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Le manuel de guerre sadique de la Haganah

15 Mai 2024

Chris Hedges sait ce qu’est la guerre, en tant que journaliste, puisqu’il a été  correspondant de guerre au Salvador, en Bosnie,  en Irak et en Bosnie et il a été correspondant à Jérusalem et au Caire.

C’est dire que cet arabophone connaît bien aussi le Proche Orient et l’histoire de la cause palestinienne.

Chris Hedges

Ici, il parle de manière saisissante de la «guerre» telle qu’elle est pratiquée par les terroristes sionistes sous uniforme de la Haganah, une guerre comprise comme une entreprise sadique menée essentiellement par des petits employés, des petits commerçants, des ouvriers qui croient vivre une situation de toute puissance face à des populations civiles désemparées qui servent d’exutoire aux frustrations de leur vie médiocre dans la terre des «miracles».

Ce serait intéressant de le vérifier mais quand on voit les photos des terroristes sionistes tués à Gaza, on a comme l’impression d’une sur-représentation de Juifs orientaux et autres basanés, parfois non juifs comme ceux qui sont soit musulmans, soit druzes.

Les bourreaux enthousiastes d’Israël

Par Chris Hedges, Scheerpost (USA) 13 mai2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Des centaines de milliers de personnes sont contraintes de fuir, une fois de plus, après que plus de la moitié de la population de Gaza ait trouvé refuge dans la ville frontalière de Rafah. Cela fait partie du manuel sadique d’Israël.

Courez, exigent les Israéliens, courez pour sauver vos vies. Fuyez Rafah comme vous avez fui la ville de Gaza, comme vous avez fui Jabalia, comme vous avez fui Deir al-Balah, comme vous avez fui Beit Hanoun, comme vous avez fui Bani Suheila, comme vous avez fui Khan Younès. Courez ou nous vous tuerons. Nous larguerons des bombes anti-bunker d’une tonne sur vos campements de tentes. Nous vous mitraillerons de balles provenant de nos drones équipés de mitrailleuses. Nous vous bombarderons avec des obus d’artillerie et de char. Nous vous abattrons avec des tireurs d’élite. Nous dévasterons vos tentes, vos camps de réfugiés, vos villes et villages, vos maisons, vos écoles, vos hôpitaux et vos stations d’épuration des eaux. Nous ferons pleuvoir la mort du ciel.

Courez pour vos vies. Encore et encore et encore. Emballez les quelques affaires pathétiques qu’il vous reste. Des couvertures. Quelques pots. Quelques vêtements. Peu nous importe à quel point vous êtes épuisés, à quel point vous avez faim, à quel point vous êtes terrifiés, à quel point vous êtes malades, si vous êtes jeunes ou vieux. Courir. Courir. Courir. Et lorsque vous courrez terrorisés vers une partie de Gaza, nous vous ferons faire demi-tour et fuir vers une autre direction. Piégés dans un labyrinthe de la mort. Aller et retour. Haut et bas. D’un côté à l’autre. Six. Sept. Huit fois. Nous jouons avec vous comme des souris dans un piège. Ensuite, nous vous expulserons pour que vous ne puissiez jamais revenir. Ou nous vous tuons.

Que le monde dénonce notre génocide. Qu’est-ce qui ça peut nous faire? Les  milliards  d’aide militaire affluent sans aucun contrôle de chez notre allié américain. Les avions de combat. Les obus d’artillerie. Les chars. Les bombes. Une réserve inépuisable. Nous  tuons  des enfants par milliers. Nous tuons  des femmes  et des  personnes âgées  par milliers. Les malades et les blessés meurent sans médicaments ni hôpitaux  . Nous  empoisonnons  l’eau. Nous avons bloqué la nourriture. Nous vous faisons mourir  de faim . Nous avons créé cet enfer. Nous sommes les maîtres. Les lois, les obligations. un code de conduite. Très peu pour nous.

Mais d’abord, nous jouons avec vous. Nous  vous humilions. Nous vous terrorisons. Nous nous réjouissons de votre peur. Nous sommes amusés par vos pathétiques tentatives de survie. Vous n’êtes pas humains. Vous êtes des créatures . Untermensch [des sous-humains]. Nous nourrissons notre  libido dominandi  –  notre soif de domination. Regardez nos  publications  sur les réseaux sociaux. Elles sont devenues virales. L’une montre  des soldats  souriants dans une maison palestinienne avec en arrière-plan les propriétaires ligotés et les yeux bandés. Nous  pillons. Tapis. Produits de beauté. Motos. Bijoux. Montres.  Espèces. Or. Antiquités. Nous  rions  de votre misère. Nous applaudissons votre mort. Nous célébrons notre religion, notre nation, notre identité, notre supériorité, en niant et en effaçant la vôtre. 

La dépravation est morale. L’atrocité est de l’héroïsme. Le génocide est la rédemption.

Jean Améry, résistant belge [en fait autrichien, NdT ]pendant la Seconde Guerre mondiale, capturé et torturé par la Gestapo en 1943, définit le sadisme «comme la négation radicale de l’autre, la négation simultanée du principe social et du principe de réalité. Dans le monde sadique, la torture, la destruction et la mort triomphent : et un tel monde n’a clairement aucun espoir de survie. Au contraire, il désire transcender le monde, atteindre une souveraineté totale en niant les autres êtres humains – ce qu’il considère comme représentant une sorte particulière d’«enfer ».

De retour à Tel Aviv, Jérusalem, Haïfa, Netanya, Ramat Gan, Petah Tikva, qui sommes-nous ? Plongeurs en cuisine et mécaniciens. Ouvriers d’usine, percepteurs d’impôts et chauffeurs de taxi. Éboueurs et employés de bureau. Mais à Gaza, nous sommes des demi-dieux. Nous pouvons tuer un Palestinien qui ne se déshabille pas, qui tombe à genoux, demande grâce les mains liées derrière le dos. Nous pouvons faire cela à des enfants dès l’âge de 12 ans et à des hommes jusqu’à 70 ans.

Il n’y a aucune contrainte légale. Il n’y a pas de code moral. Il n’y a que le frisson enivrant d’exiger des formes de soumission de plus en plus grandes et des formes d’humiliation de plus en plus abjectes. 

Nous pouvons nous sentir insignifiants en Israël, mais ici, à Gaza, nous sommes King Kong, un petit tyran sur un petit trône. Nous marchons à travers les décombres de Gaza, entourés par la puissance des armes industrielles, capables de pulvériser en un instant des immeubles et des quartiers entiers, et disons, comme Vishnu, « maintenant je suis devenu la mort, le destructeur des mondes ».

Mais nous ne nous contentons pas de tuer. Nous voulons que les morts-vivants rendent hommage à notre divinité. 

C’est le jeu joué à Gaza. C’est le jeu joué pendant la sale guerre en Argentine, lorsque la junte militaire a fait « disparaître » 30 000 de ses propres citoyens. Les « disparus » ont été soumis à la torture – qui ne peut pas qualifier de torture ce qui arrive aux Palestiniens à Gaza ? – et humiliés avant d’être assassinés. C’était le jeu pratiqué dans les centres de torture et les prisons clandestins du Salvador et de l’Irak. C’est ce qui a caractérisé la guerre en Bosnie dans les camps de concentration serbes.

Cette maladie qui écrase l’âme nous traverse comme un arc électrique. Elle infecte tous les crimes à Gaza. Elle infecte chaque mot qui sort de notre bouche. Nous, les vainqueurs, sommes glorieux. Les Palestiniens ne sont rien. Vermine. Ils seront oubliés.

Dans l’émission « Hapatriotim » sur la chaîne israélienne Channel 14, le journaliste israélien Yinon Magal,  a plaisanté en disant  que la ligne rouge de Joe Biden était le meurtre de 30 000 Palestiniens. Le chanteur Kobi Peretz a demandé si c’était le nombre de morts par jour. Le public a ri et applaudi à tout rompre.

Nous déposons dans les décombres des boîtes métalliques «piégées» qui ressemblent à  des boîtes de conserve . Des Palestiniens affamés sont blessés ou tués lorsqu’ils les ouvrent. Nous diffusons des cris des femmes et de bébés qui pleurent depuis des quadricoptères pour attirer les Palestiniens afin que nous puissions leur tirer dessus. Nous annonçons des points de distribution de nourriture et utilisons l’artillerie et les tireurs d’élite pour perpétrer  des massacres

Nous sommes l’orchestre de cette danse de la mort.

Dans sa nouvelle « Un avant-poste du progrès », Joseph Conrad parle de deux commerçants blancs européens, Carlier et Kayerts. Ils sont affectés dans un comptoir commercial isolé au Congo. La mission diffusera la «civilisation » européenne en Afrique. Mais l’ennui et le manque de contraintes transforment vite les deux hommes en bêtes. Ils échangent des esclaves contre de l’ivoire. Ils se disputent à propos de la diminution des réserves alimentaires. Kayerts tire et tue son compagnon non armé Carlier.

«C’étaient deux individus parfaitement insignifiants et incapables», écrit Conrad à propos de Kayerts et Carlier :                   

… dont l’existence n’est rendue possible que grâce à la haute organisation des foules civilisées.Peu d’hommes se rendent compte que leur vie, l’essence même de leur caractère, leurs capacités et leurs audaces, ne sont que l’expression de leur croyance dans la sécurité de leur environnement. Le courage, le sang-froid, la confiance; les émotions et les principes ; toute pensée grande et toute pensée insignifiante n’appartiennent pas à l’individu mais à la foule ; à la foule qui croit aveuglément à la force irrésistible de ses institutions et de sa morale, au pouvoir de sa police et de son opinion. Mais le contact avec la sauvagerie pure et absolue, avec la nature primitive et l’homme primitif, apporte un trouble soudain et profond dans le cœur. Au sentiment d’être seul de son espèce, à la perception claire de la solitude de ses pensées, de ses sensations – à la négation de l’habituel, qui est sûr, s’ajoute l’affirmation de l’insolite, qui est dangereux ; une suggestion de choses vagues, incontrôlables et repoussantes, dont l’intrusion déconcertante excite l’imagination et met à rude épreuve les nerfs civilisés des insensés comme des sages.

Rafah est la récompense au bout du chemin. Rafah est le grand champ de bataille où nous massacrerons les Palestiniens à une échelle jamais vue dans ce génocide. Regarde nous. Ce sera une orgie de sang et de mort. Ce sera de proportions bibliques. Personne ne nous arrêtera. Nous tuons dans des paroxysmes d’excitation. Nous sommes des dieux.   

Quand un provocateur sioniste hurle « Tuez les Juifs! »

28 avril 2024

Le monde universitaire nord-américain est saisi par une série de mobilisations étudiantes inédites en faveur de la Palestine. Ces mobilisations touchent même des universités prestigieuses comme Emory à Atlanta ou Columbia à New York, ce qui a le dont de rendre furieux les soutiens du régime sioniste qui réclament répression et sanctions contre les étudiants et tancent durement les présidents d’université qu’ils jugent laxistes.

Bien entendu, pour ces partisans du colonialisme et du suprémacisme sionistes, la remise en cause par les étudiants, rejoints par un nombre non négligeable d’enseignants et chercheurs, de la coopération universitaire avec l’entité sioniste et surtout des investissements opérés par ces universités, souvent privées, dans l’entité sioniste ne peut résulter que d’une logique antisémite.

Or l’antisémitisme est un délit réprimé par la loi dans la plupart des pays et il n’est évidemment pas possible de laisser des propos antisémites s’exprimer sans vergogne.

Las, les manifestants aux Etats Unis comme ailleurs, font bien la différence entre hostilité au sionisme et antisémitisme et leurs mots d’ordre n’ont rien à voir avec des appels à la haine des Juifs ou l’expression de stéréotypes racistes.

Alors comment faire pour justifier la répression d’une manifestation pacifique qui dérange ceux qui soutiennent la politique coloniale et génocidaire du régime sioniste?

A Boston, la solution a été trouvée.

Un agitateur pro-israélien crie « Tuez les Juifs » et fait arrêter tous les autres

HATE SPEECH

par Edith Olmsted, The Daily Beast (USA) 27 avril 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Environ une centaine de manifestants pacifiques ont été arrêtés samedi par la police de l’Université Northeastern dans le campement pro-palestinien de son campus de Boston, affirmant que des informations faisaient état de manifestants utilisant des insultes antisémites; mais selon des témoins, le manifestant qui a vociféré des discours de haine était un contre-manifestant pro- israélien .

Samedi matin, la vice-présidente chargée de la communication de l’Université Northeastern, Renata Nyul, a publié une déclaration annonçant que la manifestation sur Centennial Common serait dispersée par la police du campus et les forces de l’ordre locales. Dans la déclaration, elle a expliqué que la raison pour laquelle ils évacuaient  le campement était les discours de haine tenus sur le site.

« Ce qui a commencé comme une manifestation étudiante il y a deux jours a été infiltré par des organisateurs professionnels sans affiliation avec Northeastern. Hier soir, le recours à des propos antisémites virulents, notamment « Tuez les Juifs », a dépassé les bornes », a-t-elle déclaré. « Nous ne pouvons pas tolérer ce genre de haine sur notre campus. »

Dans tout le pays, les administrateurs universitaires et les politiciens ont rendu publiques des informations faisant état de discours antisémites lors de manifestations menées par des étudiants, justifiant ainsi l’arrestation d’étudiants et la dispersion des manifestations exhortant les universités à cesser leurs relations avec Israël. Ces versions diffèrent souvent de celles de témoins oculaires des manifestations pacifiques.

Tori Bedford de GBH a confirmé qu’elle avait entendu quelqu’un dire « Tuez les Juifs», mais qu’il ne s’agissait pas d‘un des manifestants pacifiques pro-palestiniens. Le slogan venait d’un agitateur pro-israélien qui avait rejoint la foule vendredi soir.

Dans une vidéo de cet incident consternant, fournie par un organisateur de Huskies for a Free Palestine et publiée sur X par Bedford, un leader de la protestation s’est préparé à lancer un chant. « Vous répétez après moi ce que je dis. Compris? » ils crient.

« Tuez les Juifs », a crié une personne brandissant un drapeau israélien. « Il y a quelqu’un? Il y a quelqu’un ?» Il était l’un des deux contre-manifestants qui s’étaient installés au milieu de la foule, debout sur des chaises de jardin, admonestant les manifestants autour d’eux.

La foule des manifestants a immédiatement hué le jeune homme. Les manifestants ont commencé à scander « Nous allons les laisser partir », étouffant les cris des deux contre-manifestants.

Après minuit, les deux contre-manifestants étaient partis, selon nos informations.

Le lendemain matin, des dizaines de policiers du NUPD [de l’université] et de la ville de Boston ont arrêté une centaine de manifestants, mais pas celui dont les propos haineux ont provoqué la fin du rassemblement. Après avoir mis les étudiants arrêtés dans des fourgons, des étudiants ont formé une barrière empêchant ainsi les véhicules de quitter le campus pendant des heures, selon The Huntington News .

Le professeur Matthew Noah Smith, qui a participé jeudi à la manifestation de Northeastern, a observé une manifestation très différente de celle décrite par l’administration. «J’espère que Northeastern n’utilise pas l’antisémitisme comme une arme pour justifier l’arrestation des étudiants qui manifestent », a-t-il écrit dans un article sur X. « J’ai passé toute la journée de jeudi avec les étudiants là-bas et ils sont clairement opposés à toutes les formes de haine et de violence. »

Le plaidoyer antisioniste de Naomi Klein

25 avril 2024

Un beau texte de Naomi Klein en forme de plaidoyer passionné contre le sionisme sur la base des valeurs du judaïsme.

C’est la première fois que je traduis un de ses textes. J’ai vérifié qu’il n’était pas déjà traduit mais il se peut qu’entre ma vérification et l’achèvement de ma traduction, ce texte ait été publié par un autre site.

J’aurais quand même eu le plaisir de traduire ce texte que j’ai trouvé très fort comme celui de Philip Weiss il y a quelques années.

Nous avons besoin d’un exode du sionisme

En cette Pâque, nous n’avons pas besoin ni ne voulons de la fausse idole du sionisme. Nous voulons nous libérer du projet qui commet un génocide en notre nom.

Par Naomi Klein, The Guardian (UK) 24 avril 2024 traduit d el’anglais par Djazaïri

J’ai pensé à Moïse et à sa colère lorsqu’il descendit de la montagne pour trouver les Israélites adorant un veau d’or.

L’écoféministe en moi a toujours été mal à l’aise face à cette histoire : quel genre de Dieu est jaloux des animaux ? Quel genre de Dieu veut s’approprier tout le caractère sacré de la Terre ?

Naomi Klein

Mais il existe une manière moins littérale de comprendre cette histoire. Il s’agit de fausses idoles. De la tendance humaine à vénérer ce qui est profane et brillant, à regarder vers le petit et le matériel plutôt que vers le grand et le transcendant.

Ce que je veux vous dire ce soir, lors de ce Seder révolutionnaire et historique dans les rues, c’est qu’un trop grand nombre parmi notre peuple adore une fois de plus une fausse idole. Ils en sont sous l’enchantement. Ivres d’elle. Souillés par elle.

Cette fausse idole s’appelle le sionisme.

C’est une fausse idole qui prend nos histoires bibliques les plus profondes de justice et d’émancipation de l’esclavage – l’histoire de la Pâque elle-même – et les transforme en armes brutales de vol colonial de terres, en feuilles de route pour le nettoyage ethnique et le génocide

C’est une fausse idole qui a pris l’idée transcendante de la terre promise – une métaphore de la libération humaine qui a traversé de multiples confessions aux quatre coins du monde – et a osé en faire un acte de vente pour un ethno-État militariste.

La version de la libération selon le sionisme politique est elle-même profane. Dès le début, elle nécessitait l’expulsion massive des Palestiniens de leurs foyers et de leurs terres ancestrales dans la Nakba.

Depuis le début, le sionisme est en guerre contre les rêves de libération. Lors d’un Seder, il convient de rappeler que sont inclus les rêves de libération et d’autodétermination du peuple égyptien. Cette fausse idole du sionisme assimile la sécurité israélienne à la dictature égyptienne et aux États clients.

Dès le début, le sionisme a produit une hideuse forme de liberté qui considérait les enfants palestiniens non pas comme des êtres humains mais comme des menaces démographiques – tout comme le pharaon du Livre de l’Exode craignait la population croissante des Israélites et ordonnait donc la mise à mort de leurs fils.

Le sionisme nous a amenés à notre présent moment  de cataclysme et il est temps que nous le disions clairement : il nous a toujours conduit dans cette direction.

C’est une fausse idole qui a conduit beaucoup trop de nos concitoyens sur une voie profondément immorale et qui les amène désormais à justifier la mise en pièces des commandements fondamentaux : tu ne tueras point. Tu ne voleras pas. Tu ne convoiteras pas.

C’est une fausse idole qui assimile la liberté juive aux bombes à fragmentation qui tuent et mutilent les enfants palestiniens.

Le sionisme est une fausse idole qui a trahi toutes les valeurs juives, y compris la valeur que nous accordons au questionnement – une pratique ancrée dans le Seder avec ses quatre questions posées par le plus jeune enfant.

Y compris l’amour que nous portons en tant que peuple aux textes et à l’éducation.

Aujourd’hui, cette fausse idole justifie le bombardement de toutes les universités de Gaza ; la destruction d’innombrables écoles, d’archives, d’imprimeries ; le meurtre de centaines d’universitaires, de journalistes, de poètes – c’est ce que les Palestiniens appellent le scolasticide, la destruction des moyens d’éducation.

Pendant ce temps, dans cette ville, les universités font appel à la police de New York et se barricadent contre la grave menace que représentent leurs propres étudiants qui osent leur poser des questions fondamentales, telles que : comment pouvez-vous prétendre croire en quoi que ce soit, et encore moins en nous, pendant que vous permettez, investissez et collaborez avec ce génocide ?

La fausse idole du sionisme a pu se développer sans contrôle pendant bien trop longtemps.

Alors ce soir on dit : ça s’arrête là.

Notre judaïsme ne peut pas être contenu dans un ethno-État, car notre judaïsme est internationaliste par nature.

Notre judaïsme ne peut pas être protégé par le déchaînement de l’armée de cet État, car tout ce que fait cette armée, c’est semer le deuil et récolter la haine – y compris contre nous en tant que Juifs.

Notre judaïsme n’est pas menacé par des personnes qui élèvent la voix en solidarité avec la Palestine, sans distinction de race, d’origine ethnique, d’aptitudes physiques, d’identité de genre et de générations.

Notre judaïsme est l’une de ces voix et il sait que dans ce chœur résident à la fois notre sécurité et notre libération collective.

Notre judaïsme est le judaïsme du Seder de Pâque : le rassemblement en cérémonie pour partager de la nourriture et du vin avec des êtres chers et des étrangers, le rituel qui est intrinsèquement mobile, suffisamment léger pour être porté sur notre dos, n’ayant besoin que les uns des autres : non des murs, pas de temple, pas de rabbin, un rôle pour chacun, même – surtout – pour le plus petit des enfants. Le Seder est une technologie de la diaspora s’il en est, conçue pour le deuil collectif, la contemplation, le questionnement, la mémoire et la renaissance de l’esprit révolutionnaire.

Alors regardez autour de vous. Voilà notre judaïsme. Alors que les eaux montent et que les forêts brûlent et que rien n’est sûr, nous prions sur l’autel de la solidarité et de l’entraide, quel qu’en soit le prix.

Nous n’avons pas besoin ni ne voulons de la fausse idole du sionisme. Nous voulons nous libérer du projet qui commet un génocide en notre nom. Se libérer d’une idéologie qui n’a pas d’autre plan de paix que celui de traiter avec les pétro-États théocratiques meurtriers d’à côté, tout en vendant au monde les technologies de l’assassinat robotisé.

Nous cherchons à libérer le judaïsme d’un ethno-État qui veut que les Juifs aient perpétuellement peur, qui veut que nos enfants aient peur, qui veut nous faire croire que le monde est contre nous afin que nous courions vers sa forteresse et sous son dôme de fer, ou à au moins maintenir le flux des armes et de l’argent.

C’est la fausse idole.

Et ce n’est pas seulement Netanyahou, c’est le monde qu’il a créé et qui l’a fait – c’est le sionisme.

Que sommes-nous? Nous, dans ces rues depuis des mois et des mois, sommes l’exode. L’exode du sionisme.

Et aux Chuck Schumer(s) [de confession juive, Schumer est le chef de file des Démocrates au Sénat] de ce monde, nous ne disons pas : « Laissez partir notre peuple ».

Nous disons : « Nous sommes déjà partis. Et vos enfants ? Ils sont avec nous maintenant.»

Désioniser la mémoire du génocide nazi

24 avril 2024

Ce n’est pas un article d’actualité que je vous propose mais un texte de réflexion paru dans un média alternatif espagnol dont l’auteur est historien. Sa réflexion s’appuie d’ailleurs sur le travail d’autres intellectuels dont deux très connus en France et dans le monde: Norman Finkelstein et Hannah Arendt.

Le propos de ce texte est de disputer la mémoire de ce qu’on appelle l’holocauste au sionisme qui en fait un usage exclusiviste, en ignorant les victimes non juives du nazisme et en utilisant la mémoire du génocide comme un blanc seing pour ses propres crimes.

Dans son argumentation, Diego Diaz rappelle les années de relative indifférence à l’égard de la mémoire des victimes du nazisme, passée la sidération des premières années d’après guerre. Il rappelle aussi le peu de cas que le mouvement sioniste faisait de cette mémoire avant de se l’approprier, en qualité de propriétaire exclusif, après la guerre de juin 1967 qui avait vu l’entité sioniste conquérir le reste de la Palestine ainsi que le Sinaï égyptien et le Golan syrien.

La problématique soulevée par Diego Diaz est tout sauf anodine parce qu’une part sans doute significative des opinions publiques occidentales ne peut envisager de prendre des positions ressentie comme offensantes pour le peuple victime de la Shoah.

Or, en l’espèce, il ne s’agit pas de nier les crimes nazis mais de les resituer dans leur historicité sans omettre leurs victimes non juives. Fou ou pas, Adolf Hitler reflétait l’esprit de son temps marqué par le racisme et le colonialisme. La singularité du régime nazi est d’avoir employé les moyens industriels de l’époque:  fichage généralisé, moyens de transports, fours crématoires etc. en Europe même et non dans quelque colonie en Afrique ou en Asie.

Car ni l’extermination intentionnelle de populations, ni leur parcage dans des camps de concentration n’étaient des nouveautés. Les camps de concentration réapparaîtront d’ailleurs en Algérie française sous l’appellation très proche de «camps de regroupement».

Retirer au régime et au mouvement sionistes cette mémoire des crimes nazis mise bassement au service de sa propagande est un objectif dont on ne doit pas minimiser la portée.  

Disputer la mémoire de l’holocauste au sionisme

Depuis la fin du XXe siècle, l’histoire des crimes nazis a subi une « sionisation  progressive».

Par Diego Diaz, El Salto (Espagne) 29 janvier 2024 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Isabel Díaz Ayuso visite Auschwitz et appelle à «ne pas oublier» le génocide commis par l’Allemagne nazie. La présidente de la Communauté de Madrid annonce depuis la Pologne la création du Musée juif espagnol, tandis que la capitale du Royaume, gouvernée par son parti, entretient une Rue des  tués de  Division Azul, dédiée à honorer la mémoire des volontaires espagnols qui combattirent aux côtés de l’Allemagne nazie. Tout cela en pleine invasion de Gaza par l’armée israélienne qui a déjà coûté la vie à plus de 25 000 Palestiniens, armée avec laquelle la droite espagnole a serré inconditionnellement  les rangs.

Isabel Dias Ayuso à Auschwitz

Comment  est-il possible d’avoir tout cela en même temps? Comment la mémoire d’un génocide peut-elle en cacher un autre ? Comment le Parti Populaire [droite espagnole] peut-il en même temps reconnaître les crimes d’Hitler et tenter d’effacer la mémoire des Espagnols qui les ont subis, comme le socialiste Largo Caballero, emprisonné par le nazisme, et dont le gouvernement Almeida a tenté il y a peu d’effacer le nom d’une rue de Madrid ?

La shoah contre l’holocauste

Une réponse à ces questions réside dans la « sionisation » progressive que connaît l’histoire des crimes nazis depuis la fin du XXe siècle. C’est le sionisme qui a encapsulé la mémoire des six millions de Juifs assassinés par Hitler et isolé leur mémoire de celle des cinq autres millions de victimes des camps de concentration du Troisième Reich : les Tsiganes, les Slaves, les homosexuels, les  ennemis politiques, les Témoins de Jéhovah ou les personnes handicapées.

La popularisation de l’usage du terme hébreu Shoah a en outre contribué à mettre en avant certaines victimes par rapport à d’autres, faisant de l’Holocauste un épisode historique lié avant tout au judaïsme des victimes et à l’antisémitisme de leurs bourreaux. Pour l’historien Fernando Hernández Sánchez, l’antisémitisme est une « composante structurelle de l’Holocauste », mais il ne peut cacher d’autres génocides, comme celui du peuple tsigane, ni d’autres persécutions et exterminations liées à des questions sexuelles ou politiques. Pour Hernández, professeur à l’Université autonome de Madrid, la haine du nazisme à l’égard des juifs, des homosexuels ou des socialistes et communistes avait le même fil conducteur : « ils considéraient tous ces groupes comme des ennemis de l’ordre ancien, dissolvant des éléments de la société traditionnelle avec également une forte charge de cosmopolitisme et d’internationalisme.»

Selon cet historien, la gauche ne peut renoncer à « disputer » la mémoire de l’Holocauste au sionisme, une idéologie nationaliste qui veut faire du massacre de six millions de Juifs un prétexte pour légitimer Israël et sa politique envers les Palestiniens. Hernández rappelle que parmi les victimes juives de l’Holocauste, il y avait « des sionistes et des non-sionistes, des athées et des religieux [croyants], des personnes étroitement liées à la communauté juive et d’autres qui se sentaient citoyens de leur pays et pour qui l’identité juive était une question très secondaire ». , quand elles ne l’avaient pas oubliée, jusqu’à ce que les nazis la leur rappellent.»

La construction d’un récit

L’holocauste n’a pas toujours été là. Bien qu’après la Seconde Guerre mondiale les crimes nazis aient été jugés et que des efforts pédagogiques aient été initiés pour faire connaître les atrocités commises dans les camps, leur mémoire s’est effacée dans les années qui suivirent et de nombreux survivants ont été accueillis avec une grande indifférence lorsqu’ils ont voulu ériger des monuments ou publier leurs souvenirs. Le politologue américain Norman Finkelstein, fils de deux juifs polonais, tous deux survivants de l’Holocauste, a publié l’essai « L’industrie de l’Holocauste » en 2000. Finkelstein y déclarait des choses aussi inattendues que le fait que l’Holocauste avait joué un rôle assez discret dans le récit national israélien jusqu’en 1967.

Pourquoi? L’universitaire américain observe que les images des corps décharnés des Juifs ne correspondaient pas à l’image du peuple juif guerrier que David Ben Gourion, père de l’État d’Israël, voulait projeter de la nouvelle nation, née dans la guerre contre ses voisins arabes. C’est pourquoi le sionisme préférerait s’inspirer de l’imagerie du colon juif héroïque en Palestine et, quand il parle de l’Holocauste, des résistants du ghetto de Varsovie qui affrontaient leurs geôliers les armes à la main.

Il faudra attendre la guerre israélo-arabe de 1967, selon Finkelstein, pour que le sionisme, fortement critiqué au niveau international pour sa politique à l’égard du peuple palestinien, mette en avant le génocide commis par les nazis comme un certificat pour légitimer sa colonisation de la Palestine. De là, le pas serait franchi dans les décennies suivantes vers ce que Finkelstein a appelé «l’industrie de l’Holocauste», l’ensemble de l’appareil culturel construit pour diffuser le récit sioniste sur le génocide juif – films, livres, musées, fondations et projets éducatifs – ainsi que pour obtenir et gérer les millions des indemnisations financières de l’Allemagne et d’autres pays de l’Axe, ainsi que des banques et des entreprises responsables des crimes du nazisme. L’auteur s’interroge sur la destination finale de ces indemnisations, théoriquement destinées aux victimes, mais canalisées et gérées par le mouvement sioniste international à travers l’Organisation juive mondiale pour la restitution.

Le mal absolu ?

Cette semaine à Oviedo/Uviéu, le Groupe Zivia Lubetkin, lié à l’Association Asturienne des Amis d’Israël, a présenté, comme chaque année, une séance monographique à 400 écoliers de toutes les Asturies. Cette activité est organisée depuis des années en collaboration avec la Principauté [province] et les centres scolaires. La nouveauté de cette édition est qu’elle s’est tenue au milieu des bombardements et du siège de Gaza, retransmis quotidiennement dans les médias, et alors qu’Israël est déféré pour un possible crime de génocide devant le tribunal de La Haye. Ce n’est pas un hasard si, lors de l’événement, le président de l’Association asturienne des Amis d’Israël a averti les étudiants de divers instituts que le terme génocide ne pouvait pas être employé à la légère.

L’idée selon laquelle l’Holocauste représente un « mal absolu » qui ne peut être comparé à aucun autre processus de nettoyage ethnique ou de génocide est l’un des axiomes du récit sioniste. D’une certaine manière, toute analogie avec d’autres processus reviendrait à « banaliser » l’Holocauste. Certes, l’ampleur et le caractère systématique de l’extermination des Juifs en Europe constituent le degré maximum de violence dans la destruction d’une communauté. Francisco Erice, professeur à l’Université d’Oviedo, rappelle cependant que les horreurs du nazisme sont directement liées à celles du colonialisme et de l’impérialisme. Le camp de concentration n’a pas été inventé pendant la Seconde Guerre mondiale, mais dans les guerres coloniales de Cuba et des Boers, en Afrique du Sud, pour confiner des populations civiles considérées comme globalement ennemies. La philosophe allemande Hannah Arendt, juive réfugiée aux États-Unis après l’accession au pouvoir d’Hitler, a retracé dans son ouvrage publié après la Seconde Guerre mondiale cette origine de l’horreur nazie dans les horreurs du colonialisme européen. « Ce qui est nouveau, outre le caractère industriel du génocide, c’est que la violence s’applique à la population européenne », explique Erice, pour qui si l’Holocauste est « le mal absolu », comme le soulignent certains récits sionistes, « ce qu’on veut dire par là c’est que les Juifs sont les victimes absolues.»

L’auteur de « En défense de la raison » considère que le sionisme a construit l’idée d’« un peuple juif constamment assiégé et qui a le droit de tout faire pour se défendre » car à tout moment l’Holocauste peut se répéter. Le fondamentalisme islamique est désormais présenté comme la nouvelle menace à la survie du peuple juif, et la gauche qui remet en question la politique  d’Israël est « antisémite » et « négationniste ».

Face à la patrimonialisation de la souffrance, il faudrait une explication globale permettant d’établir des analogies avec le présent. Pour Fernando Hernández, l’Holocauste est un épisode historique qui doit être enseigné et expliqué dans son contexte et dans sa pluralité : « c’est comme une poupée russe qui cache de nombreuses poupées à l’intérieur ». Pour cet auteur, face au «particularisme» du récit sioniste, il est temps de construire une « mémoire universaliste » qui rende compte de toutes les victimes : la «Stolpersteine», les « Pierres qui font trébucher », un mémorial et projet artistique présent dans de nombreuses villes, et par lequel on se souvient des personnes qui sont passées par les camps de concentration ou d’extermination serait pour Hernández « une expérience intéressante où s’entrelacent les nombreuses mémoires de l’Holocauste ».

Fosses communes et objectif commun des Etats Unis et du régime sioniste

24 avril 2024

Le World Socialist Web Site nous donne un bon compte rendu de la découverte de fosses communes a proximité de l’hôpital Nasser à Gaza. Des fosses communes où des centaines de civils, hommes, femmes et enfants, ont été ensevelis par les forces terroristes sionistes.

Certains corps étaient menottés, certains étaient clairement des patients arrachés à leur lit d’hôpital, d’autres des médecins enterrés dans leur tenue de travail. Des organes auraient été prélevés sur certaines dépouilles.

Le régime sioniste nie évidemment toute responsabilité pour les charniers découverts à Gaza. Raison pour laquelle il faudrait créer une commission d’enquête internationale afin d’établir les responsabilités et, le cas échéant, verser de nouveaux éléments pour les juridictions internationales que sont la Cour Internationale de Justice et la Cour Pénale Internationale.

Il n’y aura évidemment pas de telle commission d’enquête parce que le régime sioniste et les États Unis s’y opposeront.

Ce qui intéresse en ce moment le régime sioniste et ses alliés à Washington, c’est de persévérer dans le crime en lançant une offensive sur Rafah dans le cadre d’un plan conjoint, en réalité un plan conçu conjointement pour atteindre l’objectif commun qui est de détruire le Hamas.

Si les sionistes sont enfermés dans leur logique meurtrière démentielle, force est de constater que les élites dirigeantes des Etats Unis n’ont tiré aucune leçon de leurs échecs en Afghanistan, en Irak, au Yémen ou au Vietnam.

 

Près de 300 corps découverts dans des charniers à l’hôpital Nasser de Gaza

Par Andre Damon, WSWS (USA) 23 avril 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Près de 300 corps ont été découverts dimanche et lundi dans une série de fosses communes près de l’hôpital Nasser, dans le sud de Gaza. Parmi les morts figurent des hommes, des femmes et des enfants, ainsi que des personnes dont il semble clairement qu’il s’agisse de patients de l’hôpital. Certains ont été découverts menottés, ce qui indique que les victimes ont été tuées lors d’exécutions sommaires massives.

 Après la découverte de charniers similaires à l’hôpital Shifa de Gaza le mois dernier, le charnier de l’hôpital Nasser présente une preuve supplémentaire que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont transformé les hôpitaux de Gaza en champs de bataille dans le cadre de leur génocide en cours contre les Palestiniens de l’enclave.

Exhumation de corps près de l’hôpital Nasser

La journaliste palestinienne Bisan Owda a visité le charnier lundi, rapportant que « certains corps » ont été retrouvés « sans organes, ni peau, ni tête ».

Bisan a pointé la caméra vers l’un parmi des centaines de corps en décomposition éparpillés dans le terrain où elle se trouvait. Les jambes du corps étaient bandées, ce qui suggère que la victime était un patient de l’hôpital. «Il ou elle a été blessé. Et l’armée israélienne l’a tué et enterré dans une fosse commune », a-t-elle déclaré.

 Lundi, le colonel Yamen Abu Suleiman, directeur de la protection civile à Khan Younis, a déclaré à CNN que « 73 corps avaient été retrouvés » lundi, portant le nombre total à 283.

Suleiman a déclaré à CNN que certains corps avaient été découverts avec les mains et les pieds liés, évoquant des exécutions sommaires. « Nous ne savons pas s’ils ont été enterrés vivants ou exécutés. »

Le Dr Mads Gilbert, un médecin norvégien qui a travaillé à l’hôpital Shifa, a déclaré à The Young Turks [média US progressiste] que le massacre est une «faillite morale».

Gilbert a condamné les « massacres impitoyables de civils non armés dans les hôpitaux » par Israël. Il a déclaré que ces lieux étaient «des sanctuaires pour protéger la vie et pour donner un abri aux gens lorsqu’ils sont blessés ou malades. L’armée d’occupation israélienne a utilisé ces lieux pour perpétrer les plus horribles et les plus sadiques massacres de Palestiniens .»

L’Organisation de la Coopération Islamique a réagi à cette découverte en appelant à une enquête sur les crimes de guerre, déclarant qu’Israël avait commis « d’horribles massacres ».Elle a ajou : « Des centaines de personnes déplacées, blessées, malades et des équipes médicales ont été soumises à la torture et aux abus avant d’être exécutées et enterrées collectivement. »

Les médias étatsuniens ont fait le choix conscient et délibéré de minimiser et de dissimuler la découverte des charniers, les trois principaux journaux américains – le New York Times , le Washington Post et le Wall Street Journal – n’en ayant pas parlé, malgré la couverture médiatique par CNN. .

En effet, de nouvelles révélations sur les crimes de guerre israéliens saperaient la campagne menée par l’ensemble de l’establishment politique américain pour diffamer les opposants au génocide de Gaza en les traitant d’antisémites, campagne qui est utilisée pour justifier la répression contre les  étudiants qui manifestent à travers les États-Unis. Et tout reportage de ce type révélerait leur complicité dans ces crimes : samedi, la Chambre des représentants américaine a voté à une écrasante majorité en faveur d’une nouvelle aide militaire de 26 milliards de dollars à Israël, en plus de 61 milliards de dollars pour l’Ukraine et de 8 milliards de dollars pour Taiwan.

Les charniers sont découverts alors que la famine massive à Gaza s’aggrave dans un contexte d’intensification du blocus israélien. Lundi, Tlaleng Mofokeng, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé, a déclaré : « Non seulement Israël tue et cause des dommages irréparables aux civils palestiniens avec ses bombardements, mais lui et ses alliés imposent également sciemment et intentionnellement la famine, la malnutrition prolongée, et la déshydratation.

Lundi, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé que 54 personnes avaient été tuées par des attaques israéliennes au cours des dernières 24 heures.

Mais le désastre ne fera que s’aggraver au moment où Israël se prépare à lancer une offensive sur Rafah, où sont réfugiés plus de 1,5 million de déplacés Gazaouis.

Dans un communiqué publié lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est engagé à «porter des coups supplémentaires et douloureux».

« Dans les prochains jours, nous accroîtrons la pression militaire et diplomatique sur le Hamas car c’est le seul moyen de libérer nos otages et d’obtenir notre victoire », a déclaré dimanche Netanyahou.

Au cours du week-end, des dizaines de personnes ont été tuées dans des frappes aériennes à Rafah, portant le bilan officiel du génocide israélien à Gaza à plus de 34 000 morts et des dizaines de milliers de disparus.

Jeudi, les États-Unis et Israël ont eu des discussions de haut niveau sur la planification des opérations américaines dans le sud de Gaza, au cours desquelles les États-Unis ont approuvé les plans d’Israël visant à « vaincre » le Hamas à Rafah.

Dans son compte-rendu de la réunion, la Maison Blanche a déclaré : « Les deux parties se sont mises d’accord sur l’objectif commun de voir le Hamas vaincu à Rafah. »

La semaine dernière, des publications israéliennes et arabes ont rapporté que l’administration Biden avait donné son feu vert à Israël pour mener une attaque contre Rafah.

Lundi, le Wall Street Journal a rapporté qu’Israël allait bientôt commencer à déplacer la population de Rafah en préparation d’une attaque contre la ville qui durerait des semaines.

Le journal a rapporté : « Israël se prépare à déplacer des civils de Rafah vers Khan Younis et d’autres régions voisines, où il prévoit d’installer des abris avec des tentes, des centres de distribution de nourriture et des installations médicales telles que des hôpitaux de campagne, selon des responsables égyptiens informés des plans israéliens.»

Il concluait : « Cette opération d’évacuation devrait durer deux à trois semaines et serait effectuée en coordination avec les États-Unis, l’Égypte et d’autres pays arabes tels que les Émirats arabes unis, ont indiqué les responsables égyptiens. Ils ont déclaré qu’Israël prévoyait de déplacer progressivement ses troupes vers Rafah, en ciblant les zones où Israël pense que les dirigeants et les combattants du Hamas se cachent. Les combats devraient durer au moins six semaines, ont-ils indiqué.

 

Réflexions sur le sionisme d’Ariella Aïsha Azoulay, juive palestinienne

21 avril 2024

Avec Ariella Aïsha Azoulay, on a en quelque sorte le chaînon manquant dans la compréhension du sionisme et de l’antisionisme. C’est du moins le cas pour moi.

Ceux qui s’intéressent à la situation du peuple palestinien connaissent généralement le(s) point(s) de vue des sionistes, ne serait-ce que ce qu’on peut lire dans la presse grand public; ils connaissent le(s) point(s) de vue des Palestiniens, celui des Juifs antisionistes (par exemple Ilan Halevi) ou post-sionistes (par exemple Shlomo Sand) mais la découverte pour moi c’est Ariella Aïsha Azoulay qui se définit comme de mère juive palestinienne (son père était un Juif originaire d’Algérie).

Ariella Aïsha Azoulay

Ariella Aïsha Azoulay développe une approche qui, de mon point de vue, comporte des aspects particulièrement originaux. Celui qui m’a le plus frappé c’est ce qu’elle écrit sur l’exceptionnalisation de la souffrance des Juifs comme pendant de l’exceptionnalisation de la violence génocidaire du nazisme, la victoire sur ce dernier faisant de l’entité sioniste l’emblème de la puissance occidentale. Un grand récit de la lutte du bien contre le mal qui a contraint les Juifs à se transformer de «survivants traumatisés en bourreaux»: victime – bourreau simultanément, c’est bien ce que nous entendons quand nous écoutons les sionistes se présenter en victimes tout en exposant ce qu’ils considèrent être leur force et leur capacité à en user comme ils le font en ce moment en  massacrant des civils à Gaza.

Le sionisme a tué le monde judéo-musulman

Un entretien avec Ariella Aïsha Azoulay, Jacobin (USA) 11 avril 2024, traduit de l’anglais par Djazaïri

Dans une interview avec Jacobin , la cinéaste et universitaire Ariella Aïsha Azoulay retrace comment l’exploitation du sionisme par les puissances occidentales a conduit non seulement au nettoyage ethnique de la Palestine, mais aussi à la disparition des communautés juives à travers le Moyen-Orient.

Entretien conduit par Linda Xheza

Née en Israël, Ariella Aïsha Azoulay, cinéaste, commissaire d’exposition et universitaire, rejette l’identité israélienne. Avant de devenir Israélienne à dix-neuf ans, sa mère était simplement juive palestinienne. Pendant une grande partie de l’histoire, cette combinaison de mots n’avait rien d’inhabituel. En Palestine, une minorité juive a vécu en paix aux côtés de la majorité musulmane pendant des siècles.

Cela a changé avec le mouvement sioniste et la fondation d’Israël. Le nettoyage ethnique des Juifs d’Europe conduira, grâce aux sionistes européens, non seulement à celui des musulmans de Palestine mais aussi à celui des Juifs du reste du Moyen-Orient, avec près d’un million de personnes fuyant à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948, dont beaucoup vers Israël.

Dans une interview avec Jacobin , Azoulay replace le génocide israélien à Gaza dans le contexte de l’histoire longue de l’impérialisme européen et américain. Azoulay est professeur de littérature comparée à Brown [université de la côte est des États Unis] et auteur de Potential History: Unlearning Imperialism (Verso, 2019).

LINDA XHEZA

Vous vous identifiez comme juive palestinienne. Pourriez vous nous en dire plus à ce sujet ? Pour beaucoup de gens, ces mots s’opposent.

ARIELLA AÏSHA AZOULAY

Que ces termes soient compris comme s’excluant mutuellement, ou en opposition, comme vous le suggérez, est le symptôme de deux siècles de violence. En quelques générations, des Juifs de diverses origines vivant partout dans le monde ont été privés de leurs divers attachements à la terre, aux langues, aux communautés, aux professions et aux formes de partage du monde.

La question qui devrait nous préoccuper n’est pas de savoir comment donner un sens à la prétendue impossibilité de l’identité juive palestinienne, mais plutôt l’inverse : comment se fait-il que l’identité fabriquée, connue sous le nom d’Israélienne, ait été reconnue comme  chose ordinaire par beaucoup à travers le monde après la création de l’État en 1948  ? Non seulement cette identité obscurcit l’histoire et la mémoire des diverses communautés et formes de vie juives, mais elle obscurcit également l’histoire et la mémoire de ce que l’Europe a fait aux Juifs en Europe, en Afrique et en Asie dans ses projets coloniaux.

Israël a en partage avec ces puissances impériales l’intérêt d’occulter le fait que «l’État d’Israël n’a pas été créé pour le salut des Juifs ; il a été créé pour le salut des intérêts occidentaux », comme l’écrivait James Baldwin en 1979 dans sa « Lettre ouverte aux Born Again ». Dans sa lettre, Baldwin compare lucidement le projet colonial euro-américain pour les Juifs avec le projet américain pour les noirs au Libéria : « Les Américains blancs responsables de l’envoi d’esclaves noirs au Libéria (où ils travaillent toujours pour la plantation de caoutchouc de Firestone) n’ont pas fait cela pour les libérer. Ils les méprisaient et voulaient s’en débarrasser.»

Juifs dans la ville de Buqei’a en Palestine vers 1930

Avant la proclamation de l’État d’Israël et sa reconnaissance immédiate par les puissances impériales, l’identité juive palestinienne était l’une des nombreuses identités qui existaient en Palestine. Le terme « Palestinien » n’avait pas encore de connotation racialisée. Mes ancêtres maternels, qui ont été expulsés d’Espagne à la fin du XVe siècle, se sont retrouvés en Palestine avant que le mouvement euro-sioniste ne commence ses actions là-bas et avant que le mouvement ne commence progressivement à confondre l’aide aux Juifs en réponse aux attaques antisémites en Europe avec l’imposition d’un projet de colonisation sur le modèle européen auquel les Juifs pourraient participer – un projet non seulement interprété comme un projet de libération juive mais fondé sur une croisade européenne contre les Arabes. La décolonisation nécessite de retrouver les identités plurielles qui existaient autrefois en Palestine et dans d’autres endroits de l’Empire ottoman, notamment ceux où coexistaient juifs et musulmans.

LINDA XHEZA

Dans votre film le plus récent,  «Le monde comme un joyau dans la main», vous évoquez la destruction d’un monde islamo-juif partagé. Vous mettez en avant un appel lancé par des Juifs qui, à la fin des années 1940, ont rejeté la campagne sioniste européenne et ont exhorté leurs compatriotes juifs à résister à la destruction de la Palestine. Compte tenu de la récente destruction de vies, d’infrastructures et de monuments à Gaza, pensez-vous qu’il est encore possible pour les juifs et les musulmans de récupérer leur monde commun ?

ARIELLA AÏSHA AZOULAY

Tout d’abord, la partie historique. Les sionistes ont cherché à effacer à jamais cet appel des Juifs antisionistes de nos mémoires. Ces anciens juifs faisaient partie d’un monde judéo-musulman et ils ne voulaient pas en sortir. Ils ont mis en garde contre le danger que le sionisme représente pour les Juifs comme eux dans ce monde qui existait entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, y compris en Palestine.

Nous devons rappeler que jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le sionisme était un mouvement marginal et sans importance parmi les populations juives du monde entier. Ainsi, jusqu’à cette époque, nos aînés n’avaient même pas à s’opposer au sionisme ; ils pouvaient simplement l’ignorer. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, alors que les Juifs survivants en Europe – qui n’étaient pour la plupart pas sionistes avant la guerre – n’avaient presque nulle part où aller, que les puissances impériales euro-américaines ont saisi l’opportunité de soutenir le projet sioniste. Pour eux, il s’agissait d’une alternative viable au maintien des Juifs en Europe ou à leur migration vers les États-Unis, et ils ont utilisé les organismes internationaux qu’ils ont créés pour accélérer sa réalisation.

Ce faisant, ils ont propagé le mensonge selon lequel leurs actions constituaient un projet de libération juive, alors qu’en réalité, ce projet a poursuivi l’éradication de diverses communautés juives bien au-delà de l’Europe. Et pire encore, la libération juive a été utilisée comme une autorisation et une raison pour détruire la Palestine. Cela n’aurait pas pu être entrepris sans qu’un nombre croissant de Juifs ne deviennent les mercenaires de l’Europe : les Juifs qui avaient émigré en Palestine alors qu’ils fuyaient ou après avoir survécu au génocide en Europe, les Juifs palestiniens qui ont précédé l’arrivée des sionistes et les Juifs qu’on a persuadés de venir en Palestine ou laissés sans autre choix que de quitter le monde judéo- musulman depuis qu’Israël a été créé, avec le programme clair d’être un État anti-musulman et anti-arabe – tous ont été encouragés par l’Europe et les sionistes européens à voir les Arabes et les musulmans comme leurs ennemis.

Il ne faut pas oublier que les musulmans et les Arabes n’ont jamais été les ennemis des Juifs et, par ailleurs, qu’un grand nombre de ces Juifs vivant dans le monde à majorité musulmane étaient eux-mêmes Arabes. Ce n’est qu’avec la création de l’État d’Israël que ces deux catégories – Juifs et Arabes – sont devenues mutuellement exclusives.

La destruction de ce monde judéo-musulman après la Seconde Guerre mondiale a permis l’invention d’une tradition judéo-chrétienne, qui deviendra dès lors une réalité, puisque les Juifs ne vivent plus en dehors du monde chrétien occidental. La survie d’un régime juif en Israël nécessitait davantage de colons, et les Juifs du monde juif musulman furent donc contraints de partir pour faire partie de cet ethno-État. Détachés et privés de leurs histoires riches et diverses, ils pourraient être socialisés à ce rôle que leur assigne l’Europe – mercenaires de ce régime colonial de peuplement pour restaurer la puissance occidentale au Moyen-Orient.

Comprendre ce contexte historique ne réduit pas la responsabilité des auteurs sionistes pour les crimes qu’ils ont commis contre les Palestiniens au fil des décennies ; cela rappelle plutôt le rôle de l’Europe dans la destruction et l’extermination des communautés juives principalement, mais pas seulement, en Europe, et son rôle dans la remise de la Palestine aux sionistes, les représentants présumés des survivants de ce génocide qui formaient un avant-poste occidental. pour ces mêmes acteurs européens au Moyen-Orient

Paradoxalement, le seul endroit au monde où Juifs et Arabes – dont la plupart sont musulmans – partagent aujourd’hui le même morceau de terre se trouve entre le fleuve Jourdain et la mer. Mais depuis 1948, ce lieu est marqué par la violence génocidaire. Les questions urgentes sont désormais de savoir comment mettre fin au génocide et comment arrêter l’introduction d’armes supplémentaires dans cette région.

Dans Eichmann à Jérusalem , Hannah Arendt décrit les sentiments contradictoires ressentis par les survivants juifs de l’Holocauste au cours des années qu’ils ont passées dans les camps de personnes déplacées en Europe. D’un côté, dit-elle, la dernière chose qu’ils pouvaient imaginer était de vivre à nouveau avec les agresseurs ; d’un autre côté, dit-elle, ce qu’ils désiraient le plus était de retourner chez eux. Il ne faut pas s’étonner qu’après le génocide de Gaza, les Palestiniens ne puissent plus imaginer partager un monde avec leurs bourreaux, les Israéliens. Pour autant, est-ce une preuve que ce monde, où Arabes et Juifs sionistes se sont retrouvés ensemble, doit également être détruit pour reconstruire la Palestine sur ses cendres ? Ce n’est que grâce à l’imagination politique impériale euro-américaine qu’une tragédie de l’ampleur de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste aurait pu se terminer par des solutions aussi brutales que les partitions, les transferts de population, l’ethno-indépendance et la destruction de mondes.

Nous, à l’échelle mondiale, avons l’obligation de revendiquer ce que j’appelle le droit de ne pas être un fauteur de violences et de l’exercer de toutes les manières possibles. Les dockers qui refusent d’expédier des armes en Israël, les étudiants qui s’engagent dans des grèves de la faim pour faire pression sur leurs universités afin qu’elles désinvestissent, les Juifs qui perturbent leurs communautés et leurs familles et réclament leurs droits ancestraux d’être et de parler en tant qu’antisionistes, les manifestants qui occupent les bâtiments de l’État. et les gares et risquent d’être arrêtés — ils sont tous motivés par ce droit même s’ils ne l’articulent pas en ces termes. Ils comprennent le rôle que jouent leurs gouvernements, et plus largement les régimes sous lesquels ils sont gouvernés en tant que citoyens, dans la perpétuation de ce génocide, et ils comprennent, comme le dit le slogan bien connu, que cela est commis en leur nom.

LINDA XHEZA

Ceux qui réclament un cessez-le-feu sont également juifs. Mais même les voix juives sont réduites au silence. En Allemagne, par exemple, le travail d’artistes juifs bien établis a été censuré. Pensez-vous qu’il y a un intérêt à renforcer un discours dominant mis en place depuis 1948 par l’Occident et l’État d’Israël tout en réprimant les voix juives qui s’opposent à la violence perpétrée en leur nom ?

ARIELLA AÏSHA AZOULAY

Il est vrai que des voix juives sont réduites au silence, mais cela n’a rien de nouveau. Les voix juives ont été réduites au silence immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les survivants n’ont eu d’autre choix que de rester des années déracinés dans des camps. Pendant cette période, les biens pillés au sein de leurs communautés, plutôt que d’être restitués dans les endroits d’Europe d’où ils ont été pillés, ont été partagés comme des trophées par la Bibliothèque nationale de Jérusalem et la Bibliothèque du Congrès de Washington. Et non seulement le traumatisme collectif des survivants – et de nous, leurs descendants – n’a pas été pris en compte, mais nous avons été réduits au silence par ce mensonge d’un projet de libération fondé sur un récit sioniste de libération par la colonisation de la Palestine, qui à son tour fournirait aux puissances euro-américaines une nouvelle colonie pour servir leurs intérêts impériaux.

L’exceptionnalisation de la souffrance des Juifs n’était pas un projet discursif juif mais occidental, faisant pendant à l’exceptionnalisation de la violence génocidaire des nazis. Dans le grand récit du triomphe occidental sur cette force ultime du mal, l’État d’Israël est devenu un emblème de la force de l’Occident et a marqué la pérennité du projet impérial euro-américain. Dans le cadre de ce grand récit, les Juifs ont été contraints de se transformer de survivants traumatisés en bourreaux. Des Juifs du monde entier ont été envoyés [en Palestine] pour gagner une bataille démographique, sans laquelle le régime israélien ne pourrait pas durer. Les deuxième et troisième générations nées de ce projet sont nées sans histoire ni souvenir de leurs ancêtres antisionistes ou non sionistes, et encore moins de souvenirs des autres mondes dont faisaient partie leurs ancêtres. De plus, ils étaient totalement dissociés de l’histoire de ce qu’était la Palestine et de sa destruction. Ils étaient donc des proies faciles pour un État-nation vendu par les sionistes et les puissances euro-américaines comme le point culminant de la libération juive.

La Nakba, en ce sens, n’était pas seulement une campagne génocidaire contre les Palestiniens mais aussi, en même temps, contre les Juifs, à qui l’Europe a imposé une autre «solution» après la finale. Sans le financement et l’armement massifs par les puissances impériales, les massacres à Gaza auraient cessé en peu de temps, et les Israéliens devraient se demander ce qu’ils faisaient, comment ils en sont arrivés à ce point, et seraient obligés de réfléchir sur le 7 octobre et se demander pourquoi cela s’est produit et comment parvenir durablement à ce que tous puissent vivre entre le fleuve et la mer.

Les voix juives dans des pays comme l’Allemagne ou la France continuent d’être les premières à être réduites au silence afin de maintenir à la fois la colonie sioniste et la cohésion fabriquée d’un seul peuple juif qui pourrait être représenté par des forces soutenant le projet euro-américain de suprématie blanche. Rien d’autre. La nature génocidaire du régime israélien est apparue au grand jour et ne peut plus être cachée à personne.

LINDA XHEZA

Pensez-vous qu’il y a encore une possibilité d’espoir pour les Palestiniens et pour ceux d’entre nous qui voulons revendiquer un monde à partager avec les autres ?

ARIELLA AÏSHA AZOULAY

S’il n’y a aucun espoir pour les Palestiniens, il n’y a aucun espoir pour aucun d’entre nous. La bataille de Palestine dépasse la Palestine, et tous ceux qui protestent partout dans le monde le savent.

CONTRIBUTRICES

Ariella Aïsha Azoulay est essayiste cinématographique, commissaire d’exposition et professeur de culture moderne et de littérature comparée à l’Université Brown.

Linda Xheza écrit sur la photographie et l’immigration à l’École d’analyse culturelle d’Amsterdam, Université d’Amsterdam.

Un regard réaliste sur la riposte de l’Iran contre le régime sioniste

16 avril 2024

La riposte de l’Iran à l’attaque sioniste contre le consulat de ce pays à Damas, où 16 officiers dont de très hauts gradés du corps des Gardiens de la Révolution ont trouvé la mort, a été de grande ampleur mais proportionnée dans la mesure où elle se voulait avant tout dissuasive d’autres actions meurtrières de l’entité sioniste.

Le consulat iranien à Damas a été complètement rasé le 1er avril

Les Occidentaux et le régime sioniste lui-même se flattent d’un taux de destruction des engins lancés par l’armée iranienne de 99 %, ce qui attesterait de l’efficacité des systèmes de DCA mis au point par les sionistes (avec l’aide et l’argent des Etats Unis) .

Comme le relève Moon of Alabama dans l’article que je vous propose, ce taux élevé, quoique probablement plus faible, a été rendu possible par trois facteurs: le premier, le plus important, est que l’Iran a prévenu les Etats Unis du moment de l’attaque, le deuxième est que divers alliés de l’entité sioniste, Jordanie, Etats Unis, Grande Bretagne et France, ont joué un rôle majeur dans l’interception des projectiles iraniens, le troisième facteur est que l’Iran s’est limité à viser des objectifs militaires.

Il n’en reste pas moins que la quasi totalité, voire la totalité, des missiles balistiques iraniens ont atteint leurs objectifs, à savoir deux aérodromes militaires et une base du renseignement. Quant à la nature et à l’ampleur des dégâts, elles seront connues plus tard ou peut-être jamais.

La neutralisation des drones et missiles iraniens aurait coûté plus d’un milliard de dollars au régime sioniste et à ses alliés. Alors que le gros des engins lancés par l’Iran consistait en drones de type Shaheed 136 qui coûtent au maximum 20 000 dollars pièce. Si le missile Tamir, sol-air à courte portée d e l’entité sioniste ne  coûte «que» 50 000 dollars l’unité, on passe à un million de dollars pour chaque missile su système Fronde de David et à trois millions pour le missile Arrow supposé intercepter les missiles balistiques dans la très haute atmosphère.

Drone Shaheed 136

N’importe quel esprit logique considérerait qu’il vaut mieux s’abstenir d’entamer un bras de fer ruineux, au niveau financier et peut-être en termes humains et matériels, avec l’Iran.

Mais les dirigeants sionistes fonctionnent selon une logique particulière qui n’est pas celle du commun des mortels.

L’Axe de la Résistance a pénétré l’écran de sécurité sioniste

Moon of Alabama (USA) 15 avril 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le 7 octobre 2023, le Hamas a franchi la clôture autour de Gaza. Il a infiltré les installations militaires et les kibboutz avec l’intention de prendre autant d’otages que possible, ceux-ci devant être emmenés à Gaza pour de futurs échanges de prisonniers.

Malgré les avertissements de leurs services locaux, les dirigeants de l’entité sioniste ont été surpris par cette action. Leur réaction excessive et la directive Hannibal ont entraîné la mort de nombreux otages.

L’événement a été un choc pour la population israélienne qui se croyait en sécurité. Le 7 octobre et les six mois de combats à Gaza et à la frontière nord ont changé la donne.

Mais jusqu’à présent, le danger provenait uniquement de milices, du Hezbollah et du Hamas. Même si celles-ci ont des capacités militaires, elles ne disposent pas des instruments d’un État-nation à part entière.

Toujours trop confiants dans leurs propres capacités, les dirigeants de l’entité sioniste ont commis une deuxième erreur. Ils avaient déjà attaqué des émissaires iraniens en Syrie et au Liban. Cela a été couronné par une attaque contre l’ambassade iranienne en Syrie. Ils ne s’attendaient pas à ce que l’Iran y réponde.

Mais poussé par sa propre opinion publique, l’Iran a dû réagir. Il fallait le faire d’une manière convaincante, sans pour autant aller à de nouvelles escalades. Un équilibre très difficile à atteindre.

Son attaque contre les bases aériennes israéliennes dans le Néguev et contre une base du Mossad sur les hauteurs du Golan a été couronnée de succès malgré les faits suivants :

– Israël et tous les autres ont été avertis de la frappe

– plusieurs alliés d’Israël – les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Jordanie – ont ajouté d’importants moyens pour épauler la défense aérienne israélienne

– les cibles étaient parmi les plus difficiles à atteindre.

Comme le dit Scott Ritter:

« Les États-Unis disposent d’un radar avancé AN/TPY-2 en bande X stationné à Har Qeren, dans le désert du Néguev. Sa mission est de détecter les lancements de missiles iraniens et de transmettre des données de ciblage aux batteries israéliennes Arrow et Fronde de David ainsi qu’aux batteries américaines THAAD ABM déployées pour protéger les sites israéliens sensibles, notamment Dimona et les bases aériennes de Nevatim et Ramon.

« Des missiles iraniens ont frappé les bases aériennes de Nevatim et de Ramon. Le meilleur radar de surveillance au monde, fonctionnant de concert avec les défenses antimissiles les plus sophistiquées au monde, s’est montré impuissant face à l’attaque iranienne. »

Je dirais pour ma part que le « meilleur radar de surveillance au monde » et « la défense antimissile la plus sophistiquée au monde » sont probablement ce dont disposent les Russes.

Mais peu importe.

L’attaque a traversé toutes les défenses et atteint les cibles assignées. (La précision avec laquelle cela a été fait ne sera pas connue avant un certain temps.)

Ce fut une opération techniquement impressionnante et extrêmement réussie .

Israël s’abstiendra probablement de riposter. Ne serait-ce que parce qu’il ne dispose d’aucune défense efficace contre une frappe similaire et certainement pas de suffisamment de quoi que ce soit pour se défendre contre une série de telles frappes.

Demandez-vous simplement ce qui se passerait:

– si l’Iran frappait sans avertissement ?

– si les alliés israéliens n’étaient pas préparés ou peu disposés à contrer une frappe ?

– si l’Iran frappait des cibles de plus grande valeur industrielles et/ou non militaires ?

Une telle attaque pourrait être catastrophique pour Israël.

La sécurité de sa population juive est la raison d’être de l’État sioniste. C’est l’argument avancé par Israël pour encourager l’immigration.

Israël n’est plus en sécurité. Elle ne peut plus faire ce qu’elle veut sans avoir à en craindre les conséquences.

Il faudra un certain temps pour que ce fait s’imprègne dans l’esprit des sionistes.

Mais ça viendra.

Suite aux événements du 7 octobre et du 14 avril, la population sioniste d’Israël pourrait bien diminuer.

Le jour d’après la défaite stratégique de l’entité sioniste

26 février 2024

Si on prête quelque attention à ce qui se passe en France, chacun peut constater une promotion organisée du Rassemblement National qui va au delà d’une simple banalisation. Les cadres de ce parti fondé par des anciens de l’Organisation Armée Secrète (OAS), nostalgiques de l’Algérie française, ont renoncé à l’antisémitisme et ont en parallèle pris position en faveur du régime sioniste. Un changement qui est le fruit d’un travail initié il y a des années par Louis Alliot, l’ex compagnon de Marine Le Pen, lui-même fils d’une mère issue de la communauté juive d’Algérie.

Avec et à côté de la promotion du RN, on est bien obligé de constater la mise en pratique d’une islamophobie d’État avec la fameuse loi sur le «séparatisme»,  des expulsions d’imams, la résiliation du contrat d’association du lycée Averroès dans le département du Nord et la menace de fermeture du collège privé hors contrat Avicenne à Nice. Vendue comme mesure contre le « séparatisme » musulman, cette loi participe aussi de la répression de ceux qui déplaisent au gouvernement [ » Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste….. »]

Ce ne sont là que quelques aspects très visibles d’une politique qui avance de manière méthodique en tordant le bras au droit et en travestissant la réalité.

A cet égard la France n’est pas un cas isolé même si elle a peut-être pris un peu d’avance sur d’autres pays occidentaux..

Si on en croit l’article que je vous propose, ce n’est là qu’un début qui se transformera, puisque les Musulmans sont présentés comme des envahisseurs venus remplacer les «Français»,  en une espèce de Reconquista, c’est-à-dire en déportation ou en obligation pour les Arabo-Musulmans de se transformer en conversos, ici de la République, là de l’acceptation de l’unbreakable bond  [le lien indissoluble] avec l’entité sioniste.

Selon l’auteur de l’article, les choses s’accéléreront quand les Occidentaux auront pris conscience de la défaite qu’est en train de subir le régime sioniste en Palestine. Une défaite stratégique s’entend parce que, en matière de destructions, de femmes et d’enfants tués, le régime sioniste reste imbattable.

 Les grands perdants de la victoire de Gaza

Par Ahmed, MENA Unleashed, 25 février 2024 Traduit de l’anglais par Djazaïri

Les plus grands perdants de la victoire de Gaza seront les Arabes et les Musulmans libéraux qui résident en Occident. J’éprouve sincèrement de la tristesse pour eux parce qu’ils sont les moins conscients du danger qui les guette. Pour la première fois depuis des siècles, des Arabes musulmans sunnites gagnent des guerres et sont sur le point de retirer une pièce centrale de l’Occident dans la région. Non seulement ça, mais ils le font en alliance avec des Arabes chiites et le soutien de l’Iran.

Yahia Sinwar, chef du Hamas à Gaza dont
la tête est mise à prix par le régime sioniste

A cause du bruit des combats, les Arabes et Musulmans libéraux en Occident et les opinions publiques occidentales pensent que le Hamas est en train de perdre et que c’en est fini de la Palestine. D’où le fait que la conversation se concentre sur la déploration et les lamentations sur la défaite supposée. Cependant, tout cela va changer quand la victoire palestinienne deviendra évidente. Quelle sera selon vous la réaction des élites occidentales face à cette défaite civilisationnelle ? Elles vont revenir sur le contrat social qui permettait aux Arabes et Musulmans libéraux de vivre en Occident ces dernières dizaines d’années. Ce mouvement a déjà commencé. Les Républicains aux États-Unis et les conservateurs au Royaume Uni préparent leurs opinions publiques en ce sens. Une fois que la défaite israélienne sera reconnue officiellement, les attaques commenceront contre ces minorités. Les expulsions et les confiscations de biens deviendront une exigence populaire. Avec l’approfondissement de la crise en Occident, les élites dirigeront le mécontentement populaire vers les Musulmans et se serviront de la victoire palestinienne pour mobiliser pour la guerre avec l’aide de l’extrême droite israélienne et des accusations de soutien au terrorisme.

Les Arabes et Musulmans libéraux en Occident devraient prendre cette menace extrêmement sérieusement. La menace qui se profile ne viendra pas de secteurs marginaux de l’Occident mais des courants dominants. Comme je l’ai dit dès le début de la guerre, il faudra une dizaine d’années pour que les gens se fassent à l’idée qu’Israël a perdu et que la Palestine a gagné. Je crains que d’ici là, il ne soit trop tard pour agir

Un débat sur Gaza provoque une crise parlementaire au Royaume Uni

22 février 2024



La situation en Palestine, à Gaza précisément, est à l’origine d’une sérieuse crise politique au Royaume Uni. En effet, en sa qualité de parti d’opposition et troisième force politique représentée à la House of Commons, l’équivalent de l’Assemblée Nationale française, le Parti National Ecossais bénéficie de «fenêtres» parlementaires qui lui permettent de soumettre des textes au vote. Et le parti écossais a choisi de proposer au vote une motion exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Devant le risque qu’un certain nombre d’élus travaillistes votent cette motion, le leader du Labour Party, Keir Starmer (une sorte de Manuel Valls anglais) a négocié avec Lindsay Hoyle, le président du parlement, la mise au vote préalable d’une motion travailliste appelant mettant des conditions (à remplir par les Palestiniens) pour un arrêt de la guerre.

Le problème est que cette démarche est absolument contraire aux règles de fonctionnement du parlement britannique qui est, rappelons-le, le plus ancien parlement encore en activité avec des règles et des usages multiséculaires. Le résultat est que l’acceptation de la proposition travailliste par le président du parlement a provoqué la colère de nombreux députés et irrité jusqu’au gouvernement.

Lindsay Hoyle

Nous avons avec Starmer l’exemple d’un responsable politique d’opposition  d’une vieille démocratie parlementaire qui est prêt à fouler aux pieds les règles que se ancêtres ont établies et maintenues pour complaire au régime sioniste.

C’est dire l’ampleur du problème que pose le sionisme à ces pays dont els dirigeants élus se mettent sans trop d’états d’âme au service d’une puissance étrangère.

On note que Starmer dit ne pas avoir menacé le président du parlement pour qu’il accède à sa requête. On se demande pourquoi il dit ça!

Le président de la Chambre des communes se bat pour garder son poste après un débat chaotique sur Gaza

Plus de 60 députés signent une motion de censure contre Sir Lindsay Hoyle

Par Jim Pickard , Lucy Fisher et George Parker, Financial Tiimes (UK) 22 février 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Sir Lindsay Hoyle s’est accroché à son poste après que plus d’un dixième des députés ont signé une motion de censure à l’encontre du président de la Chambre des communes à propos de sa gestion d’un débat chaotique sur la guerre à Gaza.

Hoyle, qui a présenté ses excuses aux députés vers la fin du débat mercredi soir, les a réitérées jeudi, tandis que le Premier ministre Rishi Sunak a noté que le Président allait « réfléchir à ce qui s’est passé ». Mais son poste pourrait être à nouveau menacé la semaine prochaine.

Le président a rompu avec les règles parlementaires mercredi pour permettre le vote d’un amendement travailliste à une motion du Parti National Écossais [Scottish National Party, SNP, NdT] exigeant un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas .

Hoyle a affirmé avoir voulu permettre aux députés de s’exprimer clairement en leur permettant de voter sur différentes propositions du Labour, du SNP et du gouvernement, dans l’espoir de limiter les risques pour leur sécurité.

« Je ne veux surtout pas me retrouver dans une situation où je décroche le téléphone pour apprendre qu’un ami, quel que soit son camp, a été assassiné par des terroristes », a-t-il déclaré dans une déclaration émouvante.

Mais la volonté de Hoyle de contourner les règles des Communes, prétendument en raison d’une menace d’intimidation ou de violence, a rendu furieux de nombreux députés et a été critiquée par Sunak [Rishi Sunak, le premier ministre, NdT].

« Je pense que le point important ici est que nous ne devrions jamais laisser les extrémistes nous intimider et nous amener à changer la manière dont le Parlement fonctionne », a déclaré le Premier ministre.

Mais Hoyle a échappé à des critiques plus cinglantes de la part du gouvernement, ce qui aurait pu signifier la fin immédiate de son mandat à la présidence des Communes, poste qu’il occupe depuis 2019

Penny Mordaunt, ministre chargée des relations avec la Chambre des Communes, et d’autres ministres ont dirigé davantage leurs tirs sur Sir Keir Starmer, le leader travailliste, qui, selon eux, avait fait pression sur Hoyle pour qu’il autorise un vote sur l’amendement du parti sur Gaza. 

Mordaunt a déclaré que Starmer avait « affaibli le bureau du Président» et fait passer les intérêts de son parti avant « l’homme honnête qui occupe le fauteuil de Président ».

Cependant, la position de Hoyle reste menacée après que Stephen Flynn, leader du SNP à Westminster, a déclaré que son parti n’avait plus confiance en lui. Jeudi à 18 heures, un total de 67 députés du SNP et des députés conservateurs avaient signé une motion de censure.

Si le nombre de signataires augmente dans les prochains jours – ou même reste à ce niveau – alors Mordaunt sera sous pression pour accorder un temps à un vote de confiance formel aux Communes.

Hoyle – un ancien député travailliste – occupe une position de neutralité en présidant les débats à la Chambre des Communes, mais sa gestion du débat sur Gaza a été considérée par ses détracteurs comme partisane.

Il a permis aux députés travaillistes de voter en premier sur un amendement appelant à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » déposé par Starmer, qui n’était pas formulé aussi fermement que la motion du SNP.

Alors que le SNP appelait à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, l’amendement travailliste contenait des réserves, notamment la remise des otages israéliens par le Hamas. L’amendement travailliste a finalement été adopté par les Communes sans vote.

De nombreux députés travaillistes qui n’ont pas appelé à un cessez-le-feu à Gaza ont fait l’objet de menaces et d’intimidations de la part de manifestants.

Starmer, s’exprimant lors d’une visite dans le Sussex jeudi, a démenti «catégoriquement » avoir fait pression sur Hoyle lors d’une réunion mercredi avant le débat, ajoutant qu’il « n’a pas menacé le Président de quelque manière que ce soit ».

Un membre du gouvernement a suggéré qu’il était peut-être trop tard pour que Hoyle puisse sauver son poste. Il a souligné que l’un de ses prédécesseurs, Michael Martin, avait démissionné de son poste de président en 2009 , le jour même où 23 députés signaient une motion de censure à son encontre. Le Président a proposé au SNP un autre débat sur Gaza à la Chambre des Communes, mais le parti n’a pas encore précisé s’il l’accepterait car il s’agirait d’un « débat d’urgence » qui pourrait ne pas comporter de question de fond.

Canada: l’essor du soutien populaire à la Palestine

22 février 2024

Un article dans un média que je ne connaissais pas fondé par un fils d’immigrants indiens aux Etats Unis dont l’histoire personnelle correspond en gros au mythe du self-made man dans un pays plein d’opportunités.

Sakchi Khandelwal

L’article parle du développement au Canada d’un mouvement de solidarité avec le peuple palestinien dont la particularité est de ne pas être initié par des partis ou des syndicats mais de résulter de la dynamique des relations interpersonnelles, des conversations que les gens plus ou moins ordinaires peuvent entretenir au quotidien.

Du sionisme à la solidarité : comment le point de vue d’un professeur canadien sur la Palestine a changé

Découvrez le parcours personnel de David Kahane, un professeur juif d’Edmonton qui est passé d’une position pro-israélienne à la défense des droits des Palestiniens au Canada. Soyez témoin du pouvoir de l’activisme populaire et des relations interpersonnelles dans la conduite du changement social.

Par Sakchi Khandelwal, BNN (USA-Hong Kong) 21 février 2024 traduit de l’anglais par Djazaïri

Au cœur d’Edmonton, une ville plus connue pour ses hivers glaciaux que pour sa ferveur politique, David Kahane, professeur juif de sciences politiques âgé de 61 ans, se retrouve à l’avant-garde d’un mouvement qui remodèle le paysage du militantisme canadien. Éduqué dans une famille résolument pro-israélienne, le parcours de Kahane pour devenir membre actif d’Independent Jewish Voices Edmonton et défendre les droits des Palestiniens n’est pas seulement une histoire de transformation personnelle, mais le reflet d’un éveil plus large à travers le Canada.

Une conversation qui a tout changé

Le catalyseur du changement de Kahane était apparemment banal : une conversation avec un voisin qui a mis à nu les complexités du conflit israélo-palestinien. Cette rencontre l’a amené à remettre en question les récits avec lesquels il avait grandi et à explorer les réalités de ce qu’il appelle aujourd’hui le régime d’apartheid israélien. Son implication auprès d’Independent Jewish Voices Edmonton a commencé peu de temps après, marquant le début d’un engagement dans des manifestations, des événements éducatifs et des actions de solidarité qui l’entraîneront dans un débat national, voire international, sur la justice et les droits de l’homme

La montée de l’activisme populaire

Depuis l’attaque israélienne contre Gaza en octobre, le Canada a été témoin d’une recrudescence des actions de solidarité pour la Palestine, avec des organisations comme Independent Jewish Voices et le Mouvement de la jeunesse palestinienne qui connaissent une croissance sans précédent. Cette vague de soutien ne se limite pas aux marges de l’activisme politique mais couvre un large spectre de la population canadienne. Des personnes d’horizons divers, dont beaucoup avaient auparavant des opinions neutres, voire favorables au sionisme, ont été stimulées à agir. Ce phénomène est en partie motivé par une prise de conscience collective de l’interdépendance de leur histoire avec la colonisation et l’oppression, parallèlement à une prise de conscience croissante du pouvoir des mouvements populaires pour mettre en œuvre un changement social.

Construire des ponts grâce à des connexions personnelles

Au cœur de ce mouvement à l’échelle nationale se trouve le pouvoir transformateur des relations interpersonnelles. L’histoire de Kahane est emblématique de la façon dont les prises de conscience individuelles peuvent catalyser l’action collective. Partout au Canada, ceux qui ont rejoint les rangs du mouvement «Palestine libre» citent souvent des histoires personnelles d’éveil et de solidarité qui les ont poussés à agir. Ces récits soulignent une vérité cruciale : face à l’injustice systémique, les histoires personnelles et les liens peuvent non seulement inspirer, mais aussi combler les fossés, favorisant un sentiment d’humanité et d’objectif partagés.

À mesure que le mouvement « Palestine libre » continue de croître, il met les Canadiens au défi d’affronter des vérités inconfortables sur l’oppression et la complicité. Pourtant, il offre également une lueur d’espoir, démontrant que le changement est possible lorsque les individus sont prêts à remettre en question des croyances profondément ancrées et à se montrer solidaires avec ceux qui luttent pour leurs droits. La transformation de David Kahane, d’une éducation pro-israélienne à ardent défenseur des droits des Palestiniens, n’est qu’une histoire parmi tant d’autres, mais elle témoigne du pouvoir de l’ouverture d’esprit et du potentiel de changement social profond qui réside en chacun de nous.