de l’annonce par l’armée turque de l’utilisation par des soldats de gaz lacrymogènes pour disperser un groupe d’environ 1 000 contrebandiers également près de la ville frontalière d’ Oğulpınar.

Une réunion d’urgence pour évaluer les derniers développements à la frontière avec la Syrie se tiendra aujourd’hui au bureau du premier ministre à Ankara, rapporte le quotidien Hürriyet sur son site web.

La réunion sera présidée par le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan. Le chef d’état major, le général Necdet Özel, qui doit rencontrer Erdoğan à 16h30 participera aussi à la réunion, indique le journal.

2 000 contrebandiers! Autant dire que les autorités turques ne maîtrisent plus grand chose à leur frontière sud-est et que la situation devient de plus en plus problématique, une évolution dont la responsabilité incombe entièrement au pouvoir turc.

Parce que, avant de  s’allier avec la France, la Grande Bretagne et les Etats Unis pour attiser les flammes en Syrie, Recep Tayyip Erdogan et son ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu auraient dû réfléchir au fait que leurs « amis»  occidentaux sont protégés des conséquences immédiates de la crise syrienne par le simple fait qu’ils en sont éloignés par des milliers de kilomètres.

Erdogan et Davutoglu se sont en effet comportés comme quelqu’ un  qui attise le feu dans la maison de son voisin sans imaginer un seul instant qu’il accroît le risque que ce feu se propage dans sa propre maison !

Et le problème que vit aujourd’hui la Turquie à sa frontière sud-est risque de perdurer, quelle que soit l’issue du conflit en Syrie, que le régime en place l’emporte ou non :

C’est de fait un Etat dans l’Etat qui s’est constitué au Hatay sous les auspices d’un gouvernement turc qui aura sans doute bien du mal à faire rentrer dans sa boîte le «diable» qu’il a encouragé à combattre les autorités du pays voisin.

Ce «diable» ignore les frontières et pour lui, le Hatay fait partie de la Syrie [ou d’un Etat musulman à créer] et c’est là un point où il est d’accord avec Bachar al-Assad.

Mais à la différence de Bachar al-Assad, les takfiristes et autres «djihadistes» vont faire, et font déjà, comme si la frontière n’existait plus.

Si cette situation n’est déjà pas reluisante telle quelle, elle risque de s’envenimer aussi bien en cas de victoire que de défaite des «rebelles.»

En effet, en cas de victoire les rebelles parvenus au pouvoir à Damas (ou à Alep) revendiqueront officiellement la province du Hatay. En cas de défaite, ils seront contraints de refluer en masse dans la province où ils animeront une guérilla cette fois hostile au gouvernement turc.

Du côté de la question kurde, après une vague d’optimisme que je qualifierais de béat, les problèmes reviennent en force et passent aussi par la Syrie où les Kurdes essayent d’affirmer leur autonomie et semblent avoir repris le dessus sur les forces syriennes d’opposition armée, c’est-à-dire les divers mouvements djihadistes-salafistes-takfiristes dont une partie est affiliée à l’Armée Syrienne Libre (ASL) , ce qui ne laisse pas d’inquiéter le gouvernement turc ainsi qu’on peur le lire aussi dans l’édition de ce jour de Hürriyet  (traduit de l’anglais par Djazaïri): 

Le vice premier ministre Bülent Arınç a appelé les organisations kurdes en Syrie à ne pas se ranger du côté du régime d’al-Assad

 

Le vice premier ministre Bülent Arınç a appelé les organisations kurdes en Syrie à ne pas se ranger du côté du régime d’al-Assad et les a exhortés à soutenir l’opposition.

 Arınç a dit que le régime syrien cherchait à exploiter les Kurdes et d’autres groups de lé region du nord pour  s’en server de carte contre la Turquie. «Quand Assad s’en ira, et qu’un régime démocratique sera établi avec un parlement et des élections, alors tout le monde sera également représenté,» a déclaré Arınç  le 29 juillet sur TRT, une chaîne de télévision publique.

“Tout ce que nous demandons à la formation là-bas [les Kurdes du nord syrien] est de ne pas coopérer avec al-Assad. Devenez membres de l’opposition et n’essayez pas de prendre le contrôle [du territoire] par fait accompli [en français dans le texte] ,» a-t-i ajouté. 

 «Votre présence et des droits à une citoyenneté égale seront reconnus et une constitution sera rédigée après al-Assad. Si vous rangez du côté de l’opposition, vous éviterez de vous charger des péchés du régime,» a-t-il dit. 

Des responsables turcs ont rencontré la semaine dernière le chef du Parti de l’Union Démocratique (PYD), Saleh Muslim, et ils ont fait part de leurs vives préoccupations au sujet du «fait accompli» qui impose de facto une région kurde autonome dans le nord syrien.  

Il faut reconnaître qu’il est assez piquant, et même drôle, de voir un éminent dirigeant politique turc promettre joie et félicité aux Kurdes en Syrie quand on sait ce qu’il en est des Kurdes en Turquie.

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          Bülent Arınç

C’est que Bülent Arınç ne comprend pas, ou feint de ne pas comprendre, que les Kurdes ont un projet national. Et qu’en contribuant à affaiblir le pouvoir de Damas, le gouvernement turc a ouvert de nouvelles perspectives au mouvement national kurde à l’échelle de toute la région du Moyen Orient. 

C’est cette occultation ou non perception de l’aspect national de la question kurde qu’aborde Nuray Mert dans l’édition du 29 juillet de Hürriyet. Elle traite cette question avec les précautions de langage en vigueur quand on s’exprime sur la question kurde en Turquie et qu’on ne veut pas perdre son emploi ou être déféré devant les tribunaux. 

Le ‘fait national’ kurde

Par Nuray Mert, Hürriyet 29 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

 

Le principal problème dans la vie politique turque par rapport aux Kurdes, c’est que les “Turcs” ne peuvent en aucun cas admettre la perspective de voir les Kurdes se gouverner eux-mêmes. Les Turcs en général, et le gouvernement actuel en particulier, résistent à l’idée d’un « sentiment national » kurde et point final. Les Kurdes sont peut-être attardés mais le problème kurde est un «problème national» et cette réalité doit d’abord être reconnue. Sinon, les politiques de la Turquie concernant les Kurdes à l’intérieur et à l’échelle régionale ne déboucheront sur rien de positif. 

Récemment, ce sont les Kurdes de Syrie et leur Parti de l’Union Démocratique (PYD) qui est devenue la cible de la controverse. Au tout début, il y a un an, la Turquie avait réagi très sévèrement quand le PYD avait déclaré une sorte d’autonomie dans les régions kurdes. Même si la Turquie a adouci son discours contre les Kurdes de Syrie du nord et leur PYD, l’idée fondamentale selon laquelle les Kurdes ne devraient constituer aucune entité politique n’a pas changé.

Fait assez intéressant, la Turquie n’avait pas exprimé d’inquiétude quand les postes frontaliers avaient été conquis par les organisations islamistes radicales, mais s’est alarmée de la prise de ces positions par le PYD. Réagissant aux affrontements en cours entre les organisations islamistes radicales et le PYD le long de la frontière syrienne , le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu a présenté plusieurs exigences aux Kurdes syriens. Premièrement, ils ne doivent pas coopérer avec le régime. Deuxièmement, ils ne devraient pas constituer une entité de facto sur des bases ethniques ou sectaires,» a-t-il dit. En fait, pour l’instant, les Kurdes se sont arrangés sur la base de leurs propres décisions politiques pour éviter de collaborer avec le régime ; il semble donc qu’on n’a pas à leur faire la leçon sur ce point. Ensuite, les Kurdes luttent pour leurs droits et libertés en tant qu’entité politique qui se définit elle-même plus comme une nation que comme une ethnie. Enfin, ils n’ont pas l’air de rechercher une assistance de la Turquie pour définir leurs propres politiques, mais ils demandent simplement des relations amicales. Ce qui n’empêche pas la Turquie de ne pas renoncer à dire aux Kurdes ce qu’ils doivent faire.

Les Kurdes appellent maintenant à une conférence à Arbil pour mettre l’accent sur la «cause nationale» et «l’unité nationale.»  Ce sera la dernière de quatre conférences à se tenir dans le cadre du «processus de paix» et c’est Abdulah Öcalan qui l’avait proposée.  L’appel a été lancé au nom de trois dirigeants kurdes – Jalal Talabani, Masoud Barzani et Öcalan. Le PYD et le PKK seront représentés à la conférence en qualité de partis kurdes. En bref, ce sera une «conférence nationale» à part entière et la Turquie ne semble pas l’avoir compris. En fait, cette conférence va être le point d’orgue du «processus de paix» depuis qu’Öcalan a réussi é élever ce processus au niveau national [de la nation kurde, NdT]. Par ailleurs, la question des Kurdes de Syrie sera reconnue comme une parie de la «question nationale.» La Turquie devrait reconnaître ces faits, le plus tôt sera le mieux, au lieu de se bercer d’illusions avec sa politique futile de manipulations des acteurs politiques kurdes.

Hélas, sans même parler de reconnaître les faits, le processus de paix reste géré comme un jeu pour gagner du temps jusqu’aux élections. Le gouvernement considère encore le traitement de la question kurde comme un problème de citoyenneté égale, de quelques droits culturels et de gestes de courtoisie. C’est pourquoi le premier ministre et le gouvernement continuent avec insistance à exprimer une attitude très condescendante à l’égard des Kurdes et présentent le processus de paix comme un geste bienveillant de la part des Turcs et de leur gouvernement. Tant que le gouvernement et en fait, nous tous Turcs , refuserons d’admettre le fait que la question kurde est une question nationale [i.e. relative à la nation kurde], nous ne serons pas capables d’avancer.

A vrai dire, je ne suis pas pour le séparatisme kurde et les Kurdes ne semblent pas être pour non plus [ceci est le passage obligé pour ne pas perdre son emploi ou pour ne pas être traduit en justice, note de Djazaïri]. Il est parfaitement compréhensible que les Turcs désirent vivre dans les mêmes frontières que les Kurdes, mais c’est quelque chose qui vient encore s’opposer à leur appartenance nationale.

Nuray Mert est journaliste et maître de conférences à l’université d’Istanbul. Elle est dans le collimateur du premier ministre turc qui n’apprécie guère ses écrits, ce qui lui a coûté un emploi d’éditorialiste au journal Milliyet et l’animation d’une émission politique à la télévision. 

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Nuray Mert

On peut dire que Nuray Mert met les pieds dans le plat et met carrément en doute le sérieux politique du processus de paix engagé par les autorités d’Ankara avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). 

Je partageais ces doutes  depuis le début, compte tenu  d’abord du fait que l’accord sur le processus de paix a été obtenu avec un Abdullah Öcalan prisonnier, ce qui n’est pas une démarche très saine d’autant que ce prisonnier n’a pas été libéré depuis. 

Une autre invitation au scepticisme tient au fait que le vocabulaire des autorités turques pour désigner les miliciens kurdes n’a pas changé et qu’il est toujours question de terroristes.

Comme on vient de le voir, ce scepticisme se lit ouvertement aujourd’hui dans la presse turque et il est lié, comme on l’a vu également aux évolutions sur le terrain en Syrie 

Et aujourd’hui, c’est Abdullah Öcalan en personne qui  vient donner du grain à moudre aux sceptiques :

Öcalan, le leader du PKK emprisonné menace d’abandonner le processus de paix, affirme sa soeur.

ISTANBUL – Doğan News Agency Hürriyet, 30 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri 

 

Le chef emprisonné du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK illégal) Abdullah Öcalan, affirme qu’il quittera le processus de paix s’il continue à être sur «cette voie,» selon sa sœur Fatma qui s’est adressée à la presse suite à une visite [rendue à son frère] sur l’île d’Imrali [où il est détenu].

 

Öcalan a dit à sa soeur et à son oncle Süleyman Arslan qu’il « abandonnera si le processus de paix continue sur cette voie » et qu’il se «retirerait, et observerait simplement.»

Questionné sur ce qui gênait le leader du PKK incarcéré dans le processus, Fatma a dit aux journalistes qu’il était «gêné par le fait qu’il y avait une non paix.»

 

«Il est las de la prison maintenant. Ce n’est pas comme ça que ça devrait se passer,» a déclaré Fatma, ajoutant qu’ils avaient vécu un moment difficile à supporter «ce lieu clos» pendant une demi-heure où le dirigeant condamné doit purger sa peine.

Fatma a refusé d’entrer plus avant dans les détails de la conversation, observant que c’était “d’ordre familial”

Une demande de conférence de presse par öcalan a été rejetée par le gouvernement actuel pour des raisons d’ordre «juridique» selon le vice premier ministre Bülent Arınç.

Öcalan avait exprimé son souhait d’organiser un point de presse depuis sa prison sur l’île d’Imrali, exhortant le gouvernement à progresser plus vite vers l’étape suivante du processus de paix et d’avancer les discussions sur les réformes au 21 juillet, selon une déclaration rendue publique par le Parti de la Paix et de la Démocratie (BDP).

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Imrali est une île qui se trouve dans la mer de Marmara

 

Pour Jeremy Salt, une seule option en Syrie: la victoire de l’armée et du gouvernement syriens

19 Mai 2013

On connaît Jeremy Salt sur ce blog. Salt a la particularité d’être un universitaire américain, spécialiste du Moyen Orient, qui enseigne dans une université turque !

Son point de vue sur la Syrie est donc particulièrement autorisé.

Quand je dis point de vue, je ne parle pas d’opinions alimentées par les informations très partielles ou déformées et la conception qu’on a du bien et du mal. Pas besoin d’avoir fait des études pour ça, et ce mode de construction de l’opinion est précisément le pain quotidien des propagandistes et des politiciens habiles à manipuler les foules.

Un vrai point de vue est d’abord un point de vue informé qui est le résultat d’une mise en relation pertinente des informations importantes, c’est-à-dire qui définit l’objet sur lequel porte le point de vue parce que cet objet n’est pas un donné à priori.

Pour Jeremy Salt, sauf évènement imprévu, le conflit syrien tire vers sa fin.

Il tire à sa fin militairement par la victoire qui se dessine de l’armée gouvernementale.

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Samedi 19 mai l’armée syrienne a investi le centre d’al Qussayr

Il tire aussi à sa fin politiquement du fait de l’implosion de l’opposition d’une part et du choix fait par les Etats Unis d’une sortie de crise négociée avec la Russie.

Cette crise syrienne aura permis de voir quelles sont les puissances qui comptent en ce moment sur la scène internationale avec le retour prévisible de la Russie au premier plan et l’irruption de la Chine.

Si les Etats Unis restent, c’est évident, un acteur majeur (le plus important) on aura par contre pu constater la vanité de puissances comme la France ou la Grande Bretagne qui, peinant à suivre les orientations de leur maître de Washington, sont soit en retard, soit en avance d’un retournement de veste. Ainsi de cette dernière sortie du gouvernement français qui prétend interdire à l’Iran de participer aux négociations sur la Syrie.

Pathétique de la part d’un gouvernement français qui a longtemps cru qu’il pourrait procéder en Syrie comme il l’a fait en Libye alors qu’il n’aurait rien pu faire en Libye (et a Mali non plus) sans le soutien politique et militaire des Etats Unis.

Un gouvernement français qui n’a cessé de mettre de l’huile sur le feu en Syrie alors que les autorités iraniennes ont pris soin d’ouvrir leurs portes à toutes les parties.

 

La crise syrienne: L’Option

By Jeremy Salt à Ankara, The Palestine Chronicle 18 mai 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Alors que toutes les options sont censées être toujours sur la table, Barack Obama s’éloigne clairement de l’éventualité d’une implication plus profonde en Syrie maintenant qu’il est évident que rien,  à part une intervention  militaire directe, ne fera tomber le régime de Damas. Au cours des derniers mois seulement, les groupes armés ont perdu des milliers d’hommes. Même si  le conflit va perdurer un certain temps encore, l’armée syrienne est en train de réduire progressivement l’insurrection.

Ceux qui sont derrière cette aventure sont en plein désarroi. Comme le Conseil national syrien avant elle, la Coalition nationale syrienne a implosé. Muadh al Khatib [ex chef de la coalition] est maintenant une voix en marge. Ghassan Hitto [en passe d’être limogé] est la seule personne au monde à être premier ministre d’un comité. Ces personnes sont une cause complètement perdue.

Dans le monde réel, et non pas le monde des illusions, on est horrifié par la vidéo qui montre un chef «rebelle» arracher  le coeur du corps d’un soldat mort et  mordre dedans. Ou peut-être étaient-ce les poumons ou le foie. Si les médias semblent hésiter là-dessus, ils semblent considérer important assez important de savoir de quel organe il s’agit exactement. Loin de nier cet acte sanguinaire, son auteur l’a revendiqué avant de se vanter de la façon dont il avait découpé en morceaux le corps de shabiha [shabiha : désignation habituelle des milices pro gouvernementales] faits prisonniers.

Le cannibalisme semble être une première mais sinon, il n’y a pas grand chose que les psychopathes des groups armés n’ont pas encore fait en Syrie. Mais peut-être ne doit-on pas appeler  psychopathes les gens qui font ce genre de choses ? Ce sont après tout exactement le genre de personnes qu’il faut pour faire une guerre aussi sauvage. La soi-disant Armée Syrienne Libre (ASL)a dit qu’elle  allait rechercher l’homme qui a découpé le cœur du soldat. Très bien. Elle pourrait aussi partir à la recherche des égorgeurs et des ‘rebelles’ qui ont décapité des gens.

Elle pourrait aussi traquer les homes qui ont tué des fonctionnaires avant de balancer leurs corps du tout du bureau de poste à Al Bab. Elle pourrait pourchasser leurs frères d’armes qui ont visé délibérément des civils avec des voitures piégées. Elle pourrait aussi traquer les assassins de l’imam et des 50 fidèles de la mosquée de Damas et elle pourrait pourchasser tous les violeurs et tous les ravisseurs, dont les Tchétchènes qui ont enlevé deux évêques  qui restent détenus à Alep tandis que les dirigeants Chrétiens des gouvernements occidentaux regardent ailleurs. Dans cette traque de tous les individus qui ont sali sa glorieuse réputation, l’ASL n’aura pas à aller chercher bien loin parce que beaucoup d’entre eux viennent de ses propres rangs. Ce ne sont pas les preuves qui manquent. Les médias regorgent de séquences vidéos sanguinolentes à la gloire des hauts faits de ces hommes qui sont fiers de leur bravoure et veulent la donner à voir au monde. Ce sont ces gens que le Qatar et l’Arabie Saoudite ont armés et financés pour prendre le contrôle de la Syrie.

Telle est la réalité derrière le récit bidon qu’ont refilé les médias pendant les deux dernières années. Les médias ont régurgité tous les mensonges et toutes les exagérations des ‘activistes’ et du soi-disant Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), selon qui la chute du ‘régime’ syrien était imminente et toutes les atrocités étaient du fait de l’armée syrienne. A l’exception de quelques reportages récemment publiés par Robert Fisk, pratiquement aucun média grand public n’a rapporté les combats vus de la perspective du gouvernement syrien et de son armée. Les journalistes passaient les frontières avec les groupes armés et rapportaient uniquement leur version des événements. C’est comme compter sur les journalistes ‘embedded’ avec l’armée des Etats Unis pour avoir un récit fiable de ce qui se passait en Irak. Et, encore comme en Irak, la même propagande se répète au sujet des armes chimiques.

La réalité devait finalement l’emporter. Ce n’est pas le ‘régime’ ou l’armé qui sont sur le point de s’effondrer mais l’insurrection. Seule une intervention militaire directe peut la sauver et, au vu des succès de l’armée syrienne et du ferme soutien apporté par la Russie au gouvernement syrien, elle est extrêmement improbable. Obama est exhorté à ‘faire plus’ mais il ne semble guère montrer d’inclination à se laisser aspirer plus avant dans ce bourbier. Les autres ne feront rien sans les Etats Unis à leur tête. L’Allemagne est opposée à une implication et l’Autriche a déclaré que fournir des armes aux ‘rebelles’, ce que la Grande Bretagne voulait faire, quand l’embargo de l’UE arrivera à terme le 31 mai, serait une violation du droit international.

Cette semaine, les projecteurs se sont tournés vers le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avec son voyage à Washington pour discuter de la Syrie avec Barack Obama. La Turquie a joué un rôle central dans l’évolution du conflit syrien. L’Arabie saoudite, le Qatar et la Libye ont fourni l’argent et les armes, mais c’est la Turquie qui a ouvert son territoire à la mobilisation des hommes armés qui passent la frontière pour faire tomber le «régime». Erdogan n’a pas reculé d’un pouce de la position qu’il a prise contre Bachar al Assad il ya plus de deux ans. Le seul cas démontré d’une attaque à l’arme chimique à été celle faite avec un mélange à base de chlore placé dans une ogive et tiré sur un barrage de l’armée syrienne à Khan al Assal, tuant un certain nombre de soldats et de civils. Erdogan, cependant, maintient que c’est l’armée syrienne qui a utilisé des armes chimiques et, ce faisant, a franchi la ligne rouge tracée par Obama. »Interrogé peu avant son départ pour Washington pour savoir s’il soutiendrait la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne, il a répondu:« Nous dirions oui tout de suite ».

La semaine dernière, des voitures bourrées de plus d’une tonne de C4 et de TNT ont explosé dans la ville frontalière de Reyhanli dans la province de Hatay. Au moins 51 personnes ont été tuées. Les destructions ont été énormes. L’immeuble de la mairie et des dizaines de commerces ont été rasés. Dans les heurs qui ont suivi l’attentat, des voitures immatriculées en Syrie ont été détruites et des réfugiés Syriens ont été attaqués par des habitants fous de rage. Tout en s’affairant autour des décombres, ils maudissaient Erdogan. Cet attentat atroce suivait un modus operandi familier aux Syriens : une bombe explose suivie d’autres une fois que les gens se sont rassemblés atour du lieu de la première, ce qui permet de maximiser nombre de victimes.

En dépit des accusations du gouvernement turc pour qui l’attentat est l’oeuvre d’une organisation terroriste collaborant avec les services secrets syriens, seuls les groups armés ou un des gouvernements qui les soutient pouvait avoir un mobile evident de commettre ce crime. L’armée syrienne est en train d’écraser l’insurrection, le conseil des «traîtres» basé à Doha a implosé et les Russes et les Américains se sont assis pour discuter. L’attentat était clairement conçu pour attirer la Turquie à entrer directement dans le conflit de l’autre côté de la frontière. 

L’attentat de Reyhanli est intervenu une semaine après qu’Israël a lancé une série d’attaques aériennes sauvages contre la Syrie. Ce n’était pas une frappe avec un seul missile. Deux attaques en trois jours, qui ont duré des heurs avec un largage massif de bombes sur la périphérie de Damas, ce qui donne à penser que le but était de provoquer une riposte syrienne, ouvrant la voie à une guerre générale dans laquelle l’Iran pourrait être attaqué. Israël a prétendu que la cible était un chargement de missiles destiné au Hezbollah, mais alors qu’un centre de recherche militaire et une usine alimentaires de l’armée été touchés, rien n’indique que des missiles auraient été détruits. Ces attaques se sont avérée par la suite avoir été un échec politique et stratégique. Poutine a passé un savon à Netanyahou et l’a puni en fournissant ou en menaçant de fournir à la Syrie des missiles anti-aériens évolués de type S300. On peut mesurer l’arrogance d’Israël à son insistance pour dire qu’il lancerait d’autres attaques si nécessaire et qu’il détruirait le régime syrien s’il osait riposter.

Obama subit en ce moment aux Etats Unis des pressions pour “faire plus”. A Washington, les mêmes personnes qui appelaient à la guerre contre l’Irak appellent maintenant à un élargissement du conflit en Syrie. Le Sénateur Bob Menendez, un chaud partisan d’Israël, comme presque tous les élus au Congrès, a introduit un projet de loi pour que l’administration Obama fournisse des armes aux ‘rebelles’ (comme si ce elle ne le faisait pas déjà secrètement ou par son soutien aux livraisons d’armes effectuées par le Qatar et l’Arabie Saoudite).L’ancien rédacteur en chef du New York Times Bill Keller qui soutenait la guerre en Irak veut aussi que les Etats Unis arment les ‘rebelles’  et ‘défendent les civils qui sont massacrés dans leurs maisons’ en Syrie. Il ne parle bien entendu pas des civils qui ont été massacrés par les groupes armés.

Le Washington Post a été force de reconnaître que l’armée syrienne est en train de gagner cette guerre mais reste déconcerté par la tournure défavorable des évènements. ‘Que se passera-t-il si les USA n’interviennent pas en Syrie ?’ demande-t-il avant de donner les réponses. La Syrie se fracturera selon des lignes sectaires, avec le Jabhat al-Nosra contrôlant le nord et les ‘résidus du régime’ contrôlant des bandes de territoire à l’ouest. La guerre sectaire s’étendra à l’Irak – comme si elle n’était pas déjà une des conséquences de l’intervention américaine – et au Liban. Les armes chimiques seraient un des enjeux, ‘forçant probablement à  une nouvelle intervention israélienne pour empêcher leur acquisition par le Hezbollah ou al Qaïda.’. Si les Etats Unis n’interviennent pas pour empêcher tout ça, la Turquie et l’Arabie Saoudite ‘pourraient conclure que les Etats Unis ne sont plus un allié fiable.’

Il existe une autre réponse plus plausible à la question sur “ce qui va arriver”.  Cette réponse est que l’armée syrienne finira par expulser du pays les ‘rebelles’ survivants et que Bachar al-Assad en sortira plus populaire que jamais parce qu’il aura vaincu la plus grande menace de son histoire pour l’Etat syrien. Des élections se tiendront en 2014 et il sera élu président avec 75 % des suffrages. C’est du moins ce que prédit la CIA.

Erdogan est venu à Washington pour avertir lui aussi Obama de ‘faire plus’, mais il est clair que le président US ne veut pas faire grand-chose de plus. Les médias turcs ont rapporté qu’Obama a dit qu’Assad «doit partir» mais ce n’est pas ce qu’il a dit. Obama a choisi ses mots avec soin. Dans sa conférence de presse avec Erdogan, il n’a pas dit qu’Assad ‘doit partir’ mais que «he needs to go» et que « he ‘needs ‘to tranfer power to a transitional body. (transférer le pouvoir à une autorité de transition) [effectivement on traduirait de la même façon ‘he must’ et ‘he needs’ par ‘il doit’ alors qu’il existe une nuance intraduisible me semble-t-il]. La différence est des plus importantes. A titre personnel, Obama ne voudra pas terminer sa présidence englué dans une guerre ingagnable et impopulaire, une guerre qui pourrait en outre rapidement évoluer d’une crise régionale vers une crise mondiale.

Un sondage récemment conduit par Pew montre que le peuple américain en a assez des guerres au Moyen Orient et les discussions entre Kerry et Lavrov indiquent que cette fois, après avoir permis à l’accord de Genève de juillet 2012 de tomber à plat, les Etats Unis sont sérieux dans la recherche d’une sortie négociée de la crise même si d’autres [pays] ne le sont pas [sérieux]. S’il existe un danger de déraillement de la position des Etats Unis, il viendra plus probablement des rangs de leurs amis et alliés.

 

– Jeremy Salt est professeur associé d’histoire et de politique du Moyen Orient à l’université Bilkent d’Ankara en Turquie. 

Robert Fisk et l’armée syrienne

28 avril 2013

J’ignore si Robert Fisk est le seul journaliste occidental à avoir été autorisé à être au contact des troupes syriennes, mais ses articles nous donnent une bonne indication sur le moral de l’armée gouvernementale syrienne.

Et le moral de l’armée syrienne est bon selon ce que rapporte un Robert Fisk qui n’en est pas pour autant tombé en amour avec le régime syrien.

L’article est très parlant, alors je ne vais pas le commenter, sauf pour dire qu’il est aussi supposé illustrer le thèse selon laquelle la crise syrienne sonnerait le glas de l’omnipotence des services secrets au profit d’une armée en quelque sorte citoyenne, soucieuse d’assurer une transition ordonnée vers un système de gouvernement plus ouvert sous l’égide au moins provisoire de l’actuel chef de l’Etat.

Ceci bien sûr dans l’hypothèse où le président Bachar al-Assad l’emporterait définitivement sur l’opposition armée.

Il se pourrait qu’ils se battent pour la Syrie, pas pour Assad. Ils pourraient aussi être en train de gagner.

Reportage de Robert Fisk en Syrie

La mort guette le régime syrien tout autant que les rebelles. Mais sur la ligne de front de cette guerre, l’armée du régime n’est pas d’humeur à se rendre – et elle affirme qu’elle n’a pas besoin d’armes chimiques.

Par Robert Fisk, The Independent (UK) 26 avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les nuages bas surplombent de manière oppressante la ligne de front de l’armée syrienne dans les collines de l’extrême nord de la Syrie.

La pluie a simplement remplacé la neige, transforment cette forteresse puissamment protégée en marécage de boue et de flaques d’eau stagnante où les soldats se tiennent à leurs postes de guet avec le visage en plein vent, leurs antiques chars T-55 – le fer de lance  du Pacte de Varsovie dans les années 1950 – ruisselants de pluie, leurs chenilles enfoncées dans la boue, servent uniquement de pièces d’artillerie. Ce sont des «tanks épaves» – debeba khurda – dis-je au colonel Mohamed qui commande l’unité des forces spéciales de l’armée syrienne dans ce paysage morne. «Nous les utilisons pour la défense statique,» dit-il franchement en souriant. «Ils ne bougent pas.»

Char T 55

Char T 55

Avant la guerre – ou “la crise” ainsi que les soldats du président Bachae al-Assad sont obligés de l’appeler – Djebel al-Kawaniah était un relais de télévision. Mais quand les rebelles antigouvernementaux s’en sont emparés, ils ont fait sauter les tours [de télédiffusion] abattu la forêt de sapins autour de la station pour crée une zone de tir dégagée et ils ont construit des remparts en remblai pour se protéger des tirs de l’armée gouvernementale. L’armée a repris les collines en octobre dernier en passant par le village de Qastaf Maaf qui est maintenant dévasté et aplati le long de la vieille route vers Kassab à la frontière avec la Turquie – pour prendre d’assaut le plateau qui est maintenant leur ligne de front.

Sur les cartes, l’armée syrienne a donné un nom de code à la  “montagne de Kawaniyeh”. Elle est devenue le «Point 45» – le Point 40 se trouve à l’est, dans l’ombre de la montagne – et les soldats sont répartis dans des tentes sous les arbres de deux collines avoisinantes. Je grimpe sur un des T-55 et je peux les voir à travers l’averse. Il y a des explosions sourdes dans la vallée et le bruit occasionnel de tirs d’armes légères et, chose assez déconcertante, le colonel Mohamed me signale la forêt la plus proche, à environ 800 mètres de là, qui est restée entre les mains de ses ennemis. Le soldat assis sur la tourelle du tank ne quitte pas les arbres des yeux.

C’est toujours une expérience étrange de se retrouver parmi les soldats de Bachar al-Assad. Ce sont les «sales types» du régime selon le reste du monde – quoique, en réalité, c’est la police secrète du régime qui mérite ce titre – et j’ai bien conscience qu’on a dit à ces hommes qu’un journaliste occidental allait venir dans leurs casemates et leurs tranchées. Ils m’ont demandé de ne citer que leurs prénoms par crainte pour la sécurité de leurs familles ; ils me permettent de prendre toutes les photographie que je veux, mais jamais leurs visages – une règle que les rebelles demandent aussi parfois aux journalistes de respecter pour la même raison – mais chaque soldat ou officier avec qui j’ai parlé, dont un général de brigade, m’ a donné son nom complet et présenté son identifiant..

Un tel accès à l’armée syrienne était pratiquement inconcevable il y a seulement quelques mois et il y a de bonnes raisons à cela.

L’armée considère qu’elle est enfin en train de reprendre du terrain sur l’Armée Syrienne Libre (ASL), les combattants islamistes du Jabhat al-Nosra et les divers satellites d’al Qaïda qui contrôlent pour le moment une bonne partie de la campagne syrienne. A partir du Point 45, l’armée est à peine deux kilomètres de la frontière turque et a l’intention de récupérer cet espace.

Aux abords de Damas, les soldats ont livré un combat sanglant dans deux localités de banlieue tenues par les rebelles.

Au moment où je me déplaçais dans les positions sur les collines, les rebelles étaient en passé de perdre le contrôle de la ville de Qusayr, près d’Homs avec des accusations par l’opposition de tueries perpétrées contre les civils.

La route principale entre Damas et Lattaquié sur la côte méditerranéenne a été rouverte par l’armée. Et les soldats que j’ai rencontrés au Point 45 sont un autre type d’hommes que ces soldats corrompus par 29 ans de semi-occupation du Liban, qui étaient rentrés en Syrie ne 2005, sans avoir eu à faire la guerre, la discipline des soldats étant plus un motif de plaisanterie à Damas qu’une menace pour quiconque.           Les forces spéciales de Bachar apparaissent aujourd’hui confiantes, inflexibles, motivées politiquement, dangereuses pour leurs ennemis, avec leurs beaux uniformes et leurs armes bien nettoyées. Les syriens sont habitués depuis longtemps aux affirmations israéliennes  – reprises machinalement en écho par Washington -selon lesquelles les forces gouvernementales ont utilisé des armes chimique : «Pourquoi utiliserions-nous des armes chimiques alors que nos avions Mig et leurs bombes sont infiniment plus destructeurs ?» Les soldats affectés au Point 45 reconnaissent qu’il y a eu des défections vers l’ASL, de nombreux tués parmi leurs collègues – qualifiés invariablement de «martyrs» – et ne font pas mystère du nombre de morts parmi eux dans les batailles gagnées et perdues.

Leur dernier “martyr” à Point 45 a été abattu par un tireur embusqué rebelle il y a deux semaines, il s’agit de Kamal Aboud, 22 ans, un soldat des forces spéciales originaire de Homs. Il est au moins mort en soldat. Le colonel Mohamed parle avec tristesse des soldats en permission pour rejoindre leurs familles qui, dit-il, ont été exécutés à l’arme blanche lorsqu’ils sont entrés en territoire ennemi. Je me remets en mémoire que l’ONU porte des accusations de crimes de guerre contre cette armée et je rappelle au colonel Mohamed – qui a quatre marques de blessures par balles au bras qui prouvent qu’il dirige ses soldats sur le champ de bataille et pas à l’abri d’un bunker – que ses soldats étaient certainement préparés pour libérer le plateau du Golan de l’occupation israélienne. Israël est au sud, lui dis-je, et ici, il combat au nord près de la Turquie. Pourquoi ?

«Je sais, mais nous combattons Israël. Je suis entré dans l’armée pour combattre Israël. Et en ce moment, je combats les instruments d’Israël. Et les instruments du Qatar et de l’Arabie Saoudite, et donc en ce sens, nous combattons pour le Golan. C’est une conspiration et l’Occident aide les terroristes étrangers qui sont venus en Syrie, les mêmes terroristes que vous essayez d’éliminer au Mali.» J’ai déjà entendu ce discours auparavant, bien sûr. Il est question de conspiration dans toutes mes interviews en Syrie. Mais le colonel reconnaît que les deux T-55 syriens qui tirent des obus sur le Point 45 chaque matin – les mêmes engins de guerre désuets que ses propres chars – ont une même origine parce que l’ennemi a récupéré de l’artillerie de l’armée gouvernementale et que les opposants comprennent des hommes qui étaient initialement dans l’armée de Bachar al-Assad.

En route pour  Qastel Maaf, un général me dit que sur l’autoroute qui mène à la frontière turque, l’armée vient de tuer 10 Saoudiens, deux Egyptiens et un Tunisien – on ne me montre aucun document susceptible de le prouver – mais les soldats du Point 45 me montrent trois radions qu’ils ont prises à leurs ennemis. L’une est marquée «HXT Commercial Terminal,» les deux autres sont fabriquées par Hongda avec des instructions en turc. Je leur demande s’ils captent les communications des rebelles. «Oui, mais nous ne les comprenons pas,» explique un major. «Ils parlent en turc et nous ne comprenons pas le turc.» Il y a donc des Turcs et des Turkmènes Syriens des villages de l’est ? Les soldats haussent les épaules. Ils disent avoir aussi entendu des voix parler en arabe avec des accents libyen et yéménite. Et vu que le gratin de l’OTAN est en ce moment obsédé par les «djihadistes étrangers» en Syrie, il se pourrait bien que ces soldats Syriens disent la vérité.

Les sentiers de cette magnifique champagne du nord syrien cachent la brutalité des combats. Des buissons de roses rouges et blanches recouvrent les murs des maisons abandonnées. Quelques hommes s’occupent  de la masse d’orangers qui luisent autour de nous, une femme peigne ses longs cheveux sur un toit. Le lac de Balloran scintille sous le soleil printanier entre des montagnes encore coiffées d’une couche de neige.Ce paysage me rappelle tristement la Bosnie. Les villages sur ces quelques kilomètres restent encore habités, un hameau chrétien grec orthodoxe peuplé de 10 familles avec une église dédiée à l’apparition de la Vierge à une femme nommée Salma ; un village musulman alaouite, puis un village musulman sunnite proches de la ligne de front mais qui continuent à coexister ; un fantôme de l’ancienne Syrie sécularisée, non sectaire dont les deux camps promettent – de manière de moins en moins crédible – le retour une fois la guerre terminée.

Lac de Balloran

Lac de Balloran

Me voici maintenant dans un village détruit appelé Beit Fares où on peut voir des centaines de soldats Syriens patrouiller les forêts environnantes, et un autre général sort de sa poche un téléphone mobile et me montre une vidéo de combattants morts. «Ce sont tous des étrangers,» dit-il. Je m’approche pour regarder : la caméra s’attarde sur des visages barbus, certains déformés par la peur, d’autres dans le sommeil sans rêve de la mort. Ils ont été entassés les uns contre les autres. Le plus sinistre de tout est de voir une botte militaire qui se pose par deux fois sur les têtes de hommes morts. Sur la paroi de la fosse, quelqu’un a écrit : «Nous sommes les soldats d’Assad – allez au diable chiens des bandes armées de Jabel al-Aswad et de Beit Shrouk.»

Ce sont les noms d’une série de petits villages encore entre les mains des rebelles – on peut voir les toits de leurs maisons depuis le Point 45 – et le colonel Mohamed, 45 ans, qui a combattu eu Liban entre 1993 et 1995, énumère les autres : Jebel Saouda, Zahiyeh, al-Kabir, Rabia… Leur destin les attend. Quand je demande aux soldats combien ils ont fait de prisonniers suite à leurs batailles, ils répondent en s’exclamant  «aucun ». Quand je leur demande si c’est aussi le cas quand ils affirment avoir tué 700 «terroristes» en un seul engagement ? «Aucune», répondent-ils à nouveau.

A l’opposé d’une école criblée d’impacts de balles, se trouve une maison pulvérisée. «Un chef terroriste local est mort ici avec ses hommes,» déclare le colonel. «Ils ne se sont pas rendus.»

Je doute qu’on leur ait laissé le choix. Mais à Beit Fares, quelques rebelles se sont enfuis au début de cette année – selon le général Wasif de Lattaquié – avec leur chef local, un entrepreneur Syrien. Nous nous rassemblons dans la villa en ruinbes de cet homme sur la colline de ce village turkmène abandonné – les habitants sont maintenant dans des camps de réfugiés en Turquie, me dit le général – et il semble que l’entrepreneur était aisé. La villa est entourée de vergers irrigués avec des citronniers, des figuiers et des pistachiers. Il y a un terrain de basketball et une piscine vide, des balançoires pour les enfants, une fontaine de marbre brisée – sur laquelle on voit encore des boîtes de feuilles de vigne farcies avec des inscriptions en turc – et une salles de séjour et une cuisine avec des murs en marbre et une plaque délicate au-dessus de la porte d’entrée avec l’inscription en arabe : «Dieu bénisse cette maison» Ce n’a pas été le cas, semble-t-il.

Je cueille quelques figues dans le verger de l’homme d’affaires. Les soldats en font de même. Mais leur goût est trop acide et les soldats les recrachent, leur préférant les oranges qui pendent au bord de la route. Le général Fawaz parle avec un de ses collègues et il soulève une fusée non explosée pour inspection. Elle est de fabrication locale, la soudure n’est pas professionnelle – mais semblable aux fusées Qassam que le mouvement palestinien Hamas tire sur Israël depuis la bande de Gaza. «Quelqu’un parmi les Palestiniens a expliqué aux terroristes comment les fabriquer,» déclare le général Fawaz. Le colonel Mohamed observe en passant que quand ils ont investi le village, ils ont trouvé des camions et des voitures avec des plaques militaires turques – mais pas de soldats Turcs.

Il y a une relation étrange ici avec la Turquie. Recep Tayyip Erdogan condamne peut-être Assad, mais le plus proche poste frontalier turc à deux kilomètres d’ici reste ouvert, seul poste frontière qui relie encore la Turquie au territoire syrien contrôlé par le gouvernement. Un des officiers  raconte une vieille histoire sur le calife Moawiya qui disait garder une fine mèche de ses cheveux pour «avoir un lien avec mes ennemis.» «Les Turcs ont laissé ce poste frontalier ouvert avec nous,» explique l’officier, «pour ne pas couper la mèche de cheveux de Moawiya.» Il ne rit pas et je comprends ce qu’il veut dire. Les Turcs veulent garder un contact matériel avec le régime Assad. Erdogan n’a pas de certitude que Bachar al-Assad perdra cette guerre.

Beaucoup de soldats montrent leurs blessures dont je soupçonne qu’ils sont bien plus fiers que de leurs médailles ou de leurs grades. De leur côté, les officiers sur les lignes de front ont déjà retiré leurs insignes dorés – à la différence de l’amiral Nelson, ils n’ont pas envie d’être fauchés au petit matin par les tireurs d’élite rebelles. L’aube semble être le bon moment pour tuer. Sur la route, un sous-lieutenant me montre ses propres blessures. Il a la marque d’une  balle entrée sous son oreille gauche. Sur le côté gauche de sa tête, une vilaine cicatrice violacée s’étire vers le haut jusqu’à son oreille droite. Une balle a traversé son cou de part en part et il a survécu. Il a eu de la chance.

Tout comme les soldats des forces spéciales dont le chemin de patrouille allait vers une mine dissimulée, un IED dans le vocabulaire occidental. A Qastal Maaf, un jeune artificier de l’armée syrienne me montre les deux coques de métal qui étaient enterrées sous la route. L’une des deux est presque trop lourde pour que je puisse la soulever. Le détonateur porte une inscription en turc. Une antenne reliée aux explosifs pendait du haut d’un poteau électrique pour qu’un rebelle puisse actionner la bombe à distance en mode visuel. Un système de détection de mines – «tout notre matériel est russe,» se vantent les soldats – a prévenu la patrouille de la présence d’explosifs avant que les soldats marchent dessus.

Mais la mort plane sur l’armée syrienne, tout comme elle hante ses ennemis. L’aéroport de Lattaquié est désormais un lieu permanent de lamentations. A peine suis-je arrivé que je trouve des familles déchirées et en larmes devant le terminal, en attente des corps de leurs soldats de maris, frères et fils, des Chrétiens pour la plupart, mais aussi des Musulmans parce que la côte méditerranéenne est le fief des Alaouites et des Chrétiens ainsi que d’une minorité de Musulmans sunnites. Une femme Chrétienne est retenue par un home âgé alors qu’elle va s’affaler sur la route, le visage ruisselant de larmes. Un camion sur la voie des départs est orné de guirlandes.

Un général en charge des familles endeuillées me dit que l’aéroport est trop petit pour ces deuils de masse. «Des hélicoptères ramènent ici nos morts de toute la Syrie du nord,» dit-il. «Nous devons nous occuper de toutes ces familles et leur trouver un hébergement, mais parfois je vais à domicile pour leur annoncer la mort d’un fils et je découvre que deux ou trois de leurs enfants sont déjà tombés en martyrs. C’est trop». Oubliez le soldat Ryan. Je vois à côté de la tour de contrôle un soldat blessé qui clopine sur un pied, un bandage recouvre en partie son visage, le bras passé autour d’un camarade alors qu’il boîte en direction du terminal.

Les statistiques de l’armée qu’on m’a montrées suggèrent que 1 900 soldats de Lattaquié ont été tués dans cette guerre terrible, et 1 500 autres de Tartous. Mais il faut mettre en regard ces chiffres avec ceux de la population des villages à peuplement mixte chrétien et alaouite dans les monts qui surplombent Lattaquié pour comprendre le coût pour chacun. A Hayalin, par exemple, ce village de 2 000 âmes a perdu 22 soldats tandis que 16 autres sont portés disparus. Ce qui fait 38 morts en réalité. Beaucoup ont été tués à Jisr al-Shughur en juin 2011 quand l’armée syrienne avait perdu 80 hommes dans une embuscade rebelle. Un villageois nomme Fouad explique qu’il y avait eu un seul survivant originaire d’un village voisin. «Je lui ai téléphoné pour demander ce qui était arrivé aux autres hommes, » dit-il. «Il m’a répondu : ‘Je ne sais pas parce qu’ils m’ont arraché les yeux.’ Il a dit que quelqu’un l’avait emmené et qu’il avait pensé qu’on allait l’exécuter mais il s’est retrouvé dans une ambulance et avait été conduit à l’hôpital de Lattaquié.» Le corps d’un des tués de Jisr al-Shugur a été ramené à Hayalin, mais ses proches avaient découvert que le cercueil ne contenait que ses jambes. «Le dernier martyr de Hayalin a été tué il y a seulement deux jours,» me dit Fouad. «C’était un soldat nommé Ali Hassan. Il venait de se marier. Ils n’ont même pas pu rendre son corps.»

Les 24 hélicoptères de combat syriens qui tournent sur le tarmac après le terminal sont une manifestation de la puissance matérielle du gouvernement.  Mais les soldats ont leurs propres histoires de peur et d’intimidation. Le fait que les forces rebelles menacent les familles des soldats gouvernementaux est un fait établi depuis longtemps. Mais un simple soldat  m’a raconté avec tristesse comment son propre frère aîné avait reçu l’ordre de le persuader de déserter l’armée. «Quand j’ai refusé, ils ont cassé la jambe de mon frère,» dit-il. Quand j’ai demandé si d’autres avaient eu la même expérience, on m’a présenté un jeune soldat de 18 ans. Les officiers ont proposé de quitter la pièce au moment où je parlais avec lui.

C’était un jeune homme intelligent, mais il a raconté son histoire simplement et sans fioritures. Son discours ne relevait pas de la propagande. «Je viens de la province d’Idlib et ils sont venus voir mon père et lui ont dit qu’ils avaient besoin que je sois là,» dit-il. «Mais mon père a refusé et a dit, ‘Si vous voulez mon fils, allez et amenz-le ici – et si vous le faites, vous ne me trouverez pas ici pour le saler.’ Puis mon père a envoyé la plus grande partie de sa famille au Liban.  Ma mère et mon père sont encore là-bas et ils sont encore sous la menace.»

J’ai signifié par la suite aux officiers que je ne croyais pas que tous les Syriens passés à la rébellion l’ont fait parce que leurs familles étaient menacées, que certains soldats devaient avoir des divergences profondes avec le régime. Ils en conviennent mais soulignent le fait que l’armée reste forte.

Le colonel Mohamed, qui mélange stratégie militaire et politique, explique considérer le «complot» étranger contre la Syrie comme une nouvelle version des accords Sykes-Picot de la première guerre mondiale, quand la Grande Bretagne et la France avaient secrètement décidé de se partager le Moyen Orient, Syrie incluse. «Ils veulent faire la même chose aujourd’hui,» dit-il. «La France et la Grande Bretagne donnent des armes aux terroristes pour nous diviser, mais nous voulons une Syrie unie où tout notre peuple pourra vivre ensemble, démocratiquement, sans se soucier de la religion de son prochain mais vivant pacifiquement…» Et puis est arrivée la crise. «…sous la direction de notre champion, le Dr Bachar al-Assad.»

Mais ce n’est pas si simple. Le mot «démocratie» et le nom Assad ne s’accordent pas vraiment dans une bonne partie de la Syrie. Et je pense plutôt que les soldats de ce qui s’appelle officiellement l’Armée Arabe Syrienne combattent plus pour la Syrie que pour Assad. Mais en tout cas, ils combattent et sont peut-être en train de gagner, pour l’instant, une guerre ingagnable. A Beit Fares, je me penche une fois de plus sur le parapet, la brume se lève sur les montagnes. Ce pourrait être la Bosnie. Le paysage est à couper le souffle, des collines gris-vert qui se lovent dans des montagnes d’un bleu de velours. Un petit paradis. Mais les fruits qui poussent le long de cette ligne de front sont amers en réalité.

Le Hezbollah et les enjeux libanais et régionaux de la guerre contre la Syrie

23 mars 2013

La crise syrienne a sans doute connu un tournant avec l’élection du premier ministre d’un gouvernement provisoire d’opposition.

Cette élection a été le moment d’un bras de fer entre l’Arabie Saoudite et le Qatar, ce dernier émirat l’ayant emporté, obtenant l’élection de son candidat, le syro-américain Ghassan Hitto (plus Texan que Frère Musulman selon l’ex ambassadeur US en Syrie, Robert Ford).

Cette victoire du Qatar est aussi celle de la Turquie, proche de cette pétromonarchie et  elle sonne peut-être la fin de tout espoir d’une issue négociée au conflit, et même de tout espoir de sortie du conflit à bref ou moyen terme.

Comme vous l’aurez compris, il ne faut pas se laisser abuser par le mot élection : les [grands] électeurs qui ont choisi le premier ministre n’ont eux-mêmes aucune légitimité élective et le résultat du scrutin est avant tout celui des pressions exercées par des puissances étrangères, la «mieux disante» étant la monarchie du Qatar.

Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie n’a rien à voir avec une lutte pour la démocratie : dans leurs paroles, comme dans leurs actes les mouvements réunis dans le Conseil National Syrien et la Coalition sont en réalité encore moins démocratiques que le régime en place. Ce qui les distingue vraiment du régime est la tonalité sectaire de leur discours et leur agressivité vis-à-vis de ceux qu’ils considèrent comme des hérétiques.

Il y a eu certes une vraie exigence de démocratisation du système politique en Syrie, mais les porteurs de cette revendication ont été contraints au quasi mutisme, pas par la répression des autorités mais par la situation de guerre étrangère imposée au pays.

Alors, si l’objet des affrontements n’est pas la démocratie, de quoi s’agit-il ? 

L’objet du conflit est en réalité d’en finir avec non seulement le régime syrien, mais surtout avec une Syrie qui reste le dernier obstacle avec le Hezbollah libanais à une normalisation avec l’entité sioniste.Ne vient-on pas en effet de voir que, après bien des rodomontades, le gouvernement turc est rentré dans le rang suite aux excuses de Benjamin Netanyahou pour les victimes  turques du Mavi Marmara. Mieux, Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre Turc a

souligné son attachement à « l’amitié solide et à la coopération vieilles de plusieurs siècles entre les peuples turc et juif ».

N’a-t-on a pas vu qu’un autre «islamiste» fort en paroles, l’Egyptien Mohamed Morsi, membres des Fréres Musulmans de son état, a choisi d’appliquer scrupuleusement ce qui est exigé de lui par Barack Obama et continuer donc à participer au blocus de la bande de Gaza?

Liquider le régime syrien, c’est aussi préparer l’élimination du Hezbollah, une élimination que d’aucuns voudraient précipiter en étendant le conflit syrien au Liban au prétexte de l’implication des miliciens du Hezbollah aux côtés des forces régulières syriennes. 

C’est cet aspect de la crise en Syrie qu’examine Ibrahim al-Amin dans les colonnes d’al Akhbar, un organe de presse libanais.

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Ibrahim al Amin, rédacteur en chef d’Al-Akhbar

Al Akhbar se situe politiquement à gauche et ne peut en aucun cas être considéré comme proche idéologiquement du Hezbollah.

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Ernest Khoury dans son bureau d’Al Akhbar, sous le regard vigilant de Lénine et Karl Marx

 

 Le rôle du Hezbollah en Syrie

Par Ibrahim al-Amin, Al Akhbar (Liban) 22 mars 2013, traduit de l’anglais par Djazaïri

On parle et on spécule beaucoup depuis un certain temps au Liban, en Syrie et dans le monde arabe et en Occident sur le véritable rôle du Hezbollah dans la crise syrienne. La machine de propagande anti-Hezbollah est, comme d’habitude, particulièrement active, offrant au quotidien un flot d’informations et d’articles sur l’implication supposée de ce parti dans le conflit.

Cette machine de propagande – avec ses opérateurs Libanais, Syriens et autres – a annoncé la mort de centaines de miliciens du Hezbollah en Syrie et la capture de dizaines d’entre eux par les rebelles Syriens. Un service de sécurité officiel de Beyrouth joue un rôle central sur ce front en assurant la fuite d’informations factuelles sur lesquelles on brode ensuite. Ces gens croient qu’un tel déluge est un moyen efficace de susciter autant de rancœur que possible contre le Hezbollah dans l’opinion publique.

Le Hezbollah n’a, pour sa part, pas propose plus de précisions que ce qu’a déclaré son secrétaire général Nasrallah sur l’assistance apportée par le parti à ses sympathisants Libanais qui résident dans des villages à l’intérieur de la Syrie, mais a cependant répété que le Hezbollah n’avait pas pour l’instant participé aux combats en Syrie.

Une stratégie délibérée de provocation et d’exagération est employée contre le Hezbollah par des services de renseignements de la région et de l’étranger, y compris ceux d’Israël. Maisl a question centrale était, et demeure, est de comprendre la place du Hezbollah dans une crise syrienne qui entre dans sa troisième année. Ces services savent beaucoup de choses sur ce qui se passe sur le terrain en ce qui concerne les combats entre les forces du régime et celles de l’opposition. Ils connaissent les capacités des deux camps et exercent une surveillance continue de toutes les actions de soutien au régime, y compris par le Hezbollah.

Mais pour les autres, il est sans doute nécessaire de clarifier la perspective à partir de laquelle le Hezbollah fonde son attitude par rapport à la crise syrienne. Ce qui pourrait en aider beaucoup à comprendre les soubassements idéologiques, politiques et opérationnels de sa position.

Le Hezbollah continue à voir les choses à partir de la perspective de son rôle central dans la confrontation avec Israël. Il ne donne sans doute pas souvent de détails sur l‘objectif ultime de cette lutte, mais le parti se comporte comme s’il était partie prenante d’une campagne au long cours pour se débarrasser d’Israël, une bataille qui nécessite beaucoup de préparation. Si l’idée d’être débarrassé d’Israël ne dérangerait pas une majorité des peuples arabes et islamiques, seule une minorité est prête à mener ce combat jusqu’au bout.

Une minorité parmi les réticents pense qu’un tel discours est fou ou illusoire et ne peut en aucun cas influer sur le cours de l’histoire. Cette minorité influente ne voit aucune nécessité pour une lutte de ce genre. Elle perçoit en conséquence le Hezbollah comme une bande de cinglés qui non seulement mettent en danger leur peuple et eux-mêmes mais aussi les intérêts des peuples de la région. Cette minorité se retrouve donc dans une alliance, formalisée ou non, avec les véritables ennemis du Hezbollah, à savoir Israël, les Etats Unis et certaines capitales arabes et occidentales.

L’engagement du Hezbollah dans la résistance contre l’occupation l’oblige à faire beaucoup de choses comme éviter de se faire d’autres ennemis. Sa position sur la Syrie est cohérente avec son attitude à l’égard des mouvements de contestation dans l’ensemble du monde arabe.

Dès le début, personne n’aurait pu imaginer voir le Hezbollah prendre position contre le régime syrien. Si le parti n’ignore pas les causes internes de la crise, il n’admet pas les affrontements en cours. Son regard sur la situation d’ensemble l’empêche d’adopter une position de neutralité, tout comme le fait qu’il a un suivi plus clair et fiable de ce qui se passe en Syrie comparativement à beaucoup des organisations impliquées dans les combats.

Le Hezbollah a averti très tôt sur les liens avec l’étranger et les agendas des organisations à la tête de la contestation. Il avait des preuves claires sur les tendances idéologiques de certaines des plus influentes de ces organisations. Il avait observé comment, dès le début de la contestation, des manifestants à Deraa et à Homs avaient brûlé des portraits de Nasrallah et des drapeaux du Hezbollah, et comment la campagne d’incitation à la haine religieuse contre le parti avait été lancée à fond.

C’était avant que le parti ait dit quoi que ce soit sur les développements en Syrie – en fait, alors même qu’il était en train d’œuvrer avec divers mouvements islamistes arabes, dont le Hamas, à essayer de nouer des contacts dans le but d’éviter d’arriver à la catastrophe actuelle.

Le point de vue du Hezbollah, pour dire les choses simplement, est que la guerre en Syrie a pour but de faire évoluer politiquement et stratégiquement ce pays vers une position d’opposition à l’existence du Hezbollah. Ce qui lui fait voir le régime actuel dirigé par Bachar al-Assad comme une ligne avancée de défense du mouvement de résistance au Liban et en Palestine. Ce qui, à soi seul, place le parti au cœur de la crise.

On s’est pose beaucoup de questions et on a dit beaucoup de choses sur le rôle que joue le Hezbollah en Syrie. Ses détracteurs disent qu’il est fortement engagé dans les opérations militaires en cours. Les données du problème n’ont pas besoin de longues explications :

– le Hezbollah entraîne, arme et apporte un soutien logistique conséquent aux Libanais qui vivent dans les villages frontaliers.

– Le Hezbollah est chargé de la protection du mausolée de Sayida Zeinab dans le secteur sud de Damas depuis le départ de ses gardiens Irakiens. Sur place, les membres du parti sont déployés selon un plan qui limite leur responsabilité aux abords immédiats du sanctuaire.

– le Hezbollah a reçu des délégations de nombreuses organisations druzes, chrétiennes, chiites et ismaéliennes qui avaient le sentiment que leurs communautés minoritaires étaient gravement menacées. Il n’a pas satisfait à leurs demandes d’armement et de formation militaire, mais leur a donné les moyens d’éviter d’être déplacés.

– Le Hezbollah, qui a des liens sécuritaires et militaires avec le régime, aide les forces syriennes en protégeant les institutions scientifiques et les usines de missiles qui ont été construites ces dix dernières années en grande partie avec l’aide de l’Iran.

– Le Hezbollah a un important programme, peut-être le plus important, d’aide aux réfugiés Syriens au Liban et même à l’intérieur de la Syrie. Ce programme n’a pas pour but de remercier les Syriens pour avoir accueilli des réfugiés du Liban en 2006. Ce programme est exécuté dans la discrétion sur la base de la conviction que les réfugiés et les personnes déplacées ont droit à toute l’aide humanitaire possible quelles que soient leurs opinions politiques.

Les attitudes à l’égard du Hezbollah sont liées à toutes sortes de calculs. Certains font cependant tout ce qu’ils peuvent non seulement pour entraîner le parti dans la crise syrienne mais aussi dans un affrontement semblable au Liban. Le parti en est conscient. Il semble être en train de discuter des modalités d’une action visant à apaiser les tensions sectaires, même si ses dirigeants craignent de nouvelles effusions de sang avant l’aboutissement de ces discussions.

Syrie: la France pousse à la prolongation et à l’aggravation du conflit

15 mars 2013

On connaît le journaliste turc Semih Idiz sur ce blog puisque j’ai déjà eu le plaisir de vous présenter deux articles dont il est l’auteur.

L’article que je vous propose aujourd’hui témoigne d’une connaissance approfondie de la région et d’une réflexion pénétrante.

Voyez-vous, ce texte daté du 12 mars observait que l’option de l’escalade militaire en Syrie, par l’armement massif des prétendus révolutionnaires, qui recherchent en fait l’involution de la Syrie, était non seulement dangereuse mais en perte de vitesse dans ce qu’il appelle lui aussi la communauté internationale.

Et précisément, Semih Idiz reprochait à son gouvernement de ramer à contre-courant en s’entêtant à prôner l’armement des rebelles, une démarche qui ne peut qu’aggraver les choses en Syrie voire dans la région et prolonger souffrances et destructions.

Quelques jours seulement avant que Semih Idiz rédige son article, William Hague, le chef de la diplomatie britannique résistait encore aux demandes pressantes d’Ahmet Davutoğlu , le ministre turc des affaires étrangères, pour que l’Union Européenne (UE) et la Grande Bretagne livrent des armes aux involutionnaires syriens.

Entretemps, William Hague semble s’être ravisé puisque, avec le molletiste Laurent Fabius, il a insisté pour que l’UE accepte de lever l’embargo sur la fourniture d’armes «létales» (c’est-à-dire qui tuent par opposition à celles qui soignent) à l’opposition. Parmi ces armes, devraient figurer notamment des systèmes anti-aériens et des missiles antichars.

L’évolution de la position publique de la Grande Bretagne sur cette question ne tient pas du tout au charisme et à la capacité de persuasion d’un Ahmet Davutoğlu que la France et l’UE n’ont eu de cesse de ridiculiser notamment sur le dossier arménien.

Ce qui est à la racine de l’évolution spectaculaire de gouvernements, le gouvernement français tout particulièrement, qui se disent aujourd’hui prêts à armer les involutionnaires non seulement en contravention avec le droit international mais aussi en contravention avec la position adoptée par l’UE, n’est pas autre chose que la récente visite à Paris et à Bruxelles de Shimon Peres, le chef du gang sioniste et membre de l’Internationale Socialiste comme les compères Laurent Fabius et François Hollande.

Or Shimon Peres a clairement ordonné à ses clients en Europe d’agir fermement sur le dossier syrien. Certes, à Bruxelles, il a exhorté les pays arabes à passer à l’action et évoqué le risque d’une intervention occidentale. Mais il faut être naïf pour croire que c’est depuis la tribune de l’UE que l’on harangue les Etats arabes, surtout quand on est un chef de bande sioniste.

A la tribune de l’UE, c’est aux membres de l’UE qu’on s’adresse, d’autant qu’il y a longtemps qu’un scénario d’intervention occidentale directe en Syrie est écarté.

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Pigé Laurent?

William Hague et Laurent Fabius ont reçu les ordres 5 sur 5 et ont décidé de les exécuter au plus vite, quitte à risquer de se fâcher avec d’autres partenaires européens puisque MM. Fabius et Hollande ont dit que, levée ou pas de l’embargo européen sur les armes, la France n’en ferait finalement qu’à sa tête.

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Parce que quand des dirigeants comme M. Fabius ou M. Hollande deviennent obsédés par l’idée de faire plaisir à l’entité sioniste, rien ne peut les arrêter, pas même le risque de mécontenter d’autres membres de l’UE.

Certes, la Syrie ne sera pas le prétexte d’une crise majeure de l’UE, mais elle ne sera qu’une manifestation de plus du détricotage progressif de cette union par des pays qui ressassent encore leurs chimères impérialistes.

 Davutoğlu devrait renoncer à la ‘solution militaire’ en Syrie

par Semih Idiz, Al-Monitor Turkey Pulse 12 mars 2013

Le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu persiste à cravacher un cheval mort. Ayant échoué à convaincre Washington lors de la récente visite de John Kerry en Turquie de fournir des armes à l’opposition syrienne, il essaye maintenant d’amener l’Union Européenne (UE) à lever son embargo sur les armes en Syrie.

En séjour à Londres la semaine dernière pour une réunion internationale sur la Yémen, Davutoğlu a eu des discussions avec son homologue britannique, William Hague, pour essayer de le convaincre que l’opposition syrienne est sérieusement désavantagée parce que les armes nécessaires lui font défaut. Il n’avait pas ouvertement appelé l’UE à lever son embargo sur les armes mais c’est bien là qu’il voulait en venir.

Interrogé par des journalistes pour savoir s’il voulait une levée de l’embargo, Davutoğlu avait dit de manière révélatrice : «Si un seul camp a les armes, à la fin, c’est le camp qui a les armes qui aura toutes les possibilités de tuer l’autre camp. »

Davutoğlu avait ajouté qu’il avait aussi soulevé récemment cette question avec le ministre allemand des affaires étrangères Guido Westerwelle. Londres et Berlin avaient cependant indiqué être en faveur du maintien de l’embargo de l’UE. Hague en particulier est préoccupé par les combattants islamistes en Syrie.

Des sources de l’UE à Ankara indiquent que pas moins de 500 membres du Jabhat al-Nosra, l’organisation combattante la plus efficace dans la lutte contre le régime Assad et dont l’objectif déclaré est d’instaurer une république islamique en Syrie, viennent d’Europe.

Le souci ne tient pas seulement à la victoire éventuelle en Syrie de cette organisation – qui est soutenue politiquement et en armement par Ankara. Les officiels de l’UE s’inquiètent aussi de ce que feront les membres Européens de cette organisation quand ils rentreront dans les pays d’où ils viennent. Davutoğlu et d’autres dirigeants Turcs maintiennent cependant que ces craintes européennes sont non seulement exagérées mais qu’elles jouent en faveur du président Assad. Questionné à ce sujet à Londres, Davutoğlu a répondu que ni la Libye, ni l’Egypte n’avaient adopté l’Islam radical en dépit des craintes relatives à une telle éventualité.

“Ils sont en guerre,” a-t-il dit des combattants de l’opposition syrienne. «Ils vont mourir. Il y toujours des slogans religieux dans la guerre.»

Il est cependant manifeste qu’il n’a pas vraiment réussi à convaincre ses partenaires européens de modifier leur position vis-à-vis d’organisations comme le Jabhat al-Nosra qui a déjà été classé comme organisation terroriste par les Etats Unis et qui, si on en juge par les informations, pourrait être bientôt classé dans la même catégorie par l’UE.

Compte tenu de l’échec de la Turquie sur cette question de l’armement, tout ce que Davutoğlu peut faire, c’est de se plaindre sur des bases de hautes valeurs morales que «La population souffre sur le terrain et la Turquie paye la facture. » mais la position d’Ankara soulève un certain nombre de questions essentielles.

Par exemple, il est vrai que «la Turquie paye la facture» pour les réfugiés Syriens de plus en plus nombreux qui arrivent à sa porte. Les responsables gouvernementaux donnent le chiffre de 600 millions de dollars pour l’instant et se plaignent de ne pas recevoir assez de soutien international sur ce problème.Quand les officiels turcs expriment ce genre de plainte, ils visent généralement les pays occidentaux. Fait étrange, on les entend rarement se plaindre d’un manque de soutien de la part des Etats pétroliers du Golfe, particulièrement le Qatar et l’Arabie Saoudite pour qui l’éviction d’Assad est aussi devenue un objectif stratégique.

Dans le même temps, Ankara continue à se monter tiède devant l’idée d’un règlement politique du conflit syrien dans l’hypothèse où Assad serait d’une manière ou d’une autre présent à la table de négociations, alors même qu’il n’est pas assis à cette table. C’est aussi ce que montre le lobbying exercé par Davutoğlu pour armer l’opposition.

Il ne semble cependant pas trop inquiet de risquer d’attiser ce qui est déjà une guerre par procuration dans la région en livrant à l’opposition des armes lourdes pour combattre le régime.

Comme par hasard, Davutoğlu met de côté le fait que si l’opposition était armée comme il le souhaite, la Russie et l’Iran qui continuent à soutenir le régime Assad pour des visées stratégiques, comme le font également des organisations chiites comme le Hezbollah libanais, feront tout leur possible pour riposter en renforçant leur soutien militaire au régime.

Comme le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, Davutoğlu se réfère constamment au sort des Syriens qui souffrent sous Assad. Il semble ne pas comprendre que livrer des armes à l’opposition à ce stade est la formule la plus sûre pour prolonger le conflit et accroître les souffrances des civils.

Beaucoup en Turquie et dans la région diront aujourd’hui qu’il sait en réalité tout ça, mais une victoire de l’opposition sunnite en Syrie est devenue un objectif stratégique si important pour le gouvernement Erdogan qu’Ankara est même prêt à envisager une guerre par procuration, avec plus de souffrances si c’est ce qu’il faut pour l’atteindre.

Quoi qu’il en soit, ce qui est certain à ce stade, c’est que la politique sunnite d’Ankara a eu pour résultat l’émergence d’un axe chiite qui ne regarde plus d’un œil favorable la politique de la Turquie dans la région. La Turquie a en fait augmenté le nombre de ses ennemis et détracteurs au Moyen Orient depuis le commencement du printemps Arabe, ce qui contredit la vision de Davutoğlu d’une Turquie contribuant à la paix et à la stabilité dans la région.

Le problème pour Davutoğlu est que sa représentation intellectuelle du monde – il est après tout professeur de relations internationales – est imprégnée d’une grande vision et de grandes perspectives pour la Turquie qui se sont avérées non seulement trop ambitieuses, mais aussi simplistes eu égard aux situations réelles qui ont émergé sur le terrain.

Il semble par exemple ne pas comprendre, ou ne pas vouloir comprendre, qu’il n’y a pas d’autre choix à ce stade que d’aller vers un règlement politique en Syrie si ce qui est recherché est de mettre un terme au plus vite à l’effusion de sang et d’éviter que la crise alimente les divisions sectaires qui tendent à se creuser dans la région.

Kadri Gursel a aussi montré dans des articles perspicaces pour Al Monitor que la Turquie n’est pas à l’abri non plus des retombées négatives des divisions sectaires qui ont résulté de la crise syrienne, possédant elle-même ses propres lignes de faille sectaires.

En attendant la Turquie a annoncé cette semaine qu’elle avait appréhendé les auteurs de l’attentat à la voiture piégée le mois dernier au point de passage frontalier avec la Syrie de Cilvegozu, qui  avait tué au moins 14 personnes, et blessé de nombreuses autres. Bulent Arinc, porte-parole du gouvernement, a déclaré mardi à la presse que les forces de sécurité turques avaient « effectué une opération digne du cinéma » pour arrêter quatre Syriens et un turcs soupçonnés d’avoir organisé cet attentat.

Les officiels turcs dissent que les auteurs – qui ont été appréhendés au cours d’une opération transfrontalière sur le sol syrien – étaient liés à des agents des services de renseignements syriens. Vrai ou faux, il reste à voir su Ankara se servira de cet incident contre le régime Assad dans une tentative aussi d’influencer la communauté internationale pour qu’elle arme l’opposition.

Le fait demeure cependant que les arguments de la Turquie sur la Syrie trouve peu d’écho à ce stade. Dans sa dernière analyse hebdomadaire intitulée «Les lignes de faille irakiennes et turques,» Al Monitor al’a bien résumé dans son propos de conclusion : «Les signes d’une tendance en faveur d’une solution politique méritent l’attention et la priorité, car la poursuite d’une solution militaire signifie seulement plus de tragédies et de destructions pour la Syrie et la région.»

Le plus tôt Erdogan et Davutoğlu admettront ce fait évident et cesseront de ramer à contre-courant, le mieux ce sera pour la Turquie, pour le peuple syrien et pour la région dans son ensemble.

Semih Idiz est un collaborateur d’Al-Monitor’s Turkey Pulse. Il couvre en tant que journaliste depuis 30 ans les affaires diplomatiques et de politique étrangère pour les grands journaux turcs. Ses articles d’opinion peuvent être lus dans la version en langue anglaise de Hurriyet Daily News. On peut aussi le lire dans Taraf. Ses articles ont été publiés dans le Financial Times, le Times, Mediterranean Quarterly et Foreign Policy magazine et il intervient souvent sur BBC World, VOA, NPR, Deutche Welle, divers médias israéliens el Al Jazeera.

 

Trois femmes puissantes ou la Turquie et son casse-tête kurde

12 janvier 2013

On ne peut pas dire que la presse française en fasse des tonnes sur l’affaire des trois militantes Kurdes assassinées à Paris il y a quelques jours (pour le coup, ce sont elles qui ont eu la tête fracassée).

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Les trois militantes du PKK assassinées à Paris

Slate nous dit cependant que:

Frapper Sakine Cansiz, c’est donc frapper Abdullah Öcalan, alors qu’il négocie de sa prison d’Imrali avec les services secrets turcs et qu’on venait tout juste d’apprendre qu’un accord cadre serait en vue.

Slate rejoint ainsi la position officielle turque telle qu’elle a pu être exprimée par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan:

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a dénoncé jeudi l’exécution déplorable de trois femmes kurdes à Paris, retrouvées mortes dans la nuit tuées d’une balle dans la tête.

« Il nous faut être patient et attendre que les autorités fassent la lumière sur cet incident. Il pourrait s’agir d’un règlement de compte interne (au sein du PKK) ou d’une provocation pour tenter de perturber nos efforts de bonne volonté pour avancer dans le cadre du processus de paix », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse Anatolie

Mais les choses ne sont peut-être pas si simples ainsi qu’on peut le subodorer en voyant le premier ministre turc employer le mot « exécution » au lieu d’assassinat. Un mot auquel l’adjectif « déplorable » peine à ajouter une réelle dimension émotionnelle.

De son côté, RFI évoque trois pistes possibles: celle d’un conflit interne au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), un coup des services secrets turcs sur ordre de leur gouvernement pour faire capoter les discussions en cours et faire porter le chapeau ausx radicaux du PKK et enfin une action des Loups Gris, le mouvement nationaliste turc d’extrême droite.

J’observerai qu’on peut sans difficulté fusionner la deuxième et le troisième hypothèse, ce qui nous laisserait seulement deux éventualités.

Et l’hypothèse d’une action ses services secrets turcs est des plus probables, pour des raisons de simple logique.

On sait par exemple que la démarche bassement électoraliste du premier ministre Turc dans son « dialogue » avec le PKK est admise par tous les observateurs même si certains pensent qu’il peut en sortir du positif.

Pourtant, la crise syrienne a donné l’occasion au premier ministre Turc de démontrer son hostilité absolue à de véritables discussions avec les Kurdes et, au contraire, de sa volonté de les amener à se soumettre en échange de quelques mesures symboliques.

Mais Ergogan comme les Kurdes eux-mêmes savent très bien que la concrétisation du projet national kurde n’a jamais été aussi proche qu’aujourd’hui et que c’est le gouvernement turc lui-même qui, avec sa politique bizarroïde (il n’y a pas d’autre mot) relativement à la Syrie et à Irak a favorisé cet état de fait.

Je ne veux pas dire par là que les Kurdes vont réaliser leur projet national, mais que le prix à payer pour les en empêcher sera plus élevé que jamais.

Un autre élément qui plaide en faveur de l’hypothèse d’un meurtre commandité par les autorités turques est à chercher dans d’autres propos de M. Erdogan, ceux par lesquels il réagit à des mots du président Français, François Hollande.

On peut lire en effet dans une dépêche Reuters du 12 janvier:

Meurtres de Paris-Erdogan demande des explications à Hollande

M. Erdogan ne demande pas au président Français de faire la lumière sur le triple meurtre à Pais mais réagit à ces propos de M. Hollande:

« C’est directement trois personnes dont l’une était connue de moi et de beaucoup d’acteurs politiques parce qu’elle venait régulièrement nous rencontrer », a déclaré jeudi François Hollande.

Propos qui ont suscité le mécontentement du premier ministre Turc qui a adressé cette sommation au chef de l’Etat français

« Le président français doit expliquer à l’opinion turque et au monde pourquoi il avait rencontré des membres d’une organisation terroriste ».

Une petite phrase où on peut voir tomber le masque d’Erdogan qui qualifie sans hésiter les trois victimes de membres d’une « organisation terroriste ». On peut donc conclure que ce que M. Erdogan jugeait déplorable dans « l’exécution » de ces trois militantes Kurdes, c’était la méthode. Peut-être aurait-il préféré la strangulation?

Et l’organisation terroriste est celle-là même avec laquelle son gouvernement est supposé avoir engagé des négociations sérieuses et sincères!

La persistance de l’antiaméricanisme en Turquie

10 janvier 2013

 La situation n’est pas brillante pour le premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan. Certes, il vient de récupérer discrètement ses quatre pilotes libérés par le gouvernement syrien avec nombre d’autres détenus en échange de 48 ressortissants Iraniens qui étaient aux mais de l’opposition armée syrienne.

Mais ses négociations avec les séparatistes Kurdes risquent de ne pas aller bien loin. Pas seulement à cause de la mort violente de ces trois militantes kurdes assassinées de manière très professionnelle à Paris dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013.

Mais aussi parce qu’on ne peut pas attendre vraiment grand-chose de négociations menées avec un prisonnier, le dirigeant Kurde Abdullah Ocalan pour être plus précis.

Sakine Cansiz assassinée à Paris, photographiée en 1985 au côté d'Abdullah Ocalan

 Sakine Cansiz , membre fondatrice du PKK, assassinée à Paris, photographiée ici  en 1985 au côté d’Abdullah Ocalan

Enfin, alors que la Turquie ne cesse de donner des signes de plus en plus nets d’alignement sur la politique des Etats Unis, le sentiment d’hostilité à l’égard de l’Oncle Sam est plus fort que jamais dans ce pays.

En témoigne cette information sur une mosquée qui aurait été attaquée dans la ville portuaire d’Adana par des soldats Américains. Adana se trouve à seulement une douzaine de kilomètres de la base aérienne d’incirlik qui accueille des avions de guerre américains.

Bien sûr, l’armée turque a démenti que cette agression soit le fait de militaires Américains et elle dit peut-être la vérité.

Mais il reste que ce sont bien des Américains que la vox populi relayée par la presse locale a désignés en premier lieu.

Les forces armées turques publient une déclaration sur l’attaque de la mosquée

Hürriyet (Turquie) 10 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Après les informations d’un journal local d’Adana selon lesquelles une mosquée avait été attaquée par des soldats Américains, les forces armées turques ont publié une déclaration aujourd’hui confirmant qu’une attaque avait eu lieu mais que les assaillants n’étaient pas des soldats Américains.

Les forces armées indiquent que la mosquée a subi de légères dégradations et qu’on ignore encore qui sont les assaillants.

“Les affirmations selon lesquels le Coran avait été brûlé ou que la mosquée avait été fermée sont fausses, » affirme aussi la déclaration.

Les premières informations soutenaient que des soldats Américains avaient attaqué une mosquée pendant la nuit de la Saint Sylvestre, causant des dommages au bâtiment.

L’enquête sur cette affaire est en cours.